K W ■'A, W IW, Xt-XIà II Par J J SÈERZELIUS. TR AB VIT PAR Me. ESSLINGER, 0J&S MANÏÎSCÏirTS INÉPITS DE LAUXEïTK, ' '■' V ET SUR IvA DERNIÈRE ÉDITION AtLEMANDE, PARTIE, ~.C^/i/7^ ORGANIQUE. %m\u J5c))time. \ PARIS. |ii!N IJLUOT FRÈRES, LIBRAIRES-ÉDITEURS, RUE JACOB , n" 24. Il J,-B.BAILLIÈRE, LIBRAIRE, 1^ .HUE DE l/ÉCOLE PE MF.DEClîîE , N** l3 BIS. M. DCCC xxxiir. i îrzzacran^^ cassa: t UNIVERSITYOF TORONTO LIBRARY The JasonA.Hannah Collection in the History of Médical and Related Sciences TRAITÉ DE CHIMIE, BRUXELLES, AU DEPOT DE LA LIBRAIRIE MÉDICALE FRANÇAISE; ET A LA LIBRAIRIE PARISIENNE. LONDRES, CHEZ J.-B. BAILLIÈRE, 219, REGENT-STREET. IMPRIMERIE DE FIRMIN DIDOT IFRÈRES , rue Jacob, n° 24. « TRAITÉ DE CHIMIE Par J. J. BERZELIUS. TRADUIT PAR Me. ESSLINGER, SUR DES MANUSCRITS INEDITS DE l'aUTEUR, ET SUR LA DERNIÈRE ÉDITION ALLEMANDE. '2^ VkRTïE.— CHIMIE ORGANIQUE. %.^\xit ôepttnne, PARIS. FIRMIN DIDOT FRÈRES, LIRRAIRES-ÉDITEURS, RUE JACOB, N° 24- J.-B. BAILLIÈRE, LIBRAIRE, RUB DK t'ÉCOLE DE MEDECINE , N*^ l3 BIS. M.DCCCXXXTII. Kl DICTIONNAIRE DE L'mDUSTRIE MANUFACTURIÈRE, COMMERCIALE ET AGRICOLE. OUVRAGE ACCOMPAGNÉ d'uN GRAND NOMBRE DE FIGTJRES intercale'es dans le texte. PAR UNE SOCIÉTÉ DE SAVANTS ET D'INDUSTRIELS. 10 forts volumes in-8«. 1" Mars 1833. ^r Wi rodnecU(J. Nous ne sommes plus au temps où une aveugle routine était le seul guide dans les arts , et chaque jour on reconnaît de plus en plus l'utilité des connaissances scientifiques, dont les innombrables applications attestent , à la fois , les progrès des sciences et la bonne direction imprimée aux arts industriels. Nous ne prétendons pas que l'industriel doive nécessaire- ment être un savant ; mais s'il a acquis le genre et l'étendue de connaissances qui lui sont nécessaires pour déterminer la na- ture des matières premières qui servent à la préparation de ses produits , et qu'il y joigne celles qui le peuvent conduire à les améliorer, sous le rapport de leur bonne confection, comme sous celui de l'économie de leur préparation, il devra parvenir, et fiouvent à moins de frais , à des résultats supérieurs à ceux aux- quels l'imitation seule de ses devanciers aurait pu le conduire ; et il n'est pas d'art ou de métier qui ne puisse tirer un utile parti de cette étude. Déjà plusieurs ouvrages ont été publiés dans le but de ré- pandre la connaissance de la technologiej mais aujourd'hui ils ne répondent qu'imparfaitement aux besoins de l'époque , et il nous a semblé qu'indépendamment des questions nouvelles que les progrès des sciences ont fait naître , ils laissaient une lacune qu'il convenait de remplir. Si toutes les sciences ont entre elles des rapports plus ou moins directs, il en est quelques-unes qui ont plus de connexité et peuvent fournir plus d'applications spéciales à l'industrie. La Mécanique et la Chimie se trouvent au premier rang, et sont maintenant indispensables à tous ceux qui s'adonnent à la pra- tique des arts. La construction des mécanismes nécessaires dans le plus grand nojnbre des établissements, comme les procédés pour la préparation des produits , exigent les connaissances que peuvent seules donner ces deux sciences. Mais ces objets ne sont pas les seuls qu'il importe aux industriels de connaître et dont nous devions nous occuper pour justifier le titre que nous avons donné à cet ouvrage; on doit y trouver les applications des sciences physiques , mécaniques et chimiques à tous les genres d'industrie : V Agriculture y sera considérée dans ses l'apports avec les arts , les manufactures et le commerce , et cliacune de ces matières avec les questions générales ai' Economie politique et commerciale qiicles industriels ont tant d'intérêt à connaître. Les beaux-arts en général , et en particulier Y Architecture , considérée comme art d'invention et sous le rapport du goût , ne peuvent trouver place dans notre cadre j mais nous devons nous en occuper en tout ce qui a trait, soit à leur application , soit à leur exécution , comme arts industriels, et sur-tout , pour Y Art de bâtir, en tout ce qui intéresse la construction et la dis- position des habitations et des usines. La santé des ouvriers peut être exposée à des altérations fâ- cheuses par la mauvaise disposition des ateliers. La construction défectueuse des habitations peut donner lieu à des accidents du même genre chez les particuliers : les règles d'hygiène relatives à la bonne construction des uns et des autres,, méritent une atten- tion sérieuse : les répandre et en convaincre les industriels aussi bien que les gens du monde est également important. Les fubriqiu's et les usines de tons genres ne peuveul se former dans une localité sans satisfaire à certaines conditions , qu'il est de l'intérêt de chacun de voir remplir avec exactitude. C'est à V Administration qu'il appartient de veiller à l'observation des règles établies par la loi : il importe au fabricant de les bien connaître. Enoutie, l'Administration intervient dans une foule de circonstances dans lesquelles la salubrité est intéres- sée : il n'est pei'sonne à qui il ne soit nécessaire de savoir ce qu'il peut attendre de son intervention, et ce qu'il a droit de lui demander. Plusieurs questions d'un intérêt plus général , et que les cn- constances rendent plus importantes encore , devront être trai- tées dans notre Dictionnaire ; telles sont celles qui concernent les Chemins de fer, dont la France entière réclame l'établisse- ment, et dont l'utilité se fait sentir chaque jour davantage j les Entrepôts et les Z^ocA^, qui peuvent créer de nouveaux rapports pour le commerce et qui excitent en ce moment l'attention ge nérale. Nous signalerons ici la distribution des matières entre les principaux collaborateurs de notre ouvrage j mais nous nous empressons d'avertir que des articles originaux sur des points spéciaux qui nous paraissent nécessaires à la perfection de cette publication , nous seront fournis par des savants qui en ont fait l'objet de leurs études. Des fabricants et des chefs d'atelier instruits nous mettront aussi à même de profiter des connais- sances qu'ils ont acquises par la pratique des arts. M. Blanqui aîné , Directeur de V École du Commerce , ancien Projesseur d' Economie politique à l^ Athénée royal de Paris, sera chargé des articles relatifs à l'Economie politique et commerciale dans ses rapports avec l'Industrie. M. D. CoLLADON, Professeur de Mécanique rationnelle et d'un Cours spécial de Machines a vapeur, à V Ecole centrale des Arts et Manufactures , traitera différentes parties de la Mécanique. M. CoRioLis, //zg^en/e»/" et Professeur adjoint a l'Ecole des Ponts-et-Chaussées, Répétiteur al' École polytechnique, auteur d'un Traité estimé sm- le Calcul de l'effet des Machines et de divers Mémoires sur le même sujet , qui ont été approuvés par l'Académie des Sciences, donnera des articles sur la Mécanique. - 4 - M. d'Arcet, de V Académie royale des Sciences , Membre du Conseil géne'ral des Manujactures et du Conseil de perfec- tionnement du Conservatoire des Arts et Métiers , Directeur des Essais des Monnaies, qu'il suffit de nommer pour rappeler de grandes et importantes applications de la Chimie aux arts , coopérera à la rédaction de la partie des Arts chimiques. M. Paulin Desormeaux , que son Traité sur l'Art du Tour- neur et la publication du Journal des Ateliers , ont fait con- naître avantageusement dans l'industrie ;, s'occupera de la des- cription des principaux Instruments employés dans les arts et métiers. M. Despretz, Professeur de Physique au Collège royal de Henri //^, auteur d'un Traité de Physique et d'un Traité de Chimie estimés^ rédigera la partie Physique de l'ouvrage et une partie des articles de Chimie. M. H. Gaultier de Claubry, Docteur ès-Sciences, Répéti- teur à l'Ecole polytechnique, Membre des Conseils de Salubrité et d' Administration de la Société d'Encouragement, dont les travaux ont été en partie dirigés vers plusieurs branches d'in- dustrie , et qui a mérité des récompenses dans l'une de nos prin- cipales expositions , s'occupera des articles de Chimie et d'ap- plication de cette science aux arts. M. GouRLiER, Architecte et Secrétaire du Conseil des Bâti- ments civils , auquel , indépendamment de ses connaissances sous le rapport de l'art et des sciences qui s'y rattachent^ on doit des inventions utiles, et qui a construit l'appareil calorifère de la Bourse , traitera des objets relatifs aux Constructions. M. Théodore Olivier, Officier d'artillerie , Professeur à r Ecole centrale des Arts et des Manufactures , Répétiteur à r Ecole polytechnique , distingué par la mission qui lui avait été confiée pour l'organisation des Ecoles d'artillerie et du génie militaire en Suède , et par ses travaux sur diverses parties des machines , traitera plusieurs parties de la Mécanique, M. Parent-DuchateleT;, Docteur en Médecine, Membre de V Académie royale de Médecine et du Conseil de Salubrité, connu depuis long-temps par d'utiles et consciencieux travaux sur l'hygiène et la salubrité , s'occupera des questions relatives à ces deux importants obj(;ts. M. SouLANGE-BoDiN, Membre de ïaSociélé royale et centrale d'Agriculture, Secrétaire général de la Société d'Horli culture , dont le nom se rattache à la fondation de l'un de nos plus importants établissements d'agriculture , Y Institut horticole de Froîuont, et dont les travaux sont tous relatifs à l'amélioration de cette science, traitera de l'Agriculture princi- palement comme industrie , et s'occupera à la fois de l'applica- tion des arts industriels à ses procédés, et de l'application de ses produits aux arts et aux manufactures. M. ^<^o/;7/;eTREBUCHET, Avocat, Chef duhureau des Manu- factures à la Préfecture de police, auteur du Code des Etablis- sements insalubres , traitera de toutes les questions relatives à l'Administration et à la Salubrité, dans leurs rapports avec l'In- dustrie. Le plan que nous avons adopté nous semble devoir être accueilli favorablement par les industriels , les négociants , les agriculteurs , et par tous ceux , enfin , qui s'occupent de sciences et d'économie industrielle et commerciale. Le nom des hommes auxquels nous avons confié l'exécution de cette entreprise , est la meilleure garantie que nous puissions offrir de l'accomplis- sement de nos engagements envers le public. Les planches sont d'une trop haute importance dans le Dic- tionnaire de V Industrie manufacturière, pour que nous n'ayons pas apporté toute notre attention dans leur exécution , afin de les rendre véritablement utiles. Autant que cela sera néces- saire, la description des machines, des appareils, des instru- ments, etc. , sera accompa»gnée de figures gravées sur bois ou sur cuivre , et intercalée dans le texte. Les Anglais ont adopte ce mode. En France, nous l'avons justement apprécié ; mais des obstacles en ont empêché l'introduction dans nos livres : nous osons espérer que l'on tiendra compte de nos efforts pour les surmonter. Les planches , ainsi intercalées dans le texte ;, offt-^nt l'avantage de représenter l'objet sous les yeux, enmême temps que la description, sans que le lecteur soit obligé d'inter- rompre la lecture pour aller chercher la figure dans un atlas. Si le besoin l'exigeait, et pour des figures de grande dimen- sion , des planches en cuivre seraient annexées à 1 ouvrage. Les pages 7 et 8 offrent un spécimen du caractère qui sera employé dans cet ouvrage et de l'exécution des planches ; on verra que nous n'avons rien néglige pour eu faire un beau et bon livre. CONDITIONS DE I.A SOUSCRIPTION. Le Dictionnaire de l' Industrie Manufacturière , Commer- ciale et Agricole formera dix forts volumes iii-S" , d'environ 600 à 65o pages cbacun. Le premier volume , dans ce moment sous presse^ paraîtra incessamment : nous espérons pouvoir en donner quatre chaque année j nous en publierons toujours au moins trois. Le prix de chaque volume est de 8 fr. pour les souscrip- teurs. En raison des frais immenses qu'entraîne l'exécution des planches, les non-souscripteurs paieront 9 fr. chaque volume. L' éditeur prend l' engagement de délù>rer GRATIS tous les volumes qui dépasseraient le nombre de dix. ON SOUSCRIT, SANS RIEN PAYER d' AVANCE , A PARIS, LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE DE MÉDECINE , RUE DE l'école-de-médecine, M» 1 3 BIS. A LONDRES, MEME MAISON, 219, REGENT STREET. ET CHEZ LES PRIKCIPACX LIBBAIBES DB FB&NCB ET DE L'ÉTRANGER. NOUVELLES PUBLICATIONS. NOUVEAU SYSTÈME DE CHIMIE ORGANIQUE, fonde sur des mé- thodes nouvelles d'observations ; par F. A^ Raspail. Paris, i833, uu fort volume ia-8 , accompagne' de 12 planches gravées, dont plusieurs coloriées. 10 fr. TRAITÉ PRATIQUE D'ANALYSE CHIMIQUE, suivi de tables, ser- vant, dans les analyses, à calculer la quantité d'une substance d'après celle qui a été trouvée d'une autre substance ; par Henri Rose, profes- seur de chimie à rUniversilé de Berlin, traduit de l'allemand sur la 2e édit.,par A.-J.-L. Jourdan, D. M. P. 2 forts vol. in-8, fig. 16 fr. DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE MATIÈRE MÉDICALE ET DE THERAPEUTIQUE GÉNÉRALE, contenant : l'indication, la des- cription et l'emploi de tous les Médicaments connus dans les diverses parties du globe; par MM. Mérat et Deletvs , D. M. P. , membres de l'Académie royale de Médecine. 6 vol. in-S». Les tomes i à 5 sont en venle. Prix de chacun. 8fr. IMPRIMERIE D'HIPPOLYTE TILLIARD, RUE DE LA hAKPE , ly» 88. .P«ài«Jhàk„..,ii ■sào^iii^.. •^llili-BafflMâ^hi i-fiii iiii' ■•■' ii£3iià:;.^ia!l''itë&--. fliiilliilllllllllll lit Iflilipril! il 111 fili',: 'lil!i'' l'iii ililili'iN iliill! iiii pMiiiiiii mil II 111 'iinimHBiiiiiiiiiiiiiii!'!' iM'ii illUH!| F O V ^ FOURS A CHAUX CONTINUS. La calciiiatiou delà p.errc à chaux peut être opérée au moyen de toute espèce de combusti- ble : celui-là devra toujours être préféré dont le prix sera moins élevé. Mais la manière d'opérer cette calcination devia pré- senter des avantages très différents, suivant la quantité de com- bustible qui sera nécessaire d'après la construction des fours. S'il était prouvé que la chaux calcinée en tas fût meilleure que celle que l'on obtient dans des fours, il faudrait, du moins pour les cas où la qualité serait d'une grande importance, sacrifier une plus grande quantité de combustible pour obtenir cette substance ; mais , dans le plus grand nombre des cir- constances , la calcination dans les fours ne laisse rien à dési- rer, et la chaux, coûtant beau- coup moins , peut être em- ployée à un plus grand nom- bre d'usages. Les fours à calcination in- termittente offrent moins d'a- vantages que ceux à calcination continue , sous le rapport de l'économie : ces derniers doivent donc être préférés et méritent d'être plus généralement em- ployés. L'un de ceux-ci , qui est employé en Prusse , est représenté avec élévation dans la figure ci-annexée : il a cinq chauffes in- diqués par les letti'es c , c, c, et cinq ouvertures destinées à l'extraction de la chaux. Les chauffes sont alimentés par un mélange de bois et de tourbe _, dans le rapport de un à quatre. Ce mélange , que l'on peut employer dans beaucoup de localités , offre une impor- tante économie dans toutes celles où la tourbe est à bas prix j et coT»" , pour cette opération , il n'est pas nécessaire d'em- 4 iv/yér une tourbe de qualité supérieure , celle qui ne pourrait même être mise en usage pour une foule d'autres opérations , peut être parfaitement utilisée pour celle-ci. La charge d'un four continu ne présente aucune difficulté : elle se fait de la même manièi-e que dans les fours ordinaires. 1 f'i'î /Ml V 1 1 i ^mi ' \ m ^ ^^ 8 MAC MACHINE A VAPEUR. Dans les piemièics machines où la vapeur a été employée comme force motrice, le pistou, élevé par la vapeur qui pénétrait au-dessous^, se trouvait abaissé par la seule pression de l'air. Watt imagina de faire agir aussi la vapeur en dessus du piston, et construisit^, sm- ce principe, des machines avec lesquelles il obtint une énorme économie de combustible , et dont l'emploi est encore très général, sur-tout en Angleterre. Ces machines ont reçu quelques modifications. La figure ci-jointe représen'.e, en coupe verticale, unedeces machines perfectionnée. Le cylindre est formé d'une enveloppe double, dans la- quelle pénètre la vapeur , par le moyeu des tiroirs qui ouvrent alternativement la communication avec la partie supérieure et la partie inférieure du piston , et qui sont bien préférables aux TRAITÉ DE CHIMIE. »0««4 CHI3IIE ANIMALE. On a beaucoup plus étudié la structure du corps hu- main et une grande partie des opérations qui s'exé- cutent dans son intérieur que la texture et les fonctions des végétaux : aussi les connaît- on mieux et d'une manière plus certaine. Développer les phénomènes des opérations chimiques ([ui s'accomplissent dans le corps vivant, est le but scientifique auquel tendent, en dernière analyse, les efforts de la chimie animale, et fait le but principal de la physiologie, science delà plus haute importance pour l'art de guérir. Mais, pour bien concevoir les phénomènes chimiques qui ont lieu dans le corps vivant, il est in- dispensable de connaître sa structure, c'est-à-dire de posséder Tanatomie. Cependant, comme je ne puis pas supposer que tous les lecteurs soient au courant de la structure du corps animal, en essavant d'exposer les faits les plus iinportans que la chimie a pu découvrir dans les opérations du corps vivant, je chcrchei-ai à donner une description, superficielle à la vérité, mais facile à saisir, de la forme des parties, en tant qu'elle paraît exercer de l'influence sur les fonctions. IMais la chimie animale a encore un autre coté qui, moins important sans doute pour le médecin, est d'autant plus essentiel pour les études du chimiste proprement dit; savoir, la connaissance de la manière dont les réac- tifs chimiques se comportent à l'égard des substances produites dans le corps animal, telles qu'elles se trouvent après avoir été séparées de ce dernier, C'est, en général, VU. i a CHIMIE ANIMALE. sur cette partie de la cliiniie animale que roulent les manuels de chimie; et, dans celui-ci aussi, elle fournira la plus grande partie des détails dans lesquels j'entrerai; car c'est elle qu'on connaît le mieux, et elle fournit plu- sieurs applications utiles à la vie sociale. C'est chez l'homme que la partie chimique des opé- rations de la vie animale a été le plus examinée. Les principaux détails dans lesquels j'entrerai se rapporte- ront donc à la physiologie 'de l'houîme. Mais, quatre des classes linnéennes du règne animal, savoir, les mam- mifères, les oiseaux, les rejjtiles et les poissons, aux- quelles des zoologistes modernes ont donné le nom col- lectif d'animaux vertébrés, ont tant d'analogie ensemble, eu égard aux rapi)orls physiologiques généraux, que tout ce qu'on sait de la physiologie de l'homme s'ap- plique aussi en grande partie à elles. L'anatomie et la physiologie des autres classes d'animaux ont été moins étudiées, et il est réellement beaucoup plus difficile d'ap- prendre à les connaître d'une manière exacte. Moins le cerveau et le système nerveux sont développés chez les animaux qui les constituent, plus les phénomènes de la vie sont difficiles à étudier en eux, et plus ces êtres se rapprochent de la condition des plantes, en ce que l'on peut diviser leur corps, et, cependant, voir la vie conti- nuer long-temps encore à s'exercer dans les parties qui ont été détachées. Aussi tout ce cpie je dirai sur les ani- maux de cette classe se réduira-t-il à des détails presque purement techniques. Ije corps animal contient les mêmes élémens que les végétaux ;maisie nitrogène s'y présentebien plus générale- ment comme partie essentielle. Le soufre et le phosphore existent aussi en beaucoup plus grande quantité dans les matières animales que dans les substances végétales. On ne sait pas encore avec certitude sous quelle forme ces deux élémens y sont contenus : on ignore s'ils y constituent l'un des élémens de l'atome composé du premier ordre, ou bien s'ils forment des combinai- sons particulières qui s'associent en petites quantités à CHIMIE ANIMALE. 3 plusieurs atomes composés du premier ordre, pour pro- duire un atome du second ordre. Il il été souvent question, dans les temps modernes, de molécules appelées organiques; et je dois dire quel- ques mots à cet égard, avant de passer à la description des spécialités de la chimie animale. Dans la nature inorganique, les corps composés se font presque toujours remarquer par des formes géométriquement régulières, qui, à ce qu'il paraît, dépendent de causes fondamen- tales géométriques. jMais les choses se passent tout au- trement dans la nature organique. Les formes géo- métriquement déterminahles s'y montrent fort rares; et elles sont totalement hannies du corps sain de l'a- nimal vivant. L'agrégat organique d'atomes compo- sés prend de tout autres formes, qui sont calcu- lées d'apiès certaines fins et dans l'intérêt de certaines fonctious. Ainsi, les tuniques des artères se roulent en tuhes; la fihrine, qui fait la base des muscles, s'allonge en fibres rapprochées les unes des autres; le tissu cellu- laire s'épanouit en expansions plates et membraneuses, etc. Mais ces tissus sont naturellement formés aussi de par- ties plus petites, d'atomes composés, sur la tendance desquels à l'agrégation repose leur configuration exté- rieure. Il entre presque toujours dans la composition organique un assez grand nombre d'atomes simples, dont l'arrangement, les uns par rapport aux autres , di- minue aussi la tendance à revêtir des formes géométri- ques; les atomes composés du premier ordre ont, en outre, un volume beaucoup plus considérable; et ces circonstances réunies font que la force de cohésion doit se manifester par des résultats tout différens. Ceux qui ont voulu approfondir la disposition du tissu organique dans le règne animal, se sont, à cet effet, servis du mi- croscope, avec le secours duquel ils ont découvert des particularités dans la texture , de la même manière et peut-être avec presque le mêmedegré de certitude qu'à l'aide de cet instrument on peut apercevoir le mode d'entrela- cement des fils dans les étoffes d'un tissu extrêmement 4 CHIMIE ANIMALE^ fin. Le résultat général de ces recherches a été que la matière animale solide, quelque différentes que puissent être d'ailleurs ses propriétés, consiste en une trame de petits corps sphériques, léunis de manière à former tan- tôt des fdores, t*nt6t des tissus plats, etc. Les fibres charnues se réduisent, au micioscope, en rangées sem- blables il des colliers de perles; et, dans les tissus plats, on n'aperçoit pas cette (lisj)osition en rangées, ou bien elles ne sont point parallèles entre elles. Les petites par- ticules sphériques qui forment ces rangées de perles pa- raissent être de grosseur parfaitement égale, tant dans les solides dissemblables que chez les animaux d'es- pèce différente. Les expériences que plusieurs phy- siciens ont tentées pour mesurer leur grosseur, ont fourni des résultats divers, suivant les moyens employés; mais, en général, on a reconnu que les mesures prises de la même manière, indiquaient toujours le même volume. Dumas et Prévost d'un coté, Milne Edwards de l'autre, ont trouvé leur diamètre d'un trois-cen- tième de millimètre; mais ce dernier convietit que la manière dont on s'y prend pour les mesurer n'étant pas très-sûre, leur volume réel pourrait bien être d'un quart au-dessous ou au-dessus de cette évaluation. Ces corps sphériques sont ce qu'on a appelé les molécules orga- niques. On doit les considérer non comme des atomes, mais comme des agrégations d'atomes; de même que, dans la nature inorganique, le cristal n'a vraisemblable- ment pas la forme de l'atome, mais une forme qui dé- pend de l'agrégation d'un certain nombre d'atomes. Les matières solides vivantes, telles qu'elles s'offrent à nos moyens d'investigation, se trouvent dans un état tout particulier, très-ordinaire dans la nature organique, surtout dans le règne animal, et auquel la nature inor- ganique n'offre rien qui corresponde. Cet étal est celui de ramollissement. Ôans leur condition naturelle, les matières animales solides sont, à peu d'exceptions près, molles, flexibles, plus ou moins extensibles, (pielquefois douées , et parfois aussi privées d'élasticité , ce qui dé- CHlMlf. A^•I!^^AtE. 5 pend de ce qu'elles se laissent jîénetrer par l'eau, qui, lorsqu'elle v existe en certaine proportion, leur eomiiui- nique ces propriétés, sans qu'on puisse, pour cela, dire qu'elles sont; mouillées, et sans qu'elles puissent humec- ter d'autres corps en leur communiquant ce li{]uide. L'eau, ainsi contenue en elles, s'élève jusqu'aux quatre cinquièmes de leur poids, et même plus. Elle ne paraît pas leur appartenir par affinité chimique, puisqu'elle s'évapore peu à j)eu , et que l'on peut l'exprimer instan- tanément en les exposant à unetrès-fortepressionenti-edes feuilles de papier brouillard. Lorsque l'eau a été enlevée de l'iuie ou de T^iutre manière, la matière animale solide s'est considérablement retirée sur elle-même: elle est devenue dure, jaunâtre, translucide , pulvérisable, et , après la dessiccation , une matière animale solide ressemble tel- lement aux autres, quant h l'aspect extérieur, qu'il est rai'e qu'on puisse l'en distitiguer. Si on la replonge dans l'eau, elle se ramollit peu à peu, se gonfle et reprend son apparence primitive, sa flexibilité, son élasticité, son poids. l,a perte de l'eau détruit tout -à -fait la vie dans une partie vivante. Cependant quelques animaux des dernières classes peuvent être desséchés, et reprendre vie ensuite quand on les ramollit de nouveau. Un ani- mal vivant doit donc être considéré comme une masse ramollie dans l'eau , dont celle-ci fait au moins les trois quarts du poids total. Chevreul a fait, sur cet état particulier de ramollisse- ment des matières asiimales solides vivantes, plusieurs expériences qui établissent que l'eau pure a seule le pou- voir de le produire. Les matières animales sèches peuvent bien absorber une certaine quantité d'eau, fortement chargée de sel; mais elles ne se ramollissent pas pour cela, et ne reprennent point leur premier aspect. Elles absorbent aussi en grande abondance l'alcool, l'éther et les huiles, sans en être le moins du monde ramollies. Toutes ces absorptions, tant d'eau que d'autres liquides, sont, d'après les expériences de Pouillet, accompagnéçs d'un dégagement de chaleur. D CHIMÏE ANIMALE. ' Les molécules organiques dont j'ai parlé tout-h-l'heure, se trouvent clans cet état de ramollissement par l'eau : la dessiccation les dépouille de leur forme globuleuse, ou, pour parler plus exactement, les rend indiscernables. La plupart de ceux qui ont écrit sur la chimie ani- male, ont adopté l'ordre suivant lequel nous avons passé en revue les produits du règne végétal, c'est-à- dire qu'ils ont rap])roché les unes des autres les matières qui se ressemblent, par exemple, les substances albumi- neuses , fibrine, matière colorante du sang, albumine, matière caséeuse, cristallin; les corps donnant de la gélatine, cartilages, tendons, membranes, tissu cellu- laire, etc. Sans poursuivre plus loin cette classification, qui s'adapte très- bien à un traité purement technique des produits du règne animal , nous en admettrons ici une autre, qui est plus propre à procurer en même temps la connaissance des phénomènes cbimiques du corps ani- mal. On me reprochera peut-être d'avoir fondu ensemble la partie technique et la partie physiologique de la chi- mie animale; mais il me paraît que l'une n'offre pas assez d'intérêt sans l'autre; et, pour apprendre à les bien connaître toutes deux, il faut faire marcher leur étude de front. L'ordre suivant lequel je traiterai la chimie animale se fonde donc entièrement sur la structure du corps et sur les réactions qui ont lieu dans son intérieur. Chaque substance viendra à l'endroit où elle présente de l'intérêt dans la description de l'économie animale. Yoici quelles sont les sections que j'adopte : 1 . Le système nerveux , savoir : l'encéphale, la moelle épinière et les nerfs, ainsi que les parties qui les re- couvrent. 2. Le système vasculaire et les liquides qu'il charrie, c est-à-dire le sang et les vaisseaux sanguins, les pou- mons et la respiration; la théorie de la chaleur animale; la lymphe et les vaisseaux lymphatiques; la théorie de l'absorption, de la sécrétion, de l'exhalation et de la nutrition. SYSTÈME NERVEUX. ENCEPHALE ET MOELLE ÉPTNIF.RE. 'J 3. Les organes qui servent à la procUietioii du sang, savoir: les organes digestiis, ie ibie et la bile, le chyle et les excrénieus. f\. Les excrétions. 5. Les organes des sens externes. 6. Les organes du mouvement, savoir: les musclés^ les os, les cartilages, les tendons et les aponévroses; et, collectivement avec eux, ie tissu cellulaire et la graisse. 7. Les organes génitaux, et les liquides qui leur sont propres. 8. Les produits morbides. 9. Les matières particulières du restant du règne ani- mal, qui n'ont rien de correspondant chez riiomme, comme, par exemple, la corne, le musc, le castoréum , la cantharidine, la toile d'araignée, etc. 10. La consei'vation des matières animales. 11. Les produits de la destruction des matières ani- males par l'action de la chaleur, de Teau , de l'air et des autres réactifs. I. Système nerveux. On entend par système nerveux l'ensemble de l'en- céphale, de la moelle épinière et des nerfs, dont la réunion forme un tout dans lequel siège, à proprement parler, la vie animale. I. Encéphale et moelle épinière. \j encéphale est logé dans la cavité de la tête, en- touré d'os durs et forts, qui le garantissent des lésions extérieures et de toute action tendant à altérer sa forme. Les anatomistes le partagent en cerveau et cervelet. Le cerveau est divisé supérieurement, dans le sens de sa longueur et clans une portion de sa hauteur, en deux moitiés qui sont composées de parties ayant la même con- figuration et symétriques. Le cervelet ne paraît pas aussi manifestement être formé d'organes doubles. La 8 EirCÉPHALE ET MOELLE ÉPINIÉRE, forme de l'encéphale est indifférente pour l'étude de la chimie animale, parce que nous n'apercevons pas de rapport entre elle et les fonctions de l'organe. Il suffira donc de dire en général, à cet égard, qu'on peut la comparer à un sac d'étoffe épaisse, qui aurait été re- plié sur lui-même, afin de jiouvoir le faire entrer dans une cavité moins ample que lui. Gall est le premier qui se soit servi de celte comparaison. Tel est l'aspect que l'encéphale présente, lorsqu'on le met à découvert en enlevant une portion des os du crâne. L'intérieur du sac s'offre réellement sous la forme de cavités, appelées ventricules, (jui communiquent ensemble, et qui, dans une espèce d'hydrocéphalie chronique, où de la sérosité s'y amasse en quantité anornîale, se remplissent quel- quefois à tel point de liquide, que le cerveau s'étend jusqu'à l'effacement de tous les plis de sa surftice, et se convertit, dans l'acception rigoureuse du terme, en un sac semblable à t^elui qu'on pourrait faire avec du drap grossier. J'ajouterai, en continuant toujours à me servir de cette comparaison avec de la grosse étoffe, que, dans le cer- veau, le côté externe de cette étoffe, surtout à la partie su- périeure, est gris jusqu'à une c/7//t', et nomme la pulvérulente myclo- cone (de p.uaXo;, moelle, et /.ovi;, poudre). Il est dans l'OKlre de don- ner des noms détermines aux corps particuliers; mais il ne faut pas assigner des dénominations [génériques à des corps qui doivent être désignés par des noms composés ou spécifiques. C'est ce qui m'a empêche d'adopter la nomenclature de Kuhn. l4 ST1ÊA.RINE CléRÉBRALE PULVlÉRULENTE. d'abord insipide et se colle aux dents, mais ensuite elle développe une saveur analogue à son odeur. Elle est grasse au toucher. A 760, elle perd 5,4 pour cent d'eau, s'agglutine et devient fdante. Un peu au-dessous de 100°, elle brunit et prend une odeur plus forte, mais en même temps un peu empyreumatique. A 100°, elle s'agglutine, et adhère à la boule du thermo- mètre, et à I 1 5° elle se fond, quoiqu'elle n'éprouve qu'une fusion incomplète, comme l'avait déjà remarqué Vauquelin. Si l'on agite la stéarine lamelleuse avec delà solution de chlore, elle change peu à peu, se délite, et au bout de trente heures elle est convertie en une poudre blanche. Celte poudre, même après avoir été bien la- vée , devient humide à l'air. L'alcool bouillant ne la dis- sout plus d'une manière complète, et ce qui se précipite par le refroidissement est sous forme pulvérulente. Cette graisse , comme je le ferai voir plus en détail tout à l'heure, contient du phosphore, dont une petite partie est convertie par la solution de clilore en acide, que l'on obtient, par l'évaporation de la liqueur, avec une sub- stance qui brunit lorsqu'on la chauffe légèrement. La stéarine cérébrale puh'érulente est une poudre blanche, qui ne devient d'elle-même ni jaune ni brune; elle n'a ni saveur ni odeur; elle n'est point grasse au toucher, et fait presque la même impression que l'ami- don sous le doigt. Quand on verse dessus de l'alcool chaud, elle s'agglutine et prend l'aspect de la cire blan- che; mais, après le refroidissement, elle se réduit de nou- veau en poudre lorsqu'on l'écrase entre les doigts. A 100°, elle abandonne un peu d'humidité; à une tempé- rature un peu plus élevée , elle dégage de faibles traces d'ammoniaque; à 160°, elle devient jaune; à 170", elle s'agglutine avec tant de force, qu'elle demeure adhé- rente au corps avec lequel on la remue; à 180° elle devient brune, presque noire; mais même à 200", elle ne se liquéfie point encore, et à cette température, elle répand l'odeur de la graisse grillée. A quelques degrés au-dessus, elle s'enflamme, et brûle ensuite comme de griA^RINE CÉRl^BRALE PULVIÉRULENTE. l5 la graisse. Plongée dans l'eau, elle s'y gonfle un peu, et devient jusqu'à un certain point translucide. L'alcool froid, même concentré, ne la dissout point, tandis/que l'alcool chaud en dissout une très-grande quantité. Elle se comporte de même avec l'éther. L'acide nitrique la rend jaune, résineuse et un peu grasse au toucher. Le produit est insoluble dans l'ammoniaque, et ne con- tient aucune trace de l'acide particulier auquel la cholé- stérine donne naissance en pareille circonstance, La graisse cérébrale diffère essentiellement des au- tres espèces de graisses par la manière dont elle se comporte avec la potasse et par sa composition. Vauquelin a trouvé que ni la stéarine ni l'élaïne ne se combinaient avec la posasse, même lorsqu'on employait cette dernière fort concentrée. Cependant Kuhn a obtenu du cerveau une graisse moins consistante qui se saponifiait. Ces trois sortes de graisses contiennent en outre du phos- phore, particularité dont la découverte est due à Vau- quelin. Ce chimiste a trouvé qu'après leur combustion, il restait un charbon non incinérable contenant une si grande quantité d'acide phosphorique, que celui-ci em- pêchait l'abord de l'air nécessaire à l'entretien de la combustion. Après que l'acide eut été enlevé avec de l'eau, le charbon brûla jusqu'à un certain degré, mais ne tarda pas à s'éteindre de nouveau; il était alors re- devenu acide et rougissait le papier de tournesol hu- mide. Cette circonstance fait voir que le charbon con- tient le phosphore à l'état d'une combinaison non volatile, et d'une manière encore inconnue jusqu'à pré- sent dans la nature inorganique. Le phosphore que cette graisse renferme paraît être la cause de la teinte brune qu'elle prend lorsqu'on la chaîjffe légèrement; car une autre graisse qu'on traite de cette manière ne- change point de couleur. Suivant Rïdin, on peut, à l'aide de l'alcool bouillant , extraire de la graisse cérébrale fon- due et devenue brune, une graisse tout- à -fait ex- empte de phosphore, qui cristallise par le refroidisse- ment de la liqueur, a une couleur jaunâtre, se dissout ï6 STÉARI]VE CÉRKDRALE PULVJ^RULENTE. dans l'éther et brûle sans résidu. L'alcool laisse alors non dissoute une niasse brune, adbérente aux parois de verre, qui renferme tout le phosphore contenu dans la graisse, lequel peut êlrc converti en acide phosplio- rique, tant par Tacide nitrique que par la combustion. D'après Yauquelin, la quantité de phosphore qui existe dans la graisse céi'ébrale serait très-considérable, et s'é- lèverait à environ lui pour cent du poids de la cervelle fraîche, ou un cinquième de celui de la graisse céré- brale : cependant cette évaluation paraît reposer sur une erreur de calcul. On ne sait point encore sous quelle forme le phosphore s'y trouve, si c'est comme élé- ment, de même que le carbone et l'hydrogène, ou s'il y est en combinaison avec ces clémens comme corps particulier, combiné lui-même avec la graisse; mais, dans aucun cas, il ne peut être considéré comme prin- cipe inunédiat du cerveau, ainsi que paraissent le croire quelques chimistes, qui le rangent, avec la graisse, l'al- bumine, etc., parmi les parties constituantesdecet organe. B. Nous arrivons maintenant à la partie du cerveau gue l'alcool a laissée sans la dissoudre, et qui se com- pose principalement d'albumine mêlée avec une petite quantité de vaisseaux, quelques phosphates, et peut-être aussi du carbonate alcalin. La masse épuisée par l'al- cool a perdu son aspect blanc et semblable à celui d'une émulsion ; elle est grisâtre, ressemble à du fro- mage caillé depuis peu, et devient demi-transparente en se desséchant. Lorsqu'on la brûle, elle ne laisse pas, comme la graisse cérébrale, de charbon imprégné d'a- cide phosphorique. Ramollie dans l'eau, elle se gonfle, reprend l'aspect qu'elle avait avant d'être desséchée, et se dissout aisément, même dans une dissolution très- étendue de potasse caustique. La liqueur ainsi obtenue offre toutes les j>ropriétés d'une dissolution d'albumine; c'est pourquoi aussi il est très-vraisemblable qu'elle con- tient de l'albumine, quoiqu'il soit très-possible que l'al- bumine cérébrale diffère de celle du sang sous certains rapports. Cependant, comme les expériences n'ont rien MOELLF tpmiÈnr. jn établi de positif à cet c'gard, je renvoie pour ce qui la concerne à lu description qui sera donnée de Talbu- mine, quand je traiterai du sang. Voici les résultats sommaires des analyses du cerveau faites par Vau(}uelin et John : Vauqiiclli). .lohn. Cprveou humain. Subsl.mce cortical» tlii cerveau de veau. Albumine 7,00 10,00 [Stéarine.. 4, 53 1 Graisse CiTcbrale. . ■ > 5,2^^ ( Élaïne. . .0,70 ) Phosphore i ,5o Extrait de viande 1,12' Acides, sels et soufre 5, 1 5 Eau 80,00 75,80 D'après John , la substance blanche du cerveau con- tient plus de graisse que la gi'ise, et son albumine est plus consistante. La moelle épùiière est un prolongement du cer- veau. Continuation d'une partie éminennnent sensible et essentielle à la vie, qui est située sous le cervelet, et à laquelle les anatomistes donnent le nom de moelle allongée, elle sort du crâne par un grand trou situé à la partie postérieure de sa base, traverse les vertèbres cervicales et dorsales, s'étend jusqu'aux vertèbres lom- baires, acquiert dans ce trajet une consistance plus mar- quée, un tissu plus dense, et se termine inférieurement sous la forme d'un faisceau nerveux, que les anatomistes appellent queue de cheval, d'après l'objet auquel ils l'ont comparé, et dont les nerfs sortent par des ouver- tuers particulières ménagées entre les vertèbres. Elle a également une substance grise et une substance blanche; mais la première s'y trouve en très-petite quan- tité, et disposée de telle sorte que, quand on coupe la moelle en travers, elle produit sur la tranche utie fi- gure semblable à une croix. VIL a l8 MOELLE JÉPINIÈRE. Suivant A^auquelin, la moelle allongée et la moelle épinière ont la même composition que le cerveau , mais contiennent beaucoup plus (h; graisse cérébrale, avec moins d'albumine, d'extrait de viande et d'eau. La graisse contient aussi du phosphore. Les différences qui existent entre le cerveau et la moelle épinière chez un nu^'Hie animal, mais à un âge et dans des états de santé divers, sont encore peu con- nues, et je ne sache pas qu'elles aient jamais été exa- minées chimiquement. Dans le fœtus, le cerveau est presque liquide , conune dans les poissons. C^hez l'animal très-jeune, il est mou et d'un tissu lâche; il prend de la consistance avec les années^ On l'a quelquefois trou- vé, chez les fous, considérablement changé, beaucoup plus mou qu'à l'ordinaire, ou endurci jusqu'à un cer- tain degré. Ces divers états doivent être recommandés à l'attention des chimistes, comme un sujet qui mérite des recherches comparatives. Il n'est point à ma connaissance non plus qu'on ait fait aucune recherche sur les différences qui peuvent exister entre les cerveaux des animaux appartenant à des classes diverses. Le cerveau contient quelquefois des concrétions anor- males dans l'état de maladie. E!les ont principalement leur siège dans un j^arit corps d'apparence glandulaire, qu'on appelle la glande pinéale. Elles s'y rencontrent fréquemment chez les hommes parvenus à l'âge adulte et bien portans. Tant qu'elles n'ont que la forme de sable ou de gravier, leur présence n'influe point sur la santé; mais lorsqu'elles augmentent assez de volume pour devenir des corps analogues à des os, il en résulte des syn>pt6ines d'affections cérébrales. Ces concrétions sont composées, d'après l'analyse qu'en a faite John, de trois quarts de terre des os , c'est-à-dire de phosphate calcique, avec un peu de phosphate magnésique, et d'un quart d'une substar.ee animale dont la nature n'a point été déterminée. Le cerveau et la moelle épinière sont entourés de trois NERFS. iQ membranes. L'externe, appelée dure-mère, est une sorte de périoste pour la face interne des os. Au-dessous, et parallèlement à elle, se trouve une membrane très-mince, .qu'on nomme araclinoïde. Enfin, le cerveau est immé- diatement revêtu d'une troisième membrane, la pie-mère, qui constitue son tégument propre, et qui s'enfonce dans les sillons produits par le plissement de sa surface. La composition cliimique de ces membranes est analogue à celles d'autres qu'on rencontre ailleurs dans le corps, et lorsque je traiterai des membranes en général , je ferai connaître ce qu'on sait au sujet de leur nature chimique. Dans les cavités du cerveau, qui portent le nom de ventricules, on rencontre une petite quantité d'un li- quide, dont la destination paraît être de tenir les parois , de ces excavations écartées l'une de l'autre, parce qu'elles contracteraient adhérence ensemble si elles se touchaient. Ce liquide doit être considéré comme du sérum étendu de beaucoup d'eau pure. Plusieurs autres régions du corps en offrent un analogue, qui a la même coniposition et les mêmes usages. Je ferai connaître sa composition en décrivant les membranes séreuses. Si l'absorption de ce liquide vient à être suspendue, tandis que sa sécrétion continue toujours à s'opérer, la quantité de sérosité augmente sans cesse dans les ventricules : alors sur- vient l'état dont j'ai parlé plus haut, dans lequel le cer- veau se distend en manière de sac, et les os du crâne eux-mêmes s'étendent, en s'aniincissant, de manière que l'espace destiné à loger fencéphale devient beaucoup plus grand qu'il n'était auparavant. Quoique cet état finisse par entraîner la mort, un long espace de temps s'écoule cependant encore avant qu'il porte le désordre dans l'exercice des facultés de l'ame. 2. Les nerfs. Les 7ie/_fs sont des tubes divisés intérieurement par des lamelles membraneuses minces , dont les intervalles sont a. remplis de matière cérébrale. Ils naissent du cerveau ou de la moelle épiiiière par une de leurs extrémités, et se terminent clans la masse de toutes les j)arlies du corps par des ramifications dont on ne peut point suivre les dernières divisions. Ceux qui prennent naissance dans le cerveau aboutissent aux oi-ganes des sens, -uix mus- cles soumis à l'empire de la volonté, et à quehpies au- tres organes encore, par exemple, à l'estomac. Au con- traire, la plupart de ceux qui proviennent de la moelleépi- nière après avoir traversé des ouvertures spéciales, ména- gées entre les vertèbres cervicales, dorsales et lombaires, ne tardent pas à se renfler, dans leur trajet, en nœuds particuliers, plus ou moins gros, qu'on appelle gan- glions, et d'où parlent ensuite, pour ainsi dire en rayon- nant, un grand nombre de nei-fs distincts. Ces nerfs sont moins volumineux, et se rendent aux organes char- gés d'accomplir les sécrétions et excrétions, ainsi qu'aux muscles qui n'obéissent pas aux déterminations de la volonté. De l'extrémité de la moelle épinière (la queue de cheval) partent d'auti-es nerfs, ([ui ne foi-ment point de ganglions, ressemblent à ceux dont l'origine est au cerveau, et se rendent aux extrémités inférieures. Aux membres thoracbiques et pelviens , les nerfs mar- chent accompagnés des vaisseaux sanguins , et pro- duisent souvent d'épaisses intrications qu'on nomme plexus. La moelle des nerfs n'a point été examinée avec au- tantdesoin quecelleducerveau; mais elle paraîtavoirune composition tout-à-f^it analogue, sinon même identique. Vauquelin dit à cet égard qu'elle contient davantage d'albumine, mais moins de stéarine et une plus grande quantité d'élaïne. Si l'on fait bouillir des nerfs avec de l'alcool, l'élaïne se liquéfie, et tombe au fond du liquide. I^es nerfs ainsi traités deviennent translucides, leur canal ne contenant plus que de l'albumine. Quand on les fait bouillii- dans de feau , ils se gonflent sans se dissoudre, et après l'évaporation de la li([ueur, il reste un peu de gélatine provenant du tissu cellulaire qui enveloppe NJillFS. 21 extérieurement les nerfs et qui les maintient réunis en plexus. Loiscju'on ploiige des nerfs dans une lessive faible de jiotasse caustique, l'aUjumine de la moelle se dis- sout, la graisse se délaie dans la liqueur, et la tunique mem- braneuse reste inattaquée. Si on Ta pliée ou comprimée beaucoup pendant la dissolution, elle restesous forme d'un canal creux, mais dans le cas contraire les mêmes parois qui pai't;igeut sa capacité en cellules sont conservées. La meil- leure manière d'apercevoir ces cellules consiste à couper des trancbes minces d'un grosnerf,et àlesexanline^a.umicros- cope,aprèsenavoirenlevé lamoeîleparlelavage. Cette membrane, que les anatomistes appellent né- vrilème ^ est un prolongement de l'enveloppe immédiate du cerveau, la pie-mère; mais elle a plus dépaisseur, et en diffère au moins pour l'aspect. Lorsqu'on coupe un nerf en travers , la membrane se rétracte un peu , et une petite ([uantité de moelle se trouve exprimée. Le névi'ilème se retire beaucoup sur lui-même par l'action des acides et surtout de la solution de cblore. D'après Vauquelin, un plexus nerveux , plongé dans la solution de cldore, se contracte fortement, en exprimant beau- coup de moelle, tandis que les filamens qui le con- stituent se détaclient les uns des autres, comme les poils d'un pinceau. Si l'on fait bouillir long-temps le névrilème dans une dissolution concentrée de potasse caustique, il se dissout, en laissant des flocons peu con- sidérables. La dissolution est ensuite précipitée par les acides; mais le précipité a vraisemblablement une autre composition, produite par l'action destructive de l'al- cali. Un ganglion nerveux est un corps rougeâtre ou gri- sâtre, de volume et de forme variables. Certains gan- glions sont très-petits; d'autres, surtout celui qu'on appelle plexus solaire, et (jui avoisine l'estomac, sont assez gros. Leur forme varie ; il y en a de ronds , d'ovales, de demi-circulaires et de triangulaires. Les plus nombreux sont situés le long des deux côtés de la face antérieure de la colonne vertébrale. Leur consistance est molle et spon- àà NERFS. gieuse. Quand on les coupe en travers, ils paraissent homo- gènes, sans ti^acesde fibres, et du reste ils n'ont cranalogie, ni avec la moelle nerveuse, ni avec lenévrilème. Bouillis dans l'eau , ils deviennent durs et se resserrent sur eux-mêmes : Une ébuliition prolongée les ramollit de nouveau, mais sans qu'ils se dissolvent. Lorsqu'on les fait bouillii* avec iine lessive concentrée de potasse caustique, ils se dissol- vent peu à peu. Ils résistent long-temps à la putréfac- tion, et s'altèrent bien moins vite que les nerfs, quoi- que ceux-ci ne pourrissent non plus qu'assez tard. \^e& fonctions du système nerveux dans les corps vi- vans sont bien certainement chimiques. Le secret de la vie se trouve caché dans ce système , et quoiqu'il pa- raisse être à notre portée , cependant nous ne pouvons le pénétrer. La chimie et la physique ne sont point en- core arrivées, et n'arriveront même peut-être jamais , au point de pouvoir expliquer une partie essentielle des fonctions du cerveau et des nerfs. Mais, quoi qu'il en soit à cet égard , je me permettrai d'arrêter un instant l'attention du lecteur sur un sujet qui méi'ite à un si haut degré notre surprise. Nous admirons volontiers les auteurs des chefs-d'œuvre de l'industrie humaine, et il s'agit ici de la plus sublime des œuvres du créateur de l'univers. Par fonctions du cerveau, on entend tout ce qui, chez l'homme et les animaux, porte le nom d'intelligence ou de fonctions intellectuelles. Le cerveau préside à une grande partie decequi est act ion spontanéeoudueà la volonté de l'a- nimal, par opposition avec la fonction des régions supé- rieure et moyenne de la moelle épinière, qui,au moyen de leurs nerfs pourvus de ganglions, règlent l'action de la plupart des organes non soumis à l'empire delà volonté. Les anciens physiologistes admettaient un sensoriuin commune^ dans lequel, à peu près comme dans un centre, était logé l'être intellectuel. Les modernes, gui- dés principalement par les travaux remarquables, mais long-temps mécontujs, de Gall , ont cru trouver que nos diverses facultés intellectuelles appartiennent à des por- NERFS. 23 tions spéciales du cerveau , et que les divers degrés de développement de l'encéphale sont la cause des grandes différences qu'on observe dans les facultés de l'Ame, de la disposition à certaines fonctions, des penclians par lesquels se distinguent les divers individus de l'espèce humaine et les animaux chez lesquels on voit le pou- voir intellectuel plus développé que chez les autres, comme le chien, le cheval, l'éléphant. La chose est poussée au point qiie , de l'examen de la forme extérieure du crâne , on peut déduire, sinon avec pleine certitude, du moins avec un haut degré de probabilité, des diffé- rences dans les facultés de l'âme et les penchans. 11 est donc clair d'après cela que la forme exerce déjà une influence essentielle sur les fonctions intellectuelles. On ne sait pas encorejusqu'à quel pointla composition chimiquey prend part aussi, quoiqu'on ait reconnu que la masse du cerveau devient plus dure et plus consistante à mesure (pie les facultés de l'âme s'émoussenl par les progrès de l'âge, et que, dans certains cas d'aliénation mentale et de démence, on la trouve plus dure même que chez les vieillards. On peut bien conclure de là, en toute assu- rance , que cet état de la masse cérébrale prend une part :îssentielle à la disposition des facultés de l'âme. Je sortirais des bornes de mon sujet, si je m'arrêtais aux fonctions intellectuelles et aux divers points du cer- veau par lesquels elles semblent être produites. Cepen- dant je crois devoir montrer ici par un exemple com- bien nous sommes loin encore de comprendre la manière dont les fonctions du cerveau s'accomplissent. Je ne m'at- tacherai qu'un instant à l'une d'entre elles, à la mémoire. Ces tableaux d'objets et d'événemens, qui se sont formés pendant le cours d'une vie d'homme; ces tableaux à con-* tours moins nets, mais cependant toujours assez distincts, qui ont été le résultat de traditions ou de lectures; ces innom- brables motsde plusieurs languesqu'un même individu pos- sède ; ces systèmes de faits qui composent le domaine entier de plusieurs sciences, et qui sont conservés par un seul cerveau liumaln, toujours prêts à servir au be- ^[\ KEUFS. soin et à se représenter intuitivement à l'individu , com- ment tout cela se trouve-t-il dans cet espace étroit, dans cette masse semblable à une émulsion? Quelle part la matière, l'eau, l'albumine et la graisse cérébrale, a- t-elle à cette activité sublime, qui cependant n'existe pas sans elle , et qui cbangc ou s'anéantit totalement au moindre dérangement qu'elle éprouve? S'd est si naturel que nous soyons saisis d'un saint frissonnement lorsque, suivant les leçons de l'astronomie, nous contemplons l'univers, tous les mondes et leur succession infinie dans l'espace qui n'a point de bornes, nous ne devons pas éprouver moins d'étonnement quand nous consi- dérons l'organe dont les fonctions mettent l'bomme à portée d'embrasser cette immensité, de calculer les lois du mouvement des mondes, et, si je puis m'exprimer ainsi, de se soumettre les élémens, de mettre les forces de la nature à sa disposition. L'action des nerfs, quoique nous ne puissions pas da- vantage l'expliquer, parait cependant être plus rappro- chée de la possibilité d'être comprise un jour. C'est au moyen des nerfs que la volonté agit sur les muscles, qui sont mis par là en mouvement. Par les nerfs visuels, la chambre obscure de l'œil reçoit limage que la ré-: fraction de la lumière y peint. Nous sentons par les nerfs auditifs les vibrations du son; par les nerfs olfactifs, l'impression des matières gazeuses ou voltigeant dans l'air; par les nerfs gustatifs, la saveur ou Tiriîpression par- ticulière que font sur la langue les corps liquides ou solides humectés; enfin, par toute la surface du corps, mais no- tamment par l'extrémité des doigts et des orteils, l'im- pression de la résistance que nous opposent les objets extérieurs. C'est là ce qu'on appelle les sens externes , que nous trouvons quelquefois portés chez les animaux à un degré de perfection inconcevable, comme, par exemple, la finesse de l'odorat dans le chien. En outre, les nerfs pénètrent dans toutes les par- ties du corps; ils président, si l'on peut s'exprimer ainsi, à la reproduction continuelle des parties mises hors JVERFS. aS de service par l'usage , aux sécrétions et aux excrétions , phénomènes (|ui cessent tous dès que la comniuniculiou entre les nerfs qui se rendent aux organes et le cer- veau ou la moelle épinière, vient à être interrompue ou détruite, comme lorsqu'on les lie fortement ou qu'on les coupe; mais les fondions reprennent dès qu'on en- lève la ligature, et les bouts d'un nerf qui a été coupé peuvent se réunir, de manière que le cordon nerveux recouvre son activité piimitive. La nature a vedlé en bonne mère à ce que l'influence nerveuse ne puisse point cesser : c'est pour cela que les ramifications des nerfs s'anastomosent ensemble sur un nombre infini de points, de telle sorte que, quand la comniunication avec le cer- veau vient à être interrompue dans une direction, elle ne tarde pas à se rétablir sur un autre point, oii peu à peu elle se développe et s'agrandit. L'interruption de la communication entre le cerveau et les extrémités des ramifications nerveuses dans un or- gane, a la plus grande analogie avec celle d'une chaîne électrique, et qui plus est, l'influence interronq)ue du cerveau peut être suppléée par des courants électriques développés par la voie hydro-électrique. Il est vraisem- blable que c'est précisément à celte circonstance que nous devons la découverte des phénomènes hydro-élec- triques, c'est-à-dire à l'excitation de contractions mus- culaires, chez des grenouilles tuées depuis peu, par le contact simultané de deux métaux différens l'un avec l'autre et avec des parties différentes du corps de l'ani- mal. Mais ce sinq^le phénomène n'exprime pas assez clai- rement le rapport dont il s'agit- ici. Nous avons appris depuis à en connaître d'autres qui parlent, à ce qu'il paraît, d'une manière plus claire. Parmi ceux-là, je ci- terai seulement les observai ions ù'Ure et de Wilson. Ure eut l'occasion de disposer du corps d'un criminel qui, une heure après avoir été pendu , fut détaché du gibet et soumis aux expériences. On eiîleva la moitié de la première vertèbre cervicale, on découvrit la moelle allon- gée, et l'on mit un conducteur métallique en contact 26 NERFS. avec elle. Un autre conducteur ayant été appliqué au nerf sciatique, dans rcndroit où il sort de dessous les muscles fessiers, et les autres extrémités de ces deux conducteurs mises en rap|Kirt avec les pôles d'une pile électrique de deux cent soixante et dix paires, tous les muscles du tronc entrèrent en mouvement, comme dans un violent frisson. Le conducteur ayant été enlevé du nerf sciatique, et plongé dans une incision faite au talon gauche, le genou ployé et la pile déchargée à travers les deux conducteurs, tout le corps entra en convulsion, et le genou s'étendit avec une telle violence, que la personne qui cherchait à le tenir ployé faillit d'en être renversée. La décharge électri(}ue ayant eu lieu ensuite entre le nerf diaphragmatique gauche, à trois et quatre pouces au-dessous de la clavicule, et le diaphragme ou la menihrane musculeuse qui sépare l'une de l'autre les cavités thorachique et ahdominale, ce qui eut lieu au moyen de l'attouchement de ce dernier muscle avec un fil métallique plongé au dessous du cartilage de la septième côte, le diaphragme se contracta chaque fois qu on ferma la chaîne; mais quand , au lieu de secousses isolées, on se mit h promener le fil métallique portant l'un des conducteurs sur le pôle correspondant, de ma- nière à faire naître un gi-and nomhre de secousses se succédant à des intervalles presque imperceptihles, il s'é- tablit une respiration régulière, mais pénible, le ventre s'éleva et s'abaissa altertiativement, et l'air fut si régu- lièrement inspiré et expiré par les poumons, que les as- sista ns purent croire au retour de la vie dans ce corps mort , déjà soumis depuis une demi-heure aux expé- riences. Mais le cœur et le pouls demeurèrent immo- biles. La commotion électrique ayant eu lieu entre le coude et le doigt indicateur, la main, jusqu'alors fer- mée, s'ouvrit malgré tous les efforts qu'on fit pour s'y opposer. L'un des pôles de la pile ayant été mis en rap- port avec le talon, et l'autre avec le nerf susorbitaire, non seulement les muscles du corps en général , mais en- core ceux de la face, entrèrent en mouvement ; ce qui , NERFS. 27 dit Ure, donna au visage du cadavre une si effrayante expression de fureur et de désespoir, jointe au plus affreux sourire, que plusieius des spectateurs se préci- pitèrent hors de la chambre, et qu'il y en eut un qui perdit connaissance. Les expériences de Wilson sont plus probantes encore, s'il est possible. Ce physiologiste coupa , sur des lapins , les nerfs que les anatomistes appellent de la paire vague, au-dessus de l'endroit où ils envoient des branches à l'estomac. Au même instant la respiration devint diffi- cile, et la digestion des alimens introduits peu de temps auparavant dans l'estomac, s'arrêta; l'animal périt quel- ques heures après. La nourriture qu'il avait prise fut trouvée sans aucun changement dans l'estomac. Mais, lorsque apiès avoir traité d'autres lapins de la même manière, Wilson fit agir sur eux un faible courant d'une petite pile électrique, de telle sorte que le con- ducteur d'un pôle conunimiquât avec le nerf au-dessous de la section, et celui de l'autre avec une petite plaque métallique étendue sur le corps à la région de l'estomac, la gène de la respiration cessa sur-le-champ ; l'animal se remit à respirer librement, et du persil qu'il avait man- gé avant l'expérience fut complètement digéré ; o])ération dans le cours de laquelle la masse prit Todeur particu- lière qu'on trouve toujours au produit de la digestion du lapin. Ces expériences furent répétées aussi sur des chiens avec les mêmes résultats, et des physiologistes français en ont constaté l'exactitude. Elles semblent donc prouver que l'influence des nerfs non seulement sur le mouvement musculaire, mais encore sur le travail de la digestion, peut, quand la communication avec le cer- veau vient à cesser, être remplacée par le courant hydro- électrique. Peut-être avons-nous trouvé par là le bout d'un fil propre à nous guider, et l'avenir nous montre- ra-t-il jusqu'où il peut nous conduire dans ce labyrinthe. Lorsque nous commençâmes à soupçonner que les pro- priétés électriciues opposées des corps étaient la cause de l'activité des élémens inorganiques, nous dûmes considé- 28 SYSTÈME VASCULAini'. SANG. rer aussi l'électricité comme l'agent principal dans les opérations organiques; mais, inêine en admettant ce principe , nous ne noussonnnes pas approchés davantage de l'explication. Il y a déjà long-temps, par exemple, qu'on sait (|u'il existe, chez certains poissons , un grand appendice du système nerveux, dont. la fonction consiste à produire des commotions électriques très-fortes, les- ([uelles ne sont pas tant puissantes par leur intensité que par la quantité extraoï'dinaire d électricité qui se met en équilibi-e à chaque décharge; mais, même dans ces cas d'une évidence si palpable, tous les progrès que la science a pu fairejuscju'à présent ont été insuffisans pour nous conduire à un mode quelconque d'explication. ii. le système vasculaire et les liquides qu'il charrie. Chez les aniiîiaux veiiéhrés, un liquide rouge, le sang, circule dans h^s gros vaisseaux, dont les petites ramifications cîiarricnt des liqueurs incolores. Celles qui remplissent les vaisseaux dans les autres classes du règne animal, sont la plupart du temps dénuées de couleur. Ces liquides et les canaux qui les contiennent, font le sujet du cliapitre actuel, qui se partage en cinq sections, savoir: i° le sang; 2" les artères, les veines et la circulation du sang; 3° la respiration et les poumons; 4° la chaleur animale; 5° la lymphe et les vaisseaux lymphatiques. I. Le sang. Il y a dans le corps deux espèces de sang, qui n'ont pas la même couleur, et cpii portent des noms différens. L'un de C(;s liquides, le sang arlériely est d'un rouge vermeil, va de^ poumons au cœur, et coule du ventri- cule gauche de ce dernier organe dans les artèi'cs. L'autre, le sang veineux , est d'un brun foncé, revient de toutes les parties du corps et passe du ventricule SANG. 2C) droit du cœur clans los poumons, oîi , de brun qu'il était, il redevient vci'uieil. Cette ditTei-ence de couleur repose cepentiaiit sur une différence dans la conij)osition chimique qui est très- peu prononcée, et qui n'est même pas encore Ijien con- nue. Aussi les propriétés cliimi([iics généi-ales du sang sont- elles, si on excepte la couleur, les mêmes pour l'artériel et pour le veineux. Le sang est un liquide trouble, qui consiste en une dissolution claii'e dans laquelle sont tenues en suspension des particules rouges ou d'un brun foncé. Si l'on fait tom- ber une goutte de ce liquide sur un verre, et que l'on exa- mine le bord mmce de cette goutte avec un microscope composé , on aperçoit manifestement des particules plates, minces et translucides, qui nagent dans une liqueur jaune. C'est ce qu'on découvre mieux encore, et d'une manière plus instructive, en étendant au foyer du microscope la inince membrane natatoire de la patte d'une grenouille, ou la men)braue de l'aile d'une chauve- souris vivante. On volt alors comment le sang marche dans les vaisseaux les plus déliés, dont le calibre est déjà devenu assez petit poiu' ne permettre le passage que d'une seule ou de quelques-unes de ces particules non dissoutes à la fois; et l'on reconnaît en même temps qu'elles se tournent tantôt sur un coté, tantôt sur l'autre; que, par conséquent, elles doivent être non sphériques, " mais aplaties. On a donné à ces corpuscules le nom de globules du sang. Les globules du sang ont été découverts par Loewen- hoek, et ensuite observés par Hartsoeker, Hcwson , Home, WoUaston, Young, Dumas et Prévost, etc. On crut d'abord qu'ils étaient formés uniquement par la. matière colorante; mais, en i8i3, Thomas Young fit voir qu'on peut les séparer totalement de cette matière coloiaute, et que, cependant, ils n'en continuent pas moins ensuite de nager isolés tant dans le sérum que dans l'eau pure. Home, qui a ensuite examiné les globides du sang, croit avoir remarqué qu'ils sont composés d'tme molécule 3p. SANG. de fibrine incolore, entourée d'une pellicule de matière colorante rouge, cl que quelque temps après qu'on a tiré le sang du corps, cette matière colorante cesse d'en- velopper de toutes parts la fd^rine, dont les globules s'attirent alors par les points qu'elle laisse à découvert, s'attacbent les uns aux autres, et se prennent en une masse coliérente, connne je le décrirai plus loin, Dumas et Prévost, à qui Ton doit les recbercbes les plus récentes sur les globules du sang, ont constaté d'une manière sa- tisfaisante les résultats de celles de Home, et ils nous ont apprisen même tempsà connaître les différences que les globules présentent cbez divers animaux. Ils sont presque spliériques dans les mammifères, elliptiques chez les oi- seaux et les animaux vertébrés à sang froid. Ilewson croyait avoir observé au milieu de leur partie supérieure, une élévation, dont Prévost et Dumas parlent aussi; mais Young décrit une alternative de lumière et d'ombre, qui indique, au contraire, une dépression, ajoutant toute- fois qu'il est possible, dans un corps translucide de la petitesse d'un globule du sang, que ce soit là l'effet d'une illusion d'opti(|ue, et que la surface soit réellement unie. Dumas et Prévost ont trouvé les globules du sang d'une égale grosseur dans une même espèce animale; Young a remarqué que leur volume était variable dans les raies. Leur grosseur varie considérablement chez des animaux d'espèce différente. Parmi les mammifères qu'on a exa- minés sous ce lapport, la chèvre est celui qui a les plus petits , et un singe appelé ^S/w/Vz caUlttiche , celui qui a les plus gros. En généial, ils sont plus volumineux chez les animaux à sang froid que chez ceux à sang chaud. Les grenouilles et les tortues terrestres sont les animaux chez lesquels on a trouvé les plus gros. Suivant flewson, ces globules sont plus gros dans le fœtus et le nouveau- né que dans l'adulte, ce que Dumas et Prévost ont con- firmé aussi chez l'homme. On croit trouver dans cette circonstance la cause qui fait que la transfusion, c'est- à-dire le transport du sang d'un animal dans le corps d'un autre animal dont on laisse écouler le sang, en- SANG. 3l traîne ordinairement la mort au boni de quelques jours. Les voluuies assignés aux globules du sang ne sont point parfaitement certains. Les mesures de Young et de Ka- ter, qui sont celles auxquelles on doit accorder le plus de confiance, leur assignent depuis ^-^ jusqu'à — ~ de millimètre cbez l'bomme; et les deux pliysiciens ont em- ployé des métliodes différentes pour arriver à ce résul- tat. Dumas et Prévost, qui ont pi is leurs mesures d'a- près la méthode de Kater, ont trouvé que la grosseur des globules du sang chez Ihomme était de -r^- de mil- limètre, par conséquent double de celle que leur assigne Kater. Il est digne de remarque que, suivant Dumas et Prévost, le diamètre delà molécule de fd^rine dépouil- lée de sa matière colorante , s'élève toujours à 3-^-- de millimètre, c'est-à-dire qu'il était précisément égal à celui que les molécules appelées organiques ont , d'après Milne Edwards, comme je Fai dit précédemment. Description chimique du sang. Le sang est passa- blement épais, quoiqueles pai'ticules qui y sont tenuesen suspension passent au traveis du filtre de papier. Sa pe- santeur spécifique est de i,c>52'7 à iioS-y, à 1 5". Sa saveur est salée et eu même temps nauséabonde, lia une odeur particulière, qui varie un peu chez les divers animaux, et qui, en général , est plus prononcée dans les individus du sexe masculin. Le sang, artériel ou veineux, qu'on tire des artères ou des veines d'un animal vivant, et qu'on reçoit dans un vase, secoaguleauboutd'un lapsde tempsplus ou moins long,ct seprenden unemassecolîérente, semblableà de la gelée, qui peu à peu revient su r elle-même, et exprime un liquide limpide, jaunâtre, parfois tirant un peu sur le vert, dans lequel finit par nager le caillot réduit à un volume bien moins considérable. Home admet que, dans cette opération, la matière colorante, au lieu de former une enveloppe qui embrasse la fibrine de toutes parts, s'applique autour d'elle en manière d'anneau, ce qui permet aux globules fibrineux d'adhérer les uns aux autres, et d'euqn-isonner entre eux la matière co- lorante. Dumas et Prévost n'ont pas constaté que cette 3-2 SAXG. disposition sous la forme d'an neaux ait réellement lieu ; mais ils admettent du reste, avec Home, que la coagula- tion du sang tient à ce que la fibrine- tenue en suspension dans ce liquide se réunit en une masse cohérente. D'après eux, j)ar conséquent, la fibrine n'est qu'en suspension dans le sang, et il n\' en a aucune portion qui se trouve à l'état de dissolution. Cependant cette opinion ne paraît pas avoir pour elle l'autorité de l'expérience; car le liquide incolore que charrient les vaisseaux lympha- tiques, c'est-à-dire la Ivmphe, ne contient pas, que nous sachions, de globules en suspension, ce qui n'empéclie pas qu'il se coagide exactement comme le sang, et qu'il dépose un caillot incolore. Mais, si ce liquide , séparé du sang par une espèce de filtra- tion , contient la fibrine dissoute, cette dernière est assu- rément aussi en partie à l'état de dissolution dans le sang; la coagulation consiste alors en ce que la fibrine dissoute se sépare, et emprisonne les globules. Loi'sque l'on tire du sang du corps d'uti animal pen- dant un froid rigoureux, de manière qu'il gèle prompte- ment, il prend la forme solide, sans préalablement se coaguler, et on peut le conserver ainsi gelé sans qu'il subisse d'altération; mais, en redevenant liquide, il se coa- gule. Si l'on examine au microscope, pendant qu'elle se coagule, une goutte de sang qu'on a laissé tomber sur un verre, on voit se manifester dans son intérieur des mouvemens en quelque sorte de contraction et d'exten- sion, qu'on a été tenté de considérer comme un phénomène de vitalité, d'autant plus qu'ils sont ac- tivés par un courant hydro-électrique à travers la goutte de sang. Mais ces mouvemens ne sont que le ré- sultat de la ficulté dont les molécules de la fibrine jouissent de se rapprocher les unes des autres, et de finir par se coaguler. Quand on fait tond^er du sang goutte à goutte d;tns de l'eau, la matière colorante se dissout, et lesglobiîlesilefibrinenagentincoloresdans le li- quide; mais le sang ne se coagule point, parceque la fibrine dissoute est maintemie par la liqueur étendue à l'état de ÏÏXAMl'.X DU CAILLOT DL SAMG. 3 J dissolution. Lorsqu'on rciiiiic \c sang pendant (ju'oii le tire (le suite, connne les hoiicliois sont clans l'usage de le faire, la coagulation s'exécute d'une tout autre manière; la fibrine se rassemble en grumeaux autour du corps dont on se sert pour battre le sang; et ce der- niei',qui ne se coagule pas, conserve parfaitement son aspect primitif: mais si on l'examine au microscope composé, on n'y découvre jjIus de globules, et l'on ny aperçoit que de petits corpuscules indissous, rouges et brisés, qui nagent au milieu d'un liquide jaune. Ces cor- puscules sont des parcelles de l'enveloppe de matière colorante, et, quand on filtre la liqueur, ils passent à travers le papier; mais si Ton conserve le sang pendant plusieurs joui's à la tenqiéi-ature de zéro, ils tombent lentement au fond du vase, et le liquide qui les surnage s'éclaircit, quoique cependant il conserve parfois en- core une teinte rougeàîre, provenant d'une petite quan- tité de matière colorante qui s'y trouve dissoute. Pour faire une analyse exacte du sang, il faudrait que Ton pût séparer les globules en suspension du liquide dans lequel ils nagent; mais la cliose est impraticable, et l'on doit se contenter de la séparation des parties constituantes du sang, telle (|ue retfectue la coagulation spontanée. La masse contractée et nageante quise foime ainsi, est connue sous le nom de ciuoriciassameiiturn sanguitiis)\ et le liquide dans lequel elle Jiage porte ce- lui de sérum {serwn scuiguiiiis). Je partagerai cet exa- men en celui du cruor et celui du sérum, et je prendrai principalement pour base les résultats tie mes propres rechercbes analytiques, en ayant soin d'indiquer à part ceux auxquels d'autres cbimistes ont pu t'^'tre conduits. A. Examen du caillot du sang. Le caillot du sang est rouge et mou. 11 faut le retirer du sérum avec précaution , pour ne pas perdie une par- tie de la matière colorante. Il est imbibé de sérum, ce qui est la cause de sa mollesse. Ou a pioposé, pour sé- VII. 3 34 FIBRINE. parer la fibrine et la matière colorante des parties con- stituantes solides (lu sérum, plusieiu's moyens, dont aucun rej)endant ne conduit au but d'une manière ab- solue. liO plus simple, celui dont je me suis servi, con- siste à couper le caillot en tj-anclies minces, au moyen d'un couteau bien affilé, vl à étendre ces tranclies entre des feuilles de papier brouillard, ployées en plusieurs dou- bles, qu'on renouvelle jusqu'à ce qu'elles cessent de s'bu- mectei". Lorsqu'elles n'absorbent plus d'bumidité, même par l'action de la presse, il ne reste que peu ou point de sérum dans les tranclies, qui sont alors considéra- blement retirées sur elles-mêmes, l^eur masse est cepen- dant encore molbî et flexible. Quand on les fait ramol- lir dans de l'eau , on les décompose en matière colorante qui se dissout , et en fibrine (jui reste sans se dissoudre. \m\ fib, ine retient opiniâtrement une portion de la matière coloiante. C'est pourquoi il faut la malaxer dans de l'eau, qu'on a soin de renouveler, jusqu'à ce que le li- quide ne se teigne plus. On finit ainsi par l'obtenir en- tièrenient incolore et biancbe, en masses molles et lon- gues, formées de filamens entrelacés ou semblables à des rubans, dont le volume est très- peu considérable en comparaison de celui du caillot qui les a fournis. Dans cet état, la fibrine est plus pesante que l'eau, dont elle gagne le fond. Cependant le caillot nage dans le sérum avant que la fibrine ait acquis cette plus grande densité par le lavage, quoique la fibrine soit par elle- même spécifiquement plus pesante que le sérum. I^a manière la plus facile d'obtenir la fibrine en quan- tité suffisante consiste à remuer fortement et long-temps le sang que l'on tire d'un animal que l'on veut tuer, et à re- cueillir les masses eobérentes qui se déposent sur le corps dont on se sert pour l'agiter. Du enlève ces masses, on les lave plusieru's fois avec de l'eau pure, et on les malaxe dans ce liquide. Lorsqu'elles ne colorent plus l'eau, la fibrine est presque entièrement dépouillée de matière co- lorante, dont les dernières portions ne peuvent cepen- dant être enlevées queparla macération prolongéependank FIBRINE. 35 douze heures de la fibrine ainsi malaxée dansl'eau froide. Cette fibrine contient néanmoins encore une cerlaine quantité dégraisse, dont d faut la débarrasser. Le meil- leur moyen d'y parvenir est de la mettre, à jjlusieurs reprises, en digestion dans de Talcool ou de l'étlier, qui s'empare de la graisse. Par la dessiccation, la fibrine perd environ les trois quarts de son poids; elle devient un peu jaunâtre, dure et cassante, mais sans acquérir de transpare-nce, lors- que la graisse a été complètement enlevée. Elle se ra- mollit dans l'eau , qui lui rend son ancienne apparence et presque aussi son même poids. Elle n'a ni odeur ni saveur. La chaleur ne lui fait subir de changement qu'à la température sous l'influence de laquelle elle com- mence à se décomposer : alors elle entre en fusion, se gonfle beaucoup, prend feu et, brûle avec une flamme brillante et fuligineuse, en laissant un charbon poreux et brillant. A la distillation sèche, elle donne les pro- duits ordinaires de la distillation des matières organi- ques nitroyénées, tels que je les décrirai plus tard. Le charbon brûle avec difficulté, et se réduit en cendre d'un gris-blanchatre, agglomérée , demi-fondue, qui fait exac- tement 1 pour cent du poids de la fibrine sèche. Cette cendre n'est ni acide ni alcaline; elle laisse des traces de silice après avoir été dissoute dans l'acide hydro- chlori<|ue ; elle est composée principalement de phos- phate calcique, d'un peu de phosphate n)agnésique et d'une très faible trace de fer. La fibrine d*i sang de bœuf est beaucoup plus difficile à incinérer com- plètement que celle du sang de Thomme ; cet effet dé- pend peut-être de ce que la première contient plus de phosphate calcique que l'autre, ce qui fait que la cendre éprouve une demi-fusion et que le charbon se trouve ainsi garanti davantage de l'action du feu. Avant la com- bustion, les principes constituans de la cendre ne peuvent point être extraits par les acides; ils semblent par consé- quent avoir appartenu à la composition chimique de la fibrine. 3. 36 FJBRINK. A l'état de coagulation, la fibrine est insoluble, tant dans \ eau froide t|ue dans \eau chaude. Mais ]'cl)ulli- tion prolongée avec de l'eau cbange sa composition; elle se contracte, durcit et finit par devenir friable à la inoindre pression. Pendant qu'elle subit cette al- tération, il ne se dégage aucun gaz; mais le liquide devient trouble, et contient alors une substance nou- velle qui s'est formée aux. dépens des élémens de la fi- brine. Si l'on évapore la tlissolution filtrée, il reste une masse solide, cassante, d'un jaune pale, et d'une agréable saveur de bouillon de viande, qui est susceptible de se redissoudre dans l'eau. Cette dissolution n'a pas de rap- port avec une dissolution de gélatine; elle ne se prend en gelée à aucun degré de concentration , et l'infusion de noix de galle la précipite bien, mais en flocons isolés, qui, par la cbaleur, ne se réunissent point en une masse élastique, comme il arrive au précipité obtenu par la gélatine et l'infusion de noix de galle. La matière soluble sapide dans laquelle la fibrine se convertit en partie par l'ébullition n'est donc point de la gélatine. La portion de la fibrine qui reste sans se dissoudre a perdu tous les caractères de cette substance; elle ne se prend plus en gelée par les acides ou les alcalis, et elle ne se dissout plus dans le vinaigre ou dans l'ammoniaque caustique. Si l'on verse du suroxide liydrique sur de la fibrine encore bumide , celle-ci dégage du gaz oxigène, et convertit le suroxide en eau, sans pour cela cbanger elle-même de composition; et si la quantité de fibrine qu'on introduit dans le liquide est très-grande, faction s exerce avec tant de violence qu'elle est accompagnée d'un dégagement de cbaleur. Cependant cette action n'appartient point à la fibrine seule; elle est également exercée à un plus ou moins baut degré par un grand nombre de tissus organiques qui ne contiennent pas de fibrine. La manière dont la fibrine se comporte avec les acides et les alcalis montre qu'elle peut jouer tantôt le riBRINE, ^r I role d'une base, et tantôt celui d'un acide, ou du moins d'un corps tMectro-négatif. Si l'on verse des acides concentrés sur cette substance, elle se i^onfle , devient gélatineuse et transparente. Ces phénomènes ont lieu avec tous les acides, l'acide ni- trique excppté. Les acides étendus font revenir sur elle- même la fibi'ine humide. Uacide siilfurique concentré pénètre la fdirine pure et sèche; elle se gonfle en une gelée jaune, qui ab- sorbe bien la totalité de l'acide, mais qui ne s'y dissout point. L'opération s'accompagne d un dégagement de chaleur qui, lorsqu'il est trop considérable, contri- bue à la décomposition mutuelle des deux corps , avec développement d'acide sulfureux et coloration en noir de la masse. A"" froid, l'acide et la fdjrine ne se décomposent point l'un l'ciutre. Si l'on dé- laie la masse gélatineuse acide dans de l'eau , la gelée se réduit instantanément à un volimie moindre que celui de la fdirine avant qu'elle eût été pénétrée d'acide. Si l'on verse sur de la hbrine molle de l'acide sulfurique étendu de cinq à six fois son poids d'eau, on voit s'ef- fectuer la même combinaison , contractée , que celle qu'on obtient en mêlant la gelée acide avec de l'eau. Cette masse contractée est une combinaison d'acide sul- furique et de fi!)rine. L'acide sulfurique étendu ne dis- sout pas la fibrine, même avec le secours de la chaleur, et si on les fait digérer ensemble , il se dégage un peu de gaz nitrogène, parce que l'acide change la compo- sition de la filîrine. Il contient alors en dissolution une substance qui , après la saturation de l'acide , n'est point précipitée par de l'alcali ou parle cyanure ferroso-potassi- que, mais l'est par la teinture de noix de galle, et de la- quelle la potasse caustique dégage de l'ammoniaque. Ces réactions indiquent un changement de composition, ana- logue peut-être à celui qn.iest produit par la coction dans l'eau. Si l'on recueille sur un filtre la fibrine contractée qui a été traitée à froid par l'acide sulfiu'ique étendu, et qu'on la lave avec de l'eau , elle devient peu à 3o FIBRINE. peu transparente, se gonfle de manière à produire une gelée, et se dissout ensuite complètement dans une nouvelle quantité d'eau qu'on y ajoute. La masse gé- latineuse soluble est une combinaison neutre d'acide sulfiu'ique et de fibrine, qui, lorsqu'on verse dessus de l'acide sulfurique étendu, repasse sur-le-cbamp à son précédent état de contraction , et qui est précipitée de sa dissolution dans l'eau par de l'acide sulfurique libre qu'on y ajoute. Quelcpies cbimistes disent que l'acide sulfurique colore la fibrine en brun ou en pourpre : cette assertion est exacte ; mais elle n'est vraie qu'à l'égard de la fibrme qui n'a point encore été complètement dé- pouillée de matière colorante. l^ acide lîitrique ie\nl la fibrine en jaune. A froid, etquand il est étendu d'eau, il forme avec elle une com- binaison acide et une autre qui est neutre, analogues à cellesqueproduitl'acidesulfurique.Maissil'on faitdigérer ensemble l'acide nitrique et la fibrine, la composition de celles-ci change beaucoup , au milieu d'un dégagement de gaz nitrogène. L'acide devient jaune, et la fibrine se convertit en une niasse de couleur cifrine , qui , par le lavage, devient d'un jaune-orangé, sans seclis- soudre. Ce corps jaune, que Fourcroy a décrit le pre- mier, et qu'il regardait comme un acide particulier, est composé d'une fibrine altérée , combinée en partie avec de l'acide nitricpie, en partie avec de l'acide ma- lique, combinaison sur laquelleje l'eviendrai en traitant de l'action décomposante des acides sur les substances animales. \J acide phosphorique^e comporte de deux manières différentes avec la fibrine. S'il a été récemment calciné, et ensuitedissous sur-le-champ dans l'eau , l'action qu'il exerce sur elle est exactement la même que celle de l'acide sulfurique. Si, au contraire , la dissolution de l'acide était préparée déjà|depuis une semaine et plus, la fibrine s'y gonfle comme auparavant, de manière à prendre l'aspect d'une gelée ; mais celle-ci est soluble dans l'eau, sans qu'un excès d'acide la précipite, ou di- FIBRINK. 3q . minue sa solubilité, exactement comme je le dirai à l'égard de l'acide suivant. V acide acétique concentré pénètre la fibrine sur-le- clianij), et la convertit en mie gelée incolore qui se dissout aisément dans l'eau (îbaude. Lorsqu'on fait bouillir la dissolution, il se dégage un peu de gaz ni- trogène , mais sans que rien se précipite. Si on l'éva- poré à une douce chaleur, elle se couvre d'une pelli- cule et prend ensuite l'aspect d'une gelée , mais tout autrement que le fait une dissolution de gélatine qu'on laisse refroidir. Quand la gelée se dessèche, la plus grande partie de l'acide acétique se volatilise, et la fi- brine reste opaque, insoluble dans l'eau, tant froide que chaude. Si l'on mêle luie dissolution de fibrine dans l'acide acétique avec un aulre acide, on voit naître un précipité, qui est la combinaison neutre du nouvel acide avec la fibrine. Verse-t-on , au contraire, de l'alcali caustique dans la dissolution , la fibrine se précipite d'abord, mais elle se redissout ensuite quand on ajoute un excès du réactif employé pour effectuer sa préci- pitation. Les hjdracides forment aussi avec la fibrine des com- binaisons peu solubles. Si l'on verse de \acide lijdro- chlorique concentré sur de la fibrine parfaitement sèche, elle se gonfle en peu d'instans, et prend la forme d'une gelée qui se résout peu à peu en un liquide d'un beau bleu foncé. Si la fibrine n'était point parfaitement débarrassée de matière colorante, la licjueur, au lieu de devenir bleue, prend une teinte pourpre ou violette. Dans cette circonstance, il ne sedéaape aucun gaz. Si l'on étend d'eau la liqueur acide bleue, il s'y forme un préci- pité blanc, qui est une combinaison neutre de fibrnie et d'acide hydrochlorique, et qui se comporte, en tous points, comme la combinaison correspondante avec l'acide sulfurique , c'est-à-dire qui se prend en gelée après qu'on lui a enlevé son excès d'acide par le lavage, se dissout ensuite dans l'eau , et se précipite de la liqueur quand on y ajoute de l'acide hydrochlorique. La liqueur 4o FIBRINE. acide bleiio précipitée par l'eau, conserve sa couleur bleue après qu'on en a séparé le précipité par la fil- tration, et elle ne précipite plus par l'addition de nou- velles quantités d'eau. Si Ton sature l'aride au moyen de l'annnoiiiaque , la couleur disparaît, et quand on verse de l'alcali en excès, le liquide prend une teinte jaune. La couleur hieue paraît doue appartenir à une substance nouvellement jjroduite par l'action décom- posante de l'acide coucentré. Si I on verse de l'acide hv- drochlorique étendu sur de la fibrine Iiuniide, l'acide s'unit à cette dernière sans la dissoudre, et il en ré- sulte la même combinaison que celle qui est précipitée par l'eau d'une dissolution dans l'acide concentré. Lors- qu'on fait bouillii- la fibrine avec l'acide, il se dégage du gaz nitiogène, et il se produit nne combinaison analogue h celle qui prend naissance par l'ac^tion de l'a- cide sulfurique. Eri évaporant le liquide acide, après l'avoir filtré, il reste, quand l'acide a été cbassé , une masse d'un l.n un-foncé, qui contient un peu de sel ammoniac. La fibririe se combine par voie dédouble décomposition avec les deu\ modifications du c\anure de fer et d'bvdro- gène, appelés acides prussiques ferrures (Fe Gy + 2 H Gy et Fe €y^4-3H Gy^),Si l'on mêle une dissolution de fibrine dans un acide, par exemple, dans l'acide acétique, avec une dissolution de cyaniu'e ferroso-putassicpie ordinaire ( combinaison de cyanure potassique et de cyanure ferreux). Il forme un précipité blanc, qui, à la vérité, se redissout d'abord, maiscpii, lorsqu'on ajoute davantage de réac- tif, devient permanent. Si l'on rassemble ce précipité sur un filtre, et (pi'on le lave, il se dissout en petite quantité. (La dissolution est incoloie, et elle précipite de la solution des sels ferriques une combinaison mucila- gineuse bleue.) La masse lavéeest sanscouleurtant qu'elle reste bumide , mais elle j^rend une teinte jaunâtre en se sécbantà l'air. Si on la comprime entre des feuilles de pa- pier Josepb au moyen d'une très-forte presse, elle devient instantanément d'un jaune-vert et sèche. Ce corps résulte FiBUiNi:. 4i trune combinaison de cyanure ferreux avec de la fibrine et de Tacide bydrocyanique. Les acides étendus ne le dissolvent pas; mais les alcalis, et même l'ammoniaque, le décomposent; ils se combinent avec le cyanure ferreux el l'acide livdrocyanique, et la rd)riiie, qui prend d'abord la forme de gelée, se dissout ensuite, joo parties de cette combinaison, dessécbées pendant long-temps à -7 5", puis réduites en cendres dans un creuset de platine préalable- UKMit pesé, ont donné 2,8 parties d'oxide ferrique, qui correspondent à 7,8 parties de la combinaison du cya- nure ferreux avec l'acide bydrocyanique. Il suivrait de là que celte combinaison contient 92, 2 parties de fi- brine, y compris peut-être aussi de l'eau combinée, et il en résulte aussi que cette substance , comme les bases salifiables végétales, n'a qu'une très-faible capa- cité de saturation. Cependant je dois rappeler que les nombres qui viennent d'être indiqués n'ont pas le ca- ractère d'une exactitude rigoureuse. Si l'on mêle de l'acétate de fibrine avec une dissolu- tion de cyanure ferrico- potassique (combinaison de cya- nure potassique avec le cyanure ferrique ) , on voit pa- raître un précipité citrin, qui disparaît dans les premiers momens, et qui est beaucoup plussoluble dans l'eau que le précédent. Soumis au lavage, ce précipité se dissout et diminue visiblement, et on obtient ainsi une dissolution jaune-pale, qui précipite de la solution des sels ferreux, une masse bleuesouslaformcdefloconsmucilagineux. Par la dessiccation , la couleur citrinepurepasseau vert-fonté; mais cette dernière teinte reprend une nuance j)lus jaiuie qu'auparavant quand on réduit la masse dessécbée en pou- dre très-fine. Cettemasse est très-facile à pulvériser. Si on lave la combinaison sur le filtre avec de l'eau bouillante, elle se contracte et devient verte; l'eau finit par passer incolore. La propriété d'être précipitées de leurs dissolutions dans les acides par le cyanure ferroso-potassique, distingue la fibrine, la matière colorante et l'albumine, ces trois parties constituantes principales du sang, des autres matières animales; elle appartient également à la ma- 4^ FIBRINF. tière casoeiise du lait et au cristallin , de sorte que toutes ces substances constituent ensemble un genre commun de corps que j'appelle albiimineux ^ et qui ont aussi beaucoup d'analogie les uns avec les autres soi\5 le rapport de leurs autres propriétés chimiques. La fibrine est dissoute par la potasse caustique, même quand cet alcali est très-étendu. Lorsqu'on la plonge dans une lessive caustique , assez étendue pour qu'on puisse sans inconvénient la mettre en contact avec la langue, elle s'y convertit peu à peu en gelée, comme elle le fait dans un acide concentré, et finit par occuper la liqueur tout entière. Si on la met ensuite di- gérer avec cette lessive dans un vase clos, à une température de So° à 60°, elle se dissout peu à peu et produit ainsi une liqueur faiblement jaunâtre , un peu troidjle, qui s'éclaircit bien parla filtration, mais qui ne tarde pas à obstruer les pores du filtre. Sa couleur jaune provient principalement d'une petite quantité de matière colorante qui existait encore dans la fibrine, et elle est d'autant plus foncée que la fi- brine dont on s'est servi avait elle-même une teinte rou- geàtre plus prononcée. J'ai obtenu cette dissolution pres- que incolore. Quoique l'alcali semble s'emparer de la fibrine sans lui faire subir aucune altération, cependant elle éprouve de sa part un léger cbangement dans sa composition. En effet, si l'on sature l'alcali avec un acide, par exemple, avec de l'acide acétique ou bydrochlori- que, la liqueur, surtout quand elle est chaude, exhale une odeur mixte, à la vérité très-fugace, qui se ra])pro- che de celle de la bile et dusulfide hydrique; etsi l'on fait digérer la liqueur alcaline dans un vase d'argent , ce dernier ne tarde pas à noircir, par la formation d'une légère couche de sulfure d'argent à sa surface. La fi- brine peut saturer l'alcali assez complètement pour que la liqueui- n'exerce plus ensuite aucune réaction alca- line; mais ce cas n'a lieu que quand on a saturé l'excès d'alcali avec de l'acide acéticjue, et ajouté assez de ce dernier pour qu'une partie de la fibrine se précipite, sans FIBRINE. 43 que celle-ci seredissolve, dans l'espace même do plusieurs heures. La liqueur filti'ée est alors parfaiteuieut neutre, et elle contient de la fibrine potassi([U('; combinaison dans laquelle la potasse n'entre qu'en très-faible pro- portion compai'ativement à la fibrine. Celte dissolution montre dans ses réactions une grande analogie avec l'albinnine : cependant elle ne se coagule pas par l'é- buUition, quoiqu'elle le fasse par l'alcool et les acides, exactement comme l'albumine. Si on !'éva[)ore à une douce chaleur, elle se prend en gelée, de môme qu'il arrive à la dissolution de cptte dernière, quand on l'é- vapore à une température assez basse pour qu'elle ne se coagule pas. Cette gelée se convertit ensuite, par la dessiccation, en une masse jatnie-pale, transparente, fendillée, qu'on peut conserver long-temps sans qu'elle s'altère. Quand ou verse de l'eau dessus, elle commence par se gonfler et se convertir en une gelée, puis elle se dissout si l'on ajoute uiîe plus grande quantité d'eau et qu'on la fasse chauffer. La dissolution est précipitée par les acides; et ceux-ci, inis en excès, produisent des combinaisons (|ui paraissent être de même nature que celles qu'on obtient en les faisant agir directement sur la fibrine. Le précipité est redissous par l'acide acé- tique et par l'acide phosphorique tenu depuis long- temps en dissolution. Si l'on mêle la dissolution de fi- brine potassique avec de l'alcool , la plus grande partie delà fibrine se précipite avec une portion de la potasse, mais une autre portion de cette dernière reste dissoute dans la liqueur alcoolique, avec une petite quantité de fibrine. Si la dissolution contenait un excès d'alca'i, il reste beaucoup de fibrine qui ne se précipite point. Lorsqu'au lieu de traiter la fibrine par de la potasse caustique très-étendue, on verse sur elle une dissolution concentrée de cet alcali, et qu'ensuite on fait digérer le tout ensemble, il se dégage de l'ammoniaque, et la fibrine subit, par transposition de ses éiémens, une décompo- sition qui n'est pas sans ressemblance avec la saponifi- cation des huiles. Les acides précipitent de cette disso- 44 FIBIUNE. lution la fibrine altérée, qui n'est plus susceptible de se prendre en gelée avec i'ai.-ide acétique , ni de se dis- soudre dans cet acide. Je n'ai pas poussé plus loin l'exa- men de ses propriétés. \^ ammoniaque caustique se comporte envers la fi- brine de la même manière que la potasse : seulement l'action est plus lente, et la décomposition delà matière anunale moins considérable. En évaporant la liqueur, on obtient de nouveau la fibrine non dissoute. Parmi les sels ^ il en est quelques-uns qui exercent sur la fibrine une influence digne de remarque. Le sutf cite sadique on le nilrate potassique, nus en poudre et en certaine quantité dans le sang tandis qu'il coule du corps de l'animal, l'empécbe de se coaguler. Suivant Arnold, la fibrine encore bumide se dissout dans une dissolution concentrée de cblorure ammonique ( sel ammoniac ). Je n'ai pu l'éussir à opérer cette dissolu- tion : toutes les fois que je mettais la fibrine en diges- tion dans la liqueur, elle se contractait beaucoup, et la liqueur contenait ensuite une petite quantité d'une substance qui paraissait être de même nature que la modification de fibrine qu'on obtient en faisant bouillir cette dernière avec de l'eau, hessels/erriques et le clilorure niercurïque '^K' combinent avec la fibrine en- core liuinide, qui acquiert par là plus de dureté, et n est plus ensuite susceptible de se putréfier. Si l'on mêle de la fibrine potassique avec des disso- lutions de sels métalliques, elle se coagule; le précipité est une combinaison de fibrine avec l'oxide métallique, et en même temps avec une certaine quantité de sel, lorsque celui-ci a été mis en excès. Quelques-uns de ces précipités sont dissous par la potasse caustique. Si, par exemple, on précipite une dissolution neutre de fibrine potassique avec une dissolution de cblorure mercurique en excès, il se produit un précipité gélatineux, de cou- leur faiblement grisâtre, qui, après avoir été lavé et sè- che, devient transparent et jaune-brun , et qui n'a point de ressemblance avec la combinaison defibrineetdechlo' FIBRINE. ^5 rure mercurique. Si, tandis qu'il est encore humide, on verse dessus de l'eau de cliaiix, celle-ci ne le dissout point et ne lui fait éprouver aucun changement; mais la po- tasse caustique le dissout complètement, et la liqueur qui en résulte est incolore. Cette dissolution a une sa- veur métallique, et elle donne un précipité de sulfure merciu'ique quand on v verse du sulfhydrate animo- nique. Parmi les substances végétales, le tannin s'unit à la fibrine, qu'il précipite de ses dissolutions saturées, tant dans les acides que dans les alcalis; lorsqu'on le met en contact avec la fibrine humide, il se combine avec elle, et de là résulte une masse dure, solide, qui est à l'a- bri de la putréfaction. lia composition élémentaire de la fd)rine a été exa- minée par Gay-Lussac et Thénard, ainsi que par Mi- chaëlis , qui ont obtenu les résultats suivans : Gay-Lussac et Tbt'narcl. Michaëlis. Arlérielle. Veineuse. Nitrogène. . . Carbone. . . . 19,934 53,36o 17,587 5 1,374 17,267 5o,44o Hydrogène.. . Oxigène . . . . 7,021 i9,()85 7,2.54 23,785 8,228 24,065 Léopold Gmelin a réduit par le calcul le résul- tat obtenu par Gay-Lussac et Thénard à la formule suivante : NC-^H^O ( 1). (Cependant cette formule suppose une inexactitude de quelques centièmes dans les proportions, tant du carbone que de l'oxigène. J'ai ftiit voir précédemment que la capacité de sa- turation de la fibrine est extrêmement faible; mais celte circonstance suppose aussi que son poids ato- mique est élevé, et que par conscc|uent elle doit conte- nir un beaucoup plus gi-and nond)re d'atomes simples (i) Ce qui donne pour cent: nitrogène 19,71, carbone 5i,ii, hydrogène 6,91, et oxigène 22,27. 46 GRAISSE DE LA. FIBRINE. que ne l'indique le calcul de Gmelin. Au reste, tous les essais de calcul sont inutiles aussi loug-tenips qu'on ne connaît pas la capacité de saturation , ou , ce qui revient au mêuic, le poids atomique de la fibrine. On peut aussi rappeler, à l'égard des résultats qui viennent d'être énoncés, qu'aucun des chimistes auxquels on les doit, n'a extrait, avant de procédera l'analyse, la graisse contenue dans la fibrine, graisse dont la quantité n'est pas considérable sans doute, mais qui n'en peut pas moins changer singulièi'cmenl le résultat, en ce qu'elle contient beaucoup de carbone et pas du tout de nitro- gène. On n'a point non plus fait entrer en ligne de compte le soufre contenu dans la fibrine. La graisse de la fibrine s'obtient , comme il a été dit plus haut, au moyen de la digestion avec de l'alcool ou de l'ether. Dans mes premières expé- riences à ce sujet (i8oy), je l'obtins ayant une odeur désagréable et diverse, suivant que j'avais employé de l'alcool ou de l'éthei" pour l'extraire; d'où je conclus qu'elle est produite par l'action décomposante de ces liquides sur la fibrine, conjecture qui m'a pai'u être pleinement confh'mée encore par cette circonstance, que la matière colorante et l'albumine, après qu'elles avaient été retirées par coagulation d'une liqueur filtrée et claire, donnaient la même graisse, qui, en consé- quence, aurait évidemment dû les suivre dans leur disso- lution dans l'eau, ce que je considérais comme invrai- semhlable. Chevreul soumit ensuite ce point à un nou- vel examen , et montra cjue la graisse est réellement contenue comme telle dans ces substances, d'où l'on peut aussi la i-etirer par d'autres moyens, et en même quantité. Clomme, en outre, les propiiétés chimiques de la fibrine ne sont point altérées par l'extraction de la graisse au moyen de l'alcool ou de l'ether, qu'on n'ob- tient qu'une petite (juantité de cette graisse , et que l'action prolongée des mémesdissolvans n'en extrait pas da- vantage, il paraît à j)eu près certain qu'elle existe toute for- mée dans la fibrine et qu'elle n'est pas produite à ses dé- GRAISSE DU LA. FIBRIWE. j^ij pens. L'odeur qui lui a été trouvée par moi et par d'autres chimistes , n'est que le résultat de l'impurelé des dissolvans spiritueux, de l'huile des liqueurs fer- mentées contenue dans l'alcool, et de l'huile douce de viti contenue dans réther;elle ne se fait point remarquer quand on emploie dès réactifs parfliitement purs. La graisse ainsi obtenue est, à l'état de fusion, jaune ou d'un jaune-bi"un ; mais en se refroidissant elle de- vient solide, cristalline et d'un gris blanc. Elle est très- soluble dans l'alcool, même à froid, et cetle dissolution rougit le papier de tournesol, ce ([ui prouve qu'elle se trouve, au moins en partie, dans le même état d'acidité qu'après la saponification. Chauffée, juscju'au point de brûler, elle ne laisse pas de charbon acide, connne la graisse cérébrale; le charbon en petite quantité qu'elle donne pour résidu est au contraire alcalin, ce qui tient évidemment à ce que la graisse a été en réalité saponi- fiée, et s'est déposée avec la fibrine sous la forme d'un sel sursaturé d'acide gras. Si l'on fait digérer avec une lessive de potasse caustique la graisse extraite de la fibrine, elle s'y dissout en partie, mais une autre por- tion reste à l'état de poudre blanche. Cette poudie se mêle aisément avec la liqueur, qui ne s'éclaircit que d'une manière lente. Par la filtration on obtient un liquide "demi-transparent, qui traverse difficilement le papier, sur lequel reste une graisse glissante. Celle-ci est cepen- dant saponifiée; elle est très-so!uble dansl'éther, par l'évaporation spontanée du([uel elle se dépose en cris- taux déliés, qui brûlent comme de la graisse, et laissent un charbon alcalin. Si Ton fait dissoudre ces cristaux dans de l'alcool, qu'on verse ensuite de l'acide hydro- chloricjue dans la liqueur, et qu'on évapore le tout , on obtient à part l'acide gras, qui cristallise ensuite sous la forme d'aiguilles, quand on soumet sa dissolution dans l'éîher à l'évaporation. La portion de la graisse saponifiée qui est dissoute dans la potasse, donne, par l'acide hydrochlorique, un précipité blanc, pulvérulent, qui n'entre pas en fusion 48 MA.Tli:RE COLORfVNTE DU SANG. quand on chauffe la liqueur acide jusqu'au degré de l'ébuilition. A|)rès avoir été recueilli sur uu filtre, il se dissout dans l'alcool ou l'élher, par l'evaporation du- quel, à Taide de la chaleiu', il reste sous la forme d'une liuile jaiuie, qui cristallise en se refroidissant. Il est en- core liquide entre 36° et 4o" ,et si , à cette température, on le mêle avec un peu d'eau, il s'y gonfle et reprend l'aspect qu'il avait auparavant , celui d'une masse hlan- clie, pulvérulente, infusible dans l'eau bouillante. 11 rougit fortement le papier de tournesol , et se dissout en assez grande quantité dans l'eau chaude, après l'eva- poration de hupielle il reste adhérent au verre, sous forjne de pellicule grasse. Dissous dans l'alcool ou l'éther, il donne par l'evaporation spontanée de petits groupes de cristaux. Sous ce rajjport, il ressemble beau- coup aux sursels cjue les acides stéarique et oléique for- ment avec la potasse, et dont Chevreul adonné la descrip- tion ; mais il en diffère par sa plus grande solubilité dans l'éther et l'alcool froid. Je n'ai fait ces recherches que d'une manière assez légère et sur de très-faibles quantités; mais elles méritent assurément d'être répé- tées, afin qu'on puisse déterminer avec plus de préci- sion la nature de la graisse saponifiée. [Matière colorante du sang. On l'obtient en prenant le caillot débarrassé du sérum par la pression entre des feuilles de papier Joseph , et le traitant par de l'eau qui la dissout. Lorsqu'on veut l'étudier d'une ma- nière plus particulière, on ramollit dans la même eau de nouveaux, moiceaux de caillot, jusqu'à ce que le liquide soit aussi saturé que possible de matièie colo- rante. Il en résulte une licjueur qui, après avoir été filtrée, est d'un brun tellement foncé , qu'elle paraît encore opaque dans un tube de verre de trois lignes de diamètre. Cette dissolution a l'odeur et la saveur désagréa- bles du sang. Jitendue d'eau juscju'à un certain degré, elle devient transparente el limpide, et prend une cou- leur rouge plus claire. Dumas et Prévost préîendent que la. matière colorante n'est point dissoute dans cette li- :matikre colorante du sang. i\g quem-, qu'elle s'v trouve seuloincnt on suspension , et qu'on la reconnaît au microscope composé, en examinant de pe- tites quantités de ce liquide; mais (-'est là bien certainement une erreur, et la chose n'a lieu que quand la lifpieur tient en dissolution une quantité considérable d'albiunine. La matière colorante du sang jieut être l'objet de nos recherches sous trois états dilférens: i" en suspension dans le sérum; 2'^ dissoute dans l'eau; '5'' à l'état coagulé et insoluble dans l'eau. . a) Dans le picirder de ces étais , elle possède la pto- priété d'acquéi'ir une couleur ronge plus intense par le contact de l'air atmosphérique, de manière que, (jiiaiid on examine du sérum mêlé de ma-tière colorante, aj)rès l'avoir laissé pendant (piehjues heures en repos dans un flacon de verre bla.nc, o!i reconnaît clairement (jue la surface est d'un beau rouge, tandis (|ue la masse située au-dessous est devenue beaucoup plus foncée qu'auparavant ; si au ct^ntraije on fait passer rapidement un courant de gazoxigène à travers la licpieur, la masse entière du sang ne tarde pas à devenir d'un ronge ver- meil. C'est là une espèce de conversion artificielle de sang veineux en sang artériel. Lorsque ensuite on laisse encore ce sang devenu vermeil en contact, pendant un certain laps de temps, avec du gaz oxigèiie , il noircit peu à peu, sans qu'une nouvelle (piantilé de gaz oxigène puisse rétablii- la couleur iouge. Je reviendrai sur l'ap- parition de la couleur vermeille du sang quand je trai- terai de la respiration. Si, au lieu de gaz oxigène, c'est un courant de gaz hv- drogène {pi'on dirige dans le sang, de manière à diasser l'air, et qu'ensuite on feime le flacon , le sang devient presque noir au bout de (pieUpies heures. Le gaz acide carbonicjue, le gaz acide sulfureux, et les acides en gé- néral, mêlés en petites qnaniiiés au sang, et agites avec lui , font sur-le-chanij) jjasser sa couleur ilu rouge pres- qu'au noii% ou au brun noiiàlre. Si l'on fait passer \\i\ courant de gaz oxide nitreux à travers du sérinn mêlé de matière colorante, le gaz est absorbé en grande quau- VII. 4 OO DISSOLUTION DE LA MATIERE tité, et la couleur du sang passe au pourpre. Qu'en- suite on vienne à diasser Cf gaz jiar un courant d'air atmosphérique, et le sang i éprend sa couleur rouge. Il est également teint en pourpre par le gaz oxide ni- trique; mais il acquiert alors une teinte beaucoup plus foncée, et une portion du gaz est absorbée. Le gaz car- bure d'hydrogène communique à un sang déjà un peu foncé une couleur rouge plus claire, et, suivant Watt, le prései've long-temps de la putréfaction. Ces expé- riences font voir combien la matière colorante du sang est sensible à l'influence d'une foule de réactifs, sans que les changcmens détei'minés par ces derniers soient bien connus. fi) La dissolution de la matière colorante dans Veau y un peu étendue, abandonnée au contact de l'air, rou- git manifestement peu à peu, mais n'acquiert jamais Ja teinte vermeille que la matière colorante possède dans le sang artériel. On peut l'évaporer à une tem- pérature qui ne dépasse pas 5o° ; dans cette opéra- tion elle devKuit plus foncée, et finit par laisser une masse presque noire, qui se laisse aisément réduire en une poudi-e d'un rouge foncé, susceptible d'être re- dissoute par l'eau. 13'après les assertions de Lecanu, cette masse desséchée peut être tenue plusieurs heures de suite à une temj)érature de loo", sans perdi-e sa solubilité dans l'eau. Mais si l'on fait chauffer la dis- solu! ion jusqu'à '70°, la matière colorante se coagule et devient insoluble; une fois qu'elle a été coagulée, l'art ne pt^ut plus la ramener à son état primitif de so- lubilité dans l'eau. Si l'on fait passer du chlore gazeux à travers la disso- lution de malièi-e colorante, la coideur se détruit, et la composition de la matière colorante subit un change- ment particulier, sur lequel je reviendrai plus tard. Le brome produit le même changement, mais avec-bien plus (le lenteur, et l'iode, qui agit plus lentement en- core, détermine la précipitation d'un caillot brun con- tenant de l'iode. COLORANTE DANS l'eAU. 5i Si l'on mêle une dissolution aqueuse de matière colo- rante avec de l'alrool, elle se coagule également; le caillot est d'un rouge écarlate, et ensuite aussi inso- luble dans l'eau que s'il avait été produit par l'action de la chaleur. Les acides produisent le même effet que la clialeur sur la dissolution aqueuse de matière colorante. La meilleure manière dv s'en convaincre est de foire tomber une goutte d'acide acétique dans cette liqueur: la couleur s'avive un peu, sans que toutefois il se précipite rien; mais si l'on ajoute alors une quantité d'alcali exactement suffisante poui' la saturation de l'acide, la matière colorante qui avait été combinée avec ce dernier, se précipite à l'état de coagulation; le reste demeure dans la dissolution. Les alcalis agissent exactement de la même manière, de sorte que l'expérience précédente peut être répétée, en coînmençant par ajouter de l'alcali, et versant ensuite de l'acide. L'eau de baryte et l'eau de cliaux ne préci- pitent point la dissolution de matière coloiante. Les sulfures alcalins font passer peu à peu la couleur rouge au vert. Le sulfide bytirique produit une teinte d'a- bord violette, et ensuite verte, qui d'après Engelhart, ne redevient rouge, ni par les acides, ni par les alcalis. La dissolution aqueuse de matière colorante est préci- pitée par les sels terreux et métalliques, tantôt en rouge, et tantôt en brun ou noir. L'acétate plombique, le chlo- rure inercurique, et le sulfate zincique, donnent des précipités rouges. Ce dtrnier sel forme wn caillot géla- tineux, qui, suivant Engelliart, devient d'un rouge vif quand il se trouve en contact avec l'air. Les nitrates plombique, argentique, mercureux et cuivrique, ainsi (jue les chlorures auriqueet platinique, donnent des pré- cipités d'un brun-foncé. L'infusion de noix de galle précipite cette dissolution avec une couleur rouge-pale. L'acide galliquc ne la coa- gule pas, et se borne seulement à lui fair(» prendre une teinte rouge plus clair. /.. 5a MATIÈRE COLORANTE COAGULiIe. c) La matière colorante coagulée se forme, coinine il a déjà été dit, quand on fait chaufFcr sa dissolution aqueuse jusqu'à ce qu'elle entre en ébullilion. La coa- gulation commence à 70°, et continue même lors(jue l'on n'outre-passe point cette température. Le caillot est une masse rouge, grenue, peu cohérente,(|ui, tant qu'elle est (îliaude, a une odeur particulière non désagréable. Si l'on fdlre la liqueur bouillante, elle passe rougeâtre à travers le fdtre, parce qu'avec le secours de la cba- leur l'alcali, qui s'y trouve en bberlé, tient dissoute une certaine (juantité de matière colorante, dont néarnnoins la plus grande partie se précipite par le refroidissement. Cet alcali peut provenir d'inie portion de sérum du sang qui n'a point été enlevée : cependant, il me paraît plus vraisemblable (pie dans l'état où la matière colorante en- veloppe les globules tie fibrine, elle est une combinaison de matière colorante avec de la soude, de même que l'albumine contenue dans le sérum est manifestement aussi une combinaison de ce genre. k\\ reste, ce point n'a pas encore été suffisamment éclairé par les expé- riences. (domine il est toujours possible que du sérum reste dans le caillot du sang, Engelbart , -au lieu d(; cliauffer une dissolution concentrée de matière colorante jusqu'à coagulation, la mêle préalablement avec dx fois son volume d'eau, et cela j)arce que l'albumine étendue d'eau jus(ju'à un certain degré ne se coagule j)lus par la coction, tandis qu'au (Contraire les dissolutions, même les plus étendues, de matière colorante, conservent tou- jours la propriété de se coaguler. La dissolution mêlée avec de l'eau est fdtrée et cbautfée jusqu'à ^5°, mais non au- delà. Dès qu'elle est eoagulée, on filtre la licpieur. Enge- lbart a trouvé, dans le li(juide fdlré, de falbumim-cjui se pT'ecipitait par le cldorure mercurique ou le tannin. Il est bien possible que, d'une dissolution de matière colorante contenant du sérum, on obtienne \n\Y ce procédé une matière colorante un peu plus pme; mais (juoi(|ue falbu- niine seule île se coagule pas quand sa dissolution tst MATIÈRE COLORANTE COAGULEE. 53 élcndue, elle n'en suit pas moins la inalière coloraiitt', loi's(jue celle ci subit la coagulai ion , et In partie (jui de- meure dissoute ne reste |)roprement sous cette forme qu'en vertu de la facullé dissolvante de l'alcali devinu libre, facullé qui ne diminue point par l'addition d'une grande quantité d'eau. La matière colorante lédnite en poudre et séclice à l'air demeure rouge; iiKiis en masse, et c|iiand on la fait sécher à la chaleur, elle devient noire, dure comme un os, et vitreuse dans sa cas^lll•e. Sur les bords minces, elle est translucide et rouge ; elle donne aussi une poudre rouge-fL)ncé; mais, dans (et état, il est difficile de la pulvériser. Ses [jropritMes chimi(|ues se rapprochent beau- coup de celles de la fibrine. (Connue celle-ci, elle contient nne graisse solide, qu'on en peut extraire par l'alcool ou l'éther. L'eau bouillante lui fait éprouver le même change- ment qu'à la fibrine, avec cette différence que le chan- gement commence dès le moment de la coagulation. La malière colorante qui a bouilli longtemps dans l'eau conserve sa couleur foncée, niais elle est insoluble dans l'acide acéti(jue. Celle (|ui a été dissoute par l'eau bouil- lante se comporte absolumenl comme la matière que ce liquide dissout lorsqu'il agit dans la même circonstance sur la fibrine. Les acides se combinent avec la matière coloi'ante absolument de même qu'avec la fibrine, et donnent des combinaisous neutres, insolubles dans l'eau acide, mais solubles dans l'eau pure, (|u'elles colorent en biun-fbncé. Si la matièi e colorante a éle bouillie pendant long-temps, ou si c'est à chaud (pi'on la traite par l'acide, une par- tie de la nouvelle combinaison devient insoluble dans l'eau, mais contient cependant une portion d'acide, de manière qu'elle rougit le papier de tournesol, mais sans qu'on puisse la débari'asser de cet acitle par le lavage. La matière colorante coagulée, et non sèche, s'im- bibe d'acide acétique conccntié et se convertit en une ge- lée brune et tremblotante qui, lorsqu'on la fait digérer 54 MATIÈRE COLORAINTK COAGULÉE. avec de l'eau, se résout en une liqueur d'un brun rou- geâtre et à demi transparente, avec faible dégagement de gaz nitrogène. Cependant il resfe une substaïue noire qui ne se dissout pas, devient nuicilagineuse quand on la lave avec de l'eau, et conserve, même après avoir été desséchée, la propriété de rougir le papier de tournesol humide. C'est cette substance dont j'ai dit précédem- ment qu'elle provient c\u changement que l'ébullition a fait éprouver à la matière colorante. Si l'on mêle une dissolution aqueuse de n)atière colorante av(>c de l'acide acétique, elle ne se coagule point, devient au contraire plus transparente, et prend une couleur plus claire. Mais si alors on la fait bouillir, elle acquiert une teinte fon- cée, et dépose peu à peu la combinaison insoluble et foncée dont je viens de parler. Si avant d'être traitée par l'acide acétique, la nuitière colorante avait été for- tement desséchée, la plus grande partie est dans ce même état. Quand on neutralise aussi exactement que possible une dissolution de matière coloi-ante dans l'acide acéti- que, avec de l'ammoniaque caustique, il se forn)e un précipité brun, qui, après avoir été recueilli sur un fdtre, offre toutes les propriétés de la matière colorante coagulée par la chaleur., Si cette matière colorante con- tenait de l'albumine, celle-ci reste dissoute dans l'acé- tate ammonique, par l'évaporation duquel elle se pré- cipite peu h peu, teinte en jaune par une petite quan- tité de matière colorante. L'acide sulfurique, l'acide nitrique, l'acide pliospho- rique récemment dissous, l'acide tarlrique, l'acide ci- trique, l'acide oxalique et l'acide hydrochlorique, pré- cipitent ch^s combinaisons d'un brun-foncé quand on les verse dans la dissolution acéticjue de la matière colo- rante. Si l'on recueille ces précipités sur des filtres , et qu'on les lave, ils se prennent en gelée, et se dissolvent dans l'eau pure. La dissolution brun -foncé est préci- pitée par un acide. La matièie colorante peut aussi être précipitée de ces dissolutions exemptes d'albumine aiATIÈRE COLORANTE COAGULÉE. 55 quand ou sature exactement l'acide avec de l'ammonia- que. L'acide pliospliorique qui a été tenu long-temps en dissohitioii, dissout la matière colorante, et ne la pré- cipite point de sa dissolution aeéti(|ue. Les acides sulfurique , niti-ique et hydroclilorique, étendus d'une petite (]uantité d'eau et mis en digestion avec la matière colorante, dégagent un peu de gaz ni- trogène, et se coioi-ent en jaune, mais sans rien dissou- dre, même à la chaleur de rébullition; l'alcali n'en pré- cipite rien, et le cyanure ferroso-potassique indique à peine une trace de fer dans la dissolution. La matière colorante qui a été ainsi en digestion avec les acides, se dissout en grande partie dans Teau dont on se sert pour la laver; d faut excepter celle qui a été traitée par l'acide nitrique, qui est devenue noire et insoluble, et par laquelle l'acide a été coloré en brun jaunâtre. Lecanu a fait la remarcpie que la combinaison de la matière colorante avec l'acide hydroclilorique est solu- ble dans l'alcool bouillant; propriété qui, comme nous le verrons plus loin, appartient aussi à cette matière non combinée : si la combinaison hydroclilorique con- tient de l'albumine, le composé d'albumine et d'acide hy- droclilorique reste sans se dissoudre (i). Si l'on mêle une dissolution de matière colorante dans un acide avec une dissolution de cyanure ferroso-potas- (i) En partant de cette remarque, Lecanu a émis l'opinion que la matière colorante du sang est à proprement parler une combi- naison d'albumine avec un corps coloié en rouj^e, qn'il appelle i(!ohuline, et c|ui serait ici le coips dont la combinaison avec l'a- cide hydrochloricpie est solubledans l'alcool. Il donne le nom A'hé- jniitosinc à la combinaison de globiiline et d'albumine, cfu'il re- garde comme la matière colorante du sant;. TS'e partageant point ses vues, je n'ai pas adopté sa nomenclature. Cependant je vais lapporter la méthode qu'il indi(pie pour préparer la globuline. Du sang débarrassé de librine est éteuilu de cin(| fois son poids d'eau et |)récipitéavec le sousacétate plombique. Lecanu croit cpie la globidine n'est point précipitée par ce sousacétate. Mais il est évident (]ue l'albumine, qui dans ce cas se precij)ite d'abord avec l'oxide plombique , finit par laisser dans la liqueur une telle quan- 56 MATrÈRK COLORA.NTE COAGULÉE. siquo, elle <\st précipitée par ce sel, comme ia fibrine; mais le précipité a une couleur brune. La matière colorante coagulée (|ue l'on introduit dans une disjolution trèsélendue de potasse caustique, se gonfle en une gelée brune, scjliihle dans l'eau tiède. Si l'alcali était à peu près complètement saturé, cette dis- solution se coagule par l'évaporation ; et la fîltre-t-on alors, il passt; à travers It; papier un litpiide vert, (juant à la coideui", tout-à-fait semblable à de la bile. Une li- queur pareille se j)roduit toujours cpiand on dissout la matière colorante dans un grand excès d'alcali, et que l'on concentre la dissolution avec le secours de la cha- leur. Elle est louge à la Imnière arliiîciel!<% et n'a une teinte verte (pi'à la lumière au jour. La dissolution al- caline est coagulée aussi par l'alcool; mais la liqueur spiritueuse a une couleur rouge, j)rovenant d'une portion de la matière colorante qui reste dissoute dans l'alcali devenu libre. La dissolution de la malière l'olorante dans l'aie ili est précipitée par les acides, même par l'acide acéti(pie; mais ce dernier redissout le précipité. L'annnomaque causti(pie dissout la malière colorante plus difticilement que la potasse; mais la dissolution possède du reste les mêmes piopriélés. Si l'on évapore l'ammoniacpie en excès à luu: douce chaleur, on peut, au moyen de la dissolution qui resic ensuite, se procu- rer tles combinaisons de la matière colorante avec la tifé d'acide aci-ti(]ne iibio, qnVnliii !a totaliréde J'alhiiininenc peut pas être précipitée, l-a hqiieur roiiye est débarrassée de l'oxide plonibique par le sidlale sodiqiu-, puis précipitée j)ar l'aciti<' hvdro- chloriqiie. On dessèche fortement le précipité, et on le fait bouil- lir avec de l'alcool. L'ammoniacpie sépare de la combinaison ainsi dissoute la ylobuline de Lecanu. Ce chimiste assure qu'il doit rester 1,74 pour cent de cendre aj)rès l'incinération du sang hu- main, et 1,4 après celle du sang de bœuf, et il dit que celte cendre fst presque uniquement formée de i:eroxl(le de fer ; mais il ne paraît pas avoir démontré celte assertion par «les exj)ériences. La cendre est toujours rouge, quoique l'oxide ferrique s'y tiouve n>êlé avec des phosphates terreux. -^ M.VTIÈRE COLORANTi: COAGULÉE. 67 plupart fies bases, on mêlant les sels de ces dernières avec la licjiieui'. Ces combinaisons sont toutes d'un rouge fonce ou brunes. J^a matière colorante est précipitée de ses dissolutions dans les acides et dans les alcalis par le tannin, et celte matière, fraîcbement coagulée, cpiand on la plonge dans une dissolution de tannin, s'empare de celui-ci , se lanne, et n'éprouve plus ensuite aucun cbangement; du reste, elle cons^rve sa couleur. La matière colorante est soluble en certaine propor- tion dans l'alcool bouillant. Si l'on fait bouillir long- temps de l'alcool avec de la matière colorante récemment coagulée, lavée et exprimée, la liqueur ac(juiert peu à peu iu)e coideur rouge-foncée, et tient alors en dissolution une très-petite quantité de matière colorante. On peut, de celte manière, teindre successivement, l'une après l'autre, plusieurs poitions d'alcool. Si ensuite on les mêle ensemble, qu'on ajoute de l'eau, et qu'on retire l'alcool par la distillation, il reste un rK|uide tiouble, d'un brun-noir. Ce liquide donne [)ar la filtration une dissolution d'un jaune-brun, et il reste sur le fdlre une substance pulvérulented'un brun-noir. La dissolution fil- trée donne, après avoir été évapoiée, une matière extrac- tive d'un jaune-brun, susceptible de se redissoudre dans l'eau, et précipitable par le tannin, <\u\ est probablement analogue à celle que produit la coction de la fibrine dans leau. En traitant par l'étber la matière colorante restée sur le filtre, on obtient une portion de graisse sembla- ble à celle qui provient de la fibrine. T^e résidu n'est point soluble dans les acides, mais il se combine avec eux. Au contraire l'alcali causticpie le dissout et donne ainsi \.\n liquide d'un vert-brun qui, vu par transparence et en grande masse, est rouge, et qui prend cette même teinte quand on l'étend d'eau. L'acide acétique en pré- cipite des flocons bruns translucides, qui ne se dissol- vent pas dans un excès d'acide. En un mot, ce résidu se comporte de même que la matière colorante qui a bouilli pendant long-temps. 58 MATIÈRE COLORANTE COAGULÉE. Gmelin et Tiedemanii sont les j3reiniers qui aient re- connu la solubilité de la matière colorante flans l'alcool. Ils coagulèrent, par la chaleur, du sang qui avait été débanassé de sa fibrine par l'agitation , et firent bouillir à plusieurs rejjrises le caillot avec de l'alcool juscju'à ce que l'albumine restante fût devenue presque incolore. La dissolution alcoolique déposa, par le refroidisse- ment, des fiocons rouges, (ju'ils regardèrent comme analogues à la substance non colorée qui se dépose par le refroidissement de l'alcool qu'on a fait bouillir avec du gluten de froment. La liqueur filtrée fut évaporée à siccité; elle laissa un résidu noir, qu'ils considérèrent comme la matière colorante pure, en avançant que l'al- bumine joue un rôle principal dans la matière coloi'ante telle que je l'ai décrite plus haut. J'ai répété ces ex- périences. I^a première portion d'alcool avec laquelle je fis bouillir le caillot humide, se colora fortement, et laissa tomber, pendant et après le refroidissement, la plus grande paitie du sédiment. L'alcool bouilli en- suite avec la masse déposa chaque fois moins, et finit par ne plus déposer du tout. La première portion d'al- cool s'était emparée de l'alcali contenu dans la matière colorante et le sérum du sang, alcali à la faveur duquel l'albumine et surtout la matière colorante peuvent être tenues dissoutes en al)ondance, et en plus grande quantité dans la liqueiu- chaude que dans la liqueur froide. Ce précipité n'est autre chose qu'un mélange de matière colorante avec de l'albumine, mélange dont on peut extraire la première en le faisant bouillir à plusieurs reprises dans de l'alcool, tandis que la couleur de l'al- bumine diminue chaque fois (|u'on réitère l'ébullition. Mais même alors, l'alcool dépose, en se refroidissant, nue certaine quantité de matière colorante, d'un rouge vif, remarquable en ce qu'elle contient la matière colo- rante coagidée dans l'état où elle se trouve avant d'avoir été changée par la coction. En filtrant l'alcool, cette matière devient d'un rouge beaucoup plus vif sur le filtre, et elle reste aussi d'un rouge de brique après qu'on MATIIÎRE COLORANTE COAGULÉE. 5q l'a fait sécluM' on rétalanl sur le papier, de manière ([u'elle n'y forme qu'une rouelle mince. Du i-este elle est dissoute par l'acide acétique, de même que la matière coloiante récemment coagulée. Les dissolutions (iltiées (ju'on obtient en traitant le caillot tlu sang par l'ahool, ne 'donnent point de ma- tière colorante pure a|iiès avoir été évaporées; elles ne laissent qu'un mélange de cette matière,avec de la graisse, de l'alcaii, du chlorure sodique, des sels et des matières animales soluhles dans l'alcool qu'on trouve dans le sang. D'après f.ecanu la matière colorante du sang perd sa couleur et di-vient jaune quand on la traite avec l'iiuile de térébenthine. Mais les détails de cette réaction ne sont point indiqués. La composition élémentaire de la matière colorante se rapproche beaucoup de celle de la fibrine. Elle n'en diffère qu'en ce (jue la première laisse une plus grande quantité de cendre, et que cette cendre contient beau- coup de fer. Quand on brûle la matière colorante, elle se comporte exacleme!)t de même que la fibrine. Les parties constituantes de la cendre ne peuvent être ex- traites ni de cette matièi'e, ni du charbon cju'elle donne ^à la distillation sèche, par les acides, même par l'eau régale. Mais elle diffère de la fibrine en ce que l'huile empyreiunaticjue qu'elle foui nit , quaiid on la distille, est d'un rouge-pourpre suivant Vaufiueiin. D'après les expériences de Michaëlis, dont je donnerai les résultats numéi'iques en traitant de la respiration, la proportion relative des élémens combustibles de la matière coloi'ante est presque entièiement la même que celle qu'il a trouvée pour la portion combustible de la fibrine, c'est pourquoi je ne m'arrêterai ici qu'aux cen- dres de cette substance. Elles sorit toujours alcalines, et s'élèvent à environ i ^ jusqu'à i -3 pour cent du poids de la matière colorante sèche, tant du sang de l'homme que de celui du bœuf. Sa couleur est le rouge-brun. Michaëlis a trouvé qu'elle s'élevait presqu'à 2, 2 pour cent dans la matière colorante du sang de veau, ce qui f>0 MATIÈRE COLOHANTË COAGULÉE. néanmoins pourrait tonir à ce qu'il n'avait pas parfaite ment dépouillé cette matière de sérum. De i,3 paitie de cendres, qui furent fournies par loo parties de ma- tière colorante de sang liumain, j'ai obtenu: carbonate sodique, avec des traces de pbospliate, o, 3; pbospbate calcique, o, i ; cbaux pure, o, 2; sousphospbate fer- rique, o, i; oxide ferrique, o, 5 ; acide caibonique (et perte), o, i. La matière coloi-ante du sang de bœuf est si difficile à incinérer, qu'on est obligé de recourir au nitre pour brûler les dernières portions du charbon, 100 parties de cette matièi'e fournirent: 1,0 partie de cendre, qui me donna, phosphate calci(jue, o, oG; chaux pure, o, a; sousphospbate ferrique, o, 0^5; oxide ferrique, o, 5; acide carbonique (et perte), o, i65; in- dication dans laquelle manque celle de la quantité d'al- cali , qui fut dissoute quand je lavai la cendre pour enlever le nitre, C^omme le phosphate ferrique ne se forme que par la méthode analytique, je pris 100 par- ties de cendres de matière colorante, brûlée de même sur la fin à l'aide du nitre, j'essayai d'en précipiter le fer, sans qu'il fût combiné avec de l'acide phosphori- que, au moyen du sulfhyclrate ainmonique, et j'obtins de cette manière 55 ^ pour cent d'oxide ferrique, Wurzer dit avoir trouvé dans l'oxide ferrique de cette cendre de i'oxide mangani(|ue, dont il assure même que la pro- portion s'élève au tiers de celle de l'oxide feri'ique; néan- moins cette assertion se réduira probablement à des tra- ces d'oxide manganique. Il suit donc de ce qui précède que la matière coloi-ante du sang contient une quantité de fer qui équivaut à un peu plus de { pour cent, ou à o,oo5.56, de son poids de fer métallicpie; mais l'état dans lequel s'y trouve le fer est un problème que nous n'avons point encore pu résoudre. Cependant je vais re- tracer riiistorique de ce que nous savons à ce sujet. L'existence du fer dans le sang fut déjà découverte par Lemery. Menghini essaya de retirer ce métal du sang desséché avec le secours de l'aimant. Après avoir trouve que la cendre ferrifère provient, à proprement parler, de SfATliîRE COLORA^VTE COAÛLLlîfi. Cc la matière coloranle, on conclut de là que la conleur rouge du sang clé[)en(l essenlit llenient du fer (|u'il con- tient, parce que ce nielal a la j^ropriété de produire des combinaisons rouges, Deyeux et Parmentier, à qui nous devons la première analyse un peu exacte du sang, présumèrent que ce liquide, au moyen de l'alcali qui s'y trouve en liberté, tient de Toxide de fer en dissolution à peu près de la même manière que cet oxide est dissous dans ce qu'on appelle la teinture alcaline martiale de S^abl. Fourcroy alla plus loin encore, et soutmt que la cou- leur du sang dépend du souspbospbale ferrique, qu'il ad- mettait être soluble dans Talbumine, de sorte (|ue, d'après ses idées, on pourrait fabriquer de toutes pièces la ma- tière coloiantedu sang, l^e cbyle, qui ressemble tant au sang, mais ([ui contient des globides blancs, et qui rou- git à l'air, contenait , suivant celte tbéoric,du pbospbate ferreux neutre qui, en se mêlant avec lesangalcalin , était décomposé par l'alcali, se transformait par là en sel basique, s'oxidait dans le poumon, et colorait ainsi le sang. Dans quelques expériences que j'ai faites pour reconnaître jus- qu'àquel jioint cesidées étaient justes, je me suis convaincu qu'elles sont tout-à-fait dénuées de fondement , et que le sousphospliate ferrique est complètement insoluble dans le sérum ou l'albumine, soit qu'on ajoute de l'al- cali, soit que l'on n'en ajoute point. Mais j'ai trouvé en outre qu'aucun des réactifs qui se montrent ordinaiie- ment les plus sensibles à la présence des oxides de fer, comme le cyanure ferroso-potassique, l'acide gallicpie, le tannin, ne produit, avec la matière coloranle, la moin- dre réaction cpii puisse être attribuée à du fer contenu dans cette dernière. La seule réaction susceptible fl'êlre rapportée au fer, consistait en ce que le sulfure potas- si{|ue faisait peu à peu passer la couleur de la matière colorante à une teinte verte qui cataclérise le sulfure de fer disséminé en molécules très-déliées dans des dis- solutions, mais (jui, comme on l'a déjà vu précédem- ment, peut dépendre aussi d'un excès d'alcali. W.-T. Brandes a cherclié à trancber cette diiticullé en soutenant, 62 MATIÈRE COLORANTE COAGVLÉK. d'après quelques expériences consignées clans un long mémoire sur ce sujet, cjue la matière colorante du sang ne contient pas essenlielienient du fer, que le fer qui se trouve dans ses cendres se réduit à de faibles traces, et ne dépasse pas la quantité qui s'en rencontre dans les cendres d'autres matières animales, assertion cependant que la plupart des chimistes (|ui se sont occupés de chi- mie animale ont considérée de suite comme une erreur, ce qu'elle était en effet. Plus lard Engelhart a -fait sur cet objet des recher- ches qui offrent un intérêt spécial, et qui semblèrent dévoiler le secret. Ce chimiste montra d'abord qu'une dis- solution de matière colorante dans l'eau, qu'on imprègne desulfide h^'driqne, change de couleur au bout de quel- que temps; qu'elle devient en premier lieu violette, puis verte, sans qu'il soit possible de rétablir la couleur rouge. Comme cette réac-tion est absolument la même que celle que le sulfide hydrique exerce sur le fer, et qu'en même temps la couleiu' rouge de la matière animale disparaît, il paraît découler assez manifestement de là que la pré- sence du fer dans la matière colorante contribue d'une manière essentielle à sa couleur. Engelhart fît ensuite passer un courant de gaz chlore dans une dissolution aqueuse de matière colorante; la couleur du liquide de- vint d'abord verdatre, et finit par disparaître tout-à- fait ; la matière animale se déposa en flocons paifaite- ment blancs, qui semblaient être inie condiinaison de cette matière avec de l'acide hydrochlorique. Ces flo- cons recueillis sur un filtre restèrent blancs après avoir été lavés et desséchés; ils donnèrent de l'acitle hydro- chlorique par la combustion, et ne laissèrent point de cendre. La liqueur d'avec laquelle ils avaient été sépa- rés renfermait tout le contenu en fer, acide phos])ho- rique, chaux et alcali, qu'il fut alors facile de séparer. Engelhart a fait voir en outre que la matière colo- rante, coagulée et cîélayée dans l'eau, éprouve le même changement quand on dirige un courant de- gaz chlore dans la liqueur. Moi-même j'ai examiné aussi sous ce MATIÈRE COLORANTE COAGULÉE. 63 rapport la matière colorante qui a été dissoute clans l'al- cool, et que Ton a obtenue ensuite eu distillant l'alcool mêlé avec de l'eau, et j'ai trouvé que celle-là aussi se décolore, tandis qufi le fer, la chaux et l'acide plios- phorique restent dans la dissolution. Mais, dans cette expérience, la hiatière animale combinée avec l'acide hydrocldorique n'est pas parfaitement blanche, et l'al- cali causti([ue la dissout eu prenant une teinte de jaune foncé, ce qui est évidemment le résultat d'un change- ment produit par l'influence de coctions prolongées. La circonstance que l'acide liydrochlori(|ue ou d'autres acides ne séparent j)as le phosphore, le fer et le calcium de la matière colorante , mais que le chlore et les corps ha- logènes opèrent cette séparation, semblait résoudre le pro- blème et indiquer que ces substances n'existent pas à l'état oxidé dans la matière colorante, parce qu'autrement el- les devraient se combiner avec les acides, et ne pouvoir pas s'unir au corps halogène, qui en outre paraît s'être combiné à leur place avec la matière animale; du moins En- gelharta-t-il trouvé que le précipité produit par l'iode dans la matière colorante, était brun et contient de l'iode. On n'a point examiné si le précipité qui a lieu par le chlore, contient de l'acide hydrochlorique ou du chlore. Au to- tal, il reste encore à faire une recherche foit importante: à extraire la matière animale de la combinaison dans la- quelle le chlore la précipitetle la dissolution de matière colo- rante; à étudier les propriétés et la composition de cette ma- tière dans rétat où elle est exempte de fer et de chaux; à examiner si le fer et la chaux peuvent s'unir de nouveau avec elle, et reproduire ainsi la combinaison coloiée , etc. ' Des expériences de Henri Rose , provocjuées en partie par celles d'Engelhart, ont démontré depuis, que nous ne sommes point encore aussi près de la so- lution du problème qu'on pourrait le présumer. Rose a trouvé en effet qu'un grand nondjre de matières organi- ques non volatiles, connue par exemple, le sucre, l'ami- don, la gomme, le sucre de lait, la gélatine, etc. , ont la propriété, quand on mêle leur dissolution aqueuse avec 64 MATIÈRE COLORANTE COAGULÉE. une petite quantité d'un sel ferrique, de s'opposera la préci- pitation de roxi(lererii(|iieparles alcalis; lorsque le selfer- riquey était plusabontlant, il se précipitaitbien unej)arlie de l'oxide ferricjue, mais il en l'cstait cependant toujours une autre partie en dissolution dans le corps organique. Or la question se |)résentait de savoir si, par rapport au fer couteiui dans la matière colorante, on ne doit pas ad- mettre une eondjinaison semblable d'oxide ferri(jue avec la matière animale. Pour la résoudre, Rose décolora par le chlore de la matière colorante dissoute, et mêla ensuite la liqueur, sans la filtrer, avec de ranuuoniatjue caustique en léger excès, ce qui eut pour effet de redis- soudre le tout et de produire une liqueur limpide, d'un brun foncé, de laquelle il ne se précipita poiiit d'oxide ferrique. Ensuite pour avoir un teime de comparai- son , Rose mêla, tant avec une dissolution aqueuse de matière colorante qu'avec du sérum et de Tal- bumine étendue d'eau, d'abord un sel ferrique, puis de l'ammoniaque caustique , et il a trouvé non-seule- ment qu'il ne se précipitait point d'oxide ferrique, mais encore que la dissolution ainsi obtenue ne pro- duisait, ni avec le sulfide hydrique, ni avec la tein- ture de noix de galle, aucune réaction indiquant la présence du fei', et qu'elle ne précipitait point non plus de fer. La dissolution saturée de suiiide hydrique , conservée pendant plusieurs jours dans un flacon bou- ché, devint seulement un peu verdàtre. Ces expérien- ces pouvaient donc conduire à conjeclurer que la ma- tière colorante contient une combinaison d'oxide de fer et de matière animale, analogue à celles dont il a été question plus haut; cependant je ne crois pas qu'il en soit ainsi. Déjà dans les expériences que j'ai faites, à l'époque de mon analvse du sang, pour vérifiei* les as- sertions de Fourcrov relativement à la nature de la matière colorante, j'ai reconnu que cette dernière et le sérum du sang sont suscej)tibles de se combiner avec les oxides ferricjue et feri-eux, et que les combinaisons qui en résultent sont solubles dans l'eau. Mais le sérum EXAMEN DU SLRUM BU SANG, 65' n'était coloré qu'en jaune paie par l'oxicle ferrique, et en ajoutant un acide, l'oxide restait toujours dissous dans cet acide, tandis que la matière colorante ou l'al- bumine était précij)itée ])ar lui; ou bien, si je versais de Tacide acétique, qui ne précipitait point la matière colorante ou l'albumine, et qu'ensuite j'ajoutasse du cya- nure ferroso-potassi(pie, le piéci[)itéfoin'ni par l'albumine était d'un beau bleu-clair, et celui qui provenait de la matière colorante d'un vert-brun. D'après cela , il pa- raît à peu près certain (pu^ l'espèce de combinaison qiii, dans les expériences de Rose, tient l'oxide ferri- que dissous dans la matière colorante ou l'albumine, n'est point celle qui rend la matière colorante ferrifèi-e, parceque, s'il en était ainsi, elle devrait, par l'action des aci- des, perdre le fer cpi'elle contient. C'est là qu'en sont jus- cpi'à présent nos connaissatices sur ce point. Les quantités relatives de la luatière colorante et de la fibrine peuvent varier dans le caillot du sang. J'ai trouvé, dans une expérience, que loo parties de caillot sec, qui avait été autant que possible débarrassé du sérum avant la dessiccation, donnaient 35, o parties de fibrine, qui n'était probablement pas exempte tout-à-fait d'albumine, 58,t) de matière colorante, i ,3 de carbo- nate sodique, mêlé d'iuie petite quantité de matière animale, et /|,o de matière animale soltdjie dans leau , avec quebpu'S-uns des sels contenus rians le sang (1,7 de perte). La quantité de graisse qui s'y trouvait conte- nue n'a point été déterminée. B. Examen du sérum du sang. I^e séruiu forme la partie propreinep.t liquide du sang. Cependant, lorsqu'il est encore renfcrmédans les vaisseaux fie l'animal, ilparait tenir en dissolution une petite partie de fibrine, qui s'en sépare pendant la coagulation spon- tanée du sang. Il a ime couleui" jaunâtre cpii tire quel- quefois sur le verdâtre, et parfois aussi sur le jaune- rouge; dans l'un et l'autre cas, cett^ teinte provient d'une petite quantité de matière colorante qui s'y trouve VU. /ï 66 , ANALYSE DU SÉRUM. dissoute; il a une saveur salée, fade; sa pesanteur spé- cifique est de 1,027 ^ '1^29, et sa fluidité ressemble à celle de l'huile d'olive chaude. Il fait à peu près les trois quarts du poids du sang, lorsque le caillot, encore humide et non exprimé, s'élève à un quart de ce poids. Il réagit à la manière des alcalis, sur les couleurs végé- tales jaunes et rouges. Loi squ'on le chauffe jusqu'à en- viron 76**, il se prend en gelée, sans laisser dégager aucun gaz, et ce phénomène a lieu aussi bien dans le vide qu'à l'air, La partie constituante principale du sérum est l'al- bumine, à laquelle il doit ses caractères les plus sail- lans. Il tient en même temps en dissolution une cer- taine quantité de graisse, qui ne diminue cependant point sa tiansparence ou sa limpidité et dont, suivant Gmelin et Tiedemann, la plus grande partie peut être extraite soit en agitant le sérum à plusieurs reprises avec de l'éther, soit en mettant l'albumine coagulée en con- tact avec de l'alcool. Il contient en outre de l'alcali , tant de la potasse que de la soucie : cet alcali est en grande partie combiné avec l'albumine. Enfin on y trouve quel- ques sels de ces bases , et en général de petites quantités de toutes les substances qui s'introduisent par une voie dans la masse du sang pour en être séparées par une autre. ^naljse du sérum. Quand on fait chauffer du sé- rum dans un vase de verre ou de porcelaine, à une tem- pérature qui s'élève peu à peu, il commence à 69'' à perdre sa limpidité, et à 76" il est coagulé en une masse couleur de perle, opaque, translucide sur les bords. Si on l'évaporé au bain-marie (il se charbonne au fond presque inévitablement sur le bain de sable), il laisse une masse fendillée, d'un jaune d'andjre, demi -transparente, qui, après sa dessiccation complète, se relève sur les bords, et en se détachant du verre ou de la porcelaine, entraîne avec elle des morceaux minces du vase, dont la surface est ainsi altérée et comme corrodée; si on la ré- duit en poudre, et qu'on la traite par l'eau bouillante, l'albumine reste sans se dissoudre. ANALYSE DU SÉRUM. 6^ Quand le sérum n'était pas complètement coagulé avant l'évaporation, l'eau enlève à la niasse desséchée une quantité assez considéraMe d'albumine et de graisse. C'est pourquoi il faut traiter la masse sèche par l'eau bouillante. Si l'on évapore jusqu'à siccité, au bain-marie, la dissolution ainsi obtenue, et qu'on épuise la masse à plusieurs reprises par l'alcool, celui-ci en- lève du chlorure potassique et du chlorure sodique, qui, après l'évaporation de l'alcool, restent cristallisés, mais entourés d'une masse exti-active , jaunâtre et trans- parente, composée de lactate sodique et d'extrait de viande. La matière que l'alcool laisse sans la dissoudre, doit être complètement soluble dans l'eau; dans le cas con- traire, elle contenait de l'albumine qu'elle a repris. Ce résidu, (jiii est alcalin, saturé avec l'acide acétique, desséché ensuite, et traité de nouveau par l'alcool, abandoime à celui-ci de l'acétate sodique, qui, après l'évaporation de la liqueur, et l'exposition du résidu à la chaleur rouge, donne du carbonate sodique. Ce qui reste après le dernier traitement par l'alcool est très-peu considé- rable, et contient du phosphate sodique, mêlé avec une petite quantité d'une matière animale soluble dans l'eau, qui est précipitée de sa dissolution par l'infusion de noix de galle et le chlorure inercurique, et qui peut-être s'est produite, dans le cours des expériences, par l'influence décomposante que l'ébullition exerce sur l'albumine. Si le sérum n'a point été agité avec de l'éther avant la coagulation, l'albumine, après avoir été traitée par l'eau, contient une certaine quantité de gi-aisse, suscep- tible d'être extraite par l'éther ou l'alcool. Cette graisse est tout-à-fait analogue à celle qu'on retire de la fijjrine; elle est en grande partie saponifiée, rougit le papier de tournesol, et se dissout dans la potasse avec les mêmes phénomènes que celle (jui provient de la fibrine; mais le savon soluble dans l'eau qu'elle foi-me donne, quand on le décompose avec l'acide hydrochlorique,un acide gras qui se fond, bien que difficilement , en gouttes huileuses 5. 68 ALBUMINE. ALBUMINE A L ÉTAT DE DISSOLUTION. lorsqu'on fait bouillir la liqueur acide, et qui, d'après cela, paraît contenir positivement une certaine quantité d'acide oléiquc. U albumine ^ (jui fournit le plus souvent la substance nécessaire à la formation des produits qui doivent ré- sulter des L'éactions organico - cbimiques, est un objet de reebercbes pour nous sous deux états différens , celui de dissolution et celui de coagulation. a) Albuniine à l'état de dissolution. Elle se trouve, dans le sérum du sang, combinée avec de la soude, et formant avec elle un coujposé qu'on pourrait appeler alhwninate sodique; mais elle n'est pas tenue en dis- solution par cette soude seulement, car l'on peut satu- rer exactemcîit l'alcali au moyen de l'acide acétique, sans que l'albumine se précipite ou devienne insoluble. Plusieurs cbimistes paraissent penser que l'alcali est combiné dans le sang avec de l'acide carbonique, qu'il s'y trouve à l'état de bicarbonate, et que par consé- quent l'albumlnate sodique n'existe pas. H est difficile tle décider rigoureusement cette question par des expé- riences; mais comme, d'un côté, l'albumine a la pro- priété de se combiner chimiquement avec les bases salifiables et de les saturer, et que , de l'autre, l'acide carbonique cède aisément à de très-faibles affinités, il n'y a pas (rinvrais(miblance à ce que Taffînité de ce dernier acide pourrait être vaincue par celle de l'albu- mine, d'autant plus que John Davy a fait voir qu'après que le sang a absorbé le «piart de son volume du gaz acide carbonique, ce gaz n'en peut plus être dégagé ni par l'action de la chaleur, ni par celle de la machine pneumati(|ue,cedontilnesaurailyavoird'autrecausesinon que l'acide a formé un carbonate en s'unissanl avec l'alcali. En ne considérant ici le sérum que comme une dis- solution d'albumine, si , par le moyen de fils de platine plongés dans son intérieur, on l'expose à un courant hydroélectrique très-faible, l'albuminale se décompose, la soude se rassemble autour du contlucteur négatif, et l'albumine se dépose à l'état coagulé (en combinaison ALBUMIN'E A l'ÉTAT VF. DISSOLUTION. 69 avec l'acide liydrochloiiciue du sel iiiar'm) sur la surface du fil positif. Vient-on à décomposer ralbuniine par lu décharge d'un fort courant liydroélectrique , elle se coagule sur les deux fils. Parmi les explications qui ont été proposées de ce phénomène, celle de C. G. Gme- lin, d'aprtVs laquelle la coagulation s'opère ici d'une ma- nière parfaitement analogue à celle qui résulte de l'action delà chaleur, paraît c[vv. celle qui présente le moins de difficultés. L'explication de Prévost et Dumas, qui ad- mettent la conversion de l'aUnHnine en mucus, peut être considérée comme une hypothèse hasardée , qui repose uniquement sur l'apparence mucilagineuse de l'albumine ainsi coagulée. En décrivant l'albumine, les chimistes confondent fréquenmient l'albumine du sérum du sang avec le blanc d'œuf. Les deux substances se ressemblent à tel point quant à leurs propriétés, que, dans la plupart des cas, cette confusion ne conduit pas à d'autres er- reurs ; cependant, il existe entre elles des différences bien prononcées. Ainsi, par exemple, l'éther et l'huile de térébenthine coagulent le blanc d'œuf d'après Che- vreul, tandis que, suivant Gmelin et Tiedemann, ils ne produisent pas le même effet dans le sérum du sang. Si l'on agite du sérum avec de l'éther, celui-ci ne tarde pas à se séparer, et il nage à la surface du sérum, con- tenant alors la graisse, qui auparavant était dissoute dans ce dernier : au contraire, le blanc d'œuf se coa- gule ([uand on l'agite avec de l'étiier; il se sépare peu à peu une liqueur jaune, que l'ébullition ne fait point coaguler; l'albinnine coagulée surnage à l'état de gelée, et elle est gonflée comme une éponge dans l'éther qu'on a employé. Dumas et Prévost ont déterminé la température à la- quelle le blanc d'œuf se coagule. Ils ont trouvé qu'il reste encore limpide à 60°; qu'à 63°, il devient opa- que au fond ; qu'à 65° il se coagule à sa partie in- férieure, tandis que la supérieure continue à demeu- rer liquide ; qu'à 70" il acquiert xme teinte opa- ^O ALBUMINE A L ÉTAT DE DISSOLUTION. line plus prononcée, et qu'à "yS^ il est complètement coagulé, (^hevreul a fait aussi des expériences fort exactes sur la coagulation de l'albumine; mais il a opéré également sur le blanc d'œuf. Suivant lui, cette sub- stance perd sa transparence à 60°, et se coagule d'une manière complète à 6i°(i). Si l'on évapore de l'albumine dissoute à une température qui ne s'élève pas jusqu'à 60*^, elle se dessècbe , sans se coagider, et elle est ensuite susceptible de se redissoudre dans l'eau. Unefois qu'elle est dessécliée,on peui la conserver pendant long-temps à 100°, sans qu'elle perde sa solubilité dans l'eau froide, ce qui arrive cependant peu à peu, c'est-à- dire au bout de quelques beures. La dissolulion dans l'eau froidesecoasuleà 6i°,connneavant la dessiccation: sil'on étend l'albumine de vingt fois son volume d eau , et qu on fasse chauffer le mélange jusqu'à ce qu'il bouille, il devient opalin , mais ralbuminenese coagule plus ; dessècbe-t-on ensuite la liqueur dans le vide, ou à une température qui ne s'élève pas jusqu'à 61°, Talbumine qui reste se trouve alors à l'état de coagulation et insoluble dans l'eau. D'après Bostock, un mélange d'une partie d'albu- mine et de dix parties d'eau ne se coagule pas, mais devient laiteux; et un mélange d'une partie d'albumine avec mille parties d'eau prend encore une teinte opa- line bien prononcée par l'ébullition. L'alcool mêlé avec l'albumine la coagule, et le caillot se trouve absolument dans le même état que celui qui provient de rébullitiou. L'étber et l'buile de térébenthine produisent le même effet , avec plus de lenteur seulement. Lorsqu'on mêle le sérum du sang avec de petites (t) Les différences dans les indications therinoraétriques données par les divers autenrs, tant en ce qui concerne le sujet de cet ar- ticle qu'en ce qui aura trait plus tard à la température des ani- maux, peuvent bien dépendre pour la plupart de ce qu'on s'est servi de thermomètres dont le tube n'étail point calibré, ce qui rend possibles des erreurs d'un à deux degrés dans la partie su- périeure de l'échelle. ALBUMINE A L ETAT DE DISSOLUTION. ni quantités de sels métalliques, et qu'on ajoute ensuite un peu plus de potasse caustique qu'il n'eu faut pour dé- composer le sel, l'oxide ne se précipite pas, mais reste en combinaison soluhle avec l'albumine. Cette combi- naison est d'un jaune pâle avec l'oxide ferrique, d'un bleu-vert avec l'oxide ferreux , d'un vert-céladon avec l'oxide cuivrique, et sans couleur avec les deux oxides du mercure. Si l'on coagule les dissolutions en les fai- sant bouillir, l'oxide reste combiné avec l'albunîine, et colore le caillot quand l'iiydrate de l'oxide est lui-même coloré. Cette circonstance fait que des sels ou des oxides métalliques peuvent être absorbés par le canal intestinal oulapeau,etebarriésà l'état dissous par le sérum du sang, pour être ensuite éliminés avec les exciétions. C'est ainsi , par exemple, qu'après l'usage des préparations mercu- rielles on trouve de l'oxide mercuieux dissous dans les humeurs du corps. Il est, en général , difficile de séparer les oxides métalliques de ces combinaisons, autrement qu'en détruisant la matière animale par la distillation sèche ou la combustion; dans le premier cas, le mer- cure se volatilise, et dans l'autre, les oxides des métaux fixes restent pour résidu. Si l'on mêle de l'albumine dissoute avec des acides ou des alcalis, la portion qui se combine avec le réactif ajouté, se trouve mise dans le même état que l'albumine coagulée, même lorsque ce réactif ne précipite point d'albumine, absolument comme j'ai dit (jue les choses se passaient à l'égard de la matière colorante. En mêlant de l'albumine ou du sérum avec des disso- lutions concentrées de sels terreux ou métalliques, ces liqueurs se coagulent, et le caillot contient tant l'acide que la base. C'est un moyen qu'on emploie assez fré- quemment et avec succès contre les ophthalmies légères, que de battre de l'albumine avec de i'alun pulvérisé, et d'appliquer sur l'œil la masse coagulée qui en résulte. Suivant Schùbler, les dissolutions de sulfate ferreux et de sulfate cuivrique précipitent une dissolution très- étendue d'albumine; mais si l'on ajoute une plus grande 7^ ALBUMINE A L ETAT DK DISSOLUTION. quantité du sel niétairu|ue, le préci|)ilé se redissout. Les sels soluhles d'étain , de plomb, de bismuth, d'argent et de mercure, précipitent l'albumine en blanc, et le sous- acétate ploml)i(jue précipite jusqu'aux moiudi-es traces de cette substance. La plus remarcjuable de toutes ces combinaisons est celle avec le chlorure mercuricjue (le su- blimé corrosif), puiscpron sait (jue l'albumine est le meilleur antidote de ce sel. Le chlorure mercuriqiie trouble sensi- blement encore une liqueur cpii ne tient (ju'ini deux-mil- lième d'allnnniiie en dissolution. Le précipité est une combinaison d'albumine avec le chlorm-e, de même que ce sel se combine avec la plupart des autres matières animales. Suivant Orfîla, la combinaison contiendrait du chlorure mercureux (calomelas), parce qu'elle noircit par la potasse caustifjue, qui extrait ralbtunitie en lais- sant de l'oxide mercureux. Mais si l'on verse sur la com- binaison récemment préparée et bien lavée une les- sive étendue de potasse causli(|ue, elle devient jaune: mise en digestion avec l'alcali, elle actjuiert peu à peu une teinte de gris-bleuâtre foncé, suite de la réduction de l'oxide à l'état de mercure métallique. La potasse caustique étendue ne la dissout qu'avec une grande dif- ficulté; celle qui est concentrée détruit l'albiunine, avec formation de sulfide hydrique, qui noircit le mercure. D'après l'analyse d'Orfila, i oo parties de condjinaisou sèche en contiennent 62,22 d'albumine. Bostock, au contraire, a trouvé qu'en mêlant cent grains d'albumine fraîche avec une dissolution aqueuse de deux parties de chlorure mercurique, les deux substances se précipi- taient mutuellement d'une manière complète, et qu'après la dessiccation le précipité pesait ]l\ grains, qu'il contenait, par conséquent, 88,89 pt)m' cent d'albumine. Le cyanure mercurique ne précipite pas l'albumine. Le chlorure aurique y produit un précipité jaune-clair, qui devient pourpre à la lumière solaire. Le chlorure pla- tinique y fait naître un caillot jamie. L'albumine tlissoute est précipitée complètement par l'infusion de noix de galle. Le précipité est blanc ou ALBUMINE A l'ÉTAT DE COAGULATION. 'j'5 (l'un gris blanc, en flocons épars, ([nl ne se ramollissent ou ne s'agglutinent pas par la chaleur, comme il arrive au précipité produit par la dissolution de gélatine. I.a présure ne coagule pas Talbumine à la température sous l'influence de la(|uelle elle fait cailler le lait. ù) yllbuniine à Vétat de coagulation. On ignore en quoi consiste le changement que l'albumine éprouve par la coagulation. Lorsqu'on lave de l'albumine coagulée, et (|u'on la fait sécher ensuite, elle devient d'un jaune- ambré et transparente. Mise dans l'eau, elle s'y ramollit, se gonfle, devient opaque, et reprend l'aspect qu'elle avait auparavant. Suivant Chevreul, l'eau n'en dissout que o,oo'7 de son poids. L'albumine se comporte, avec le suroxide hydrique, tout autrement que ne le font la fibrine et plusieurs au- tres tissus organiques, puisqu'elle est sans aucune in- fluence sur la décomposition de ce corps. Cette circon- stance paraît cependant ne pas dépendre d'une différence chimique essentielle, et tenir plutôt à un mode différent d'agrégation, à peu près de même que les corps ronds, et dont la surface est lisse, ne dégagent point de gaz des liquides qui en sont chai'gés, tandis que les corps poin- tus, raboteux, anguleux, chassent le gaz de la liqueur par leur surface. A l'état de coagulation, l'albumine possède si complè- tement toutes les propriétés chimiques de la fibrine, que je ne pourrais pas citei* une seule des propriétés dont j'ai parle à l'occasion de cette dernière, qui ne s'applique tout aussi exactement à l'albumine, sans même excepter celle indiquée pour la première fois par Caventou et Bour- dois, de se dissoudre avec une belle couleur bleue dans l'acide hydrochlorique concentré; d'être ensuite précipitée à l'état incolore par l'eau, tandis que la liqueur reste bleue, et de se dissoudre avec une teinte pourpre dans l'acide hy- drochlorique, quand l'albumine contient une petite quan- tité de matière colorante. De même, sa dissolution dans l'al- cali caustiquenoircit l'argent, quand on la chauffe dans des vaisseaux de ce métal ; et il serait difficile de concevoir cette 74 ALBUMINE A LETAT DE COAGULATION. similitude si parfaite dans la manière de se comporter, autrement qu'en admettant que les deux substances n'en constituent qu'une seule et même sous le point de vue chi- mique, et ne diffèrent l'une de l'autre que par quelque cir- constance accessoire peu importante, mais encore incon- nue. L'avenir nous éclairera sans doute à cet égard, par une analyse élémentaire plus exacte des deux substances. L'albumine donne, quand on la brûle, une plus grande quantité de cendre que la fibrine et la matière colorante. Cette cendre est composée principalement de phosphate calcique, qu'on ne peut ni extraire par les acides avant la combustion , ni , après cette opération , retirer du char- bon de l'albumine à l'aide de l'eau régale. Cependant il est à remarquer que l'albumine a tant d'affinité pour le phos- phate calcique au degré de saturation où ce sel existe dans les os des animaux, que, quand on mêle avec elle du phosphate ammonique dissous contenant un léger excès d'ammoniaque, qu'on filtre ensuite la liqueur, et qu'on y ajoute une dissolution de chlorure calcique, il se préci- pite un sousphosphate calcique, qui contient jusqu'à un tiers de son poids d'albumine en combinaison chimi- que. Cent parties d'albumine coagulée, bien lavée et des- séchée, laissent i,8 partie d'une cendre d'un blanc gris, qui consiste principalement en pbosphate calcique, car- bonate calcique, un peu de soude et des traces extrê- mement faibles de fer. La composition élémentaire des parties combustibles de l'albumine a été déterminée parïhénard et Gay-Lussac, par Frout et par Michaëlis. l^es deux premiers de ces chi- mistes ont analysé le blanc desséché d'un œuf, dans lequel iisonttrouvéô, F pour cent de cendres, qui furent déduites. Ils ont obtenu ainsi, en même temps que les parties cons- tituantes de l'albumine, celles de la graisse et de quelques autres matières animales qui sont contenues dans l'albu- mine.Michaëlis a procédé presquede la même manière, car il a fait dessécher le sérum tant du sang artériel que du sang veineux, et l'a brûlé, après avoir déduit du poids de la masse sèche 9,9 pour cent de cendres. Enfin, ALBUMINE A. l'ÉTAT DE COAGULATION. ^5 Prout a analysé ralbumine, contenant probablement encore de la graisse, ([lie lui avait fournie le sérnni du sang veineux iiuniain , tiré dejuiis peu des vaisseaux. Voici les résultats auxquels ils sont arrivés : Gay-Luisac et Mlchaëlis. Piout. Tbéiiard. Artériel. Veineux Nitrogène. ... f 5,705 i5,562 i5,5o5 i5,55o Carbone 52,883 53,oo9 52,65o 49^750 Hydrogène... 7,54o (j,993 7,3% 7^77^ Oxigène 23,872 24,436 24,4^4 26,925 Tant qu'on ne connaîtra pas le poids atomique de l'al- bumine, le calcul d'une formule de composition sera tout aussi infructueux ici qu'il l'est dans l'analyse de la fibrine. J.es recberches sur la quantité d'albumine contenue dans le sérum du sang, comme en général sur la com- position de cette substance, ont été faites tant avec du sang liumain qu'avec du sang de bœuf, et il y a tant de coïncidence entre elles , qu'on peut regarder ces deux espèces de sang comme semblables : Sang de bœuf. Sang humain. Eau . iii Cochon d'Inde. . . Corbeau Ili-ron (2).. Cmard i*ouIe PiiTcon Truite I.olle juille. ...... Tnriue de terre.. Grenouille SANG . SVK 100 PARTIES. glol.„l<-s nlb.i- du san^'. niii:e. 12, 92 «,00 I'l.6l 7,79 12,;!.S 6,55 12.0i SA-.i 9,20 8,97 0.12 S, 28 9,35 7,72 10,20 8,:U 9,38 6,83 12, HO 8.72 Kl ,60 5,6i 1:5, 2(i 5,92 15,01 8.47 15,71 0.30 15,57 4,69 6.;5S 7,25 4,81 6,r.7 0,00 9,4(1 15,06 8,06 6,90 4,64 78,. 3 9 77,60 81,07 79,53 )tl,83 82,6 82,93 81,46 Ki 79 7.H 48 79.70 .*^0,82 76,5-2 77,99 79,74 .'-6.37 SS,02 8-1,00 76,88 88, 'lO .SI RUMDUSANG. GROSSliUR l TES GLOBULE) 3 nii. J DU SAHc;. ly*! 60. 1/120. 1/171. ijiOO. ./joo. I/2S8. I/I60. 1/86 , i/i5o(i ''79 ./.S. j/75 ./S. 1/48 1/45 i/i."io. i/i5o. i/i5o. ,/..! ./..5. ■/77- 1/175. (.1) Ces deux nombres indiquent le plus gr.Tnd et le plus petit diamètre des glo- bules elliptiques. (2) Blessé à l'aile d'un coup de feu , malade , et ne prenant pas de nourriture depuis plusieurs jours. »iun«i-mii>.j*.«jjiL»ii«iji.ui.,.i.uii|jBii um.mjiu-mj-rlrci»a.;»a«iLn..i. . ijinj.i.«jiL..i.ii.ui»u..,.m-j»»,p^a Quant à ce qui concerne rinégale concentration du sang artériel et du sang veineux, Duinas et Prévost ont trouvé que le sang artériel contient, ternie moyen, un pour cent de son poids de globules en plus qu'il n'y en a dans le sang veineux. Au reste, la proportion d'eau que le sang renferme varie, chez nn même individu, et, dans l'état de santé, en raison de la quantité des bois- sons qu'il a prises. Si l'on tire du sang à un animal, les vaisseaux ne tardent pas à se remplir, par suite d'une absorption plus active de liquides incolores et moins concentrés, qui s'opère dans toutes les parties du corps: ce qui rétablit le volume du sang, mais fait que le nom- bre des globules y devient proportionnellement moins considérable. ^8 SANG «ANS LES 3IALADIES. On voit d'ailleurs, par le tableau précédent, que le sang des oiseaux est le plus riche en globules; que, parmi les mammifères, les carnivores en ont plus (jue les her- bivores; et enfin que les animaux à sang froid sont ceux chez lesquels ce liquide en conlient le moins. Pallas dit avoir constaté par des expériences, que le sang tiré des vaisseaux capillaires cutanés au moyen des ventouses ou des sangsues , conlient phis de matières coagulables par l'ébullition que le sang des veines. Il a trouvé que des quantités égales de sang, simultanément tirées à une même personne par la saignée du bras, par des sangsues et par des ventouses, étendues ensuite cha- cune de quatre fois son volume d'eau, et coagulées par l'ébullition, donnaient, en caillot sec; savoir : le sang veineux i4?6? ^^ sang des ventouses i^, 8, et celui des sangsues 17, u; mais, dans d'autres expériences, la dif- férence s'est réduite presqu'à rien, et il a même été dou- teux qu'il y en eût une. Le liquide qui remplace le sang chez les animaux des classes inférieures, ceux dont on dit qu'ils ont du sang blanc, n'a point encore été chimiquement examiné à ma connaissance. C'est un sang avec des globules qui n'ont point d'enveloppe de matière colorante. D'après les re- cherches de Milne Edward et d'Audouin , sur celui des mollusques, les globules y ont l'aspect de vésicules mem- braneuses, qui sont de volume différent, incolores, trans- parentes, et beaucoup plus grosses que chez les ani- maux à sang rouge, et qui contiennent dans leur inté- rieur un noyau entouré d'un Ticjuide. Certains animaux ont du sang coloré dans une partie de leur corps, et du sang incolore dans les autres ; telle est, par exemple, la mouche ordinaire , qui a du sang rouge dans la tête. Sang dans les maladies. Assez souvent déjà les mé- decins ont cherché les causes des maladies dans ime al- tération du sang, ({u'en conséquence de cette théorie ils iu2eaient convenable d'évacuer et de laisser se renou- vêler. Mais si 1 on ne peut mer que la nature SANG DANS LES MALADIES. ^A du sang ne soit susceptible de changer par l'efTet de la maladie, nous sommes cependant bien loin encore de trouver entre le sang d'un individu malade et celui d'un sujet bien portant, soumis tous deux à l'analyse chimi- que, des différences autres que celles qui s'offrent si fréquemment à nous, même dans l'état de pleine santé, et qui dépendent alors d'une perte plus ou moins con- sidérable de ce liquide, ou de la quantité diverse des alimens et des boissons. Deyeux et Parmentier, qui, dans leurs travaux analytiques sur le sang, ont eu en vue de rechercher ces différences, sont arrivés à ce résultat que, généralement parlant, l'analyse chimique n'en fait dé- couvrir, dans les maladies, aucune qui mérite la peine d'être signalée. Cependant il existe des différences spéciales. Un phé- nomène connu depuis long-temps, et qui sert si souvent de guide au médecin, est l'état du sang dans les fièvres inflammatoires, et en général au début des fièvres. Effec- tivement alors le sang éprouve une coagulation telle qu'il se couvre d'une pellicule grise, visqueuse, très- cohérente , appelée couenne inflammatoire ( crusta inflammatoiia)^ qui dépend de ce que la fibrine se réunit à sa surface en forme de membrane, au-dessous de laquelle reste liquide le sérum mêlé avec la matière colorante. On ignore encore quelle est la modification que la fibrine subit dans ce cas. Quelquefois on trouve après la mort, dans les ventri- cules du cœur, un dépôt de fibrine incolore, qui se pro- longe jusque dans les gros troncs veineux, et s'y termine par une infinité de fibres déliées, semblables au chevelu des racines, en sens inverse de celui de la circulation, dernière circonstance qui montre clairement que ces masses, qu'on est dans l'usage à' a^poicr polypes du cœur^ n'ont pu être formées qu'après la mort. On ne connaît point les diverses modifications du sang qui sont favora- bles à leur production ou qui s'y opposent. On a quelquefois rencontré chez les personnes âgées, dans les veines des extrémités inférieures, des 8o SANG DANS LES MALADIES. concrétions adhérentes, qui étaient formées de fi- brine. Reid Clanny prétend (jiie, dans la fièvre nerveuse, quand la maladie augmente, le sang contient toujours davantage d'eau, et cju'au contraire, il se concentre de plus en plus vers le déclin de raffection. On s'est ijeaii- coup évertué, dans la jaunisse, h découvrir les élémeus delà bile dans le sang, parce que plusieurs organes du corps se colorent en jaune chez les personnes atteintes de celte maladie. Mais la substance qui teint en jaune s'échappe par les urines presque aussi promptement qu'elle parvient dans la masse du sang, de manière que la quantité qu'en contient une certaine portion de ce dernier est proportionnellement si faible (ju'elle a échappé aux recherches d'un grand nombre de chi- mistes. Cependant Lassaigne est parvenu à démontrer que la matière colorante de la bile se trouve réelle- ment conte(U»e dans le sang, et Collard de Martigny prétend même avoir trouvé de la résine de la bile dans le sang d'un ictérique. On a multiplié aussi les expériences chez les per- sonnes affectées de diabètes, maladie durant laquelle l'urine devient sucrée, pour retrouver le sucre diabé- ti(pie dans le sang, mais jamais on n'en a découvert la moindre trace. Dobson , Piollo et Marcct ont trouvé dans le sérum du sang d'un diabétique (ce qui n'a cepen- dant pas lieu toujours) l'albumine combinée avec tant de graisse, que la liqueur avait l'apparence d'une émul- sion , qu'elle déposait de la crème, et qu'elle pouvait être conservée long-temps sans entrer en j)utréfaction. Traill a observé un état analogue dans une inflamma- tion du foie; le sérum du sang contenait près de 4t pour cent d'une huile jaune, vl ressemblait à de la crème jaune. Une des altérations morbides les plus remarquables du sang est celle dont Caventou a donné la description. Le sang avait été tiré de la veine du bras d'un malade, dojit le genre de maladie ne se trouve point d'ailleurs TACHES DE SANG. TACHES DE SANG SUR l'aCIEH. 8f indiqué. Il était blanc, laiteux, et ne présentait que c.\ et là quelques stries rouges. Il n'avait ni odeur, ni saveur, et ne réagissait point à la manière des alcalis. Lorsqu'on le filtrait, il passait également laiteux à tra- vers le papier. La chaleur le coagulait en une masse cohérente, qui ne se colorait pas en bleu par l'acide hydrochlorique concentré. Au contraire, l'alcool et les acides ne le coagulaient que d'une manière extrême- ment peu sensible, et le chlorure mercurique n'y pro- duisait pas du tout cet effet. L'infusion de noix de galle le précipitait. L'état particulier dans lequel l'albumine et la fibrine s'y trouvaient est digne de remarque, et il eiit mérité un examen plus détadié. Taches de sang. Il peut quelquefois être d'une grande importance pour le médecin de savoir distinguer les taches de sang, sur l'acier et les vêtemens, des autres taches qui ressemblent à celles-là. Orfila a indiqué un moyen simple et très-convenabie pour y parvenir. I. Taches de sang sur V acier. Lorsque le sang a été répandu en gouttes peu épaisses sur l'acier, la tache est d'un rouge-clair; autrement elle est d'un brun-foncé. Si l'on fait chauffer l'acier jusqu'à aS" ou 3o", la tache de sang s'enlève par écailles , et laisse le métal assez net. La même chose arrive quand un suc acide de fruit, par exemple, du jus de citron, s'est desséché sur de l'acier; mais rien de pareil n'a lieu pour les taches ordinaires de rouille. Pour distinguer les taches de sang de celles qui sont produites par un suc acide de fruit, on ramasse les écailles détachées, et on les chauffe dans un tube de verre soudé à l'une de ses extrémités, c'est-à-dire qu'on les soumet à la distillation sèche. La masse d'une tache de sang répand alors Todeur de l'huile empyreumatique animale, et un papier de tournesol rougi, introduit dans le tube, y bleuit par le fait de l'ammoniaque qui se dégage. Au conli-aire, ce papier devient beaucoup plus rouge encore lorsqu'on distille la masse des taches pro- duites par un suc végétal acide. La simple rouille donne bien aussi des traces d'ammoniaque; mais elle n'en four- VII. 6 8a TACHES SUR DES ÉTOFFE». nit que de très-faibles, et n'exhale pas l'odeur de l'huile animale empyreumatique. La meilleure manière de re- connaître les lâches de sang, lorsque les circonstances permettent de l'employer, est celle-ci : on plonge l'acier, avec la tache, dans de l'eau. La matière colorante et l'al- bumine, qui sont là à l'état de non conguiation, se dissolvent peu à peu, en laissant la fibrine. Celle-ci reste adhérente au métal, et l'on peut ensuite la déta- cher en la grattant avec l'ongle. De cette manièie on voit se former une strie rouge, qui tombe au fond du liquide, dont la couche inférieure se colore par là peu à peu en rouge. Après avoir partagé cette liqueur rouge en plusieurs porticms, ou l'essaie de la manière suivante. A l'une des portions on ajoute un peu de chlore ; elle en devient d'abord verte, puis incolore, ensuite opaline, et dépose des flocons blancs. On verse goutte à goutte de l'ammoniaque dans une autre portion, qui ne change point de teinte; mais si la couleur provenait de la co- chenille , du bois de Brésil, du bois de Fernambouc, ou autres substances semblables, l'alcali la ferait passer au bleu-. Dans une troisième portion on instille de l'acide nitrique, qui produit un précipité gris-blanc. On fait tom- ber dans une quatrième une goutte d'infusion de noix de galle, qui précipite les matières tenues en dissolution, sans changer leur couleur. Enfin, on fait chauffer une cinquième portion jusqu'à ce qu'elle houille; alors elle se coagule, ou, si elle était trop étendue d'eau, au moins devient-elle opaline. Si l'acier se rouillait pendant l'expé- rience, et que l'hydrate feriique \înt à se mêler avec l'eau , on en débarrasserait cel'c-ci par la filtration à travers un petit filtre. Paiini les léactifs qui viennent d'être indiqLiés, l'acide nitrique et l'infusion de noix de galle sont ceux qui décèlent les plus faibles traces d'albumine et de matière colorante dissoutes. 2. Taches de sang sur des étoffes. On emploie ici la mé- thode dont il a été parlé en dernier lieu, celle de sus- pendre l'étoffe tachée dans une petite quantité d'eau. La fibrine reste sur le yiorceau qui portait immédiate- VAISSEA.UX ET CIRCULATION DU SANG. 85 ment des taches de sang, tandis que l'eau enlève l'al- bumine et la matière colorante. On traite ensuite la dis- solution de la même manière que ci-dessus. Si le sang a coulé sut" un morceau d'étoffe qui no se retrouve plus, qu'à travers ce morceau il ait imbibé une étoffe située au-dessous, et que cette dernière soit la seule qu'on puisse examiner; si, par exemple, le sang a coulé immédiate- ment sur la chemise, et a été absorbé ensuite par la veste, en traitant, comme il vient d'être dit, la tache de cette dernière, on ne retiouve plus de fd^rine sur l'étoffe, quoique la dissolution dans l'eau soit de la même nature que dans l'autre cas. Un cas pourrait avoir lieu où ces expériences indui- sissent en erreur: ce serait si quelqu'un, ayant préparé une dissolution d'alizarine (matière colorante de la ga- rance) dans de l'albumine ou dans du sérum, avait trempé dans cette liqueur une étoffe qu'on aurait en- suite fait sécher lentement; il pourrait alors arriver que les taches ressemblassent à celles qui sont produites par du sang absorbé, sans fibrine; mais s'il restait de l'albu- mine coagulée sur l'étoffe, elle serait d'un rose rouge, et on ne pourrait pas enlever la couleur par le lavage. Cependant la dissolution rouge est facile à distinguer d'une dissolution de matière colorante du sang : car l'alizarine devient jaune par les acides, et violette par les alcalis. Si donc on mêle la liqueur avec une goutte d'acide acétique concentré, elle devient jaune, quand elle a été préparée avec de l'albumine chargée d'aliza- rine, tandis que, quand elle l'a été avec la matière colo- rante du sang, elle conserve sa couleur à froid, et prend une teinte brune foncée par la coction. L'infusion de noix de galle précipite la matière colorante du sang en rouge, et l'albumine imprégnée d'alizarine en jaune-clair. 1. Vaisseaux et circulation du sang. Le sang circule continuellement dans le corps, et il part du cœur pour y revenir sans cesse. I^es vaisseaux 6. 84 ARTERES . ^*il paFcourt en sortant du cœur ont une tout autre structure que ceux qui le ramènent à cet organe. On donne aux premiers le nom diurtères, et aux autres ce- lui de veines. Les artères sont formées de trois tuniques superpo- sées. La première est composée de tissu cellulaire; mais ce tissu y est beaucoup plus dense qu'à l'ordinaire. A sa composition chimique s'applique tout ce que je dirai plus tard du tissu cellulaire en général. Immédiatement au-dessous, on trouve la tunique fibreuse des artères, celle qui caractérise le plus spécialement ces vaisseaux. D'un tissu dense et ferme, elle est épaisse dans les gros troncs, plus mince dans les petits, et finit par dispa- raître insensiblement dans les ramifications déliées des artères. Elle a une couleur jaunâtre ou quelquefois ti- rant sur le gris, qui est à peu près uniforme partout. Elle est composée de fibres circulaires disposées de manière qu'elles adhèrent faiblement par les cotés, et munies de fibres longitudinales, qui n'empêchent pas cependartt que la tunique fibreuse des artères ne soit facile à déchirer en travers. Cette membrane est sèche et élastique , ce qui permet au diamètre des artères de s'agrandir, et de se rétrécir ensuite avec force. Aussi l'ouverture d'un vaisseau artériel qu'on a coupé en tra- vers reste-t-elle béante. Lorsqu'on fait sécher cette mem- brane, elle perd peu d'eau, devient d'un jaune-brun foncé, ou quelquefois noire, dure et cassante ; mais elle reprend dans l'eau son aspect antérieur et son élasticité. Elle résiste mieux à la putréfaction qu'une grande partie des autres matières animales solides : c'est pourquoi, quand on laisse pourrir, par exemple, un foie ou une rate, il arrive une certaine époque à laquelle les artères peuvent être dégagées, jusque dans leurs moindres rami- fications, de la masse putride et pultacée qui les enve- loppe. Mais quand la putréfaction dure plus long-temps, elle s'empare aussi des artères. La tunique fibreuse des artères est totalement inso- luble dans l'eau. Même après avoir été eu contact pendant ARTÈRES. 85 plusieurs heures avec ce liquide bouillant , elle n'a pas subi le moindre changement de sa part ; l'eau n'a rien dissous, et la teinture de noix de galle ne la trouble point. Quand on verse de l'acide acétique concentré sur cette tuni- que, elle ne se ramollit, ni ne se dissout, et elle est insoluble même dans Tacide acétique étendu et bouil- lant. Au contraire, elle se dissout avec une grande fa- cilité dans les acides sulfurique , nitrique et hydrochlo- rique, après qu'on les a étendus d'une assez grande quantité d'eau pour qu'ils ne puissent pas la décompo- ser. Cette dissolution s'opère surtout très-aisément à la chaleur de la digestion. Le liquide qui en résulte n'est précipité ni par l'alcali, ni par le cyanure ferroso-potas- si(jue, ce qui devrait avoir lieu si la tunique artérielle était composée de fibrine. Cette tunique est dissoute par la potasse caustique; la dissolution est incolore, mais un peu trouble, et les acides n'y font point naître de préci- pité. Si l'on mêle une dissolution alcaline saturée de tu- nique artérielle fibreuse avec une dissolution également saturée de la même dans un acide, le mélange se trouble len- tement, et une partie de la substance dissoute se précipite. Ce qui a surtout donné de l'importance à la compo- sition chimique de la tunique fibreuse des artères, c'est que, dans leur théorie du mécanisme de la circulation, les anciens physiologistes considéraient les fibres qui la constituent comme des fibres musculaires, possédant, de même que les muscles , une irritabilité et unecontrac- îilité spéciales. Cependant, à l'état de vie, ces fibres diffèrent des fibres musculaires par l'absence totale de l'irritabilité, puisque nulle excitation électrique, chimi- que ou mécanique, ne peut les déterminer à se contrac- ter. Elles s'en distinguent également, sous le rapport physique, par la sécheresse et félasticité de leur tissu, tandis que les fibres musculaires sont molles et lâches; et sous le rapport chimique, par leur manière tout-à- fait différente de se comporter envers les réactifs, en- tre autres par la facilité avec laquelle elles se dissolvent dans l'acide nitrique. S6 VEINES. CŒUR. CIRCULATION. Au-dessous de la tunique fil)reuse s'en trouve encore une troisième, très-mince, formant la paroi interne tant des artères que des veines qui s'abouchent dans le ven- tricule gauche du cœur et qui charrient du sang arté- riel. Cette tunique se détache avec une grande facilité de la fibreuse; elle est élastique et cassante; mais je ne sache pas qu'on en ait encore examine la composition et les propriétés chimiques. On trouve souvent des ossi- fications dans son intérieur, surtout au voisinage du cœur et chez les personnes âgées. Les veines diffèrent beaucoup des artères quant à leur structure. Elles sont molles et flasques, et peuvent être fortement distendues sans revenir de suite à leur volume primitif. Elles ne sont proprement formées que de deux tuniques, dont l'externe est composée, comme dans les artères, d'un tissu cellulaire plus serré. Sur les gros troncs veineux, ceux qui avoisinent le cœur, on trouve des fibres, mais dont la direction est longitudi- nale, et qui sont musculaires. DuS'este, les veines n'ont rien qui corresponde à la tunique fibreuse des artères. Leur tunique interne se trouve aussi dans les artères qui sortent du ventricule droit du cœur, c'est-à-dire dans celles qui charrient du sang veineux. Elle est mince, lâche, et susceptible de s'étendre sans se déchirer. On ^ trouve très-rarement des ossifications. Sa composition et ses propriétés chimiques ne sont point encore connues. Le cœur , point commun de réunion de ces vaisseaux, occupe le coté gauche de la poitrine. C'est un muscle: par conséquent il est formé de fibrine, et, sous le point de vue chimique, on doit lui appliquer ce que je dirai plus tard des muscles. Voici en peu de mots quel est le mécanisme de la circulation du sang. La force musculaire du cœur y joue le rôle de premier moteur; car, dès que le mouve- ment du cœur cesse, la circulation s'arrête sur-le-champ. Le cœur est creux et divisé par une cloison mitoyenne, de manière que sa cavité forme deux ventricules, situés, l'un à gauche et en arrière, l'autre à droite et en avant. CIRCULATION DU SANG. 87 La forme de cet organe est un peu conique; il a un sommet arrondi, dirigé en avant, et une large base qui regarde en arrière. Sur cette base se trouvent les ou- vertures de cliaque ventricule destinées aux vaisseaux tant efférens qu'afférens. Les vaisseaux efférens sont des artères, dont l'ouverture est immédiatement tissée dans les libres musculaires du cœur. Les afférens, au contraire, se composent d'un sac musculeux partagé par la moitié en deux espaces, dont chacun correspond à un ventricule. On donne à ces espaces le nom à'oreil- lettes ^ et les troncs des veines s'y implantent. Chaque ouverture communiquant avec le cœur est garnie de trois valvules disposées de manière qu'elles s'opposent tant au reflux du sang chassé par le muscle qu'à la rétrogradation de celui qui y afflue, de même que nos corps de pompe ordinaires sont pourvus de deux sou- papes, dont l'une laisse passer l'eau quand on tire le pis- ton, et se ferme quand on l'abaisse, l'eau traversant alors la seconde, qui, à son tour, quand on tire de nouveau le piston, s'abaisse, et empêche de redescendre la portion de liquide à laquelle elle avait livré passage auparavant. En revenant au cœur, par les veines, le sang pénè- tre dans l'oreillette, qui, dès qu'elle est pleine, se res- serre sur elle-même : elle pousse donc le sang dans le cœur, qui est vide parce qu'il vient de se contracter, et le liquide ne peut refluer dans les veines à cause du courant uniforme par lequel il arrive lui-même à l'oreil- lette. Une fois le cœur plein, il se contracte, et le sang, auquel les valvules ne permettent pas de repasser dans les oreillettes, coule dans les artères. Le mouvement est isochrone pour les deux oreillettes; il l'est également pour les deux ventricules. Les artères, quoique déjà pleines de sang, adn. itent cependant encore, en vertu de leur élasticité , celui que le cœur y refoule. Dans l'état de santé, le cœur se vide complètement à chaque fois, garde ensuite le repos pendant un instant, et se remplit de nouveau. Le refoulement du sang dans les ar- tères a lieu par une sorte de saccade, qui distend mo- OO CIRCULATION DU SANG. iiientanément les canaux du système artériel entier, et qui se fait sentir jusqu'à ce que les ramifications des artèi'es aient acquis une certaine ténuité. Cette disten- sion, opérée par l'impulsion du cœur, est ce que nous appelons le pouls. Les artères distendues au-delà de leur diamètre ordinaire se resserrent par suite de l'élasticité dont jouit leur tunique fibreuse, et à la contraction suivante du cœur elles sont revenues à leur calibre pri- mitif, parce qu'elles ont cliassé le sang dans leurs ra- mifications les plus déliées. Nous avons donc ici trois mouvements, dont deux, celui du cœur et celui de l'o- reillette, dépendent de la force musculaire vivante , tandis que le troisième, celui des artères, tient unique- ment à l'élasticité de leur tissu. I;es ramifications les plus déliées des artères se ter- minent de trois manières différentes; i" les unes de- viennent peu à peu des veines, formant des branches de plus en plus grosses, dont la réunion produit enfin les troncs principaux qui ramènent le sang au cœur; 2° d'au- tres, plus déliées encore que les précédentes, paraissent ne plus admettre de sang coloré, parce que leur diamè- tre est trop petit pour laisser passer les globules du sang; celles-là finissent par disparaître dans les parties solides du corps, où elles entretiennent la nutrition en apportant les matériaux nécessaires à l'exercice de cette importante fonction; J5° d'autres enfin, tantôt se terminent dans les membranes dites séreuses, où elles sécrètent un sérum atténué, comme dans les ventricules du cerveau, dans le péricarde ou la membrane en forme de sac qui en- toure le cœur, dans la plèvre ou l'enveloppe des pou- mons, dans le péritoine ou celle des intestins, etc.; tan- tôt forment ce qu'on appelle les organes de sécrétion et d'excr-étion. Dans ces organes, les vaisseaux se rami- fient de plus en plus, et se terminent en versant, sur le côté interne des dernières ramifications des conduits excréteurs, un liquide n'ayant pas la moindre ressem- blance avec le sang qui a pénétré dans l'organe. Ces opérations chimiques qui ont lieu dans les organes se- CIRCULATION DU SANG. 8d créloires excitent notre admiration, plus peut-être encore que les autres phénomènes du même genre qui se passent daus le corps vivant ; car l'effet est évidemment chimique, le changement est des plus complets, et cependant nous ne voyons aucun réactif chimique le produire. Les anatomistes ont montré que, quand on injecte du mercure dans l'artère apjjarlenant à un organe sécré- toire, une partie au métal passe dans les veines qui re- viennent de l'organe; une autre partie entre dans les vaisseaux capillaires déliés dont la réunion successive forme les conduits destinés, pendant la vie, à charrier le liquide sécrété. Tout ici est la continuation de vais- seaux, qui ne font que se ramifier sans cesse jusqu'à ce qu'ils soient arrivés à un certain degré de ténuité, après quoi ils recommencent à se réunir. Mais on ne peut pas découvrir qu'il se mêle aucun liquide différent du sang, et l'opération entière s'accomplit dans ces ramifications vasculaires déliées, avec le liquide même qui y a été ap- porté. Ainsi, par exemple, il provient de ce liquide, de la salive dans les glandes salivaircs, de la bile dans le foie, de l'urine dans les reins. Il nous reste encore à considérer les divers change- mens du sang, dans les différens organes, comme des ré- sultats de l'influence du système nerveux, et comme dé- pendans des nerfs qui, dans ces organes, se répandent partout avec les vaisseaux chargés d'y amener le sang. A la vérité, des physiologistes modernes ont cherché à éta- blir que toutes les matières qui sont déposées ou sécrétées dans le corps doivent exister préalablement dans le sang. Dumas et Prévost ont lié , sur un chien, les artères qui conduisent le sang aux reins, et, au bout de quel- que temps, l'urée, partie constituante caractéristique de l'urine, dont le sang n'offre aucune trace dans l'état ordinaire, a été trouvée par eux en si grande quantité dans ce liquide, qu'ils purent l'obtenir à part, l'étudier exactement et la reconnaître. Mais quand bien même toutes les sécrétions et excrétions ne consisteraient qu'en une séparation de quelques unes des parties consti- 90 VAISSEA.UX CAPILLAIRES. tuantes dissoutes dans le sang avec une portion de l'eau que contient celui-ci , les autres rentrant toutes, avec l'eau restante , dans la niasse du sang , cette séparation n'en serait pas pour cela moins incompré- hensible. Du reste, il n'y a pas d'autre différence entre ce qu'on appelle les sécrétions et les excrétions, sinon que les premières se rapportent à des liquides qui doivent jouer un certain rôle dans le corps , tandis que les autres en sont expulsées. Les sécrétions sont en général al- calines; les excrétions sont toutes acides, sans exception. Je traiterai les premières conjointement avec les fonctions auxquelles servent les liquides produits par elles, et je consacrerai ensuite un chapitre à part aux excrétions. Parmi les veines, les unes naissent immédiatement des terminaisons des artères qui conduisent des liquides colorés; les autres commencent par des ramifications qui ne contiennent pas de liquides colorés, et qui n'en reçoivent pas directement des capillaires artériels, mais les absorbent dans les lieux où les extrémités des artères les ont épanchés pour servir à la nutrition des parties. Elles sont aidées dans cette dernière fonction par un autre système vasculaire, celui des lymphatiques; en sorte que l'office de ramener les liquides au cœur est confié en partie aux veines , en partie aussi aux lym- phatiques, lesquels cependant ne charrient que des liquides incolores, qu'ils vont verser dans un des troncs majeurs des veines. Le système de vaisseaux déliés par lequel se ter- minent les artères et commencent les veines, aussi bien que les lymphatiques , a reçu le nom de capillaire. Tout porte à conjecturer que les vaisseaux capillaires jouissent d'une force spéciale, au moyen de laquelle ils font avancer les liquides qui pénètrent dans leur intérieur; car le mouvement d'un liquide dans des tubes capil- laires, par l'attraction que les parois exercent sur ce li- quide, et qui augmente avec la finesse des tubes, est rendu tellement difficile, que l'clasticité de la tunique fibreuse des artères ne suffirait bientôt plus pour vider VAISSEAUX CAPILLAIRES. 9» les canaux artériels , si le passage du sang à travers le sys- tème capillaire n'était dû qu'à une force propulsive propre à ces canaux. Mais le mécanisme d'après lequel les vais- seaux capillaires font avancer les liquides, est un pro- blème dont on n'a point encore trouvé la solution. INous voyons une preuve de cette force spéciale , quand nous piquons, par exemple, la peau avec une aiguille qui blesse un des vaisseaux capillaires contenant du sang coloré. Aussitôt après la piqûre, le sang coule lentement par l'effet de la force expidsive du tube capillaire , et il continuerait à sortir par cette voie, si l'ouverture contre natuie ne s'obstruait pas bientôt en raison de la pro- priété qu'a le sang de se coaguler. Le sang qui coule dans les vaisseaux capillaires n'est plus aussi vermeil que dans les artères : il est d'un rouge de cerise , et celui qui coule du tronc d'une veine a unç teinte plus foncée encore. On voit donc, d'après cela, qu'en séjournant dans le système capillaire, le sang y subit un changement annoncé par cette circonstance que, tandis qu'il est encore d'un rouge vermeil dans les dernières ramifications artérielles dont les pulsations puissent être aperçues, il est d'un rouge-cerise dans les petites ramifications veineuses correspondantes. A la vérité, le sang éprouve ce changement, même hors du corps, lorsqu il demeure à l'abri du contact de fair, mais il le subit lentement ; et Lcgallois prétend avoir constaté par des expériences que, quand on détruit la communi- cation des deux nerfs de la paire vague avec le cerveau , le sang revient artériel par les veines, sans se convertir en sang veineux dans les vaisseaux capillaires. Nous ignorons complètement ce qui se passe, sous le rapport chimique, pendant la conversion du sang artériel eu sang veineux. Le sang artériel lancé dans toutes les parties du corps par le ventricule gauche du cœur, en revient, sous la forme de sang veineux, par les veines, qui se réunissent d'abord en deux troncs , puis en un seul très court , chargé de verser ce liquide dans l'oreillette droite. De là le sang veineux passe dans le ventricule droit , qui le chasse 9a POUMONS ET RESPIRAT/ON. dans les poumons au moyen d'une artère particulière. Le sang redevient vermeil ou artériel dans les extrémi- tés capillaires de cette artère, qui remplissent la substance entière des poumons; après quoi il repasse dans des veines qui, réunies peu à peu en un seul tronc, l'a- mènent à l'oreillette gauche, et de là dans le ventricule du même côté. Continuellement donc le sang va du ven- tricule gauche au droit, et retourne du droit au gauche. Le ventricule droit reçoit et renvoie toujours du sang veineux ; le gauche reçoit et lance toujours du sang ar- tériel. Cependant cette exposition n'est applicable qu'à la circulation chez les animaux dont le cœur a deux ven- tricules ; chez ceux qui n'en ont qu'un seul , tantôt le sang est chassé par le cœur dans les organes respira- toires, comme chez les poissons, tantôt le cœur reçoit le sang de ces organes, et le lance dans le corps, comme chez les reptiles. 3. Les poumons et la respiration. La conversion qui a lieu dans les poumons du sang brun-foncé en sang rouge-vermeil, quoique imparfaite- ment connue à l'égard de son essence intime, l'est néan- moins d'une manière suffisante par rapport à plusieurs de ses phénomènes, et offre un grand nombre de faits intéressans sous le point de vue cliimique. Les pou- mons, laboratoire dans lequel s'exécute cette opération chimique , sont composés d'une multitude de petites cellules aériennes, qui communiquent toutes ensemble, de manière que l'air contenu dans leur intérieur peut se renouveler peu à peu. Un large tube, la trachée-artère, résultant d'un assemblage d'anneaux cartilagineux unis les uns aux autres par un tissu cellulaire serré qui les entoure également , communique avec l'air extérieur par l'ouverture du nez et par celle de la bouche. Ce tube se partage , à peu près de même que les vaisseaux san- guins, en ramifications de plus en plus grêles, qui se terminent dans les cellules aériennes. Le poumon est composé , d'après cela : i" d'une mul- POUMONS ET RESPIRATION. g^ titude de vaisseaux sanguins, qui sont ramifiés presque à l'infini dans sa masse; 2° d'une foule de conduits aé- riens, plus ou moins déliés, mais qui ne se ramifient pas à beaucoup près autant. La masse dans laquelle les vaisseaux sanguins se répandent, et qui forme les pa- rois des cellules aériennes, est un tissu animal particu- lier, dont la composition diffère de celle des autres tis- sus animaux; mais il n'est point à ma connaissance qu'on ait fait aucune expérience pour constater la ma- nière dont le parenchyme (i) pulmonaire se comporte à regard des réactifs chimiques. JXous ignorons donc en- core quelles sont les propriétés chimiques qu'il possède. Les poumons occupent la plus grande partie de la cavité pectorale; ils ne laissent qu'inférieurement et au côté gauche une place pour le cœur. La cavité pecto- rale est séparée de l'abdominale par une membrane musculeuse, le diaphragme, qui, dans l'état de repos, forme une voûte dont la convexité regarde en haut. Le reste des parois de la cavité pectorale est constitué par la colonne épinière, les côtes et le sternum, unis en- semble par des muscles. Cette cavité a , par consé- quent, des parois solides et incompressibles. Quand les fibres musculaires du diaphragme se contractent, sa voûte se déprime; et comme la cage osseuse de la poi- trine ne permet pas f{ue l'air ambiant la comprime , ce fluide pénètre dans la trachée-artère pour remplir l'es- pace que le diaphragme occupait auparavant, et c'est ainsi que les cellulaires pulmonaires se distendent. Dans les inspirations plus grandes et plus profondes, la poi- trine se dilate encore par un léger haussement qu'é- prouvent les côtes, et qui se remarque surtout dans l'état de grossesse, oii il a lieu même pendant l'inspira- tion ordinaire. Lorsque le diaphragme a cessé de se contracter, il est repoussé de bas en haut par les mus- (i) Les physiologistes et analomistes désignent par le mot^fl^ renchymey le tissu particulier dont un certain organe est formé. "^ POUMONS ET RESPIRATION. des abdominaux et l'élasticité du péritoine, et l'air sort du poumon. C'est cette alternative de contraction et de repos du diaphragme qui produit les phénomènes de l'inspiration et de l'expiration. Les poumons eux- mêmes n'y prennent point une part active; leur rôle est purement passif, tant dans l'inspiration lorsque l'air les distend, que dans l'expiration quand il s'échappe de leur intérieur. Cependant on doit remarquer à cet égard que, d'après des observations anatomiques récentes , les ra- mifications de la trachée-artère et les cellules auxquelles elles aboutissent, sont formées d'un tissu très -élastique qui , après la distension produite par l'inspiration , re- vient sur lui-même, en vertu de sa propre élasticité, aussitôt que la cause extensive a cessé d'agir. Les poumons de l'homme retiennent , après une ex- piration ordinaire, environ huit fois autant d'air dans leurs cellules, qu'il y en a de renouvelé à chaque inspi- ration. La quantité absolue varie naturellement selon la taille de l'individu et la capacité relative de la cavité pectorale. La quantité moyenne d'air qui se renouvelle à chaque inspiration ordinaire peut être évaluée à quinze pouces cubes; mais il peut s'en renouveler jusqu'à cin- quante et soixante pouces cubes dans les inspirations profondes. Un homme bien portant et tranquille inspire et expire ordinairement dix-huit fois par minute. Les vaisseaux sanguins épanouissent sur les parois membra- neuses qui circonscrivent les cellules pulmonaires leurs ramifications les plus déliées, dans lesquelles le sang ac- quiert une couleur vermeille; changement que l'air, dans les cellules, opère, quoiqu'il n'entre point en contact im- médiat avec le sang. Cette dernière circonstance, celle du défaut de contact immédiat entre l'air et le sang, semble au premier aperçu fort extraordinaire; mais elle est précisément un moyen d'accélérer le change- ment du sang. Si l'on renferme du sang veineux dans de la baudruche humide, et qu'on le suspende ensuite au milieu d'une cloche pleine de gaz oxigène , on voit ce liquide rougir peu à peu à travers la mince mem- CHANGEMENT DE l'aIR DANS LA RESPIRATION. oS brane qui l'enveloppe. Ce phénomène tient à ce que le gaz oxigène est absorbé par l'eau de la membrane, à l'intérieur de laquelle il se trouve ainsi mis en contact avec le sang, dont il détermine le changement. Mais, dans cette expérience, le changement du sang ne va pas au-delà des parties qui sont en contact immédiat avec la baudruche, et la masse intérieure ne le subit que très-tard , ou même ne l'éprouve pas du tout. Dans les poumons, au contraire, la division extrême des vaisseaux fait que la masse entière du sang se trouve convertie en surface, ce qui n'aurait pas été possible s'il y avait eu contact immédiat entre ce liquide et l'air. Les chan- gemens chimiques qui ont lieu dans cette opération portent les uns sur l'air, et les autres sur le sang. a) Changement de l'air dans la respiration. Les premières expériences rationnelles sur l'action de l'air dans la respiration ont été faites par Lavoisier et Sé- guin. Ces deux chimistes ont trouvé que l'air expiré contient beaucoup plus d'acide carbonique et d'eau qu'il n'y en a dans l'air inspiré, qu'une partie du gaz oxigène de l'air a totalement disparu, et qu'elle est sortie du pou- mon sous la forme de gaz acide carbonique. I^avoisier conclut de là que , dans la respiration , l'oxigène de l'air débarrasse le sang d'une certaine quantité de car- bone et d'hydrogène, dont l'oxidation a pour résultat de lui faire reprendre sa couleur vermeille. Il déduisit de là aussi la cause de la chaleur, et depuis lors la respiration a été considérée comme la source principale de la chaleur animale. Lavoisier et Séguin cherchèrent aussi a déterminer dans quelles proportions ces chan- gemens ont lieu ; mais la connaissance des quantités relatives des principes constituans de l'air était trop incomplète encore pour que leurs expériences pussent conduire à des nombres exacts, Lavoisier trouva que le nitrogène de l'air est tout-à fait sans influence, et qu'il ne subit aucun changement dans la respiration ; mais ce résultat a été contredit depuis par H. Davy, Hen- derson et Pfaff , qui tous ont cru remarquer qu'il dis- 96 CHANGEMENT DE l'.MR DANS LA RESPIRATION. paraît une petite quantité du nitrogène de l'air inspiré. Cependant des expériences faites depuis ont prouvé le contraire, et fait voir qu'il se dégage un j^eu de ni- trogène du sang dans la respiration. Allen et Pepys ont entrepris en 1808 des recherches très-exactes et fort détaillées sur le changement que l'air éprouve dans la respiration. Le résultat principal en a été que, quoique le volume de l'air semble diminuer dans la respiration, cette diminution est si peu consi- dérable (elle s'élève tout au plus à | pour cent), qu'ils présument qu'on pourrait fort bien l'attribuer à une eri'eur d'observation, et qu'alors le volume de l'air ne diminuerait réellement point. Ils ont trouvé, au con- traire, que le gaz acide carbonique de nouvelle forma- tion remplaçait exactement le volume du gaz oxigène disparu; d'où ils conclui'cnt que Lavoisier et Séguin s'étaient trompés en admettant aussi l'oxidation de l'hy- drogène dans la respiration, puisque le gaz oxigène ne change pas de volume dans sa conversion en gaz acide carbonique, et qu'il n'en manque par consé([uent point ici qui puisse être combiné avec de l'hydrogène. Ils con- clurent encore de leurs expériences, qu'il n'y a point de gaz nitrogène absorbé, et que l'unique changement de l'air consiste en ce qu'une portion de son gaz oxigène se trouve transformée en gaz acide carbonique. Ils ont trouvé dans l'air expiré 8 à 8 ~ pour cent de gaz acide carbonique, qui pouvait aller jusqu'à 10 pour cent, quand le même air était inspiré et expiré plusieurs fois de suite, mais dont la quantité ne dépassait jamais ce terme, quelque long tcm[)s (ju'on continuât ensuite à respirer; mais alors la respiration devient pénible, et il disparaît du gaz oxigène, ainsi qu'une petite quantité de gaz ni- trogène, phénomène qu'ils ont d'ailleurs observé dans tous les cas où la lespiration était gênée. Voulant ré- soudre la question de savoir si le nitrogène de l'air est nécessaire aux animaux herbivores, pour fournir une portion de celui qui fait partie intégrante de leur corps, ils enfermèrent des cochons d'Inde dans de l'air atmo- CHANGEMENT DU SANG DANS LA RESPIRATION. QT jihérique, et examinèrent ensuite le chatigeinent (|ue ce dernier avait éprouvé. Il v avait eu du gaz oxigène con- verti en gaz acide carbonique , mais il n'avait pas dis- paru de gaz nitrogène. Allen et Pepys firent alors respi- rer du gaz oxigène aux animaux, et ils trouvèrent (jue du gaz nitrogène s'était mêlé à ce gaz oxigène, en quan- tité d'abord considérable, mais qui diminua peu à peu. Ils firent ensuite une atUK.splière ai'tificielle de quatre parties de gaz hydrogène et une de gaz oxigène, et y tinrent l'animai enfermé chacjue fois pendant une heure. Les mêmes pliénomènes reparurent dans cette expé- rience : l'air expiré contenait du gaz nitrogène en quan- tité peu à peu décroissante, mais cependant toujours assez considérable pour faire une fois à une fois et demie le volume de l'animal. Ces expériences furent répétées un nombre suffisant de fois, toujours avec le même ré- sultat, pour qu'il ne put pas rester de doute sur l'exac- titude des observations. Dans une expérience qu'ils firent vingt ans après sur des pigeons, Allen et Pepys trouvèrent que, dans le gaz oxigène pur, il est absorbé plus de ce gaz qu'il n'en faut pour produire l'acide car- bonique expiré, et (|ue, clans une atmns|)hère de (juatre parties de gaz hydrogène et d ime partie d'o\igène, il disparut une poi'tion du gaz hydrogène, (|ui fut rem- placée par une égale quantité de gaz nitrogène. Des expériences plus exactes encore ont été faites à ce sujet par Dulong. Des animaux tant carnivores qu her- bivores et des oiseaux fiirent introduits dans un appa- l'eil où ils pouvaient se mouvoir en toute liberté, ei (jui remplissait le double but de permettre non seule.nient ([u'on déterminât les changemens de quantité et de na- ture que l'air éprouvait dans la respiration, mais encore qu'on estimât la perte de chaleur des annnaux. Dulong trouva, de celte manière, que tous les animaux mis en expérience, savoir, un chien, un chat, un cavia (es- pèce de petit rongeur), un cochon d'Inde, un lapin, un épervier et un pigeon, enlevaient à l'air plus de gaz oxigène qu'ils n'en convertissaient en gaz acide carbo- VII. 2 qB changement du SA.NG DANS LA RFSPIR ATION, nique. Chez les liei'bivores, cette absorption troxigène s'élevait, terme moyen, jusqu'à un dixième de la quan- tité qui était convertie en gaz acide carbonicjue; chez les carnivores, la moindre quantité de gaz oxigène absorbé fut d un cinquième, et la plus forte d'une moitié de celle convertie en acide carbonique. Peu de tenqjs après Despretz entreprit des expériences analogues, qui paraissent avoir été faites avec la même précision. Ses résultats s'accordent avec ceux de Dalong. J'entrerai dans quelques détails sur ces expéiiences, lors- que je traiterai de la chaleur animale. Despretz pense qu'il paraît être hors de doute que du gaz nitrogène se dégage du sang dans la respiration, et il a trouvé que les animaux herbivores en donnent plus que les carni- vores. Dulong avait aussi remarqué ce dégagement de gaz nitrogène dans ses expériences ; mais il ne le consi- dérait pas comme un pliénomène parfaitement constaté. Lui et Despretz regardent comme possible que le gaz oxigène qui disparaît dans la respiration, se combine avec de Ihydrogène , ainsi que Lavoisier le présumait , et qu'il produise ainsi une portion de l'eau (jui s'échappe avec l'air expiré. Cela supposerait (|ue le sang des car- nivores présente à oxider une combinaison de carbone plus liydrogénée que celui des herbivoies. Le changemerit que le sang éprouve dans la respira- tion n'est pas connu au-del<à des conjectures que peut faire naître celui qui a lieu dans l'air. Toutes les sub- stances organiques humides ont la propriété , quand elles entrent en contact avec l'air, de convertir une par- tie de son oxigène en gaz acide caibonicjue, et nous avons vu que cela ari'lve aussi au sang hors du corps. Des physiologistes ont voulu prouver, il est vrai, par des expériences sur les animaux vivans, qu'après la section de la paire vague, le sang veineux ne s'artéiialise plus par la respiration; mais d'autres ont été jus{(u'à déca- piter des animaux, chez lesquels ils ont réussi à entretenir ensuite une respiration artificielle, en soufflant et pom- pant alternativement de l'air dans les poumons , de ma- CHANGFMENT DU SAIVC DANS LA P.ESPIR A.TI01V. Qf) nière à maintenir les mouvements du cœur, et ils disent avoir constaté que, par ce moyen, la conversion du sang veineux en sang artériel continuait à s'opérer. Des expéi-iences ont démontré en outre que, chez les animaux vertébrés, le principal effet de la réaction mu- tuelle entre l'air et le sang tombe sur la matière colo- rante. Le sérum sans matière colorante convertit bien également utîe portion de gaz oxigène eu gaz acide car- bonique; mais cette quantité est fort insignifiante, en cou'.paraison de celle qui disparaît quand le sérum est mêlé avec la matière colorante, dont la couleur brune passe au rouge-vermeil. On a cru qu'il s'effectuait aussi dans l'état d'oxidation du fer un changement qui contri- buait à celui de la couleur; mais ni la teinte de brun- noir, ni celle de rouge- vermiel ne sont d'une nuance que l'on puisse attribuer à la pi'ésence des oxides du fer. Il ne reste donc plus qu à admettre la seule chose certaine à laquelle conduise l'analvse de l'air, que la matière co- lorante du sang perd du carbone, et qu'en même temps elles'oxide ou perd de riiydrogène, car nous ne pouvons décider lequel des deux arrive. Mais il n'en reste pas moins toujours la question de savoir ce que la matière colorante a perdu en passant de l'état veineux à l'état artériel, ce qui a pu laisser une combinaison avec un si grand excès de carbone, question à laquelle nous ne pou- vons même pas répondre par des conjectures. Ceux qui ont déterminé la quantité de gaz acide car- bonique qui se produit dans les poiunons de 1 homme, sont bien arrivés à des résultats différens, mais seule- ment à des différences ne dépassant pas ce qui peut être la suite d'une inégalité dans la taille ou dans la capacité des poumons. Ainsi Menzies a trouvé qu'en vingt-quatre heui'es un homme convertissait 5i48o pouces cubes an- glais de gazoxigèiieen gazacidecat bonique;Davy, 4548o; Lavoisier et Séguin, 46037; Allen et Pepys, SvqGoo. Davy évaluait la quantité de carbone sortie du sang à 4853 grains anglais (12 onces); Allen et Pepys, à 5 .'48 grains (12 '^ onces). Ces quantités sont extraordinaires. Comme 7- îOOCHA.IfGEMENT DU SANG DANS LA RESPIRATION. on sait que nos alimens solides contiennent les | de leur poids d'eau, et que l'autre quart renferme rarement plus de la moitié de son poids de carbone, il faudrait déjà six livres et un quart d'alimens solides pour obtenir la quantité de carljone (jui s'échappe du coijis en vingt- quatre heures par la respiration. Si l'on ajoute' encore àcelaque la nourriture ne peut point être tellement décom- posée que tout son carbone se sépare à l'état d'acide carbonlcjue, et qu'en outre une portion du carbone entre dans l'urine et les excrétions, une si grande perte de car- bone par la respiration devient tout-à-fait incompréhen- sible, et elle me paraît indiquer dans les bases du calcul une erreur qui, multipliée un grand nombre de fois dans l'espace de vingt-qualre heures, a produit cette somme beaucoup trop forte. Si, dans le calcul de l'acide carbo- nique comparé au volume de l'air, on se trompe de quel- ques centièmes, si en même temps on fait erreur de quelques pouces cubes dair à chaque inspiration, et rien n'est plus facile, il résulte de là, pour les vingt-six mille inspirations qu'on fait en vingt-quatre heures, une erreur considérable dans le calcul. Quant à ce qni concerne la formation de l'acide car- bonique, on pourrait se figurer qu'il se forme dans le cours des opérations chimiques dont le corps est le théâ- tre, qu'il est dissous par le sang, que ce liquide l'en- traiue avec lui, et (|u'il s'exhale par la respiration pen- dant qu'une absorption réelle de gaz oxigène a lieu. En effet, le gaz acide carbonique noircit aussi le sang, comme font les acides en général, et l'on pourrait attri- buer à son dégagement la couleur vermeille que ce li- quide accjuiert. Mais les choses semblent ne point se passer ainsi; car alors il faudrait que le sang devînt ru- tilant dans tous les gaz au milieu descjuels le gaz acide carbonique pourrait se dégager. L'accord entre le volume du gaz oxigène consommé et celui du gaz acide carbo- nique ne pouriait alors point être aussi pi-ononcé chez l'homme qu'il l'est effectivement, et en outre on trou- \erait réellement de l'acide carbonique libre dissous CHANGEMENT DU SANG DANS LA RESPIRATION. 10 1 dans le sang. A la vérité, le même chimiste qui n'a point rencontré de fer dans la matière colorante du sang, a prétendu que chaque once de sang contient un pouce cube et demi ( poids et mesure anglais j de gaz acide car- bonique ; mais ces deux découvertes paraissent être ab- solument de même nature. Vogel a trouvé que le sang devient très-écumeux sous le récipient de la machine pneumati([ue, qu'il s'en dégage du gaz, et qu'eu faisant passer ce gaz à travers Teau de chaux, il se forme un peu de carbonate calci(|ue. Humphry Davy a rapporté aussi ( dans une expérience ancienne, faite en l 'ygc) ) que douze onces de sang artériel de veau, chauffées pendant une heure à une température de C)3°, exhalaient 1,8 pouce cube de gaz, dont i, i de gaz acide carbonique et o,'7 de gaz oxigène. Ces expériences, qui paraissent être des premières par lesquelles ce chimiste distin- gué commença à attirer sur lui l'attention du monde savant, n'ont certainement point été faites avec exac- titude, en ce qui concerne le dégagement de gaz oxi- gène: et quant à celui de gaz acide carboni(jue, on ne doit pas non plus y attacher beaucoup d'importance depuis qu'il a été montré par son frère cadet, Jean Davv, que du sang récennnent tiré de la veine ne donne aucune trace d(" gaz acide carbonique, soit dans le vide, soit quand on le chauffe dans un appareil distillatoire, jusqu'à ce qu'il se coagule. On sait généralement que le caillot du sang n'est point huileux, ce qui devrait être de toute nécessité si le sang contenait du gaz acide carboni(}ue libie, qui, par l'action de la chaleur, ten- drait à se dégager en bulles au milieu de la masse vis- queuse qui se coagule. En outre, j'ai déjà rapporté pré- cédemment l'expérience de Jean Davy, qui établit que le sang absorbe un quart de son voltnne de gaz acide car- bonique, qui se trouve combiné avec l'alcali contenu dans ce liquide, de sorte qu'on ne peut plus l'en dégager, même à une température de g 3°. H y a donc à con- clure de là que le gaz acide carbonique ne s'exhale point dans }es poumons, mais qu'il s'y forme, et que la I02CH1NGEJHENT DU SANG DANS LA RESPIRATION. respiration est réellement un acte de décarboni- sation. On doit encore citer comme une autre circonstance prouvant comhien est inexacte l'évaluation de la perte journalière de carljone dans la respiration, que la quan- tité de gaz acide carb(>ni([ue contenue dans l'air expiré non-seulement n'est pas la même chez des individus dif- fërens, mais encore varie suivant les circonstances chez un même individu. Davy a constaté que, dans ses expériences, l'air expiré contenait de 3,f)5 à 4i5 pour cent de gaz acide carbo- nique. Berthollet a trouvé 5,53 à i3,8; Allen et Pepys, 8 à 8,5; Menzies, 5; Prout, sur lui-même, 3,3 à 4iïi et sur une autre persoime, 4i^i Mnrray, 6,a à 6,5; Fyfe, 8,5; Jurine, lo. Il y a sans doute dans ces indi- cations des inexactitudes qui doivent être attribuées à des erreurs d'observation. Prout a remarqué en outre que c'est immédiatement après minuit qu'il se dégage le moins d'acide carbonique dans la respiration; que la quan- tité de ce gaz augmente un peu vers le matin , où elle com- mence h croître d'une manière bien sensible; qu'elle est plus considérable qu'en tout autre temps de la journée entre ii heures et i heure, et qu'ensuite elle diminue peu a. peu jusqu'à 6 ou 8 heures, époque à lafjuelle elle est très-proche de son minimum , qu'elle n'atteint ce- pendant que vers minuit. Il a trouvé aussi que le gaz acide carbonique se fornie en plus grande abondanc(; dans le repos complet de l'âme, quand on exécute de lé- gers mouvemens, surtout quand on commence à s'y livrer, et lorsque le baromètre est bas; et qu'au contraire il diminue dans les mouViemens violens, par l'effet des boissons spiritueuses, lorsque les alimens sont trop peu nourrissans, et dans les affections débilitantes de l'âme. Cependant la diminution du dégagement du gaz acide carbonique attribuée au mouvement violent et à l'usage des boissons spiritueuses pourrait fort bien n'être qu'ap- parente, puisque, en pareille circonstance, les inspirations se succèdent avec rapidité, et que l'air peut aloi's conte- CHANGKMENT DIT SANC DAMS LA RESPIRATION. Io3 nli- moins d'acide carbonique, quoi({ue an total le dégage- ment de ce gaz soit augmenté. La c|naiitité d'eau (jui s'exliale par la cespiiation n'a point ét(^ évaluée avec la même certitude (pie celle du gaz acide carbonique; mais elle doit varier suivant le degré de sécheiesse de l'air inspiré, et on pourra la calcider en toute assurance, dès cju'on connaîtra le nom- bre des inspirations dans nn temps donné, la quantité d'air qui se renouvelle à cliaque fois, et l'état liygio- méti'ique de l'atmospbère : car l'air expiré est toujours au maximum dbumidité à la température qu'il a prise dans le cor|)s, et cpi'on peut évaluer généralement à 36". Lavoisier et Séguin, qui ont cbercbé à déter- miner la quantité en poids d'eau expirée, ont trouvé qu'elle s'élevait, en vingt-quatre heures, à i3,'7o4 grains, ou environ a 5 pouces cidres. La cause qui fait (pie du nitrogène se dégage du sang dans la respii-ation est plus difficile h apercevoir. Les quan- tités qui s'en dégagent (juand on respire un gaz exempt de nitrogène, et qui vont toujours en diminuant, dé- pendent de ce que le sérum, comme toute eau quel- conque, a absorbé de l'air atmosphérique, dont le gaz iiiti'ogène est dégagé par le gaz étranger ({ui entre en contact avec le sang. j\Liis le nitrogène (pie le sang exhale dans kt respii'ation de lair atmospliérique doit avoir une autre origine. Parmi h.-s conjccLures qu'on peut établir à ce sujet, la moins invraisemblable me semble être celle que, tandis qu'il s'oxide du carbone et de l'hydrogène dans le poumon, une partie de nitro- gène qui était combiné auparavant avec eux, devient libre et s'échappe sous forme de gaz. On a remar(pié que, dans la respiration, l'air qui sort thi |:)oumon entraîne avec lui des matières animales vo- latilisées, et que l'eau condensée par le refroidissement de l'air expiré ne tarde pas, dans un vase qui ne lui permet point de s'évaporer, à devenir trouble et fétide par la putréfaction de ces înatières. L'air expiré peut entraîner en outre des substances volatiles qui s'étaient Io4 CHANGEMENT DU SANG DANS LA RESPIRATION. accidentel iement introduites dans le sang, comme de l'alcool, de l'éther, des gaz et autres semblables. L'haleine d'un homme qui a pris du vin, de l'oau-de-vie ou de rétluT, j)orte ordinairement à un degré sensible l'odeur de ces substances, et quand une personne est adonnée à l'abus de l'eau-de-vie de blé, on peut déjà, même à une grande distance d'elle, reconnaître danr l'air qu'elle expire l'odeur de l'huile volatile particulière à cette es- pèce d'eau-de-vie. Dans des expériences ayant pour but d'injecler dans les veines des animaux de petites quan- tités d'eau imprégnée de suUide hydri(|ue, ou de phos- phui'e d'hydrogène, l'air expiré répandait, au bout de quelques instans, l'odeiu" de ces gaz; et un chien, dans la veine crurale du([uel on injecta une dissolution de phosphore dans une huile grasse, exhala immédiatement après d'épaisses vapeurs d'acide phosphoreux. Michaelis a essayé de comparer la composition élé- mentaire des parties constituantes du sang à l'état ai'té- riel et à l'état veineux, dans la vue de découvrir par l'analyse quel changement la respiration imprime au sang. Je renvoie, jjour ce qui concerne cette compa- raison, à ce que j'ai dit de la composition élémentaire delafibi'ine et de l'albumine, et je me contenterai ici de rapporter les résultats de son analyse de la matière co- lorante : Ailéi'iel. Veineax. Nitrogène I7,?,53 1 7^392 Carbone 5i,38a 53,231 Hydrogène 8,354 7'?'^ Oxigène 23,oii 21,666 Les parties constituantes incombustibles de la matière colorante en ont été déduites. Si l'on pouvait admettre, contre toutes probabilités, qu'il ne s'est point glissé d'erreur notable d'observation dans ces indications , il s'ensuivrait manifestement que la matière colorante du sang artériel contient moins de carbone et plus d'oxigène que celle IlESPIRATIO:»f DANS LE GAZ OXIGÈNE. 1 o5 du sang veineux. Mais je crains c|iie cet accord entre l'analyse et les expériences sur le changement de l'air ne soit qu'une pure illusion. Il n'est point au pouvoir du chimiste de fixer l'état artériel du sans^ ; ce san^r a pris une teinte brune foncée avant qu'il l'ait pré- paré à l'analyse, de même que, d'un autre côté, !a ma- tière colorante veineuse est changée par l'air au contact duquel elle se trouve exposée. Les expériences de Mi- chaelis indiquent en outre une moindre quantité d'hy- drogène dans le sang veineux. Ce doit être là une erreur d observation ; car on ne conçoit pas comment la proportion de l'hydrogène pourrait augmenter dans la matière colorante par le fait de ia respiration. 11 est incontestable que les méthodes d'investigation qu'on ap- plique à ces objets n'ont point encore accjuis le degré de précision qu'elles devraient avoir pour conduite à des résultats de cette nature. La respiration dans d autres gciz. a) Dans le gaz oxiqène. On a prétendu que l'inspiration du gaz oxigène déterminait un changement trop considérable du sang; qu'il résultait de là que ce liquide ne se convertissait point en sang veineux dans les vaisseaux capillaii-es, mais revenait vermeil et artériel par les veines; qu'en même temps les poumons étaient pris d'une vive in- flammation, et qu'il s'y manifestait des taches de gan- grène; que tous les organes acquéraient une teinte de rouge-vif, etc. jMais ces assertions paraissent être exa- gérées. D'après A,llen et Pepys, il ne survint aucun acci- dent chez un homme qui respira de Toxigène au lieu d'air atmosphérique; mais on trouva dans l'air expii'é onze à douze pour cent de gaz acide carbonique, ce qui annonce que le sang avait subi dans le poumon \\\\ chan- gement plus considérable sous le rapport de la quantité. Lavoisier et Séguin laissèrent des cochons d'Inde pendant vingt-quatre heures dans du gaz oxigène, sans qu'ils pa- russent le moins du monde s'y trouver mal à leui" aise, et sans que le dégagement du gaz acide carbonique fût plus grand qu'il ne semblait l'avoir été dans l'air durant le lOÔRESPIRlTlOiy DANS LE GAZ NITROG. ET HYDROG. même laps de temps. Allen et Pepys ont remarqué qu'un pigeon plongé dans le gaz oxigène y devenait agile au bout de queUpie tenij)s, et qu'il produisait moins de gaz acide carbonique que dans Tair atmosphérique, mais que tout malaise cessait en lui dès qu'on le remit à l'air. On a essayé de faire insj)iier du £jaz oxigène à des plitlii- siques,dans l'espoir de suppléer à l'insuffisance du chan- gement du sang résultant de la tlestruction d'une grande parlie de leur poumon; mais l'expérience a appris que l'effet de ce moyen ne tournait point à l'avantage du ma- lade, et qu'au contraire l'influence du gaz oxigène sur la portion suppurante du poumon hâtait les progrès de la maladie. b) Dans le gaz nitrogène. Un animal peut respirer pendant un couit espace de temps dans le gaz nitrogène: ce gaz paraît n'exercer aucune influence. Mais comme le changement que le gaz oxigène imprime au sang dans la respiration est indispensable au maintien de la vie, l'animal meurt avec du sang veineux dans le ven- tricule gauche du cœur, fîès que la portion d'oxigènS que contenait l'air renfeiMué datîs les poumons, a été en partie entraînée par le gaz nitrogène expiré, en parlie convertie en acide carbonique. c) Dans le gaz hydrogène. Les phénomènes sont absolument semblables ici ; mais, comme le gaz hydro- gène chasse le nitrogène({ui fait partie du sang, et prend sa place, il paraît se manifester quelques ef^féts parti- culiers à ce gaz. Cependant on ne peut point les aper- cevoir dans la respiration du gaz hydrogène pur, parce que l'asphyxie survient avant qu ils se soient déclarés. Lorstju'AlKn et Pepys firent respirer des cochons d'Inde dans une atmosphère de quatre parties de gaz hydrogène et une partie de gaz oxigène, ces animaux ne tardèrent pas àêtreplongés dans un état d'assoupissement, et tombèrent dans le sonnneil, sans que du reste aucun symptôme de maladie se maîufestât en eux. Dans une expérience faite à Stockholm par Charles de \yetterstedt, qui laissa res- pirer pendant un quart d'heure un mélange d'une partie RESriR. DANS LE GAZ OXIDF. NITR. ET ACIDE CARB. 107 (le gaz oxigène et de quatre parties de gaz hydrogène à une fille de vingt ans atteinte de phthisie pulmonaire, il arriva presque chaque fois que la malade , jus(|u'alors tourmentée par l'insomnie, fut prise d'envies de doi-mir, et tomba dans un sommeil paisible, sans que du reste aucun changement survînt dans la marche de la maladie. Quand un homme fait quelques inspirations dans du gaz hydrogène, et expire ensuite en parlant, sa voix, subit une altération, parce cpie le gaz hydrogène est beaucoup moins dense f[ue l'air atmosphérique. d) Dans le gaz oxide nitreux. Les effets enivrans de ce gaz sont connus; il en a déjà été question T. II, p. 49-) t!t je ne crois pas nécessaire de les répéter ici. Quand on respu'e ce gaz, il s'en dissout une grande partie dans le sang, qui devient pourpre, ce ([ui donne à la face et aux lèvres la couleur de celles d'un mort; il se dégage du sang du gaz nitrogène et un peu de gaz acide carbonique; ce dernier provient, pour la plus grande partie, de l'air atmosphérique qui restait dans les cellules pulmonaires au commencement de l'expérience. e) Dans le gaz acide carbonique. Les animaux , même les insectes, une mouche par exemple, y périssent très- promptement , et la glotte, c'est-à-dire l'ouverture de la trachée-artère, se resserre d'une manière spasmodique, à l'entrée du gaz. L'air atmosi)hérique, qui contient plus de dix pour cent de son volume de gaz acide carbo- nique, ne tarde pas à produire l'asphyxie. Un animal qui semble être mort, parce qu'il a été asphyxié dans le gaz acide carbonique, se ranime quand on l'expose à l'air libre, ainsi (pi'on le sait d'après l'expérience si connue de la grotte du Chien près de Naples, à la partie inférieure de laquelle règne un courant con- tinuel de gaz acide carbonique, dans lequel on asphyxie des chiens, qui reviennent peu à peu à la vie dès qu'on les porte à l'air. I^e gaz oxide carbonique et le gaz carbure tétra-hjdrlque causent tous deux l'asphyxie quand ils sont concentrés, à tel point que même des mouches y périssent très-promptenient , d'après les expé- I08 RESPIUATrON D4IVS LE GAZ SULFIDE HYDRIQUE. riences de M. Davy. Mais lorsqu'ils sont mêlés avec de l'air, ils ne paraissent point exercer d'influence : ce dont la meilleure preuve est, par rapport au gaz carbure tétra- hydrique, que des hommes pt-uvent vivre, sans incon- vénient pour leur s.uité, au milieu des mélanges explo- sifs de ce gaz et d'air atn!OS|)h(>rique, dont les déflagra- tions sont si souvent une cause de grands malheurs et de désastres considérahies, surtout dans les mines de houille d'Angleterre. f) Dans le gaz saJfide hydrique. (>e gaz est un des plus nuisibles, quand on le respire un peu concentré. Pur, il est absolument mortel. L'air qui en contient peut , lorscju'il ne tue pas sur-le-champ , déterminer dans le poumon des accidens inflammatoires et suscep- tibles de causer la mort, ce dont on a vu des exem- ples, entre autres, chez les ouvriers qui mastiquent inté- rieurement les chaudières des machines à vapeur, le mastic, quek[ue temps après son application, dégageant tout à coup du gaz sulfide hydrique au moment où il durcit. Lorsque ce dégagement arrive avant que l'ou- vrier soit sorti, il court risque, même s'il sort vivant, d'être atteint d'une inflanunaîion dangereuse de poi- ti'ine. D'après Thénard , im oiseau, par exemple un pinson, meurt sur-le-champ dans de l'air qui ne con- tient qu'un quinze centième de son volume de sulfide hydrique; il ne faut qu'un huit centième du volume de l'air de sulfide hydrique, pour faire périr un chien, et un deux cent cinquantième pour tuer un cheval. Ce gaz se dégage souvent en grande quantité dans les labora- toires, pendant les expériences de chimie, et fréquem- ment son odeur y rend l'air insupportable : cependant je n'en ai jamais ressenti aucune atteinte à la santé (i). (i)La meilleure précaution que puisse prendre celui qui re- doute l'inspiration de ce g;;z, consiste à disposer l'appareil de manière que le courant du gaz en excès puisse s'enflammer et brûler, en le dirigeant dans le canal cylindrique d'une lampe d'Argand ordinaire, RESP. DANS LES DIFFÉll. CL. DU RKGNE ANIMAL. I OQ La plupart des autres gaz, le chlore, le gaz o.vide nitrique (i), les gaz acides du soufre, du chlore et du fluor, le gaz ammoniaque, etc. , excitent la loux quand on les respire en petite fpiantile, et produisent infailli- blement la mort lorscprils sont plus ahondans. Les |)ois- sons mis dans l'eau imprégnée de ces gaz périssent après avoir fermé leurs branchies. Respiration dans les dij/é rentes classes du règne animal. La respiration des mammifères et celle des oiseaux s'exécutent de la même manière; seulement les oiseaux sont plus sensibles à la présence des gaz étran- gers et à la diminution de la quantité d'oxigène dans l'air. De leur poumon l'air passe dans quek[ues-uns de leurs os longs, oii il remplace par consé- quent la moelle, aOn de rendre le corps de l'animal plus léger. Les mammifères qui se creusent des retrai- tes sous terre, comme, par exemple, la taupe, les mulots, supportent sans inconvénient une atmosphère qui a perdu tant de gaz oxigène qu'elle tuerait sur-le- champ un oiseau. Ceux qui vivent dans l'eau et sous l'eau offrent dans la structure de leur système vascu- laire certaines particularités qui permettent à la circu- lation de s'accomplir , sans que la masse entière du sang ait besoin de traverser le pounîon quand ils se (i)Ce gaz détermine également une sensation de constriction dans le gosier, d'après les expériences de H. D?vy, qui , après avoir chassé l'air du poumon au moven du gaz oxide nitreux, no put parvenir à le respirer, parce que la glolto se resseriait spasmodiquement : lorsqu'ensuife il respira de l'air, la membrane interne de la bouche et du nez fut tellement attaquée par l'acide nitreux, qu'il reconnut bien le danger de répéter une semblable expérience. (La science doit à ce cliimisfe ce qu'elle sait de plus important à l'égard de l'influence que les gaz nuisibles exercent sur la respiration; mais il lut plus d une fois sur le point de de- venir la victime de son zèle pour elle.) Priestley satura de l'eau purgée d'air avec du gaz oxide nitri([ue, el y mit des poissons, qui y vécui'ent dix à quinze minutes; niais, dès qu'il y ajoutait la moindre quantité d'air atmosphérique, ces animau.x. périssaient de suite dans des mouvements convulsifs. ï 10 RESP. DANS LES DIFFÉR. CL, DU RÈGNE ANIMAL. trouvent sous l'eau, l^e fœtus des mammifères et l'em- bryon dans l'œuf des oiseaux ont aussi du sang artériel et du sang veineux; mais la conversion du sang veineux en artériel n'a pas lieu dans les poumons : ceux-ci ne contiennent poiiU encore d'air, et le changement s'effectue d'une autre manière. Le fœtus des mammifè- res nage dans un liquide par la région du corps où se forme ensuite le nombril, et d'où part le cordon ombilical qui va de là gagner le placenta, masse entièrement formée d'une trame de vaisseaux sanguins, et fixée à la face interne de la matrice. Le cordon ombilical contient deux artères qui portent du sang veineux au placenta, et une veine qui ramène de là du sang ar- tériel au fœtus. Du système artériel de la mère part une artère pleine de sang artériel, dont les ramifi- cations se terminent dans le placenta par des petites cellules qui sont remplies de sang artériel, dans les- quelles ce sang devient veineux, et d'où il retourne en- suite par des veines. Du coté du fœtus les artères du cordon ombilical se divisent également en petites cel- lules, qui sont pleines de sang veineux; ces cellides al- ternent avec celles de la mère, et n'en sont séparées que par des pan^s milices; mais il n'y a pas de communi- cation immédiate entre elles et ces dernières, d'autant moins que les globules du sang maternel ne conviennent pas à celui du fœtus , chez lequel ils sont essentielle- ment plus gros. En traversant ainsi le placenta, le sang de la mère communique les qualités artérielles à celui du fœtus, qui, après les avoir acquises, revient par la veine ombilicale, lofais le changement que subit ici le sang du fœtus est beaucoiip moins visible que celui qui la lieu dans le poumon, et à peine remarque-l-on que le sang artériel du fœtus ait pris une teinte un peu plus claire. Cependant il a de l'importance pour la vie, puisque le fœtus meurt quand on lie le coi-don ombili- cal avant cpi'il soit né et puisse respirer, quoique le système vasculaire soit construit de manière à ne point gêner la libre circulation du sang. Chez l'embryon des RESP. DANS LES DIFFF.R. CL. DU Ri:C\F ANIMAL. T 1 l oiseaux, la conversion du sang en arlériel est beaucoup plus visible. Les vaisseaux du cordon ombilical se ren- dent à la membrane qui enveloppe le blanc de l'œuf au- dessous de la coijuille; ds s'y ramifient, et le sang rou- git dans leur inlérieiu', au moyen de l'air qui pénètre par les pores nombreux de la cocpiiile. Si l'on enduit cette dernière d'buile ou d'une solution de gomme, les pores se trouvent boucbés, et Tembryon meurt j)arce que l'artérialisalion du sang cesse d'avoir lieu. Tant que le fœtus n'a point encore respiré, le sang circulecliezlui d'une manière un peu différente decelle qui a lieu cbez l'adulte. La cloison qui sépare les deux oreillettes du cœur offre une ouvertm-e qu'on désigne sous le nom de trou ovale : il existe aussi, entre l'artère du ventricule droit et celle du gauche, immédiatement derrière le cœur, un gros vaisseau de communication, appelé canal arlériel, au moyen duquel le sang est chassé par les deux ventri- cules suivant la même direction. jMais une fois que le fœtus a respiré, le sang passe avec tant de facilité du ventricule droit dans les poumons, que ces deux voies de communication ne tardent point à s'oblitéier. Lors- qu'elles demeurent libres, ce qui arrive dans quelques cas rares, l'individu a une apparence maladive, un teint plombé et les lèvres d'un bleu -noirâtre, ce qui tient à ce que son sang ne s'artérialise jamais conjplètement. La plupart de ceux chez lesquels celte anomalie se rencon- tre périssent encoi-e jeunes. La respn'ation des reptiles a beaucoup d'analogie avec celle des mammifères et des oiseaux. Ces animaux res- pirent également par des poumons. Les grenouilles for- cent l'air à entrer dans leurs poumons et à en sortir, au moyen de la pression qu'exerce un large muscle inséré à leur mâchoire inférieure : quand on coupe ce muscle, elles ne peuvent plus respirer. Le sang des reptiles change 1 air absolument de la même manière que celui des animaux précédens, mais ils peuvent vivre plus long-temps dans une atmosphère qui ne contient point d'oxigène. Les gre- nouilles et les tortues vivent quelque temps dans le vide ; 112 RESP. DANS LES BIFFER. CL. DU REGNE ANIMAL. mais elles finissent par périr, quand Texpérience se pro- longe trop. Les poissons, ne vivant pas dans l'air, sont pourvus d'un appareil respiratoire dont le mode d'action a de l'analogie avec ce qu'on observe chez le fœtus des n)am- mifères. Leur sang veineux, arrive à des organes spé- ciaux, appelés branchies, qui se composent de cinq corps placés sous chaque mâchoire, ayant la forme d'arc et frangés, dans l'intérieur desquels il rougit par l'action de l'air atmosphérique contenu dans l'eau La respiration des poissons a été étudiée avec un soin particulier par Humboldt et Provençal , qui ont trouvé que ces animaux convertissent l'oxigène de lair contenu dans l'eau, en gaz acide carbonique, mais que, dans cette opération, il dis- paraît plus de gaz oxigène qu'il ne se dégage d'acide carbonique. Ils ont cru reconnaître aussi, d'une manière positive, que du nitrogène disparaît. Ils ont trouvé que l'eau de la Seine, avec laquelle furent faites leurs expé- riences, conlenait o,0'^G6 à 0,0287 ^^^ ^°" volume d'air atmosphérique, dans lequel l'oxigène s'élevait à o,3o6 — 0,3 1 4 du volume de l'air, c'est-à-dire à 0,0086 de celui de l'eau. Le gaz acide carbonique dans l'eau s'éle- vait à 0,06 (quelquefois même o,ii ) du volume de l'air obtenu par l'ébullition, par conséquent à y^- seulement de celui de l'eau. Les expériences furent faites §ur des tanches. Ils ont constaté que, sur 100 parties d'air, il en disparaissait 2'2,8, i3,6, ■-i3,4-. i5,5, 17,4, 2'^, 8, suivant la durée de l'expérience et le nosnbredes poissons. L'oxi- gène absorbé était à l'acide carbonique produit dans la proportion de i à 0,67, 0,80, o, gr, 0,20, o,5o, etc., et la quantité de ce même oxigène à celle du nitrogène dis- paru dans celle de i à o,43, 0,87, o,4o, 0,19, 0,71, o,63, etc. La diversité de ces quantités relatives indique bien positivement vme différence dans l'action que les poissons exercent sur l'air, suivant les jours, le temps, et peut-être aussi leur état de santé. Je vais rapporter ici une de ces expériences en détail; RESP. DAIVS LFS DIFFKK. CL. DTJ RÈGNE ANIMAL. I I '^ ;Oxii,'ène, Sa,! L'air avant l'cxpcricnce. 17^,0 1 Nitroj^ène, ^i^^O (Acide carbonique, 7,0 /Oxi^^ène, 5,o L'air après l'expérience i35,i • ?v'itrogène, ^5,8 ( yVcide carbonique, 33,7 Différence. 39,9. Il avait donc été absorbé ^6,5 d'oxigène, dont on retrouva 26,7 converti en acide carbonique; par consé- quent 11 en avait disparu 19,8; il avait été absorbé 20,1 de nitrogènc. L'expérience dura cinq heures quinze mi- nutes, et fut faite sur trois tanches. L'eau était renfer- mée dans une cloche de verre, sur du mercure, à travers lequel on y fil passer les poissons. Ce qui prouve que du nitrogène est réellement absorbé, et que ce corps est né- cessaire pour la vie des poissons, c'est qu'ils ont trouve que des poissons mis dans de l'eau préalablement bouillie et ensuite imprégnée d'un mélange d'une partie de gaz oxigène et de deux parties de gaz hydrogène, absor- baient à la vérité beaucoup d'oxigène, mais ne lardaient pas à périr, sans que la proportion de l'hydrogène eût changé. Cet objet mérite de plus amples recherches, car la confirmation d'un pareil fait paraît être d'une grande importance pour la physiologie. — Les poissons meurent dans l'eau purgée d'air, ou dans celle qu'ils ont ha- bitée long-temps, lorsque le gaz oxigène consommé par eux ne peut pas être remplacé. C'est ce qu'on voit dans les lacs dont la surface reste gelée pendant long-temps, où les poissons périssent quelquefois faute d'air, et où ils se rassemblent pour respirer autour d'une ouverture faite à la glace, dans laquelle on peut les prendre aisé- ment, même à la main. Plusieurs poissons, par exemple la gibèle, peuvent se passer du renouvellement de l'air dans l'eau, pendant tout fliiver que sont gelés les étangs ([u'ils habitent. Le coùitis /os.silis , qui se tient principa- lenient dans la vase au fond de la mer, oii le gaz oxigène contenu dans leau est sans cesse consommé, va prendre de l'air dans sa bouche à la surface de l'eau, suivant Erman, et l'avale, ce qui fait rougir les vaisseaux du VIL 8 I l4 RKSP. DANS LES DIFFÉR. CL. DU REGNE ANIMAL. canal intestinal ; Tair dépouillé d'oxigène sort ensuite par l'anus. Dès que ce poisson se trouve dans de l'eau lim- pide, il respire avec ses branchies. Les poissons ont encore un organe à air, qui ne paraît cependant pas appartenir d'une manière exclusive à la respiration. C'est la vessie natatoire, qui semble destinée à changer la pesanteur spécifique de l'animal, en se resserrant et se dilatant. Le gaz qu'elle renferme est de l'air atmosphérique; mais, d'a])rès Erman, cet air est dé- pouillé, chez les poissons des lacs d'eau douce , d'une por- tion considérable de son oxigène, qui varie suivant les individus. Biot a trouvé, au contraire, que les poissons marins, qui vivent à une grande profondeur, ont, dans leur vessie natatoire, de l'air contenant pkis de gaz oxi- gènequedegaznitrogène,de6c)à87pourcentdupreniier. Humboldt et Provençal ont reconnu que des poissons auxquels on avait enlevé la vessie natatoire absorbaient bien de l'oxigène dans l'eau, mais ne produisaient point d'acide carbonique. Ils ont laissé indécise la question de savoir si ce phénomène est la conséquence de I état maladif dans lequel la soustraction de la vessie natatoire plonge l'animal, ou si l'absence de cet organe y contribue aussi pour sa part. Les insectes respirent au moyeu d'ouvertures sur les cotés du corps, p:\v lesquelles l'aii- jM'uètre dans des conduits aériens particuliers, qui se rendent à plusieurs parties du corps. Si l'on bouche ces ouvertures avec de l'huile, les insectes ne tardent pas à périr, quoique la plupart d'entre eux puissent vivre t:ès-Iong-temps dans le vide. Scheele, Yauquelin et Hausmann ont prouvé qu'ils convertissent une partie du gaz oxigène de l'air en gaz acide carbonique. Spallanzani et Hausmann ont fait, relativement à l'action que les vers exercent sur l'air, des expériences dont les lésultats sont les mêmes que pour les insectes. Les organes respiratoires de ces animaux ne sont pas encore bien connus. Spallanzani a cru trouver qu'ils ab- sorbaient en même temps du gaz nitrogène , ce qui exi- gerait sans doute un nouvel examen. CHALKTJR ANIMALE. Il5 Plusieurs larves d'insectes vivent dans des masses en putréfaction de matières végétales et animales cjui ne peuvent point contenir de gaz oxigène libre. J'ai vu de ces larves vivre et prospérer dans des sources dont l'eau contenait du carbonate ferreux et un peu de gaz sulfide hvdrique. Evidemment donc l'influence du gaz oxigène est moins nécessaire aux animaux des classes infé- rieures qu'à ceux des classes supérieures. 4. Chaleur animale. Les mammifères et les oiseaux ont, comme l'on sait, une température supérieure à celle du milieu dans le- quel ils vivent, et qu'ils écliauffent continuellement, en même temps qu'ils sont rafraîchis par lui. Mais com- ment la chaleur se dégage-t-elle chez eux, de manière à maintenir constamment leur température au même de- gré .-* c'est ce que nous ignorons encore tout-à-fait, mal- gré les nombreuses expériences qui ont été faites à ce sujet. Le motif qui me détermine à traiter de la chaleur animale après avoir parlé du sang et de la respiration, est qu'on a voulu trouver la cause du dégagement de cette chaleur dans les phénomènes respiratoires, ce qui rattache par conséquent les recherches dont celle-ci a pu être l'objet, à la théorie de la respiration. Les différentes espèces animales ont une température intérieure^ diverse. Celle des oiseaux est généralement plus élevée que celle des mammifères. La température intérieure d'un homme bien portant varie entre 36^,5 et S-yO, et lorsque la température de l'air ambiant s'ér lève à un degré extraordinaire, par exemole, à 28° jusqu'à 32°, celle du corps peut monter jusqu'à 30°; mais alors elle est toujours accompagnée d'un malaise interne général, d'un sentiment de faiblesse, et d'une grande propension au repos. Ce résultat est exactement le même, d'après les expériences de Jean Davv, et pour l'habitant des climats chauds et pour celui des pavs froids; de sorte que, dans l'état de santé, la température inté- 8. Il6 CHALEUR ANIMALE. rieure du corps est la même pour l'un et pour l'autre. L'âge 1)6 parait pas non plus causer de différence es- sentielle à cet égard , si ce n'est que les nouveau-nés ont une température un peu plus basse. La table suivante présente le résultat des reclierches de Despretz sur la température intérieure des différentes espèces d'animaux. Lorsque plusieurs individus s'y trou- vent cités, le résultat est la température moyenne de tous. 9 hommes âgés de 3o ans 87", 14 4 hommes âgés de 68 ans 3 7^,1 3 4 jeunes gens de 18 ans 36°,gg 3 enfans âgés de i à 2 jonrs 35°, 06 Un chien de 3 mois 39",48 Un chat adulte 39°,78 Un cochon d'Inde 35*^,76 4 chats-huans 40°, 91 1 corbeaux 4 2^,9 1 3 pigeons 4'-°»98 Un momeau franc adulte t\i^,gQ 3 jeunes moineaux francs nouvellement couverts de plumes 39°, 08 Un bruant ( cmbcriza citriiiclld) 42°>^8 Dans le travail que Lavoisier et Laplace ont entre- pris pour connaître la quantité de cbaleur qui se dégage par la conversion d'un poids donné de cbarbon en acide carbonique, ces pliysiciens disent que, quand un animal se trouve dans un état de repos continuel , sans être troublé en rien par le milieu ambiant , que les circonstances au milieu desquelles il vit ne changent point ses liquides , et que l'économie animale peut suivre sa marche pendant plusieurs heures de suite sans que rien la dérange, le maintien de sa température est, en grande partie au moins, le résultat de la chaleur produite par la combinaison de l'air pur inspiré avec le radical, piovenant du sang, de l'acide carbonique qu'on trouve dans l'air expiré. Crawford a tenté de prouver que la cause du dégagement et de la distribution de la chaleur dans le corps tient à ce que la chaleur spéci- fique du sang artériel est supérieure à celle du sang CHALEUR ANIMALE. un veineux, à peu près comme 1 1 , 5 : lOj o ; d'où il ar- rive que, quand, dans la respiration, de Toxigène est consommé et de la chaleur dégagée, celle-ci sert à en- tretenir la température du sang artériel , et devient ensuite libre dans toutes les parties, lorsque le sang artériel se convertit en sang veineux. IVIais lorsqu'il essaya de comparer la quantité de chaleur c[ui se déve- loppe par la formation de l'acide carbonique dans la combustion de la cire, avec celle qui se dégage dans le corps animal pendant qu'une quantité correspondante de carbone se convertit en acide carbonique par l'acte de la respiration, il crut trouvei' la chaleur produite par cette dernière un peu plus faible, de manière , par conséquent, qu'une certaine quantité de celle qui, d'a- près son opinion , aurait dû se dégager dans la respira- tion, aurait disparu complètement, et cela, comme il crut le découvrir, parce que les parties du corps qui transforment le sang artériel en sang veineux subissent un changement dont l'effet est de rendre en elles la chaleur spécifique plus considérable, ce qui fait qu'une partie du calorique qui aurait dû se dégager passe à l'état latent. Mais des expériences que Jean Davy a faites pour constater jusqu'à quel point cette assertion était exacte, ont appris que, s'il existe réellement une différence dans la chaleur spécifique, elle doit être fort peu considérable, qu'elle peut au plus être dans la proportion de io,ii à 10,00, et que C>ra\vford avait été induit en erreur par les méthodes incomplètes dont il s'était servi. Du reste , à toutes les théories ayant pour but d'explifjuer la chaleur animale par la formation de l'acide carbonique dans les poumons, on peut faire cette grave objection , que la température des poumons n'est pas sensiblement plus élevée que celle des autres parties intéi'ieures du corps (i\ (1) Jean Davy croit cependant avoir trouvé que, dans le bœuf et la brebis, le san^ artériel du ventricule gauche du cœur est d'un tiers de degré à un degré entier plus chaud que le sang veineux qui passe dans le ventricule droit. Il8 CHALEUR ANIMALE. Brodie a iliit voir, en outre, qu'après avoir coupé la tête a un animal, ou peut encore entretenir cliez lui la respiration, et en même temps la circulation; que de cette manière le sang veineux continue à s'artérialiser dans les poumons , et à y convertir du gaz oxigène en acide carbonique, maisqu'il ne se développe point de chaleur; et que, quand, à coté de cet animal, on en place un autre de la même espèce auquel la tête a été coupée en mêuje temps, on trouve que celui chez lequel la res- piration a été entretenue artificiellement se refroidit avec plus de promptitude que l'autre, parce que l'air, qui entre froid dans les pouuions et en sort chaud, le rafraîchit. Brodie a conclu de ces exj)ériences que la respiration n'est point innnédiatement la cause de la chaleur animale, mais que celle-ci, comme tous les autres phénomènes de la vie, repose sur le concours du système nerveux. Legallois objecta contre cette as- sertion , qu'après la section des nerfs de la huitième paire les poumons s'engorgent de sang, que la respi- ration en est gênée, et que, quoique une portion du sang s'ai'térialise, elle ne reprend cependant plus le caractère veineux, mais nîvient à l'état artériel par les veines. Dans une expérience oli il fit respirer des ani- maux au milieu d'un air raréfié, il trouva que la tem- pérature ordinaire ne se conservait .pas aussi bien que sous la pression ordinaire; et en général il tira de SCS expérience la conclusion que, toutes les fois que la respiration vient à être gênée, l'animal éprouve une diminution de sa chaleur intérieure, ce qui n'empêche cependant pas , suivant lui, que, connue l'avaient déjà observé Allen et Pepys, il disparaisse beaucoup du gaz oxigène qui a été inspiré. Chossat a poussé plus loin encore les recherches sur ce sujet. Il a fait voir que des lésions mortelles du cer- veau , malgré lesquelles la circulation et la respiration con- tinuent cependant encore à s'accomplir, sont accompa- gnées d'un refroidissement proportionnel à celui qu'é- prouve un animal dont on a coupé la tête et chez lequel on a entretenu la respiration par des moyens artificiels. Il fit, à CHALEUR ANIMALK. I IQ la partie moyenne du cerveau d'un gros chien, une incision s étendant d'un côté à l'autre , et pénétrant depuis le som- met de l'organe iMS(|u'à la base du crâne. La respiration et la circulation continuèrent, et l'animal périt au bout de douze heures, après s'être refroidi comme je \iens de le dire. Chossat trouva que le refroidissement était une suite de la section ou de la lésion des nerfs de la huitième paire, et que l'animal se refroidissait d'autant plus vite (]u'on coupait la moelle éjjinièrc plus près du cerveau, et vice versa. Quand la section n'est pratiquée qu'entre la quatrième et la cinquième vertèbre dorsale, il se déclare d'abord un état fébrile, avec augmentation de chaleur, et le refroidissement n'arrive qu'ensuite, à une époque d'autant plus éloignée qu'on a coupé la moelle plus bas. Dans une des expériences où la moelle épinière fut coupée, sur un chien, entre les vertèbres du cou, il lia en même temps l'aorte descendante, c'est-à-dire la grosse arsère qui sort du ventricule gauche du cœur, et plaça la ligature au-dessous du point où ce vaisseau donne les branches destinées à la tête et aux. extrémités, supérieures. lAunmal se trouva ainsi divisé en deux moi- tiés : la postérieure absokunent morte , et l'antérieure vivant encore par la respiration et la circulation du sang. Chossat explora la température des deux moitiés en y plongeant un thermomètre, et trouva, ce qui s'accorde parfaitement avec les assertions de Brodie, que, pendant la première période, la température tomba de 2^,5 par heure, mais qu'elle baissa beaucouj) plus dans la moitié anté- rieure, où la respiration continuait encore, de sorte que la postérieure fut constamment de sept à huit dixièmes de degré plus chaude que l'antérieure, phénomène dû au refroidissement plus rapide que déterminait le renou- vellement de l'air dans le poumon. Ces expériences p: naissent donc confirmer la conclu- sion de Brodie, savoir, que le dégagement de chaleur appartient d'une manière immédiate au système ner- veux, et en particulier à la huitième paire de nerfs ou paire vague, et qu'il constitue une des fonctions de oc système. * I30 CHALEUR ANIMALE. D'autres expériences sur le même sujet ont fait voir que des animaux placés clans des situations forcées, non naturelles, par exemple attaches sur le dos, sans du reste éprouver aucune lésion, ne pouvaient maintenir leur température, mais commençaient à se refroidir, ce qui , à coup sûr , parle également en faveur de l'in- fluence du système nerveux. Ajoutons encore qu'on voit souvent diverses parties du corps d'un même in- dividu, n'avoir pas le même degré de chaleur. Une partie paralysée est le plus souvent moins chaude que les par- ties saines, et la température est plus élevée dans celle qui est le siège d'une inflammation que dans les autres. Cependant la quantité de glohules contenus dans le sang, la rapidité avec laquelle celui-ci circule, et la fré- quence de la respiration, paraissent avoir certaines con- nexions avec la température des animaux. Les oiseaux , qui ont le plus de globules du sang, sont aussi ceux chez les- quels la température est le plus élevée et la respiration le plus active. Après eux viennent les mammifères, entre le nombre des globules du sang desquels et celui des poissons et des reptiles (comparez, p. 77) qui ont la température du milieu ambiant, la différence se ré- duit presque à rien. Dumas et Prévost, par qui l'atten- tion des physiologistes a été dirigée sur ce rapport, ont publié à cet égard les comparaisons suivantes : ANIMAUX. GLOBULES dans 100 de sang. TEMPÉRATURE moyenne. PULSATIONS par nilniile. RESPIRATIONS par minute. Pigeon 15,57 15,71 15, fil 14,(i(i i;i,2(> 12,1)2 I2,.S0 I2,;!S 10,2(1 9,:i.S 9,20 »,00 41,5 4 '-',5 42.5 44,0 ;i5,5 37, ;w, .•37,4 .38,5 .■îa,2 38, 38, 13G 140 110 110 2(10 90 72 I ÎO 00 100 8i 120 oG 30 Coq C.anaid 21 Ilérnii •)•) Sirniu callilriclie.. Homme (:och(,ii .rimlc. . , CKieri 30 18 30 Cliat ''i ClièTre l.irvri- r.lifvAl 24 3(j 16 Brebis CHALEUR ANIMALE. I2| Cependant on peut opposer contre ce rapprochement que, par exemple, le singe a plus de globules du sang, un pouls plus accéléré et une respiration plus rapide, mais une chaleur moins considérable, que Fliomme, tan- dis cju'au contraire le cheval, qui n'a que les deux tiers des globules du sang de l'homme, ainsi qu'un j)ouls plus lent et une respiration moins active, a presque la même température. Après toutes ces recherches, Dulong fit voir, par ses expériences dont j'ai déjà parlé précédennnent, qu'en pre- nant pour base d'un calcul sur la chaleur animale le résul- tat obtenu par Lavoisier et Laplace à l'égard de celle qui se dégage dans la combustion du charbon , et admet- tant qu'une égale quantité de gaz acide carbonique, pro- duite par la respiration, suppose le dégagement d'une même quantité de chaleur que quand le charbon bride dans le gaz oxigène, cette chaleur correspond, chez les herbivores, à 7^ seulement, et, chez les carnivores, à la moitié environ de celle que l'animal perd, dans le même laps de temps, par l'influence du milieu ambiant. Si l'on admet que l'oxigèno disparu a servi à former de l'eau avec l'hydrogène, et que cette formation a été accompagnée d'un même dégagement de chaleur que quand on brûle un mélange de gaz hydrogène et de gaz oxigène, tout cela réuni ne correspond pas à plus de 0,75 à 0,80 de la chaleur que les animaux, soit herbi- vores, soit carnivores, perdent dans le même temps. Dulong conclut de là qu'il doit y avoir une autre source encore de chaleur. Tel est aussi le résultat qu'obtint de ses expériences Despretz qui, pour donner un plus grand caractère de certitude encore à sou calcul, détermina, par des re- cherches à part, combien de chaleur se dégage d'un poids donné de carbone et d'hydrogène, pendant la combustion (1). Je citerai pour exemple une des expé- riences de ce physicien. (1) Il a trouvé qu'une partie de carbone, réduite eu acide car- 122 CHALEUR ANIMALE. L'animal était un vieux lapin. L'expérience dura I heure 36 minutes. La température était de 8*^,37. Le volume de l'air est indiqué en litres. Volume de l'air avant . , \> ■ r Q 10,070 oxigeue. 1 expérience r=: 47^QQ> o , -^ ^ ^ ^.7 i^r^^c^i/^ nitrogene. Volume de l'air après j 3,076 acide carbonique, l'expérience = 47,842/ 6,023 oxigène. I 38,743 nitrogene. Par conséquent l'animal avait abandonné le carbone de 3,076 litres d'acide carbonique, tandis que 0,980 litres d'oxigène avaient disparu, sans être remplacés par du gaz acide carbonique, et qu'il s'était dégagé du sang de l'animal 0,839 litres de gaz nitrogene. li'oxigène dis- paru faisait le tiers de celui converti en gaz acide car- bonique , et le quart du volume du gaz oxigène soustrait à l'air. Le vase renfermant l'animal et le gaz était entouré d'eau, dont le poids s'élevait à •Jt5,387 v grainmes, et dont la température monta de 0,703 degrés, danslecouis de Texpérience, Si maintenant on exprime par 100 la chaleur que l'animal perdit pendant l'expérience, la for- mation de l'acide carbonique en aurait pu produire 68,5, et celle de l'eau 21,9, de sorte que l'animal en aurait perdu 9,6 de plus que l'oxidation n'en aurait dé- veloppé. Dans une autre expérience sur le même lapin, la perte de chaleur s'éleva jusqu'à \[\. bonique par la combustion, fondait 104,2 parties de glace à 0°, et qu'une partie d'hydrogène traitée de même en fondait 3i5,2. Ces nombres indiquent la même quantité de chaleur pour la même quantité d'oxigène. Mais, dans un travail publié depuis, Despretz dit que la chaleur dégagée par un poids donné d'oxi- gène qui se combine avec du carbone pour produire de l'acide carbonique, est à celle que la même quantité dégage en s'unissant avec de l'hydrogène pour donner naissance à de l'eau, comme 2967 : 2578. CHALEUR ANIMALE. 1^3 Despretz a donné les détails de seize expériences sem- blables sur des mammifères, tant herbivores que carni- vores, et sur des oiseaux. Il en conclut que, chez les carnivores comparés aux herbivores, la perte de chaleur l'emporte de beaucoup sur la chaleur, à l'égard de la- quelle on peut admettre qu'elle est remplacée par l'oxi- dation qui a lieu dans la respiration. Dans ses expé- riences, le maximum de chaleur qu'on peut supposer avoir été remplacée par la respiration, n'a jamais été au- dessous de 0,7 , ni au-dessus de o,(). Il en tire la con- clusion, qui n'est point à l'abri de toute objection, que la respiration est la principale cause du développement de la chaleur animale, et que l'assimilation, le mouve- ment du sang et le frottement des différentes parties peuvent suppléer à ce qui manque du côté de celle que la respiration produit. Il est certain cependant que ses expériences et celles de Dulong établissent qu'il doit y avoir une autre source encore de dégagement de chaleur dans le corps, et que si cette autre source existe, c'est bien certainement d'elle qu'on doit dériver toute la chaleur animale. La respira- tion n'y prend part alors que comme les autres fonctions du corps, et prépare les conditions sans lesquelles le dé- gagement de la chaleur ne pourrait avoir lieu ; mais il ne paraît point y avoir de dégagement immédiat de cha- leur du à un changement de 1 air dans les poumons. L'idée que Brodie a le premier mise en avant, celle \ (jue le dégagement de chaleur, comme tous les phéno- mènes de la vie, est sous l'influence du système ner- veux, semble donc être actuellement celle qui s'accorde le mieux avec les résultats des expériences; et si les ef- fets du système nerveux dépendent d'une méthode par- ticulière à lui d'employer l'induence des électricités op- posées, il paraît suivre de là que le dégagement de cha- leur tient à la réunion de ces électricités, partout ou des nerfs se rendent, et que par conséquent il peut avoir la même cause que celui qui a lieu pendant la com- bustion, mais avec cette différence, qu'ici l'accom- 124 CHALEUR ANIMALE. plissement d'une combinaison cliimique n'est point né- cessaire pour mettre en jeu les électricités opposées. Delarive a le premier émis des conjectures analogues sur l'origine de la rlialeur animale. Mais ce n'est j3oint assez c|ue de la chaleur devienne libre chez l'animal. Sa (juanlilé doit aussi être toujours la même , et la source d'où elle émane doit en produire en proportion des inégalités auxquelles est sujette la soustrac- tion de la chaleur du corps. Pour atteindre à ce but, la nature a entoure'^ l'animal des meilleurs non conducteurs connus du calorique, les poiis et la plume , outre les- quels elle a encore employé, dans les endroits les plus sensibles, la graisse accumulée immédiatement sous la peau. Le mouvement et l'ingestion plus fréquente desali- niens accroissent la température, quand le milieu ambiant est froid; et en général les animaux ont plus de moyens à leur disposition, pour se garantir, dans certaines li- mites, d'une température trop basse, que pour se pré- serve)" d'une autre trop élevée. Quand le milieu dans lequel l'animal se trouve a la même température que la sienne, ou qu'il en a une s'ipérieure, l'exhalation aug- mente à la surface du corps chez les mammifères; l'é- vaporation de l'eau fait jîasser de la chaleur à l'état la- tent, et le corps descend à une température au-dessous de celle du milieu. C'est pourcpioi on supporte mieux la chaleur dans l'air sec que dans l'air humide (i). Blagden resta quelques miîuitcs dans un air sec à loo^, tandis que Delaroche a vu des animaux plongés dans un air humide dont la chaleur ne dépassait que de deux à trois degrés la température interne de leur corps, devenir bientôt à l'intérieur plus chauds de six à sept degrés, et périr de celte augmentation. A la vérité, (i) Crawford croyait que, quand le milieu environnant est plus chaud, le sang devient moins veineux dans If s vaisseaux capil- laires, et que par conséquent il se forme moins de gaz acide car- bonique dans les poumons en é'té qu'en hiver. Je ne connais du reste aucun fait qui vienne 'n l'appui de cette dernière assertion. CHALEUR ANIMALE. 1^5 Fordyce dit être resté, dans un air limnide à 54'', quinze minutes, pendant lesquelles le tliennomètre ne marqua pas plus de 3']°^S sous sa langue, et son corps entier ruissela de sueur, qu'il regarda comme provenant non des pores de sa peau, mais de la condensation de la va- peur répandue dans l'air, parce qu'une bouteille de verre, placée à côté de lui , se couvrit aussi d'une couche d'humidité; mais comme, d'après cela, l'air contenait bien de l'humidité, sans cependant en être saturé, ce fait ne prouve pas ce que Fordyce croyait pouvoir en déduire, que le corps possède une acuité fspéciale de produire du froid. Le maximum et le minimum de température inté- rieure qui détruisent la vie chez les animaux à sang chaud, ne sont pas connus d'une manière exacte, et va- rient probablement suivant les espèces. Ces extrêmes ne paraissent point aller au dessous de 26**, ni au dessus de 45° chez les mammifères. Quelques-uns de ces ani- maux peuvent supporter l'abaissement de leur tempé- rature jusqu'à 11°, ou environ. En pareil cas ils s'en- dorment, comme tous les animaux à sang chaud, avant de succomber au froid, et, tant que cette température se soutient, ils demeurent dans un état que nous appe- lons engourdissement. Plusieurs animaux passent l'hiver dans cet engourdissement, qui offre néanmoins tant de différences chez eux, que l'ours, par exemple, se ré- veille aisément, tandis qu'on peut disséquer la marmotte vivante sans la tirer de sa léthargie; mais elle en sort toujours quand on l'échauffé. La température des animaux à sang froid dépend de celle du milieu dans lequel ils vivent. Cependant on a trouvé qu'à la température extérieure sous l'influence de laquelle les phénomènes vitaux se manifestent en eux avec le plus de vivacité, leur chaleur propre surpasse un peu celle des objets environnans. Broussonet a remar- qué que la température était supérieure à celle de l'eau de [ à 3 de degré chez de petits poissons , de j dans une anguille, et de 1° chez une carpe. Despretz a trouvé la I 0.6 L4 LYMPHE ET LES VAISSEAUX LYMPHATIQUES. température de deux carpes à 11,69, ^^ ^^^'^ ^^^ deux tanches à 11, 54, tandisque l'eau dans laquelle elles vi- vaient marquait seulement [o,83. Aussi les animaux h sang froid souffrent-ils plus que ceux à sang chaud des va- riationsextraordinaires de la température. Suivant Brous- sonet, des poissons qui vivaient dans de l'eau à il\", qu'on chauffa lentement, de manière à la faire monter de 5 -3-0 en une heure, périrent, par l'effet de ce change- ment de température, à une chaleur qu'ils supportaient fort hien en été. En général, 28 à 3o^ est la tempéra- ture à laquelle meurent les poissons des zones tempérées. Quand la température haisse , et se rapproche heaucoup du point de congélation de l'eau , les phénomènes vi- taux diminuent d'intensité; mais ils en reprennent une nouvelle dès que la chaleur revient. On prétend que des poissons tirés de l'eau par un grand froid, par exemple, à — aS^jusqu'à — 3o*', et'mis dans la neige de manière qu'ils gèlent avec rapidité, peuvent se solidifier entiè- rement, et revenir ensuite à la vie quand on les fait dégeler dans de l'eau froide. On sait que divers 'in- sectes et différentes larves gèlent complètement pen- dant l'hiver , et reprennent vie au printemps. 5. La lymphe et les vaisseaux lymphatiques. J'ai dit que les arlères se terminaient en partie par des ramifications admettant du sang coloré et commu- niquant d'une manière immédiate avec les veines, en partie par d'autres ramifications plus déliées encore, dans lesquelles ne sont admis (jue des liquides incoloi'cs, et chargées de présider à la réparation des matériaux du corps mis hors de service. Il est à présumer que cette réparation ou nutrition s'opèreà peu près de la manière suivante. En accomplissant leurs fonctions^ les solides animaux vivans suhissent un changement essentiel dans leur composition, par le fait même de l'activité qu'ils déploient, et ils ont hesoin d'être remplacés par des parties COMPOSITION DE LA LYMPHE. 127 de formation nouvelle. Ce changement est ce que nous appelons, par comparaison, usure ou mise hors de ser- vice. Il doit consister en ce que la matière solide qui l'a éprouvé devient soluble, sans quoi elle ne pourrait point être entraînée. La nouvelle matière qui se forme à sa place est déposée par le liquide venant des artères , et celle qui a été mise hors de service se dissout dans ce même liquide. Il n'est guère permis de douter que les nerfs qui se ramifient et se terminent avec les vaisseaux capillaires, déterminent la qualité chimique du nouveau produit, puisque le fluide apporté est partout le même, autant du moins que nous pouvons le savoir jusqu'à présent, tandis que les nouveaux produits sont partout de même nature que le parenchyme dans lequel se crible le liquide, et par conséquent variés comme les divers tissus. Après que la nouvelle formation s'est effectuée et l'ancienne dissoute, le liquide est entraîné en partie, comme le prétendent des anatomlstes modernes, par les extrémités absorbantes des veines , eu partie par de pe- tits vaisseaux particuliers, dont les bouches terminales s'ouvrent dans toutes les parties du corps, et s'y renî- plissent du liquide avec lequel elles entrent en contact. Ces vaisseaux portent le nom de Ivmphatiques ou absor- bans, et on appelle lyuîphe la liqueur incolore qu'ils chai'rient. Cette liqueur contient , outre la portion du sang non coloré des vaisseaux capillaires qui n'a point été employée à la nutrition, et qui en fait sans doute la masse principale, les parties solides mises hors de service par l'action viLale et dissoutes, dont la quantité est probablement moins considérable dans chaque por- tion de liquide. Sous ce rapport, les lymphatiques qu'on trouve dans le canal digestif font exception, car le liquide qu'ils charrient, le chyle, dont nous nous occu- perons plus loin, a une tout autre origine. Comjjosilio/i de Ici lymphe. Les notions que nous avons sur la nature chimique de ce liquide ne sont point aussi étendues ni aussi ceitaiues que cehes qui se rap- portent au sang , ce qui tient principalement à ce que 128 COMPOSITION DE LA LYMPIlK. nous ne pouvons Tolitenir qu'en très-petites quantités, les vaisseaux qui le contiennent, bien que nombreux, étant très-petits , et le mouvement de la lynipbe dans leur intérieur fort lent. Des observations générales à ce sujet ont été faites jKir Diemerbroek, Hewson, Cruiksbank, Mascagni et Sœmmerring. Les seuls travaux analytiques que nous possédions sur la lymplie sont ceux de Reuss et Enanert (i'799), et ceux de Lassaigne (iSaS). D'a- près les deux premiers, elle a, datis les vaisseaux, l'as- pect d'un liquide clair, transparent, jaune-pâle tirant insensiblement sur le vert, et qui conserve cette appa- rence même après avoir été tiré du canal tboracliique et reçu dans un verre avec assez de précaution pour qu'il ne s'y niéle point de sang. En l'examinant avec un fort microscope composé, on n'aperçoit pas qu'elle tienne en suspension de globules ou autres corpuscules de forme déterminée; elle paraît au contraire être une liqueur paifaitement homogène. Elle est inodore, mais possède une faible saveur, analogue à celle du sérum. Au bout de dix à quinze minutes, elle se coagule en une gelée limpide, tremblotante et incolore, qui se contracte bien- tôt sur elle-même, et nage alors sur un liquide jaunâtre. Le caillot ainsi formé est la fibrine du sang. Quatre-vingt- douze grains de lymplie ont donné un grain de caillot, pesé tandis qu'il était encore mou, et qui, calculé dans l'état sec, ne s'élevait par conséquent point à j pour cent. ïje liquide, au milieu duquel la fibrine s'était dé- posée, laissa, après avoir été évaporé, 3 | pour cent de résidu sec, composé principalement d'albumine, qui, après le traitement de la masse par l'eau, resta non dis- soute; en évaporant cette eau, il s'y forma des cristaux de sel marin. Reuss et Emmcrt n'en disent pas davan- tage sur la nature de ses parties constituantes. Lassaigne a examiné de la lymphe qui avait été retirée des lym- phatiques du cou d'un cheval. Elle était claire comme de l'eau, jaunâtre , inodore, et d'une saveur salée. Elle se coagulait, absolument comme le disent Emmert et Reuss, et cela tout aussi bien dans le vide qu'à l'air. Le caillot COMPOSlTIOjy DE LA. LYMPHE. j 9Q consistait en fibrine incolore. Lassaigne indique sa coni- position de la manière suivante. Eau 92,500 Fibrine o,33o Albumine 5, '7 36 Chlorure sodique. • • A Chlorure potassique. .1 1 /3A Soude ( Phosphate calcique . . . j 100,000 Cette analyse n'apprend point si, parmi les sels, il y avait de l'extrait de viande et les parties constituantes ordinaires du sang qui sont insolubles dans l'alcool , mais solubles dans l'eau , parce qu'après qu'on eut re- tiré la fibrine, le liquide fut évaporé à siccité, le résidu ré- duit en cendres, et tout ce qui brûla considéré comme de l'albumine. Tous les phvsiologistes désignés précédemment, à l'exception de Sœmmerring , ont observé la coagulation de la lymphe hors du corps. Cruikshank l'a même trou- vée coagulée dans les troncs des lymphatiques après la mort. Sœmmerring, au contraire, qui recueillit celle contenue dans des dilatations morbides, ou varices, des vaisseaux lymphatiques, dit qu'elle demeura liquide. Cependant sa coagulation a été constatée aussi par Tiedemann et Gmelin , qui ont trouvé la lymphe des lymphatiques du bassin jaunâtre , claire et se coagulant au bout de quelque temps. Le caillot était transparent , mais rougeâtre , et le liquide exprimé limpide, mais jaune-bnmatre, d'où il semble par conséquent que cette lymphe tenait en dissolution une petite quantité de ma- tière colorante du sang. On voit par ce qui précède combien une analyse plus détaillée de la lymphe peut devenir importante. Une question mérite avant tout d'être résolue; c'est celle de savoir si, avant la propriété de se coaguler, elle ne tient effec» tivement point de globules en suspension, parce qu'il serait VII. 9 l3o VAISSEAUX LYMPHATIQUES. prouvé par là quelafibrineyestréellement à l'étatde disso- lution. Reuss et Emmert ont trouvé bien positivement cette dernière , et ils se sont servis, pour examiner le liquide, d'un microscope , à l'aide duquel ils purent aisément voir les globules dans le chyle; mais il serait possible que les globules de fibrine pure dans la lymphe fussent transparens, et doués d'un pouvoir réfringent presque égal à celui du liquide, et que , par conséquent, ils exi- geassent une attention toute particulière pour être aper- çus. La solution de ce pi'oblème est d'autant plus impor- tante qu'elle déciderait si une portion delà fibrine est dis- soute dans le sérum du sang , et si c'est la coagulation de cette portion qui forme le caillot du sang , en ra- massant et enveloppant les globules tenus en suspension. L'opinion d'après laquelle les choses se passent ainsi, est actuellement la plus vraisemblable, mais elle a cepen- dant besoin encore d'être appuyée par des recherches plus exactes. Les vaisseaux lymphatiques ont été peu étudiés sous le rapport de leur composition chimique. Ils sont très-petits, paraissent comme noueux dans l'état de ré- plétion , s'anastomosent en tous sens les uns avec les autres, et traversent pour la plupart, surtout dans l'abdomen, des glandes particulières, appelées glandes lymphatiques, dans lesquelles arrivent et se ramifient un très-grand nombre de petits vaisseaux, tandis qu'il n'en part qu'un seul ou quelques-uns. Il n'est pas rare, d'après les recherches de Tiedemann et Gmelin , que les lymphatiques communiquent, dans l'inté- rieur des glandes, avec les extrémités non colorées des veines. Ces vaisseaux sont garnis en dedans d'une multitude de valvules, formées par une duplicature de leur membrane interne, qui s'opposent à la rétrograda- lion de la lymphe , quand on les comprime ou qu'ils se contractent, et auxquelles est due l'apparence noueuse qu'ils présentent quand ce liquide les remplit. Leur fa- culté absorbante pourrait bien ne consister que dans la force physique générale qu'ont tous les tubes capillaires VAISSEAUX LYMPHATIQUES. i3r tle se remplir des liquides dans lesquels plongent leurs extrémités ouvertes; mais celle de les pousser au-delà des houclies absorbantes repose sur la manifestation d'une force mécanique vivante dont on ne connaît pas mieux la nature que celle de la force dont sont doués les vais- seaux capillaires en général. On a fait beaucoup de recherches sur la manière dont ces vaisseaux versent leurs liquides dans la masse du sang; et quoique ce sujet sorte du domaine de la chimie, il est nécessaire d'en parler pour compléter la con- naissance des opérations qui ont lieu dans le corps. Après s'êtVe réunis en troncs dont le calibre devient successive- ment de plus en plus considérable, mais qui cependant res- tent toujours très-petits, les lymphatiques se réunissent enfin en un conduit unique, rarement double, qu'on ap- pelle canal thorachique. Ce canal s'abouche, du coté gauche (très-rarement du coté droit ) , dans le gros tronc veineux qui conduit le sang de la tête et des extrémités supérieures dans le ventricule droit du cœur. Il s'y in- sère précisément dans Fangle formé par la veine sous- clavière et la jugulaire interne. Une valvule, qui en garnit l'orifice, s'oppose au reflux du liquide dans le ca- nal thorachique. Plusieurs grands physiologistes , Albert de Haller entre autres, ont nié qu'il existât entre les lymphatiques et les vaisseaux sanguins d'autre communication que celle qui a lieu au moyen du canal thorachique. Mais , dans ces derniers temps , des physiologistes habiles ont cherché à prouver , d'après une multitude de faits, que les veines, comme je l'ai dit précédemment, commen- cent pa»' des extrémités absorbantes, ou, ce qui revient au même, par des vaisseaux lymphatiques. Tiedemann et Gmelin ont établi , par des expériences qui ne paraissent prêter à aucune objection, et sur lesquelles je reviendrai en parlant de la digestion, que des substances absorbées parviennent de suite dans les veines du canal intestinal, et que, quand on injecte du mercure dans les lympha- tiques aboutissant à une des glandes de ce système, le 9- l3îl VAISSEAUX LYMPHATIQUES. métal revient tant par les veines de la glande que par les vaisseaux lymphatiques qui en partent. Puisqu'il s'agit ici d'absorption, je dois fixer le sens précis de ce terme , qui signifie qu'un liquide est pris dans un endroit et conduit dans un autre, ce qui s'ac- compagne ou d'une diminution correspondante de vo- lume, ou si , un obstacle s'oppose à l'absoi'ption, d'un accroissement de volume , tenant à ce que les .parties qui auraient dû être enlevées s'arrêtent avec les nouvelles qui surviennent. Ce phénomène a été confondu par quel- ques physiologistes avec ini autre , qui consiste en ce qu'un corps soluble , connne par exemple un sel, appli- ([ué sur un point dénudé quelconcjue des solides vivans, s'étend, tout autour du point de contact, dans les parties humides environnantes. Si on lie, sur l'orifice d'un verre plein d'eau, une vessie de bœuf humide, de manière qu'il ne reste point d'air entre la vessie et l'eau, et qu'ensuite on saupoudre d'un sel la surface supérieure de la vessie humide, le sel se dissout dans l'eau qui emplit les pores delà vessie, et se communique ensuite à l'eau au-dessous de celle-ci. I-^a même chose arrive quand on verse une dissolution saline sur la vessie; car l'eau de la disso- lution, celle qui imprègne la vessie, et celle qui se trouve au-dessous, ne font qu'un seul et même tout continu. Par la même raison , une substance soluble ou dissoute, qu'on applique sur une partie solide du corps vivant , se communique aux parties humides voisines ; mais la chose a lieu de la même manière dans les parties vi- vantes et dans celles qui sont mortes. Magendie a fait voir que des substances placées sur une artère mise à nu d'un animal vivant, ne tardaient pas à manifester leur pi'ésence dans le sang, et qu'une artère ou veine entourée de vinaigre, tandis qu'un courant d'eau la traversait, donnait bientôt les preuves les plus évidentes du mé- lange du vinaigre avec l'eau à laquelle elle servait de cou- loir. Cette circonstance a déterminé divers physiologistes à attribuer le phénomène de l'absorption au tissu animal en général , et à révoquer en doute la plus grande partie ENDOSMOSE ET EXOSMOSE. 1 33 des fonctions qui sont attribuées aux vaisseaux lym- phatiques. Endosmose et exosmose. Le phénomène que pré- sentent les corps dissous en traversant les parties so- lides vivantes , ne repose cependant point uni(]uement sur la faculté qu'ont les corps dissous de se répandre d'une manière uniforme dans les liquides qui les con- tietuient; mais les membranes animales et l'eau y con- tribuent pour leur part, parce que l'eau passe aussi avec la substance dissoute , et que de là résulte un phéno- mène qui, dans ses effets, ressemble tout-à-fait à une absorption. Pour plus de clarté, jetons un regard sur la figure ci-contre : aa est un tube ouvert aux deux bouts, mais au- tour de l'extrémité infé- rieure duquel on a lié une vessie humide, qui empêche l'eau d'y pénétrer. On verse dans ce tube une dissolution aqueuse d'un sel quelconque, après quoi on le plonge dans un vase plus large c^, qui con- tient de l'eau pure, et oii on le dispose de manière que la surface de la dissolution saline dans aa soit sur le même plan que celle de l'eau ee dans cd. Si on laisse les cho- ses dans cet état, on s'aperçoit au bout de quelque temps que le liquide s'est peu à peu élevé dans ««, que bien- tôt il dépasse ee, que, par exemple, il s'élève jusqu'en b^ et qu'il continue à monter ainsi jusqu'à ce que le liquide soit également mêlé des deux côtés de la vessie, en sorte que si le tube aa n'est point assez long, la liqueur pourra même le déborder. Si, au contraire, c'est le tube aa qui contient de l'eau , et le vase cd de la dissolution saline, le niveau du liquide baisse dans le premier, et s'élève dans le second. Lorsque le tube et le vase contiennent des dissolutions de sels différens, mais à peu près au » 6 "m a. i l34 ENDOSMOSE ET ÈX05MOSE. même degré de concentration, le niveau du liquide ne change pas d'une manière notable; mais, au bout de quelque temps, on trouve les sels mêlés ensemble des deux côtés de la vessie. Si , au contraire, l'une des dissolu- tions était beaucoup plus concentrée que l'autre , sa surface s'élève, pendant que celle de l'autre baisse; mais malgré cela, dans cette circonstance, une partie des matières dissoutes dans la liqueur la plus concentrée passe à tra- vers la vessie dans l'eau ou dans le liquide moins con- centré, tandis que ce dernier laisse échapper, en sens in- verse, non-seulement une partie de ce qu'il tient en dissolution, mais encore de l'eau, qui étend la liqueur plus concentrée et en fait monter le niveau. Ce phéno- mène n'a pas lieu uniquement lorsque des membranes animales humides servent d'intermédiaire entre les deux liquides hétérogènes miscibles l'un avec l'autre , mais encore quand le corps interposé est inorganique, mince, poreux, et assez dense pour supporter la colonne croissante du liquide le plus concentré, comme sont, par exemple, des lames minces d'ardoise, etc. En général la faculté de produire ce phénomène appartient à tous les corps qui peuvent absorber et retenir un liquide dans des pores très-déliés. Poisson a donné une explication ma- thématique qui représente la cause du phénomène, et qui, au total, confirme une idée proposée déjà avant lui par Gustave Magnus, savoir que l'attraction entre les particules d'une dissolution saline se compose des attractions mutuelles de l'eau et du sel et de l'attraction réciproque des molécules de chacun de ces corps pris à part. Cette attraction réunie est plus forte que celle des particules d'eau entre elles : d'où il suit que l'eau doit d'autant plus aisément passer à travers les pores de la vessie, ou de tout autre corps poreux interposé, qu'elle tient une moins grande quantité de corps étrangers en dissolution. Mais quand la vessie sépare deux dissolu- tions aqueuses (ou une dissolution aqueuse et de l'eau pure), dans lesquelles l'attraction entre les parties est inégale, et que les liquides exercent en outre une attrac- EWDOSfllOSE ET EXOSMOSÈ. l35 tion réciproque les uns à l'égard des autres, et en même temps une attraelion par rapport aux pores de la vessie, il suit de là que l'un est attiré avec plus de force par ces pores, que par conséquent la quantité absorbée doit être proportionnellement plus considérable d'un côté que de l'autre, après quoi le liquide situé du coté opposé de la vessie attire celui qui avait pénétré dans cette dernière, et se niéle avec lui. De là résultent à travers la vessie 'deux courans opposés, dont celui du liquide le plus téiui ou le plus aqueux, est plus rapide que celui du liquide le plus concentré. Le phénomène dont il est question ici fut remarqué pour la première fois, en 1816, par Porret, qui le croyait proprement électrique, parce que, quand ii sé- parait un liquide en deux portions par une vessie , comme dans les expériences qui viennent d'être rappor- tées, et qu'il plongeait dans chacune de ces deux por- tions l'un des fds métalliques tenant aux pôles d'une pile électrique très-puissante, la portion de liquide dans la- quelle pénétrait le fd positif passait toujours au côté négatif, et revenait à son ancienne place quand on chan- geait les fds, sans que la hauteur croissante du liquide au côté négatif semblât s'opposer d'une manière bien sensible à ce passage. Le fait singulier qu'ici le liquide suit le fd positif, et non le fd négatif, pourrait bien mé« riter un nouvel examen , parce qu'il est vraisemblable que des liquides de nature chimique différente se com- porteraient d'une manière diverse à cet égard. Six ans après, Fischer, de Breslau, publia de nouvelles expériences pour démontrer ce phénomène, et fit voir que quand on verse un acide étendu d'eau dans le vase cd ^ qu'on met de l'eau dans' le tube aa , et qu'on y plonge un métal , de manière qu'il vienne toucher à la vessie , l'acide pénètre peu à peu jusqu'au métal, augmente le liquide et dissout le métal , ce qui s'opère avec d'autant plus de promptitude que l'acide est plus fort et le métal plus soluble. Ce phénomène, envisagé sous un point de vue électrique , indique une direction du liquide oppo- l36 ENDOSMOSE ET EXOSMOSE. sée à celle que Porret avait trouvée, cette dernière allant en effet du coté oxidant au coté réduisant. Prlagiius, qui a soumis l'assertion de Fischer à un examen plus approfondi , l'a expliquée par la formation d'un sel mé- tallique, qui se produit dans une couche concentrée au coté supérieur de la vessie, oii il forme bientôt un li- quide plus saturé que ne l'est l'acide libre placé au- dessous. Enfin !e phénomène a été étudié de plus près encore par Dutrochet , qui a surtout le mérite d'avoir dirigé l'attention sur l'influence qu'il exerce dans les opérations des corps organisés vivons. Il le dériva, par suite des expériences de Porret, de l'électricité, et lui donna les noms di endosmose et ^exosmose ^ pour ex- primer en même temps les deux directions opposées des liquides à travers la vessie, de dehors en dedans et de dedans en dehors. Pour prouver qu'il y a autre chose qu'un simple jeu d'attraction dans ce phénomène , Du- trochet rapporte que de l'albumine , couverte d'une couche d'eau pure dans un tube de verre , ne se mêle point avec cette dernière, mais que le mélange a lieu très-promptement dès qu'on place une vessie mouillée entre les deux corps. Cependant il ne paraît rien résul- ter de là, sinon que les attractions de la membrane hu- mide jouent aussi leur rôle dans la production du phé- nomène, et qu'il ne faut point les négliger dans l'ex- plication qu'on en donne. Les expériences de Magendie, qui viennent d'être rapportées dans les pages précédentes, paraissent devoir être expliquées principalement par l'endosinose. Telle est, par exemple, celle dans laquelle ce physiologiste détacha un membre d'un animal vivant, de manière à ce qu'il ne tînt plus au corps que par une artère y apportant du sang, et par une veine ramenant ce liquide ; après quoi il vit un sel strychnlque introduit dans la masse du membre coupé provoquer bientôt des symptômes d'em- poisonnement chez l'animal. Dutrochet a rendu cet effet de l'endosmose sensible par une expérience fort simple. Il prit un morceau d'intestin de jeune poulet, le nettoya ORGANES DE LA SANGlTIFICATION. iSy bien à l'intérieur, l'emplit à demi d'une dissolution de gomme, de sucre ou de sel marin, et après l'avoir lié aux deux bouts, le mit dans une capsule avec de l'eau, dont il ne tarda pas à se remplir tellement qu'il finit par être totalement distendu. Lorsqu'au contraire , le morceau d'intestin était rempli d'eau pure, et qu'on le plongeait dans une dissolution de sucre ou de sel , il s'affaissait peu à peu, en perdant de son liquide, mais une portion de la substance dissoute se retrouvait en- suite dans l'eau qu'il contenait encore. Il est clair, d'après ces expériences, qiîe des liquides d'une concentration différente, occupant dans le corps des tubes ou réservoirs divers, tendent à se mêler en- semble d'une manière telle, que les parties constituantes du plus concentré se communiquent en petite quantité au moins concentré, dont les parties constituantes pren- nent la direction opposée , avec une grande partie de l'eau dans laquelle elles sont dissoutes. Gomme les li- quides qui doivent être absorbés dans le corps sont plus étendus que ceux qui sont charriés par les vaisseaux sanguins, on pourrait bien, en examinant légèrement la chose , se trouver porté à croire que ce phénomène physico-chimique accomplit réellement la plupart des fonctions que nous attribuons aux lymphatiques; mais il n'en est point ainsi, car, dans ce cas, Thydropisie enkystée, c'est-à-dire l'hydropisie locale développée dans une certaine cavité revêtue d'une membrane séreuse dans laquelle les orifices des lymphatiques sont bouches, ne pourrait pas subsister, tandis qu'elle est, dans la plu- part des cas, un mal incurable. III. Les organes pour la sanguification, savoir : les ORGANES digestifs, LES GLANDES SALIVAIRES ET LA SALIVE, LE PANCRÉAS ET SON SUC, LE FOIE ET LA BILE, LE CHYLE ET LES EXCRÉMENS. Les parties constituantes du sang sont, comme je l'ai déjà dit précédemment, employées peu à peu à la reproduction des substances mises hors de service, aux l38 ORGANES DE LA DIGESTION, ETC. sécrétions et aux excrétions. C'est pourquoi les animaux prennent de la nourriture, que des opérations chimi- ques dans leur estomac et leur canal intestinal dissolvent et préparent à produire de nouveau du sang. Nous al- lons maintenant nous occuper des opérations qui con- duisent à ce but. A. Les organes de la digestion et les tissus dont ils sont formés. Parmi les organes proprement dits de la digestion se rangent la bouche, avec son appareil de mastication et d'insalivation; l'œsophage, destiné à la déglutition du bol alimentaire mâché; l'estomac et les intestins, dans lesquels s'exécute, à proprement parler, le travail de la digestion. La structure de ces viscères est simple. Ils consistent en un canal munide deuxouvertures, dont une est la bouche et l'autre l'anus. Trois tuniques superposées de différente nature le forment. Comme ces tuniques ne sont point particulières à l'estomac et au canal intestinal , mais qu'on les trouve aussi, ayant à peu près la même tex- ture, dans d'autres organes, j'exposerai ici, d'une ma- nière générale, ce que nous savons de leur nature et de leurs propriétés chimiques. L'externe appartient à la classe de celles qu'on appelle séreuses; vient ensuite, au-dessous d'une couche de tissu cellulaire, une tunique musculeuse, dont la surface externe est composée de fibres longitudinales, et l'interne de fibres transversales. On trouve plus profondément une autre couche de tissu cellulaire, puis la dernière tunique, formant le coté in- téi'ieur du canal , qui consiste en une membrane de l'es- pèce remarquable nommée membranes muqueuses. I. Membranes séreuses et leur liquide. a) Membranes séreuses. Ces membranes doivent leur nom à ce qu'un de leurs côtés est toujours libre dans une cavité où elles sécrètent un liquide ténu , qui les humecte continuellement, et qui, durant l'état de santé, MEMBRANES SÉREUSES. I So s'accumule rarement en plus grande quantité qu'il ne faut pour remplir cet objet. Toutes les parties du corps qui ont besoin de pou- voir changer librement de position respective sont revêtues d'une membrane séreuse. Ainsi une membrane de ce genre tapisse le foie, l'estomac, la rate, les in- testins, les reins, les testicules, et en général les or- ganes du bas-ventre, les poumons dans la cavité tliora- chique, le cœur dans le péricarde, les testicules, enfin le cerveau et la moelle épinière ( arachnoïde ). La ma- nière dont elle entoure les organes est toute particulière. Chacune des parties qui viennent d'être énumérées est couverte d'une membrane séreuse, particulière pour cba* que cavité , sans que toutes celles du corps aient des con- nexions ensemble. Chaque membrane séreuse forme un sac sans ouverture , de telle sorte que , quand elle a tapissé la surface extérieure d'un organe, par exemple du pou- mon ou de l'intestin , elle revient de tous les côtés sur elle-même, et forme une double couche (appelée, par exemple, mésentère au canal intestinal ) , dont les feuil- lets s'écartent ensuite de nouveau, se renversent en de- hors, revêtent le coté interne de la cavité dans lequel roi'sane est situé, et vont ainsi se confondre l'un avec l'autre. Si l'on voulait s'en donner la peine , on pourrait détacher la membrane d'abord du coté interne de la ca- vité, puis de l'organe, et obtenir ainsi un sac sans ou- verture , qu'il serait possible de souffler et de distendre par un trou qu'on y pratiquerait. Le côté interne de ce sac , c'est-à-dire celui qui forme le côté interne de la cavité et le côté externe de l'organe , est de couleur grise-blanche, lisse , brillant et humide ; il permet aux viscères de changer de situation , parce que les différentes parties du côté interne de la membrane glissent aisément les unes sur les autres. Quant à ce qui concerne la composition chimique des membranes séreuses, nous n'en savons que ce qu'ont pu nous apprendre des observations fournies par le ha- sard ; nos connaissances sur ce sujet s'accroîtront et se rectifieront Yraisemblablement beaucoup lorsqu'on le l4o LIQUIDE DES MEMBRANES SÉREUSES. soumettra à un examen spécial. Ainsi on prétend que ces membranes sont de la même nature que le tissu cellu- laire, et qu'une coction lente les convertit en colle; mais cette assertion n'est probablement rien moins que certaine, et elle peut dépendre de ce qu'en faisant bouillir la mem- brane séreuse avec le tissu cellulaire qui l'unit à la tu- nique musculeuse, c'est le tissu cellulaire qui s'est ra- molli en colle, et qu'on n'a pas examiné si la partie non dissoute se dissolvait réellement ou non par la prolon- gation de la coction. Du moins ne trouvons-nous pas que, par exemple, dans la préparation des boudins, dont la membrane séreuse forme le côté externe, la longue coction à laquelle les boudins sont exposés ramollisse ou dissolve cette membrane. Au reste, je ne crois pas qu'on ait jamais fait aucuiîe reclierclie chimique dans l'inten- tion spéciale de constater la manière dont se comporte la membrane humide. b ) Liquide des membranes séreuses. Il a déjà été fait un grand nombre d'analyses de ce liquide. Les an- ciens physiologistes prétendaient f|ue, pendant la vie, il n'a pas la forme de liquide, mais remplit l'espace sous celle de vapeur : vue contraire aux lois de la physique et de la chimie, et (jui ne pouvait dépendre que de ce que la théorie de la tension des liquides n'était point encore développée à cette époque. Dans l'état de santé , la quantité de ce liquide est si peu considérable,- qu'il est rare qu'après la mort on en trouve assez pour pouvoir l'exaiiîiner. JMais qîieUjuefois il arrive que les orfices des lymphatiques s'obstruent par un effet de maladie, de sorte qui;, le liquide continuant à être sécrété du sang, tandis que l'absorption cesse ou diminue, il s'accumule en plus ou moins grande abondance , ce qui constitue l'iiy- dropisie enkystée. On a souvent recueilli et examiné l'eau des hydropiques. On peut à la vérité objecter que peut- être a-t-elle, dans l'état de maladie, une composition différente de celle qui la caractérise dans celui de santé; mais cette objection semble cependant ne pas être de poids, puis([ue la cause de la maladie devant êti'e attribuée proprement à un obstacle mécanique qui empêche l'ab- LIQUIDE DES MEMBRANES SÉREUSES. I /i i sorption de s'exercer, il ne saurait rien résulter de là (lui influe sur la nature du liquide sécrété. D'ailleurs on a toujours trouvé la composition de cette liqueur absolu- ment identique, soit qu'elle provînt des ventricules du cer- veau, soit qu'elle tirât son origine de la cavité pectorale, ou de la cavité abdominale, ou du sac qui entoure les testicules. Ce liquide est incolore et clair. Sa pesanteur spéci- fique est de i,oio à 1,020, et on peut le considérer comme du sérum de sang ayant environ le degré de di- lution qu'aurait le sérum ordinaire si on retendait d'à peu près sept fois son volume d'eau pure. Chauffé jus- qu'à l'ébullition, il devient opaque, sans se coaguler; mais si l'on continue long-temps la coction, il finit par se troubler, et dépose c[uelques petits flocons réunis d'albumine coagulée, laquelle cependant a subi un com- mencement d'altération par la longue durée de l'ébulli- tion, et se dissout bien plus difficilement dans l'acide acétique que l'albumine coagulée du sériun de sang. D'a- près l'analyse que j'ai faite de l'eau d'un hydrocéphale, ce liquide contient, sur 1000 parties: Albumine r,66 Substance soluble dans l'alcool avec lactate sodique 3,3^ Chlorure potassique et chlorure sodique. . . 7,09 Soude . . 0,28 Substance animale insoluble dans l'alcool. . . 0,26 Phosphates terreux 0,09 Eau 988,30 1000,00 Marcet a fait des recherches analytiques analogues sur l'eau tirée tant du canal de la moelle épinière que d'autres cavités du corps. Les résultats qu'il a obtenus sont en général les mêmes , et ne présentent que de petites différences relatives à la concentration du liquide. Quel- quefois ce liquide a été trouvé presque aussi concentré que du sérum ordinaire du sang, et contenant sept pour cent d'albumine. 11 paraîtrait que sa séparation d'avec l4a TUNIQUE MUSCULEUSE. le sang plus concentré que lui , ne devrait être qu'une opération fort simple; mais nous n'avons aucune idée des moyens dont la nature se sert pour rendre un liquide épanché plus aqueux que ne l'est celui contenu dans les vaisseaux, qui le sécrètent. Dans les états morbides inflammatoires auxquels les membranes séreuses sont exposées, le liquide sécrété devient quelquefois cliargé de fibrine. Celle-ci ne tarde pas à se coaguler , et forme sur la membrane séreuse une nouvelle ou fausse membrane, composée de fibrine, et qui ordinairement rend adhérentes les unes aux autres les parties entre lesquelles a lieu l'épanchement qui la produit. 2. La tunique musculeuse. Cette tunique est composée de fibres musculaires, dont les plus nombreuses sont transversales, placées un peu obliquement et entrelacées les unes avec les autres; d'autres sont longitudinales, qui, sur l'intestin grêle, entourent uniformément les précédentes de toutes parts, mais, sur le gros intestin, sont partagées en trois portions, ayant chacune l'apparence d'un ruban. Sous le rapport de sa nature chimique, elle ressemble parfaitement aux autres muscles, dont il sera question dans la suite. Les fibres musculaires sont en général entrelacées avec du tissu cel- lulaire dans les muscles : il en est de même ici , de sorte que la tunique musculeuse est entourée de tissu cellu- laire sous la membrane séreuse, et qu'elle offre encore à son coté interne une couche de tissu cellulaire d'une assez grande consistance, que les physiologistes dési- gnaient autrefois sous le nom inexact de tunique ner- veuse. Cette tunique sert, par le jeu de ses fibres muscu- laires, à mêler ensemble et à faire avancer les matières qui parviennent dans le canal intestinal. Le mouvement qui résulte de là dans les intestins porte l'épitliète de péristaltique, et on appelle antipéristaltique , celui en sens inverse qui est provoqué par une cause morbifique quelconque. MEMBRANES MUQUEUSES. 1/^3 3. Membranes muqueuses. Ces membranes tapissent l'intérieur de la plupart des conduits et réservoirs. Elles tirent leur nom de ce qu'elles renferment une multitude de petites glandes qui sécrètent un mucus, au moyen duquel ces membranes sont conti- nuellement garanties de l'influence des liqueurs ou subs- tances contenues dans le réservoir, ou passant à travers le conduit. Les membranes muqueuses tiennent en gé- néral les unes aux autres, de manière qu'on peut les con- sidérer comme étant des continuations de deux seulement. L'une, appelée gastro-pulmonaire, est celle qui revêt l'intérieur de la cavité buccale, avec les conduits excré- toires des glandes salivaires, et le canal intestinal, d'où elle se prolonge dans les canaux biliaires, dans la vési- cule du fiel et dans le conduit excréteur du pancréas. Dans le pharynx, elle s'unit à celle qui tapisse les par- ties internes du nez, les voies lacrymales et la trachée^ artère. L'autre, au contraire, qu'on nomme génito-url- naire, forme également un tout continu, qui revêt l'in- térieur des voix urinaires, de la vessie, ainsi quecelle des or- ganes sécréteurs et des canaux appartenant aux fonctions génitales. Dans toutes ces parties, la membrane muqueuse est une continuation immédiate de la peau , dont elle diffère cependant beaucoup sous le point de vue de la manièredont elle se comporte chimiquement; car elle est tout-à-fait insoluble dans l'eau, même par l'effet d'une longue coc- tion, qui la l'end dure et cassante. Les acides la dé- truisent très-aisément, et la réduisent en bouillie. On a même prétendu qu'elle avait été quelquefois trouvée, après la mort, dissoute en partie dans l'acide libre du suc gastrique , surtout à la partie de l'estomac sur laquelle ce suc a séjourné dans le cadavre. Elle est tiès-sujette à la putréfaction et à la destruction, et, après avoir été ramollie dans l'eau froide, elle ne tarde pas à se convertir en une bouillie rougeâtre , avant même que les autres tuniques des intestins aient commencé à s'altérer. De même que la membrane muqueuse paraît être une l44 MEMBRANES MUQUEUSES. continuation du derme de la peau , de même aussi on a prétendu que Tépiderme de la peau était remplacé sur la membrane muqueuse par le mucus qui la couvre; mais quelques anatomistes, à la tête desquels se trouve le cé- lèbre Rudolpbi , sont d'opinion qu'elle a réellement, dans le canal intestinal, un épidémie particulier et très-fin, qui a reçu le nom d'épitbélium. Il est très-facile de voir cet épidémie dans la cavité buccale, et de le poursuivre le long de l'œsophage jusqu'à l'estomac. I.e mucus dont les membranes muqueuses sont cou- vertes, est partout le même sous le rapport de sa visco- sité; mais il varie beaucoup à l'égard de ses caractères chimiques, suivant la nature des liqueurs ou des ma- tières auxquelles il est destiné à résister. Déjà, en trai- tant de la chimie végétale, j'ai dit qu'on entendait par mucus un corps solide qui ne se dissout point dans l'eau, mais peut s'imbiber de ce liquide, en se gonflant, devenant mou, visqueux, et même quelquefois demi-fluide. Les glandes des membranes muqueuses produisent un corps de cette espèce, et lépanchent uniformément sur la surface interne de la membrane. Il est pénétré de l'eau chargée de sels qui provient du sérum du sang, et se comporte en tous points comme si sa fabrication tenait à la conver- sion de l'albumine du sérum en ce corps susceptible de se gonfler dans l'eau. Cependant ce coips n'est point de même nature partout; car, par exemple, le mucus de la face interne de la vésicule du fiel est tout-à-falt inso- luble dans les acides, qui le coagident de sa dissolution dans une liqueur alcaline, tandis qu'au contraire celui, de la face interne de la vessie urinaire se dissout, jusqu'à un certain point, tant dans les acides étendus que dans l'al- cali. Au reste, en traitant de chaque organe, je dirai ce que nous savons à l'égard du mucus qu'il sécrète. Dans l'estomac et les intestins, le mucus couvre le côtéinterne de leur membrane muqueuse. On peut, chez un animal qui vient d'être tué après avoir été soumis à un long jeûne , en racler une grande quantité à la surface de ces organes , et l'obtenir pur, en le lavant plusieurs fois STRUCTURE DU CANAL DIGESTIF. 1^5 de suite avec de l'eau distillée. Chez les animaux vivans il se dépose dans l'inlérienr et à la superficie des excré- mens, avec lesquels il sort du corps, et dont on peut quelquefois le détacher en longs fils. Après avoir été complètement desséché, il a perdu la propriété de de- venir nuupieux quand on verse de l'eau dessus; mais il recouvre cette propriété si l'on ajoute un peu d'alcali à l'eau. Suivant les expériences de !.. Gmelin, il se coa- gule par les acides, même par l'acide acétique, et se réunit souvent alorsen une sorte de gâteau. L'acide ne le dis- sout même pas par l'ébullition , mais en extrait cependant quelque chose, et lorsqu'après avoir décanté l'acide, on le fait digérer dans de l'eau, celle-ci en dissout encore une partie. Ces dissolutions sont précipitées par l'infu- sion de noix de galle, mais elles le sont rarement par Je cyanure ferroso-potassique. Le mucus intestinal est dis- sous au contraire par l'alcali caustique, d'oi^i les acides le précipitent en grande partie. 4. Slruclnre du canal digestif. Le canal intestinal est formé par ces trois tuniques, de telle manière que le pharynx et l'œsophage ne sont point d'abord couverts extérieurement de ia membrane séieuse, et qu'ils n'ont que la tunique mnsculeuse et la membrane muqueuse. Mais après que l'œsophage a traversé le dia- phragme et s'est dilaté pour former l'estomac, il obtient une enveloppe complète de la membrane séreuse du bas- ventre, appelée péritoine, qui couvre le canal intestinal jusqu'auprès de l'ouverture terminale du rectum. La du- plicature que cette membrane forme sur l'un des cotés des intestins (mésentère, mésocolon), sert en partie à fixer ces derniers dans la cavité abdominale, tout près de la colonne épinière, et à les suspendre de manière à empê- cher qu'ils ne puissent s'affaisser les uns sur les autres, s'attacher ou s'entortiller ensemble, en partie à recevoir entre ses deux feuillets les vaisseaux, les glandes et les nerfs qui se rendent aux intestins ou en partent. Immédiatement après sa sortie du diaphragme, l'œso- TII. 10 t46 STRUCTDRK du canal DIGF.STIF. pliage se dilate, chez l'homme, en un grand sac unique, auquel on donne le nom tresloniac; mais ehez i|uelques animaux, il forme plusieurs dilatalions placées à la suite les unes des autres, dont on trouve, par exemple, quatre chez les ruminans, deux chez les oiseaux, etc. C'est tou- jours le dernier de ces renllemens qui correspond à l'es- tomac de riiomme. A l'autre extrémité, l'estomac se ré- trécit peu à peu en une petite ouvertui'e, appelée pylore, qui est entourée d'un épais anneau de fdjres muscidaires saillant à rintérieur, et qui ferme le passage à toutes les suhstances qui n'ont point encore perdu leur cohérence, ou qui n'ont point encore été converties en une masse demi-fluide. A partir du pylore, l'estomac se continue avec ce qu'on nomme les intestins grêles, dont le pre- mier, ou le duodénum , est fixé invariablement à la par- tie postérieure de l'abdomen par sa partie postérieure, et reçoit les conduits^excréteurs du foie et du pancréas; les suivans, le jéjunum et l'déon, ont plus de facilité à changer de situation et une longueur plus considérable. L'iléon se convertit aussi, à son extrémité, en un très- gros intestin, placé dans la partie droite et inférieure de la cavité abdominale, qui porte le nom de cœcum, et dont la construction est telle que tout ce qui y descend de l'iléon ne peut plus ensuite remonter:, à cause d'une valvule ([ui permet bien le passage des matières dans un sens, mais s'oppose à leur reflux dans la direction inverse. Le cœcum est disposé aussi de manière à ce que la masse qui y pénètre soit obligée d'y séjourner quelque temps avant de passer dans l'intestin qui en est la continuation, lequel a reçu le nom de colon ascendant, et, après avoir décrit quelques courbures, aboutit au rectum. Ce- lui-ci s'ouvre à l'extéiieur , et son orifice est garni d'un muscle circulaire, le sphinctci- de l'anus, {|ui peut le fermer exactement. Les trois bandes de fibres muscu- laires des gros intestins sont beaucoup plus courtes que les intestins eux-mêmes, de sorte que les autres tu- niques forment une multitude de plis saillans cpii s'oppo- sent à ce que le contenu des intestins les parcoure avec suc GASTRIQUE. l/jo trop de rapidité. Ces plis s'effacent dès qu'on coupe les bandes en travers, et qu'on alonge ainsi l'inteslin. La longueur du canal intestinal varie suivant les es- pè.'es. Elle est communément bien plus considérable cbez les herbivores que chez les carnivores. Dans l'iiomme, le canal a cinq ou six fois la longueur du corps. B. SÉCRÉTIOXS QUI CONCOURENT A LACTE DE LA DIGESTION. Avant de décrire l'opération chimique dont le canal intes- tinal est le principal appareil, je vais examiner les li- quides qui concourent à cet acte, et les organes chargés de les sécréter. Ces liquides sont, dans l'ordre suivant le- quel ils se mêlent avec les alimens, la salive, le suc gastri([ue, le suc pancréatique, la bile, et enfin le suc intestinal. Le suc gastrique et le suc intestinal étant sé- crétés immédiatement par le canal intestinal , c'est d'eux que je m'occuperai d'abord. I. Suc gastrique. Il y a déjà long-temps que le suc gastrique a fixé l'at- tention des chimistes , à cause de la propriété qu'on lui attribuait d'être une sorte de dissolvant universel pour les diverses substances alimentaires. Comme, en l'exa- muiant de plus près, on vit qu'il ne répondait pas à ce qu'on attendait de lui, l'opinion contraire s'établit dans les esprits, et on lui refusa toute espèce de propriété dissolvante. Wepfer , Viridet, Rast, Kéaumur, Spallan- zani, Scopoli, Stevens, Curminati, Brugnatelii, Vau- quclin, i.lontègre, ?vlagendie, Chevreul, Tliénard, Prout, Lassaigneet Leiu-et, TiedemauM et Gmelin, se sont livrés à l'examen du suc gastrique. Parmi ces observateurs, Prout, puis Tiedemann et Gmelin, sont ceux qui nous ont fourni les principales notions sur sa nature et son mode de sécrétion, et qui ont ainsi expliqué les contra- dictions qu'on remarquait entre les assertions de leurs 10. l48 suc GASTRIQTfE. prédécesseurs. Car on a prétendu lour h tour que ce liquide était tantôt très coulant, clair et tout-à-fait neutre, tantôt alcalin, tantôt enfin acide, même à un très-haut degré. Spaîlanzani, s'appuyant sur une multitutle d'expériences faites avec soin , assura, en 1788, que le suc gastrique, quoique dans Tétat de santé tout-à-fait neutre, c'est-à- dire, ni acide, ni alcalin, était un dissolvant pour les matières alimentaires, au dehors comme au dedans du corps, qu'il ne se putréfiait point à la température or- dinaire de l'air, qu'il préservait les matières animales de la putréfaction, et qu'il les dissolvait avec le secours de la chaleur. Carminati, qui fit ses expériences peu de temps après, en 1785, ti-ouva cpie le suc gastrique n'é- tait point acide chez des animaux carnivoies à jeun, mais qu'il possédait une acidité très-prononcée chez ceux qui avaient mangé de la viande. On peut considérei- cette obsei'vation comme le premier rayon de lumière qui soit venu élucider nos idées à ce sujet. Werner fit voir, en 1800, que la masse contenue dans l'estomac des animaux, tant carnivores qu'herbivoies, est acide pendant la diges- tion. Montègre, qui avait la faculté de vomir à volonté, soutint, en 181 a, par suite d'expériences qu'il avait pu faire, en vertu de cette faculté, sur le suc gastrique exempt de tout mélange, non seulement que ce liquide n'est ni acide, ni alcalin, mais encore que, contrai- rement aux allégations de Spaîlanzani, il ne possède aucune propriété dissolvante, qu'il ne tarde pas à tom- ber en putréfaction, et qu'il a tant de ressemblance avec la salive, quant à sa manière de se comporter, que lui Montègre le considérait uniquement connue de la salive avalée, et regardait les traces d'acide libre qui s'y trou- vait quelquefois comme un connnencement d'altération de sa composition normale. Nos coimaissances sur la nature du suc gastrique en étaient là, lorsqu'en 1824 Prout fit voir que ce liquide est réellement acide, et qu'il ne contient point un acide organique, mais de l'acide hydrochlorique libre. Mais il suivit une tout autre mar- che pour arriver à cet important résultat. Il ne chercha suc GASTRIQLT. 1 ^Q point à obtenir le suc gastrique exempt de tout nu'lanqe avec (les matières alimentaires, mais il se le pioeura pendant la digestion, et à l'époque de celle-ci où il le jugea le plus abondant. L'animal dont il voulait exa- miner le suc gastrique, était mis à mort quekjue temps après avoir mangé, la masse contenue dans son estomac était retirée, et délayée dans de l'eau; on séparait ce qui s'était dissous de ce qui ne l'avait point été, et on divi- sait la Ficjucur filtrée en quatre poitions égales. L'une de ces portions était évaporée à siccité et le lésidu brûlé. On déterminait la quantité de cblore contenue dans la cendre, en traitant celle-ci par l'eau, et précipitant la dissolution |)ar le nitrate argentique. De cette manière Prout obtenait la quantité de cblore qui avait été com- biné avec du potassium et du sodium. Prenant alors une seconde portion de liqueur, il la saturait exacte- ment avec de la potasse, l'évaporait ensuite à siccité, brûlait le résidu, et déterminait par le même pro- cédé la quantité de cblore qui y était contenue. Ce qu'il trouvait en plus cette fois, était la quantité de cblore combinée dans la liqueur avec de l'bydrogène, à l'état d'acide liydrocbloriqne libre. La troisième portion était sursaturée avec de la potasse, de manière à la rendre alcaline, puis évaporée à siccité, et traitée de la méuic ma- nière. Ce que cette fois Prout obtenait de cblore en plus avait été combiné dans la liqueur avec de l'ammoniaque, et la potasse mise en excès s'en était emparée, avec déga- gement d'annnoniaque. La (|uatrième portion fut consa- crée à quelques expériences dont Prout ne donne point les détails, mais d'oii il conclut que le suc gastrique ne con- tient pas d'acide organique, et que les sulfates et plios- pliates y sont en si petite cjuanlité <|u'aucun de ces aci- des ne peut contribuer essentiellement aux propriétés acides du suc. Le résultat de ces expériences fut que, sur 89,6 parties de cblore qui, d'après l'analyse de la troi- sième portion , étaient contenues dans une certaine quan- tité de suc gastrique, 9, 5 parties se trouvaient combi- nées avec du potassium et du sodium , 7,9 avec de l'am l5o suc GASTRIQUE. monium, et 22,2 , avec de riiydrogène, constituant ainsi de l'acide hydrochloiiqne. Front trouva 12,11 parties de chlore sous forme saline, et 5,i3 sous celle d'acide hydrochlorique, dans le liquide acide qu'avait vomi une personne atteinte de dyspepsie. Mais il restait encore à découvrir par quelle cause ceux qui avaient fait précédemment des expériences sur cet objet, avaient si souvent et si opiniâtrement soutenu que le sue gastrique est un licjuide neutre. L'expérience de Carininaù fournissait bien le fil propre à guider, mais la solution complète de l'énigme était réservée h Gmélin et Tiedemann, Ces deux savans ont exécuté sur la digestion une longue série de recherches, poui- les- quelles ils ont profité de toutes les ressources que Fana- tomie et la chimie mettent aujourd'hui à noti-e disposi- tion, et leur ouvrage est incontestablement le travail physiologique le plus complet dont la chimie des opé- rations animales vivantes ait jamais été enrichie (r). Avant que la découverte de Prout leur fût connue, ils avaient aussi constaté de leur côté, et par une tout autre voie, la présence de l'acide hydrochlorique libre dans le suc gastrique. En effet, ce qui les conduisit à cette décou- verte, c'est que, pour exciter la paroi iiiterne de l'esto- mac à sécréter davantage de suc gastrique chez les ani- maux sounn's au jeiine, ils firent avaler à ces animaux, entre autres matières minérales insolubles, des morceaux de pierre calcaire bien lavés, et trouvèrent ensuite que le suc gastrique n'était point acide, mais contenait un sel déliquescent, cpnnesed('truisit pas quand on le fit rou- gir, et qui fut recomui pour du chlorure calcique. Les résultats généraux de leurs nombreuses recherches, qui ont élé poursuivies jusque d;ms les plus petits détails, sont qu'aussi loni^-tenq^s que l'estomac est vide, il ne (i) Die Ferdanungy nach Vevsnchen , von F. Tiedemann itnd L. Gmelin. Hcidc-lbcrg et Leipzick, 1826, 2 vol. m-k^, tracl. en français. Paris, 2 vol."in-8**. SL'C GASTRIQUE. î S»! s'y sécrète ])as plus de liquide qu'il n'en faut pour hu- mecter sa face iuterne, et que, dans cet éîat, le viscère est contracté, mais que, quand on fait avaler aux ani- maux des cailloux ou d'autres corps étrangers exer- çant une stimulation mécanique sur l'estomac, la sé- crétion de ce suc devient plus active, quoique sa quan- tité n'augmente cependant point à beaucoup près autanl o 99 99'9^^ 4. Pancréas et suc pancréatique. Sur le coté de l'estomac et en partie derrière lui, entre la rate et le duodénum, se trouve une grosse glande oblongue, dont l'une des extrémités est comprise entre les courbures supérieure et inférieure du duodénum-. Cette glaiide porte le nom de pancréas. Elle a dans son intérieur un canal, qui en parcourt toute la longueur, et qui, cliez l'homme et une grande partie des animaux, s'ouvre dans le duodénum, conjointement avec le canal excréteur du foie et de la vésicule biliaire. Ce canal évacue un liquide fourni par la glande, qu'on appelle suc pancréatique, et que quelques écrivains allemands, regardant le pancréas comme une glande salivaire, ont nommé salive abdominale [ DaucJispeicheiy Le parenchyme de la glande n'a point été examine. Sa situation et la difficulté de recueillir le liquide qu'elle sécrète sont les causes qui font qu'on n'a jusqu'à pré- sent que des notions incertaines relativement à la na- ture du suc pancréatique. F. Sylvius (de la Boë) préten- dit, vers le milieu du seizième siècle, que c'est un acide qui, en saturant l'alcali de la bile, doit produire une effervescence, phénomène qu'alors on considérait comme une force jouant un grand rôle, tant dans la nature vi- vante que dans la nature morte. R. De Craaf, élève de Sylvius, essava de prouver la théorie de son maître par la voie des expériences, et il réussit à rassembler une quantité considéi'able de suc pancréatique provenant l66 PANCRÉAS ET SUC PANCRÉATIQUE. du pancréas de chiens disséqués vivans. Il le trouva tantôt acidulé, tantôt salé, tantôt l'un et l'autre à la fois, mais du reste clair et nuicllagiuenx. Schuyl, en répétant les expériences de De Graaf, obtint le même résultat. Plusieurs autres physiciens, qui ont essayé de- puis de recueillir le suc pancréati(pie sur des animaux vi- vans, ne l'ont point trouvé acide, mais faiblement salé, plus ou moins trouble, et assez semblable à de la lym- phe. Mayer et Magendie l'ont trouvé, non acide, mais alcalin et se coagulant par la chaleur. Ce liquide a été examiné en dernier lieu par Gmelin et Tiedemann, dont les travaux ont eu des résultats qui donnent une notion plus exacte de sa nature. Ils ont re- connu que le suc pancréatique, tel qu'il est préparé dans la glande, et avant que l'animal commence à s'affaiblir des suites de l'opération nécessaire pour le recueillir, exerce toujours les réactions annonçant la présence d'un acide libre, mais que bientôt, pendant même qu'on le re- cueille, il change de nature et devient alcalin. C'est pourquoi aussi on voit toujours le liquide existant dans le conduit excréteur de la glande chez un animal qui a été mis à mort, rougir le papier de tournesol. Tiedemann et Gmelin recueillirent le suc pancréati- que d'un chien. I^e liquide qui coula d'abord était un peu sanguinolent, mais rougissait néanmoins le papier de tournesol. Les expérimentateurs avaient amené le conduit excréteur de la glande au dehors, après quoi ils l'avaient coupé en travers, et lié hermétiquement sur un tube introduit dans son intérieur. La première goutte sortit du tube de verre au bout de vingt-six minutes, après quoi il en coula une autre toutes les six ou sept secondes. La portion sanguinolente fut mise à part. Ce qui coula ensuite était limpide, d'un blanc un peu bleuâtre, opa- lin, filant comme du blanc d'œuf peu épais, et d'une saveur faible, mais sensiblement salée. Ce liquide se coa- gulait dans toutes les circonstances oii le sérum du sang et l'albumine éprouvent la coagulation. En conséquence il différait essentiellement de la salive par l'albumine PANCRÉAS ET SUC PANCRÉATIQUK. 167 qu'il contenait. Il est presque aussi eoncentré que le sé- rum (lu sang, et donne 8,72 pour cent de son poids de résidu sec. Ce résidu, traité par l'alcool, abandonne, outre les matières ordinaires (extrait de viande, chlo- rure sodique et lactate alcalin), une matière animale par- ticulière, ayant pour caractère que la dissolution acjueuse des matières extraites par l'alcool devint lose (juand on la mêla avec une très-petite (juantité de chlore, et donna en douze heures uu dépôt violet, tandis que le liquide perdit sa couleur. En y versant au contraire beaucoup de chlore, la couleur fut totalement détruite, et il ne se forma pas de dépôt. Celte matière particulière ne put point être isolée. L'éther en dissolvait une petite quan- tité, mêlée avec d'autres substances; mais la plus grande partie restait dans ce qui n'était pas dissous par ce réactif. Ce que l'alcool avait laissé du suc desséché sans le dis- soudre donna, après avoir été traité par l'eau, une dissolution alcaline , que les acides et le chlorure mercu- rique précipitèrent, ce qui n'arrive pas (juand on agit de même à l'égard de la dissolution obtenue de la salive du chien, et prouve par conséquent qu'elle contenait quelque autre chose que cette dernière. Gmelin regarde la matière dissoute dans l'eau comme étant du caséum , ou du moins comme ayant beaucoup d'analogie avec lui. En faisant évaporer la li([ucur, il se forma à sa surface une pellicule analogue à celle que produit la matière ca- séeuse ; après la dessiccation , il resta une masse jau- nâtre, ayant l'apparence d'une gomme, et soluble dans l'eau, en laissant des flocons insolubles d'un jaune-clair. En répétant l'évaporation, ou olitint encore davantage de ces derniers, mais ensuite leur formation cessa tout- à-fait, quoique la matière dissoute continuât toujours à être précipitée par le chlorure mercurique, circonstance de laquelle Gmelin conclut qu'ici la matière caséeuse pourrait bien être mêlée avec de la ptyaline. I^a disso- lution restante est précipitée en outre par l'alun , les sels d'étain , le sulfate cuivrique, le nitrate mercureux, l68 PANCRÉAS ET SUC PANCRÉATIQUE. le nitrate argentique et l'infusion de noix de galle. Les circonstances qui l'ont porté à considérer cette sub- stance comme du caséum sont que, soumise à l'é- vaporation, elle se couvrait, au moins d'aîjord , d'une pellicule, et que le précipité produit par le nitrate mer- cureux. devenait rouge peu à peu, effet qu'il observa également de la part de la matière caséeuse. Cependant ces données ne sont pas par elles-mêmes suffisantes pour décider que la matière en question est réellement de la matière caséeuse. Celle-ci a une grande analocie avec lalbumme, mais elle en diffère néanmoins d'une manière bien prononcée par sa propriéîé de se coaguler lorsqu'on y ajoute une petite quantité d'acide acétique, et surtout qu on cbauffe le mélange, tondis qu'au contraire l'acide acétique s'oppose à la coagulation de l'albumine. Parmi les réactions que cite Gmclni, on ne trouve pas qu'il ait essayé celle de l'acide acétique. Ce que l'eau n'avait pas dissous du résidu dessécbé de la liqueur du pancréas offrait les propriétés et l'apparence de l'albumine coagulée. En incinérant une portion du résidu sec du suc pancréatique, on détermina la nature des sels qu'il contenait , et qui consistaient en carbonate, sulfate et pliosphate sodiques, avec des traces de potasse, du chlorure sodique, du carbonate calcique, et un peu de phosphate calcique. L'analyse du liquide donna , sur i oo parties : Matières solubles dnns l'alcool 3,68 Matières solubles dans l'eau seulement. . . . i,53 Albumine coagulée 3,55 Eau. 9i'7 2 100,48 En examinant le suc pancréatique de la brebis, il ne fut pas possible de l'obtenir en quantité un peu notable. La portion qui s'écoula d abord, rougissait le papier de tournesol, mais celle que l'on recueillit plus tard, de- PANCREAS ET SUC PANCREATIQUl' . lOo vint peu à peu alealine et de plus en plus concentrée de sorte que, tandis qu'il n'y avait que 3,65 pour cent de matière solide dans la première, l'autre en contenait 5,19. L'animal mourut pendant qu'on recueillit le suc. En général ce li(|uide ressemblait, quant aux qualités extérieures, à celui (ju'on avait obtenu du chien; mais, parnji les substances solubles dans l'alcool, on ne trouva point celle qui l'ougit par \c, chlore, et parmi celles qui se dissolvent dans l'eau seulement, celle qui par l'évapo- ration forme les pellicules insolubles, existait en plus grande abondance que celle qui se conserve sans subir de changement. La portion moyenne du liquide recueilli fournit à l'analyse les résultats suivans : Matières solubles dans l'alcool i,5i Matières solubles dans l'eau seulement. . . 0,28 Albumine coagulée 2,24 Eau 96,35 100,38 Le suc pancréatique du cheval fut obtenu en mettant à mort un cheval qui, peu de temps auparavant, avait mangé beaucoup d'avoine. On mit le pancréas h décou- vert, on lia son conduit excréteur, on l'ouvrit avec l'ins- trument tranchant, on exprima le liquide contenu dans la glande, et on le recueillit. Ce liquide était un peu jaune, clair, à peine opalin, mucilagineux , et lilant comme de l'albumine liquide. Il rougissait faiblement, mais sensiblement, la teinture de tournesol. Soumis à l'ébullition, il se coagulait, même après avoir été étendu d'eau. En un mot, il se uîontra parfaitement analogue aux précédens. Tiedemann et Gmelin concluent de ces expériences qu'on ne peut point considérer la salive et le suc pan- créatique comme des liquides de même nature. I^e suc pancréatique ne leur offrit pas en outre la moindre trace d'une combinaison fie suifocyanogène. Quant a la quantité des sels dans ce liquide, ils admettent que 100 I^O FOIE. parties du résidu sec donnent 8,^8 parties de sels incom- bustibles dans le cbien , et 2-7, '7 dans la brebis. Ces sels étaient composés en grande partie de carbonate sodique, d'une petite quantité de potasse, combinée principale- ment avec de l'acide lactique dans la liqueur, et dont la proportion était plus considérable cbez le chien que chez la brebis; d'une grande quantité de chlorure sodique, de phosphate alcalin, peu abondant chez le chien, très- abondant chez !a brebis; et d'une petite quantité de sul- fate alcalin chez ces deux animaux. La portion des cen- dres insoluble dans l'eau se composait presque entière- ment de phosphate calcique, avec un peu de carbonate calcique. Leuret et Lassaigne ont examiné le suc pancréatique d'un cheval; ils le recueillirent sur l'animal vivant, en attachant au canal excréteur un tube de gomme élas- tique qui se rendait dans une bouteille de la même sub- stance. Dans l'espace d'une demi-heure, ils obtinrent trois onces de liquide, dont un tiers seulement fut consa- cré à l'analyse. Ce liquide était clair; il avait une saveur faiblement salée, et une pesanteur spécifique de 1,0026. Il ne contenait que -f^ pour cent de matières solides, qui, d'après un examen superficiel, parurent être abso- lument les mêmes que celles qu'on trouve dans la salive humaine, avec laquelle par conséquent, d'après leur opi- nion, le suc pancréatique de cheval aurait de l'analogie. 5. Foie et bile. i) Ije foie est un organe extrêmement remarquable, faisant évidemment partie de ceux qui contribuent aux actes de la digestion. Son importance ressort de son vo- lume et de son existence constante chez tous les ani- maux vertébrés, ainsi que chez ceux de quelques autres classes qui sont pourvus d'un cœur et d'un système régulier de circulation, comme, par exemple, les crus- tacés, les mollusques, les arachnides. FOIE. jnj Chez les mammifères, le foie est situé dans la cavité abtloiniiiale , au côté droit de l'estomac, et immédia- tement au-dessous du diaphragme. C'est le plus volu- mineux de tous les organes sécrétoires du corps. Sa face tournée vers le diaphragme est convexe. Il est couvert par le péritoine, partagé sur le bord en trois lobes, et plus plat à sa ftice inférieure, qui présente cependant des inégalités, et où l'on aperçoit la vésicule du fiel, ainsi que les vaisseaux qui pénètrent dans sa masse ou en sortent. Il diffère des autres organes sécrétoires en ce que son liquide, appelé bile, est produit principale- ment, mais non en totalité, par du sang veineux. La veine porte, qui ramène le sang veineux du canal intes- tinal, s'enfonce dans le foie, et s'y ramifie, comme une artère a coutume de le faire dans un organe sécréto:re. Ses blanches, arrivées h un certain degré de ténuité, dé- génèrent directement en conduits très-fins, qui se réu- nissent successivement en troncs plus gros, et finissent par constituer le conduit excréteur du foie, ou canal hépatique. L'artère qui pénètre dans la glande, ou l'ar- tère liépatique, fournit aussi des ramifications termi- nales sécrétant de la bile, qui aboutissent aux conduits biliaires; mais elle en donne d'autres aussi qui condui- sent du sang, se continuent avec les veines, et, trans- mettant le sang qu'elles renferment à la veine hépa- tique, le mêlent avec le reste du sang veineux. Ainsi, quoique la bile soit principalement préparée avec le sang veineux, les anatomistes ont cependant observé quelquefois que la veine porte allait gagner directement la veine cave, sans pénétrer dans le foie, cas dans le- quel la sécrétion de la bile n'avait pu être alimentée que par l'artère qui se rend au foie. Telle qu'on la représente, la composition du paren- chyme du foie, c'est-à-dire de la masse enveloppant les vaisseaux sanguins et les conduits biliaires, serait une chose fort inattendue, car elle se dissoudrait en grande partie dans l'eau, et ressemblerait beaucoup au cerveau sous le rapport de ses matériaux constituans chimiques. 17'^ FOIE. Les premières reclierclies sur ce parenchyme ont été faites par Vauquelin, sur le foie d'une raie. Braconnot examina ensuite le foie de bœuf, et tout récemment From- herz et Gugcrt ont étudié celui de l'homme. Ces recher- ches montrent que le foie contient de l'albumine à l'état de non coagulation , de la graisse , et le tissu insoluble des vaisseaux. Je rapporterai d'aboid l'analyse de Braconnot, comme étant la plus complète. Braconnot pesa une portion du grand lobe d'un foie de bœuf, la réduisit en bouillie dans un mortier de marbre, étendit cette bouillie avec de l'eau, et la passa au travers d'un taffetas serré. La plus grande partie de la masse du foie s'était dissoute: elle passa à travers l'étoffe, sur laquelle il ne resta que les vaisseaux broyés. Le liquide (jui avait traversé le taf- fetas était trouble et un j^eu laiteux. 11 se comportait comme une dissolution d'albumine, et se coagulait forte- ment par l'action de la chaleur. Le caillot était blanc; mais peu à peu il devint rougeâtre, à cause d'une petite quantité de sang qui s'y trouvait mêlée. La liqueur fil- trée était jaune. Nous examinerons d'abord la nature de ce caillot. 11 fut lavé avec soin, séché, réduit en poudre, et mis en digestion avec de l'huile de térébenthine rectifiée ; celle-ci enleva une huile grasse, qui était la cause de l'apparence laiteuse de la liqueur avant la coagulation. La dissolution était d'un jaune-brun. On retira la plus grande partie de l'huile de térébenthine par la distilla- tion, et on en laissa les dernières portions s'évaporer spontanément à une chaleur modérée, dans un vaisseau ouvert. Braconnot ne dit pas si 1 huile de térébenthine fut distillée avec de l'eau, seule manière de la dissiper complètement sans décomposer l'huile grasse restante; dans le cas contraire, on ne peut pas considérer le résidu comme en étant totalement dépouillé. La graisse qui resta après la volatilisation de l'huile de térébenlhme était d'un rouge-brun et à demi soli- difiée. Elle avait l'odeur et la saveur particulière aux FOIE. 1^3 ragoûts de foie de bœuf. Elle iic se mêlait pas le moins du monde avec l'eau. L'alcool à o,8'"i3 de pesanteiu' spé- cifique la dissolvait en toutes proportions, sans qu'il s'en séparât la moindre parcelle de stéarine. Elle n'était point acide, et par consécpient elle n'avait point été sa- ponifiée auparavant; mais, laissée loïig-temps en di- gestion avec de la soude caustique, elle se convertissait en un savon solide et brun, sans ({u'il s'opérât aucun dégagement d'ammoniaque. Cette graisse contient du phosphore, et, quand on la brûle, elle se comporie de même que la graisse céré- brale, c'est-cà-dire laisse un charbon tellement pénétré d'acide phosphorique vitrifié, qu'il devient tout-à-fait impossible de le brûler complètement. Traitée par l'acide nitrique, elle produisit, en décomposant l'acide, de l'a- cide pbosphorique et une substance ayant la consistance et la ténacité de la cire, qui se dissolvait aisément dans les alcalis, même dans l'ammoniaque, donnant ainsi des liqueurs brunes, précipitables par les acides. Lorsque Braconnot essaya d'employer l'alcool pour extraire la graisse de l'albumine coagulée, il se sépara en même temps une matière animale qui, après l'éva- poration de l'alcool, connnuniquait à cette dernière la propriété de se mêler aisément cà l'eau, et de produire ainsi une sorte d'émulsion, d'oii on pouvait la précipi- ter au moyen de l'infusion de noix de galle. L'albumine épuisée par l'huile de térébenthine donna, après avoir été brûlée, au pbosphate calcique contenant du fer et un peu de sulfate calcique. D'après cela le caillot pouvait être considéré comme composé d'albumine et d'une graisse particulière conte- nant du phosphore. La dissolution au sein de laquelle le caillot s'était formé par l'action de la cbaleur, rougissait le papier de tournesol. Ayant été soumise à l'évaporation, elle déposa encore quelques flocons d'albumine, et laissa enfin une masse extractive d'un jaune-brun, qui resta molle, et ne put être obtenue parfaitement sèche. Cette masse res- J'74 FOIE. semblait beaucoup à de l'extrait de viande, mais n'avait pas sa saveur salée et piquante. I.a potasse n'en dégageait pas d'ainnioiiiaque, ni l'acide sulfurique d'odeur d'acide acétique. Quoique contenant aussi une petite quantité de la substance animale qui se trouve dans l'extrait de viande, elle était cependant composée principalement d'une autre substance différente de celle-là. Elle ne ren- fermait pas non plus de lactate alcalin, puisque l'alcool même bouillant n'en extrayait pas la moindre parcelle de ce sel, et en général ne dissolvait que très-peu de matière qui fut de l'extrait de viande ou quelque cliose d'analogue. L'alcool se troubla en outre par le refroidis- sement, effet dû h une petite quantité de flocons qui s'y déposèrent. La portion insoluble dans l'alcool ayant été dissoute dans l'eau et mêlée avec de l'infusion de noix de galle, laissa précipiter une certaine quantité de matière ani- male, que Braconnot considère comme pouvant être un reste d'albumine. On enleva l'excès de tannin qui avait été versé dans la liqueur, au moyen de l'oxide stannique bien lavé; le liquide restant conteiîait une substance qui, après avoir été soumise à l'évaporation, ressemblait à un extrait végétal, et renfermait peu de nitrogène. Cette substance ayant été dissoute dans l'eau, elle ne tarda pas à devenir acide, sans se putréfier. Elle serait peut-être comparable à la ptyalitie de la salive liu- maine, à l'état dans lequel je l'ai examinée. Voici le résultat sommaire de l'analyse du foie de bœuf par Braconnot : Dans l'état bumide le foie contient : Tissu de vaisseaux et membranes 18,94 ,„. , , I Matières solubles. .. . a5,5G l.ssu propre, compose dej^^^^^ ^^.^ 100,00 Ce qui est compris ici sous le titre de vaisseaux et FOIE DE l'homme. I-jS membranes, se composait, h proprement parler, de ce dont l'eau n'opéra pas la dissolution. On pourrait objecter qu'il n'apointétéexamiiiésices débris ne contenaicnl pas encore de la graisse et d'autres substances susceptibles de se dissoudre dans des dissolvans autres que l'eau. Le parencbyme proprement dit du foie, c'est-à-dire la portion qui se dissout ou se délaie dans l'eau, était com- posé, sur loo parties, de : Eau 68,64 Albumine, pesée sèche 20,19 Une matière contenant peu do nitrogène, très-soluble dans l'eau et peu soluble dans l'alcool 6,07 Graisse hépatique^ ... 3>8f) Chlorure potassique 0,64 Phosphates terreux, contenant du fer 0,47 Sel résultant d'un acide combustible avec de la potasse, 0,10 Une jjetite quantité de sang mélangé • 100,00 On conçoit que la principale cliose qui reste encore à faire , est de cbeixber à connaître plus en détail les propriétés de cbacune des substances dans lesquelles le foie se résout par l'analyse cliiinique, lue foie de V homme a été examiné ensuite par Fromin- berz et Gugert. Sa composition paraît être tout-à-fait analogue à celle du foie de bœuf; mais de la niarclie différente que ces cbimistes ont suivie dans leur ana- lyse, et des vues également différentes qui les ont gui- dés en l'exécutant, sont provenues des différences dans les résultais, qui disparaîtront probablement loisqu'on répétera ces expériences. Ils opéi'èrent sur le foie d'un jeune homme saui, ([ui avait été exécuté à mort. Après l'avoir nettoyé du sang à l'extérieur, ils le coupèrent en morceaux, et le traitèrent par l'eau froide, jusqu'à ce que celle-ci n'enlevât plus rien. La dissolution était faiblement rougeâtre, mucilagineuse et trouble. On ne dit pas si elle rougissait le papier de tournesol. Les deux chimistes ne paraissent point avoir examiné, comme l'jG FOIE DE l'homme. le fit Braconnot, s le caillot produit par la chaleur et consistant en aihmnine contenait de la graisse chargée de phosphore. Le ii(jui(le réparé de Talhumine par la fdtration fut évaporé jusqu'en consistance sirupeuse, et laissa inie niasse extractive, à laquelle l'alcool houillant enleva, indépendamment d'une matière extractive, une autre suhstance, qui s'en précipita en partie par le l'e- froidissement , et qu'ils cherchent à faire considérer connne étant |Mohal)lement du caséum. En décrivant la hile, nous reviendrons sur une substance qui est vrai- semblablement la même. La dissolution dans l'alcool a une odeur désagréable, qui se communique à i'aîcool (jui ])asse à la distillation. La masse cjui reste après qu'on a retiré tout ce dernier, est un extrait rouge-brun, très-soluble dans l'eau, et pré- cipitable par le sous- acétate plombique, probablenient à cause d'un chlorure (jui s'y trouve dissous, précipilable aussi par l'infusion de noix de galle, mais non par les acides, et paraissant être par consécjuent de l'extrait de viande. Ce que l'alcool boudiant laissa de l'extrait restant après l'évaporation du liquide coagulé, était jaune- pâle, et soluble dans l'eau. Frommherz et Gugert le considèrent comme de la ptyaliue, sans dire s'il se com- portait de même que la substance correspondante fournie par le foie de bœuf, et dont, suivant Braconnot, une portion fut précipitée par l'infusion de noix de galle, tandis que l'autre ne le fut pas. La portion du foie qui ne se dissout pas dans l'eau , et que Braconnot considéra comme un tissu de vais- seaux et de membranes, fut traitée par les deux autres cbimistcs d'abord avec de l'eau bouillante, qui en retira de la gélatine produite par la coction, un peu d'extrait de viande, et un peu de matière caséeuse. Ces deux der- nières substances y étaient vraisemblablement restées parce qu'on avait interrompu trop tôt le lavage à l'eau froide. Ce que l'eau bouillante laissa sans le dissoudre, fut dessé- ché etbouilliavecde l'alcool. Celui-ci se colora en jaune, et FOIK DK l'homme. \nn déposa par le refroidissemenl une innltitude de; (locoiis, auxquels l'éllier enleva une graisse qui, par Tcvapora- tion du liquide éthéré, cristallisa en groupes étoiles. C'é- tait une stéarine non saponifiée. L'évaporation ayant été poussée plus loin, l'éther laissa encore de l'élaïne , mê- lée avec un peu de stéarine. Les flocons d'où l'éther avait extrait la stéarine, étaient composés d'une matière particulière, analogue à de la résine, que Frommlierz et Gugert ont appelée résine hé- patique. Cette uialière ne devient pas encore liquide à ioo°; mais à une plus forte chaleur, elle fond, en se hoursouflant, prend feu, et hrûle avec une flamme hrillante et fuligineuse. A la distillation sèche, elle donne des traces d'anniioniaque, qui peut-être ne proviennent que de mélanges étrangers. Elle est soluhle dans l'alcool houillant, mais ne l'est ni dans l'alcool fi'oid, ni dans l'éther. La potasse caustique la dissout, et les acides la précipitent de cette dissolution sous la forme de flocons hiancs qui, après avoir été lavés, se dissolvent tant dans l'alcool chaud que dans l'éther, d'où résultent des liqueurs (jui n'exercent aucune réaction annonçant la présence d'un acide libre. La dissolution alcoolique au sein de laquelle s'étaient déposés les flocons dont il vient d'être question, rou- gissait le papier de tournesol, et contenait de la graisse saponifiée, ou des acides gras, qui, par l'évaporation, se sépai'aient en gouttes d'huile d'un jaune-brun, et pou- vaient être réduits en acide oléique et acide margarique. Lorsque l'alcool avait déposé ces acides gras, il lais- sait encore, après l'évaporation coniplète, une certaine quantité d'extrait de viande. Enfin Frommlierz et Gugert ont regardé ce que l'al- cool ne dissolvait pas comme du parenchyme hépatique, dont la manière de se comporter envers les dissolvans acides et alcalins n'a point été examinée. Le résultat sommaii-e de leur analyse fut que loo par- ties de masse hépatique contiennent: 6i,'y() parties d'eau et 38,2 1 de matières solides; que sur loo de ces der- VII. 12 178 FOIE T>¥. I.'nOMME. îîières, il y en a 71,28 soluhles en partie clans Teau, en partie clans Talcool , et 28,72 de parenc:livnie inso- luble. Ils ont trouvé, dans 100 parties de foie sec, 2,634 parties de sels, consistant en chlorure polassicpie, phos- phate potassicfue, phosphate calcicjue, avec; un peu de carbonate caleique et des traces d'oxide lerrique. Ils n'ont point dit s'il y avait aussi de l'alcali libre. En analysant le foie d'une raie (raici bâtis, L.), Vau- quelin a trouvé qu'il se convertissait tout entier, par le broiement avec de l'eau, en une émulsion dont la surface se couvrait d'une crème qui, soumise au ba- rattage , donnait de l'huile, absolument comme la crème ordinaire fournit du beurre. Si l'on chauffait le foie jus- qu'au point de coaguler l'albumine c[ui s'y trouvait con- tenue, ou parvenait ensuite à en e.vprimer une quantité considérable d'huile. Cette huile s'élevait à plus de la moitié du poids de l'organe. Ces diverses expériences établissent donc d'une ma- nière assez claire cjue le foie est une combinaison émul- sive d'albumine avec un corps gras, diversement modifiée chez différens animaux, et cjui se trouve mê- lée en outre avec plusieurs autres matières animales , telles que de l'extrait de viande et une ou deux autre > substances insolubles dans l'alcool , mais solubies dans l'eau. Il ne reste plus maintenant c[u'à déterminer de quelle manière ces substances font partie du parenchyme hépa- tique. Pour acquérir quelque certitude à cet égard, il faudrait, en analvsant la masse d.i foie, c nimencer par injecter de l'eau distillée dans le tronc de la veine porte et de l'artère hépaticjue, afin d'entraîner les liquides qui s'arrêtent à la mort dans les vaisseaux sanguins et les conduits biliairc^s, et de pouvoir les examiner à part ; car tant que le contenu de ces vaisseaux sera mêlé , dans l'a- nalyse, avec le parenchyme proprement dit, on ne pourra rien dire de certain sur la nature de ce dei'nier. Cepen- dant nous verrons , d'après ce que je dirai en parlant des reins, cjue la masse émulsive qui se trouve dans le foie, était contenue clans une partie des vaisseaux, et se composait de liquides sur le point de donner de la bile. Les maladies accompagnées d'une altération essentielle de la niasse du foie ne sont pas rares assurément; maison s'est très-peu occupé jusqu'à présent des changemens qu'elles déterminent. Fronnnherz et Gugert ont examiné une tumeurhépatique provenant d'un malade qui avait souf- fert du foie, et chez lequel cet organe pesait environ douze livres. Elle avait l'aspect du fromage, et était blanche. L'organisation du foie paraissait y être totalement dé- truite, et elle contenait une graisse non saponifiée, avec un peu d'albumine non coagulée, une petite quantité d'extrait de viande, un peu de matière caséeuse et de matière salivaire, (juelques restes de vaisseaux sanguins, du chlorure sodique et du phosphate calcique. On n'y trouva ni graisse hépatique, ni résine liépati([ue, ni acides gras. 9.) La bile. Ce liquide coule du foie dans le duo- dénum par un conduit particulier, s'ouvrant derrière im pli qui en bouche l'ouverture tant que l'intestin est vide, mais s'efface et permet à la bile de couler, pendant la digestion, loi-sque le duodénum est un peu distendu par la masse qui le traverse. A ce conduit excréteur en aboutissent deux autres encore, dont l'un sert, comme je l'ai déjà dit plus haut, à l'écoulement du suc pan- créatique, et dont l'autre mène à la vésicule biliaire. Cette dernière, qui est un petit réservoir pour la bile, repose immédiatement sur la face inférieure du foie, et se compose d'une membrane muqueuse renforcée d'abord par un tissu cellulaire serré, qui l'entoure, et tapissée en outre par le péritoine sur la face opposée au foie. La vésicule biliaire reçoit la bile qui coule du foie hors du temps de la digestion, et qui ne peut point alors péné- trer dans le duodénum. Dès que l'ouvertiae du conduit commun de la bile cesse d'être fermée, ce liquide coule di- rectement et simultanément du foie et de la vésicule du fiel. La bile est verte, depuis le vert jaunâtre jusqu'au vert d'émeraude, d'une saveur amère, et d'une odeur parti- l80 BILK. culière, nauséabonde. Celle de la vésicule est mucllagi- neuse, en raison du mucus de la vésicule, qu'elle tient en dissolution , et très-souvent elle est filante. Chez les niannnifères, la bile contient la même ou presque la même quantité d'eau que le sérum du sang; mais cbez les oiseaux, elle est plus étendue, et cbez les poissons quelquefois plus concentrée. Elle ne se coagule pas par l'ébullition. Tbénard a trouvé la pesanteur spécifique de la bile de bœuf::=: i,oii6 à 6^. Il y a déjà long-temps que la composition de la bile a été un sujet de recbercbes pour les chimistes. La pro- priété qu'elle a de mousser quand on l'agite, et de préci- piter par les acides, en abandonnant une substance ré- sineuse, détermina les anciens chimistes à la considérer comme une combinaison savotmeuse d'un corps voisin des résines. Tant que cette opinion régna, on chercha à expliquer d'après elle tous les effets de la bile dans le corps. Fourcroy remarqua que l'alcool précipite de cette dernière une matière qu'il considérait comme de l'albu- mine, et Powell essaya de démontrer que la bile a la propriété d'empêcher la coagulation de l'albumine avec laquelle on la mêle. Tbénard imagina ensuite une nou- velle manière d'analyser la bile, consistant à la préci- piter d'abord avec un acétate plombique peu basique, puis avec de l'acétate plombique complètement basique; et il parvint de cette manière à en retirer plusieurs prin- cipes constituans nouveaux , spécialement une matière sucrée, à laquelle il donna le nom de picromel ( de Trty.poç , amer, et p^els, miel), en raison de sa saveur à la fois sucrée et amère. La même méthode analytique fut suivie depuis par Clievreul,Clîcvallier et Lassaigne, sans fournir de nouvelles observations dignes d'une attention particu- lière, jusqu'à ce qu'enfin Léopold Gmelin, dans ses re- cbercbes sur la digestion, faites en commun avec Tiede- mann , donna une analyse de la bile , qui est certainement la plus détaillée et la meilleure que la chimie animale puisse offrir jusqu'à ce jour, Frommherz et Gugcrt ont marche depuis avec succès sur les traces de Gmelin. TRAITEMENT DE LA. BILE PAR LES ACIDES. l8l Après avoir appris à connaître par l'analyse de (ime- lin toutes les matières remarquahles qu'il a retirées de la bile, et comparé leurs propriétés chimiques avec celles de la bile dans lac[uelle elles se trouvent encore toutes mêlées ensemble, on tombe dans un labyrinthe d'où il est difficile de sortir; et si, d'un autre coté , l'on compare les produits obtenus par les acides dans l'analyse de la bile, avec ceux qu'on se procure par la précipitation des principes constiîuans de ce liquide au moyen des sels mé- talliques, on n'en est pas plus avancé pour cela. Mais il devient de plus en plus vraisemblable que ia composition de la bile est plus simple qu'il ne paraît découler des résultats analytiques; qu'elle contient les substances al- bumineuses du sang, offrant à la vérité un changement essentiel , mais dissoutes dans la même eau, et mêlées avec les sels d'origine Inorganifjue qui existent dans le sang; enfin que le produit de ces substances albumineuses pos- sède une si grande tendance à changer de composition, que l'action de réactifs divers en produit des corps diffé- rens qui varient suivant les méthodes analytiques em- ployées, absolument de même que les huiles et les graisses se convertissent en sucre et en acides gras par l'action même des oxides plombique et zincique. On se persuade en même temps que cette facilité avec laquelle les élémens des matériaux de la bile se déplacent, est peut-être une condition fort impor- tante du rôle que ce liquide joue dans le travail de la digestion. A. Traitement de la bile par les acides. Je passerai d'abord en revue l'analyse de la bile au moyen des acides, parce qu'elle donne moins de produits divers. Si l'on mêle de ia bile, par exemple celle de bœuf, avec une petite quantité d'un acide, même d'acide acé- tique, il s'y forme un précipité jaune-clair, qui est com- posé du mucus de la vésicule biliaire, dont une cer- taine quantité était dissoute dans la bile. Par cette préci- l8a TRAITEMENT DE LA BILE PAR LES ACIDES. pitation la liqueur perd son caractère mucilagineux. Si Ton filtre ensuite la bile, et qu'on y verse encore de l'a- cide, on trouve qu'elle se coagule par les mêmes acides que ceux qui déterminent la coagulation du sénun du sang, mais que Tacide acétique et Tacide phosphorique, ce dernier à l'état de modification oii il se trouve après avoir été dissous pendant plusieurs jours, ne la préci- pitent point du tout, et que le précipité se comporte avec les autres acides de la même manière que celui de l'albumine, c'est-à-dire qu'une petite quantité de l'acide se oinbine avec la jnatière dissoute dans la bile, sans la précipiter, et que c'est seulement lorsqu'on ajoute un plus grand excès d'acide qu'il se précipite une combi- naison avec l'acide, devenue insoluble dans la licjueur depuis qu'elle jouit d'une plus grande acidité. Qu'au contraire, on verse tant qu'on voudra de l'acide acétique dans la bile débarrassée de mucus, et il ne s'y forme pas de précipité : l'acide peut être enlevé par l'évapo- ration, et le résidu desséché est ensuite susceptible de se redissoudre dans l'eau. J'ai cru devoir faire cette re- marque générale avant d'entrer dans les détails de l'analyse de la bile. Je prendrai pour base ici les résul- tats auxquels je suis arrivé moi-même dans une analyse de cette humeur, faite (en 1807 ) par les acides, quoi- qu'elle soit imparfaite; car, ainsi que je l'ai déjà dit, nos connaissances, relativement à la composition de la bile, ne reposent pas sur des bases si fermes qu'on puisse les déduire en réunissant les résultats que fournissent les reclierches de plusieurs chimistes, et il faut rap- porter chacun de ces travaux à part, comme pouvant contribuer aux notions plus complètes qu'un jour à venir nous posséderons sur ce sujet. Si l'on évapore de la bile de bœuf jusqu'en consistance d'extrait, et qu'on mêle cet extrait avec de l'alcool , il reste une substance d'un gris-jaune, qui ne se dissout pas. Cette substance, qui n'est également plus soluble dans l'eau, était regardée par les anciens chimistes counne de l'albumine; mais, l'acide acétique la précipi- TRATTEMENT DE LA EILK PAR LES ACIDES. 1 83 tant de la bile, elle ne peut point en être. C'est le mu- cus de lu vésicule biliaire, quoique dans cet état il n'ait point l'aspect de celui qui couvre la face interne de la vésicule. Ce dernier, détacbé par le raclage des parois de la vésicule, ressemble parfaitement à du mucus nasal jaune. Les acides étendus le coagulent en une masse opaque, d'un jaune-clair, non mucilagineuse, qui devient mucilagi- neuse et claire dès qu'on sature exactement l'acide avec de l'alcali. Quand on le fait sécher, il devient clair, transparent et jaunâtre. Arrosé avec de l'eau, il se gon- fle un peu, et devient glissant, mais non muqueux. Le traitement par l'alcool lui fait perdre entièrement sa vis- cosité, et lui donne l'apparence de celui qui reste sans se dissoudre quand on traite la bile desséchée par l'al- cool. L'eau ne lui rend point ensuite sa viscosité. Le mu- cus précipité de la bile par les acides se comporte ab- solument de même que celui qu'on a raclé à la surface de la muqueuse de la vésicule, après qu'on Ta traité de la même manière par les acides. C'est une combinaison chimique du mucus avec l'acide, et insoluble dans l'eau. Elle rougit le papier de tournesol, et n'abandoime point son acide quand on la traite par l'eau. En ajoutant un peu de carbonate alcalin , de manière à saturer exac- tement l'acide, le mucus reprend ses propriétés muci- lagineuses primitives; davantage d'alcali le dissout, et produit avec lui une liqueur mucilagineuse filante comme de la bile. Avec la notasse caustique, il donne une dissolution très-coulante. La dissolution alcoolic[ue de la bile desséchée con- tient les substances principales de la bile. On dis- tille l'alcool au bain-marie, on dissout le résidu dans un peu d'eau, et on mêle la liqueur avec de l'acide sulfu- rique un peu étendu , J'où résulte bientôt un précipité gris-verdatre, consistant; en une combinaison d'acide sul- furique avec là!.ou avec les substances qui donnent à la bile son amertume caractéristique. Le même résultat s'obtient sans évaporation et trai- l84 TRAITEMENT DK LA. BILE PAR L£S ACIDES. temeiit préalable par l'alcool, en commençant par pré- cipiter 1(; mucus biliaire au moyeu d'un acide très- éteudu, fdtrant ensuite, et précipitant la matière amère par un acide moins étendu. La précipitation ne s'opère d'une manière complète que pendant l'évaporation ; et quand alors la liqueur est parvenue à un certain degré déconcentration, on obtient une masse d'un vert-foncé, fondue, résineuse; le liquide décanté est clair et inco- lore, et ne contient plus qu'une petite quantité du prin- cipe amer de la bile. Cependant j'ai trouvé ([ue la bile de bœuf se comportait souvent à cet égard d'une manière tout-à-fait différente; tantôt l'acide précipitait facilement tout, et tantôt il ne se déposait que très-peu de la com- binaison résineuse acide, même après que la licjueur acide avait été fortement (oncentrée. Je ne sais pas d'oii provient cette différence. Je vais parler en premier lieu de la liqueur acide pré- cipitée et filtrée. Tant que la matière amère n'est pas toute précipitée, cette liqueur est verdatre et même bleue. Ce n'est qu'après la précipitation conqjlète qu'elle n'a plus de couleur. Si l'on sature l'acide libre qu'elle con- tient avec du carbonate barytique ou plombique, qu'on sépare par la fdtration le sulfate qui s'est formé, et qu'on évapore le liquide , on obtient des cristaux de sulfate so- dique, et il reste enfin, mêlée avec ce sel, une masse ex- tractive , d'un jaune-brun, qu'on parvient à séparer des sulfates avec le secours de l'alcool. Elle est composée d'extrait de viande, de cblorures et de lactate sodique, exactement comme la substance correspondante qui pro- vient du sérum du sang. Si l'on verse dans la dissolution al- coolique un mélange d'alcool et d'acide sulfurique, jusqu'à ce qu'il ne se précipite plus de sulfate sodique, qu'on filtre ensuite la liqueur acide, et qu'on la sature avec du carbonate plombique, on ojitieut un sel plombique so- luble dans l'alcool, ({ui est du lactate plombique, mêlé avec de l'extrait de viande. Les sels non dissous par l'alcool , et qui consistent en sulfates potassique et sodique, re- tiennent aussi une petite quantité d'une substance ani- TRAITEMENT DE LA HILE PAU LES ACIDES. 1 85 maie avant beaucoup d'analogie avec la substance qu'on obtient de la même manière du sérum du sang, et qui n'est point soluble dans l'alcool. Le précipité acide, consistant en une combinaison d'a- cide sulfurique avec la matière anière de la bile, est très- peu soluble ou même totalement insoluble dans l'eau qui contient une petite quantité d'acide sulfurique, et l'on peut se servir de cette eau pour le débarrasser des sels qui y adhèrent. Il se dissout dans l'alcool, comme une résine, en est en grande partie précipité par leau, et offre tous les caractères extérieurs d'une résine molle. Si l'on fait digérer sa dissolution alcoolique avec du carbonate barytique, jusqu'à ce qu'elle cesse d'exercer aucune réaction indiquant la présence d'un acide libre, l'acide sulfurique se trouve enlevé ainsi, et la matière qui était combinée avec lui reste dissoute. En évaporant cette dissolution, on obtient une masse extractivc d'un jaune-vert, transparente, qui a l'amertume particulière et en général les propriétés caractéristi([ues de la bile. J'ai donné à cette substance le nom de matière biliaire, et je l'ai considérée con.ime la principale partie consti- tuante de la bile. Nous verrons plus loin que Gmelin la regarde comme un mélange de plusieurs substances. Ce chimiste a trouvé, en répétant l'expérience, qu'il se dissout de la barvte dans la liqueur, et que la masse évaporée laisse, quand on la brûle, une assez grande quantité de cendre formée de carbonate barytique. I^ych- nell a leconnu , en chercbant à décomposer la dissolu- tion acide dans l'alcool par du carbonate plombique, qu'on ne pouvait pas de cette incinière l'obtenir parfaitement neutr(\ et qu'en ajoutantde l'eau à la fujucur qui avait été digérée avec le carbonate plombicp.ie, une portion de la combinaison avec l'acide sulfurique se précipitait; lors- qu'ensiute il filtrait et évaporait la liqueur, il obtenait la matière biliaire, absolument de même que par le traitement avec le carbonate barvtique; mais après la combustion , cette matière laissait un mélange de plomb métallique et d'oxide plombique. On n'a point essayé de l86 TRAITEMENT DE LA BILE PAR LES A.CIDES. débarrasser la dissolution du plomb au moyen du gaz sulfide hydrique. Lychneli croyait que le moyen d'obte- nir cette matière biliaire aussi exempte que possible de base étrangère , consiste à mêler la dissolution acide dans l'alcool avec de petites quantités d'une dissolution aqueuse de carbonate potassique, dont on a soin de n'ajouter que ce qui est rigoureusement néces- saire pour saturer l'acide, après quoi on filtre le liquide, pour le séparer du sulfate potassique précipité, et on l'évaporé à siccité. La masse ex- tractive ainsi obtenue avait les propriétés dont il a déjà été parlé, et ne laissait qu'une quaiitité insignifiante de cendre alcaline quand on la brûlait. La matière biliaire séparée par une de ces mé- thodes contient une certaine quantité de graisse rendue soluble dans l'eau par sa présence, et qui lui communique une saveul' fade de graisse rance. On peut extraire cette graisse au moyen de l'ëther pur. Chevreul et ensuite L. Gmelin ont fait voir qu'on parvient, avec ce réactif, à la retirer de la bile elle-même, surtout après l'avoir évaporée jusqu'en consistance de sirop, et qu'elle consiste en un mélange de graisse saponifiée (acides gras) et d'une graisse biliaire particulière, non suscep- tible de se combiner avec l'alcali, point sur lequel je m'étendrai davantage plus loin. La masse insoluble dans l'éther est dissoute par l'eau, La diss;)iiitio!i possède la couleur et la saveur de la bile. Cette substance jouit des propriétés suivantes. Elle a une couleur de jaune-brun verdâtre, mais qui paraît dépendre d'un principe colorant mêlé avec elle, car, ainsi que je dirai plus bas, on peut l'obtenir presque in- colore. Parfaitement desséchée, elle est dure et cassante, facile à pulvériser, d'une saveur amère et ensuite sen- siblement sucrée; sa dissolution concentrée et chaude exhale l'odeur de la bile fraîche. Quand on la chauffe, elle fond en se boursouflant, se charbonne, fume, pi'end feu, brCde avec une iiamme brillante et fuligineuse, et laisse un charbon poreux, difficile à brûler. Ce charbon TRAITEMENT DE LA BILE PAR LLS ACIDES. 1 87 contient plus ou moins de la base avec laquelle on a sé- pare la matière de l'acide sulfurique, et qui finit par res- ter sous la forme de cendre. A. l'air humide, elle s'hu- mecte peu à peu. Elle est soluble en toutes proportions dans l'eau et dans Talcool, mais insoluble dans l'éther. La dissolution aqueuse ne peut point être mise en état de fermentation. La manière dont cette substance se comporte avec les acides est la plus remarquable de ses propriétés. On a vu, par ce qui précède, que, les acides acétique et phosphorique exceptés, elle forme avec la plupart des autres acides des combinaisons peu solubles, qui sont presque entièrement insolubles dans l'eau acide, se précipitent sous la forme de corps mous fort semblables à des résines d'un vert-foncé, et sont si fusibles qu'elles se liquéfient déjà dans l'eau bouillante. Si l'on malaxe la com- binaison précipitée avec de l'eau pure, elle s'y gonfie un peu, prend un aspect satiné et une couleur vert-pâle, pres- que blanc, et, après avoir perdu la plus grande partie de son acide par le lavage, se résout peu à peu en un liquide verdàtre , amer et peu acide, qui se trouble de nouveau quand on y verse de l'acide libre. La combinaison avec l'acide nitrique est d'un jaune-brun et non verte. Ces corps résiniformes sont complètement solubles dans la dis- solution d'acétate potassique: leurs acides se combinent alors avec la potasse, et l'acide acétique avec la matière biliaire, d'où résultent par conséquent deux composés so- lubles dans l'eau. Ils sont en outre très-solubles dans l'al- cool, d'oLi l'eau les précipite, quoique incomplètement. La matière biliaire est dissoute par les alcalis, à ce qu'il paraît, sans éprouver de changement. Mais si on la mêle avec une lessive concentrée de potasse caustique, l'odeur du mélange indique bientôt qu'il s'opère une décompo- sition. Lychnell a trouvé que de la bile versée goutte à goutte dans une forte dissolution de soude caustique, donnait un précipité vert-clair, qui se redissolvait par l'addition d'une plus grande quantité de bile, et qui pa- raît avoir été une combinaison de matière biliaire avec la soude, insoluble dans la liqueur fortement alcafine» l8B TRAITEMENT DE LA. BILE PAR LES ACIDES. Nous avons déjà vu précédemment que cette matière s'unit aux carbonates bary tique et plombique, et que les combinaisons qui résultent de là sont solubles dans l'eau; il est vraisemblable (juc le carbonate sodique con- tenu dans la bile s'y trouve combiné cbimiquement avec la matière biliaire, car ce sel n'est point soluble dans l'al- cool, qui cependant s'empare de lui, en même temps qu'il dissout la bile évaporée. La matière biliaire a donc sous plusieurs points de vue de grands rapports avec le suci'C de réglisse (T. V, p. 256), surtout avec celui de Xabrus precatoriuSy qui, indépendamment de sa saveur amère et ensuite douceâtre, s'obtient ordinairement teint en vert par un principe colorant végétal qui est mêlé avec lui et qu'on ne peut point en séparer. D'après Lycbnell, la couleur verte de la matière bi- liaire est détruite par les oxides ferreux et stanneux. Il mêla la dissolution de cette matière avec de l'bydrate cal- cique, d'où résulta un précipité vert-clair, qui ne tarda pas à se redissoudre en grande partie: ensuite il ajouta un peu de sulfate ferreux, boueba bien le flacon, et le laissa pendant douze heures dans un endroit chaud, en le renuiant de temps en temps. Ija liqueur é(^laircie était presque incolore. Evaporée jusqu'à siccité, elle laissa une substance jaune, transparente, ayant toutes les autres pro- priétés de la matière biliaire, jjorsque Lychnell mit de la dissolution de matière biliaire en digestion avec de l'hydrate stanneux, elle perdit également sa couleur, et après l'évaporation à siccité, la matière biliaire fut ob- tenue, comme la précédente, ayant une couleur jau- nâtre. L'oxide stanneux, traité par l'eau et le sulfide hy- drique, fut converti en sulfure d'étain intermédiaire de cou- leur brune (^non noire); mais l'eau n'en contenait pas le moins du monde en dissolution, et l'alcool ne put rien extraire non plus du sulfure d'étain. La matière biliaire dis- soute ne perdit point sa couleur par l'oxide stannique (i). (i) Lychnell a essayé aussi de décolorer la bile en y faisant pas- ser un courant de chlore, mais elle fut décomposée presque comme TRAITEMENT DE LA BILE PAll LES ACIDES. ï 8c) Ladissolutioiule la matière biliaire dans l'eau est préci- pitée par les sels métalliques, notamment ceux de plomb, d'étain et de cuivre, ce qui a lieu surtout (juand on ajoute un peu d'alcali, de manière à saturer exactement l'acide qui devient libre à la suite de cliaque addition. Mais il se produit ainsi une m idtitude d'autres corps, sur les- quels les reclierches de Gmeli II, dont je parlerai dans la suite, répandent du jour. D'après mon opinion, il n'est pas possilîle actuellement de décider formellement si ces corps sont des produits ou s'ils existent tout formés dans la bile, quoi(|ue, dans l'exposition précédente de l'analyse de la bile, je sois parti de l'bypotlièseque ce sont des produits. La matière biliaire n'est point précipitée par l'infu- sion de noix de galle, et on ne sait pas qu'elle le soit par aucune autre substance végétale. Le résultat en centièmes de mon analyse de la bile de bœuf est le suivant : Eau 9<>i44 Matière biliaire (y compris la graisse) 8,00 IMucus de la vésicule. . ,, o,3o Extrait de viande, clilorure et lactate sodiques. o^n^ Soude 0^4 ï Pbospbate sodique, pbospliate catcique et traces d'une substance insoluble dans l'alcool 0,1 t 100,00 Prout a analysé la bile d'après le même plan , et avec par un acide, et il se précipita une masse blanche emplasti(]ue. L'eau en précipita encore davantage de la licpieur acide. En fai- sant dissoudre ce précipité dans l'alcool, il resta des grumeaux incolores, transparens , (pii, après avoir été bien lavés, réagirent à la manière des acides sur le papier de toiunesol, et, sous l'ac- tion de la chaleur, chassèrent avec effervescence l'acide carbo- nique des carbonates alcalins, laissant une dissolution qui, après le refroidissement, se prenait en gelée quand elle était concentrée. Ces flocons étaient très-solubles dans la potasse caustique. Mais il ne réussit pas toujours, à ce qu'il paraît, ù obtenir ce corps acide particulier. IQO ANALYSE DE THÉNARD. les mêmes résultats. Gmelin aussi a employé cette mé- thode. Les résultats de ses analyses, tant avec l'acide sul- furique qu'avec l'acide hydroclilorique, ont été également les mêmes. Mais il a remarqué; r° que la liqueur préci- pitée avec l'acide contenait, indépendamment des ma- tières indiquées ci-dessus, des traces d'une autre sub- stance, qu'il a découverte au moyen de l'analyse par une autre voie, et à laquelle il a donné le nom de taurine ; ces traces étaient sensibles surtout avec l'acide hydro- clilorique, et moins prononcées avec l'acide sulfurique; elles manquèrent tout-à-fait quand on évapora la bile mêlée avec de l'acide acétique; 2° que, quand la combinaison acide d'acide sulfurique et de matière biliaire fut mise en digestion avec de l'eau et du carbonate barytique, le sulfate barytique produit se colora, sans que l'eau pût lui enlever cette couleur; mais l'alcool en re- tira une substance résineuse, que Gmelin avait déjà découverte aussi par une autre voie, et qu'il avait appe- lée résine biliaire. Il a reconnu enfin, ce qui n'avait point encore été remarqué, que la matière biliaire dis- soute contient de la baryte, phénomènp attribué par lui à de l'acide acétique qu'il présume s'être précipité en combinaison avec le sulfite de matière biliaire. Par suite de ses expériences il considère la matière biliaire décrite précédemment comme un mélange dans lequel il n'entre pas moins de sept autres principes constituans de la bile, dont aucun cependant ne possède, quand il est isolé, la propriété de produire, en s'unissant avec les acides , une combinaison résiniforme et peu soluble. B. Analyse de la bile au moyen de V acétate plom- bique. a) Analyse de Tliénard. Thénard précipita par le moyen de l'acide nitrique la substance qu'il regardait, ,dans la bile, comme étant de l'albumine; puis, ayant filtre la liqueur, et y ayant ajouté de l'eau, il y versa une dissolution de sous-acétate plombique, obtenue en dissol- RÉSINE BiriAIRr. PICROMEL. jq| vant ensemble dans l'eau trois parties de sel neutre et une d'oxide plonibique. Cette dissolution fut versée éten- due dVau dans la liqueur, et la n'iasse bien remuée. Il con- tinua d'exécuter la précipitation jus(pi'à ce qu'il remar- qua qu'une petite quantité de la liqueur prise à part, après être complètement précipitée par le sel plombique, devint parfaitement limpide en y ajoutant de l'acide ni- trique. De cette manière il crut avoir séparé les principes constituans de la bile, en résine, qui se trouvait alors précipitée et qui restait sans se dissoudre par l'addition d'acide nitrique au précipité , et en une autre substance, qui se précipitait quand on continuait à ajouter du sel plombique, mais qui , sé})arée d'avec l'oxide plombique, était soluble en totalité dans l'eau. Le nom de résine biliaire a été donné par Tbénard à la substance résiniforme qui reste après la décomposition du précipité par l'acide nitrique. La portion non encore précipitée de la bile fut préci- pitée par le sous-acétate plombique, le précipité dissous dans l'acide acétique, et la liqueur débarrassée du sel plombique excédant par le gaz sulfide liydrique. La liqueur avant ensuite été filtrée et évaporée , elle laissa une substance extractive, douceâtre et amère, que Tbé- nard a appelée y?i"c7 0//2e/. Tbénard dit que la résine biliaire doit être considérée comme la principale cause de la couleur et de l'odeur de la bile. Elle est solide, verte et douée d'une saveur très- amère. Quand on la fond, elle devient jaune, cbangement de couleur qui se remarque principalement lorsqu'on la fait dissoudre dans l'alcool et qu'on évapore la dissolu- tion. Elle est soluble en petite quantité dans l'eau, d'oij l'acide sulfurique la précipite. La dissolution dans l'al- cool est précipitée par l'eau. Elle est très-soluble dans les alcalis, d'oii tous les acides , même l'acide acétique, la précipitent; mais elle est soluble dans une dissolution d'acétate potassique. Le picromel, tel qu'on l'obtient, après avoir enlevé le sulfure plombique par la filtration cL évaporé la liqueur acide à siccité, est une masse visqueuse, d'un jaune-clair, ayant les qualités extérieures de la térébenthine. Sa saveur est moins amèrc (jue celle de la bile et ensuite douce. 11 est très-soluble dans l'eau et l'alcool, mais inso- luble dans l'étlier. On ne peut point lui faire éprouver la fermentation alcoolique. Le sous-acétate plomhi(|ue, les sels ferriques et le nitrate mercureux le précipitent. Il dissout la résine biliaire, et reproduit ainsi de la bile. Du reste, Tbénard a trouvé que la bile contient si peu de soude libre, qu'il suffit d'y ajouter la moindre goutte d'acide pour lui communiquer la propriété de rougir le tournesol. C'est pourquoi il admet que~ la ré- sine biliaire n'est dissoute dans la bile qu'au moyen du picromel, et dit (|ue la plus grande partie de la résine peut se redissoudre si l'on fait dissoudre ensemble cette résine et le picromel dans l'alcool, évaporer la li(|ueur jusqu'en consistance d'extrait, et redissoudre ensuite la masse dans de l'eau, d'oii il résulte une liqueur sem- blable à la bile. Suivant Tbénard, looo parties de bile de bœuf con- tiennent : Eau 875,0 et quelquefois davantai.'e. Résine biliaire 3o,o Picromel 75,4 Matière jaune particulière, cause de la couleur de la bile , évaluée à 5,o Sonde 5,n Phosphate sodique 2, 5 Chlorure sodique 4,0 Sulfate sodique i,f> Sulfate calcique i,> Traces d'oxide feriique 1000,0 b) Jnalysede L. Gmelin. 11 ne serait pas possible de faire une exposition claire de cet excellent travail, si je commençais par la description de la marche analytique suivie par l'auteur. Gmelin a obtenu de la bile une mul- SUBSTANCE A ODEUR DE MUSC. CïIOLl-STÉRllVE. Ig3 titude de substances tout-h-fait inconnues auparavant et constaté dans ce liquide la présence d'autres matières connues, qui n'y avaient point encore été trouvées. A oici rénuniération des substances qu'il a obtenues tie la bile de bœuf: une substance ayant l'odeur du musc, de la cbo- léstérine, de l'acide margarique, de l'acide oléique, de l'acide clioli(|ue (acide nouveau), de la résine biliaire, une matière cristalline, qu'il appela d'abord asparagine biliaire et ensuite taurine, du sucre biliaire, une ma- tière colorante, une substance analogue au pluten vé- gétal , de la matière caséeuse, de la matière salivaire, de l'albumine, du mucus de la vésicule, de l'extrait de viande, une substance extraclive insoluble dans l'alcool, des bi- carbonates, des acétates, des oléates, des margarates, des cliolates, des sulfates et des pbospbates potassique et sodique, du cblorure sodique, du pbospliate calcique, un peu de carlîonate ammonique et de l'eau. Je ferai d'abord connaître, en mênie temps que je la décrirai, la manière dont on obtient cbacune de ces substances. 1° La substance à odeiu' de musc s'obtient en éva- porant la bile à siccitë dans une cornue. Elle passe avec l'eau. Son existence n'est conclue, au reste, que de l'o- deur exbalée par l'eau qui passe à la distillation. '1^ Choléstérine. C'est une graisse particulière, dé- couverte pour la pre.nière fois dans les calculs biliaires par Green en 1788, et dont Cbevreul a depuis démon- tré l'existence aussi dans la bile fraîcbe. Cependant elle ne se rencontre pas seulement dans la bile, mais encore d'autres parts dans le corps animal, quoique ce ne soit la plupart du temps que comme produit morbifique. Ainsi on l'a trouvée nageant dans le liquide de j)lusieurs espèces d'bydropisie locale, de même que dans divers tis- sus accidentels du corps vivant, comme, par exemple, dans le fungus médullaire, dans les tumeurs des ovaires cliez les femmes et les femelles d'animaux, etc. C'est dans les calculs biliaires qu'elle est le plus abondante et le plus pure. On l'obtient de la bile en évaporant celle-ci jusqu'en VII. z3 194 CHOLESTÉRINE. consistance d'extrait peu épais, et agitant le résidu plu- sieurs fois de suite avec de l'éther, jusqu'à ce que de nouvel éther qu'on met en contact avec lui n'en extraie plus rien. Alors on mêle ensemble toutes les liqueurs éthérées, et on en retire la plus grande partie de l'éther par la distillation. Le résidu donne en se refroidissant des cristaux de choléstérine, salie par de l'acide oléique, dont on la débarrasse en. la faisant dissoudre dans de l'alcool bouillant, au sein duquel elle cristallise en se refroidissant, ou en la faisant digérer avec de l'alcali caustique étendu d'eau, (|ui dissout l'acide gras. La choléstérine cristallise en feuilles blanches et d'un brillant nacré, qui sont quelquefois très-grandes. Elle n'a ni saveur ni odeur, remonte sur l'eau, et fond à 1^1° en un liquide incolore qui, par le refroidisse- ment, se prend en une masse cristalline, lamelleuse, translucide, susceptible d'être pulvérisée, mais dont la poudre s'attache aisément à tous les corps. A une température plus élevée et dans des vaisseaux qui ne permettent point à l'air de se renouveler, elle passe en grande partie à la distillation, sans avoir subi d'altération, et se sublime plus ou moins sous la forme de feuilles. Quand la distillation se fait au contact del'air, la choléstérine se dé- compose, prend une teinte brune ou jaune, et forme une huile empvreumatique nonacide, te.iantendissolution une certaine quantité de choléstérine non encore décomjjosée. Plus ladistillationa lieu rapidement, et laoinseiie se déconi- pose. Si on la fait chauffer, d'après Ruhn, dans un tube de verre, jusqu'à ce qu'elle sesoit subliinéeen partie, et qu'on la laisse ensuite refroidir, la portion qui reste a subi un changement tel qu'elle ne se solidifie plus complète- ment, même à zéro. A l'air libre, elle s'enflamme, et bride comme de la graisse. Telle qu'elle cristallise de sa dissolution dans l'alcool, la choléstérine paraît contenir de l'eau combinée chimi- quement avec elle, qui s'élève, d'après les exj)éiiences de Pleischl et Ruhn, à 5,2 , et suivant Gmelin, à 5,i pour cent de son poids. Cette eau s'échappe quand on chauffe CTiOLESTKRiNr:. iq5 les cristaux., sans que la choléstérino perde pour cela son brillant, ou change d'aspect. Aussi Gmelin regarde- t-il cette eau comme purement liygroscopicpie , quoi- que alors il soit difficile de concevoir pour([uoi la quan- tité en demeure si constante. La présence de la cholé- slérine dans la bile prouve (|u'el!e est un peu soluble dans reau,quoi{|ueson degrédesolubiliténesoitpointencore dé- terminé. L'alcool froid la dissout à peine, et d'autant moins qu'il contient davantage d'eau. Suivant Chevreul, une partie de cette substance en exige pour se dissoudre 9 d'alcool bouillant à o,84 , et 5,55 à 0,8 1 6 de pesan- teur spécifique. Il faut d'étber, d'après Kulin , T2,i parties à o", 3, 7 à i 5° et 2,2 à la chaleur de l'ébullition. L'esprit j)yroligneux se comporte avec la choléstérine à peu près de la même manière que l'alcool , suivant Gmelin; mais, après que la graisse a cristallisé dans son sein, il en retient encore assez pour que l'eau y fasse naître un précipité abondant. Cette substance se dissout très-peu dans l'huile de térébenthine, d'après Bostock, et seulement à la faveur de l'ébullition; mais on peut la fondre avec les huiles grasses. Elle ne se dissout pas dans l'acide sidfurique aqueux, mais le colore d'abord en jaune, puis devient visqueuse, et nage à sa surface sous la forme d'une niasse sem- blable à de la poix, en commençant à dégager l'odeur de l'acide sulfureux. La décomposition marche encore plus rapidement lorsqu'on fait chauffer la liqueur. L'a- cide nitrique la convertit en un acide particulier appelé choies lé r ique ^ et en tannin artificiel. Ces deux sub- stances seront décrites à l'article des produits de la dé- composition des matièies animales par lacide nitrique. La choléstérine n'est ni dissoute ni saponifiée par la potasse caustique, ce qui forme un de ses principaux carac- tères. A la vérité, elle ressemble sous ce rapport <à la graisse cérébrale, mais elle ne contient pas de phos- phore. Saussure et Chevreul, qui l'ont analysée, sont arrivés aux résultats suivans, qui s'accordent assez bien ensemble : i3. 196 ACIDE OLÉIQUE. ACIDE MARGARIQUE. Saussure. Chevreul. Carbone 84,oG8 86,095 Hydrogène ] 2,0 1 8 11 ,880 Oxlgèiie 3,914 3,025 L'analyse de Clievreul s'accorde presque avec i atome d'oxigène, 38 de carbone et G3 d'iiydrogène. La cbolé- stérine est, de toutes les graisses qui ont été analysées jusqu'à ce jour, la plus riche en carbone. 3° Acide oléique. Cet acide fut dissous dans l'étlier, en même temps que la clioléstérine, et demeura dans la liqueur après que celle-ci eut ci'istallisé. En évaporant la dissolution éthérée , il resta sous la forme d'une huile jaune-pâle, demi-transparente, dont l'odeur res- semblait;» peu près à celle de l'huile d'olive un peu rance. Elle rougissait le papier de tournesol, et se disssolvait, avec effervescence sensible, dans une dissolution de car- bonate sodique, donnant lieu ainsi à une liqueur jau- nâtre, sur laquelle nageaient des flocons de savon, 4 Acide margarique. L'éther ne l'extrait pas de la bile évaporée, quoique d'ailleurs ce réactif enlève et dis- solve une certaine quantité d'acide aux bimargarates, forme sous laquelle facido margarique existe vraisem- blablement dans la bile. Gmelin Ta obtenu de la manière suivante. II fit dissoudre dans de l'eau la bile traitée par l'éther et réduite à la consistance d'extrait par l'évapo- ration, ensuite il précipita la dissolution par celle d'acé- tate plombique neutre. Le j)récipité, qui était cohérent et visqueux à peu près comme un extrait végétal, fut délayé dans tle l'eau et décomposé par le gaz sulfîde hydrique, qui convertit Toxide plombicjue en sulfure de plomb; en même temps l'eau s'einj:)ara des substances suscep- tibles d'être dissoutes par elle, tandis que les autres peu solubles, qui avaient été mises en liberté par le sulfide hydrique, restèrent mêlées avec le sulfure de plomb. Celui-ci fut lavé, desséché et bouilli avec de l'alcool. La dissolution fut précipitée par l'eau, afin d'obtenir dis- \CIDK CnOLlQUF. iqn soutes dans le niélange d'alcool et dVau les portions de matières solubles dans l'eau (jue le lavage aurait nu ne pas enlever eoniplèlement. On retira l'alcool du mélange par la distillation, et le précipité contenu dans le reste- du liquide fut bouilli plusieurs fois de suite avec de l'eau, desséché et dissous dans la plus petite quantité possible d'alcool, après quoi de Téther fut ajouté à la dissolution. Ce dernier réactif précipita la résine biliaire, qui n'est soluble ni par lui, ni par l'alcool contenant de l'éther. La liqueur étant écla.ircie, on laissa l'éther s'évaporer, et la dissolution alcoolique restante fut précipitée par l'eau. Le précipité obtenu était encore un mélange de résine biliaire et d'acide margarique, que Gmelin sépara l'un de l'autre en versant sur le tout de l'éther avec le- quel il avait mêlé une petite quantité d'alcool. Par ce procédé il parvint à effectuer la séj)aration, qui est d'ail- leurs si difficile à obtenir; la résine fut prise par l'alcool, qui, en se combinant avec elle, se sépara de l'éther, et celui-ci s'unit de son côté avec l'acide margarique, de manière qu'il résulta deux couches de liquide, dont l'in- férieure était une dissolu lion de résine biliaire dans l'alcool, et la su|)érieure vuie dissolution d'acide margarique dans l'éther. Cette dernière avait une teinte jaunâtre, j)rovenant du mélange d'une petite quantité de résine biliaire. Après l'évaporation de l'éther, il resta un acide gras solide, qui, dissous dans une tiès-petite (juanfité d'alcool bouil- lant, cristallisa par le refroidissement, et cjui , par des cristallisations réitérées, fut obtenu sous la forme de paillettes incoloreset nacrées: il était fusibleà So'*, et par conséquent contenait encore, d'ajirès la détermination de. Chevreul,20 pour cent d'acide oléique. Sa dissolution dans l'alcool rougissait fortement le papier de tournesol. 5° Acide c.holique. Cet acide, auparavant inconnu, fut obtenu de la manière suivante. Après que le sulfure de plomb, dont j'ai parlé dans le paragraphe précédent, eut été épuisé par l'alcool, le mélange de lésine biliaire et d'acide margarique précipité par l'eau, et l'alcool en- levé par la distillation , l'acide cholique demeura dissous 198 ACIDE CriOLIQUE. dans le liquide que contenait encore la cornue, et il cris- tallisa sous la forme d'aiguilles blanches, lorsque ce li- quide eut été, bouillant encore, séjjaré par la décanta- tion de la résine précipitée. Mais une partie de Tacitle cbolique s'était déjà déposée, pendant le cours de la distillation, dans la résine, dont on parvint ensuite à l'extraire, en la faisant bouillir à plusieurs reprises avec de l'eau, au sein de laquelle, après qu'elle eût été suffi- samment évaporée, il cristallisa par le refroidissement. L'acide cbolique cristallise en aiguilles déliées, qui, comprimées dans du papier, s'aplatissent eii lames d'un brillant légèrement soyeux. Sa saveur est à la fois sucrée et acre. Quand on le chauffe, il fond d'abord en un liquide oléagineux brun, puis se boursoufle, exhale en premier lieu l'odeur de la corne brûlée et ensuite une odeur aromatique, brûle avec une flamme brillante et I fuligineuse, et donne un peu de charbon, qui brûle ai- i sèment, en laissant (juek|ues traces de cendre. A la dis- I tillation sèche, il donne beaucoup d'une huile empyreu- matique brune, épaisse, et un liquide ammoniacal jaune- pale. Par conséquent du nitrogène entre dans sa com- position. Très-peu soluble dans l'eau froide, il l'est un peu plus dans l'eau bouillante. Cette dissolution est inco- lore, et rougit fortement le papier de tournesol. 11 est très-soluble au contraire dans falcool. L'acide sulfurique le dissout, et il en est précipité j)ar l'eau. Lorscju'on ex- pose cette dissolution à la chaleur, elle devient d'un jaune- brun, et fournit un dépôt brunâtre; après quoi l'eau la précipite encore en flocons d'un jaune-clair. Jj'acide ni- trique fumant le dissout aisément, mais alors il se dé- compose: le mélange s'échauffe et dégage du gaz oxide nitrique. Par le refroidissement il ne s'en précipite rien, mais l'eau y fait naître des flocons blasics. L'ammoniaque détermine également un précipité, qu'elle redissout quand on la verse en plus grande quantité. Les sels formés par l'acide cbolique sont en général solubles, et se distinguent par leur saveur sucrée. Les acides plus forts le précipitent de la dissolution de ces RÉSINE I31L1A.IRE. I qq sels clans l'eau, sous la fonne de grands flocons blancs et caséiformes. Il est plus fort que les acides uriciue et anmlotiijue , et décompose aussi à froid les carbonates alcalins avec effervescence. Le cholate sodiquc est une masse saline cristalline, incolore, inaltérable à l'air, et très-soluble dans l'eau. I.e cholate atnmoniqiie de- vient acide quand on l'évaporé à siccité, et laisse alors une masse incolore, transparente, semblable à de la gomme, qui a une saveur très-sucrée et se dissout aisé- ment dans l'eau. La dissolution de l'acide clioli(jue dans l'eau n'est point précipitée par le nitrate argenlique, le nitrate mennueux, le chlorure mercurique, le sulfate cuivrique, le chlorure ferrique, le chlorure stannlque et l'acétate plondjique neutre, mais elle est un peu trou- blée par le sous-acétate plombique. 6" Résine biliaire. Gmelin l'obtint à plusieurs épo- ques de son opération analytique, et ordinairement elle offrait à chacune (juelques légères modifications. Dans le paragraphe consacré à l'acide margarique, j'ai parlé de la précipitation de la bile par l'acétate ploudjique, et de l'extraction de la résine biliaire, conjointement avec les acides cholicjue et margarique, au moyen de l'alcool que l'on fit bouillir avec le sidfure de plomb pro- duit par le gaz sulfide liydrique. Tant que la résine bi- liaire contient de l'acide margari({uc, c'est-à-dire telle qu'elle s'offre à nous avant d'avoir été traitée par l'éther, elle a une mollesse qui tient le milieu entre celle de la cire et celle de la térébenthine. On peut la pétrir, et elle adhère un peu aux doigts; son odeur est celle de la bile; elle a une couleur de vert-brun foncé, et paraît translucide quand'elleesten lamesminces. Aprèsia précipi- tation au moyen de l'éther, elle a considérablement changé de manière d'être. Alors elle ne se dissout plus com- plètement, même dans l'alcool bouillant, et, par le refroi- dissement de la liqueur, il se dépose une substance colo- rée en brun. La portion non dissoute, ainsi que celle qui s'est précipitée par le refroidissement, n'ont plus, nil'uneni l'autre , aucune des propriétés de la ré&ine, mai« ressem- 200 RESINE BILIAIRE. blent plutôt à du gluten végétal; j'y revlcndrni plus loin. La résine biliaire purifiée s'obtient de la dissolution dans l'alcool, en précipitant celle-ci par l'eau, et le sucre bi- liaire reste dissous dans l'eau alcoolique. La dissolution dans l'eau qu'on obtient en décompo- sant par le gaz sulfido hydrique le précipité que l'acétate plombique neutre fait naître dans la bile, contient une assez grande quantité de résine biliaire combinée avec du sucre biliaire. Pour isoler la résine, on fdtre la liqueur qui contient de l'acide acétique libre, et on l'évaporé jusqu'en consistance^l'extrnit : cet extrait n'est plus com- plètement soluble dans l'eau bouillante; on le fait bouil- lir h plusieurs reprises avec de l'eau, jusqu'à ce que celle- ci ne devienne plus sucrée par Feffet du sucre biliaire qu'elle dissout, et il reste enfin la résine biliaire, la- quelle paraît cependant être un peu plus soluble dans l'éther , et d'une consistance un peu plus molle que celle qu'on obtient de la manière suivante. La bile jaune-pâle, précipitée par l'acétate plombique neutre, est filtrée et mêlée avec du sous-acétate plom- bique; on sépare le précipité, et on le lave bien, il est blanc , opaque , emplastique et plus visqueux que la té- rébenthine. On le mêle avec de l'eau tiède à laquelle on a ajouté du vinaigre distillé, et on le décompose complètement par le moyen du gaz sulfide hydrique; la liqueur est ensuite filtrée, et le sulfure de plomb lavé. Ce dernier ne contient alors que très-peu de substances, qui sont les mêmes (|ue celles dissoutes dans la liqueur. Le liquide filtré est d'un jaune-brun clair. On l'évaporé un peu , opération dans laquelle il finit par se partager en deux couches, dont la supérieure est une dissolution très-acide dans l'eau, et l'inférieure une masse brune, visqueuse, résiniforme. On décante le liquide tandis qu'il est encore chaud. La masse résiniforme est agitée avec de l'eau chaude, qu'on ajoute ensuite, après l'avoir filtrée, à la liqueur acide déjà mise à part; l'eau a en effet extrait de la masse résineuse une substance cristallisée qui s'y trouvait mêlée, la taurine. La masse ainsi lavée est dis- RESINE BILIAIRE. aOI soute dans l'alcool. Elle se compose de résine biliaire et de sucre biliaire. L'eau précipite la première de la dis- solution; on la lave avec de l'eau, et on la fond à une douce clialeur. C'est cette dernière opération ({ui fournit le plus de la résine contenue dans la bile. Voici quelles sont, d'après Gmelin , les |)ropriétés de la résine biliaire. Elle est d'un brun clair et transparente, cassante à froid et facile à pulvériser. A une légère clia- leur, elle se ramollit et devient filante entre les doigts. A 100° elle est demi-fluide, et à quelques degrés au- dessus, complètement fondue. Si on la chauffe davan- tage encore à l'air, elle se boursoufle, prend feu, et brûle, en répandant une odeur aromatique, avec une flamme brillante et fuligineuse, laissant un charbon po- reux, facile a. brûler, qui donne quelques traces de cen- dre. A la distillation sèche, elle fournit une huile empy- reumatique et une eau très-acide, qui ne contient pas d'acide hydrochlorique, et dans laquelle on ne trouve qu'une trace d'un sel ammonique. Elle est très-soluble dans l'alcool; la dissolution est d'un brun-clair, a une saveur amère , et précipite par l'eau. L'éther pur ne la dissout presque pas, mais elle est un peu soluble dans l'éther or- dinaire , qui contient de l'alcool. Elle ne se dissout pas dans les acides étendus, même dans l'acide acétique étendu. L'acide sulfurique concentré la dissout lente- ment, mais complètement: la dissolution est d'un jaune- brun, et l'eau en précipite d'épais flocons d'un jaune- brun , tandis que la li([ueur devient incolore. L'acide ni- trique l'attaque même à froid, et la décompose. Si on la fait bouillir long-temps avec cet acide, elle se dissout complètement, et produit ainsi un liquide jaune-pâle, qui donne des flocons blancs par l'addition de l'eau. Elle se combine aisément avec la potasse, et de là résulte un épais magma brun, transparent, qui est insoluble dans un excès de lessive de potasse, mais qui se dissout dans l'eau, de laquelle on peut le précipiter en y ajoutant de la potasse. IjSl dissolution a une saveur amère et al- caline , et les acides en précipitent la résine. L'ammo- 201 TAIRINE. niaque caustique dissout aisément aussi cette résine : la dissolution est d'un brun clair. Le carbonate potassique ne ratta(|ne point à froid, mais le car])onate ammo- nique la dissout aisément. 'j° La taurine est une matière cristalline nouvelle, que Gmeliii avait d'abord nommée aspai'agine biliaire, en raison de sa r(!ssenddance avec l'asparaguie, quant à plusieurs de ses propriétés. Le sous-acétate plom- bique la précipite avec la résine biliaire, et elle reste dissoute dans leau quand on décompose le précipité par le sulfîde bydrique. Si l'on évapore jusqu'à un certain degré cette eau, avec laquelle on avait mêlé de l'acide acétique avant la décomjjosition, le liquide se partage en une masse extractiforme qui se dépose, et en un li{|uide très-acide qui, après avoir été décanté cbaud, donne des cristaux de taurine p^r le refroidissement. En traitant la masse extractiforme j)ar l'eau tiède, on obtient une liqueur laiteuse, qui tient de la taurine en dissolu- tion, et qui est renduetrouble par delà résine biliaire. Onl'a- joute à la liqueur acide qui reste après la crislallisation de la taurine, et on évapore le tout ensemble jusqu'au point de cristallisation. Comme la taurine ne cristallise pas j)endant lévaporation , il favit évaporei" et laisser refroidir la liqueur h différentes reprises pour en ob- tenir des cristaux. La masse extractiforme traitée par l'eau retient encore opiniâtrement une certaine quantité de taïuine, qu'on parvient cependant à en séparer, en la dissolvant dans de l'alcool anbydre, qui n'attaque point la taurine. Pour obtenir cette dernière parfaitement pure, il faut réduire en poudre les cristaux qu'on s'est procurés, mettre cette poudre en digestion avrcde l'alcool anbydre, qui dissout la résine biliaire et le sucre biliaire, et la dis- soudre ensuite dans de l'eau bouillante ; après quoi , ayant été soumise à une ou plusieurs cristallisations successives, elle donne aisément de gros cristaux incolores et trans- parens, qui sont des prismes hexaèdres réguliers, ter- minés par des pyramides à quatre ou à six faces. Sa forme primitive est un prisme rhomboïdal droit, dont SUCKE BILIAIRE. 2o3 les arêtes latérales forment des angles de i i r,44 et 68**, 16. Los cristaux croquent sous la dent, et ils ont une saveur picjuante, mais ([ui n'est ni douceâtre, ni salée. Ils ne réagissent ni à la manière des acides, ni à celle des alcalis, et ne s'allèrent point à l'air, même à 100°. Chauffée à feu nu, la taurine fond en un liquide épais, brunit, se boursoufle, exhale une odeur douceâtre et empyi-eumatique , assez semblable à celle de l'indigo (jui brûle, et laisse un charbon facile à brû- ler. A la distillation sèche, elle donne beaucoup d'une Iiuile épaisse et brune, avec un peu d'eau jaune et aci- dulé, qui tient un sel ammonique en dissolution, et rou- git une dissolution de chlorure ferrique. A \i° la. tau- rine exige i5 4 parties d'eau pour se dissoudre. L'eau bouillante en dissout davantage encore, et l'excès cris- tallise par le refroidissement. L'alcool bouillant de o,835 n'en dis-out que -^t ^-^ ^O" poids; elle est pres- que insoluble dans l'alcool anhydre. L'acide sulfuri(|ue concentré froid la dissout, et produit ainsi un liquide brun-clair, dans lequel l'eau ne fait point naître de pré- cipité, et qui, chauffé jusqu'à rébullition, prend une teinte un peu foncée, mais sans dégager de gaz acide sulfureux. L'acide nitrique froid la dissout aisément, et, après l'évaporation de l'acide ,. la taurine reste sans avoir subi d'altération. Sa dissolution dans leau ne produit aucune réaction avec l'acide bydrochlorique, la potasse, l'ammoniaque, l'alun, le chlorure d'étain, le sulfate cui- vrique, le nitrate mercurcux ou le nitrate argentique. 8^ Sucre biliaire (picro/nel). Une partie du sucre biliaire contenu dans la j)ile est précipitée avec la résine ])iliaire, tant par le sous-acétate que par l'acétate plom- bique, et reste ensuite dissoute dans les liqueurs des- quelleâ\0n précipite la résine biliaire. Ainsi, par exemple, quand on décompose par le sulfîde hydrique le précipité que le sous-acétate plombique produit dans la bile (voyez 6" résine ùi/iai/e), il se dissout dans l'eau une com- binaison de résine biliaire et de sucre biliaire, qui, par l'évaporation, forme une masse extractiforme, et se sépare ao4 SUCRE BILIAIRi:. de la liqueur qui s'évnpore. Si l'on dissout celte masse dans Talcool , et qu'on en précipite la résine par le moyen de l'eau, le sucre biliaire reste dissous dans la liqueur. Mais la plus grande parîie de ce sucre reste sans se précipiter, après que la bile a été mêlée avec du sous-acétate plombique. (3n sépare l'oxide plombique de l'acétate ajouté en excès par le gaz sulfide hydrique; on filtre la liqueur, et on l'évaporé à une douce chaleur, jus- qu'en consistance de sirop, après quoi, abandonnée à elle-même, elle dépose peu à pendes grains jaunâtres de sucre biliaire, qui fait pUis de la moitié du poids total de la masse. On le recueille sur un filtre, on le lave avec un peu d'eau froide, et on l'exprime avec force entre des feuilles de papier brouillard. Dans cet état cependant il contient des cristaux d'acétate sodique, dont on ne peut même pas le débarrasser en le faisant à plusieurs reprises dissoudre et évaporer jusqu'à ce qu'il cristallise en grains. Obtenu de cette manière, le sucre biliaire a ordinairement une teinte de jaune-brun, quoiqu'il soit incolore à l'état de pureté parfaite. Il ne possède pas d'odeur. Il a une saveur forte, sucrée, qui persiste long-temps dans la bouche, est mêlée d'une faible trace d'amertume, et ne peut mieux se comparer qu'à celle du suc de réglisse. Il se conserve à l'air tant sec qu'humide, sans y éprouver au- cune altération. Lorsqu'on le chauffe, il fond incom- plètement, se boursoufle, brunit, répand une odeur en partie aromatique et en partie semblable à celle de la corne grillée, prend feu, et brûle avec une flamme fuli- gineuse , laissant un charbon facile à brûler, quand il ne contient pas d'acétate sodique, auquel cas le carbonate sodique met obstacle à sa combustion. Dans des vaisseaux distillatoires, il fond en un sirop jaune et transparent, entre en ébullition, se boursoufle, abandonne de l'eau, et redevient solide et blanc, dès qu'il a abandonné l'eau avec laquelle il était chimiquement combiné. Chauffé à un plus haut degré encore, il entre de nouveau en fusion, et se décompose, pendant qu'à la distillation passent une huile empyreumatique brune et un liquide jaunâtre, for- SUCRF. BILIAIRE. 2o5 tement ammoniacal. Il résulte donc de là que du nitrogène entre dans les élémens du sucre biliaire. Ce sucre est très-soluble dans l'eau; lorsque la dissolution est sa- turée et chaude, elle forme un sirop, qui , jjar le refroi- dissement se prend en une masse ondulée à la surface. Il se dissout aussi en grande quantité dans l'alcool an- hydre; mais il est insoluble dans l'éther pur, et très- peu soluble dans celui qui contient de l'alcool. L'acide sulfurique ne le précipite point de sa dissolution dans l'eau, et le sucre sec se dissout dans cet acide concentré, avec déeaoement de chaleur. La dissolution est d'un jaune-orangé, et, par le refroidissement, elle se prend à moitié en une masse cristalline. Cette masse entre en fusion quand on la chauffe, et si l'on élève davantage la température, elle dégage du gaz acide sulfureux, sans pour cela cesser d'être claire. Quand on mêle la disso- lution dans l'acide sulfurique avec de l'eau, elle se trou- ble fortement , ce qui arrive même à celle qui a déjà été chauffée jusqu'au point de dégager du gaz acide sulfureux; mais si l'on ajoute davantage d'eau, le pré- cipité se redissout. L'acide nitrique produit un précipité dans une dissolution concentrée de sucre biliaire; le sucre biliaire sec, au contraire, est très-rapidement dissous par l'acide nitrique fumant froid , avec échauf- fement de la masse et dégagement de gaz oxidc nitrique. La dissolution est d'un jaune-pâle. Dans les expériences de Gmelin, elle déposa quelques parties cristallines, qui n'ont point élé examinées. L'eau la précipite en flo- cons blancs, et quand on l'évaporé, il reste une masse d'un jaune-clair, boursouflée, de laquelle l'eau extrait fort peu de chose, quoiqu'elle se colore cependant en jaune, et que, c[uand on y ajoute de ranunoniaqu(; ou de l'eau de chaux , elle prenne une teinte plus foncée encore, mais sans rien laisser précipiter. La portion insoluble dans l'eau est une masse jaune, visqueuse, résiniforme, qui se dissout dans l'ammoniaque, avec lui faible déga- gement de gaz, et en produisant une liqueur d'un jaune- orange foncé, dans laquelle l'acide hydrochlorique fait 2o6 sueur: eiliairi:. naître des flocons d'un jaune clair. Le sucre l/illaire se dissout facilement aussi dans l'acide hydroclilorique mé- diocrement concentré. La dissolution est incolore; mais si on la fait évaporer au hain-marie pendant quelques heures, elle dépose une masse d'un jaune-brun, trans- parente, oléagineuse, qui, en se refroidissant, de- vient lui peu plus ferme, (juoique d'ailleurs elle reste molle. Le liquide acide dans lequel elle s'est formée, est précipité par Ttau, et donne une matière pulvérulente blanche, ou laisse, quand on l'évaporé, un résidu brun, grenu, totalement soluble dans feau, qui a une saveur amère, rougit le tournesol, et dégage à peine une trace d'ammoniaque par l'hydrate calcique. Si l'on fiiit dis- soudre ce résidu grenu dans une petite quantité d'eau, et cju'on mêle la dissolution avec de l'acide hydroclilo- rique concentré, il se précipite une masse extractive, brune, susceptible de se redissoudre dans l'eau. La com- binaison oléagineuse dont il a été parlé plus haut, et qui se précipite quand on fait digérer la dissolution de sucre biliaire dans l'acide hydrochlorif[ue , n'est point soluble dans l'eau froide; si on la lave plusieurs fois de suite avec de l'eau froide, elle devient blanche, opaque, et se dissout ensuite dans IVau chaude, qui prend une couleiu' jautie et une saveur amère. Les alcalis ne paraissent point agir d'une manière bien prononcée sur le sucre biliaire; du moins l'hydrate calcique n'en dé- gage-t-il pas d'ammoniaque. La dissolution du sucre biliaire dans l'eau paraît ne point être altérée par le chlore, l'iode, l'alun, le chlo- rure d'étain (i), l'acétate plombique, le sous-acétate plombique, le sulfate ferreux, le sulfate cuivrique, le (i) Lorsque Lychncll mêlait la dissolution aqueuse de l'extrait alcoolique de bile desséchée avec du chlorure d'étain, et ajoutait àchaque fois la c|iuintité d'ammoniaqueCxactementnécessaire pour neutraliser l'acide mis en liberté, il ne restait pas de sucre bi- liaire dans la dissolution , et la liqueur, après avoir été évaporée, ne donnait que du chlorure ammoniquc et les sels de la bile. MATIKRE COLORANTE. 307 chlorure ferriqiie, le chlorure nuM'curiqiie, le nitrate niercLireux et le nitrate argcntique. Elle n'est point non plus précipitée par le tannin, et la levure de bière ne la fait point entrer en fermentation. Une dissolution concentrée de sucre biliaire dissout un peu de résine biliaire par la digestion; mais une por- tion de la matière dissoute se précipite quand on étend la liqueur d'eau, et le précipité se redissout dès que l'on concentre le liquide par l'évaporalion : il finit par res- ter une masse jaune, transparente, qui a d'abord la con- sistance de la térébenthine, devient ensuite semblable à une gonnne, s'humecte à l'air, et se dissout aisément dans l'eau; la dissolution aqueuse est précipitée par l'a- cide sulfurique, l'acide hydrochlorique, le sous-acétate plondjique et plusieurs sels métalliques; mais elle ne l'est point par l'acétate plombique. Gmelin regarde cette substance connue étatit ce que Thénard a appelé picromel. Suivant Gmelin, le sucre biliaire et la résine biliaire sont les principaux élémens de la bile. La l'ésine paraît y être dissoute par le sucre; cependant, ajoute-t-il, quel- ques doutes restent encore à cet égard, parce que les expériences font voir qu'il se sépare toujouis d'autant plus de résine biliaire qu'on soumet la bile à nu plus grand nom- bre d'opérations. L'évaporation, le traitement par l'al- cool aqueux et anhydre, la précipitation par les sels plombiques, l'action des acides, notannnent celle de l'acide hydrochlorique, toutes ces causes réunies sem- blent détruire le lien entre la résine et le sucre bi- liaires, de manière qu'une portion de ce dernier devient insoluble dans le traitement par l'eau. Gmelin émet encore la conjecture que la résine se trouve peut-être sous un autre état dans la bile, et que c'est par la suc- cession des opérations qu'elle devient moins soluble, ou que peut-être aussi le sucre biliaire éprouve ainsi un cliaugement qui lui fait perdre en partie la faculté de dissoudre la résine biliaire. 9° Matière colorante. La couleur verdâtre de la bilo 908 MATIÈRE COLORANTE. du bœuf appartient, selon toute probabilité, à une sub- stance particulière, qui est dissoute avec les autres dans la bile, qu'on n'a point encore réussi à isoler avec cer- titude par la voie de l'analyse, mais qui, par l'effet de la maladie, se dépose quelquefois en si grande (juantité de la bile, qu'elle produit une espèce particulière de cal- culs biliaires, au moyen desquels on peut étudier ses ca- ractères à l'état d'isolement. C'est cette substance qui, dans la jaunisse, colore en jaune une grande partie du corps, notamuTent la peau, le blanc de l'œil, etc., et qui est la cause de la couleur jaune dont, après la mort, on trouve teintes la vésicule biliaire et les parties envi- ronnantes. Tbénard le premier a fixé l'attention sur elle. 11 l'a trouvée suspendue dans une bile brunaine, sous la forme d'une poudre jaune, à laquelle il donna le nom de inatière jaune de la bile; il a fait voir que c'est la même substance qu'on rencontre dans les cïA- culs biliaires des bœufs, et qui s'est offerte aussi dan'^ un élépbant mort au Jardin des Plantes, où elle formait une masse du poids d'une livre et demie, engagée dans le canal cbolédoque. Pour faire coimaître la nature de cette substance, je rapporterai l'analyse que Gmelin a donnée d'un calcul biliaire de bœuf, dont elle formait la partie principale. On pouvait aisément réduire ce calcul en une poudre d'un rouge-brun clair. L'alcool n'en extrayait qu'une petite quantité de graisse, et se colorait en jaune. L'am- moniaque caustique en dissolvait une petite quantité; mais le meilleur dissolvant de ce calcul fut l'bydrate potassique. La dissolulion obtenue par la digestion était d'un jaune-clair; elle devint d'un brun-verdâtre à l'air, par absorption d'oxigène. Fortement sursaturée d'acide nitrique, elle donna luic inaction qui est caractéristique pour la matière colorante de la bile; si l'on n'ajoute pas trop d'acide à la fois , en ayant soin de bien mêler les deux liquides ensemble, la liqueur devient d'abord verte, puis bleue, violette, et enfin rouge, et ce cbangement de couleur s'opère dans l'espace de quelques secondes. MATIKRE COLORANTE. 200 Au bout tVim Instant, la couleur rouge disparaît aussi, la liqueur devient jaune , et les propriétés de la matière colorante sont alors totalement changées. Il ne faut qu'une très-petite quantité de matière colorante pour rendre cette réaction sensible , et elle a lieu , non seu- lement avec la bile, mais encore avec le sérum du sang, le sérum du chyle, l'urine et autres liquides, quand ils ont pris une teinte jaune dans la jaunisse. C'est donc là le meilleur moyen de découvrir la présence de la bile ou de son principe colorant. La dissolution de la ma- tière colorante dans la potasse est précipitée par l'acide hydrochlorique en épais iiocons d'un vert-foncé, après quoi la liqueur n'a plus qu'une faible teinte de vert. La matière colorante précipitée se dissout, après avoir été lavée et séchée, dans l'acide nitrique, qui prend une teinte rouge, sans passer par le bleu ou le violet, et dont la couleur rouge passe bientôt au jaune. Le précipité vert-foncé produit par l'acide hydrochlo- rique se drssout très-facilement, et avec une couleur de "vert d'herbe, tant dans l'ammoniaque que dans la po- tasse. Les changemens de couleur de jaune en brun et en vert, qui arrivent souvent dans la bile, paraissent tenir à l'oxidation de la matière colorante , qui passe alors du jaurie au vert, et devient par-là plus solul)le dans l'alcali. De la bile qu'on mêle avec un acide, et qu'on laisse en contact avec l'air , devient complètement verte au bout de^quelques jours. Gmelin mêla de la bile de chien, qui est d'un jaune-brun, avec de l'acide hy- drochlorique, dans un tabe de verre soudé à l'une de ses extrémités et renversé sur du mercure: l'air n'ayant aucun accès de cette manière, le mélange ne subit aucun changement de couleur; mais dès qu'on y intioduisit du gaz oxigène , il se colora en vert , d'abord à la surface de contact avec le gaz, puis d'outre en outre, et la bile absorba la moitié de son volume de gaz oxigène. Le chlore produit le même jeu de couleurs que l'acide ni- trique, d'une manière moins vive cependant; le bleu est à peine sensible, mais la couleur passe de suite du vert VII. - i4 2IO EXTRAIT DE VIATv'DE, KTC. au rouge; un excès de chlore détruit totalement la cou- leur de la bile, et la décolore en déterminant la forma- tion d'un trouble blanc. Ce n'est pas seulement la bile des mammifères, mais encore celle des oiseaux, des reptiles et des poissons, qui produit ce jeu de couleur avec l'acide nitrique, quoique la nuance de sa coloration primitive varie non seu- lementdans les différentes espèces, mais encore chez les di- vers individus d'une même espèce. I^a bile du chien , par exemple , est d'un jaune-brun , ayant à peine une teinte de vert; celle du bœuf est verte, tirant sur le brunâtre; et celle des oiseaux est la plupart du temps d'un vertd'émcraude. Si, après que la bile a acquis une certaine nuance par l'addition de l'acide nitrique, on sursature l'ex- cès d'acide avec de l'alcali, la couleur disparaît; elle devient d'un jaune-brun pour la bile verte, et d'un vert- jaune pale pour la bleue ou violette. Un autre acide qu'on verse alors dans la liqueur rétablit la nuance qui avait disparu. I^a bile de chien, rendue bleue dans un verre cy- lindrique, sursaturée d'alcali, et mêlée ensuite avec de l'acide sulfurique concentré, sans qu'on remue le mé- lange, offre les couleurs de l'arc-en-ciel : immédiatement au-dessus de l'acide sulfuri([ue incolore se trouve une couche rosée, sur laquelle on en voit une bleue, puis une verte et enfin une jaune-verdàtre. io°) Extrait de viande, et \\°) Matière qui ré- pand rôdeur de l'urine quand on la chauffe. Le pré- cipité obtenu en traitant la bile par le sous-acétate plom- bique (Voyez 6" Résine biliaire^., contient non-seulement de la résine biliaire, du sucre biliaire et de la taurine, mais encore, suivant toutes les apparences, deux autres substances, savoir: de l'extrait de viande, et une matière aiiimale indéterminée. Gmelin conclut à l'existence de la première de ce que l'infusion de noix de galle fait naître un précipité considérable dans le liquide laiteux, qui contient de la taurine, et qui est très-acide, parce qu'il retient de l'acide acétique du sous-acétate plombique. Il attribue ce précipité à de l'extrait de viande. Cependant MATIÈRE ANALOGUE AU GLUTEN. ALBUMINE. 2 1 I on pourrait objecter que la matière animale soluble dans l'alcool qui existe dans l'extrait de viande, n'est point précipitée, du moins ordinairement, par le sous- acétate plombique : elle aurait donc dû rester dissoute avec le sucre biliaire; mais cette liqueur, d'après Gme- lin , ne précipite point du tout par l'infusion de noix de galle. Si l'on évapore à siccité le liquide acide, et qu'on brûle la masse sècbe, elle exbale d'abord l'odeur de la corne brûlée, puis celle de l'urine. Gmelin attribue celle dernière odeur h la présence d'une autre substance, qui n'est cependant point de rurée,puisque le clilorure sodique, dissous dans la liqueur avant qu'on la soumette à l'évapo- ration , n'y cristallise pomt sous la forme d'octaèdres. 1 2°) Matière analogue au gluten , et 1 3° ) Alhnmine. J'ai dit (Voyez 4° Acide margarique^ que, dans l'opéra- tion ayant pour but de séparer l'acide margarique de la .résine biliaire, l'étlier précipitait cette dernière substance de la dissolution alcoolique qui les contient toutes deux, et qu'ensuite le précipité ainsi obtenu ne se dissolvait plus complètement dans l'alcool froid , qui n'en extrayait que de la résine biliaire. La portion non dissoute par l'alcool froid laisse, quand on la fait bouillir avec de l'al- cool, une certaine quantité de matière tout-à-fait inso- luble dans ce réactif, que Gmelin regarde comme de l'albumine coagulée. Il est néanmoins difficile d'admettre que de l'albumine ait été dissoute auparavant dans l'alcool, et qu'elle n'y soit devenue insoluble qu'avec le secours de l'élber. Cependant Po\vell a essayé de prouver que l'albu- mine, même modifiée comme elle l'est après avoir subi la coagulation , peut être tenue en dissolution par la bile, et que la bile, mêlée exprès avec une certaine quantité d'al- bumine, ote à cette dernière la propriété de se coaguler par rébullition. La matière enlevée par l'alcool bouillant se précipite en grande partie par le refroidissement et possède plusieurs des caractères du gluten. C'est pourquoi Gmelin lui a donné le nom de gliacUne. Mais , d'après Frommberz et Gugert, la matière caséeuse, telle qu'on l'obtient du lait, jouit de propriétés absolument semblables, M. a 12 MUCUS DE LA. VESICULE BILIAIRE, ETC. ce qui fait que la substance dont il s'agit ici pourrait tout aussi biejî être considérée comme de la matière caséeuse. i4°) Mucus de la vésicule biliaire. 11 reste, quand on traite la bile desséchée par ralcool à o,833. Mais si, après avoir enlevé la dissolution alcoolique , on le fait bouillir avec de l'eau, celle-ci en extrait encore quelque chose, qui reste quand on évapore le liquide à siccilé. Si l'on fait bouillir ce résidu avec de l'alcool , celui-ci dissout de la i5°) Matière caséeuse, ou au moins une substance analogue, qui, après l'évaporation de l'alcool, reste sous la forme d'une pellicule transparente, jaune et sus- ceptible de se redissoudre dans l'eau. Quand on la brûle, elle répand l'odeur de la corne. Sa dissolution dans l'eau est troublée par le chlore, l'acide nitrique, et l'acide hydrochlorique, de même que par les sels d'étain , de plomb, de mercure et d'argent, et par l'infusion de noix de galle. Elle est d'autant plus soluble dans l'alcool bouil- lant que dans l'alcool froid, qu'elle se précipite en partie par le refroidissement de sa dissolution alcoolique bouillante. i6°) Matière salivaire. Après que, dans l'opération précédente, l'alcool a extrait la matière caséeuse par l'é- bullition, il reste une matière soluble dans l'eau, que Gmelin ree;arde comme étant de la matière salivaiie ou quelque chose d'analogue. Cette substance se gonfle dans l'eau, devient molle et visqueuse, puis se dissout par- tiellemoit, en laissant d'épais flocons blancs. Sa disso- lution est précipitée par le chlore, les acides, même le vinaigre, l'eau de chaux, l'alun et les sels d'étain, de fer, de cuivre, de plomb et de mercure, mais elle ne l'est j)oint par le nitrate argentique. Le précipité pro- duit par le nitrate mercureux devient rouge au bout de quelque temps. Elle est précipitée aussi par l'infusion de noix de galle. La substance que plusieurs chimistes appellent matièi'C salivaire, et qui diffère de celle exi- stante dans la salive humaine, à laquelle j'ai donné ce nom , paraît en somme être la matière , très-soluble dans l'eau, mais insoluble dans l'alcool, qui existe dans la BICARBONATE SODIQUE, ETC. ai3 plupart des liquides du corps animal, qui est pré- cipitée par le chlorure niercurique et par le tannin, et qui a beaucoup d'analogie avec celle que l'eau enlève à la fibrine et à l'albumine, quand celles-ci, par l'effet d'une longue ébuliition dans ce liquide, changent de nature et perdent la propriété d'être dissoutes par l'acide acé- tique. Quant à ce qui concerne les sels contenus dans la bile, Gmelin y a constaté la présence de ceux qui suivent: 17°) Bicarbonate sodique^aX. iS'') Carbonate ammo- nique. Lorsque, suivant Gmelin, on distille de la bile, et qu'on adapte <à la tubulure du récipient un tube recourbé allant se rendre dansde l'eau de chaux, celle-ci devienttrou- b!e,etil se précipite du carbonate calcique, dontl'acidecar- bonique provient du bicarbonate décomposé par l'ébul- lition. L'eau qui passe dans le récipient contient du carbonate ammonique. Avaiit d'être bouillie, la bile n'exerce pas sensiblement de réaction alcaline sur le papier de tournesol rougi ou sur le papier de curcuma; mais, après qu'elle a subi l'ébullition , cette réaction de sa part devient très-prononcée. Yogel croyait y avoir trouvé du sulfide hydrique; mais, d'après Gmelin, un sel plombiquo, introduit dans le récipient avant la dis- tillation, ne noircit pas, pendant cette opération, lorsque la bile est fraîche. 19") Acétate sadique. Gmelin a essayé d'extraire de, l'acide acétique de la bile, en la mêlant avec de l'acide phosphorique, et distillant le tout au bain-niarie jusqu'à siccilé. Le Ticjuidc qui passa h. la distillation , rougissait fai- blement le tournesol. Après qu'on l'eut saturé avec du carbonate barylique, et qu'on l'eut évaporé jusqu'à siccité, il resta une très-mince pellicule jaune, qui dé- gagea une odeur aigrelette par l'acide sulfurique, mai« sans le moindre mélange d'odeur d'acide butyrique Gmelin conclut de là que la bile contient une petite quantité d'acide acétique. On peut objecter que l'acétate barytiquc est un sel cristallisable , qui s'effleurit à la chaleur, que, par conséfiuent, si l'acide était réellement 2l4 OLIÉATES, MARGARATES, CHOLATES, ETC. de l'acide acétique, au lieu d'une pellicule jaune, on au- rait obtenu une poudi'c saline. 20° — 26°) Oléates ^ niargarates ^ cholate s ^ sulfates et pîiosphates potassiques et sadiques , chloiure sa- dique eX. phosphate calcique. L'existence des trois pre-f miers est conclue d'après la présence du cai'bonate alca- lin. Les autres, au contraire, ont été obtenus par la combustion et l'incinération de la bile desséchée. Une courte exposition de la méthode analytique de Gmelin , qui ne tendait proprement qu'à déterminer la nature et non la quantité des matériaux de la bile, sera maintenant plus facile à comprendre. La bile fut desséchée à une douce chaleur. Elle laissa 8,49 pour cent de résidu séché à +100°. 11 s'était vo- latilisé par conséquent 91, 5i pour cent d'eau. Le résidu sec fut traité par l'alcool, qui laissa, sans les dissoudre, le mucus de la vésicule, la matière salivaire et la matière caséeuse. Ces trois matières furent séparées par la coction dans l'eau, qui laissa le mucus. Après l'évaporation de la dis- solution aqueuse, l'alcool bouillant enleva la matière ca- séeuse, en laissant la matière salivaire. La dissolution de la bile dans l'alcool fut évaporée. La masse extractive restante abandonna à l'élhcr de la cho- léstérine et de l'acide oléique. L'extrait épuisé par l'éther fut dissous dans l'eau, et préci- pité par l'acétate plombique neutre. Le précipité consistait en une combinaison d'oxide plombique avec de la résine biliaire, un peu de sucre biliaire, de l'acide margai-ique, de l'acide cholique, de la matière colorante, de la ma- tière caséeuse ou de la gliadine, et en phosphate, sulfate et chlorure plombiques. En tiaitant le précipité délayé avec de l'eau par le gaz sulfide hydrique, la plus grande partie du sucre biliaire fut dissoute par l'eau, avec une petite quantité de résine biliaire. Avec le sulfure de plomb restèrent, sans se dissoudre, de la résine biliaii-e contenant encore un peu de sucre biliaire, de l'acide cho- lique, de l'acide margarique et de la matière caséeuse, OLEA.TES, MARG/IRATES, CHOLATJ-S, ETC. al5 dont la séparation fut opérée en dissolvant le tout dans J'alcool et précipitant d'abord avec de l'eau, qui retint le sucre biliaire et l'acide cbolicpie en dissolution : on obtint encore un peu d'acide clioliqueen faisant bouillir le préci- pité avec de l'eau. Ce précipité fut ensuite dissous dans la plus petite quantité possible d'alcool , et la dissolution mêlée avec de l'éther , qui en précipita de la résine biliaire , de la matière caséeuse et de l'albumine; l'alcool froid enleva au précipité la résine biliaire, et l'alcool bouillant s'empara de la matière caséeuseou de la gliadine, en laissant l'albumine. La dissolution dans l'alcool étbéré fut évaporée, pour chasser l'éther, et le liquide restant, qui n'était plus qu'une dissolution dans l'alcool simple, fut précipité par l'eau : le sucre biliaire resta dissous dans l'eau. Le précipité était un mélange de résine biliaire et d'acide niargarique. On le dessécha, et on le fit macérer dans de l'éther mêlé d'un peu d'alcool. Le liquide se sépara en deux portions: l'une, plus légère, surnageant, qui con- sistait en une dissolution d'acide margarique dans de l'éther; l'autre", plus pesante, qui était une dissolution de résine biliaire dans l'alcool. On sépara ces deux portions l'une de l'autre à l'aide d'iuie pipette, et on les évapora. La bile précipitée par l'acétate plombique neutre fut en- suite précipitée par le sous-acétate plombique. Le précipité qu'on obtint de cette manière contenait une combinai- son d'oxide plombique avec de la résine biliaire, et une si grande quantité de sucre biliaire, que ces deux sub- stances furent dissoutes ensendale par l'eau , quand on le décomposa. Il contenait en outre de la taurine. On le mêla avec de l'eau et de l'acide acétique, et on le décom- posa par le moyen du gaz suifîde hydrique. Traité ainsi, il donna un liquide acide qui , après avoir été filtré et évaporé, se sépara en une liqueur acide et un magma \'isqueux , déposé au fond du vase. La liqueur acide donna de la taurine par l'évaporation. La masse vis- queuse en céda aussi à de l'eau tiède, par laquelle on la traita. De l'extrait de viande se précipita ensuite de la même liqueur par l'infusion de noix de galle. La ma- 2l6 PORTION INSOLUBLE DANS l'aLCOOL. tière visqueuse fut dissoute dans de l'alcool, et la dissolu- tion précipitée avec de l'eau : on lava le précipité d'abord avec de l'eau froide, puis avec de l'eau bouillante, qui en- levèrent du sucre biliaire et un peu de taurine, et lais- sèrent de la résine biliaire pure. Cette fois, le sulfure de plomb ne retint que très-peu de résine et de sucre biliaires. La liqueur précipitée par le sous-acétate plombique fut débarrassée du plondî par le gaz sulfide bydrique, filtrée et évaporée jusqu'en consistance sirupeuse : elle donna alors du sucre biliaire, sous la forme d'une masse grenue. L'eau-mère, qui ne se troublait plus par l'infusion de noix de galle, contenait encore beaucoup de sucre bi- liaire, avec les acétates des bases inorganiques qui existent dans la bile. Celles-ci ne purent être déterminées avec pré- cision qu'après la combustion du sucre biliaire. c) Analyse de la bile humaine par Fronvnherz et Gugert. Ija bile qui servit à cette analyse avait été prise sur quatre individus morts depuis peu, chez lesquels on n'eut pas motif de suj^poser aucune altération morbide dans le foie ni la bile. La dernière fut évaporée jusiju'en consistance de sirop , et traitée ensuite par l'alcool à 0,847 ^^ pesanteur spécifique, qui en laissa une partie sans la dissoudre. 1°) Portion insoluble dans V alcool. On la fit bouillir avec de l'eau jusqu'.à ce que celle-ci n'enlevât plus rien, puis on la laissa en digestion, à une douce chaleur, avec de l'acide acéti([ue étendu, tant qu'elle lui communiqua de la couleur. Ce qui resta sans se dissoudre était du mu- cus de la vésicule biliaire, et ce que l'acide acétique avait dissous était de la matière colorante de la bile. La disso- lution était d'un vert-foncé. Après avoir été évaporée, elle laissa une masse d'un vert-foncé, qui rougissait le papier de tournesol, et qui, avec l'acide nitrique, produisait la réaction caractéristique de la matière colorante. Cette masse paraissait être une combinaison chimique d'acide acétique avec la matière colorante, de laquelle l'acide se dégageait par l'action de la chaleur, laissant la matière colorante un peu altérée et de couleur brune. . PORTI0^• SOLL'BLE DA^S L .VLCOOL. 217 La décoction de la portion de bile insoluble dan^ Tal- cool fut évaporée à siccité , et le résidu bouilli avec de l'alcool. Ce que celui-ci laissa sans le dissoudre était de la matière salivaire, qui se dissolvait dans l'eau, don- nant ainsi une dissolution que les acides ne troublaient point, et qui par conséquent était exempte de matière caséeuse. La dissolution dans l'alcool se troublait par le refroidissement, et se comportait absolument de même qu'une dissolution de matière caséeuse du lait. Après le refroidissement, elle contenait très-peu de matière caséeuse, un peu de choléstérine et les principes consti- tuans de la bile que l'alcool n'avait point extraits la pre- mière fois. On la fit évaporer à siccité, et l'étlier enleva au résidu la choléstérine. La portion de la bile insoluble dans Talcool était com- posée par conséquent de mucus biliaire, de matière co- lorante, de matière salivaire et de matière caséeuse. 2^) Portion soluble dans l'alcool. Après quelques jours de repos, la dissolution dans l'alcool se troubla et déposa un mélange de choléstérine , de matière colorante et de matière caséeuse, qu'on sépara l'une de l'autre en extravant la choléstérine par Tcther et la matière colo- rante par le vinaigre, qui laissa la matière caséeuse seule. La dissolution alcoolique éclaircie fut évaporée en con- sistance d'extrait. On traita ensuite cet extrait par Té- tlier, auquel il abandonna de la choléstérine; mais la li- queur prit une couleur brune, due à de la bile dissoute qui, après la séparation de la choléstérine, fut ajoutée au résidu, dont, après l'avoir étendu d'eau, on opéra la précipitation au moyen du sous-acétate plombique. La portion qui resta alors dissoute dans la liqueur fut débarrassée du plomb par le sulfîde hydrique, et elle laissa , après avoir été évaporée , un épais sirop de sucre biliaire, qui cristallisa en grains d'un jaune-brun. Le précipité, au contraire, mêlé^vec de l'eau et quel- ques gouttes d'acide acétique, fut décomposé par le gaz sulfîde bvdrique. La dissolution séparée du sulfure de plomb par la fîltration, donna, quand on l'eut évaporée, 2! 8 PORTION SOLUBLE DANS l'aLCOOL. des grains incolores de sucre biliaire, et l'eau-mère, qui refusa ensuite de cristalliser, était devenue acide par de l'acide acétique, de l'acide sulfurique et de l'acide phos- plîorique. Ayant été soumise de nouveau à l'évaporation, elle ne donna aucun signe de taurine, et se dessécha en une masse extractive, de saveur aigrelette, douceâtre et amère, de couleur jaune brun, dans laquelle on présuma qu'il y avait, outre du sucre biliaire, de l'extrait de viande et un peu de résine biliaire. Le sulfure plombique précipité fut épuisé par l'ébul- lition avec de l'alcool : on filtra la dissolution, on l'éva- pora jusqu'à siccité, et l'on fit bouillir le résidu avec de l'eau. La dissolution dans l'eau réagissait à la manière des acides, et contenait une matière qui possédait toutes les propriétés de l'acide cholique de Gmelin, si ce n'est qu'on ne put l'obtenir cristallisée ni de sa dissolution dans l'eau, ni de celle dans l'alcool. La dissolution aqueuse étaitprécipitée par les acides,racide bydroclilorique entre autres, en volumineux flocons blancs, qui, après avoir été lavés avec de l'eau , étaient de l'acide cholique pur, ayant une saveur sucrée, puis un peu amère et acre, et 'donnant avec la potasse des sels également sucrés. Ce que l'eau bouillante n'avait point enlevé à la masse des matières extraites du sulfure de plomb par l'alcool fut traité par Téther, qui entraîna des acides gras et un peu de résine biliaire. Cette dernière ne tarda pas h se précipiter ; après quoi l'acide rnargarique cristallisa par l'effet d'une évaporation prolongée, et il finit par rester de l'acide oléique dans la dissolution. Les acides gras furent séparés l'un de l'autre par de l'alcool froid. Après le traitement par l'éther, il resta des flocons bruns, qui, quoique auparavant insolubles dans l'eau, se trouvèrent alors très-solubles tant dans ce réactif que dans l'alcool. La dissolution dans l'eau fut précipitée par le sous-acé- tate plombique, le nitrate mercureux et le nitrate argen- tique, mais elle ne le fut pas par l'infusion de noix de galle. Frommherz et Gugert regardèrent cette substance comme une matière colorante extractfve (osmazome). PORTION SOLUBLK DANS L ALCOOL. aiq Mais si l'on eiitendait par-là de l'(!xtrait de viande, il y aurait à obiocter que la portion iiisolid^le dans l'alcool est la seide ([ui soit préei}/iîé(; par l'infusion de noix de galle et le sous-acétate ploml)i([uc. Les sels furent déter- minés par la combustion de la bile desséchée. Par suite de celte analyse, Frommberz et Gugert ad- mettent dans la bile les matériaux suivans : du mucus, de la matière colorante, de la matière salivaire, de la matière caséeuse, de l'extrait de viande, de la cholésté- rine, du sucre biliaire, de la résine biliaire, des cholates, oléates, inargarates, carbonates, phosphates et sulfates sodiques et potassiques, ceux-ci en petite quantité, du phosphate, du sulfate et du carbonate calciques. Cepen- dant ce dernier avait probablement été produit par l'effet de la décomposition due à la combustion. Après avoir appris à connaître, par ces analyses détail- lées , les matières qu'on peut séparer de la bile par des méthodes déterminées, nous ne sommes cependant point encore en état de dire avec certitude comment on doit en- visager la composition de cette humeur. J'ai dit précé- demment que les matières contenues dans la bile fraîche peuvent très-bien, vu la mobilité de leurs élémens, avoir subi des changemens dans leur composition , pendant le cours des opérations que l'analyse rend nécessaires. ]Ju moins n'y a-t-il actuellement (|ue ce moyen de compren- dre connnent on obtient des produits si inégaux, sépa- rables par des moyens analytiques différens, de concevoir, par exemple, les quantités variables de résine et de su- cre biliaires, la manière dont le sucre biliaire se com- porte avec l'acide hydrochlorique , etc. Les différences que la bile présente chez les animaux d'espèce différente sont quehjucfois peu considérables, mais toujours cependant très-dignes d'être notées. Gmelin a trouvé dans la bile d'un chien moins de résine biliaire, proportionnellement au sucre biliaire, que dans celle du bœuf. Suivant Thénard, la bile de cochon ne contient presque pas de sucre biliaire, mais seulement de la résine biliaire, facilement et complètement précipitable parles 2 20 PORTIOX SOLUBLE D.VNS l'aLCOOL. acides, même par l'acide acétique. Ce chimiste a trouvé beaucoup d albumine dans la bile de divers oiseaux, par exemple, des poules, des dindons et des canards; il a remarqué que le sucre biliaire n'était pas sucré, mais acre et amer, et qu'enfin l'acétate de plomb, versé dans cette bile, n'en précipitait])ointdematière grasse(résine). Gmelin et Tiedemann ont trouve la bile des oiseaux quelquefois très - différente chez des individus divers d'une ïnéme espèce. Elle était tantôt d'un vert -bleu, tantôt d'un vert d'émeraude, et parfois elle avait une teinte de vert -de- gris. On pouvait, surtout chez les poules et les oies, la tirer en longs fils, et elle contenait de gros grumeaux muqueux. Chez un faucon, au con- traire, elle était très-coulante, contenait peu de iiuicus, et ne hiissait que 1,9 pour cent de résidu. Ces chimistes soumirent la bile d'oie à une analvse détaillée, semblable à celle qu'ils avaient faite de la bile du bœuf Après l'avoir desséchée, ils la traitèrent par 1 alcool, qui laissa du mucus et de la matière salivaire non dissous. La dissolution alcoolique fut évaporée, et le ré- sidu traite par l'élher : on obtint ainsi une liqueur con- tenant une matière résineuse, (jui rougissait faiblement le papier de tournesol, et paraissait renfermer des acides gras, mélangés avec la résine. Le résidu épuisé par l'é- ther fut dissous dans de l'eau; la dissolution ne se troubla point par l'acétate plombique neutre, et fut ensuite mclee avec du sous-acétate plombique, qui v produisit un abondant précipité jaune-brun et cohérent. La liqueur précipitée et débarrassée de l'oxide plom- bique par le sulfide hvdrique, donna, après avoir été évaporée, du sucre biliaire avant une saveur sucrée, mais en même temps salée, à cause des selscjui étaient mêlés avec lui. Le précipité fut également décomposé par le gaz sul- fide hydrique, puis filtré. La dissolution aqueuse donna, après avoir été évapoi'ée, une masse extractiforme, qui ne se dissolvait pas complètement dans l'eau froide, mais se dissolvait d'une matière presque complète dans l'eau bouillante. La liqueur refroidie déposa une poudre d'un PORTION SOLUBLK D\NS l'aLCOOL. â2t blanc sale, paraissant Cive une matière animale particu- lière. Celle poudre s'aggloméra quand on la fit sécher et à une certaine température elle se fondit en un liquide brun. Chauffée à un degré plus élevé, elle se décomposa, en répandant l'odeur de la corne brûlée. A la dislillalion sèche, elle donna une huile brune et beaucoup de car- bonate ammonique. Cette matière ne réagit point à la manière des acides ; elle est peu soluble dans l'eau froide, et un peu plus soluble dans l'eau bouillante. Par le re- froidissement, la dissolution devint laiteuse, sans rien déposer; et quand on l'évapora , elle se couvrit d'une poUicule blanche. La matière n'était pas plus soluble dans une dissolution de carbonate sodique que dans l'eau pure. Le liquide au sein ducjucl elle s'était d'abord déposée contenait, d'après Cmelin, de la résine et du sucre bi- liaires. Le sulfure de plomb précipité céda à l'alcool ime résine biliaire d'un brun-vert, qu'on obtint par l'évaporation du dissolvant. La bile de poule était précipitée par les acides sulfu- rique et hydrochlorique; mais le précipité se redissol- vait dans un excès d'acide. La couleur de la dissolution sulfurique était le vert-pale , mais elle passait peu à peu au rouge. Ce qu'elle tenait dissous en fut précipité par l'eau, avec une teinte verte. La dissolution dans l'acide hydrochlorique donna un préci{)ité moins abondant , et sa couleur persista sans changer. La potasse précipite aussi, de la bile de poule , une matière verte, qui se réunit en une seule masse, et adhère au fond du vase. Cette matière est soluble dans l'eau pure, d'où la po- tasse la précipite de nouveau. Nous apprendrons à con- naître une matière semblable dans la bile de poisson. Il serait bon d'examiner si ces deux substances sont réelle- ment analogues. Les sels de la bile d'oiseau étaient les mêmes que ceux de la bile du bœiif. La bile des. reptiles n'a point encore été examinée dans un nombre suffisant d'espèces, d'une manière assez dé- taillée, pour qu'il soit possible encore d'établir quelque 222 PORTION SOLUELE DANS L ALCOOL. chose de général à Tégard du plus ou moins d'analogie qui peut exister entre elleet celle des animaux à sang chaud. Gmelin et Tiedemann rapportent que la hile conte- nue dans la vésicule de la rana temporaiia s'élève tout au plus à quelques gouttes , ([uVlle est d'un vert-jaune pâle, transparente et très-coulante, qu'elle a une saveur douceâtre et infiniment moins amère que celle de la hile des poissons. Elle est trouhlce parla dissolution de potasse avec laquelle on la mêle, et se convertit en unemasse flocon- neuse, translucide, d'une couleur jaune-verdâtre claire. La vésicule biliaire de la couleuvre à collier i^coluber îiatrix) contenait un gramme de bile, quand elle était tout-à-fait remplie. Cette bile était d'un vert d'herbe vif, transparente et très -liquide. Elle produisit les réactions suivantes. L'acide hydrochlorique concentré, qu'on y versa en excès, donna un liquide brun-pale, qui, au bout de douze heures, avait déposé une poudre d'un brun- clair et acquis une couleur plus pâle. L'acide nitrique occasiona le jeu de couleur ordinaire, sans la troubler. L'acide acétique médiocrement concentré colora la hile en vert d'émeraude, et la troubla faiblement. Ce qui pro- duisait le trouble se déposa sous la forme d'une poudre jaune-pâle. La potasse fit prendre une teinte verte-olivâtre à la bile, et précipita des grumeaux d'un vert-olivâtre pâle. A ces données j'ajouterai encore le résultat de quel- ques expériences analytiques, non quantitatives, que j'ai eu occasion de faire sur la bde du serpent appelé yiyt/zo/z hivittatus (i). Cette bile est d'un vert foncé, tirant sur le jaune. Après avoir été légèrement évaporée , elle laisse une masse de même couleur , transparente, molle, mais (i) Celait un iiulividu do tiès-grande taillt-, qui avait été ap- porté du Bengale, et qui devait être n)ontré pour de l'srgent. Cet animal fut tué par accident aux environs tie Stockholm, et peu de temps après déposé an Cabinet d'histoire natnielle. Sa vési- cule biliaire contenait une très-grande quantité de bile, dont ce- pendant la plus grande partie fut perdue avant que l'on songeât à la recueillir. ANALYSE PAR LA CET A TE PLOMBIQUE. 2^3 non visqueuse, qui se dissout complètement clans l'eau. J'ai exécuté cette analyse de deux manières, par l'acide sulfurique et par l'acétate plombique. A. Analyse par l'acétate plombique. La masse sem- blable à un extrait fut traitée par de l'alcool à 0,84, qui enleva la plus grande partie de la bile, avec la couleur qu'elle avait primitivement. Une portion resta sans se dissoudre; elle était de couleur un peu plus foncée que la bile. La portion insoluble dans l'alcool fut ici proportionnellement plus abondante que dans la bile de bœuf; je commencerai par la décrire. Elle fut mise sur un filtre et lavée à plusieurs reprises avec de l'alcool froid. Comme l'alcool se colorait conti- nuellement en jaune, la masse fut retirée du filtre, et bouillie avec de l'alcool, qui devint par-là d'un jaune vert. Mais connue, après avoir été renouvelé aussi plu- sieurs fois, ce réactif continuait toujours à se colorer au- tant, je mêlai une nouvelle quantité d'alcool avec un peu d'ammoniaque caustique, et j'y fis bouillir la matière non encore dissoute , qui resta enfin gonflée , demi- transparente, et d'un vert-clair. L'alcool avec lequel on la fit de nouveau bouillir, n'en fut plus coloré. Les dissolutions dans l'alcool , avec et sans ammoniaque, fu- rent évaporées, cbacune à part : à mesure que le dissol- vant diminua, elles précipitèrent une matière pulvéru- lente, d'un vert-foncé, et laissèrent enfin une masse d'un veil-foncé, tirant sur le jaune, sècbe, terreuse, terne et de même apparence pour toutes deux. Dans cette opé- ration, l'ammoniaquese volatilisaavec l'alcool, demanière que la potasse n'en dégagea point du résidu. La substance ainsi obtenue est la matière colorante de la bile de ser- pent. Voici quelles sont ses propriétés. Elle est d'un vert-foncé, presque noir, terne, dure, et insipide. Quand, on la chauffe fortement, elle se ramollit, sans éprouver de fusion complète, se boursoufle, et donne beaucoup d'huile empyreiunatique d'une couleur brune, avec une petite quantité d'un liquide fortement ammoniaca I Elle se dissout très-peu dans l'eau, qui reçoit d'elle un.e riche 2^4 ANALYSE PAR l'aCÉTATE PLOMRIQUE. couleur jaune. Elle est un peu soluble dans l'alcool froid, qu'elle teint en jaune ; elle l'est davantage, mais jjas beaucoup plus cependant, dans l'alcool bouillant, qui de- vient vert. Elle ne communique aucune couleur à l'étlier. L'acide acélujue concentré la dissout, en pre- nant une teinte verte foncée. La dissolution peut être étendue d'eau sans se troubler, et quand la dilu- tion est portée jusqu'à un certain degré, elle devient jaune. Lorsque la liqueur est tout -à -fait exempte d'al- bumine, elle ne précipite point par une dissolution de cya- nure ferroso-potassique, non plus cpie par celle de tannin. Elle se dissout avec une grande facilité dans la potasse caustique, à laquelle elle donne une teinte de vert- jaune foncé. L'acide nitrique produit dans cette dissolu- tion le jeu de couleiu' dont j'ai parlé plus haut en trai- tant de la matière colorante de la bile. L'acide acétique, quand on n'en met pas un excès notable, et les acides en général, la précipitent sous- la forme de flocons d'un vert-clair; la dissolution reste jaune, et l'eau de lavage prend la même teinte. Le dissolvant de la matière colo- rante, dans la bile, est la matière biliaire. Je mêlai une certaine quantité de celte matière pure avec une dissolu- tion aqueuse de matière biliairepure et incolore; elle fut dissoute facilement, et en abondance; il résulta de là une liqueur possédant complètement la saveur, la couleur et les qualités extérieures de la bile. La matière qui, après l'ébullition avec l'alcool mêlé d'ammoniaque, était restée sans se dissoudre, fut traitée par l'eau froide, qui prit une teinte jaune-pâle, et laissa, quand on l'eut évaporée, une matière jaune, transpa- rente, dure, sans saveur particulière, très- soluble dans l'eau, dont la dissolution n'était point troublée par l'a- cide acétique ou la teinture de noix de galle, mais dans laquelle le sous-acélate piombique faisait naître un trou- ble léger, uniquement dû sans doute à u.ne petite quan- tité d'un phosphate qui s'y trouvait mélangé. Chauffée dans un lubc de veri'e soudé à l'un de ses bouts, jus- qu'à ce qu'elle se décomposât, elle répandait l'odeur du ANALYSE PAR LACEtATE PLOMBIQtlE. 223 pain grillé , et donnait une huile empyreuniatique et une liqueur qui toutes deux rougissaient le papier de tournesol. Cette substance avait beaucoup d analogie, par ses propriétés, avec celle qui existe dans la salive de l'homme, et que j'ai appelée ptyaline. Ce qui resta sans se dissoudre dans l'eau froide, fut bouilli avec de l'eau. La dissolution devint d'un jaune très-intense, et laissa, après avoir été évaporée, une matière jaune, transparente, qui, traitée par l'eau froide, se gonfla en une masse blanche, dcmi-mucilagineuse, et fut dissoute en quantité presque insensible: cepen- dant l'eau acquit une teinte jaune. La matière non dis- soute et gonflée se dissolvait de suite dans l'eau bouil- lante, qui devenait d'un jaune-pâle. La dissolution était précipitée par le sous-acétate plombique et l'infusion de noix de galle. Je ne puis la rapporter avec certitude à au- cune matière animale préalaÏDlement connue et exacte- ment caractérisée, malgré les analogies qu'elle a avec les substances dont j'ai parlé plus haut, qui se rencontrent tant dans la bile que dans la salive. Ce que l'eau bouillante avait laissé sans le dissoudre était une masse d'un jaune-vert, en flocons demi-trans- parents, tout-à-fait différente du résidu correspondant de la bile de bœuf Cette masse se prenait en gelée avec la potasse caustique étendue, et se dissolvait ensuite complè- tement dans l'eau chaude. La dissolution était d'un jaune- vert, et ne laissait rien précipiter quand on la sursaturait avec de l'acide acétique. La matière tenue en dissolution dans la liqueur acide en était précipitée, avec une couleur grise verdàtre, par la dissolution de cyanure ferroso-potas- sique. C'était par conséquent de l'albumine. Avec l'acide nitrique, la dissolution dans la potasse donnait la réaction ordinaire de la matièi-e colorante de la bile, ce qui prou- vait ([ue la couleur verte de l'albuniine était due à sa combinaison chimique avec de la matière colorante, com- binaison qui s'opposait à ce que cette dernière fût ex- traite par l'alcool ammoniacal. La bile ne contenait par. VII. i5 aa6 ANALYSE PAR l'acétate plombiqtje. conséquent aucune trace d'une substance analogue au mucus de la vésicule des animaux à sang chaud. Nous arrivons maintenant aux parties constituantes de la bile de serpent qui sont solubies dans l'alcool. La dissolution alcoolique de la bile desséchée fut évaporée jusqu'à expulsion complète de l'alcool, et le résidu dis- sous dans de l'eau. Je mêlai la dissolution avec une disso- lution d'acétate plombiquo neutre, cequi la troubla; au bout de douze heures, il s'y était formé un dépôt peu consi- dérable, brun, pulvérulent, qui ne se prit point en masse. Ce précipité fut lavé, et décomposé dans l'eau avec du gaz sulfide hydrique. L'eau mit en dissolution ime petite quantité d'une matière brune, sans amertume bien pro- noncée, qui, après l'évaporation, resta sous la forme d'une pellicule brune à la surface du verre. Redissoute dans l'eau , cette matière fut précipitée par la teinture de noix de galle. Je fis sécher le sulfure de plomb lavé, et je le fis bouillir avec de l'alcool. Après l'évaporation de la dissolution, il resta une niasse grasse, onctueuse, d'un jaune-brun. Cette masse fut dissoute en grande partie dansdel'éther, qui, ayant été évaporé, laissa de l'acide margarique, mêlé avec de l'acide olëique. Les acides gras n'avaient de saveur ni sucrée, ni amère , et ils se dissolvaient presque instantanément dans la potasse caus- tique étendue. La dissolution était presque parfaitement claire; les acides gras ne pouvaient donc pas contenir de choléstérine , puisque celle-ci serait restée sans se dissoudre. La bile précipitée par de l'acétate plombique neutre fut mêlée avec du sous-acétate plombique, d'où résulta un précipité peu considérable, incolore et pulvérulent, qui fut lavé et dissous dans un mélange d'acide acétique et d'eau. La dissolution fut ensuite décomposée par le gaz sulfide hydrique. J'évaporai la liqueur filtrée, et j'ob- tins ainsi un corps transparent , presque entièrement in- colore, semblable à une gomme, qui avait une saveur fort amère, se dissolvait facilement dans l'eau et l'alcool, et se comportait en tous points comme la matière qui ANALYSE PAR L ACLTATE PLOMBIQtJE. 3^7 restait non précipitée dans la liqueur. Le sulfure de plomb, mis en digestion avec de l'alcool, n'abandonna à ce réactif c|u'unc très-petite quantité de soufre. La dissolution qui contenait le sel plombique fut dé- composée par le gaz sulfide bydrique et filtrée. Je par- tageai ensuite la liqueur en deux portions. L'une fut mêlée avec du sursulfate potassique, afin que l'acide libre de ce sel put décomposer les acétates, et l'acide acé- tique être chassé par l evaporation , sans qu'un excès d'acide sulfurlque libre exerçât d'influence décomposante sur la matière biliaire. Après que la masse eut été dessé- chée, je la réduisis en poudre, et je l'épuisai par l'alcool, qui laissa les sulfates sans les dissoudre. La dissolution alcolique était acide. Elle fut mise en digestion avec du carbonate baryticjue, juscju'à ce qu'elle fût devenue neu- tre; après quoi je la filtrai et l'évaporai à siccité. Elle laissa une masse incolore, transparente, dans laquelle se montraient quelques cristaux peu nombreux et fort petits. Ces cristaux se dissolvaient dans l'alcool, et n'étaient par conséquent point un reste de sulflite potassique. La ma- tière obtenue formait la portion la plus considérable de la bile, dont elle possédait parfaitement la saveur carac- téristique. Distillée seule, dans des vaisseaux clos, elle donnait beaucoup d'huile empyreumatique et une eau acide; mais quand elle avait été préalablement mêlée avec du carbonate potassique, l'eau devenait alcaline, propriété qu'elle devait à du carbonate ammonique. Cette matière contenait donc du nilrogène. En somme, elle avait beaucoup d'analogie avec la matière biliaire de la bile des animaux à sang chaud, telle qu'on l'obtient de la combinaison résiniforme dans l'analyse avec l'acide sulfuric[ue; mais elle s'en distingue en ce que, comme on le verra plus loin, l'acide sulfurique ne la précipite point sous la forme d'une combinaison ressemblant à une résine, et qu'elle n'est point non plus décomposée de la même manière qu'elle par le sous-acétate plombique. De même que cette matière biliaire, elle peut dissoudre une certaine quantité de carbonate barytique et de car* . i5. aaS ANALYSE PAR l'acétate plombique. bonate plombique, qui restent après qu'on l'a incinérée. La petite quantité de matière cristallisée qu'elle con- tenait faisait présumer la présence d'une substance par- ticulière qu'on trouve dans la bile des poissons, sub- stance dont nous parlerons plus bas, et qui a pour ca- ractère d'être précipitée de sa dissolution dans l'eau par le carbonate potassique. Une dissolution aussi concentrée que possible de matière biliaire fut mê- lée avec une dissolution de carbonate potassique ; elle se troubla, et déposa enfin une quantité fort peu considérable d'un précipité floconneux:, qui, après avoir été rassemblé sur un filtre, était translucide, jaunâtre et très-visqueux. Ce précipité fut bien exprimé entre des feuilles de papier brouillard, dissous dans l'eau, et saturé avec l'acide sulfurique; quand j'eus enlevé l'excès de ce dernier au moyen du carbonate barytique, j'évaporai la liqueur à siccité, et je traitai le résidu par l'alcool. La dissolution alcoolicjue, évaporée laissa une matière cris- tallisée, incolore, de saveur piquante, d'abord douce et ensuite très-amère. Cette substance se dissolvait aisément dans l'eau, d'où le carbonate potassique la précipitait de nouveau. L'acide sulfurique et l'acide bydrochlorique produisaient un faible trouble blanc dans sa dissolution Celle-ci précipitait par le sous-acétate plombique, quand tousdeux étaicntfort concentrés ;maisle précipilése redis- solvait aisément par l'addition d'une très-petite quaritité d'eau, même quand le liquide tenait du sous-acétate plom- bique ou cette substance particulière en dissolution. La liqueur traitée par le carbonate potassique conte- nait maintenant la matière biliaire qui ne cristallise pas. Je la concentrai par l'évaporation , sans qu'il s'y déposât rien, jusqu'au moment où le carbonate potassique cris- tallisa. Mais l'alcool lui enleva une combinaison de matière biliaire avec du carbonate potassique, qui, après l'évaporation de l'alcool, resta cristalline, et qui possédait une saveur amarescente , faiblement alcaline. Elle attirait lentement l'bumidité de l'air, et recristalli- sait à la chaleur. Elle se dissolvait en assez grande quan- AIVALYSE AVEC l'aCIDE SULFURIQUE. 22Q tité dans l'alcool, circonstance prouvant que le carbo- nate potassique n'y était point à l'état de slnq)le mélange. Afin de déterminer (juolles bases salifiables étaient com- binées avec les acides dans la bile , je pris la portion mise à part de la liqueur précipitée par le sous-acétate plom- Lique, et débarrassée ensuite de l'oxide plombique, je l'évaporai à siccité, et j'incinérai le résidu. La cendre était un sel alcalin blanc-grisâtre, qui, traité par l'eau, laissa du pliospliate et du carbonate calciques. La dissolution alcaline, saturée avec de l'acide liydrocbiorique, et mêlée avec du cblorure platinique, donna des sels doubles, tant potassiques que sodiques, en quantités à peu près égales. Vt. Analyse parleTiioyender acidesuI/urique.\Je\.\.Yix\t alcoolique débile fut dissous dans une très-petite quantité d'eau, et je versai dans la liqueur de Tacide sulfurique, qui produisit un précipité. Ce précipité augmenta au bout de quelques instans. Par l'effet d une douce diges- tion, ses parties s'agglutinèrent ensemble, et il s'attacba aux parois du vase. I^e liquide se décolora en partie, et après le refroidissement il n'était plus que jaune. 11 fut séparé du précipité par la décantation , et rapprocbé par l'évaporation , pendant laquelle il ne donna pas de nou- veau précipité , mais devint d'un rouge-foticé. Il fut alors étendu d'eau, saturé avec du carbonate plombique, filtré et évaporé à siccité. J'obtins ainsi une masse extractiforme faiblement jaunâtre, qui, ayant été traitée par l'alcool, laissa des sulfcites potassique et sodique. La dissolution alcoolique évaporée laissa de la matière biliaire, sembla- ble à celle qui avait été obtenue dans l'analvse précé- dente, mais non cristallisée. Cette matière faisait la plus grande partie de l'extrait alcoolique de la bile sur lequel j'avais opéré. La combinaison précipitée avec l'acide sulfurique était d'un vert-foncé, molle et visqueuse. Elle se dissolvait complètement dans l'alcool, et la dissolution avait une saveur amère et acidulé. Elle fut étendue d'eau , mêlée avec-du carbonate plombique, et bien agitée avec ce sel jusqu'à ce qu'elle ne donnât plus de réactiou acide; 23o ANALYSE AVEC l'aCIDE SULFURIQUE. l'oxide plombique non dissous avait une teinte verte, due à de la matière biliaire dont il s'était emparé, et la dis- solution était d'un jaune-pâle. Evaporée à siecité, celle- ci laissa une masse transparente, d'un jaune-foncé, ama- rescente, qu'il fut très-difficile de redissoudre dans l'eau, et qui donna une dissolution trouble, en quebjuc sorte laiteuse. Cette masse paraissait être une combinaison de matière biliaire et de résine biliaire , telle que celle qu'on obtient de la bile du bœuf quand on la précipite par le sous-acétate plombique. Elle ne contenait pas de plomb; mais la quantité en était trop faible pour qu'il fût pos- sible de la décomposer ultérieurement. Cette bile de serpent contient donc, comme parties constituanîes principales, une matière biliaire particu- lière, qui n'est point précipitée par les acides, ni par les alcalis, mais qui du reste a, par sa saveur et ses au- tres propriétés, beaucoup d'analogie avec celle qu'on pré- cipite de la bile des animaux à sang chaud par l'acide sulfurique, et qu'on peut débarrasser de cet acide au moyen de la baryte ou du carbonate plombique. La prin- cipale différence entre elle et cette dernière consiste en ce qu'elle ne peut point être décomposée, par l'acétate plombique , en résine et sucre biliaires. Cette matière biliaire est combinée avec une matière colorante de même espèce que celle de la bile des autres animaux, qui est peu soluble dans l'eau par elle-même, mais qui s'y dissout abondamment lorsqu'elle est combinée avec de la matière biliaire. La combinaison de ces deux sub- stances ressemble si parfaitement à la bile non décom- posée, que les propriétés de cette dernière semblent dé- pendre principalement d'elle. En outre, la bile contient une petite quantité d'une matière biliaii-e cristallisable, susceptible d'être précipitée par une dissolution de carbo- nate potassique, et qui est analogue, pour les propriétés, à celle qu'on trouvedans la bile des poissons , quoiqu'elle dif- ferede celte dernlèreen ce qu'elleest plusdifficdeà précipi- ter. Je suis obligé de laisser indécise la question de savoir si la bile de serpent, comme semble le prouver l'ana- ANALYSE AVEC LACIDE SULFURIQUIÎ. aSl lyseavec l'acide sulfurlque, contient une petite quantité (l'une matière biliaire analogue à celle qui existe clans la bile des animaux à sang cliaud, précipitable par l'a- cide sulfurique, et susceptible de se réduire en résine et en sucre biliaires, parce que je n'en ai point eu assez à ma disposition pour pouvoir pousser l'analyse jusqu'à ce degré de perfection. Du reste, elle contient une substance analogue à la ptyaline de l'homme, une autre peu soluble dans l'eau froide, mais qui se dissout très-bien dans IVau bouillante, et qui est insolidile dans l'alcool, enfin de l'albumine, des acides gras et les sels qui se rencontrent ordinairement dans la bile. Je n'y ai trouvé, dans mes expériences, ni cholcstérine, ni mucus biliaire semblable à celui- qui existe dans la bile des animaux à sang chaud. Parmi les poissons, Gmelin a examiné la bile de la vandoise {^cjpriniis leiiciscus), de Tablette i^cjprinus alburniis)^ du barbpau {^cyprinus barbus)^ de la truite {^sahno fario) et du brocliet {^esox lucius). La bile de poisson n'est ni acide, ni alcaline. Les sels solubles qu'elle contient consistent principalement en sulfate sodique et sidfate calcique, avec une trace d'ammoniaque. En outre, elle laisse, après avoir été brûlée, du phosphate calcique, mêlé avec beaucoup decarbonates calcique et magnésique. Il paraît exister aussi du sulfate magnésique dans la bile de brochet. La bile de poisson varie beaucoup relativement à la proportion de matière colorante qu'elle contient. Celle des cyprins examinés par Gmelin en contenait fort peu, tandis qu'il y en avait une très-grande quantité dans celle de la carpe et dans celle du brochet, oii elle offrait même la nuance de vert qui indique un degré supérieur d'oxidation de cette matière. La bile de poisson a une saveur douceâtre, avec un arrière-goût amer, et celle de quelques espèces laisse en même temps dans la bouche un goût nauséabond ou d'huile de poisson. Elle est plus concentrée que la bile des animaux à sang chaud. Celle du barbeau 232 ANALYSE AVEC l'aCIDE SULFCRIQUE. contenait 19,3 et colle de la vandoise i4,3 pour cent de matières solides; ii n'y avait que peu ou point de choléstérlne et point d'acides gras. La matière biliaire de la bile des cyprins possède des caractères tout particuliers. Elle est peu colorée, et cris- tallise aisément, ce qui fait que, quand on l'évaporé, elle laisse un résidu cristallin. Celte matière peut en être séparée par la précipitation au moyen de la potasse. Si Ion mêle la bile avec elle, le liquide se prend de suite eh une masse grenue, d'un blanc-verdâtre. Au contraire, elle n'est point précipitée par l'ammoniaque, dont la présence n'empêche pas sa précipitation par la potasse. On exprime la masse coagulée, on lu lave à plusieurs reprises avec de l'eau contenant de la potasse, on la com- prime de nouveau , et on la dissout ensuite dans de l'alcool, qui, abandonné à l'évaporation spontanée, laisse une masse cristallisée incolore. Gmelin n'a point indiqué si, dans cet état, c'est de la matière bUiaire pure, ou une combinaison de matière biliaire avec de la potasse, ce qui paraît être le plus vraisemblable. Elle a une saveur douceâtre, mais accompagnée d'un arrière-goùt extrê- mement amer, contient peu ou point de nitrogène, et donne à la distillation sèche une huile empyreumatique brune, avec une eau acide, qui ne dégage que des traces d'ammoniaque par l'hydrate potassique. Brûlée dans des vaisseauxouverts, elle laissedu sulfate sodiqueet un peu de carbonate calcique. Elle est très-soluble dans l'eaufroideet dans l'alcool, mais ne l'est point dans Téther exempt d'alcool. Sa dissolution aqueuse est précipitée par les acides, quand ils ne sont pas trop étendus. L'acide hydro- chlorique détermine un précipité blanc abondant, qui se dissout dans un excès d'acide, et se précipite de nouveau par une addition d'eau. L'acide nitrique la pré- cipite également avec une couleur blanche. Elle est pré- cipitée aussi par le sous-acétate plombique, les sels d'é- tain et le nitrate mercureux, mais elle ne l'est pas par le nitrate argentique, qui ne fait que donner à la liqueur une couleur rouge, dont la teinte finit par passer au ALTÉRATIONS MORBIDES DE LA BILE. 233 rouge-brun. Le clilorc, le chlorure ferrique et l'infusion de noik de galle ne la précipitent point. Cette substance mérite d'être plus particulièrement étudiée, ainsi que la matière biliaire non cristalline de la bile de serpent; car l'une et l'autre contiennent très-probablement la solu- tion de l'énigme qu'est pour nous jusqu'à présent la composition de la bile des animaux à sang chaud. La bile de truite et celle de brochet ne deviennent pas cristallines par le refroidissement, et ne sont point précipitées par la potasse. La bile de poisson contenait des grumeaux de mucus, qui, après le traitement de la bile par l'alcool, restèrent, sans se dissoudre, avec une couleur verte. Je ne sache pas qu'on ait jusqu'à présent analysé la bile d'animaux autres que les vertébrés. Ahérations morbides de la bile. La bile subit quel- quefois des chanoemens morbides, qui, la plupart du temps, résultent d'affections de l'organe sécrétoire, mais qui sont encore peu connues, parce qu'on ne peut exa- miner l'état de cette humeur qu'après la mort. Thénard a trouve que, dans la maladie du foie pen- dant le cours de laquelle cet organe se convertit en une masse de graisse, le liquide sécrété par lui devient albii- mineux; que, quand le foie contenait déjà les cinq sixiè- mes de son poids de graisse, la bile avait perdu tous ses caractères primitifs, et qu'elle était changée en une liqueur albumineuse. Les anatomistes disent en outre qu'on trouve la bile quelquefois très-acide, parfois jaune et épaisse comme du blanc d'œuf. Chez un enfant mâle, qui était mort de spasme pendant un accès de fièvre intermittente, Mascagni trouva épanchée dans l'estomac et les intestins de la bile qui donnait une teinte violette à l'instrument tranchant : des oiseaux qui furent blessés avec cet ins- trument périrent, de même que d'autres aussi auxquels on fit manger du pain trempé dans la bile. Mais il n'a point encore été fait de recherches chimiques à l'égard de ces altérations morbides. 234 ALTÉRATIONS MORBIDES DE LA BILE. Bizio a fait connaître l'analyse d'une bile altérée par la maladie, dont le résultat est si extraordinaire, sous le point de vue chimique, qu'il demanderait à être constaté par d'autres avant qu'on pût admettre comme exactes les observations qui lui servent de base. On trouva chez une personne morle à Thôpital de Venise, d'une maladie du foie accompagnée d'ictère, la bile offrant des qualités telles qu'elle parut mériter un examen spécial. Cette bile contenait âe:i grumeaux, probablement dus à du mucus coagulé de la vésicule, mais que Bizio considère comme de la lîbrine du sang, et une matière grasse particulière, également non dissoute, qui en était la partie consti- tuante la plus remarquable. Indépendamment de ces deux substances, le liquide tenait en dissolution, de la matière colorante du sang (?), de l'albumine, une ma- tière grasse de couleur jaunâtre, une résine verte, un extrait gommeux et sucré, du chlorure sodique, du phos- phate sodique, du phosphate magnésiquc et de l'oxide ferrique. Après qu'on eut sépare les parties solubles dans l'eau, le résidu insoluble fut bouilli avec de l'eau, à la surface de laquelle vint nager une graisse d'un jaune- vert. Cette graisse fut recueillieà part, et traitée par l'alcool bouillant. Ce réactif lui enleva une certaine quantité de graisse incolore, et laissa une matière verte, qui fut dis- soute ensuite complètement quand on la fit bouillir avec de nouvel alcool. La dissolution de la matière verte ayant été évajDorée jusqu'à un certain degré, elle déposa, par le refroidissement, des prismes rhomboïdaux, trans- parens, d'un vert d'émeraude. Ces cristaux avaient uile pesanteur spécifique de 1,67 : ils étaient flexibles, mous, susceptibles d'être rayés par l'ongle, gras au toucher, et sans action sur le papier de tournesol. A environ 43°, ils fondaient en une huile qui, par un refroi- dissement lent, se prenait en une masse cristalline, mais qui n'acquérait point l'aspect] cristallin lorsqu'on la fai- sait refroidir d'une manière subite. Chauffée à l'air jus- qu'à 5o**, cette matière se volatilisait sous la forme d'une fumée rouge. Cette propriété d'acquérir une cou- ÉRYTHROGiNE. 235 leur rouge en certaines cireouslances détermina Blzio à lui imposer un nom parlieulicr , celui iVé/yt/irogène, tiré d'èpuOpo;, rouge. Cette matière verte est Insoluble dans Teau , et soluble au contraire dans l'alcool, au sein duquel elle cristallise. L'éther ne la dissout pas, mais elle est dissoute par les huiles grasses. Exposée long-temps au contact de l'air, elle absorbe du gaz nitrogène, acquiert ainsi une cou- leur rouge, et, une fois qu'elle a pris cette teinte, pos- sède, d'après l'opinion de Bizio, toutes les propriétés de la matière <;olorante du sang. Elle finit, comme la ma- tière colorante , par noircir à l'air; mais elle redevient rouge quand on la traite par l'eau, qui en extrait une matière d'un brun-foncé, et prend elle-même cette teinte. Bizio l'ayant cliauffée dans un petit tube rempli de gaz oxigène, elle entra d'abord en fusion, sans éprouver au- cun cbangement; mais lorsque la chaleur devint un peu plus vive, elle commença à se combiner avec l'oxigène, en répandant une faible lueur, qui dans l'obscurité res- semblait à celle produite par la combustion lente du phosphore, et qui ne cessa que quand l'érythrogène se fut converti tout entier en un liquide incolore, un peu trouble et fort acide. Le gaz hydrogène ne lui fit subir aucune altération. 11 se combinait aisément avec le soufre et le phosphore; ces combinaisons étaient très-fusibles à 25°, sous feau. On fit fondre également sous l'eau celle avec le soufre, parce que, sans cette précaution, elle absorbait du nitrogène de l'air, devenait rouge, et aban- donnait le soufre. L'affinité de cette substance pour le nitrogène était si puissante, qu'elle décomposait l'ammo- niaque, sous forme tant gazeuse que liquide, avec déga- gement de gaz hydrogène. L'annnoniaque liquide, à froid, la dissolvait difficilement et sans changer de couleur; mais, chauffée ayec ce réactif, de manière à cequ'elle|entrât en fusion, elle s'y dissolvait avec dégagement de gaz hy- drogèni;, et la ri([ueiu' devenait rouge. I^e gaz anmio- niaque froid n'agissait point sur elle; mais, si on la chauf- fait dans ce gaz, elle devenait rouge, et il se dégageait 236 CALCULS BILIAlllES. du gaz hydrogène. Une preuve plus extraordinaire en- core de sa grande affinité pour le nitrogène fut donnée par la manière dont elle se comportait avec l'acide nitri- que , qu'elle décomposait, en s'emparant du nitrogène et dégageant l'oxigène sous la forme de gaz (?). Elle se dissolvait dans l'acide nitrique froid, auquel elle com- muniquait une couleur verte; entre 25° et 35°, la liqueur commençait à devenir de plus en plus pâle , et à environ 37°,5, elle était totalement décolorée; ensuite, la chaleur allant toujours en augmentant, elle acquérait, au milieu d'une effervescence continuelle, due à un dé- gagement de gaz oxigène, une teinte purpurine, qui at- teignait son maximum d'intensité à 62°,5, après quoi l'effervescence cessait, et la couleur ne changeait plus. En général, l'érythrogène était très-soluble dans les acides; mais quand on le chauffait doucement avec de l'acide sulfurique ou de l'acide hydrochlorique, il subissait une altération, pendant la manifestation de laquelle un gaz se dégageait avec effervescence, et la matière se conver- tissait en un corps solide, d'un hrun-foncé, pulvérisa- ble quand il provenait de l'acide sulfurique, et de con- sistance butyreuse quand il avait été produit par l'acide hydrochlorique. L'érythrogène n'était point dissous par la potasse et la soude, même à la chaleur de l'ébuUition, mais il perdait alors sa couleur verte, et devenait jaune, dur et cassant. La bile contenait quatre centièmes de son poids de cette substance. Calculs biliaires. Une autre altération morbide plus connue de la bile, consiste en ce qu'il se dépose au sein de ce liquide des matières insolubles, qui forment ,. des concrétions, auxquelles on donne le nom de calculs \ biliaires. Ces concrétions sont le plus fréquemment for- mées de choléstérine et de matière colorante, mêlées ensemble dans des proportions diverses, mais quelque- fois aussi elles ne contiennent que l'une ou l'autre de ces substances, seule. Il n'est pas rare non plus qu'elles contiennent du mucus biliaire coagulé, et qu'elles soient imbibées de bile, qui se dessèche dans leur intérieur, CA.LCOLS BILIAIRES. aSy après qu'on les a retirées rla corps. Leur couleur varie suivant la quantité de matière colorante qu'elles contien- nent et la teinte de celte matière elle-même : aussi en trouve- t-on de blanches, de cristallines, de jaunes, de brunes et d'autres d'un vert-foncé. La plupart du temps elles sont cassantes et faciles à réduiie en une poudre grasse au toucher. Leur forme est ordinairement arrondie; mais si, comme le cas arrive fréquemment, il s'en trouve plusieurs ou un grand nombre à la fois dans une vési- cule biliaire, elles offrent des facettes correspondant aux points oii elles se touchaient mutuellement. Leur volume varie depuis celui d'un œuf de pigeon jusqu'à celui de irès-petits grains. Les calculs biliaires de l'homme sont fréquemment composes en presque totalité de clioléstérine; alors ils sont ])lancs et cristallins. Quand on les dissout dans de l'alcool bouillant, ils laissent souvent un noyau de mu- cus bihaire coagulé et de matière colorante. Ordinaire- ment ils sont plus légers que l'eau. Gren a trouve que la pesanteur spécifique d'un calcul de cette nature était de o,8o3. La pesanteur spécifique de ceux qui contien- nent beaucoup de matière colorante s'élève jusqu'à i,o6, suivant Tliomson. On s'y prend de la manière suivante pour déterminer la composition des calculs biliaires ; On les pulvérise, et on les traite par l'eau, afin d'en extraire la bile dessé- chée : puis on fait bouillir la poudre avec de l'alcool, et on filtre la dissolution encore bouillante, de laquelle la clioléstérine se précipite par le refroidissement, sous forme de feuillets cristallins. Il est vraisem- blable que l'alcool refroidi contient assez souvent de la graisse ordinaire et des acides gras. Lorsque l'al- cool ne dissout plus rien, ou traite le résidu par une ffiible lessive de potasse caustique, dans laquelle se dis- solvent de la matière colorante, du mucus biliaire et de l'albumine coagulée. On sursature la dissolution avec de l'acide acétique, qui précipite la matière colorante et le mucus biliaire , et l'on peut extraire la matière co- lorante de ce précipité par l'acide acétique concen- 238 CALCULS BILIA.IRES. tré. L'albumine contenue dans la dissolution précipi- tée se découvre à l'aide du cyanure ferroso-potas- sique. On a quelquefois trouvé dans la choléstérine et la ma- tière colorante des calculs biliaires, des quantités consi- dérables de pliosphate et de carbonate calciques. Bally et Henry le jeune ont dernièrement analysé un calcul biliaire extrait de la vésicule d'un bomme mort, qui con- tenait 72,70 parties de carbonate calcique, avec des tra- ces de pliospliate magnésique, i3,5j de surpbospbate calcique, 10,81 de mucus ou d'albumine, avec un peu d'oxide ferrique et de matière colorante de la bile (perte 11 existe encore une espèce de calculs biliaires, plus raresà rencontrer et moins bien coniHis, qui paraissent con- sister principalement en cliarbon : car, après qu'on a en- levé, par les dissolvans ordinaires, tels, par exemple, que l'eau, l'alcool, l'étber, les acides et les alcalis, une petite quantité de matières solubles dans ces réactifs, il reste une masse insoluble, foncée en couleur et insipide, qui ne subit pas d'altération quand on la fait rougir dans un appareil distillatoire, et qui, d'après les expé- riences de Powell, lorsqu'on la chauffe dans du gaz oxi- gène, donne d'abord une légère trace de fumée, après quoi elle prend feu, et bi'ûle sans flamme, ni résidu, avec formation de gaz acide carbonique. Enfin il resterait encore à parler de l'état morbide dans lequel, les conduits biliaires étant obstrués, l'écou- lement de la bile ne peut par conséquent avoir lieu. Lorsqu'une fois la vési(;ule et les conduits biliaires sont pleins de l)ile et distendus par elle autant qu'ils peuvent l'être, la résistance mécanique du licpiide qu'ils contien- nent ferme le passage par les vaisseaux sécrétoires de la bile, et l'on ne tarde pas à retrouver des suJjstances qui appartiennent à cette dernière dans l'urine, ainsi que dans la transpiration cutanée , en même tenips que la tunique albuginée de l'œil et enfin la peau devien- nent jaunes. L'animal périt au bout d'un certain laps de temps, lorsque l'obstacle n'est point levé, et alors ou USAGKS DE LA BILE. aSo trouve presque toutes les parties de son corps plus ou moins teintes en jaune par de la bile. Quoique les expé- riences faites sur des animaux vivans, dont le sang, après l'extirpation des reins, renfermait les matériaux de l'u- rine en quantité toujours croissante, puissent conduire à présumer qu'il survient quelque chose d'analogue après la cessation des fonctions du foie, cependant Tiedemann a fait voir que les vaisseaux, lymphatiques du foie, qui, en d'autres circonstances, ne charrient point de bile, se remplissent alors de ce liquide, et eu transportent continuellement dans le canal thoracique, ce (jui peut expliquer d'une manière satisfaisante le passage de cette humeur dans les autres parties du corps. On n'est point encore tellement certain du véritable but auquel tend la formation de la bile dans le corps , que les physiologistes partagent tous la "même opinion à cet égard. Pendant long-temps on a cru que la bile exerçait une influence essentielle et cbimique dans le tra- vail de la digestion ; mais des physiologistes modernes lui refusent ce rôle, et croient qu'elle n'est destinée qu'à être évacuée. Je reviendrai là-dessus quand je traiterai de l'acte de la digestion. La bile est quelquefois appliquée à des usages techni- ques. On s'en sert, par exemple, pour enlever les taches de graisse sur les étoffes, on la mêle avec certaines cou- leurs employées par les peintres, et l'on s'en sert en mé- decine, tant à Tintérieur qu'à l'extérieur. Afin de pouvoir la conserver en quantité suffisante pour subvenir aux be- soins, on i'évapore jusqu'en consistance d'extrait, état dans lequel elle n'est plus aussi sujette à s'altérer. Autre- fois on employait de préférence I» bile d'ours en méde- cine, parce que l'ours, comme l'homme, vit à la fois de substances végétales et de substances animales; mais aujourd'hui on ne se sert plus guère que de la bile du bœuf. On prétend avoir fait disparaître des taches sur la cornée transparente de l'œil avec la bile du bro- chet. 24o l'acte de la. digestion et ses produits. C. L 'acte de la digestion et ses produits. Dans les chapitres prccétiens, nous avons passé ea revue, pour ainsi dire, les appareils et les réactifs de l'opération chimique qui va faire maintenant le sujet de nos recherches, c'est-à-dire de l'acte de la digestion, par lequel les animaux font subir aux diverses substances dont ils se nourrissent les changemens nécessaires pour qu'elles puissent servir à la réparation des pertes jour- nalières que le sang éprouve. Tous les alimens, sans exception, sont d'origine or- ganique. Certains animaux ne vivent que de substances vé- gétales, d'autres ne mangent que de la viande, et d'au- Ires encore font usage des deux sortes de nourriture. L'homme est dans ce dernier cas. Les matières végétales et animales ne sont pas toutes constituées de manière à pouvoir servir d'alimens. L'acte de la digestion doit donc consister immédiatement à séparer les parties susceptibles d'être employées de celles qui ne le sont point. Parmi [es substances tirées du règne végétal qui con- tribuent à la nutrition des animaux, se rangent avant tout certaines matières contenant du nitrogène, par exemple, l'albumine végétale, le gluten, la fungine, et quelques substances analogues à l'extrait de viande qui existent dans divers végétaux. Elles se trouvent princi- palement dans les graines des céréales , les tiges et les feuilles des graminées et des herbes, etc. Les substances végétales qui ne contiennent pas de nitrogène sont moins nourrissantes, quoiqu'elles possèdent encore des quali- tés nutritives bien prononcées lorsqu'elles sont combi- nées avec les précédentes: telles sont, par exemple, l'a- midon, la gomme et le mucus, le sucre, l'acide pec- tique, les huiles grasses et plusieurs autres, dans les- quelles, suivant l'observation de Prout, l'hydrogène et l'oxigène se trouvent généralement en même proportion que dans \ç,^\x. Quelques autres corps prennent encore l'acte de la digestion et ses produits. 241 part d'une manière ou d'autre à l'acte de la digestion, comme, par exemple, l'acide acétique, l'acide tartrique, l'acide citrique, l'acide malique, l'alcool, les aromates, et les huiles volatiles , qu'on doit cependant considérer moins comme des aliments proprement dits que comme y des condiments, c'est-à-dire comme des moyens de ren- dre plus agréable la saveur des substances alimentaires, ou de stimuler l'action de l'estomac et du canal intesti- nal. La fibre végétale {matériel lignosa ou fibrosa ve- gelabilis), les enveloppes des fruits, la plupart des ré- sines, les matières colorantes, la matière extractive, etc., sont regardées comme ne pouvant servir à la nutrition. Les matières animales sont avec moins d'exceptions applicables à l'acte de la digestion; elles passent très-fa- cilement, et sans laisser de résidu insoluble, dans les li- quides du corps , qui les entraînent ensuite avec eux. "Voilà aussi pourquoi le canal intestinal est très-court chez les animaux exclusivement carnivores , tandis qu'au contraire, chez les herbivores, non seulement ce canal est fort long, mais encore l'appareil digestif est très- compliqué, a(în de pouvoir extraire d'une nourriture volu- mineuse la petite quantité de matière nu tritivequi s'y trouve contenue. Parmi les matières anitnales, il n'y a guère que les poils, les plumes, la corne, les ongles, les écailles et les téguments des insectes , qui ne se dissolvent pas, Il existe, tant dans les deux classes de corps organi- sés que même aussi parmi les inorganiques, une multi- tude de substances qui, introduites dans l'économie ani- male, impriment des changements considérables aux opé- rations de la vie, sans contribuer d'une manière quel- conque à la réparation des parties usées. La médecine emploie un grand nombre d'entre elles pour guérir des maladies au moyen des modifications qu'elles apportent dans l'accomplissement des actes de la vie, et, envisagées sous ce point de vue, elles prennent le nom de médica- ments ou celui de poisons, lorsqu'il suffit qu'elles pénè- trent en très-petite quantité dans le corps pour détruire la vie. La plupart de ces substances agissent sur le sys- VII. 16 " a4^ l'acte de la. DrcESTioiv et ses produits. tènie nerveux et par son intermédiaire; toutes ne sont cependant pas dans ce cas. La médecine a bien essayé de connaître les effets qu'elles peuvent produire, mais la chimie animale n'est point encore parvenue à donner une idée de la manière dont ces effets ont lieu. On admet en général qu'un animal qui ne prend pour nourriture que des matières exemptes de nitrogène, maigrit peu à peu et succombe enfin par défaut de ré- paration des parties dans lesquelles le nitrogène entre comme élément essentiel. On voit surtout alors la chair ou les muscles diminuer de volume et de force , en sorte que l'animal perd ordinairement, avant de mourir, la fa- culté de marcher ou de se tenir sur ses pattes. INIagen- die a nourri un chien avec du sucre seul : l'animal périt aii bout de quelques semaines, quoique cette substance lui fût donnée abondamment. Tiedemann et Gmelin ont essayé aussi de nourrir des oies avec du sucre, de la gomme et de l'amidon, en ne donnant à chacune qu'une seule de ces substances, avec de l'eau et du sable quart- zeux pur. Les oies soumises à ce régime éprouvèrent une diminution toujours croissante dans leur poids, et ne tardèrent point à mourir, celle qui avait reçu de la gomme le seizième jour, celle à laquelle on avait donné du sucre le vingt-deuxième, enfin celle qui avait été nourrie avec de l'amidon du vingt-quatrième au vingt- sixième jour, après avoir perdu depuis un tiers jusqu'à moitié de leur poids. Pour constater jusqu'à quel point ce résultat tenait à l'absence du nitrogène dans la nourri- ture, les deux expérimentateurs firent prendre chaque jour à une oie le blanc cuit et haché de six œufs de poule, alimeiît qui contient beaucoup de nitrogène, et qui fut avalé avec avidité. Mais cette oie périt aussi de faim le quarante-sixième jour, après avoir perdu près de la moitié de son poids. Cette dernière expérience, dans laquelle ïiedemaim et Gmelin voient une nouvelle preuve que les substances contenant du nitrogène sont plus propres à entretenir la vie que celles qui n'en CDntiennent pas, démontre aussi que les matières elles- l'acte dp: la digkstion et ses produits. à43 mêmes clans la composition desquelles il entre du nitro» gène, ne sont point aptes à soutenir la vie, quand la nourriture consiste uniquement en une seule substance. Ce qui a besoin d'être réparé dans le corps, est de nature diverse, et tout ne peut être réparé aux dépens d'une seule et unique matière; il est donc nécessaire que les alimens consommés par un animal contiennent plusieurs combinaisons cbi- miques différentes. Ainsi, par exemple, la viande con- tient de la fibrine, de l'albumine, du tissu cellulaire, de l'extrait de viande, de l'acide lactique et des sels; elle offre donc une réunion de matériaux pour la production de composés auxquels la fibrine ou l'albumine seule n'au- rait pas pu donner naissance. Les expériences qui vien- nent d'être rapportées prouvent donc réellement plutôt qu'il faut que la nourriture soit un mélange de plu- sieiu's combinaisons , qu'elles n'établissent la nécessité qu'elle doive contenir du nitrogène, quelque vraisembla- ble qu'il soit d'ailleurs que la présence de ce dernier élément est absolument indispensable. L'homme fait subir un traitement chimique à ses ali- mens, avant de les consommer. 11 les fait bouillir, les grille, les mêle et les assaisonne de différentes manières. L'art culinaire est tout aussi bien une sorte d'application de la chimie, que par exemple la pharmacie. Cependant il a été considéré jusqu'à présent comme un objet trop trivial pour qu'on y appliquât les données de la science. Je ne puis pas me persuader que la facilité plus grande avec laquelle les alimens préparés par l'art du cuisinier se digèrent et se prêtent aux éiaborations résultant du travail digestif, tienne à autre chose qu'à ce que l'homme qui a contracté Thabitude d'une nourriture cuite, éprou- verait d'abord de la répugnance pour celle qui serait crue, et aurait peut-être dans les premiers momens de la peine à la digérer. Le but principal de l'art culinaire est as- surément d'obtenir que lesalimens flattent le sens du goût. 11 s'accomplit, dans le travail de la digestion, plusieurs actes qui ont une grande analogie avec nos opérations 16. a44 l'acte de la. digestioiv et ses produits. chimiques ordinaires. Pour faire une dissolution ou une extraction, on pulvérise ou on liache la matière sur la- quelle on doit opérer, on l'humecte, et on la met ensuite digérer avec le dissolvant, puis on précipite la dissolu- tion, on la filtre, etc. La même chose a lieu dans le travail de la digestion. La pulvérisation ou la comminution et l'humectation s'exécutent en même temps dans la houche. Les animaux carnivores, dont les alimens se dissolvent aisément, dé- chirent et coupent la chair encore molle avec leurs dents tranchantes et pointues, et l'avalent de suite en lam- beaux. Les herhivores, au contraire, dont les dents sont terminées par des surfaces plates et inégales, hroyent leur nourriture et la réduisent en particules très-fines : quelques uns même, après avoir avalé des alimens, les font, au bout d'un certain laps de temps, remonter dans la bouche, pour les mâcher de nouveau. Pendant la mastication, la salive coule, se mêle aux substances que l'animal broyé, les pénètre et les réunit en une masse cohérente, circonstance sans laquelle il serait difficile de les avaler. Je regarde comme un point mal éclairci encore la question de savoir si les matières contenues dans la salive contribuent im peu à rendre la masse plus soluble. Spallanzani ayant rempli de ma- tières déjà mêlées avec de la salive par la mastication, des tubes fermés aux deux bouts et percés de petits trous sur les cotes, qu'il fit ensuite' avaler à des animaux, trouva que le contenu de ces tubes se dissolvait plus ai- sément lorsqu'il était ainsi mêlé avec de la salive que quand il était délayé dans de l'eau. ]Mais le résultat dé- pend beaucoup de la facilité avec laquelle le suc gastrique, qui est le dissolvant proprement dit, se mêle avec le li- quide dont les substances avalées sont imprégnées. La salive par elle-même n'extrait des matières alimen- taires rien de plus que ce qui pourrait leur être enlevé par de l'eau pure, à la température ordinaire. D'un autre côté, le bol alimentaire imbibé de salive est manifestement plus muqueux , plus glissant, et par cela iliême plus l'acte de l\ digestion et ses produits. 2^5 facile à avaler , que s'il n'était mêlé qu'avec de l'eau. Beaucoup daniinaux, par exemple les oiseaux, ne mâ- chent pas; ils avalent leur nourriture sans la diviser, la laissent se ramollir dans le jabot, et la broyent en- suite dans le gésier. La déglutition est exécutée par les fibres musculaires de l'œsophage. L'estomac dans lequel la nouriiture ar- rive après avoir été mâchée, est resserré sur lui-même dans l'état de vacuité, et couvert d'une épaisse couche de mucus : il contient une faible quantité d'un liquide presque neutre. Lorsqu'il commence à se remplir, le sang afflue vers sa membrane interne, qui acquiert une couleur plus rouge, et il se sécrète d'autant plus de suc gastrique, lequel aussi, comme je l'ai dit plus haut, est d'autant plus riche en acide libre , que la quantité de ma- tière avalée est elle-même plus considérable. La masse en contact immédiat avec les parois de l'estomac est celle qui se dissout la première. Cependant la dissolution n'est point complète; elle ne va que jusqu'au point de détruire la cohérence des parties non dissoutes, et à faire qu'elles se mêlent avec les liquides de l'estomac, en une masse liquide, trouble et un peu épaisse. Cette masse porte le nom de chyme. A mesure qu'elle se produit, elle est poussée vers l'orifice inférieur de l'estomac, ou le pylore, par le mouvement continuel qu'exécute la tunique mus- culeuse du viscère. Si quelcjue chose qui soit dur ou encore cohérent arrive jusqu'au pylore, cet orifice se ferme jus- qti'à ce que le mouvement continuel de l'estomac ait ra- mené le corps non dissous au fond de l'organe , qui est toujours situé plus bas que lui. Aussitôt que de nouvelles parties des alimens avalés entrent en contact avec le suc gastrique qui coule continuellement à la face interne de l'estomac, elles se dissolvent à leur tour, et l'opéra- tion continue ainsi jusqu'à ce que l'estomac soit vide. Les boissons et les alimens dissous dans l'eau ne séjour- nent ordinairement pas long-temps dans le viscère, et ne tardent guère à passer outre. Mais les matières ainsi dissoutes éprouvent assez souvent des changements ; 'il\Ç> l'acte pe la digestion et ses probuits. le lait, par exemple, se caille, et la matière ca- séeuse précipitée reste dans Testomac, où elle se dis- ' sout comme aliment solide, tandis que le sérum continue à cheminer dans le tube digestif; la gélatine du bouillon perd et sa propriété de se prendre en gelée quand elle est à l'état de dissolution concentrée, et sa réaction ca- ractéristique avec le chlore; mais les huiles et les grais- ses sortent de l'estomac sans se dissoudre, après s'être fondues, et presque toujours en nageant à la surface du chyme. Le séjour que les alimens font dans l'estomac varie beaucoup en raison de leur solubilité diverse : les olus difficiles à dissoudre y restent souvent un ou plusieurs jours; on a des exemples de substances insolubles qui sont restées des années entières dans l'estomac , et qui, après avoir causé de graves incommodités, ont çnfîn été rejetées au dehors par le vomissement. Plusieurs anciens physiologistes ont fait, sur la disso- lution des aliments dans l'estomac, des recherches, dont la relation ici nous mènerait trop loin. Celles de Spallan- zani, de Gosse, de Stevens, etc., méritent surtout d'être mentionnées. Mais à cette époque on ne se proposait qu'un seul but, celui de constater que la nourriture solide est dis- soiite, ou du moins qu'elle perd sa cohérence et devient liquide. Tiedemann et Gmelin ont dernièrement cher- ché à approfondir le mystère de cet acte de dissolution, par une série de recherches pour les détails desquelles je suis obligé de renvoyer à^ l'ouvrage dont j'ai donné le titre précédemment. Ils ont nourri des animaux, les uns avec une substance seule, végétale ou animale, comme fibrine, albumine, gélatine, fromage, sucre, amidon, gluten de Beccaria, c'est-à-dire mélange de gluten et albumine végétale, les autres avec des ali- mens ordinaires , c'est-à-dire avec des mélanges de plusieurs des substances qui viennent d'être nommées. Le résultat de leurs expériences fut, comme je l'ai déjà dit, ({ue ces alimens sont plus ou moins complètement dissous, et qu'après l'eau du suc gastrique, l'acide libre de ce dernier liquide est le dissolvant proprement dit l'acte de la digestion et ses produits. îi47 des matières que l'eau seule n'a point la faculté de dis- soudre. L'acide libre est un mélange de plusieurs et probablement de tous les acides dont il se trouve des sels dans le suc gastrique. Le principal de tous est l'acide hydrocblorique, ainsi que nous l'avons déjà vu en trai- tant du suc gastrique. Après lui viennent l'acide lactique et l'acide butyrique; cependant ce dernier n'a été ren- contré que chez quelques herbivores. Tiedemann et Gmehn sont parvenus à dissoudre plusieurs alimens, même hors du corps, dans ces acides étendus d'une grande quantité d'eau, quoiqu'on ne puisse nier qu'à température égale la dissolution s'effectue bien phis promptement et complètement dans Testomac que dans ces réactifs purement inorganiques. Ils ont reconnu que l'influence nerveuse de la paire vague (comp. p.27?. .) repose en partie et principalement sur la propriété qu'elle a de rendre acide le suc gastrique, qui, lorsqu'elle cesse, devient d'abord neutre et bientôt après alcalescent, mo- dification qu'il éprouve quelquefois, sans lésion de ce nerf, par l'effet de lu douleur et des affections nerveuses; ils ont également constaté que cette influence tient en partie aussi à la faculté qu'elle possède de tenir la tua nique musculeuse de l'estomac dans un mouvement con- tinuel, qui augmente d'une manière sensible par l'ef- fet d'une irritation mécanique exercée sur les nerfs. Tandis que cette dissolution s'opère, il survient aussi des changemens dans la composition de la matière dis- soute. J'ai déjà parlé de ceux que subissent le lait et la gélatine. L'amidon se convertit d'abord en gomme d a- midon , et ensuite peu à peu en sucre. Quelquefois aussi des gaz se dégagent dans le cours de l'opération. Un de ces mélanges gazeux recueilli dans Testomac d'un homme qui venait d'être exécuté à mort, consistait, d'après l'ana- lyse de Chevreul, en gaz oxigène i i ,00, gaz acide carboni- que 1 4,00, gaz nitrogène -7 i,45,et gazhydrogène3,35. Ce- pendant on voit, par la présence de l'oxigène, qu'une assez grande quantité de ce gaz était de l'air avalé, dont la nourriture entraine en effet toujours plus ou moins a/jB l'acte de la digestion et ses produits. dans la déglulition , et dont le gaz oxigène se convertit ensuite peu h peu en gaz acide carbonique. Parmi les gaz indiqués par Chevreul , il n'y a que l'hydrogène et une portion de l'acide carbonique qu'on puisse regarder connue des produits du travail de la digestion. Nous n'avons point encore d'analyse bien détaillée du chyme, et l'on ne peut pas dire précisément quelle est sa composition dans tel ou tel cas déterminé. Ce qu'il est permis de conclure des expériences qui ont été faites jusqu'à présent sur ce sujet, c'est qu'il contient: i° des matières non dissoutes, mais très-divisées, pour ainsi dire lessivées par le suc gastrique, qui restent sur le papier quand on filtre le chyme, et qui consistent tant en por- tions non altérées de la nourriture prise par l'animal, qu'en parties qui seront ou dissoutes ou mieux épuisées pendant leur passage à travers les intestins. Tiedemann et Gmelin ont trouvé dans la liqueur filtrée, 2" de l'albumine, rarement à l'état non coagulé, mais ordinairement à celui de la modification qu'elle offre quand elle est combinéeavec des acides et précipitable par le cyanure ferroso-potassi- (jue. Elle était plus abondante dans le chyle produit par la nourriture animale et les alimens végétaux contenant du gluten, mais ne manquait cependant point dans les cas où, par exemple , l'animal n'avait mangé que de l'empois, circonstance particulière dans laquelle elle provenait vraisemblablement des liquides propres de l'estomac lui- même. Quand des auteurs dignes de foi , comme Prout, disent qu'il y a absence totale d'albumine dans les ma- tières que l'estomac contient pendant la digestion, on ne peut interpréter ces paroles qu'en admettant la non existence de cette matière à l'état qui lui permet de se coaguler quand on fait chauffer le liquide dans lequel elle estdissoute. Cependant ce dernier cas arrive mêmequelque- fois quand la nourriture consommée par l'animal contient beaucoup d'albumine coagulée ou d'albumine végétale : ainsi, par exemple, chez les chevaux qui avaient mangé beaucoup d'avoine, l'albumine abondait tellement dans la liqueur obtenue du chyme par la filtration, qu'elle se coa- l'acte dk la. digestion et ses produits. -2^ o^ulait pa^^effetde^ébullitlon,etproduisaituncaillotsolu- ble clans l'acide acétique. '^^ lis y ont trouvé en outre une matière analogue à la matière caséeuse, et 4° une assez grande quantité de matières animales qui n'étaient pré- cipitées ni par l'ébullition, ni par les acides, mais qui l'étaient par l'infusion de noix de galle, ainsi que par les sels de plomb, d'étain et de mercure. Ces matières peu- vent être de l'albumine et de la fibrine, dissoutes dans des aci- des , de l'extrait de viande, etc. Ils y ont rencontré aussi les sels ordinaires des humeurs animales. La liqueur obtenue par la filtration du chyme doit contenir en outre, quand la nourriture est végétale, du sucre, de la gomme d'amidon et autres matières végé- tales solubles, qui ne sont pas détruites sur-le-champ par l'acte de la digestion, mais peuvent quelquefois être retrouvées jusque dans les liquides de la dernière por- tion de l'intestin grêle. On voit, d'après ce qui précède , que nos connaissan- ces sont bien peu avancées à l'égard du chyme, et qu'il faudra encore une multitude de pénibles recher- ches physiologico-chimiques pour acquérir des notions exactes sur la nature des matières qui s'y trouvent con- tenues, d'autant plusqu'ilne suffît pas ici de pouvoir sépa- rer des corps par l'art de la chimie , mais qu'il faut encoie être en état de les reconnaître pour ce qu'ils sont réel- lement et de les caractériser avec précision , travail qu'il est presque impossible d'exécuter aujourd'hui comme il devrait être fait. Avant d'aller plusloin, arrêtons-nous un peu aux phé- nomènes d'extraction chez les animaux herbivores à plu- sieurs estomacs et chez les oiseaux. On appelle les premiers ruminans. Chez eux, l'œsophage offre à son extrémité une ouverture oblongue ou fente, formée par des fibres musculaires. Cette ouverture mène à trois réservoirs ou estomacs. Elle a cela de particulier que la pression exer- cée sur elle par les alimens solides venant de la bouche, l'ouvre dans les deux premiers estomacs, et la ferme pour le troisième, au lieu que, lorsqu'il s'agit de boissons et 25o I/ACTE DE LA DIGESTION ET SES PRODUITS. de matières fluides, elle s'ouvre dans le troisième, tandis que l'entrée des deux autres se ferme, bien que d'une manière incomplète. Les ruminans ont quatre estomacs, accouplés deux à deux. Le premier est le plus grand, et porte le nom de panse [ru/nen , ingluvies). Une large ouverture le fait communiquer avec le second, qui est plus petit, et qu'on appclle/ew///e^ {reticulum , ullula\ d où une autre petite mène dans le troisième, appelé bon- net {^omassum, centipellio) , qu'une grande ouverture met à son tour en rapport avec le quatrième , ou esto- mac proprement dit, appelé caillette {abomassum, ventriculus intestinalis) ^ qui, par sa structure, corres- pond à l'estomac de l'homme, et en sortant duquel le chyme passe dans le duodénum. Il se rassemble dans les deux premiers estomacs un li- quide, qui, d'après le dire unanime de plusieurs chimis- tes, est jaunâtre, très-coulant, de saveur salée, et telle- ment chargé de carbonate alcalin , qu'il fait légèrement effervescence avec les acides. L'herbe ou le foin mâché et imprégné de salive arrive, lorsque l'animal l'avale, dans les deux premiers estomacs, oii il est pénétré par la liqueur alcaline, qui lui enlève peu à peu l'albumine végétale, le gluten, en un mot toutes les parties suscep- tibles d'être extraites par un liquide alcalin. Alors la li- queur coule peu à peu de ces estomacs dans le troisième, tandis que le fourrage ramolli se trouve forcé par le mou- vement muscidaire de revenir dans la bouche, oii il est mâché une seconde fois, broyé avec plus de soin, et avalé pour subir une nouvelle digestion. C'est Là ce qu'on appelle la runiiiialion. Tout ce qui a été assez comininué dans cette seconde mastication pour pouvoir passer dans le feuillet, y coule, et le reste revient encore à la bouche. Le fluide qui imbibe la masse dans la panse et le bon- net est de même nature. 11 a été examiné par Prévost et Leroyer, ainsi que par Tiedemann et Gmelin. Les premiers exprimèrent la masse contenue dans les deux premiers estomacs d'un animal récemment mis à mort, filtrèrent la li(}ueur, et l'évaporèrent jusqu'à siccité, à l'acte de la digestion et ses produits. 2^1 une douce chaleur. I.a niasse restante, traitée par Tcau, laissa de l'albumine pour résidu: la liqueur, concentrée jusqu'à un certain dcj^ré par lévaporation, se prit en ge- lée, ce que les deux chimistes attribuent à la présence d'une matière ayant de l'analogie avec la gélatine; mais c'est une propriété ordinaire de l'albumine dissoute jus- qu'à saturation parfaite dans un cai boiiate alcalin étendu d'eau, de se prendie en gelée quand la liqueur, après avoir été portée à un certain degré de concentration , se refroidit, et de devenir insoluble dans le liquide alcalin. Ils ont trouvé, du reste, qu"à froid, la dissolution n'est précipitée ni par les acides, ni par le chlorure mercurique, mais que l'effet a lieu quand on la fait bouillir avec ce dernier sel , circonstances qui se reproduisent lorsqu'on opère sur des dissolutions alcalines d'albumine. Suivant Gmelin et Tiedemann , le liquide du chyme contenu dans le premier estomac varie beaucoup quant à sa manière de se comporter. Filtré depuis peu, il était jaune ou brunâtre, et cette teinte devint encore plus fon- cée à l'air; il contenait du gaz acide carbonique et du gaz sulfide hvdrique, exhalait sensiblement l'odeur de ce der- nier, et noircissait un papier imprégné de dissolution de plomb qu'on étendait sur le vase dans lequel il était con- tenu. Lorsque l'animal avait mangé de l'avoine, il conte- nait une si grande quantité d albumine animale ou d'al- bumine végétale, à l'état non coagulé, qu'il se coagulait à 81°. Des matières moins nourrissantes ne lui com- muniquaient point cette propriété. A la distillation, après l'acide carbonique et le sulfide hydrique passait une li- queur incolore, qui contenait du carbonate ammonique ayant entraîné avec lui une matière animale reconnaissable à la propriété dont elle jouissait de se colorer en lose quand on saturait l'ammoniaque avec de l'acide hydrochlorique, et de laisser, après l'évaporation du liquide, du chlorure ammonique plus ou moins teint en rose. Les autres pro- priétés de cette matière sont inconnues; mais elle n'est point la même que celle, existante dans le suc pancréati- que, qui rougit par le chlore, attendu que cette dernière 252 l'acte de la digestion et ses produits. ne se colore point en rouge par l'acide hydroclilorique. Le sulfide hydrique et l'ammoniaque sont vraisembla- blement procluits, pendant le travail de la digestion, par l'action que l'alcali exerce sur la nourriture. Tiedemann et Gnielin ont trouvé en outre que la liqueur alcaline qui reste dans la cornue est précipitée par les acides et par le chlorure d'étain. Les sels qu'elle contenait étaient du carbonate, du lactate et du butyrate sodiques, avec une petite quantité de carbonates, lactates et bu- tyrates potassiques et ammoniques, du chlorure sodi- que, du phosphate alcalin, du phosphate calcique, et aussi, dans la cendre de la niasse desséchée, du carbo- nate calcique. Prévost et Leroyer disent que le liquide obtenu en pressant six livres de la masse de Tourrage contenue dans la panse d'un bœuf, laissa, après l'éva- poration, 2 ~ onces d'albumine sèche et de matière ana- logue à la gélatine. Tiedemann et Gmelin assurent que l'existence d'une si grande quantité de ces matières n'est point probable , et considèrent comme du mucus gastrique la plus grande partie de ce que les deux autres expérimen- tateurs ont pris pour de l'albumine et pour une espèce de gélatine. Pendant que la digestion s'exécute dans les âeuK pre- miers estomacs, il se dégage non seulement du gaz sulfide hydrique et du gaz acide carbonique, mais encore du gaz carbure d'hydrogène, qui reste à l'état gazeux, au lieu que les deux autres se dissolvent dans le liquide. Le trèfle frais, mangé en grande quantité, développe tant de gaz qu'il en peut résulter une tympanite mortelle. Lameyron et Fremy, qui ont examiné le gaz recueilli en pareille circonstance, l'ont trouvé composé comme il suit: sulfide hydrique 0,80, carbure d'hydrogène 0,1 5, et acide carbonique o,o5. Le feuillet, dans lequel la masse ramollie et ruminée arrive en sortant des deux premiers estomacs, offre à l'intérieur plus de cent pli§ ou lames saillantes comme les feuillets d'un livre, entre lesquelles cette niasse pé- nètre: les fibres musculaires contractent alors l'estomac, le liquide est exprimé , et il coule dans le dernier esto° l'acte de la digestion et ses produits. 253 mac, tandis que ce qui n'est point dissous reste entre les plis. I^e but paraît cire ici de changer le dissolvant: car Ja liqueur alcaline est entrainée, et à sa place coule en- tre les plis un autre liquide de nature acide, qui appar- tient en propre à cet estomac, et cpii réagit à son tour sur la niasse. Tout se réunit ensuite dans le quatrième estomac, dans l'estomac proprement dit, où il s'y mêle encore un suc gastrique plus acide, qui d'abord préci- pite le liciuide alcalin, au moment de son arrivée, et en- suite redissout le précipité. Là enfin se forme un chyme acide, analogue à celui cju'on rencontre dans l'estomac de l'homme et des carnivores. L'appareil destiné à la dissolution des aliments chez les oiseaux est presque aussi complic[ué que celui des mammifères, mais il en diffère beaucoup quant à la forme. Je me bornerai à c[uelcjues généralités sur ce point. Les oiseaux n'ont pas d'appareil masticateur; ils avalent par conséquent leur nourriture sans la comminuer. Quelques uns, h la vérité, brisent les enveloppes des grai- nes, mais ils n'en avalent pas moins les amandes dans leur entier. L'oesophage de ces animaux offre une dila- tation , appeléeya/^o^ , qui peut se distendre beaucoup. La nourriture avalée est imprégnée dans cette poche d'un li- quide faiblement acide, qui détruit peu à peu sa cohé- rence. De Là elle parvi<înt dans une dilatation bien moins considérable de l'œsophage, qu'on nomme ventricule succenlurié [proveiitriculus ^ bidbus glandulosus\ et cjui est l'organe sécrétoire proprement dit du suc gas- trique, lequel a des qualités bien plus acides que celles du suc contenu dans le jabot. La masse passe ensuite, avec le suc gastricpie, dans le gésier [venUiculus biil- bosus)^ qui, chez leS oiseaux , remplace en cjuelque sorte la mastication. Cet organe est oblong, comprimé et com- posé de fortes fibres musculaires : sa face interne est for- mée par une membrane plissée, dure, souvent même cor- née, dont les élévations d'un coté correspondent aux dépressions de l'autre, et qui ne sécrète pas de suc gas- trique. Dès que la nourriture ramollie et le suc gas- 254 l'actje de la digestion et sks produits. trique sont parvenus ensemble clans le gésier, les fibres musculaires commencent à mettre en mouvement les surfaces épaisses et ridées de la membrane interne, ce qui réduit le tout en un magma homogène. Certains oiseaux avalent mc'me du gi-avier , qui rend cette at- trition plus facile. Suivant Gmelin et Tiedemann, le liquide formé par extraction dans le jabot tient en dis- solution les substances que contiennent les aliments con- sommés par l'animal. Ainsi, lorsque celui-ci s'est nourri de viande, de céréales, de pois et autres choses sem- blables, on y trouve de l'albumine animale et de l'al- bumine végétale, souvent en assez grande quantité pour qu'elles se coagulent par l'effet de la chaleur. Du restant de la liqueur filtrée , on obtient d'autres matières extraites de la nourriture. Le liquide qu'on exprime de la masse contenue dans le gésier, est de même nature, mais plus chargé de principes dissous, et il contient en outre de l'acide hydrochlorique libre. Lorsqu'on fait dessécher ce liquide pris sur des oiseaux de proie, et qu'on brûle le résidu, il reste une cendre alcaline. D'a- près cela, on pourrait être tenté de croire qu'il serait impossible que de l'acide hydrochlorique libre y fût con- tenu; mais Gmelin fait observer que cet alcali doit pro- venir du lactate sodique de la viande consommée par l'oiseau, sel qui existait en trop grande quantité pour que l'acide hydrochlorique pût saturer toute sa base. Ce qui a été dit de rapj)arell digestif des mammifères non ruminans, peut s'appli((uer, généralement parlant, à celui des poissons. Il résulte des expériences de Tiede- mann ei Gmelin que la marche est tellement la même, quant au fond, qu'il n'y a pas nécessité d'entrer dans aucune particularité à ce sujet. Les organes digestifs des animaux appartenant aux classes inférieures ont été très-peu étudiés. Souvent même on n'en connaît pas bien la structure, et à plus forte raison ne sait-on rien de précis sur la marche des opéz^a- tions qui s'accomplissent dans leur intérieur. Après avoir terminé l'histoire des phénomènes diges- l'acte de la. DIGESTIOiy ET SES PRODUITS. ^55 tifs qui se passent dans l'estomac, nous arrivons à ceux qui ont lieu clans l'intesliu grêle. Parvenu dans cetorganeà travers l'orifice inférieur de f estomac, le chyme remplit le duodénum, et la distension que l'intestin éprouve, effa- rant le pli situé au devant de l'orifice du conduit bi- liaire, la bile coule de sa vésicule, et son écoulement con- tinue, comme celui du suc pancréatique, aussi long- temps que dure le passage du chyme. Le moment où le chyme et la bile se mêlent ensemble, a été un sujet tout spécial de recherches, d'hypothèses et de déductions plus ou moins exactes. Suivant Boerhaave, l'alcali de la bile servait à neutraliser l'acide du chyme. Haller donnait pour usage à la bile, de mieux dissoudre les aliments, particulièrement ceux qui sont gras , et de produire avec eux une émulsion. Eaglesfield Smith s'est efforcé de dé- montrer que la bile, remontée dans l'estomac, est à pro- prement parler le suc gastrique dissolvant. Autenrieth et Werner, qui avaient observé que la bile est troublée par le chyme , soutinrent que de la neutralisation réciproque de l'alcali de la bile et de l'acide du suc gastrique résulte un précipité, que le chyle se sépare ainsi du chyme, et qu'il devient visible dans l'intérieur de ce dernier, sous la forme de stries blanches, comme s'il était le produit d'une précipitation. Mais les expériencesdeTiedemannetGmelin ont prouvé que, quoique la bilesoit troublée par le chyme, il ne se passe cependant rien qui soit de nature à pouvoir être comparé avec une séparation ou précipitation de chyle. Le précipité qui se forme est le résultat de l'action de l'acide sur le mucus de la bile, et il se réduit à peu de chose dans le premier moment de la réunion. Les deux chi- mistes mêlèrent la liqueur filtrée du chyme avec la bile (le la vésicule du même animal, et ils virent se former un précipité jaune brun, qui cependant ne gagna pas le fond du vase, mais tint la liqueur trouble : propriété que, comme nous le verrons plus loin, la combinaison pré- cipitée conserve, même api-ès avoir été évacuée avec les excréments. Cependant Tiedemann et Gmelin considèrent le mé- 2^6 l'acte de la digestion i:t ses produits, lange de la bile avec le chyme comme n'étant nullement essentiel à la formation d'un c/ij/e de bonne qualité, terme par lequel on entend la dissolution que les lyn)- phatiques absorbent de la masse contenue dans les intestins, et qui sert à la reproduction du sang. Ils lièrent , par exemple , les canaux biliaires chez plu- sieurs chiens, et essayèrent ainsi d'empêcher abso- lument que la bile pût se mêler as^ec le chyme ; ils trouvèrent ensuite le liquide contenu dans les lym- phatiques , ou le chyle , ayant toujours les mêmes propriétés que si la bile eût coulé librement. Lassaigne et Leuret ont obtenu un résultat semblable, en faisant la même expérience. Mais, d'un autre côté, Tiedemann et Gmelin ont trouvé aussi que le chyle recueilli chez des animaux qui avaient jeûné pendant long-temps, avait exactement la môme composition, et contenait souvent plus de fibrine et de matière colorante que le chyle de ceux qui avaient reçu à manger aux époques ordinaires. Or, comme on ne serait pas fondé à conclure de là que la nourriture n'est point nécessaire à la formation du chyle, de môme les expériences rapportées plus haut ne prouvent pas que la bile soit une chose non indispensable. Les expériences ont établi que les aliments sont digérés en l'absence de la bile, que les lymphatiques absorbent un liquide qui contribue pendant quelque temps à entretenir la vie, de uîôme que quand on nourrit un animal avec du sucre ou de l'amidon seulement; mais on ne peut pas conclure de Là que la bile est inutile à la formation d'un chyle de bonne qualité, parce que l'animal meurt des suites de l'obturation du canal cholédoque avant que les effets de la détérioration du chyle soient assez prononcés pour qu'on puisse les démontrer au moyen des réactifs chimiques. Cependant Rudolphi d'un coté et Tiedemann de l'autre ont soutenu l'bypothèse que la bile est des- tinée, comme toutes les autres excrétions, à éti'e évacuée. Tiedemaini a rappelé que le foie, se rapprochant du poumon pour la fonction chimique, sépare du sang les substances trop carbonisées , et que moins le changement que ce liquide éprouve dans le poumon est parfait chez x'acte de la digestion et ses produits. 257 un animal, plus aussi le foie est volumineux, plus il se produit de bile, en sorte par conséquent que moins il se décompose de matière daus les poumons par l'ef- fet de l'oxidation , plus il en reste à évacuer sous la forme de bile. Le fœtus, dans le sein de sa mère, n'a point de digestion et produit cependant de la bile; son foie est gros et reçoit beaucoup de sang; mais la con- version du sang veineux en sang artériel se fait d'une manière très-incomplète. Si l'on ajoute encore à cela qu'il se forme de la bile là où il ne peut point y avoir de digestion , et que la digestion peut s'effectuer là où manque la bile, on semble assurément avoir assez de motifs péremptoires pour regarder la bile comme étant principalement destinée à être évacuée, c'est-à-dire comme une excrétion. Quoi qu'il en soit à cet égard, le mélange de la bile avec le chyme exerce, ainsi que nous le verrons, une influence essentielle sur la masse, dès qu'il s'est effec- tué. On ne saurait contester qu'il se forme alors un pré- cipité, dont la quantité va toujours en augmentant, et qui se retrouve enfin dans les excrémens, dont il fait une partie assez considérable. Après s'être mêlé avec la bile, le chyme devient jaune ou jaune brun, et chargé d'écume, due à des gaz dont une partie vient de l'esto- mac, tandis qu'une autre se dégage sans doute aussi pen- dant le changement que la masse subit dans les intestins. Le suc pancréatique se mêle avec le chyme en même temps que la bile. Ce liquide contient, comme nous l'a- vons déjà vu, une très-grande quantité d'albumine, et dès qu'il est parvenu dans le chyme, il lui communique la propriété de se coaguler par l'action de la chaleur. Avant que l'on connût la composition du suc pancréa- tique, Alexandre Marcet, Proul, Brodie et autres avaient observé cette existence de l'albumine non coagulée dans la partie supérieure de lintestin grêle, et comme ils n'en avaient pas trouvé dans l'estomac, ils concluaient de là que la conversion de la nourriture en albumine s'opère au commencement de l'intestin gréle, par l'effet du mé- a5& l'acte de la digestioît et ses produits. lange^avec la bile. Mais il est très-vraisemblable, d'après les expériences de Tiedeniann et Gmeliii, que l'albu- mine non coagulée qui se trouve sur ce point, provient uniquement du suc pancréatique, et que la portion des ali- mens dissoute par le suc gastrique ne se convertit en ma- tériaux albumineux du sang que dans l'intérieur des vais- seaux lymphatiques ou de ceux qu'on appelle lactés. Le motif qui a fait croire que le chyle se forme déjà dans la masse que contient le canal intestinal , et qu'on peut considérer jusqu'à un certain point comme se trouvant encore liorsdu corps, est que la graisse faisant partie de la nourriture, et qui, dans l'estomac, nage h. l'état de fusion sur la surface du chyme, se trouve convertie, après le mélange avec la bile et le suc pancréatique, en une dissolution ayant Tapparence d'une émulsion , qui se dissémine en stries laiteuses dans le chyme. Ce liquide lactescent est ensuite absorbé par les lymphatiques, à travers les parois descjucls on aperçoit sa couleur blan- che, et qui ont reçu d'après cela le nom de vaisseaux lac- tés. Les expériences de Tiedemann et Gmclin ont mis hors de doute que l'aspect laiteux est uniquement dû à de la graisse : il est surtout très-prononcé quand l'ani- mal a mangé du beurre, et on n'en voit aucune trace après l'ingestion de substances qui ne contiennent point de graisse. Les usages du suc pancréatique ne sont point encore connus d'une manière positive. Gmelin et Tiedemann croient qu'il contribue principalement à l'assimilation de ce qui a été dissous, c'est-à-dire à sa conversion en une masse homogène avec les autres liquides du corps. Mais c'est là le but général du travail de la digestion, et en s'exprimant ainsi, on ne nous apprend rien sur la part spéciale qu'y prend le suc pancréatique. Le suc intestinal sécrété dans l'intestin grêle pendant le temps de la digestion est acide et vraisemblablement de même nature que le suc gastrique. Il opère la dissolu- tion des parties du chyme qui ne sont point encore dis- soutes, et dans le même temps, il agit peu à peu sur la l'acte de l.v dtcestion kt ses produits. aSg bîle inélée avec cette masse, de manière à en faire pré- cipiter une quantité de plus en plus considérable. Le précipité qui se forme ainsi, est enveloppé par le mucus intestinal, et, mêlé avec les portions insolubles des ma- tières alimentaires, il forme le commencement de la masse qui doit bientôt être expulsée du corps, c'est-à- dire des excrémens, dont la couleur est due à la bile. Pendant que ce travail s'exécute, le principe amer de la bile, ou ce que j'ai appelé la matière biliaire, disparaît peu à peu. Ce qui s'est précipité de la bile, a bien en par- tie les propriétés de la résine biliaire, telle que celle-ci s'obtient quand on décompose la bile par des sels de plomb, mais il n'est nullement identique avec la ma- tière résineuse obtenue par la précipitation de la matière biliaire au moyen des acides. On trouve dans les ex- crémens de la cboléstérine, de la résine biliaire et de la matière colorante; mais on ignore ce que devient le plus abondant des matériaux de la bile, c'est-à-dire le sucre biliaire ; on ne sait non plus ce que deviennent la tau- rine, l'acide cholique, etc. On ne retrouve ces substances nulle part, ni dans le contenu des intestins, ni dans les liqui- des dont s'emparent les vaisseaux lympbatiques, et l'on se- rait peut-être en droit de penser que leur formation n'a point lieu dans le canal intestinal, quoiqu'elles se produisent quand on soumet la bile à l'analyse. Mais lorsqu'il se forme de la résine biliaire, il devrait aussi se former une quantité correspondante de sucre biliaire. Il faut donc que ces substances subissent un cliangement qui nous est in- connu, et peut-être passent-elles sous une nouvelle forme dans ce qu'absorbent les vaisseaux lympbatiques. Tant qu'il sera possible d'admettre cette hypothèse, et qu'elle n'aura point été réfutée, on n'aura aucun motif valable de croire que la bile est principalement destinée à être évacuée, ou qu'elle ne joue pas un rôle essentiel dans le travail de la digestion, puis([u'elle peut avoir deux destinations différentes, l'une de rejeter au dehors quelques unes des substances qui la constituent, l'autre de faire repasser une partie de ces substances dans les 17* a6o l'acte de la digestion t.t ses produits. liquides circulatoires, après qu'elles ont changé de forme. Si l'on filtre la masse réunie dans la portion supé- rieure de l'intestin grêle , la liqueur qui passe a une teinte jaune d'autant plus foncée, en raison de la bile non précipitée qui s'y trouve en mélange, qu'elle pro- vient d'une région plus éloignée de l'estomac. Cet effet tient à ce que les lymphatiques n'absorbent point de bile, dont par conséquent les parties non décomposées se concentrent de plus en plus, non que leur quanlilé réelle augmente, mais parce que le liquide dans lequel elles sont dissoutes, va toujours en diminuant. Cette liqueur filtrée contient de plus en dissolution, d'après Tiedc- iimann et Gmeli, les substances suivantes : de l'albu- mine à l'état de non coagulation; une matière analogue à la matièrecaséeuse, telle qu'elle existe dans la bile et dans le suc pancréatique; une matière animale contenant du ni- trogène, qui n'est point précipitablc par l'ébullition, ni par les acides, mais qui l'est par le chlorure d'étain, le chlorure mercurique, les sels de plomb et la teinture de noix de galle (ici doit sans doute se ranger la plus grande partie de ce qui s'est dissous des aiimens); une substance qui devient rouge par le chlore, et qui donne une couleur rose ou fleur de pêcher à l'albumine, lors- que celle-ci a étécoagulée paruncourant de ce gaz, dirigé à travers la liqueur. Cette matière provient évidemment du suc pancréatique, dont elle fait parlie intégrante. En outre, on trouve du carbonate ammonique, des lac- tates , des sulfites et des phosphates potassiques et so- diques, du chlorure potassi([ue, du chlorure sodiquc et du phosphate calcique. En examinant les liquides du canal intestinal d'animaux à jeun, Tledemann et Gmeliii y ont rencontré les mêmes substances absolument, sans que l'analyse indiquât d'autre différence que celle qui avait rapport à la quantité des matières non dissoutes ou au commencement des cxcrémens. Ainsi , ou la nour- riture se convertit déjà dans le canal intestinal en sub- stunces identiques avec les loatériaux du suc intestinal l'acte Di: LA. DIGESTION ET SES PRODUITS. 26 1 et du suc pancréatique, ce qui n'est pas très-probable; ou bien les matériaux de nouvelle formation sont absorbés avec tant de promptitude et mêlés avec tant de suc in- testinal , qu'on ne saurait les retrouver ( cbose peu ad- missible pour la partie supérieure du jéjunum); ou enfin nos connaissances à l'égard des propriétés dévolues aux matières qui se rencontrent ici , sont encore trop bornées pour nous permettre de les séparer et de les distinguer d'une manière rigoureuse, ce qui est le plus probable. Dans tous les cas, ce point n'est pas encore éclairci. Pendant son passage à travers les intestins, la masse perd continuellement du liquide qu'elle contient; elle devient plus consistante et plus sèche. En même temps, il disparait quelques unes des matières qui s'y trouvent dissoutes, tandis que les autres se concentrent de plus en plus dans la dissolution restante. La séparation du liquide et des parties non dissoutes est le résultat de deux actes différens. I^a membrane muqueuse est gar- nie de villositës, qui lui donnent l'apparence du velours, et qui, mises en contact avec un corps liquide, s'en im- bibent comme une éponge, tandis que la masse non dis- soute glisse peu à peu sur elles, avec les portions qui sont moins divisées. Les orifices des vaisseaux absorbans s'ouvrent entre ces villosités , pour pomper In liqueur. On pourrait comparer cette opération à une filtration opérée d'abord à travers un drap grossier et ensuite à -travers un filtre plus serré. Elle a pour résultat que l'al- liiniiine disparaît peu à peu, que l'acide libre diminue dans la masse au point qu il en reste à peine des traces vers l'extrémité de l'iléon , et que la masse finirait par perdre entièrement son liquide , si le suc intestinal, dont l'écoulement a lieu sans interruption , ne lui en resti- tuait pas de nouveau, qui est absorbé à son tour dans la portion suivante de l'intestin. C'est un véritable la- vage, semblable à celui qu'on exécute sur un filtre, où le précipité se dépouille d'une manière à chaque instant plus complète de la peiite quantité de matière dissoute 26a l'acte de la digestion et ses produits. qui a pu rester interposée entre les molécules de la por- tion non dissoute. Mais ce lavage n'est pas parfaite- ment comparai)le à celui qui s'opère sur nos filtres ,x>. puisqu'il y a dans le même temps choix de matériaux, de sorte que certaines substances tenues en dissolution ne sont point absorbées, restent au contraire et se con- centrent dans la portion dont l'absorption ne s'empare pas. Ainsi les absorbans ne prennent qu'une petite quan- tité de sels, dont par conséquent la proportion augmente dans la masse h mesure qu'elle parcourt l'intestin; ils n'absorbent également point de bile, ni peut-être cer- taines autres matières, également solubles, qu'on trouve dans les excrémens. Tiedemann et Gmelin ont mêlé avec la nourriture de plusieurs animaux des substances faciles à recon- naître par leurs réactions, leur couleur et leur odeur, par exemple, du cyanure ferroso-potassique, des sels de fer, de la rhubarbe, du bleu d'indigo soluble, du camphre, de l'huile de Dippel, etc., et au bout de quel- ques heures, ils ont mis ces animaux à mort. Après quoi ils ont examiné la masse contenue dans le canal in- testinal , le liquide des vaisseaux lymphatiques et du ca- nal thoracique , le sang de la veine porte et d'autres veines du bas-ventre , enfin l'urine. Ces matières étran- gères ne se sont point retrouvées dans le liquide des vaisseaux lymphatiques, non plus que dans le chyle du canal thoracique (i), quoique leur quantité eût sensi- blement diminué dans la masse que renfermait le tube intestinal, et cela d'autant plus que cette masse avait (i) Il s'est néanmoins présenté quelques exceptions dans le grand nombre de leurs expériences. Une fois ils ont trouvé dans le chyle d'un chien des traces de cyanure Tcrroso-potassique, et dans celui d'un cheval, des traces également de sulfate ferreux. Mais le même phénomène ne se représenta point dans une foule d'autres expériences faites avec les mêmes réactifs et sur des ani- -maux de la même espèce. l'acte de la DIGKSTION ET SES PRODUITS. ^63 parcouru une plus grande étendue du canal. Au con- traire, elles se sont présentées dans le sang des veines et dans l'urine. De ces expériences , qui paraissent déci- sives, Tiedemann et Gmelin ont conclu que les extré- mités les plus déliées des veines possèdent la faculté d'ab- sorber , faculté que contestent encoi'e un grand nombre de physiologistes. Us ont reconnu, par exemple, ({ue le tissu de la membrane muqueuse de l'intestin était coloré en bleu par le bleu d'indigo soluble, jusqu'à une certaine pro- fondeur dans sa masse, propriété qui appartient en propre à celte matière colorante, ainsi que nous l'avons vu. Cependant ils n'en ont trouvé aucun vestige dans les vaisseaux lymphatiques qui provenaient des portions d'intestin teintes en bleu , quoique l'urine des mêmes animaux fût colorée en vert par du bleu d'indigo qu'elle tenait en dissolution. On ne peut point d'après cela re- fuser aux vaisseaux absorbans du canal intestinal la fa- culté de pomper le liquide de la dissolution qui se pré- sente à leurs orifices, avec certaines d'entre les matières qu'il tient dissoutes, et de laisser les autres en disso- lution dans une quantité moins considérable de ce li- quide, faculté que nous avons déjà vue (tome V, page 54) appartenir jusqu'à un certain point aux fi- brilles les plus déliées de la racine des plantes, dans l'action absorbante qu'elles exercent sur les liqueurs qui les entourent. L'absorption que ces vaisseaux exer- cent n'est donc point un acte purement mécani(iue; ils agissent par une sorte d'aftipité élective, que partage chimiquement le liquide sur lequel porte leur action ; mais la manière dont ce phénomène s'accomplit , est encore actuellement un problème insoluble. Lorsque la masse contenue dans l'intestin grêle est parvenue à l'extrémité de l'iléon , elle devient plus épaisse et plus brune, n'exerce plus à peine de réac- tion acide, exhale une odeur fétide, contient à peine encore quelques traces d'albumine, et se trouve mêlée avec du mucus intestinal. Elle arrive alors dans le cœ- cum. Cet intestin forme un sac fort ample, dans lequel a64 l'acte de la. digestion et ses produits. on pourrait presque voir un second estomac, dont le gros intestin, qui vient à sa suite, serait alors considéré comme le canal intestinal. La masse y séjourne pen- dant quelque temps, et y acquiert les qualités exté- rieures qui caractérisent les excrémens. Chez les ani- maux carnivores, il se sécrète encore dans le cœciim un liquide faiblement acide, qui y représente le suc gastrique. Ce liquide extrait les dernières portions de matière nu- tritive qui n'avaient point été dissoutes jusque là. Il pa- raît être alcalin chez les animaux herbivores. En outre, les excrémens sont mêlés et enveloppés , dans le cœcum , d'une grande quantité de mucus, pour la formation du- quel cet intestin porte, sur l'un de ses côtés, un organe particulier appelé appendice venniforme^ dont l'inté- rieur est entièrement parsemé de glandes mucipares. Après que la masse a séjourné quelque temps dans le cœcum, on trouve dans le liquide dont elle est im- bibée, une quantité d'albumine bien plus considérable que celle qui existait dans la dernière portion de l'intes- tin grêle. On y rencontre en outre une matière qui rou- git par l'acide hydrochlorique, et qui ne provient par conséquent point du suc pancréatique, dont cet acide ne change point la couleur. Elle contient encore des ma- tières animales qui sont précipitées par le chlorure d'é- tain, les sels de plomb et le tannin, mais qui ne le sont point par les acides ni par l'ébullition. Enfin on y trouve encore de la bile et beaucoup de sels. Cependant Tiede- mann et Gmelin ont fait voir que l'albumine et les au- tres matières qui se présentent ici de nouveau , sont con- tenues également dans les liquides du cœcum des animaux soumis à un jeûne forcé, ce qui rend très-pro- bable qu'elles ne sont que des parties constituantes de la liqueur versée dans cet organe par sa membrane mu- queuse. Après avoir séjourné quelque temps dans le cœcum, la masse passe peu à peu dans les gros intestins, et ar- rive enfin au dernier de ces organes, le rectum. Dans ce trajet, elle devient plus épaisse, plus sèche, plus l'acte de la digestioîv et ses produits. 265 brune , et acquiert une odeur plus décidemment excré- mentitlelle. Elle s'accumule en certaine ({uantité dans le rectum; après quoi cet intestin se contracte, le sphinc- ter s'ouvre, et la masse sort du corps. On lui donne alors le nom d'ejccré/ne/is ou de matières fécales. Pendant le séjour qu'elle fait dans le rectum, l'absorption s'em- pare encore d'une certaine portion du liquide dont elle est imbibée, de sorte que quand elle y reste longtemps, elle finit par devenir dure et sèche. Pendant le travail de la digestion , et tandis que la masse parcourt tgute la longueur du canal intestinal , il s'en dégage des gaz. La quantité et la nature de ces gaz dépendent non seulement de la nature des alimens dont Fynimal s'est nourri, mais encore de l'état de santé dans lequel il se trouve , c'est-à-dire d'une certaine influence du système nerveux, de sorte que parfois il s'en forme déjà beaucoup dans l'estomac même , qui s'échappent par les deux orifices du canal digestif. Ces gaz sont quel- quefois inodores ; dans certaines circonstances, leur odeur décèle la présence du sulfîde hydrique, et ils contien- nent, surtout quand ils passent par le rectum, des va- peurs exhalées par la masse des excrémens, qui com- mence à subir une sorte de putréfaction dans le gros intestin. Ce sont ces vapeurs qui font que l'odeur de ces gaz n'est jamais celle du sulfide hy- drique pur. Une partie des gaz intestinaux provient de l'air avalé, dont l'oxigène s'est déjà converti dans l'esto- mac en gaz acide carbonique. Il se dégage dans les in- testins du gaz hydrogène tantôt pur, tantôt à l'état de carbure ou de sulfide hydrique, et peut-être aussi quel- quefois du gaz phosphure hydrique. La présence du gaz hydrogène et de ses combinaisons avec le soufre et le carbone, est cause que ces gaz sont la plupart du temps inflammables et combustibles. Lorsqu'on a pris du soufre, à titre de médicament, presque tout le gaz hydrogène qui se dégage est à l'état de sulfîde hydrique. En gé- néral, ces gaz sont un mélange de nitrogène, d'hydro- gène, de carbure hydrique, de sulfîde hydrique et d'à- ^66 l'acte de la. digestiopt et ses produits. cide carbonique. Mageiidie ayant recueilli les gaz du canal intestinal de plusieurs supplici(;s, Clievreul , qui les analysa, obtint le résultat suivant: Gaz de l'iiilestin gi'èle de trois individus. G;iz acide carbonique 2/1, 3i) /,o,oo 25,o Gaz carbure hydrique 55,53 5i,i5 8,4 Gaz nitrogène. 20,08 8,85 66,6 Gaz du cœcuai du colon et du icctuin. Gaz acide carbonique. i2,5 43, 5 — 70,0 42,86 Gaz hydroirèue 7,5 1 r , n Gaz carbure hydrique. 12, 5) 11,18 Gaz nitrogène 67,5 5i,o3 — 18,4 45,96 Ces analyses font assez voir combien les proportions varient. Vogel a examiné le gaz recueilli dans les in- testins du bœuf, et il y a trouvé : gaz acide carbonique 0,27 , gaz carbure tétrahydrique 0,48 , et air atmo- sphérique 0,25. D'après l'analyse de PAiiger, le gaz in- testinal de vaches mortes de la tympanite, était com- posé d'acide carbonique, mêlé, dans des proportions diverses, avec un gaz combustible qui exigeait la moi- tié de son volume de gaz oxigène pour brûler, et pro- duisait ainsi du gaz acide carbonique, que la potasse caustique absorbait complètement. Une semblable pro- portion relative des volumes n'a lieu que pour le gaz oxide carbonique, d'oii il suivrait par conséquent qu'eu certaines circonstances ce gaz s'engendre aussi dans le canal intestinal. Les gaz intestinaux peuvent être complètement em- prisonnés par le sphincter de l'anus, qui s'oppose à leur dégagement. Si alors leur quantité n'est point consi- dérable, ils disparaissent peu à peu, ce qui ne peut avoir lieu qu'autant qu'ils sont absorbes par le liquide intestinal, avec lequel ils passent dans les lymphatiques ou dans les veines, car il n'est pas présumable que les vaisseaux s'emparent d'eux tant qu'ils conservent la forme de gaz. L'opération chimique (jui s'exécute dans le canal in- l'acte de la. digestion et ses produits. 267 lestinal peut varier beaucoup suivant les nuances de l'é- tat de sauté, et ces changeuions coustituent une nuilti- tudc de maladies sur lesquelles la chimie animale ne fournit aucune lumière. ïledemann et Gmelin ont fait des recherches sur les cas où la digestion s'accomplit sans le concours de la bile, comme par exemple après la ligature du canal cholédoque, lis ont trouvé que les alimens étaient aussi bien digérés qu'auparavant, et que les lymphatiques se remplissaient de liquides constitués comme à l'ordinaire; mais, au bout de quelques jours, le chyle prenait une teinte jaune, due à de la bile absorbée dans le Ibie, et il en était de même des autres liquides du corps. Les excrémens, au contraire, étaient blancs ou d'im gris- clair, secs, argileux, et presque toujours d'une t)deur nauséabonde; niais les liquides qui les imprégnaient furent trouvés de même nature que si le canal cholé- doque n'eût point été lié. Brodie, qui a fait également cette expérience, croit avoir trouvé qu'il ne se forme point de chyle quand la bile manque: mais cette hy- pothèse paraît reposer uniquement sur ce que la liqueur contenue dans les lymphatiques était claire et non lai- teuse, comme elle a coutume de l'être, phénomène qui tient lui-même à ce qu'eu l'absence de la bile, la graisse passe moins facilement à l'état de dissolution émidsion- née, et qui prouve par conséquent que l'aspect laiteux n'est point une qualité essentielle du chyle. Si l'on n'enlève pas la ligature apposée sur le canal cholé- doque, l'animal périt; sa mort doit être attribuée prin- cipalement au défaut d'évacuation de la bile, dont la rétention fait que ses matériaux se lépandent partout, dans tous les organes les plus nobles et les plus essen- tiels à la vie. Les derniers produits de la digestion sont au nombre de deux: les excrémens^ qui sortent du corps, et le li- quide absorbé par les lymphatiques du canal intestinal, ou le chyle. Les excrémens. H suit de ce qui précède ([ue nous a68 EXCRKMENS T)E l'hOMME. connaissons la manlèi-e dont se forment les excrémens et les substances qu'on doit y trouver. Ils doivent con- tenir: i°les parties de Ja nourriture qui ont été épuisées, sans pouvoir se dissoudre; 2° ce qui s'est précipité de la bile; 3° du mucus intestinal; j\° de la bile non décom- posée, non absorbée; 5° des sels accumulés, et qui éga- lement n'ont point été absorbés. i) Excrémens de l'homme. J'ai fait, il y a vingt- cinq ans, des recherches sur leur composition. J'indique l'époque comme une sorte d'excuse pour avoir alors né- gligé une foule de points qui de nos jours auraient pu être tirés à clair. Les excrémens analysés avaient été rendus après avoir mangé une grande quantité de pain grossier, avec des alimens de nature animale. Ils ne réagis- saient ni à la manière des acides, ni à celle des alcalis. A. Si l'on verse sur des excrémens frais, de consis- tance naturelle, un poids d'eau double du leur, ils se mêlent lentement avec elle, et la rendent mucilagineuse, comme de l'eau de gomme; elle ne s'éclaircit pas, même dans l'espace de plusieurs semaines. Quand on filtre le mélange, à travers un morceau de toile, en le remuant toujours, il passe un liquide épais, gris verdâtre, et il reste sur l'étoffe une masse grossière , d'un gris brun , susceptible d'être lavée avec de l'eau. Cette masse est la plupart du temps facile à reconnaître sous le rapport de son origine. ElTe consistait, dans mon analyse, en ma- tières végétales épuisées, par exemple, en son provenant du pain, pelures de pomme, etc. On n'en trouve pas du tout lorsque les alimens ne contenaient pas de substances sem- blables. Elle se dessèche aisément, mais conserve une odeur d'excrément, dont on ne peut la dépouiller, avec quelque soin qu'on la lave. B. Si, après avoir introduit la liqueur filtrée dans un vase qu'on en remplit et qu'on bouche ensuite de ma- nière à empêcher l'air d'y arriver, on la met dans un lieu fi-ais, et qu'on l'y laisse tranquille, elle dépose une très-grande quantité de ce qu'elle tient en suspen- sion ; mais c'est au bout de quelques jours seulement EXCRÉMENS DE l'hOMME. 9,6q qu'on aperçoit à sa partie supérieure un bord clair, transparent et d'un jaune pâle. Si alors on verse la par- tie la plus coulante du liquide sur un fdtre, 11 y en a une portion qui passe claire, mais les pores du papier ne tardent pas à être bouchés , et la fdtration s'arrête. En changeant fréquemment de papier, on parvient à clarifier ainsi la plus grande partie du liquide. Lorsque, pour obtenir la dissolution aussi concentrée que possible, on a fait usage d'une très-petite quantité d'eau, la li- queur qui passe prend si rapidemejit une couleur plus foncée, qu'on la voit brunir en peu d'instants, ce qui a lieu d'une manière plus rapide encore à la chaleur, sous l'influence de laquelle le liquide devient d'un brun foncé et trouble. Ce changement de couleur est pio- duit par l'action de l'air, et paraît être de même na- ture que celui qui a lieu quand des extraits végétaux qui se sont décolorés en j)erdant l'oxidc plond:)ique au moyen du gaz sulfîde hydrique , redeviennent bruns par l'effet de leur exposition à l'air. La dissolution concentrée, abandonnée à elle-même, se couvre peu à peu d'une pellicule qui contient une multitude de petits grains cristallins et brillans. Ces grains sont du phos- phate ammonico-magnésique; ils proviennent de ce que les excrémens contiennent du phosphate magnésique, qui est soluble dans l'eau à un degré assez notable, et de ce qu'il se forme peu à peu dans la dissolution de l'ammoniaque qui s'unit avec ce sel et se précipite ou cristallise avec lui. Cette circonstance prouve que les excrémens , lors de leur expulsion du corps , ne con- tiennent point de l'ammoniaque ou du carbonate ammo- nique. Le double phosphate qui se dépose est chargé en même temps d'une matière animale, qui le noircit et se charbonne par l'effet de la calcination. C. Si l'on évapore doucement la liqueur filtrée jus- qu'en consistance d'extrait mou , et qu'on délave le ré- sidu avec de l'alcool, celui-ci en dissout une portion, qui le colore en rouge brun, et laisse de coté une ma- tière d'un gris brun. Jbin mêlant la dissolution alcoolique 270 EXCRlïMENS DE l'HOMME. avec un peu d'eau, retirant l'alcool par la distillation, et ajoutant ensuite un peu d'acide sulfurique au résidu, il se forme un précipité brun, cohérent, dont la quan- tité augmente encore si l'on fait évaporer la liqueur. Ce précipité est la combinaison résineuse de la matière bi- liaire avec l'acide sulfurique, de laquelle on peut sé- parer cette matière biliaire, ayant nue couleur brune, au moyen du carbonate plombique ou du carbonate barytique. Cette circonstance prouve qu'elle contient une certaine quantité de matière biliaire à l'état de dis- solution et non décomposée. Cependant elle diffère de la bile ordinaire en ce qu'elle est brune, au lieu d'être "verte, et produit une combinaison résineuse avec l'acide acétique. Quand on distille le mélange avec de l'acide sulfu- rique, il passe un liquide qui contient des traces d'a- cide hydrochlorique, mais point d'acide acétique, et, lors- qu'après avoir séparé la résine , on sature l'acide sul- furique avec du carbonate calcicpie ou du carbonate ba- rytique, qu'on évapore la liqueur à siccité, et qu'on traite le résidu par l'alcool, ce dernier laisse du sulfate sodique et du sulfate barytique ou calciqae, et dissout une matière extractive, de couleur rouge brune, qui reste transparente après l'évaporation de Talcool. Sou- mise à la chaleur, cette matière entre en fusion, se boursouffle, se charbonne et exhale l'odeur de l'ammo- niaque. Elle est solid)le tant dans l'eau (jue dans l'al- cool. La première dissolution rougit quand on y verse de l'acide libre. Les sels d'étain, de plomb et d'argent précipitent pi-esque complètement la matière de sa dissolu- tion. Le tannin la précipite sous la forme d'une poudre rouge, quand on n'en met point assez, et sous celle de flo- cons gris-bruns cohérens, lorsqu'on le met en excès. L'acide libre n'empêche point la précipitation d'avoir lieu. Ce précipité est soluble dans l'eau boinllante, de laquelle il se sépare par le refroidissement. L'alcool le dissout aussi. Cette matière paraît être la cause du chan- gement de couleur que la dissolution éprouve à l'air. EXCRÉMENS DE l'hOMME. 2^1 Celle-ci contient en même temps une certaine quantité de lactate alcalin. D. La portion des cxcrémens qui est solublc dans l'eau, laisse, ainsi que nous l'avons vu, une certaine quantité de matière insoluble dans l'alcool. Celle-ci se compose, pour la plus grande partie, d'albumine, qui est teinte en brun par de la bile, et qui contient en même temps des sels, savoir, du sultate et du phospbate alcalins, avec du phosphate calcique, lesquels restent après la coml)ustion de l'albumine. E. La portion délayée des excrémens qui reste sur le papier quand on filtre la liqueur (B), consiste en un mé- lange de mucus intestinal et de matières précipitées par la bile. Sa viscosité est la cause qui la rend si difficile à séparer du liquide. Elle bouche le filtre, sur lequel elle se convertit peu à peu, par la perte de l'eau, en une masse mucpieuse, qui, par l'effet de la dessiccation, se l'etire sur elle-même, et devient fendillée, dure et noire. Elle se ramollit de nouveau dans l'eau, et quand celle-ci contient un peu d'alcali, elle redevient mucilagineuse. La potasse caustique la dissout complètement, et les acides la précipitent de la liqueur, qui acquiert ainsi une odeur de bile, L'étlier et l'alcool lui enlèvent un mélange de graisse et de résine biliaire. Cette dernière est à peu près dans le même état que quand on l'obtient par la décompo- sition de la bile au moyen des sels plombiques. L'étlier dissout beaucoup plus de graisse que Talcool , de sorte que sa drssolution est précipitée par ce dernier. La dis- solution dans ces deux réactifs est verte ou d'un jaune vert; après l'évaporation, le résidu est Irès-fusible, et il' se liquéfie dans l'eau bouillante: il graisse le papier, et se dissout dans la potasse caustique, qu'il colore en jaune verdatre. La masse épuisée par l'alcool bouillant abandonne ensuite, quand on la traite par l'eau, une matière qui teint le liquide enjaune, mais ne lui conimunique ni odeur,ni saveur. Mise en contact avec l'air, elle devient plus ^']1 KXCRÉMEIfS DE L HOMME. foncée, et se putréfie avec beaucoup de promptitutîe, en acquérant l'odeur de l'urine pourrie. Après l'évapo- ration , elle laisse une masse extractive brunâtre, qui n'est plus complètement soluble dans l'eau. Cette ma- tière a les propriétés suivantes : obtenue depuis peu, elle est insoluble dans l'alcool; mais lorsqu'elle a commencé à s'altérer, elle se dissout en partie dans ce réactif. Elle est légèrement troublée par l'infusion de noix de galle, qui n'y fait cependant pas naître de précipité, et elle s'eclaircit de nouveau quand on|Ia|?cbauffe. Ce n'est que quand elle commence à se putréfier, que l'infusion de noix de galle la précipite complètement. L'acétate plom- bique y produit un très-léger trouble, et la liqueur con- serve sa couleur jaune. Si l'on mêle la dissolution aqueuse récemment préparée de cette matière avec la dissolution alcoolique de graisse et de résine biliaire, il se forme un précipité gris-verdâtre, qui gagne aussi difficilement le fond du vase que celui dont on a ob- tenu primitivementces matières. Mais quand la dissolution aqueuse est restée douze beures en repos, la résine bi- liaire et la graisse seules se précipitent, et la matière dont il s'agit reste dissoute dans la liqueur alcoolique. En traitant alternativement par l'alcool ou l'éther et par l'eau, on peut obtenir des quantités nouvelles de résine biliaire contenant de la graisse et des matières solubles dans l'eau, mais il finit par rester quelque cbose qui ne se dissout point, quoique conservant toujours la même couleur. Ce paraît être du mucus intestinal coloré par la matière colorante de la bile : il est soluble dans l'al- cali caustique. L'iiydrate calcique, quand on le met digérer avec la matière grise verdâtre, opère la même séparation que celle qui s'obtient au moyen de l'alcool. De la graisse et de la résine biliaire se combinent avec la cliaux et devien- nent insolubles : l'autre substance se dissout dans l'eau de chaux, et on peut l'isoler en précipitant la chaux par l'acide oxalique ou l'acide carbonique, et soumettant la liqueur à l'évaporation. Quand on traite, par l'acide hy- EXCRKMENS DE LHOMMK. 1^^ tlrochlorlque éteiKÎii , la masse calcaire Insoluble, la ^laisse et la résine restent non dissoutes. De ce qui précède on peut bien conclure que les ex- crémens contiennent une combinaison insoluble des principes constituans de la bile avec d'autres matières qui s'y joignent pendant le cours de la digestion et se précipitent avec eux, combinaison qui est détruite par l'affiniié de la cbaux ou de l'alcool. loo parties d'cxcrémens liunuiins ayant assez de con- sistance pour former des masses cobérentes, con- tiennent : Eau 75j3 [Bile. 0,9 Matières soliibles) Albiimino 0,9 | ç. dans l'eau. j jMatièrocxtractiveparticulière. 2,7 1 '' \ Sels 1,2/ Résidu insoluble dos alimens digéfés 7,0 Matières insolubles (jui s'ajoutent dans le canal intestinal, mucus, ri'sine biliaire, graisse, matière animale par- ticulière , ctc 1 4,0 100,0 On conçoit que les quantités relatives indiquées ici ne doivent être considérées que comme des exemples dont les nombres n'ont de valeur que [lou rie cas auquel ils se rap- portent, et doivent varier sans cesse, en i^tison desaiimens, des boissons, de l'état de la santé, etc. Les sels indiqués ont élé déterminés à l'aide d'une analyse à part. Trois onces d'excréniens frais furent épuisés au moyen d'une grande quantité d'eau, le li- quide évaporé à siccité, et le résidu brille. La cendre qui resta était composée de Carbonate sodiquo (provenant du laclate). . . 3.5 grains. Cldorure sodique 4,o Sulfate sodique 2,0 Pbosphate magncsique 2,0 Phosphate calcique ... ^,o i5,5 VIL 18 ^74 EXCRÉMF.NS DF l'hOMME. La grande quantité du pliospliate inagnésique est digne de remarque. Ce sel provenait du pain, dans le- quel il entre eu proportion assez considéiable. Comme les os et les parties solides de Thomme on contiennent généralement moins que ceux des herbivores, il paraît que les vaisseaux lymphatiques de son canal intestinal sont beaucoup moins disposés à en absorber que ceux de ces animaux. Les excrémens humains se comportent de la ma- nière suivante avec différens réactifs chimiques. Bouil- lis avec de l'eau, dans un appareil distillatoire, ils don- nent une eau fétide, qui contient du sulfide hydrique, et précipite les sels plombiques en gris brun. En même temps que cette précipitation a lieu, lodeur particu- lière du liquide se dissipe, et le résidu dans la cornue n'exhale plus (juc celle des intestins de cochon cuits. La masse se boursoufle beaucoup, et il est difficile d'empêcher qu'elle ne passe par-dessus les bords du vase. Par la dessiccation , les excrémens se convertissent en une masse légère, d'un brun foncé. Chauffés, lors- qu'ils sont secs, ils se charbonnent, se boursouflent, exhalent de la fumée, répandent fodeur de la corne brûlée, prennent feu, et brûlent long-temps avec une flamme claire, brillante, fuligineuse. Quand la flamme s'éteint, il ne reste pas de charbon, mais seulement une cen- dre grise, qu'il est difficile d'amener à blanc par la calci- nation. Des excrémens secs ont donné 0,1 5 de leur poids de cendre d'un gris foncé, presque noire, qui consistait en 0,1 de phosphate calcique, avec du phos- phate magnésique et une trace de sulfate calcique, 0,008 de carbonate sodique, 0,008 de sulfate sodique, avec un ]xm de sulfate potassique et de phosphate so- dique, et 0,016 de silice, provenant de matières vé- gétales. Les 0,018 manquant étaient du charbon , qui resta quand la cendre fut dissoute. Le chlore blanchit les excrémens. L'alcool en extrait ensuite de la graisse et de la résine, toutes deux inco- lores. Les acides coucentrés, principalement l'acide sulfu- EXCREMENS DE BITTES A CORNES. î^tS rique et l'acide hytlroclilorique, en dégagent d'abord une odeur excrénientitioUe plus forte, puis celle de la bile: en même temps la masse devient violette, et non noii-e. On ne remarcjue pas d'odeur d'acide acétique. Si l'on étend d'eau les acides, qu'on les filtre, et qu'on les sature avec de l'alcali, il s'en précipite des phosphates terreux, 2). Excvèmens de hêtes à cornes. Ils ont été analy- sés par Einhof et Thaer, qui ne les ont trouvés ni aci- des, ni alcalins. Leur pesanteur spécifique était de r,o45. Par la dessiccation ils perdirent 0,-719 de leur poids d'eau. Mêlés frais avec une grande quantité d'eau, ils laissèrent déposer 0,00 1 2 de sable par la lévigation . Filtrés à travers une toile mince, ils donnèrent 0,1 55 de fibre végétale extraite des alimens. La masse qui avait tra- versé la toile était d'un, gris vert. Elle fut jetée sur un filtre de papier, qui laissa couler une liqueur pres- que incolore. Cette licjueur devint d'un jaune de vin au bout de quelques minutes, et finit par acquérir une teinte brime. Elle se conservait dans des vaisseaux clos sans changer de couleur. Tj'examen qu'on en fit se borna à constater qu'à l'état de dilution dans lequel elle se trouvait, elle n'était point précipitée par le tan- nin, mais qu'elle l'était par le nitrate argentique, le nitrate plombique, l'oxalate potassique et l'eau de chaux. On ne peut rien conclure de là relativement à son plus ou moins d'analogie avec la dissolution correspondante des excrémens humains, analogie en faveur de laquelle sem- ble cependant parler la propriété qu'elle a de se colo- rer promptement à l'air. Les sels trouvés dans ce li- quide étaient du phosphate calcique, du phosphate potassique et du chlorure sodique. Ce qui resta sur le filtre de papier était une niatière verte, mucilagineuse, qui exhalait une odeur sembla- ble à celle delà bile de bœuf. Elle s'élevait à 0,1 55 du poids des excrémens frais (1). Comme les auteurs se (i) Si l'on ajoute cette quanthé an poids de la fibre végétale, on obtieut une somme plus forte que le poids des excrémens 18. 2^6 EXCREMENS DE E^TES A CORNES. proposaient dans leur analyse des résultats agronomiques et non des déductions physiologiques, ils n'ont point examiné la composition de cette matière. Ils ont trouvé que l'eau ne la dissout point, même à la faveur de l'é- bullition ; que l'alcool, mis en digestion avec elle, prend une teinte verte; qu'elle n'est pas plus attaquée par l'al- cali caustique que par le carbonate alcalin (ce qui pourrait cependant avoir été mn\ observé); que le chlore la décolore; que Facide sulfuricjue en dégage l'odeur de l'acide acéticjiie, et se colore en vert, mais que l'eau pi'écipite de nouveau la matière qu'il a dissoîUe. L'odeur de vinaigre est due à ce qu'il se forme de l'acide acéti(]ue, et non à la décomposition d'un acétate, puisqu'elle a lieu également avec des excrémens frais, sans qu'on puisse obtenir la moindre trace d'acide acétique, quand on les délaie et distille ensuite avec de l'acide sulfu- rique étendu. Einhof et ïhaer ont tiré de leurs recher- ches la conclusion inexacte que cette matière ne pro- vient pas de la bile, parce qu'elle bride en répandant la même odeur qu'une substance végétale. Du reste, ils ont trouvé que les excrémens secs des bêtes à cornes donnaient par la distillation un liquide acide conte- nant de l'acétate ammonique. Une analyse plus complète encore des excrémens frais de bêtes à cornes a été faite depuis par Morin. De l'eau qu'on agita avec ces matières, laissa sur l'étoffe em- ployée pour la filtrer, une matière insoluble dont le poids, après qu'elle eut été desséchée, s'élevait au quart de celui des excrémens mis en expérience. La liqueur aqueuse filtrée fut évaporée à siccité au bain marie, et le résidu, qui ressemblait à un extrait, traité par l'élher. Ceréactifen tira unerésineverte, sur laquelle je re- viendrai plusloin. La portion qui nefut pasdissoute,futtrai- tée par l'alcool. Celui-ci s'empara d'une matière particulière. sous forme solide. Cela peut dépendre d'une différence dans la Wiaotité d'eau pue contenait la portion sonniisr à l'expérience. EXCRliMr.>S DE BEIES A C01U>KS. Jt']'] ayant l'apparence d'un extrait, de couleur jaune bru- nâtre, de saveur douceâtre et anicre. La (iissolulioa aqueuse de cette nuitière était précipitée tant par les acides que par les sels métalliques. Morin la considéra comme étant du picroniel. I\Tais l;i propriété qu'elle a d'être précipitée par les acides indique évidemment la matière propre de la bile qui n'a point encore été décomposée en picroniel et en résine biliaire. Ce que l'alcool laissa de l'extrait aqueux , fut traité par l'eau. Il resta de l'albumine coagulée. L'eau avait enlevé une matière extractive particulière et brune, ayant des pro- priétés parfailement analogues à celles de la matière correspondante qu'on obtient des excrémens bumains. Sa dissolution fut précipitée par l'acétate plombique, le sulfate ferreux, le sulfate cuivrique, l'alun et l'infusion de noix de galle. Morin lui donne le nom de ùabuline, que je ne puis admettre, parce qu'il dérive de bubulns (provenant du bœuf ou de la vacbe), et que cette sub- stance paraît être un principe constituant général des excrémens d'animaux de diverses espèces. Le résidu solide et sec du premier traitement des ex- crémens entiers par l'eau, fut épuisé par l'alcool. L'extrait alcoolique, traité par l'étber, laissa une' masse résiniforme, dont la couleur était brune, et qui du reste possédait toutes les projjriétés de la résine biliaire dout la desci-iption a été donnée précédemment. La dissolution éthérée, ayant été évaport'eà sicci'é, laissa une résine molle et verte, parfaitement semblable à celle que l'étber avait enlevée à l'extrait aqueux. C'était un mélange d'une résine verte avec de la graisse dont une partie se trouvait déjà à l'état d'acides gras. En traitant ce mélange par les acides, il s'en exbalait la vapeur avant l'odeur d'acide acéticpie dont Tbaer et Einbof ont parlé, mais que jMorin a démontré être due à de l'acide butyrique et non à de l'acide acétique. L'al- cali caustique dissolvait la graisse, en laissant la résine. La dissolution était exactement saponifiée, et l'on en pouvait extraire, par les moyens ordinaires, tant de l'a^ 378 EXCR1Î3IENS DE r.ETES A CORNES. cide butyrique, ou quel({u''aulre acido gras volatil ana- logue à celui-là , que de Tacide oléiquc et de l'acide mar- gariqiie. La résine paraissait ne ressembler ni à la ma- tière colorante de la bile, puisque celle-ci est soluble dans la potasse, ni à la cbloropliylle, dont la couleur verte est détruite par la potasse, en même temps qu'elle se dissout dans ce réactif. Au reste, la résine verte des excrémens est soluble dans l'alcool; elle a une saveur acre et amère, et l'bydrate potassique ne la dissout point. Morin dit qu'après avoir été traitée par l'bydrate potas- sique, elle conserve encore la propriété de rougir le tournesol : cette assertion pourrait bien reposer sur une erreur. La portion des excrémens non dissoute dans tous les menstrues dont il a été question jusqu'à pré- sent, est considérée par Morin connne de la fibre végé- tale. En la traitant pai- les acides et les alcalis caustiques, on aurait sans doute pu en extraire d'autres substances encore, par exemple de l'alhumine coagulée, des pbos- phates terreux, etc^ Le résultat en centièmes de l'ana- lyse faite par Morin, donne: Eau 70,00 Fibre végétale 24,08 Résine verte et acides gras 1 ,52 Matière biliaire (indécouiposée) 0,60 Matière extractlve particulière (bubuline de Morin) 1,60 Albumine 0,^0 Résine biliaire 1 ,80 Du reste, il a reconnu que 100 parties d'excrémens frais, desséchés et brûlés, laissaient deux pour cent de cendre. 11 a trouvé dans cette cendre du sulflite potas- sique, du chlorure calcique (dont la présence se con- cilie cependant assez mal avec celle du sulfate potas- sique), du chlonn-e, du carbonate et du phospliate çalciques, de la silice, de l'alumine et de l'oxide ferrique. EXCRÉMENS DïïS OISEAUX ET DFS REPTILES. «79 3). Excrèmens des oiseaux et des reptiles. Leur composition n'est pas aussi facile à connaître d'une manière exacte, parce que, chez ces animaux, le li- quide des voies urinaires s'y mêle dans une région du corps voisine de l'extrémité du rectum, qu'on appelle cloaque. C'est ce qui fait qu'ils contiennent en même temps les matériaux de furine, et que, chez ceux de ces animaux qui sont carnivores, l'acide urique y abonde souvent à tel point, qu'ils semblent en être entièrement formés. Chez ceux qui vivent de végétaux, l'acide uri- que recouvre ordinairement les excrèmens d'un enduit blanc. Braconnot a examiné les excrèmens d'un rossignol qui avait été nourri avec du cœur de bœuf haché. Soa but était de comparer la composition de la nourriture avec celle des excrèmens. L'eau mit en dissolution une portion de ces excrè- mens, et en laissa une autre intacte. La dissolution était brune, et le résidu blanc ou d'un gris blanc. a) La dissolution dans Feau indiquait par ses réac- tions la présence d'un acide lil)re. Elle fut évaporée à siccité, et le résidu traité par l'alcool, qui prit une cou- leur brune, mais qui en laissa la plus grande partie sans la dissoudre. La dissolution alcoolique contenait de l'acide lactique libre , du chlorure potassique et de la matière biliaire, qui furent séparés en évaporant l'alcool, traitant le résidu par l'eau, et saturant l'acide libre au moyen de Toxide zincique; la liqueur évaporée déposa au bout de quelques jours des cristaux qui furent recon- nus pour appartenir au lactale zincique. L'eau-mère, dont la consistance était presque sirupeuse, donna, par l'ad- dition de l'acide sulfurique, un précipité résineux dû à du sulfate de matière biliaire: en dissolvant ce précipité dans l'alcool, et versant un peu de carbonate potassique dans la dissolution, la matière biliaire redevint soluble dans l'eau, et on l'obtint avec ses propriétés primitives, c'est-à-dire, amère, ayant l'apparence d'un extrait, etc. Braconnot trouva dans la liqueur précipitée par l'acide aSo DlSSOLLTIOiX DANS l/iiAU. sulfurique, non seulement de l'acide hvdrochloriqiie et du sulfate potassique, mais encore une petite quantité de la même matière que l'alcool avait laissée sans la dissoudre. Celte dernière matière, qui faisait la masse princi- pale de ce que l'eau avait enlevé aux excrémens, fut dis- soute dans de l'eau : on évapora la dissolution jusqu'en consistance de sirop, et on la laissa tranquille pendant quelques jours, durant lesquels il s'y forma une cris- tallisation grenue, qu'on débarrassa de l'eau-mère en l'exprimant. Les cristaux consistaient en sulfate potas- sique et phosphate ammonico-niagnésique. L'eau-mère, mêlée avec lui peu d'acétate niagnésique , laissa préci- piter encore une certaine quantité de phosphate double; mais en l'examinant, on y tiouva encore un sel d'am- moniaque, dont l'acide ne pouvait par conséquent point être l'acide phosj)horique, attendu que celui-ci se serait précipité sous forme de sel double. On divisa donc la li- queur en deux portions. L'une fut mêlée avec de l'hv- drate calcique, puis soumise à l'évaporation, pour vola- tiliser l'ammoniaque; après quoi la masse fut redissoute, on filtra la liqueur, on la débarrassa de la chaux libre au moyen de l'acide carbonique, et on l'évapora de nou- veau jusqu'en consistance presque de sirop. Alors elle donna des cristaux d'un sel calcique, enveloppés dans une matière extractive. Ce sel contenait un acide com- bustible, dont la nature n'a point pu être déterminée, à cause de la petite quantité du sel, et de la matière extractive qui s'y trouvait mêlée. L'autre portion de la dissolution de la matière ex- tractive insoluble dans l'alcool, fut précipitée par l'acé- tate barytique, qui en sépara du sulfate et du phosphate baryti(pies: ces acide5 étaient combinés, dans la disso- lution , avec de la potasse et avec de rammonia(|ue. lia liqueur fut ensuite fdtrée, puis évaporée à siccité; après quoi, on enleva les acétates par le moyen de l'alcool, La matière extractive restante avait les propriétés suivantes: par la dessiccation elle devint transparente et cassante; PORTION DES EXCllK.MENS JNSOLLBLt. 1) \NS LtAL . i8l elle était sans saveur, se boursouflait quand on la iliauf- fait, s'enflammait et brûlait sans répandre d'odeur am- moniacale; linfusion de noix de galle n'y faisait naître qu'un trouble à peine sensible, qui était soluble tant dans l'eau chaude que dans l'alcool; elle était précipitée aussi par le sous -acétate plombi({ue, mais elle ne l'était point par l'acétate neutre, non plus c[ue par le chlorure mercuricjue, le nitrate argentique, le chlorure calcique et Feau de har\le. Sa dissolution n'était troublée qu'au bout de plusieurs licures par le sulfate ferrique. h . La portion des excrémens insoluble dans Veau fut traitée par l'acide hydrochlorique, qui lui enleva de la potasse, de l'ammoniaque, du ])hospIiate calcique et un peu d'oxide ferrique. Les bases s'y trouvaient combi- nées avec de l'acide urique, formant des sursels peu so- lubles. On ne put découvrir aucime trace de soude. La portion insoluble dans l'acide hydrochlorique avait l'aspect de l'acide urique, mais contenait en même temps du mucus intestinal et les substances qui s'étaient précipitées de la bile pendant la digestion. On la fit bouillir avec de l'alcool, qui se coloi'a en vert brun , et laissa, après avoir été évaporé, une masse d'un brun noir.àtre, qui, à loo*', se i'an:!o!llssait et devenait comme de la poix, sans entrer en fusion. Conservée sous l'eau, elle commençait à se réduire en poudre. L'éther en ex- trayait des acides gras, qui, après lévaporation de lé- ther, restaient sous forme solide et colorés en brun par un peu de résine biliaire. L'éther laissa le reste de la résine biliaire sans la dissoudre. La masse épuisée par l'alcool bouillant fut mise en di- gestion avec de l'ammoniaque caustique, qui enleva une matière ])récipitable par les acides en grands flocons bruns. Cette matière devint noire et brillante en se des- séchant : elle était insoluble dans l'eau , l'alcooF, l'éther et les huiles tant grasses que volatiles. Au contraire, elle se dissolvait dans l'alcali caustique, de même que dans les acides sulfurique et nitrique; l'eau la préci- pitait de cette dernière dissolution. Cette matière est 282 PORTION DES EXCRÉMENS INSOLUBLE DANS l'eAIÏT. probablement composée de la matière colorante un peu altérée de la bile, unie avec du mucus in- testinal ou quelqu'autre matière animale. Braconnot la fait provenir de l'urine de l'oiseau, car il la regarde comme identique avec une matière noire trouvée par Proust dans l'urine humaine; et il prétend du reste qu'elle est la même ({ue celle qui reste, sans se dissoudre, quand on épuise l'extrait alcoolique par l'élher. Ce qui ne fut pas dissous par rammoniaquc, était de l'acide urique, saturé maintenant d'ammoniaque, et mêlé avec une cer- taine quantité de mucus intestinal. Braconnot a trouvé dans 100 parties d'excrémens Secs de rossignol : Acide uiiquc avec suriu'ates potassique et animo- nique 52,7 Extrait insoluble dans l'alcool 33,3 Phosphate calciqiie contenant du fer 4,3 Sulfate potassique 3,3 Matière biliaire. . 2,8 Chlorure potassique 0,8 Phosphates potassique et ammonique 0,8 Acide combusiible, uni à de l'ammoniaque 0,7 Phosphate ammonico-uiagnésique 0,2 Acide lactique libre et un peu d'acide acétique. . . o,3 Mucus intestinal o,3 Résine biliaire, matière noire o,3 Acides gras 0,2 Chlorure ammonique estimé à 0,2 11 n'a point encore été publié de recherches sur les excrémens d'auti'cs animaux. Ce que quelques chimistes ontanalysésouslenoind'excrémensdeserpens, n'étaitautre chose que l'urine de ces animaux évacuée par le rectum. Avant d'abandonner les produits du travail de la di- gestion dans le canal intestinal, je vais encore parler de quelques altérations morbides auxquelles cet acte est exposé, et sur lesquelles des recherches ont été faites. Lorsque l'estomac se dérange, la face supérieure de la langue change d'aspect, elle devient blan- che, d'un gris-jaunâtre, d'un jaune verdâtre, verte et PORTION DES EXCRÉiMENS INSOLUBLE D\NS l'eA.U. iS^ même noire dans les fièvres. On dit alors que la langue est chargée. Ce phénomène tient à ce que l'état de la membrane muqueuse de l'estomac se propage, en re- montant l'œsophage, jusqu'à la langue, dont l'épiderme se pénètre de fluides plus abondans qu'à l'ordinaire, prend une teinte blanche, et se couvre de mucus. Ce- pendant ce nnicus parait ne pas provenir uniquement des glandes mucipares de la langue, mais remonter aussi peu à peu de l'estomac, du moins en partie; car dès qu'il est arrivé de la bile dans l'estomac , le mucus de la langue en prend la couleur, et un goût amer se fait sentir dans la bouche. Denis a recueilli et fait sécher ce mucus, provenant d'un malade chez lequel il s'accu- mulait en grande quantité. La moitié de ce mucus fut dis- soute par l'acide hydrochlorique. La portion dissoute se composait dephosphatecalciquect en partiede chaux; cette dernière était à l'état de carbonate, et se dissolvait, selon Denis, en faisant effervescence. L'ammoniaque précipi- tait le phosphate calcique avec une teinte jaune. La portion non dissoute par l'acide hydrochlorique possé- dait les propriétés du mucus. Denis considère cet en- duit de la langue comme la cause du tartre des dents. Quelquefois le suc gastrique est sécrété avec son plein contenu d'acide, quoiqu'il n'y ait point d'alimens dans l'estomac. Il excite alors le vomissement, et la personne rend un liquide clair, tellement acide qu'il attaque l'é- mail des dents, et les agace. C'est là une maladie parti- culière, la gastrodynic, qui se manifeste quelquefoiscomme symptôme dans d'autres maladies, comme par exemple dans lamigraine. Avant qu'on sût quel'acide hydrochlorique fait partie intégrante du suc gastrique, et tant qu'on n'y pré- suma la présence (juedes acides acétique et lacti(}ue, cet aga- cement des dents était une énigme inexplicable. Dans quelques maladies, les sujets vomissent un li quide noir, ce ([ui constitue la plupart du temps un symptôme très-fàcheux.En pareil cas, du sang a pénétré, avec sa matière colorante, dans l'estomac, dont les li- quides lui ont fait subir une altération, son principe co- 284 PORTION DES EXCRlÏMENS IiNSOLUBLE DANS LE AU. lorant paraissant être passé ainsi à un état semblable à celui dans lequel il est mis par la coction, et acquérant une teinte noire. Quelquefoison a trouvé dansles intestins desenfans et des bêtes à cornes des amas globuleux de poils , appelés égagropiles, et devant naissance à des poils qui ont été avalés. Certains enfants ont la mauvaise habitude de mâcher des étoffes de laine et autres objets semblables, et d'en avaler les poils, qui se feutrent alors, et se réu- nissent peu à peu en une masse, dont la présence obstrue le canal intestinal et devient une cause de mort. Bracoiuiot a examiné des concrétions qui avaient été vomies en ([uantité par une femme. D'un côté elles avaient une ouverture en entonnoir, qui se prolongeait par un trou à travers la masse. Considérée au soleil, la surface de leur cassure paraissait être cristalline, mais leur in- solubilité dans tous les dissolvans ordinaires, et leur manière de se comporter au feu, où elles laissaient une cendre contenant de la silice, les caractérisaient par- faitement comme fibre végétale. Elles paraissaient avoir été produites par du bois mâché, du lin, du chanvre et au- tres substances analogues. Caveîitou a analysé des concrétions qu'un homme avait rendues avec ses excrémens, et qui étaient composées de graisse, entourée de cellules membraneuses. On pour- rait croire qu'elles avaient été avalées sans être mâchées. Chez les animaux carnivores, on trouve quelquefois dans le canal intestinal des concrétions pierreuses de phosphate calcique, de phosphate magnésique, et de phosphate ammonico-magnésique, en un mot de sels peu solubles, dont la quantité augmente dans les excrémens à mesure qu'ils se rap])roche!it du rectum, et qui, parfois, au lieu de se mêler uniformément, se réunissent en concrétions isolées, ayant en quelques circonstances une»texture cristalline bien prononcée (i). (i) Parmi ces concrétions, on en a cité aussi qui étaient com- posées, dit-on, de surphosphate calcique. Cependant l'existence PORTION DES F.XCR1Î3IÊNS INSOLUBLE DANS l'eAU. 285 Elles se rencontrent surtout dans le cœcum. Des concré- tions analogues se trouvent aussi quelquefois dans le cœcum des heibivores, et alors elles sont presque tou- jours composées de phosphate ammonico-magnési(|ue. Elles sont brunes ou grises, volunn'neuses et cristal- lines dans leur cassure. Le sel terreux s'y trouve com- biné ou mêlé avec une matière animale, ce qui fait qu'elles se carbonisent cpiand on les fait rougir. John a trouvé dans un cheval une concrétion formée de carbo- nate calcinue. Ces calculs ont souvent dans leur intérieur un noyau, qui peut consister en un novau de fruit, un calcul biliaire, un fétu de paille, etc. Il est des calculs intestinaux qu'on nomme bezoards, auxquels on attachait autrefois beaucoup de prix en Europe, et qui sont encore aujourd'hui fort estimés dans certaines parties de l'Asie, en Perse par exemple, où l'on ne peut les obtenir qu'en présent du souverain ou des membres de sa famille. Ces calculs se rencontrent dans le canal intestinal d'un animal herbivore qui vit en Perse, au Thibet, etc., mais sin- le compte duquel on ne sait rien de certain. Ils sont ronds ou ovalaires, d'un brun foncé, jus([u'au noir, ou bruns, lisses à la surface, et composés de couches concentriques, qui n'ont cependant rien de régulier. Quelques-uns d'entre eux sont solubles en certaine quantité dans l'alcool, d'autres ne le sont pas, mais tous se dissolvent dans les alcalis caustiques. On les a souvent analysés, mais ces ana- lyses remontent à une époque oîi les produits du canal intestinal n'étaient point encore si bien connus qu'aujour- d'hui sous lerapport chimique, et où, parconséquent,onat- tribuait principalement les matières qui s'y trouvaient aux plantes servant à la nourriture des animaux. Mais les d'un pareil principe constituant n'est rien moins que vraisem- blable. On prétend que ces concrétions rougissaient le papier de tournesol, et qu'elles étaient formées de couches concentri- ques, faciles à séparer les unes des autres. a8(> PORTION DES EXCRÉMENS INSOLUBLE DANS l'eAU. bezoards ne sont évidemment autre chose que des pro- duits de la choléstérine, de la résine biliaire et autres matières grasses analogues, peut-être aussi du mucus in- testinal qui, au lieu de se mêler avec les excrémens hu- mides, se sont accumulés et réunis en masses arron- dies, absolument comme le noir d'imprimerie adhère à l'encre lithographique, sans s'attacher à la pierre hu- mide. Cependant, malgré leur ressemblance extérieure, ils offrent souvent des différences relativement à la manière dont ils se comportent chimiquement. John , qui s'est livré à des recherches sur les bezoards orientaux , rapporte qu'ils sont bruns à l'extérieur et verts à l'intérieur, qu'ils ne se fondent pas quand on les fait chauffer, et qu'ils répandent de la fumée, avec une odeur forte, mais non désagréable. Ils colorent l'eau bouillante en jaune, quoiqu'elle n'en dissolve presque rien. La potasse caustique les dissout sur-le-champ : il en résulte un liquide vert-brun, qui, à l'air, devient plus foncé et enfin noir. Les acides précipitent ce qui a été dissous , avec une couleur vert sale. Le précipité ne se dissout point complètement dans l'ammoniaque : la liqueur est d'un vert-brun. L'alcali caustique le dissout avec une couleur brune, et l'acide nitrique avec une teinte rouge, qui passe rapidement au jaune. Ces réac- tions coïncident parfaitement avec celles d'une combi- naison de matière colorante de la bile et de mucus in- testinal. Des bezoards égyptiens analysés par Berthollet avaient une couleui- verte à l'extérieur et brune à l'inté- rieur; leur pesanteur spécifique était de t,4(33. Ils ne se dissolvaient ni dans l'eau, ni dans les acides , coloraient l'alcool en vert, sans s'y dissoudre, et se dissolvaient dans la potasse caustique, en lui donnant une teinte de jaune-brun. Il n'y a pas d'autre différence tranchée en- tre les bezoards examinés par Berthollet et ceux dont John a fait l'analyse, sinon que les premiers contenaient la matière colorante de la bile sous sa modification brune, et les autres sous sa modification verte. Berthol- let les croyait composés principalement de fibrine végétale CHYLE. a» '7 ou de ligneux, s'étant laissé induire en erreur par l'asser- tion inexacte de Tlionison , que cette fibrine, à l'état de pui-elé, est solidjle par les alcalis caustiques étendus, sans subir de changement dans sa composition. D'après les recherches de Fourcroy et Vauquelin, divers bezoards contiennent des substances susceptibles d'être enlevées par l'alcool, et qui se comportent comme la choléstérine et la résine biliaire. Chyle. On désigne sous ce nom le liquide que char- rie le canal thoracique, et dont les lymphatiques s'empa- rent dans le tube intestinal 'pendant la digestion. Ce liquide est la plupart du temps trouble. Au moment où il vient d'être pompé dans l'intestin , il a un aspect lai- teux. Nous avons, autant qu'il nous a été possible de le faire, poursuivi la transformation des alimens jusqu'à l'instant où ce qu'ils contiennent d'utile est pris par les lymphatiques. Cette portion utile pénètre alors dans un appareil moins accessible à nos investigations, où les sub- stances dissoutes, réduites pour ainsi dire à n'offrir qu'une surface sans épaisseur, à cause du très-petit dia- mètre des vaisseaux, se trouvent soumises à l'influence des nerfs. Mais dès que cette influence commence ta se faire sentir dans les actes de la vie, il ne nous est plus possible de suivre et de comprendre les opérations. J'ai dit, en parlant des lymphatiques, qu'ils pénètrent, sur plusieurs points, dans des glandes spéciales, dont le nombre est grand surtout par rapport aux lymphatiques naissant du canal intestinal. On ignore ce qui se passe dans ces glandes. L'observation ayant appris, d'après Tiedemann, que les liquides qui ont traversé les glandes lymphatiques, com- mencent à ressembler d'autant plus au sang qu'ils ont parcouru un plus grand nombre de ces glandes, ce phy- siologiste admet que le phénomène tient vraisemblable- ment à ce que les artérioles qui pénètrent dans les glan- des mêlent de lems liquides avec ceux qui sont charriés par les lymphatiques, et il pense que le produit de ce 288 ' CHYLK. mélange sort des glandes tant par les lymphatiques que par les veines, dans le sang desquelles il a souvent trouvé des stries de la liqueur lactescente qui ne s'était point encore uniformément mêlée avec lui. Tiedemann regarde la rate, organe semblable à une glande lym- phatique, sous ce point de vue qu'elle est privée de con- duit excréteur, et qu'elle n'a par conséquent point de sécrétion à accomplir, comme une glande dont la fonc- tion l'cssemble à celles des glandes lymphatiques, et de laquelle les vaisseaux lymphatiques ramènent une lym- phe rougeâtre (i) qui, par sou mélange avec le liquide des lymphatiques du canal intestinal, concourt à l'hé- matose, ou, connue ont coutume do s'exprimer les phy- siologistes, à l'assimilation. Il attribue les mêmes usa- ges aux capsules surrénales. C'est une hypothèse qu'on ne pourra ni réfuter ni prouver, tant qu'on n'aura point découvert la fonction de la rate, chose d'autant plus difficile, qu'on a pu même enlever cet organe à des hommes ou à des animaux sans compromettre leur exis- tence, et voir la santé se rétablir ensuite peu à peu, de manière que l'absence de la rate ne causât d'inter- ruption ni de trouble dans aucune fonction. Après que le liquide a traversé, chez les mammifères, une ou plusieurs glandes lymphatiques, il finit par s'é- pancher dans le canal thoracique, et de l.à dans le sang. Chez les oiseaux, les reptiles et les poissons, au con- traire, les lymphatiques ne traversent aucune glande; ceux de l'intestin grêle et de la partie supérieure du gros intestin vont se jeter dans le canal thoracique, mais ceux de la partie inférieure du canal intestinal aboutissent souvent dans les veines du bassin. Les ana- lyses que nous possédons du chyle, ont été fûtes, à pro- prement parler, sur le liquide contenu dans le canal thoracique, parce qu'on l'obtient en plus grande quau- (i) Quelques physioloj.is'cs contestent que cette lymphe soit colorée. CïIYLE. îiSg lité de ce gros vaisseau, que des troncs plus petits. IMais il s'y trouve inelé avec tout ce qui afïlue des autres parties du corps, et Ton ne peut par conséquent le con- sidérer que coumie de la lymphe plus ou moins mêlée avec du chyle. J.e chyle ressemble aussi à la lymphe dans toutes ses propriétés, et on pourrait l'appeler une lymphe rougeatre et trouble, puisqu'on y aperçoit au microscope une foule de globules de graisse, qui sont la cause de son défaut de limpidité. Au bout de quel- ques instans, il se coagule connue la lymphe; le caillot est, ou teint d'une couleur rouge, qui s'avive encore à l'air, ou incolore; mais, dans ce dernier cas, il rougit à mesure qu'il diminue de volume en se resserrant sur lui- même. La première bonne analyse du chyle a été faite par Reuss et Emmcrt. Ces chimistes ont trouvé que le li- quide contenu dans les premiers lymphatiques venant du canal intestinal, ressemble à du lait, qu'il est vis- queux au toucher, mais qu'il ne se coagule point à l'air, connne le chyle tiré des gros troncs lymphatiques. Cette liqueur a été examinée ensuite par Vauquelin, Halle et Alexandre Marcet, qui ont comparé les différerjces qu'elle présente dans sa composition suivant les alimens dont elle provient; par Prout , par W. Brande, qui a prétendu qu'elle contient du sucre de lait, ce que personne n'avait trouvéavant lui, et ce que personne non plus n'a pucons- tater depuis, malgré les investigations les plus minutieu- ses; par Leuret et Lassaigne; enfin par Tiedemann et Gmelin. Les recherches de ces deux derniers sont les plus étendues de toutes; elles se distinguent prmcipa- lement par leur précision dans les détails; c'est pourquoi les résultats qui en découlent, et qui au fond s'accordent avec ceux de Reuss et d'Eunnert, serviront de base a la description qui va suivre. Nous avons à considérer le cliyle au moment de son entrée dans les lymphatiqu.es, et ensuite lorsqu'il est sur le point d'en sortir. Le chyle des premiers Ijmpha tiques n'a jamais pu être recueilli en assez grande quantité VII. ,j^ a^O CHYLE. pour qu'il fût praticable d'en faire l'analyse ; mais Tie- demann et Gmelin ont trouvé, de même que Rcuss et Emmert, qu'il ne se coagule point à l'air, qu'il le fait même rarement lorsque déjà il a traversé la première série de glandes et que sa teinte a passé du blanc lai- teux au jaune qu au jaune-rouge. L'apparence laiteuse tient, comme je l'ai déjà dit, à de la graisse provenant des alimens, qui, en se mêlant avec la bile et le suc pancréatique , forme une émulsion dont s'emparent les absorbans. Elle est surtout très-prononcée après que l'a- nimal a mangé de la graisse, et elle peut manquer en- tièrement lorsque les alimens ne contenaient point de graisse, ou que , l'afflux de la bile ne pouvant avoir lieu, la graisse n'a point été émulsionnée, sans que pour cela le chyle paraisse avoir subi un changement essentiel. Si l'on agite du chyle lactescent avec de l'éther en quantité suffisante , ce dernier s'empare de la graisse , et la li- queur devient claire. Le chyle du canal thoracique d'un cheval qui avait été tué pendant la digestion , après avoir mangé de l'avoine en abondance, formait un li- quide blanc-rougeâtre, lactescent, qui se coagulait au- bout de quelques minutes. Le caillot était d'abord d'un rouge pâle; mais, quelques minutes après, il avait une teinte, rouge de cinabre. Le sérum était trouble, d'un blanc jaune-rougedtre; il déposa, par le repos, de la matière colorante rouge, sous la forme d'une poudre fine. Il fallut quatre heures pour que ce sérum fût complè- tement séparé. Le caillot humide pesait 3,oj, et après la dessiccation 0,78 pour cent du chyle. Les 96,99 res- tant en sérum laissèrent, après avoir été évaporés, 7,39 pour cent du poids du tout, en résidu sec. L'alcool bouillant enleva au caillot une petite quantité d'une huile jaune brunâtre. Le sérum trouble s'éclaircit par le traitement avec l'éther. Ce liquide lui enleva un mélange d'élaïne et de stéarine, qui restèrent après qu'on l'eut évaporé. Le sérum du chyle ayant été traité de la môme ma- nière que celle dont j'ai parlé à l'occasion de celui du LYMPHE DES LYMPHATIQUES DE LA RATE. agi sang, il donna des produits parfaitement analogues; loo parties de son résidu sec contenaient : Graisse brune, extraite avec les premières portions d'al- cool i5,47 Graisse jaune, extraite eu dernier lieu 6,35 Extrait de viande, iactate sodique et chlorure sodi- que cristallisé en octaèdres, probablement à cause de la présence d'une matière animale 16,02 Matière extractive soluble dans l'eau (insoluble dans l'alcool), avec carbonate et très-peu de phosphate sodiques 2,76 Albumine 55,25 Carbonate et un peu de phosphate calciques, obtenus par la combustion de l'albumine 2,76 98,61 Comme, d'après les vues de Tiedemann, le liquide des lymphatiques de la rate et des capsules surrénales joue un rôle essentiel dans le travail de la formation du chyle, je vais rapporter ici ce que Tiedemann et Gme lin disent à cet égard. La lymphe des lymphatiques de la rate était d'un rouge vif; elle déposait, au bout de quelques minutes, une pellicule d'un rouge écarlate, qui tombait au fond du vase. Cependant le liquide conservait sa couleur. Il ne s'était point encore coagulé après dix-huit heures de repos, et il ne se coagula que par l'action de la chaleur. Le liquide des capsules surrénales était d'un rouge foncé, peu coulant, et coagulé au bout de dix minutes. Le caillot, mou et d'un rouge foncé, paraissait contenir beaucoup plus de matière colorante que de fibrine. Il perdit en se desséchant 0,606 d'eau, devint d'un brun noir, brillant à la surface, cassant, à cassure mate, et laissa 0,0096, du poids de la masse sèche, d'une cen- dre rougeâtre. Le sérum, qui était d'abord rouge, dé- posait encore de la matière colorante au bout de dix- huit heures. Ce temps écoulé, il était jaune et limpide. Après l'évaporation , il laissa 0,1378 de son poids de 19- ûgû. LIQUIDE DES CAPSULES SURRÉNALES. résidu sec, qui était d'un rouge brun foncé et transparent sur les bords. ^a propriété qu'ont ces liquides de se coaguler à l'air, appartient évidemment à la fibrine. Tiedemann et Gnie- Itn ont trouvé que la quantité de caillot sec, c'est-à-dire de fibrine, mêlée avec un peu (!e matière colorante, s'élevait entre 0,17 et i,']5 centièmes du poids du cbyle provenant du canal thoracique. Le plus généralement, elle était de o,3 à 0,8 d'un centième. La quantité du caillot varie suivant les espèces d'animaux. C'est dans le cbeval que Tiedemann et Gmelin en ont trouvé le plus: ils en ont rencontré moins cliez le cbien, et moins encore chez la brebis. Elle varie chez le même individu dans les divers troncs lymphatiques , et suivant l'abondance des boissons prises par l'animal , mais moins d'après celle de la nourriture, qui, pour le moment, ne paraît point exercer d'influence bien prononcée à cet égard. Ils ont trouvé le caillot la plupart du temps plus abondant dans le liquide provenant du canal thoracique des animaux soumis à un jeûne forcé, que chez ceux dont la digestion était en pleine activité, à la suite d'un repas copieux, et ils ont conclu de là que la fibrine du chyle n'est point un produit immédiat de la digestion, mais qu'elle provient du sang et du liquide des cap- sules surrénales, et que c'est dans les glandes qu'elle se mêle avec la lymphe. I^e chyle contenu dans le canal thoracique doit lui-même salactescenceà de la graisse émulsionnée. Sa teinte rou- geâtre dépend de matière colorante qui s'y trouve éga- lement en s4ispension. Tiedemann et Gmelin lièrent des portions du canal thoracique pleines de chyle, et les vi- dèrent ensuite, sur le mercure, dans du gaz oxigène, dans du gaz nitrogèue extrait de l'air atmosphérique au moyen du. phosphore, et dans du gaz acide carbonique. Dans le gaz oxigène, le chyle ne sembla point acquérir de couleur plusibrte: il prit seulement une autrenuance d'écarlate, qui passa au brun dans les deux autres gaz, sans qu'ensuite le gaz oxigène pût la ramener au rouge LIQUIDE DES CAPSULES SUllRÉNÀLES. aqS vermeil. On pourrait peut-être, suivant eux, attribuer à de l'acide phosphoreux la couleur plus foncée qu'il acquit dans le gaz nltrogène. Sa teinte devint verte dans le gaz sulfide hydrique. De ces expériences ils ont con- clu que la couleur rouge, prise par le chyle quand il entre en contact avec l'air, n'est qu'une modification de la matière colorante qui s'y trouvait déjà auparavant, et qu'elle ne tient pas, comme on le présumait généra- lement, à des globules incolores tenus en suspension, qui rougiraient par le fait de leur exposition à l'aii-. Quelquefois on obtient du chyle un caillot incolore; parfois aussi, celui qu'il donne n'est incolore que dans les premiers momens, et il devient ensuite rose. Cet effet peut dépendre de ce que la couleur répandue dans le liquide entier était trop faible pour qu'on la remar- quât, mais devient de plus en plus apparente à mesure que le caillot diminue de volume. Dans ce cas l'air n'aurait point de part à la coloration du caillot d'abord incolore , et le phénomène devrait avoir lieu également dans des gaz exempts d'oxigène; mais nous manquons encore d'expériences à ce sujet. Les expériences ne nous apprennent point d'oii provient la matière colorante dans le chyle. Tiedemann etGmelin la font venir du sang, ainsi que la fibrine";^ parce qu'ds ont trouvé que le chvle qui avait traversé quelques glandes, se coagulait sans que le caillot rougît, et que la couleur ne devenait sensible qu'après que le liquide" avait passé à travers un nombre plus considérable encore de glandes. On n'a pas pu non plus découvrir d'influence précise exercée par les alimens sur la coloration du chyle, et or- dinairement ce liquide contenait d'autant moins de ma- tière colorante, que les alimens étaient plus abondans et plus nourrissans. Le chyle a été trouvé aussi de cou- leur plus foncée en l'absence de la bile. Celui du che- val est plus rouge que celui du chien , et celui du chien l'est davantage que celui de la brebis. La proportion de la matière colorante dans le chyle est en général ^94 LIQUIDE DKS CAPSULES SURRENALES. très-falble, et ne s'élève point à une fraction appré- ciable du poids du caillot desséché. On voit d'après cela que sa reproduction s'opère bien plus lentement que celle de l'albumine et de la fibrine ; mais elle pa- raît aussi être exposée à des pertes journalières beau- coup plus faibles. La quantité de graisse contenue dans le chyle di- minue sans cesse, à mesure que ce liquide est absorbé plus bas dans l'intestin grêle. En général , la graisse est la seule substance qu'on trouve plus abondante dans le chyle pendant la digestion que durant l'état de jeûne. La proportion de l'albumine et des autres substances dans le sérum varie également, sans qu'on ait pu décou- vrir aucune différence précise, soit dans la qualité, soit dans la quantité, qui dépendît de celle des alimens. On a trouvé ces substances tant chez les animaux à jeun que chez ceux en pleine digestion, et souvent en quantité relativement plus considérable chez les pre- miers, parce que le chyle n'avait point été étendu par les liquides plus ténus qui affluent pendant la diges- tion ou par des boissons. La seule différence semblait consister en ce qu'après la digestion on trouva un peu plus des matières extractives solubles dans l'alcool, avec moins d'albumine et d'extrait insoluble dans l'alcool; d'où Tiedemann et Gmelin concluent que ces derniè- res substances aussi proviennent du sang. Une circon- stance qui paraît favorable à leur opinion, c'est que le chyle est alcalin , tandis que les liquides absorbés dans le canal intestinal sont assez acides pour rougir le tournesol. La quantité d'alcali est moindre dans le chyle que dans le sang, et l'on a quelquefois trouvé le premier de ces deux liquides paifaitement neutre. En général il est difficile d'expliquer ce passage du liquide à l'alcalescence , même en admettant que les principes constituans du sang se mêlent avec lui; car l'alcali du sang devrait être neutralisé par l'acide des liqueurs qui y affluent continuellement. Cependant l'expérience a LIQUIDE DES CAPSULES SURRÉPfALES. agS montré que des sels à base alcaline combinée avec des acides combustibles se décomposent en passant dans le corps, et que leur base s'écbappe par les urines, à l'é- tat de carbonate. 11 est donc vraisemblable qu'une par- tie de la cbylification consiste dans la décomposition de l'acide lactique , ce qui met en liberté l'alcali par le- quel cet acide était saturé. La question de savoir ce que la nourriture a fourni ne saurait point encore être résolue , même après cette longue rechercbe.ft Cependant si l'on réfléchit, ajou- tent Tiedemann et Gmelin, aux cbangemens qu'un grand nombre de substances alimentaires subissent déjà dans le canal intestinal, à ce que plusieurs liquides sécrétés se mêlent avec elles pendant leur séjour dans ce canal, et aux parties constituantes du sang qui s'y joignent ensuite dans le svstème lymphatique , on ne sera pas surpris de ce que, dans la plupart des cas , il nous a été impossible de reconnaître avec précision aucune trace des alimens, soit inaltérés, soit plus ou moins modifiés, dans la pe- tite quantité de chyle qu'il nous était permis d'obtenir. D'ailleurs il n'était pas possible d'aller à la recherche de l'albumine et d'autres substances alimentaires sembla- bles, qui se trouvent aussi dans les sécrétions du canal intestinal et dans le sang, parce qu'aucun moyen ne permettait de distinguer si la matière trouvée provenait de la nourriture ou de l'animal lui-même. Il ne nous reste que les deux faits suivans : i" qu'après l'usage du beurre, le chyle se trouva surabondamment chargé de graisse; et a" qu'après celui de l'amidon, on parvint à découvrir du sucre dans le chyle d'un chien. » Cependant on pourrait objecter que , dans leur raisonnement , Tiedemann et Gmelin ont peut - être exagéré la quantité des matériaux introduits du sang dans le chyle , introduction qui d'ailleurs n'est pas même encore prouvée par les faits. On est donc toujours admis à conjecturer que les portions des alimens absor- bées par le canal intestinal changent peu à peu de com» 296. LES EXCRÉTIOISS ET LEURS ORGANES. position élémentaire, clans les lymphatiques eux-mêmes ou dans leurs glandes , sous Tinfluence des nerfs , en sorte que des substances dissoutes qui y arrivent, il se forme peu A peu de la fdjriue, de la matière colorante, de l'albu- mine, etc. La présence de celles-ci dans les lymphatiques du canal intestinal, même lorsqu'il ne s'effectue point de digestion, ne prouve rien contre cette hypothèse, puis- que la lymphe contient les mêmes princi^^es constituans, et que les lymphatiques du canal intestinal doivent être, dans les intervalles des digestions, remplis de lymphe, ou du liquide qui résulte des opérations générales dé- pendant du jeu de la vie , quoique , pendant le temps de la digestion, il se passe, dans l'intérieur de leurs glan- des, un procédé chimique qui change les caractères des substances arrivant alors de la masse contenue dans le canal intestinal. Mais, tant qu'on ne pourra que rempla- cer une hypothèse par une autre, le proljlème demeurera sans solution. ly. LES EXCRÉTIONS ET LEURS ORGANES. Nous entendons par excrétions la sécrétion des li- quides qui sont destinés à être expulsés du corps d'une manière directe et sans servir préalablement à aucun usage. Les différentes parties du corps vivant subissent par l'accomplissement de leurs fonctions des changemens qui les rendent désormais impropres à remplir leur destination ; elles sont alors chassées hors de l'économie par trois voies, les poumons, les reins et la peau. Nous avons vu, en traitant de la lespiration, qu'une certaine quantité des substances contenues dans le sang se con- vertissent en acide carbonique et en eau par le contact de l'air, pendant qu'une portion de leur nitrogène se dégage sous la forme de gaz. Cependant nous ne ran- geons pas cette élimination parmi les excrétions pro- prement dites dont nous allons nous occuper ici, et qui embrassent l'urine sécrétée par les reins, ainsi que la sueur ou la transpiration sécrétée par la peau. Elles LA PEAU AVEC SKS PROLONGEMENS. liJ'J ont cela de coninum que toutes deux, contiennent de l'acide libre, qu'à i'état de santé elles rougissent le pa- pier de tournesol, et que l'une d'elles peut suppléer l'autre jusqu'à un certain point. A. La peau a^ec ses p/vlongeniens et ses excrêîio/is. A la description de la transpiration et de l'organe qui la sécrète, la peau, je rattacherai celle des matières qui forment en partie ou en totalité le tégument exté- rieur du corps animal, comme poils, laine, plumes, écailles, cornes, ongles, ergots et sabots. a. Ijapeau se compose principalement de trois parties : 1° la peau proprement dite, ou derme, 2° l'organe vas- culairc qui accomplit la sécrétion, ou corps papillaire, et 3" l'épiderme, ou la couche la plus extérieure, qui, lorsqu'il s'épaissit, forme une portion des prolongemens cutanés dont il vient d'être fait mention. I.a peau proprement dite {coriuiri) enveloppe im- médiatement les muscles et les os. Il s'y insère même quelques muscles. L'homme n'a de ces muscles cutanés qu'à la face et au cou; mais, chez certains animaux, il en existe aussi dans d'autres régions du corps. La peau proprement dite est un tissu d'innombrables fibres très-déliées, qui ne sont pas également faciles à distinguer partout. Ces fibres se croisent dans toutes les directions possiljles, et laissent entre elles une multitude de petites ouvertures qui, plus larges au côté interne de la peau, se rétrécissent en gagnant la surface. Les ca- naux coniques qui résultent de là ne sont point droits, mais obliques, et remplis de tissu cellulaire; ils re- çoivent les vaisseaux et les nerfs qui traversent la peau pour aller gagner l'organe sécrétoire. Le tissu de fibres qui forme la peau est composé de la même masse que les membranes séreuses, les cartilages et le tissu cellu- laire, qui ont la propriété de se dissoudre dans l'eau bouillante et de se réduire ainsi en colle. La peau n'a pas la même épaisseur partout. Elle est beaucoup plus 29^ LA PEAU. épaisse au dos que sur le ventre, et, clans beaucoup d'en- droits, il se trouve immédiatement au-dessous d'elle une couche épaisse de tissu ceilulaire plein de graisse, qui contribue beaucoup à rendre la température des parties sousjacentes indépendante de celle de l'air exté- rieur. Si l'on suppose un lambeau de peau fraîche débarras- sé, à son côté interne, de la graisse et du tissu cellulaire, à son coté externe, des poils, de l'épiderme et du corps papillaire, cette peau, outre les fibres qui sont la base de son tissu, contient, avec du tissu cellulaire et des vaisseaux déliés, une grande quantité des liquides com- muns à toutes les parties molles du corps vivant. Wienholt a examiné leurs proportions relatives, et ob- tenu le résultat suivant en centièmes : Tissu cutané proprement dit (y compris tissu cellu- laire et vaisseaux) 32,53 /Albumine i,54 l Matière extraclive, soluble dans l'al- T ;^.,; j„o I cool o,83 Liquides. . < ,, » • 1111 1, ^ 1 Matière extractive, soluble dans I eau I seulement 75^0 \Eau 57, 5o 100,00 Les principes constituans des liquides peuvent assez bien être extraits en faisant ramollir la peau dans de l'eau. Si on la fait sécher ensuite, elle devient jaunâtre, demi-translucide et roide, mais flexible et non cassante. L'éther en extrait beaucoup de graisse. Quand on la plonge dans l'eau, elle reprend sa mollesse primitive. A la température ordinaire, elle est insoluble dans l'eau; mais si, après l'avoir ramollie, on la fait bouillir long- temps avec ce liquide, elle comm.ence par se retirer sur elle-même, se bombe à son côté externe, parce que c'est à la face interne que les interstices sont le plus grands, et devient plus épaisse, roide, élastique; mais après une ébuUitlon long-temps prolongée, elle com- LA. PEAU. ÎQQ nience à se ramollir , devient muqueuse et translucide et enfin se dissout peu à peu : de là résulte une liqueur, troublée par les petits vaisseaux cutanés déchirés, qui y restent suspendus sans se dissoudre. Après le refroi- dissement, cette liqueur se prend en une gelée plus ou moins consistante. La peau se trouve alors convertie en colle, matière sur laquelle je reviendrai plus am- plement dans la suite. La rapidité avec laquelle se dis- sout la peau des différens animaux varie beaucoup. La peau des grands animaux forts et adultes est celle dont la dissolution présente le plus de difficulté et demande le plus de temps ; la gelée qu'elle produit a une grande consistance. La peau des poissons et des petits oiseaux ou mammifères se dissout aisément , de manière qu'il suffit même de la tenir long-temps humectée avec de l'eau à 20° jusqu'à aS", pour qu'elle se convertisse en une gelée qui se solidifie avec peine et reste à demi liquide. Le tissu de la peau n'est point dissous, ni à froid, ni à chaud, par l'alcool, l'éther et les huiles grasses ou volatiles. Mais les acides et les alcalis étendus jus- qu'à un certain degré le convertissent en colle, même à la température ordinaire de l'air. Si, par exemple, on plonge de la peau dans de l'acide acétique concentré, elle se gonfle en une gelée qui est ensuite soluble dans l'eau chaude. Lorsqu'on met de la peau ramollie dans une dissolution de sulfate biferrique ou de chlorure mercurique, elle se combine peu à peu avec le sel métallique, devient plus dense, plus dure, et ne passe plus ensuite à la putréfaction. De même quand on la plonge dans une infusion de quelque plante contenant du tannin, par exemple dans une infusion de noix de galle, d'écorce de chêne, ou de feuilles d'airelle, elle se combineavec le tannin, se tanne, commeondit, et n'est également plus sujette à la putréfaction. Les peaux des animaux sont employées à des usages divers. On s'en seit pour préparer le cuir, les pellete- ries , la peau de chamois , la colle forte , etc. Quoique ces objets soient , à proprement parler , du 3oO LE TANNAGE. ressort de la technologie, les principes théoriques des procédés que l'art emploie pour les fabriquer méritent cependant de trouver place ici. 1° Le tannage a pour but de préparer le cuir de se- melle avec les peaux les plus épaisses, et le cuir d'em- peigne avec celles qui le sont moins. Pour l'accomplir , on ramollit les peaux dans une eau courante , puis on les dépouille du tissu cellulaire et de tout ce qui peut en- core adhérer à leur face interne, en les laclant avec un couteau de forme particulière. Cette opération terminée, on les plonge dans un mélange d'eau et d'hydrate cal- cique, et on les y laisse séjourner jusqu'à ce que les poils et l'épiderme se détachent; après quoi on les ramollit, soit dans de l'eau pure, soit, ce qui vaut mieux, dans de l'eau à laquelle on a ajouté de l'acide acétique, du vinaigre de bois ou de l'eau de goudron , soit enfin , à défaut de ces substances, dans de l'eau qu'on a fait pas- ser à la fermentation acétique en y délayant du son. A mesure que l'acide pénètre la peau, celle-ci se gonfle, motif pour lequel l'opération est désignée sous le nom de gonflement des peaux. Lorsque les peaux sont suffi- samment gonflées, on les dispose couche par couche, dans de grandes fosses, avec la substance végétale chargée de tannin et moulue; on verse dessus de l'eau, qui ex- trait le tannin ; celui-ci entre ainsi en contact avec les peaux, qui l'absorbent, sans que l'air puisse agir sur lui et le convertir en apothème. Le premier li- quide dont on se sert pour tanner ne doit pas être trop concentré, parce qu'autrement la surface de la peau serait surchargée de tannin, qui ne pourrait plus ensuite pénétrer dans l'intérieur de la peau. De temps en temps on stratifié les peaux avec de nouvelle matière tannante, et pour terminer , on verse dessus une forte infusion de la même substance végétale. Plus la concentration du tannin dans le liquide se fait lentement, et plus elle est forte en terminant, plus aussi le cuir devient solide et de bonne qualité. H. Davy a trouvé que i oo parties de peaux de veau , LART DU MEGISSIER. 3oi tannées clans une infusion concentrée de noix de galle, avaient acquis 64 parties en poids, et qu'elles avaient augmenté de 34 dans une infusion concentrée d'écorce de chêne, de l'y dans une infusion étendue de cette même écorce, de 34 dans une infusion concentrée et de i5 dans une infusion étendue d'écorce de saule, enfin du 19 dans une dissolution de cachou. Cette dernière ma- tière donnait en même tems une couleur brune à la peau de veau. En général , on admet que le bon cuir de se- melle contient o, 4 tle son poids de tannin. Le temps nécessaire pour un tannage complet varie suivant l'é- paisseur de la peau et une multitude d'autres circon- stances. 11 s'étend depuis quelques mois jusqu'à une an- née et demie. On l'a beaucoup raccourci dans ces derniers temps, en cousant ensemble plusieurs peaux de manière à en faire un réservoir qui ne laisse point échapper l'eau , remplissant la cavité de matières végétales contenant du tannin, et versant dessus de l'eau, qu'une haute co- lonne de liquide tient soumise à une pression conti- nuelle. I/eau filtre ainsi àr travers la peau, dans l'inté- rieur de laquelle elle dépose le tannin. Cette méthode, que l'on vante beaucoup , a été imaginée par Spiisbury. Lorsqu'on se sert d'écorce de chêne, le côté extérieur de la peau se couvre d'acide pectiquc, qui est contenu dan^ l'écorce, en combinaison avec du tannin, et que la sub- stance de la peau dégage de ce dernier. Le cuir a une teinte jaune ou de jaune-brun. Le cuir noir doit sa couleur à une dissolution de sulfate ferreux, qui produit peu à peu du noir avec le tannin On le rend mou et fiexible en l'enduisant de graisse et d'huile. Le cuir destiné à être ciré est rendu uni et noircidu coté de la chair. Le maroquin est mordancé et teint âe diverses couleurs, en rouge, en jaune, en bleu ou en vert. On teint le rouge avant, et les autres après le tannage. 1° L'art du mégissier consiste à plonger les peaux minces dans une dissolution d'alun et de sel commun , après les avoir écharnées et débourrées. Ces sels se dé- composent mutuellement, de manière qu'il en résulte du 302 CHAMOISAGE. PRÉPARATION DE LA COLLE, ETC. sulfate sodique et du chlorure aluminique, dont le der- nier se combine avec le tissu cutané, qui devient par là inaltérable à l'air. Le sel aluminique qui se combine avec la peau est probablement avec excès de base, tandis qu'il reste un sursel dans la liqueur. 3° Le chamoisage a pour but de rendre la peau molle et flexible en l'impreignant de graisse, sans faire subir aucun changement à son tissu , mais après l'avoir dé- barrassée de l'eau qu'elle contenait. La peau dont on se sert pour faire les gants ordinaires a été chamoisée. Aussi est-elle facile à ramollir dans l'eau , et à convertir en colle par la coclion. On commence depuis peu à tanner légèrement les peaux dans une infusion d'écorce de saule, avant de les chamoiser. C'est ce qu'on nomme le tannage à la danoise. 4° Préparation de la colle. Je traiterai de cette opé- ration et de la colle elle-même, lorsqu'il sera question des changemens que la coction fait éprouver aux ma- tières animales b. On appelle corps papillaire un tissu mince, mou, extrêmement sensible, qui couvre le côté externe de la peau proprement dite, et se trouve immédiatement entre elle et l'épiderme. Ce corps est composé de vaisseaux et de nerfs, qui pénètrent à travers la peau , se répandent à sa surface, et remplissent le double usage d'être l'or- gane sécrétoire de la transpiration et le siège du toucher. Il est couvert d'une couche muqueuse, qu'enveloppe elle-même l'épiderme. Lorsqu'il arrive à ce dernier d'être enlevé par le frottement, le corps papillaire, mis ainsi à découvert, apparaît sous la forme d'une pulpejaunatre, et cause de vives douleurs au moindre contact. Les diverses couleurs que la peau présente chez les différens peuples, ont leur siège dans le corps papillaire, et dépendent d'une matière colorante particulière , noire chez les Afri- cains, brune chez les Asiatiques et les Américains, et la plupart du temps si peu colorée chez les Européens, qu'elle ne perce point à travers l'épiderme; ce qui fait que les habitans de l'Europe sont appelés blancs, CORPS PAPILLAIRE. 3o3 quand on les compare à ceux des autres parties du monde. Mais cet effet tient cependant beaucoup à ce que l'Eu- ropéen se préserve par des vêtemens de l'influence im- médiate de la lumière solaire, car les parties de son corps qu'il laisse exposées à l'action du soleil, deviennent brunes. On n'a point encore essayé d'isoler la matière colorante, et les propriétés cliimiques dont elle peut jouir sont totalement ignorées. Beddoës et ensuite Fourcroy ont trouvé que la peau d'un Nègre vivant , exposée pendant quelque temps à l'action de l'eau de chlore, se décolorait et devenait jaunâtre, mais qu'au bout de quelques jours elle était redevenue aussi noire qu'auparavant. De même, la peau d'un Européen , hâlée par le soleil, s'éclaircit quand on reste quelque temps sans l'exposer aux rayons so- laires. Cependant la couleur rouge des joues de l'Euro- péen ne provient point d'une matière colorante de ce genre; elle est due à la pénétration du sang coloré dans les vaisseaux capillaires de la peau du visage, phéno- mène qui peut changer à tel point , par l'effet de causes accidentelles , comme les passions et les maladies, que le visage perde toute couleur, lorsque le sujet devient pâle. Certains animaux ont , dans quelques régions de leurs corps, des matières colorantes particulières, dont le siège est de même immédiatement sous l'épiderme. Ainsi quelques régions de la peau sont nues et bleues chez divers singes; le bout du nez du chien est noir; les pattes des pigeons sont tantôt rouges et tantôt jaunes; les oies et lescanards ont les pattes et le bec rouges, etc. Goebel a examiné la matière colorante des pattes de pigeon, que l'on obtient en faisant macérer ces pattes dans de l'eau , et laissant ainsi l'épiderme se détacher; lorsqu'il est enlevé, on racle très-facilement la matière colorante. C'est une graisse rouge, qui a l'odeur et la saveur de la graisse r?nce, ne rougit pas le tournesol, fond en gouttes rouges dans l'eau bouillante, est soluble dans l'alcool anhydre, l'éther et les huiles volatiles, et se dissout aussi dans la lessive de potasse , d'oii les acides la précipitent 3o4 ÉPIDERME. j sans qu'elle ait subi de changement (?). Les acides sul- furique et nitrique la décomposent. îAicidc acétique n'exerce aucune action sur elle. Goebel l'a trouvée com- posée de carbone 69,02 , hydrogène 8, '74 et oxigène ii^if\. I.a matière colorante du bec et des pattes de l'oie est également une graisse rouge, mais qui reste liquide au-dessus de 5° ou '7°. Elle se dissout dans les mêmes menstrues que la précédente, et elle est com- posée, d'après Goebel, de carbone 65,53, hydrogène 9,22 et oxigène 25,25. Mais on pourrait demander si ces substances sont réellement autre chose qu'une graisse teinte par une matière colorante soluble dans la graisse. La couleur des excroissances qui garnissent la léte et le cou des gallinacés dépend du sang, dont la teinte perce à travers la peau. Quand la peau vient à être détruite par des ulcères, le corps papillaire ne se régénère pas. La portion perdue est remplacée par du tissu cellulaire; le lieu qu'elle occupait reste sans couleur; c'est ce qu'on appelle une cicatrice. c. \]épiderme couvre le corps ])apillaire sensible. Il forme un feuillet unique, mince, partout étalé sur la peau, qui disparaît peu à peu lorsque celle-ci se transforme en membranemuqueuse dans les cavités intérieures du corps. L'épiderme est parsemé d'usie multitude de petits trous, dont les uns laissent passer des poils, et lesautres donnent issue à la matière de la transpiration. Son côté interne adhère avec beaucoup de force à la peau, connexion ren- due plus intime encore par le lien que forment les poils et les vaisseaux. L'épiderme se détache de la peau par la macération dans l'eau. On aperçoit alors, à sa face in- terne, de petites aspérités produites par les déchirures des vaisseaux et des enfoncemens dus aux inégalités du corps papillaire, qui ne sont pas distribués d'une ma- nière régulière, mais laissent de petits intervalles en- tre eux. L'épiderme se détache, sur le vivant, dans toutes les inflammations externes, par exemple, sous l'influence des vésicatoires et à la suite des brûlures, circonstances dans lesquelles il est soulevé par le sérum du sang qui ÉPIDERMR. 3o5 s'amasseau dessous de lui. L'éplderme se détache aussi dais certains exanthèmes, tels que la rougeole et la fièvre scar- latine. L'cpidernie est à peu près le même sur tout le corps; à la plante des pieds et à la paume des mains seu- lement, il a plus d'épaisseur, et se compose de plusieurs feuilles superposées. Il est peu élastique, et se casse ai- sément. Si on le distend, il ne revient plus ensuite à ses dimensions primitives. Il paraît ne point être le résultat d'une trame de fibres, mais avoir une texture lamel- leuse. Il n'a point de vaisseaux, ni de nerfs, et, sous ce rapport, on peut le considérer comme une enveloppe morte, étalée sur tout le corps. Il s'use continuelle- ment, et tombe souvent en écailles; mais il se régénère avec facilité, et, d'abord très-mince, il acquiert peu à peu l'épaisseur qu'il doit avoir. L'épiderme est une des parties les moins destructibles du corps. Il ne devient pas raide et cassant par la dessic- cation. Après la mort, il se détache aisément de la peau , et souvent on le trouve encore inaltéré lorsque cette der- nière est déjà entièrement putréfiée. Si l'on chauffe de l'épiderme sec au bord de la flamme d'une chandelle, il fond sans se plier ou se boursouller, prend feu, et brûle avec une flamme claire , en répandant l'odeur ordinaire des matières animales qui brûlent, et lais- sant fréquemment échapper par ses bords de petites gouttes d'huile noire, qui sont souvent enflammées. Il s'imbibe d'eau avec facilité. Quand on tient les mains long-temps sous l'eau, celui qui en revêt la paume se gonfle, et devient ridé, opaque, blanc. Quand il est i-esté long-temps dans l'eau, il devient cassant, sans entrer, à proprement parler, en putréfaction, et lorsqu'on le fait bouillir avec ce liquide, il ne se racornit, ni ne se dis- sout: mais celui qui garnit l'intérieur des mains et des pieds se partage en plusieurs lamelles par l'effet de l'é- buUition. Une goutte de suroxide d'hydrogène qu'on laisse tomber sur l'épiderme, le colore en gris-blanc ; mais cette teinte disparaît au bout de quelques heures. L'épiderme est insoluble dans l'alcool et dans l'élher; ces deux réac- VIL 20 3o6 ÉPIDKRJIK. tifs ne font que lui enlever un peu de graisse, dont il est imprégné dans son état naturel. L'acide sulfuriqnc concentré ramollit d'abord l'épi- derme, et le dissout ensuite. Delà vient que cet acide produit la sensation d'un corps huileux, quand on frotte les doigts les uns contre les autres après les y avoir trem- pés. Lorsqu'on l'enlève par le lavage, avant qu'il ait dé- truit l'épidernie en totalité , il laisse cependant une tache d'un brun-foncé, qui s'endurcit, et au dessous de la- quelle se forme un nouvel épidémie. I^'épiderme détaché de la peau devient transparent dans l'acide sulfurique concentré, avant de s'y dissoudre. L'acide nitrique l'attaque moins facilement, mais la partie avec laquelle il a été mis en contact, prend, après la dessiccation ou par la saturation de l'acide libre au moyen de l'ammoniaque, une couleur jaune qui persiste jusqu'à ce que l'épidernie soit usé. L'épidernie est dissous avec une grande facilité par les alcalis caustiques, même par une dissolution très-éten- due de ces réactifs. Les carbonates alcalins ne l'attaquent point. L'action des sels le rend sec et rude, même lors- qu'il adhère encore à la peau vivante. Les sulfures alcalins le colorent en brun hépatique et même en noir, quand il tient encore à l'animal vivant. L'acide osmique le noir- cit également. Mis en contact avec une dissolution, même fort étendue, de chlorure aurique, il prend une belle couleur puipurine après la dessiccation du sel. Le ni- trate argenti({ue le rend d'abord d'un blanc laiteux, teinte qui, à la lumière du jour, commence par passer au gris bleu, et finit par devenir complètement noire. Le nitrate de mercure le colore en rouge brun. Toutes ces couleurs sont fixes, et ne disparaissent que par l'usure des por- tions d'épiderme qui les ont acquises. Beaucoup de cou- leurs végétales se combinent chimiquement avec l'épi- derme, et le teignent, tandis qu'il, adhère encore à la peau vivante. Les couleurs que les peuplades sauvages emploient pour se tatouer, et les dessins colorés que les soldats et les marins s'impriment si fréquemment dans la peau, consistent toujours en des matières colorantes substa-Nce;. cornée. 307 qui ont été Introduites par divers moyens dans le corpi papillaire, et qui percent à travers l'épiderme. Ce der- nier ne se combine point avec le tannin. L'épiderme a divers prolongemens qui paraissent être formés de la même substance chimique, ou au moins d'une substance fort analogue à la sienne. Telles sont les callosités cornées qu'une longue pression fait naître sur la peau, et qui sont si communes aux orteils. On les désigne sous le nom de cors. Ici se rangent encore les ongles, les griffes des animaux carnassiers, les sabots des herbivores^ les cornes du rhinocéros et des bêtes à cornes (en exceptant les cerfs), l'écaillé, qui est, à pro- prement parler, l'épiderme de la tortue, les poils, la laine, les piquans du hérisson et du porc-épic, la cui- rasse des tatous, les plumes des oiseaux, les écailles des reptiles et en partie aussi celles des poissons. Parmi ces substances, il en est deux, la corne et les poils, dont nous possédons des analyses. La substance cornée couvre un prolongement osseux qui s'élève de l'os frontal chez plusieiu's animaux de l'ordre des ruminans. Sa partie la plus mince est à la base, où elle part de l'épiderme; de là elle va en augmentant tou- jours d'épaisseur, et sa partie la plus épaisse est au som- met de l'axe osseux qui en garnit l'intérieur. Cette sub- stance est tantôt d'un gris-jaune, tranclucide, tantôt d'un gris-foncé, presque noir, à demi dure et élastique. Lors- qu'on la râpe, elle répand utie odeur désagréable. Elle n'a pas de saveur , et elle est plus pesante que l'eau. A un peu plus de 100°, elle se ramollit , sans se décomposer; on peutalorslaployer,Iacomprimeretensouderdes parties détachées, ce qui permet d'en réunir la rapure, et de la mou- ler pour l'appliquer à différensusages. A la distillation sèche, la corne donne une très-grande quantité d'huile fétide , un peu decai'bonate ammoniqne, très-peu d'eau et environ un sixième de charbon ayant im éclat demi méîaili([ue, qui, après fincinération complète, laisse à peu près un demi pouf 100 du poids de la corne d'une cendre composée prin- ao. 3o8 SITLSTANCR CORNEE. cipalement de phosphate calcique, avec un peu de car- bonate calcique et de phosphate sodique. La corne estinsohdDle dans l'eau; mais, par une ébul- htion prolongée pendant plusieurs jours, elle se ramollit un peu, et alors, au dire de Hatchett, l'eau est troublée un peu par la solution d'étain, mais elle ne l'est point par le tannin. L'alcool et l'éther ne dissolvent pas non plus la corne; ils ne font que lui enlever une certaine quantité de graisse saponifiée, un mélange d'acides oléique etmargarique, qui reste après l'évaporation du dissolvant. L'acide sulfurique concentré, mis en contact avec la râpure de corne, à la température de i4 degrés, ne dissout rien et ne se colore point. Aussi les alcalis n'en précipitent-ils rien ensuite. Mais, lorsqu'après avoir bien lavé avec de l'eau la corne ramollie par l'acide, on la fait bouillir avec de l'eau, il s'en dissout une cer- taine quantité, et la liqueur est précipitée ensuite tant par le chlorure mercurique que par l'infusion de noix de galle. L'acide nitrique étendu ramollit la corne, d'après les expériences de Hatchett; mais il ne produit ce résultat qu'après une longue macération, et sans rien dissoudre; en même temps , il se colore en jaune. Si, après avoir re- tiré la corne, on verse de l'ammoniaque sur cette sub- stance, elle devient d'abord d'un l'ougc-jaune, puis d'un rouge de sang, ensuite elle se dissout, en produisant une liqueur d'un rouge jaune-foncé. Si on lave avec de l'eau la corne ramollie dans de l'acide nitrique froid, et qu'en- suite on la fasse bouillir avec une nouvelle quantité d'eau , elle se dissout, et donne ainsi lieu à un liquide jaune, qui, après avoir été évaporé jusqu'à un certain degré, se prend en gelée par le refroidissement, comme il ar- rive à la colle. Cette gelée est redissoute par l'eau froide, et la dissolution précipitée par le tannin. L'acide nitrique ordinaire convertit la corne en produits solubles. Si l'on évapore la dissolution jusqu'à siccité, la masse détonne sur la fin. Mise en macération dans de l'acide acétique concentré, la rapure de corne ne se ramollit pas; '^ - ' ' ' ' - '^■■'■■' SUBSTANCE CORNÉE. SoQ maïs si on la laisse digérer pendant plusieurs jours avec un peu d'acide acétique étendu, dans un vaisseau clos, l'acide en dissout une certaine quantité, sans se colorer, et en évaporant cette dissolution jusqu'à siccité, il reste une matière d'un jaune-clair, transparente, que l'eau ne rend point opaque, qu'elle ne dissout pas non plus, et qui paraît être la même matière qu'on obtient en dissol- vant la corne dans de l'alcali et précipitant la dissolu- lion par l'acide acétique. Si, après avoir fait bouillir de la râpure de corne avec de l'alcool, pour la dépouiller de sa graisse, on la laisse séclier, et qu'ensuite on verse des- sus de l'acide hydrochorique concentré, au bout d'un ou de quelques jours, elle devient violette et même bleue, sans que l'acide se colore. D'après l'observation de Hat- chett, l'acide nitrique fait passer la couleur bleue au jaune foncé , et l'ammoniaque à l'orangé. Les alcalis fixes caustiques dissolvent assez facilement la corne, mais l'ammoniaque caustique ne l'attaque pas du tout. Si, après avoir épuisé de la râpure de corne par l'ébuliition avec de- l'alcool , on la met en contact avec de la potasse caustique très-étendue d'eau , la liqueur acquiert une odeur désagréable de lessive, la corne se prend en gelée, et elle se dissout peu à peu , de manière à former un liquide jaune-pâle, qui ne passe que très-lentement à travers le filtre de papier. Lors- qu'on verse une dissolution très-concentrée de potasse caustique sur de la corne râpée, il se dégage, dans le premier moment, une odeur fort désagréable , la râpure se ramollit, et, en la pétrissant dans la lessive, elle se réunit en une masse molle, semblable à du gluten , gri- sâtre, demi-transparente. La liqueur alcaline aune teinte jaune intense, et donne des traces de dégagement d'ammoniaque. Dans cette opération , la substance cor- née se combine avec la potasse pour produire la masse visqueuse, qui, à froid, est insoluble dans la lessive con- centrée, mais s'y dissout avec le secours de la chaleur; on peut décanter la lessive qui surnage la combinaison de corne et de potasse, et laver celle-ci à plusieurs reprises 3 10 SUBSTANCE CORNÉK. avec de l'eau froide. Celte combinaison se dissout dans Teau sans la colorer. La dissolution a une saveur et des réactions alcalines. En y versant de l'acide acétique, de manière à ne pas décomposer la totalité de la combinai- son, on obtient un précipité blanc, cailleboté, qui ne tarde pas à se réunir en une masse visqueuse et collante. Celle- ci est une combinaison de corne et de potasse au mini- mum d'alcali. Si l'on décante la dissolution saline qui la surnage, et qu'ensuite on verse dessus de l'eau pure, elle se prend peu à peu en gelée, et Unit par se dissoudre en un mucilage décomposable par les acides. Lorsqu'au contraire on met assez d'acide acétique pour décompo- ser toute la combinaison de corne et de potasse, et faire même prédominer un peu l'acide dans la liqueur, il se produit un précipité tout à fait semblable au précédent, mais qui consiste en substance cornée et acide acétique, et qui ne se dissout ni dans l'eau froide ou cbaude, ni dans l'alcool. Mais ce précipité est soluble dans l'acide acétique, surtout à la faveur de la digestion; le cya- nure ferroso-potassique précipite de la dissolution des flocons demi transparens, qui ont de la peine à se ras- sembler au fond du vase; la liqueur donne aussi par le carbonate ammonique un précipité qui se redissout dans un grand excès du réactif; le cblorure mercurique, l'acétate plombique, le sulfate biferrique et le tannin y font également naître des précipités fort abondans. Si Ton évapore jusqu'à siccité la dissolution dans l'acide acétique, il reste une masse jaune, transparente, dure et visqueuse, qui est insoluble dans l'eau. Lorsqu'on éva- pore à siccité la dissolution précipitée par l'acide acé- tique, et qu'on dissout ensuite la masse dans de l'eau, il reste une certaine quantité de matière cornée, mais la liqueur en retient encore un peu, qui se comporte, avec les réactifs dont je viens de parler, de même que la dis- solution acide. Cependant la quantité de cette matière n'est que très-peu considérable. Lorsqu'au lieu d'acide acétique on prend de l'acide bydrochlorique pour précipiter la combinaison de corne SUBSTANCE COIINIÎE. 3ll et Je potasse, le précipite qu'on obtient est plus abon- dant, parce qu'il est moins soluble clans l'aeitie bydro- clîlorique en excès. Ce précipité forme une masse cohérente, comme celui qui résulte de l'acide acétique; mais, si on le lave, et qu'ensuite on le fasse digérer avec de l'eau, il se dissout et produit une liqueur laiteuse qui, par l'addition d'une plus grande quantité d'acide, reproduit le précipité visqueux et acide. On pourrait regarder' la corne conune une modification de la fibrine, en se fondant sur ce que la dissolution acide est préci- pitée par le cyanure ferroso-potassique, que la corne se maintient dissoute dans un excès d'acide acétique, mais que sa combinaison neutre avec l'acide hydrocblorique, qui jouit d'un certain degré de solubilité dans l'eau, se coagule de nouveau quand on y ajoute davantage d'acide hydrocblorique. Si l'on fait bouillir de la corne avec une dissolution concentrée de potasse, elle commence par se ramollir, puis elle se dissout, au milieu d'un dégagement abondant d'ammoniaque, qui a une odeur accessoire extrêmement désagréable et nauséabonde. Ce dégagement persiste aussi long-temps que l'on continue à faire bouillir et qu'il reste encore de la corne à dissoudre. La corne non dissoute se ramollit et devient tellement glissante qu'après l'avoir retirée on a de la peine à la tenir entre les doigts. Si on lave cette corne ramollie avec de l'eau froide, pour la purger d'alcali, elle se dissout dans le liquide d'une manière notable et sans le colorer. La dissolution alcaline bouillie est épaisse, d'un brun- noir, et semblable à un mauvais savon de potasse. La masse se dissout aisément dans l'eau; il résulte de là une liqueur trouble, qui est d'un jaune-pâle après avoir été filtrée, et qui laisse sur le filtre une très-petite quantité d'une poudre verdatre foncée, qu'on a prétendu être du charbon, mais qui paraît être du sulfure de fer; car sa couleur foncée disparaît totalement au contact de l'air. Si l'on mêle la liqueur alcaline avec un acide, il se de- gage, long-temps encore avant qu'aucun précipité appa- 3r2 . SUBSTANCE COLAÉE, raisse, du gaz acide carbonique , dont l'odeur désagréable annonce évidemment qu'il est mélangé avec du gaz sul- fide hydrique. L'acide hvdrorhlorlque finit par j)récipiter la combinaison acide qui a été décrite plus haut, mais en petite quantité , proportionnellement à celle de corne sur laquelle on a opéré. Si l'on prend la liqueur acide précipitée, qu'on la fasse digérer avec du carbonate cal- cique jusqu'à sa parfaite neutralisation, qu'ensuite on la filtre, qu'on lévapore à siccité, et qu'on épuise le résidu sec par l'alcool, il reste, quand ce dernier réactif n'enlève plus de sel, une matière qui se dissout aisément dans l'eau, à laquelle il communique une faible couleur jaune; évaporée à siccité, cette dissolution laisse une masse dure, transparente, fendillée, qu'on peut réduire en poutlre avec la plus grande facilité. Sa dissolution aqueuse est précipitée par les mêmes réactifs que ceux qui font naître des précipités dans la combinaison acétique dont il a été question précédemment; mais le cyanure ferroso-potas- sique ne la trouble qu'après qu'on v a versé de l'acide acétique , et alors il se produit une combinaison de cyano- gène qui , pour les caractères extérieurs , ressemble par- faitement à celle qu'on obtient de la combinaison acétique déci'ite plus haut. Ce corps soluble n'est cependant pas de la substance cornée pure; il la contient combinée avec de la chaux , qui reste après qu'on l'a brûlé. En mêlant sa dissolution avec de l'acide hvdrochlorique, il se forme un précipité, qu'une quantité un peu plus considérable d'acide redissout. L acide acétique, au contraire, eu produit im qui ne peut se dissoudre que dans un grand excès d'acide libre. Il paraît résulter de ces expé- riences que, par la coction avec de la potasse caustique concentrée, la corne éprouve une décomposition dont l'effet est de former une grande quantité d'ammoniaque et d'acide carbonique, ainsi qu'un peu de sulfide hydri- que et une matière fétide particulière, tandis que la portion non détruite de la substance cornée est devenue en grande partie soluble dans l'acide hydroclilorique ou dans l'eau, avec un minimum de base alcaline, et que POILS. 3i3 le reste est demeuré à l'état insoluble, en combinaison avec l'acide liydrochloriquc excédant. La composition de la corne n'a point encore été exa- minée. Il découle évidemment de ce qui précède qu'outre du carbone, de Thydrogcne , du nilrogène et de l'oxigène, elle doit contenir une certaine quantité de soufre, qui paraît se séparer par l'action de la potasse. J'ai essayé de décomposer la corne par l'eau régaie; la décomposition eut lieu très-flicilement et avec "une grande violence; il resta une petite quantité d'une masse acidulé, jaune-pâle et cassante, sur laquelle l'acide n'exerçait plus aucune action; le chlorure barytique , versé dans la liqueur ûi- trée, donna une trace à peine sensible de sulfate baryti- que. L'acide sulfurique était donc resté dans la matière non dissoute , que je n'ai point examinée. La corne est employée pour la fabrication dos ouvrages tournés ou moulés, pour en faire des limbes gradués, des ins- trumensde physique, des échelles géométriques, etc. Poils. La peau des mammifères est couverte de poils. Ceux-ci paraissejit être composés de la même matière chimique que la corne, et n'en différer que par la forme. Ils tirent leur origine du coté interne de la peau, qu'ils traversent, ainsi que l'épiderme, par de petits canaux. Leur structure a quelque analogie avec celle des plumes; seulement tout ce qu'on aperçoit dans celles-ci est tellement petit, dans les poils, qu'on ne peut plus l'y distinguer à l'œil nu. Chaque poil se compose d'un tube entouré extérieure- ment de petits prolongements écailleux, dont les pointes regardent l'extrémité libre du poil, ce qui fait que, quand on roule un poil entre les doigts, il se meut de manière à amener en avant l'extrémité qui lui sert de racine. L'intérieur du canal venferme, comme le tuyau des plumes, un organe délié, dont la des- tination est de fournir des liquides au poil, et qui, dans certaines maladies ( la plique polonaise et la teigne, par exemple), se gonfle à tel point que, quand on coupe le poil, il en suinte un liquide dans lequel on a même observé quelquefois du sang mélangé. Dans leur état naturel , les poils sont secs, inaltérables et insensibles. Ils deviennent 3i4 POILS. fortement électriques par le frottement, ce qui fait que les cheveux secs et longs ont coutume de s'étendrej, même de pétiller et de donner des étincelles à chaque coup de peigne, et que quand on passe la main, par un temps sec, sur le dos d'un chat, ou même d'un\^heval, dans un endroit ohscur, on voit paraître à chaque passe des étincelles, dont il n'est pas rare non plus que le pétillement se flisse entendre. A proprement parler, la masse des poils a la même couleur que la corne; la diversité de couleur qu'ils offrent chez l'honnne et chez les animaux, dépend, d'après les recherches de Vauquelin, d'une graisse colorée, et (juand il s'agit de poils noirs, d'une certaine quantité de fer, qui s'y trouve vraisemhlahlement en état de sulfure (i). On peut, au moven de l'alcool ou de l'élher, extraire cette graisse colorée, après la perte de laquelle les poils prennent une teinte de gris jaune. Lorsque sa sécrétion cesse, par le progrès des années, le poil devient gris ou blanc. On possède même beaucoup d'exemples de jeunes gens chez lesquels cet effet a eu lieu d'une manière très- rapide et soudaine, sous l'influence d'affections morales déhilitantes. I^orsque les poils repoussent dans un endroit où il y a eu un ulcère, ils ne prennent pas de couleur, mais viennent tout blancs. Quandon met digérerdespoilsdansl'alcool, cette graisse setrouve extraite. Si, après les avoir coupés en petits hrins, on les fait bouilliravccde l'alcool, l'ébullitionest ordinaire- ment beaucoup plus sujette à des soubresauts que de toute autre manière , et les vaisseaux en verre ne tardent pas à se briser. Ce phénomène paraît tenii'àceque les poils ne sont point conducteurs, et en même temps à ce que leurs extrémi- tés s'enclavent en quelque sorte les unes dans les autres. La graisse extraite par l'alcool est ordinairement acide, et contient de l'acide margarique et de l'acide oléique; celle (i) Une analogie frappnnte existe entre la couleur des poils et celle du corps papillaire. Il est possible que le pigment noir des nègres soit dû à une combinaison de soufre analogue, et que ce soit la cause de l'odeur désagréable qu'exhale leur peau. POILS. 3i5 des chfiveux roux est d'un rouge de sang, et celle d's cheveux noirs d'un gris vert; celle des cheveux châtains et blonds a la couleur ordinaire de ces acides. Mais, en même temps que cette graisse, l'alcool extrait une assez grande quantité de chlorure sodique et de chlorure potassique, avec un peu de chlorure amnionique, et une matière extractive acide, incolore, déliquescente, qui est de même nature que celle qu'on trouve dans les liquidesde la viande:elle contientcependant aussi du lac- tate amnionique. Ces sels et cette matière extractive n'appartiennent point à la composition des poils; ils pro- viennent de la matière de la transpiration desséchée à la surface de ceux-ci. La masse pileuse restante aban- donne à l'eau une petite quantité d'une matière extrac- tive, insoluble dans l'alcool, qui provient également de la transpiration; et le résidu se comporte de même que la corne avec les réactifs. Les poils qu'on chauffe, fondent, se gonflent, ré- pandent la même odeur que la corne brûlée, prennent feu, et brûlent avec une flamme brillante et fuligineuse, en laissant un charbon boursouflé. A la distillation sèche, ils donnent un quart de leur poids d'huile empy- reumatique, une eau chargée d'ammoniaque, et des gaz combustibles, qui contiennent du sulfide hydrique; il reste un quart de leur poids de charbon difficile à incinérer. D'après Vauquelin , les poils donnent un et demi pour cent de leur poids d'une cendre jaune, ou d'un brun- jaune, qui contient de l'oxide ferrique et des traces d'oxide manganique, avec du sulfate, du phosphate et du carbonate calciques, plus une trace de silice. Les cheveux noirs sont ceux qui laissent le plus de fer; il y en a inoins dans les roux; et ceux qui en contiennent le moins sont les blonds , où en place de ce métal on trouve une certaine quantité de phosphate magnésique. Vauquelin, ayant fait cuire des poils dans le diges- teur, à une forte pression, c'est-à-dire à une température très-haute, trouva qu'ils se dissolvaient dans l'eau, mais que la matière dissoute variait suivant l'élévation de la 3l6 , POILS. température. Moins celle-ci était élevée, et moins la dis- solution avait altéré la composition des poils. Les poils noirs laissent une huile de couleur foncée, qui doit cette temte à du sulfure de fer; les roux laissent de l'huile rouge. La dissolution est presque incolore ; elle contient un peu de sulfide hydrique; aussi noircit-elle les dissolutions plombiques et argenliques. Quand on l'évaporé, le sul- fide hydrique se dégage, et il reste une masse visqueuse, susceptible de se redissoudre dans l'eau. On ne peut pas obtenir qu'elle se prenne en gelée. Sa dissolution aqueuse est précipitée par les acides concentrés, (mais non par les acides étendus), par le chlore, le sous acétate plombique et l'infusion de noix de galle. Au total , elle se com- porte comme la portion soîuble de la corne qu'on a obtenue par la coction avec de l'alcali. Si la chaleur a été portée trop loin pendant la dissolution des poils , la liqueur est brune, elle a une odeur empyreumati- que, et elle contient du carbonate amraonique, tandis que la paroi interne de la marmite est passée à l'état de sulfure. Le chlore commence par blanchir les poils ; ensuite il se combine avec eux, en formant une masse visqueuse, transparente, semblable à de la térébenthine, qui a une saveur atnère, et qui se dissout partiellement, tant dans l'eau que dans l'alcool. Les poils se comportent avec les acides exactement de même que la corne, avec cette seule différence que, quand on les décompose par l'acide nitrique, il se sépare une huile noire de ceux qui sont noirs , et une huile rouge de ceux qui sont roux. Ces huiles se figent au froid, et deviennent peu à peu plus pâles. La dissolution acide contient, d'après Vauquelin, de l'acide sulfurique, précipitable par le chlorure barytique , et qui existe en plus grande quantité dans celle des cheveux 4'oux que dans celle de tous les autres. Les poils traités par l'alcali caustique se compor- tent comme la corne, avec cette différence que, quand on les pétrit avec une dissolution concentrée de potasse, kf<hevreul, sa quantité s'élève depuis 0,18 jusqu'à 0,20 du poids de la laine lavée. Elle a cela de commun avec la graisse cérébrale, qu'elle se môle aisément à l'eau, avec laquelle elle produit un lait, que, comme cette dernière, elle est composée d'une stéarine presqu'aussi dure que la cire, et d'une élaïne ayant la consistance de la térébentbine, et que ces deux matières ne sont pas du tout saponifîables, ou du moins ne le sont pas à la même température et dans le même laps de temps que la graisse animale ordinaire. Il est probable que cette graisse est sécrétée avec le suint, sous la forme d'émulsion, absolu- ment comme il arrive à celle du cérumen des oreilles et du jaune d'œuf. La peau du fœtus encore renfermé dans le sein de la mère, est couverte d'une matière onguentacée, ayant pour usage de la mettre à l'abri de l'action du liquide qui l'environne. Chez l'iiomme, on l'enlève par le lavage, immédiatement après la naissance; quant a ix animaux, ils en débarrassent les petits qu'fls vieime.it de mettre bas en les léchant. Sa ress'mblanceavec la matière caséeuse fait qu'on a coutume de lui donner le nom d'e/z- duit ou vernis caséeux. Elle est blanche , molle et un peu brillante. D'après une analyse de Frommherz et VII. ai 3aa TRANSPIRyVTION. Gugert, elle est formée d'un mélange intime d'albumine coagulée et d'une graisse particulière analogue à la cho- léstérine. L'élher en extrait la graisse, ([ui cristallise sous la forme de feuillets brillans, infusibles dans l'eau bouillante, non susceptibles d'être saponifiés, et solubles dans l'alcool bouillant. La portion insoluble dans l'éther est peu attaquée par l'eau froide : l'eau bouillante en extrait quelque chose qui la colore en jaune, et cette dissolution est alcaline. Frommherz et Gugert regardent cette substance comme de la matière salivaire; ce qui est tout-à-fait inexact, cette dernière se dissolvant dans l'eau froide. Il pourrait bien se faire, au contraire, que ce fiit de l'albumine, dissoute à la faveur de l'alcali. La matière qui reste après l'ébuUition dans l'eau n'est point dissoute à froid par l'alcali caus- tique; mais elle s'y dissout avec le secours de la chaleur, même lorsque la dissolution est très-étendue , et la liqueur se comporte ensuite, d'après les deux chimistes allemands, comme une dissolution d'albumine coagulée dans l'alcali. Cependant ils ne disent rien de ses réactions avec l'acide acétique et le cyanure -ferroso- potassique, qui caracté- risent si bien l'albumine. L'insolubilité dans la potasse caustique, à froid, ne s'accorde point non plus avec les réactions de l'albumirte. Ils ont trouvé, en outre, que l'enduit caséeux du fœtus, sur lequel on versait de l'acide sulfurique étendu de deux parties d'eau , prenait à froid une couleur rouge-foncée, sans se dissoudre. Transpiration. Les petites ouvertures dont l'épiderme est percé versent continuellement à la surface de la peau un liquide qui est composé en grande partie d'eau; mais cette eau tient aussi quelques matières solides en dissolution. Dans l'état ordinaire de repos, la quan- tité de ce liquide est assez peu considérable pour qu'il puisse se volatilisera mesure qu'il s'épanche; ce qui fait que la peau reste sèche. Voilà pourquoi aussi les an- ciens physiologistes lui avaient donné le nom de trans- piration insensible. Mais quand on prend beaucoup d'exercice, et que la chaleur du dehors est très-élevée, TRANSPIRATIOÎf. SaS dans diverses maladies, ou, dans l'état de santé, lorsqu'on couvre la peau d'un taffetas gommé, qui s'oppose à l'éva- poration, le li(juicle se réunit sous la forme de gouttes, et alors on l'appelle sueur. La transpiration cutanée est depuis long-temps Tobjet des recherches de physio- logistes pleins de zèle, et l'on peut dire de Sanctorius, qu'il a passé une grande partie de sa vie dans des ba- lances, pour déterminer dans quelle proportion elle est relativement aux autres excrétions. Dodart et Reit ont fait des expériences analogues, que Lavoisier et Seguin ont répétées aussi dans ces derniers temps. Seguin se fît peser après s'être enfermé dans un sac de taffetas gommé qui ne laissait que les narines et la bouche communiquer avec l'air extérieur. Au bout de quelques lieures, il se soumit à une nouvelle pesée; la perte pro- venait de l'eau vaporisée par la respiration, etc. Ensuite, il sortit du sac, et se fit encore peser; la perte était le poids commun du sac et de la matière de la transpiration, dont on déduisit celui du sac, qu'on connaissait d'avance. Cette expérience ne donna point de résultats constans; il fut reconnu que la transpiration variait continuelle- ment ; son poids dépassait le plus souvent celui de l'urine : rarement était-il moins considérable; cas dans lequel l'urine était devenue plus abondante et plus aqueuse. La transpiration était plus forte chez les jeunes personnes que chez les sujets avancés en âge. Les expérimentateurs trouvèrent, en outre, qu'un homme dont le poids s'ac* croît de celui des alimens et des boissons qu'il digère, reprend une fois dans la journée son poids normal ; de sorte que journellement il s'échappe du corps autant qu'on y introduit. Dans les maladies , les choses se passent autrement : au début, le poids du corps augmente, parce que les excrétions ne se font plus d'une manière régu- lière. On a trouvé que, dans un cas d'affection et de faiblesse de l'estomac, le poids du corps augmenta durant quatre jours, et que le cinquième jour il diminua, mais, en grande partie, par suite de la fréquence plus grande des déjections alvines. C'est pendant et immédiatement ai. 3a4 TRANSPIRATION. après les repas qu'on transpire le moins , et durant la digestion proprement dite que l'on transpire le plus. Il a été reconnu que, dans l'état de repos, la perte de poids que le corps éprouve , par l'effet de la tianspiration , s'élève, au minimum, à onze grains, et, au maximum, à trente-deux grains par minute. Cependant ce résultat dépend entièrement de la taille, de l!état de santé, du plus ou moins de maigreur du sujet; et ce qui est le minimum et le maximum pour l'un, peut n'être que la moitié ou le tiers de ce qui porte ce caractère chez un autre. Les premières expériences sur la nature de la matière de la transpiration ont été faites par Thénard. Il re- cueillit la sueur au moyen d'un gilet de flanelle préala- blement bien lavé dans de l'eau distillée, et séché, qui, pendant dix jours, fut porté immédiatement sur la peau, au dessous d'une chemise de toile. Le gilet fut ensuite lavé avec de l'eau, qu'on évapora dans une cornue. Le produit de la distillation avait l'odeur de la sueur; il était faiblement acide par de l'acide acétique. La liqueur qui restait dans la cornue donna, par l'évapora- lion, une matière sirupeuse, acide, qui contenait du chlorure sodique, mais point de sels calciques. Sa dis- solution était légèrement troublée par l'infusion de noix de galle. Thénard conclut de ses expériences , que l'hu- meur de la transpiration, outre de l'eau, du chlorure sodique et de l'acide acétique, contient un peu de phos- phate sodique, d^s traces de phosphates calcique et ferrique , et une matière animale qu'il compare à la géla- tine, probablement à cause de sa propriété d'être préci- pitée par le tannin. Dans quelques expériences que j'ai faites sur de la sueur qui avait coulé du front, en gouttes, elle m'a paru tenir en dissolution les mêmes matiè- res qu'on trouve dans les liquides acides de la chair muscu- laire, et qui, après l'évaporation , sont dissoutes par l'alcool. Mais la sueur contient tant de chlorure sodique que l'extrait alcoolique se renqjlit des cristaux de ce sel. Elle laisse aussi une petite quantité de matières animales insolubles dans l'alcool, probablement semblables , quant TRANSPIRATION. SaS à leur nature, à celles qu'on trouve en général dans les liquides du corps. Le chlorure amnionique est aussi au nombre des sels qui cristallisent dans la dissolution al- coolique de la sueur desséchée. Les recherches les plus récentes sur la composition chimique de la sueur sont celles d'Anselmuio. Ce chi- miste plongea le bras nu dans un cylindre de verre ap- proprié à sa forme, et dont il lia l'ouverture tournée vers l'épaule, avec du taffetas gommé. Nulle part le bras ne touchait au verre, auquel la peau ne pouvait par con- séquent rien communiquer d'une manière immédiate. La vapeur qui s'en élevait se condensa sur la paroi interne du cylindre , et l'on parvint , de cette manière , à recueillir une cuillerée au plus de liquide, dans l'espace de cinq à six heures. On réunit celui qui provenait de plusieurs expériences, et on l'examina de la manière suivante : a) on en prit une portion , à laquelle on ajouta une goutte d'acide sulfurique, et qu'on évapora ensuite jusqu'à sic- cité; après quoi, le résidu fut mêlé sur le verre avec delà potasse caustique; un bouchon de verre, trempé dans l'acide hydrochlorique, qu'on en approcha alors, fit ap- paraître des nuages bien sensibles de chlorure ammo- nique; b) une seconde portion fut mise en digestion avec de l'oxide plombique, et, après l'avoir desséché, on hu- mecta le résidu avec de l'acide sulfurique, ce qui dégagea des vapeurs aigres d'acide acétique; c) on versa goutte à goutte, dans une troisième portion , de l'eau de chaux, qui se troubla sur-le-champ et déposa du carbonate cal- cique. De ces expériences, Anselmino conelut qu'avec l'eau il s'exhale de la peau de l'acétate ammo- nique et de l'acide carbonique. Depuis , Collard de Mar- tigny a établi, comme résultats d'expériences faites par lui, mais dont les détails me sont inconnus , qu'indé- pendamment du gaz acide carbonique, il s'exhale aussi, par la transpiration, du gaz nitrogène et du gaz hydro- gène, mais seulement en quantités très-petites et diffé- rentes suivant les époques de la journée, en sorte qu'après le repas, la peau ne dégage point la moindre trace 3a6 ' TKANSPIRATION. de ces gaz. Collard ne regarde pas leur dégagement comme une suite de la décomposition de la matière de la transpiration par l'influence de l'air , mais assure qu'il a lieu même lorsque la peau est couverte d'eau. Ce-* pendant ces assertions auraient besoin d'être vérifiées avant qu'on les admit; car il serait réellement fort sin- gulier qu'un organe excrétoire possédât la faculté de dégager, à l'état de liberté, un ou plusieurs principes élémentaires du corps: ce dégagement, celui du nitro- gène au moins, s'expliquerait mieux par une dé- composition que la matière de la transpiration éprouverait lorsqu'elle entre en contact avec l'air. Anselmino a encore examiné les principes constituans non volatils de la sueur. Cette dernière fut recueillie sur un homme nu , qui avait été mis en état de sueur abon- dante dans une étuve, au moyen d'épongés que l'on ex- prima ensuite. La liqueur ainsi obtenue était trouble, probablement à cause de parcelles d'épiderme qui avaient été détachées par le frottement, et elle répandait l'odeur de la sueur, mais à un degré variable, suivant les indi- vidus. On en filtra une portion , qui fut distillée au bain-marie. Le produit de la distillation contenait de l'acétate ammonique. Pour reconnaître l'acide acé- tique, on mêla la liqueur avec de l'hydrate barytique, on l'évapora jusqu'à siccité, et on versa de l'acide sul- furique sur le résidu sec; pour constater la présence de l'ammoniaque, on ajouta de l'acide hydrochlorique; puis la liqueur fut évaporée à siccilé, et le chlorure ammo- nique restant fut décomposé par la potasse. Cent parties de sueur, évaporées au bain-marie, lais- sèrent depuis ^ jusqu'à i ^ pour cent de résidu sec. Ce résidu fut traité par de l'alcool à o,833, qui en laissa une portion sans la dissoudre. La dissolution alcoolique ayant été évaporée jusqu'à siccité et le résidu bien desséché, on obtint une masse extractiforme , mêlée d'un grand nombre de cristaux salins j à laquelle l'acool an- hydre enleva une substance extractive acide, qui, à en juger d'après la description, est la même que la substance TRAWSPIRATIOW. S'i^ correspondante fournie par l'extrait de viande ; mais Anseimino, qui se croyait autorisé par ses expériences à admettre que l'acide lacti((ue contenu dans cet extrait n'est autre chose que de l'acide acétique, indique, comme principes entrant dans sa composition, de l'acide acé- tique, de l'acétate potassique, et une matière animale précipitable par l'infusion de noix de galle. La portion de l'extrait alcoolique insoluble dans l'alcool anhydre, consistait en chlorure sodique, avec un peu de chlorure potassique, et une petite quantité d'extrait de viande, ou d'une autre matière animale extractiforme, qui n'é- tait point précipitée par le chlore, le chlorure d'étain ou le chlorure mercurique. Nous verrons par la suite que ces propriétés coïncident avec celles de l'extrait alcoo- lique des liquides évaporés de la viande. Cependant, la sueur contient encore des principes constituans qu'An- selmino a omis , et qui n'existent pas dans les liquides de la viande, savoir, du chlorure et du lactate ammo- niques. Le premier de ces sels cristallise dans la masse extractiforme, tantôt en octaèdres, tantôt en dodécaèdres rhomboïdaux. Ce que l'alcool a laissé de la sueur desséchée , sans le dissoudre, est en grande partie dissous par l'eau tiède; mais il reste cependant encore une matière pulvérulente, d'un gris-foncé. Cette matière paraît être un mélange d'épiderme usé par le frottement et de phosphate cal- cique, qui était dissous dans l'acide lactique, mais qui s'est précipité de cette combinaison quand on a traité la sueur par l'alcool. Après avoir été brûlée, la poudre grise laisse beaucoup de cendre, composée de phosphate calcique, avec une petite quantité de carbonate calcique. La dissolution obtenue par le moyen de l'eau tiède, contient des sulfates et une matière animale qui est pré- cipitée par le chlorure d'étain et par l'infusion de noix de galle. Le chlore ne précipite d'abord rien ; maisj au bout de vingt-quatre heures, il se sépare des flocons blancs. Ces réactions s'accordent avec celles de la ma- tière extractiforme , insoluble dans l'alcool , qu'on ren- 3a8 - TRANSPIRATION. contre ordinairement dans les liquides du corps, et à la- quelle Anselmino donne, sans motif suffisant, le nom de matière salivaire. D'après l'analyse d'Anseimino, loo parties de sueur desséchée contiennent : Malièrcs insolubles dans l'eau et l'alcool (sels ealci- qncs pour la plus jurande partie) a Matière animale solublc dans l'eau et non dans l'al- cool , et su! fa les ii Matièies soltiLles dans l'alcool aqueux; chlorure sodi- que et extrait de viande 48 Matières soUibles dans l'alcool anhydre, extrait de viande, acide lactique et laclates . 2g 100 Anselmino a trouvé, en outre, que roo parties du résidu see de la sueur laissent, après avoir été brûlées, 22,9 pai'ties de cendres contenant du carbonate, du sul- fate et du phosphate sodiques, un peu des mêmes sels potassiques et de chlorure sodique, tous solubles dans l'eau, du phosphate et du carbonate caleiques, avec des traces d'oxide ferrique, qui furent laissées par l'eau. Quelques expériences faites par Anselmino, afin de déterminer les différences ({ue la matière de la tran- spiration présente dans diverses maladies , n'ont pas donné de résultat positif. Dans un accès de goutte, la sueur contenait plus d'ammoniaque et de sels qu'il n'y en a chez l'homme en santé, et une sueur critique, à la suite d'une fièvre rhumatismale, était chargée d'albumine. Au reste, il est très-vraisemblable que la ti\^nspiration n'entraîne pas les mêmes matières dans toutes les parties du corps. La sueur des pieds a une tout autre odeur que celle du reste du corps ; la sueur des aisselles exhale sou- vent une odeur ammoniacale, et celle des organes géni- taux, chez les personnes grasses, contient fréquemment tant d'acide butyrique, qu'elle en répand manifestement l'odeur. Il est probable aussi que la transpiration débar- asse le corps de combinaisons volatiles qui échappent TRANSriIlATIOJN'. SaQ à nos moyens d'investigation , mais qni , retenues clans le corps, même en petite quantité, peuvent occasioner des désordres considérables, absolument de même que les principes délétères des maladies contagieuses déterminent les plus grands troubles dans l'économie, quoiqu'ils n')^ pénètrent qu'en quantité inappréciable. Ce n'est qu'ainsi qu'on parvient à concevoir comment la suppression de la transpiration peut devenir la cause d'un si grand nom- bre de maladies chez Tbomme, Divers animaux, par exemple tous ceux qui appar- tiennent aux genres chat et chien, n'ont point de trans- piration cutanée. Cette excrétion est très-abondante, au contraire, chez les pachydermes et les ruminans; mais nous savons très-peu de chose sur le compte des ma- tières qu'elle entraîne au dehors. Ansehr.ino a fait l'ana- lyse de la sueur desséchée du cheval, qui se laisse déta- cher de la peau, avec une brosse, sous la forme de petites écailles ou de poussière. 11 l'épuisa,. par le moyen de l'eau chaude, qui laissa pour résidu une matière pulvérulente. La dissolution aqueuse fut évaporée jus- qu'à siccité , et le résidu sec ramolli dans de l'alcool à o,833; la dissolution obtenue de cette manière donna , après avoir été évaporée, un extrait brun, rempli de cristaux salins. L'alcool anhydre dépouilla cet extrait d'une masse extractiforme acide, qui tenait en dissolution un sel potassique combus.tible, et qui, par conséquent, paraissait être tout-à-fait de la même nature que la ma- tière obtenue de la sueur humaine. L'alcool anhydre laissa du chlorure sodique , et une autre matière extractiforme, exhalant une forte odeur de cheval. Ce que l'alcool laissa de l'extrait aqueux de la sueur desséchée du cheval, sans le dissoudre, se dissolvait dans l'eau , à laquelle il communiquait une couleur brune. Les réactions de cette dissolution y indiquaient, outre des sulfates et du chlorure sodique, une matière animale, qui était précipitable par l'infusion de noix de galle et par le chlore, mais que ce dernier réactif ne précipitait cependant qu'après avoir été pendant plusieurs jours en 33o TRANSPIRATION. contact avec elle. Au contraire, elle n'était précipitée ni par l'acide nitrique, ni par l'ammoniaque, ni par le chlorure mercurique. Anselmino regarda comme de l'albumine coagulée ce ^ qui n'avait été extrait de la sueur du cheval ni par l'eau , ni par l'alcool; mais il ne dit pas ce que devint, dans l'analyse, la grande quantité des phosphates calcique et magnésique qui reste après la combustion de la sueur. Fourcroy avait prétendu qu'il existe aussi de l'urée dans la sueur du cheval; mais Anselmino n'en a trouvé aucune trace. La cendre de la sueur de cheval brûlée consistait en sulfates potassique et sodique , chlorure sodique et chlo- rure potassique; elle ne contenait ni carbonate, ni phos- phate alcalins, mais une quantité considérable de phos- phates calcique et magnésique, avec des traces d'oxide ferrique. Ici encore, Anselmino a omis les sels ammoniques. C est par la présence du chlorure ammonique qu'on peut expliquer pourquoi il n'y avait pas de carbonate alcalin dans la cendre, quoique la sueur du cheval con- tînt du lactate potassique. Le but de la transpiration cutanée n'est point encore bien connu. La quantité de matières solides qui s'é- chappent du corps par cette voie se réduit à fort peu de chose, et ces matières se retrouvent en outre dans l'urine, de manière qu'on né peut pas considérer leur élimination comme étant l'objet principal. C'est surtout de l'eau que la transpiration cutanée entraîne hors de l'économie; et nous avons vu, en traitant de la chaleur animale , que la transpiration sert de régulateur pour l'abaissement de la température du corps, lorsque cette dernière a été portée à un trop haut degré par un exer- cice violent ou par la chaleur élevée de l'air ambiant. Mais la liaison intime qui existe entre la transpiration et l'état de santé prouve qu'elle a été instituée dans un autre but encore, qui nous est inconnu. Elle peut, sans que la santé en souffre, être diminuée par un refroi- IIEINS. 33 1 (llssément qui s opère d'une manière graduelle; mais lorsqu'une variation brusque de tcmpératui'e vient à l'interrompre tout à coup, il résulte de là ce que nous appelons un refroidissement , source de la plus grande partie de nos maladies , et ordinairement suivi de ce changement dans des opérations vitales nommé fièvre, qui fréquemment se dissipe avec promptitude, mais qui peut aussi, même chez des sujets jeunes et ro- bustes, entraîner la mort dans un laps de lemps fort court. Ainsi, par exemple, la suppression de la sueur des pieds, par un refroidissement subit, est une cause fréquente de mort. D'un autre côté aussi, nous voyons, dans beaucoup de circonstances, une sueur copieuse faire cesser une fièvre déjà déclarée, et rétablir la santé. Une explication exacte de ces phénomènes serait de la plus haute importance pour la médecine. B. Les reins et l'urine. Les reins. Les reins sont l'organe sécrétoire de l'urine. Us sont situés du côté du dos, près de la colonne épinière, à peu près dans le milieu de la cavité abdominale. Chez rhomnie, ce sont des corps ovales, presque de la gros- seur du poing, tapissés en dehors par le péritoine, qui s en laisse détacher assez aisément. I^orsqu'on les coupe en travers, on aperçoit qu'ils sont formés de deux couches d'un aspect différent. La couche extérieure , appelée substance corticale, semble être formée de fibres déliées et rayonnantes. Elle résulte en effet d'un assemblage de petits tubes extrêmement fins , qui la traversent de part en part. Au dessous d'elle se trouve une couche qui ressemble à une masse parfaitement homogène , mais qui est composée de tubes microscopiques , embranchés les uns dans les autres, de manière à devenir successi- vement moins nombreux et plus gros ; ce qui lui a valu OJ2 REINS. le nom de substance tahiileuse. Cette couche se termine par des éminences arrondies , qu'on appelle mamelons, et d'où l'urine suinte par plusieurs ouvertures. Chaque mamelon est entouré d'un petit sac, nommé calice , et tous les calices aboutissent à un grand sac commun, le bassinet, qui , à peu de distance du rein , se rétrécit de manière à produire un tube ou canal étroit, \ uretère, qui va s'ouvrir dans la vessie. Cette dernière est un ré- servoir dans lequel l'urine, qui coule goutte à goutte des mamelons, s'accumule, afin de pouvoir être ensuite éva- cuée tout à la fois. On peut citer, comme extrêmes, chez les mammifères, le cas des cétacés, où chaque rein est partagé en plusieurs petites glandes , dont le nombre s'élève même jusqu'à deux cents, ayant chacune leur mamelon et leur bassinet , et celui des carnassiers et rongeurs, dont les reins se terminent par un seul ma- melon , auquel le bassinet entier sert de calice. Il résulte des recherches de Jacobson que, chez les oiseaux, les reptiles et les poissons, la sécrétion de l'urine dans les reins s'effectue pour la plus grande par- tie aux dépens du sang veineux. Ces organes sont plus volumineux chez les oiseaux aquatiques que chez ceux de marécages, et chez ceux-ci que chez les oiseaux de proie , comparativement à la grosseur du corps de l'a- nimal. Dans les reptiles, ils sont la plupart du temps composés d'un grand nombre de petits reins qui ne tieiuient ensemble que par l'uretère commun. Chez les poissons, ils sont plus gros, eu égard au reste du corps, que chez les animaux vertébrés des trois autres classes, et ils s'étendent le long de la colonne épinière , depuis l'extrémité du ventre jusqu'au crâne et au dessous des arcs branchiaux; ordinairement ils sont unis ensemble soit en partie, soit dans toute leur longueur. Ils éva- cuent l'urine par une ouverture commune située derrière l'anus, et au-dessus de laquelle l'uretère offre souvent une dilatation. Jacobson a fait voir que l'organe appelé sac de la pourpre dans les mollusques gastéropodes, est, selon toute probabilité, un organe appartenant à la sécrétion urinaire. REINS. 333 L'examen du parenchyme des reins est plus propre que celui d'aucun autre organe sccrétoire, à donner une idée exacte du tissu de ces organes. Comme nous voyons les reins bouillis ou rotisqu'on sert sur nos tables, convertis en une masse dure, susceptible de se laisser couper , et ferme sous la dent, on pourrait être conduit par là à les croire formés d'une masse solide particulière, dans laquelle se- raient répandus les vaisseaux sécrétoires. Mais cette conclusion serait aussi fausse que celle qui porterait à considérer le sang comme un corps solide, parce que la chaleur le coagule et le convertit en un caillot ferme. En effet , les reins n'acquièrent cette fermeté que par la cuisson, qui coagule les liquides dont sont remplis les petits vaisseaux capillaires. Eux-mêmes sont com- posés de vaisseaux artériels, ramifiés et atténués de plus en plus, communiquant avec les conduits excréteurs, qui vont au contraire en diminuant toujours de ténuité et de nombre, sans qu'on sache encore bien quel est le mode de connexion des extrémités les plus déliées des deux ordres de vaisseaux (i). Tous ces vaisseaux tien- nent les uns aux autres par leur face externe, et foinient ainsi une masse cohérente; mais ils sont remplis d'un liquide ayant à peu près le degré de concentration du sérum de sang, etdont l'albumine se coagule dès que la température monte à '70" et au-dessus, moment à partir .duquel tout est converti en une masse solide et ferme. J'ai essayé, sur un rein de cheval, d'expulser les li- quides contenus dans les petits vaisseaux, au moyen de l'eau distillée poussée dans l'artère rénale par une liante colonne de liquide; mais je n'ai pu rétissir, cai- après que la force motrice vitale a cessé d'agir dans ces vais- seaux, leur capillarité oppose une résistance extraordi- (i) Weber admet que les extrémités sécrétantes s'ouvrent clans les dernières raniilications des conduits excréteurs, et que la sé- crétion elle-même s'accomplit à la surface de la membrane mu- queuse qui tapisse intérieurement ces derniers, de même que le suc intestinal est sécrété par la membrane muqueuse des intestins. 334 RKfNS. naire; cependant on y parviendrait peut-être par des injections avec de l'eau distillée, procédé que je n'ai pas acquis l'adresse d'exécuter. Je détachai ensuite la membrane séreuse, je coupai le rein en tranches min- ces, et je suspendis celles-ci dans de l'eau à la glace, que je renouvelai jusqu'à ce qu'elle cessât de se coloier ; de cette manière, je vidai les plus gros vaisseaux, ceux qui charrient du sang coloré; puis je broyai le rein dans une capsule de porcelaine, avec un pilon de bois. Par cette opération, les tranches se convertirent presqu'en- tièrement, à ma grande surprise, en un liquide, que je filtrai à travers un morceau de toile, et qui passa trouble. Sur la toile resta une masse fdjreuse, que je malaxai dans de l'eau pure, sans la retirer du linge, jus- qu'à ce qu'elle ne rendît plus le liquide laiteux. La matière animale solide et molle que j obtins ainsi pour résidu ne faisait qu'une partie extrêmement faible du volume du rein sur lequel j'avais opéré. Il est vrai qu'une certaine quantité avait passé très-diviséeà travers la toile, mais elle se réduisait à peu de chose. De là résulte donc que ce rein ne contenait que très-peu de substance solide, qui, comme le supposent les détails dans lesquels je suis entré précédemment, renfermait beaucoup de liquide emprisonné dans ses interstices. Nous avons maintenant à examiner la nature de cette matière solide et celle du liquide qu'elle renferme. à) Le résidu sur la toile était incolore et fibreux; il ne différait point, par son aspect, de la fdîrine du sang. Par la dessiccation , il devenait jaune et translucide. L'éther lui enlevait ini mélange de stéarine et d'élaïne, sans presqu'aucune trace d'acides gras; l'eau le ramol- lissait aisément, en lui rendant ainsi son apparence pre- mière. Voici quelles étaient ses propriétés chimiques: Soumis à une longue ébullition, il se contractait un. peu et durcissait; l'eau en avait à peine extrait quelques traces. L'acide sulfurique concentré ne le dissolvait ni ne le décomposait; il ne le réduisait pas non plus en gelée, comme la fibrine. L'acide nitrique à 1,12 de pe- REINS. 335 santeur spécifique le dissolvait à la faveur d'une douce digestion, et sans se décomposer. Une faible portion restait sans se dissoudre, sous la forme de flocons incolo- res. La dissolution était d'un jaune-pâle; saturée avec de l'ammoniaque caustique, elle devenait d'un jaune- foncé, mais sans donner de précipité. Elle n'était préci- pitée non plus ni par le cyanure ferroso-potassique, ni par l'infusion de noix de galle. L'acide hydrochlorique concentic paraissait d'abord ne point attaquer la ma- tière solide; mais peu à peu il la colorait en violet foncé, et au bout de quelques jours il finissait par la dissoudre, sans le concours de la cbaleur. La dissolution n'était point troublée par le cyanure ferroso-potassique. Quand on la saturait par l'ammoniaque caustique, qui n'y fai- sait pas naître de précipité, et qu'ensuite on l'évaporait jusqu'à sicclté, la matière animale se redissolvait, avec le cblorure ammonique, tant dans l'eau que dans l'alcool; cette matière ne devenait point gélatineuse par l'acide acé- tique concentré ; mais lorsqu'on la faisait digérer avec l'acide un peu étendu, elle se partageait en deux subs- tances, dont l'une se dissolvait dans l'acide, tandis que l'autre restait parfaitement insoluble, en conservant la forme et l'apparence de la masse primitive. La dissolu- tion évaporée à siccité laissait un résidu incolore et translucide; si l'on versait un peu d'eau froide sur ce résidu, il s'y dissolvait, mais au bout de quarante-buit heures il était pris en gelée ; celle-ci se dissolvait dans une plus grande quantité d'eau, en laissant une matière mucilagineuse,-qLii se dissolvait également lorsq.u'on chauffait la liqueur, mais qui se déposait de nouveau par le refroidissement. La dissolution ne réagissait pas à la manière des acides. Elle n'avait ni couleur, ni sa- veur, ni odeur. Le cyanure ferroso-potassique ne la précipitait pas, non plus que l'acétate plombique neutre, le sous-acétate plombique ou le chlorure mercurique. Mais l'infusion de noix de galle la précipitait sous la forme de grands flocons isolés, qui ne se réunissaient point en une masse cohérente par l'action de la chaleur. 336 REINS. L'ammoniaque caustique la décomposait, de même que l'acide acétique. Ce que l'alcali avait dissous res- tait, après l'évaporatiou de la liqueur, sous la forme d'une masse incolore, et contenait une matière soluble seulement dans l'eau chaude, en plus grande quantité que celle qui provenait de la dissolution acétique. Il s'y trouvait en outre une substance insoluble dans l'eau bouillante. La dissolution aqueuse de la masse desséchée n'avait pas de saveur, et ne l'éagissait ni à la manière des alcalis, ni à la manière des acides. Même après qu'on y avait ajouté un acide libre , elle n'était point précipitée par le cyanure ferroso-potassique, mais elle l'était pas l'acétate plombique neutre, par le chlorure mercurique et par l'infusion de noix de galle. La portion insoluble dans l'ammoniaque n'avait pas changé d'aspecl. La potasse caustique étendue la dissolvait difficilement, ou même ne la dissolvait point à froid; mais, par une douce digestion, elle la dissolvait lentement sans pren- dre de couleur et sans laisser de résidu; l'acide acéticpie ajouté en excès précipitait la portion insoluble dans ce réactif, en retenant celle qui y était soluble. J^e précipité était insoluble, tant à froitl qu'à chaud, dans un excès quelconque d'acide acétique. De ces réactions, il résulte que la matière solide cjui forme le tissu des reins n'est pas de la fibrine, et qu'elle n'en contient point non plus; car elle ne se prend point en gelée par les acides, et n'est pas précipitée par le cyanure ferroso-potassique. Elle n'est point non plus formée de tissu cellulaire, puisqu'elle ne se résout pas en colle par la dissolution. La substance dont elle se rapproche le plus, à quelques légères différences près, est celle de la tunique fibreuse des artères, et cette circonstance paraît venir à l'appui de l'opinion suivant laquelle e'ile ne serait autre chose qu'un amas de vais- ' seaux déliés. b) Le liquide séparé de la matière solide dont nous venons de nous occuper, était trouble, mucilagineux, et semblable à un lait. Chauffé presque jusqu'au point REINS. 337 (îc bouillii', il se coagula en une masse qui n'était plus fluide, et qu'il fut nécessaire de faire bouillir encore, avec une nouvelle quantité d'eau, afin de parvenir à séparer exactement le caillot du liquide. Le caillot fut bien lavé. Lorsque je voulus essayer d'extraire de la graisse de la masse humide , par le moyen de l'cther, l'albumine absorba ce réactif, et s'y gonfla, comme il arrive au blanc des œufs de poule. C'est pourquoi je fus obligé de la dessécher complète- ment avant de la traiter par l'éther. Ce dernier lui enleva alors beaucoup de graisse, qui consistait pour la plus grande partie en acides gras. Le résidu , humecté avec de l'eau, reprit son apparence primitive. Il fut dissous dans delà potasse caustique; et l'acide acétique, ajouté en grand excès à la dissolution, précipita la por- tion de la substance solide des reins insoluble dans cet acide, qui avait traversé le filtre de toile avec la li- queur; par conséquent le caillot consistait en albumine, qui avait enveloppé les portions do vaisseaux ca- pillaires des reins divisées par le broiement, et en graisse. Le liquide dans lequel s'était formé le caillot était acide. Soumis à l'évaporation, il donna un extrait jaune, mêlé de cristaux salins. L'alcool à o,833 lui enleva une matière extracliforme, acide, jaunâtre», avec du chlo- rure sodique , et la masse restante après l'évaporation de la liqueur alcoolique se comportait absoîum.ent de même que la substance correspondante qu'on obtient des liquides de la viande, et dont il sera parlé plus loin. L'acide nitrique n'y put faire découvrir aucune trace d'urée. Ce que l'alcool avait refusé de dissoudre, le fut en grande partie j^ar l'eau , qui , après l'évapora- tion, laissa une masse jaune-pàle, transparente, dure cette masse contenait des phosphates, elle précipitait abondamment par l'eau de chaux, et du reste, se com- portait exactement comme la matière correspondante qui provient des liquides de la viande. Ce que l'eau laissa sans le dissoudre, était ramolli, devenu blanc YII. 2a 338 REINS. et à demi mucilagineux ; il se dissolvait dans l'eaii chaude, d'où il élait préci{3itë ensuite par le tannin. Ces expériences font donc voir que les tubes capil- laires des reins contiennent un li(|uide très-riche en albumine et rendu faiblement acide par de l'acide lacti- que. Ce liquide n'y paraît pas tenir de fibrine en dissolu- tion; car, s'il en était ainsi, la fibrine, coagulée dans les vaisseaux peu de temj)s après la mort, aurait dû, pendant le cours de l'analyse, se dissoudre dans l'acide acétique et se précipiter par le cyanure ferroso- potassique , ce ({ui n'arriva pas. Au reste, ce liquide tenait en dissolution les mêmes matières que celles qu'on trouve dans les liquides de la chair musculaire, et probablement sur le point d'être évacuées avec l'urine. Je m'attendais à trouver aussi, dans les liquides des reins, le principe constituant qui caractérise l'iu-ine, c'est-à-dire l'urée, d'autant plus que Prévost et Dumas ont cherché à prouver qu'il ne se produit pas dans les reins, et que ces organes sont seulement la voie par laquelle il s'échappe du corps; mais il m'a été impossible d'en découvrir la moindre trace au moyen de l'acide nitrique. Prévost et Dumas extirpèi;ent les reins à des chiens, des chats et des lapins vivans, lièrent les artè- res, et traitèrent la plaie avec soin. Les animaux sur- vécurent quelques jours à cette opération, mangèrent comme auparavant, mais burent moins, et dormirent. Ils finirent cependant par être pris, du sixième au neuvième jour, d'une fièvre, qui les eideva. A l'analyse de leur sang, on y trouva de l'urée en assez grande quantité pour l'ob- tenir cristallisée, et pouvoir la comparer par l'analyse avec celle qui avait été extraite de l'urine. En même temps le sang contenait beaucoup plus d'extrait de viande et de lac- tates qu'à l'ordinaire. Il paraît résulter de ces expérien- ces que l'urée, comme l'extrait de viande, se forme partout dans le corps, et qu'elle n'est évacuée que par les reins. jMais, dans ce cas, il est difficile de concevoir pourquoi il n'y en a pas dans les liquides des reins, où l'on retrouve néanmoins les lactates et l'extrait de yiaude, URINfi. 339 qui existent également clans l'urine, et 11 n'est pas croyable que l'un des principes constituans soit évacué avec pins de rapidité que l'autre, La structure des voies urinaires a de l'analogie avec celle du canal intestinal. Les canaux qui vont des reins à la vessie sont formés d'une membrane muqueuse, entourée de tissu cellulaire et tapissée extérieurement par le péritoine. La vessie a, entre sa membrane mu- queuse et sa tunique péritonéale, une couche de fibres musculaires qui sont unies à ces deux membranes par le tissu cellulaire. Ces fibres musculaires manquent chez quelques-uns des animaux d'une organisation moins parfaite, oii la vessie n'est qu'une dilatation du conduit excréteur venant des reine. Vitrine. Tout ce (|ue les vaisseaux absorbans pompent dans le canal intestinal ou à la peau, tout ce qui, parmi les parties constituantes du corps, est devenu incapable de servir davantage, doit être évacué principalement par l'urine, qui, par cette raison, peut souvent renfermer, outre les corps qu'elle tient ordinairement en dissolu- tion, des matières accidentelles, dont l'élimination a lieu par cette voie. Aussi l'urine est-elle une dissolution très-composée et dont, par cela même, on a beaucoup de peine à connaître exactement la nature. Elle a été l'objet des travaux d'un grand nombre de chimistes. Les premières lecherches à cet égard ont été faites par Yanhelmont, qui les a consignées dans son traité de la pierre. Yingt-c'.nq ans plus tard, Brandt et Runkel dé- couvrirent dans l'urine le phosphore, qu'on peut extraire des sels de ce fujuide. Bovle fit ensuite une analyse de finine aussi exacte que le permettait la chimie de son temps; il réussit également à en retirer du phosphore, dont la préparation fut tenue secrète, et qu'un apo- thicaire de Londres reçut de lui la commission de préparer pour le vendre. A peu près dans le même 34o UftINE. temps, l'urine fut examinée aussi par Bellini, qui y trouva de l'eau , de la terre et du sel , puis par Boerliaave, dont l'analyse est un chef-d'œuvre pour l'époque. IMarg- graf fît voir que le phosphore provient, à proprement parler, des phosphates contenus dans l'urine, et dès lors tous les efforts se concentrèrent sur les moyens d'obtenir ces derniers. Pott, Ilaupt, Schlosser, Schock- witz, Bergman, Klaproth et autres entreprirent des travaux dans cette vue. Enfin , Rouelle le jeune pointa aussi son attention sur les substances organiques de l'urine, dont il fit une étude spéciale : il leur donnait la dénomination générale d'extrait savonneux de l'urine, mais il ne parvint point encore à les séparer les uns des autres; il isola les sels contenus dans l'urine, com- para l'urine de l'homme avec celle des animaux herbi- vores, et fit voir que cette dernière ne contient pas de phosphates, mais du carbonate calcique et une mati'ère analogue aux fleurs de benjoiii. Quelques années plus lard , Scheeîe découvrit que l'urine renferme du phos- phate calcique dissous dans un excès d'acide, et de l'acide urique, qui n'était point encore connu de son temps. On lui attribue aussi d'avoir avancé que l'on trouve de l'acide benzoïque dans l'urine de très-jeunes cnfans (i). Le chimiste anglais Cruikshank, ayant en- trepris l'analyse d'une urine diabétique, établit inie comparaison entre elle et l'urine rendue soit par des (i) Cette assertion de .Sclieele csl r.^pportce dans le mémoire de Foiucroy sur l'acide benzoïque contenu dans l'urine des ani- maux herbivores. La vérité est que, dans son mémoire sur l'acide des calculs vésicaux, Scheele dit avoir trouvé ce dernier aussi dans riu'ine déjeunes ciifans. Biais dans son mémoire sur les acides mali- que et oxalique, il dit avoir, pour obtenir de l'acide oxalique, traité ])ar l'acide nitrique de l'urine épaissie jusqu'en consistance siru- peuse (sans dire si c'était de l'urine liumaine), et n'avoir point ob- tenu ainsi de l'acide oxalique, mais un sIais cet inconvénient est prévenu parles /«/'wei", que sécrète une glande pai'ticulière située derrière les tégumens de l'œil, à sa partie supérieure et externe. Les larmes coulent continuellement par leurs canaux excréteurs sur la cor- née, et gagnent le bord de la paupière inférieure, qui forme une petite gouttière inclinée vers l'angle interne, où les points lacrymaux pompent ce liquide, et le con- 462 NEZ. duisent dans le sac lacrymal, d'où il se répand à la sur- face de la membrane muqueuse du nez; là il s'évapore par l'effet du renouvellement continuel d'air auquel donne lieu la respiration. U était difficile de réunir les larmes en quantité suffi- sante pour peimettre de les analyser, quoiqu'on sache que, dans les accès de chagrin violent ou de grande joie, elles sont sécrétées eu assez grande abondance pour couler des yeux, sur les joues. Fourcroy et Vauquelin sont les seuls jusqu'à présent qui les aient examinées, et, d'api'ès l'analyse que ces deux chimistes en ont faile, elles paraissent ne pas différer sensiblement de l'iiumeur aqueuse. Après avoir été évaporées, elles laissèrent envi- ron un pour cent de substance solide, principalement composée de chlorure sodique, avec une matière extrac- tiforme jaunâtie, qui n'était pas soluble en totalité dans l'eau. Fourcroy et Vauquelin ont admis que la matière animale dissoute dans les larmes, forme un mucus avant sa complète dessiccation. Ce qu'il y a de certain, c'est que, chez les hommes qui ont les points lacrymaux oblitérés, et chez lesquels les larmes coulent eontinuel- lement sur les joues, où elles s'évaporent, on aperçoit souvent une masse muqueuse avant qu'elles soient tout-à-fait sèches. Cependant ce mucus peut aussi pro- venir des glandes mucipares des paupières, les glandes de Meibomius, qui sécrètent continuellement un mucus destiné à faciliter le glissement de ces voiles mobiles sur le globe de l'œil. B. Le nez. Le nez entoure Forifice de l'organe de l'odorat, qui est répandu sur la partie moyenne de la membi'ane mu- queuse interne aj)pelée membrane de Schneider, la- quelle tapisse tous les canaux et conduits communiquant avec la trachée-artère. L'olfaction consiste dans la fa- culté de percevoir, au moyen du nerf olfactif étalé sur certains points de la membrane, les diverses impressions MITCITS NASAL. 4^3 produites par les corps gazeux qui pénètrent dans les voies aériennes pendant l'inspiialion. Par consé((uent, l'odorat est une sorte de gardien (pii veille tant à la res- piration qu'à l'appareil digestif. Mais nous ne concevons pas le moins du monde comirient cette fonction s'exé- cute, et nous ne pouvons nous faire aucune idée de la quantité de matière qui fait impression, par exemple, sur le nerf olfactif d'un chien, lorsque, dans un chemin sec, cet animal retrouve, au hout (K; plusieurs Ijeures, la trace de son maître ou d'un autre animal, et le cher- che ainsi à la piste. INous devons donc, pour ce qui concerne l'organe de l'odorat , nous horner ici à décrire le mucus cpii couvre la memhrane interne du nez. Le mucus nasal paraît être très-liquide dans les premiers momens , et ne devoir le degré de viscosité qu'ordinairement il possède à l'instant de son évacua- tion, qu'à l'évaporation produite par le renouvellement de l'air pendant la respiration, et à îa comhinaison que I alcali qu'il renferme contracte alors avec de l'acide carhonique. Lorsqu'on le filtre à travers du papier, il coule une liqueur claire, tandis que le mucus se con- centre peu à peu sur le filtre. Le liquide filtré prend une temte opaline par i'éhulliiion , et dépose une faible trace d'albumine coagulée. D'après l'analyse que j'en ai faite, le mucus nasal est composé de: Mucus particulier 5,33 Extrait solublo dans l'alcool et lactate alcalin. ..... o,3o Chlorure sodicjue et chlorure potassiciue o,56 Extrait soluble dans leau, avec des traces d'albumine et d'un phosphate o,35 Soude , combinée avec le mucus 0,09 Eau f^3,37 100,00 Parmi ces principes constituans, il n'v a i\\\^ le mu- cus qui ne lui soit pas commun avec d'autres liquides aniiraux. Les propriétés (Font il jouit sont les suivantes; II n'est pas soluble dans l'eau ; mais il peut s'y gonfler 464 MUCUS NASAL. jusqu'à devenir d'une transparence-parfaite et paraître avoir été compU'tement dissous; la liqueur file néan- moins, lors même qu'elle contient moins d'un cen- tième de mucus. Avec de l'eau pure à 35°, cet effet a lieu dans l'espace de quelques heures. Si l'on met le li([uide mucilagineux clair, mais filant, sur un filtre, il passe luie liqueur très-coulante, et le mucus reste sur le papier, où il s'épaissit peu à peu. On peut le dessé- cher et le gonfler plusieurs fois de suite, sans que ses propriétés en soient altérées; seulement il devient cha- que fois moins transparent, et il finit par prendre une teinte jaunâtre, avec l'apparence du pus. Bouilli ave^c de l'eau, il ne se contracte ni ne s'endurcit; il ne fait que se resserrer un peu, devient plus pesant, et se di- vise par l'effet du mouvement. Mais, après le refroidis- sement, on le retrouve cohérent et muqueux, comme auparavant, quoiqu'il ait un peu perdu de sa faculté de se gonfler. Le mucus sec est jaune et transparent. A la distilla- tion sèche, il donne du carhonate ammonique et de riiuile de Dippel; après la condjuslion da charbon, il reste une cendre composée de phosphate calcique et de carbonate calcique, avec une trace de carbonate so- dique. L'acide sulfurique étendu le dissout; l'acide sulfurique concentré lui donne une teinte plus foncée et le détruit. L'acide nitrique étendu le coagule superficiellement, et le rend jaune par places; après quoi il se gonfle de nouveau , et redevient aussi muqueux qu'auparavant. Lorsqu'on le met en digestion avec cet acide , la masse entière connnence par devenir faiblement jau- nâtre, après quoi le mucus se dissout, et donne ainsi naissance à un liquide coulant, presque incolore. L'a- cide acétique ie fait contracter, sans le dissoudre, même à la faveur de l'ébullition. Cet acide lui enlève une fai- ble quantité d'albumine, en raison de laquelle il prend ensuite une teinte opaline, quand on y verse du cya- nure ferroso-potassique. Ti'aité par la potasse caustique, OREILLK. CÉRUMEN. 465 le mucus commence par devenir plus muqueux , ou, comme on dit, par s'alongcr , mais plus tard il se dissout et produit un li(|ui(Ie ' coulant. I^'infusion de uoix de galle le coagule, tant lorsqu'il a été dissous dans des acides, que quand il a été gonflé par l'immersion dans l'eau. Le mucus nasal a pour destination d'empêcher que la membrane muqueuse se dessèche pendantla respiration, et de retenir la poussière qui, suspendue dans l'air ins- piré, est ensuite éliminée avec lui. C. V oreille. Nous savons également fort peu de chose sur le compte de l'organe de l'ouïe. Il ne nous est point encore donné d'expliquer comment les diverses parties dures et molles dont l'oreille interne se compose contribuent à la perception du son. Nous devons donc nous borner aussi à l'examen d'un produit très-suboixlonné, le céru- men, qui fournit un sujet particulier d'analyse chimique. Le cérumen est sécrété, à la face interne du conduit auditif externe, par une multitude de petites glandes. Dans les premiers momens de sa sécrétion , il forme un lait jaune qui, en s'épaississant peu à peu, produit une masse jaune-brunâtre et visqueuse. Il a été analysé pour la première fois par Vauquelin, qui l'a trouvé composé de 0,625 d'une huile brune, butyracée, soluble dans l'al- cool, et de 0,375 d'une matière ayant les diverses pro- priétés de l'albumine, et contenant en même' temps une matière extractiformeamère. Ces derniers doivent cepen- dant renfermer une quantité d'eau assez considérable. Quelques expériences que j'ai faites sur le cérumen des: oreilles m'ont conduit aux résultats suivans. Lors- qu'on le traite par l'éther , il s'y gonfle un peu , et l'é- ther en extrait une graisse, qui le colore à peine. Si l'on distille la liqueur éthérée sur de l'eau, la graisse reste à la surface de cette dernière, qui n'en dissout pas la plus petite pafcelle. Cette graissea la consistance de celle VII. 3o 466 CÉRUMEN. d'oie ; elle ne rougit pas le papier de tournesol , fond ai- sément, devient par la fusion transparente et un peu jau- nâtre, mais reprend sa teinte blanche et son opacité par le refroidissement. Elle contient de la stéarine et de l'é- laïne, séparables par L'alcool. Elle est facile à saponifier; le savon qu'elle donne exhale une odeur forte et dés- agréable, semblable à celle de sueur que répandent les habits qui ont été portés long-temps; il a aussi une saveur très-analogue à cette odeur. IN'ayant point assez de cérumen à ma disposition, je n'ai pudéterminerce qu'é- tait cette matière qui se forme pendant la saponification. Lorsqu'on décompose le savon par l'acide hydrochlori- que, les acides gras se séparent sous la forme d'une pou- dre blanche, qui ne gagne que difficilement la surface, et qui fond dans la licjueur à environ 4^". Le cérumen, épuisé par l'éther, colore en jaune-brun l'alcool par lequel on le traite. La liqueur alcooli(jue éva- porée laisse une matière extractiforme, d'un jaune-brun, complètement soluble dans l'eau, qui, après l'évapora- tion de la dissolution aqueuse, reste sous la forme d'un vernis jaime-foncé, transparent, très-brillant. Cette ma- tière a les propriétés suivantes. Sa couleur est le jaune- brun foncé. Elle a une transparence parfaite, sans la moindre apparence de cristaux mêlés avec elle. Elle est inodore, mais douée d'une saveur extrêmement amère et répugnante. A l'air, elle se ramollit et devient vis- queuse, comme de la térébenthine. Quand on la brûle, elle exhale une forte odeur de matière animale brûlée, et laisse une cendre composée de carbonate potassique et de carbonate calcique. Sa dissolution dans l'eau est jaune, et ne précipite pas par le nitrate argentique, sur- tout lorsque ce dernier contient un léger excès d'acide, ce qui prouve qu'elle ne renferme aucun chlorure. Au contraire, l'acide oxalique en précipite de l'oxalate cal- cique. Le nitrate plombique neutre précipite la matière amère jaune, d'une manière si complète que la liqueur se décolore, et qu'après la filtration elle ne trouble plus le sous-acétate plombique. Le chlorure stauneux la précipite CÉRUMEN. 4^7 complètement aussi; mais elle n'est point précipitée par le chlorure mercuricjue, et ne l'est que d une manière insignifiante par la teinture de noix de galle. Ces réac- tions annoncent que l'extrait alcoolique contient une matière extractifornie particulière, anière, précipifable par l'acétate plonibique, et qui est niclée avec des sels potassique et calcique dus à un acide combustible, pi'obab+éinent à de l'acide lactique. La portion du cérumen qui est insoluble dans l'al- cool donne, lorsqu'on la met en digestion avec de l'eau, une très-petite quantité d'une matière jaune-pale, qui reste après Tévaporation de l'eau. Cette matière a une saveur piquante, qui n'est pas sans analogie avec celle de la matière qu'on obtient par le même j)rocédé des autres liqueurs du corps. Mais elle diffère de cette dernière en ce qu'elle n'est piécipitée ni par l'eau de chaux, ni par le sous-acétate plonibique, ce qui prouve l'absence de phosphates et de chlorures, ni par le chlo- rure mercuricjue ou l'infusion de noix de galle. Ce qui reste après le traitenient du cérumen par l'eau, en constitue, avec la graisse, la plus grande par- tie. Traité par l'acide acéticjue, ce résidu se gonfle et devient gélatineux; mais quand on étend la masse avec un peu d'eau, l'acide, même après plusieurs semaines de digestion, n'en dissout qu'une certaine quantité. La dissolution est jaunâtre, et, après avoir été soumise à révaporation, elle laisse une masse insoluble dans l'eau, mais sohd)le dans l'acide acétique étendu , dissolution qui précipite par le cyanure ferroso-potassique, la po- tasse, etc., et qui donne à connaître par là qu'elle contient de l'albumine. Cependant le précipité produit par le cyanure ferroso-potassicjue est plus floconneux que celui qij'on obtient en traitant l'albumine par ce réactif , et , après la précipitation, la liqueur retient en- core une matière précipitable par l'infusion de noix de galle. La quantité de la portion du cérumen qui ne se dis- sout pas dans l'acide acétique est beaucoup plus con- 3o. 468 ClÉRUMEÎf. sidérable que celle qui s'y dissout. Elle consiste en une masse brunâtre, niuciiagineuse, translucide, qui tombe aisément au fond du vase, où elle se rassemble. Si l'on verse dessus de la potasse caustique, et qu'on fasse di- gérer le tout à une température de 36 à l[0° , il ne s'en dissout que très-peu. La dissolution est jaunâtre; elle ne donne pas de précipité quand on la sature avec de l'acide acétique, et le cyanure ferroso-potassique ne pré- cipite rien de la liqueur acide, mais l'infusion de noix de galle y fait naître un précipité abondant. La potasse avait, par conséquent, dissous une matière qui n'élait point de l'albumine, mais dont je ne connais pas la vé- ritable nature. Ija portion insoluble dans la potasse caustique éten- due exbale, quand on la brûle, l'odeur des matières animales brûlées, et laisse une faible quantité de cendre alcaline. Bouillie avec une dissolution très-concentrée d'bydrate potassique, elle colore la liqueur en jaune- brun, et répand l'odeur de la corne exposée au même traitement. Une petitequantité se dépose au sein du liquide sous la forme d'une masse glutineuse. C'est une combi- naison avec de la potasse, qui est insoluble dans la lessive alcaline, mais soluble dans l'eau. Ces réactions ressemblent à celles de la substance cornée: cependant la matière provenant du cérumen des oreilles diffère de cette dernière, en ce que la dissolution potassique n'est troublée que d'une manière insignifiante par l'acide hydroclilorique, et en ce que la dissolution acide ne l'est point par le cyanure ferroso-potassique, tandis qu'elle l'est à peine par l'infusion de noix de galle. D'après ces recbercbes , le cérumen des oreilles est une combinaison émulsive d'une graisse molle et d'albu- mine avec une autre matière de nature certainement particulière, un extrait jaune, fort amer, soluble dans l'alcool, une matière extractiforme soluble dans l'eau, et des lactates calcique et alcalins, mais elle ne contient aucun cblorure, ni aucun phospliate soluble dans l'eau. Le cérumen paraît avoir pour usage d'empêcher les ORGANES DU MOUVEMENT. OS. 4^9 insectes de pénétrer clans le conduit auditif externe, soit parce qu'il les retient en vertu de sa viscosité , soit par- ce que son principe amer leur inspire de la répugnance. Quelquefois il s'amasse en quantité, s'endurcit, et cause la surdité, en bouchant le conduit auditif. Dans \m cas pareil, on le ramollit aisément, en versant dans le conduit un mélange d'huiles de térébenthine et d'o- live, qui rend la graisse liquide. Quant à ce qui concerne les organes du goût et du toucher, sltuéssur la langue etsur la peau , ils n'offrent rien à l'analvse chimique dont je n aie déjà parlé pré- cédemment. VI. Les organes du uiou^ement. Les organes des mouvemens, chez les animaux, sont principalement les muscles, qui les produisent. IMais, comme les muscles sont des corps mous, ils n'auraient pas pu remplir seuls toutes les conditions qu'exige le mouvement d'un animal. C'est pourquoi ils sont accom- pagnés des os, sur lesquels ils exercent leur action ; des cartilages et des ligamens, qui unissent les os les uns aux autres, de manière à les laisser plus ou moins mobi- les ; enfin des tendons, auxquels ils s'insèrent, quand ils ne s'implantent pas immédiatement sur les os qu'ils sont destinés à mouvoir. En même temps que ces divers organes j'examinerai aussi non seulement le tissu cellulaire, qui est entrelacé avec les muscles, et qu'on peut considérer comme la matière enveloppante de toutes les parties du corps, mais encore la graisse, que ce tissu renferme sur un très- grand nombre de points. A. Les os. Les os forment la charpente ou ce qu'on appelle le squelette du corps, qui renferme les autres parties, ou auquel elles sont suspendues. 470 os. A l'extérieur, les os sont revêtus d'une membrane à laquelle on donne le nom de péî'ioste^ qui consiste en un tissu serré et donnant de la colle, de manière qu'elle se résout en gelée par l'ébidlition avec de l'eau. On connaît les qualités extérieures des os. Ils ne sont pas compacités dans toute leur masse. Les os longs for- ment des tubes intérieurement tapissés d'une sorte de périoste, qui a la même composition que le périoste ex- terne, mais qui joue un rôle plus important encore pour la vie des os. Les os plats, de même que les os courts et épais, offrent, à leur surface, une masse osseuse d'un tissu dense, tandis que leur intérieur présente une cavité divi- sée err petites cellules par de minces cloisons osseuses. Quant à ce qui concerne la composition des os, nous avons à considérer deux parties principales qui les con- stituent, la partie vivante, ou le cartilage osseux, et la partie inorganique, ou les sels terreux des os. On obtient le cartilage osseux^ en suspendant les os dans un gi-and vase plein d'acide bydrocldorique très- étendu, et laissant le tout dans un endroit où la tempé- rature soit basse, par exemple à 12 degrés environ et au-dessous. L'acide dissout les sels terreux des os, sans attaquer sensiblement le cartilage, qui , au bout de quel que temps, reste mou, translucide, et ayant conservé la forme de l'os. IjOrsque l'acide s'est saturé avant d'avoir exti'ait tous les sels terreux, il faut le renouveler. On sus- pend ensuite le cartilage dans de l'eau froide, que l'on renouvelle fréquemment, jusqu'à ce qu'elle ait enlevé toute la liqueur acide. Par la dessiccation , le cartilage se resserre un peu sur lui-même, et prend une teinte un peu plus foncée, mais sans perdre sa Iranslucidité. Il de- vient en même temps dur, et susceptible de se casser, quand on le ploie; mais il jouit d'une grande force. Ce cartilage est composé en totalité d'un tissu donnant de la gélatine. Par la coction avec de l'eau, il se convertit très-promptement en une colle qui, lorsqu'on la filtre, passe claire et incolore, laissant sur le filtre une petite quantité de matière fibreuse, qu'on ne parvient point os 471 à dissoudre en la faisant bouillir de nouveau avec de l'eau. Cette matière est procliiitt; par les vaisseaux qui pénètrent le cartilage et amènent la nourriture à Tos. On peut observer tous ces pbénoniènes d'une manière fort instructive, en faisant macérer un os dans de l'a- cide bydrocblorique étendu , jusqu'à ce qu'il ait perdu environ la moitié de ses sels, le lavant ensuite avec de l'eau froide, puis versant de l'eau bouillante dessus, et laissant le tout tranquille pendant vingt-quatre beu- res, à une température que l'on entretient constam- ment entre 90 et 100°, sans l'élever jusqu'au point de faire bouillir le liquide. Le cartilage, qui a été dépouillé de sels terreux, se dissout; mais les petits vaisseaux qui sor- tent de la portion non décomposée de l'os restent sous la forme d'iuie plucbe blancbe, l'eau n'ayant subi aucun mouvement capable de les froisser et de les bri- ser. On peut alors les reconnaître aisément à la loupe; mais le moindre attoucbement les décliire, et les fait tomber au fond du vase, sous la forme de précipité. Si l'on traite les os par de l'acide bydrocblorique étendu et cbaud, de manière à accélérer la décomposi- tion, une partie du cartilage se dissout dans l'acide, avec dégagement visible de gaz acide carbonique, qui brise la masse intérieure, de sorte que, quand l'os est à moitié ramolli, il commence à se diviser en lamelles fi- breuses, séparables dans le sens de leur longueur. Sui- vant Marx, ces lam.elles, lorsqu'elles sont assez minces, ont, comme les paillettes de mica, la propriété de pola- riser la lumière, pbénomène qui devient plus beau en- core lorsqu'on les imbibe d'buile volatile d'écorce de laurus cassia. Le cartilage osseux se forme avant que les sels terreux y soit déposés. Les os longs sont alors massifs, et ils ne deviennent creux qu'à mesure ([ue les sels terreux s'y dé- posent. Chez l'enfant qui vient de naître, il y a encore une grande partie des os qui n'est remplie que partiel- lement de ces sels. Leur dépôt dans le cartilage s'opère à partir de certains points invariables , qu'on appelle 47^ os. points (V ossification^ et commence à une certaine époque après la conception, de sorte qu'on peut calculer l'âge du fœtus d'après les progrès qu'il a faits. Les sels terreux des os se composent principalement de phosphate et de carbonate calciques, en proportions relatives variables chez les divers animaux, et mêlés avec de petites quantités, également variables, de phos- phate magnésique et de fluorure calcique. Ce fut J. C. Gahn qui découvrit que le phosphate calcique fait la base des sels terreux des os; mais il ne communiqua cette découverte qu'à Bergmann et àScheele. Lorsque Scheele, quelque temps après (l'y'yi), publia sa découverte de l'acide fluorique, il dit en passant que, d'après une observation faite depuis peu, le sel des os est composé de chaux et d'acide phosphorique. C'est ce passage qui lui a fait attribuer pendant long-temps une découverte qu'il ne songeait certainement point à s'ap- proprier. Trente ans après, Morichini a trouvé que l'ivoire fossile et l'émail des dents contiennent du fluorure cal- cique, et Fourcroy et Vauquelin constatèrent la présence du phosphate magnésique. Le moyen le plus facile pour se procurer les sels terreux des os consiste à brûler ces derniersjusqu'à blanc; mais le résidu terreux qu'on oblient de cette manière contient des substances qui n'existaient point auparavant dans les os, ou qui ne faisaient pas partie de leurs sels terreux, comme, par exenqole, du sulfate sodique, formé aux dé- pens du soufre des os, et du carbonate alcalin, prove- nant également du cartilage avec lequel il était combiné. D'un autre côté, la plus grande partie de la chaux a perdu son acide carbonic|ue. Comme l'acide sulfurique est un produit de la combustion, on voit qu'une disso- lution acide d'un os frais dans de l'acide hydrochlorique, ne précipite point par le chlorure barytique, et la quan- tité de la soude fait aisément voir qu'elle ne provient point des liquides des os. Quand on réduit en poudre un morceau d'os bien nettoyé et sec , qu'on en dissout la moitié dans de l'acide os. 4^3. liydrochiorique , en se servant d'un appareil disposé de manière à permettre de déterminer, par le poids, la perle due au gaz acide carbonique qui se dégage, qu'on brûle l'autre moitié, et qu'on y détermine laquantité dt; chaux libre, c'est-à-dire la quantité de chaux qui n'est point combinée avec de l'acide phosphorique, on trouve que les poids de ces substances sont dans le même rap- port que dans le carbonate calcique. Le phosphate calcique contenu dans les sels des os est un sous-phosphate à un degré tout particulier de sa- turation (Ca^'P^), dop.t j'ai déjà parlé, tom.IV, p. 72, et que l'on obtient toujours quand on précipite le phos- phate calcique par un excès d'ammoniaque. Fourcroy admettait aussi du phosphate ferrique dans les os, parce que le précipité qui a lieu quand on précipite par l'am- moniaque une dissolution d'os frais dans l'acide hydro- chlorique se charbonne d'abord et bleuit ensuite quand on le brûle. Le fait est parfaitement exact, mais il tient à une certaine quantité de matière animale qui se pré- cipite avec le sel terreux, et qui se charbonne pendant la combustion. Quant à la couleur bleue, comme elle disparaît complètement par l'action du feu, elle paraît dépendre ou d'un faible résidu de charbon, ou d'une pe- tite quantité d'outremer artificiel, formé d'alcali et du soufre de la matière animale. Lorsqu'on mêle des os calcinés, dans une cornue, avec de l'acide sulfurique étendu d'un poids d'eau égal au sien, et qu'après la cessation de l'effervescence on distille la totalité de l'eau dans un récipient luté avec la cor- nue, on obtient dans ce dernier une li([ueur qui rougit le papier de tournesol et contient de l'acide hydrofluo- rique. Si, après avoir décanté cette liqueur, on dessèche le récipient à la chaleur, on trouve que l'acide hydrofluo- silicique en a attaqué le poli, dont la destruction indique partout les points sur lesquels ont coulé les gouttes con- densées de cet acide. La quantité du fluorure calcique n'est pas considérable dans les os. La manière dont je 474 os. m'y suis pris pour le déterminer, dans des travaux déjà anciens sur la composition des os, donne un résultat inexact. Je croyais avoir trouvé que les os contenaient 1 pour cent de fluorure calcique , mais c'est certaine- ment trop. Pour séparer la magnésie que contiennent les os, on les dissout dans l'acide nitrique, après les avoir brûlés, on sature la dissolution avec de l'ammoniaque, autant qu'il est possible de le faire sans produire de précipité, et on précipite ensuite l'acide pliospborique par l'acétate plombique. La liqueur filtrée est débarrassée du plomb par le sulfide bydi-ique, saturée avec de l'ammoniaque, et précipitée par l'oxalate ammonique, qui sépare la cbaux ; on la filtre, puis on l'évaporé jusqu'à siccité, et on fait rougir la masse, qui, traitée ensuite par l'eau, laisse un résidu de magnésie pure. Quelquefois on trouve dans ce résidu des traces d'oxide ferrique et d'oxide man- ganique, mais toujours très-faibles; le fer provient évi- demment alors du liquide contenant de la matière colo- rante du sang qui existe dans la partie spot)gieuse des os, et qui ordinairement aussi colore ces derniers en jaune quand on les brûle. J'ai analysé des os d'hommes et de bétes à cornes, après les avoir dépouillés de toute graisse et de tout pé- rioste, et les avoir dessécliés à la chaleur jusqu'à ce qu'ils ne perdissent plus de leur poids. Voici quelle était leur composition : Os d'iiomme. Os de bœuf. Cartilage, complètement soluble dans l'eau. 32,17) 000 Vaisseaux 1,13 j ' Soiis-phospliate calcique, avec un j)eu de fluorure calcique 53,o4 57)35 Carbonate calcique. ... ; 11, 3o 3,85 Phospiiate magnésique (1) 1,16 a,o5 Soude, avec très-peu de chlorure sodique. 1,20 3,45 100,00 100,00 (i) Il n'est pas certain que la magnésie soit à l'état de phos- os. 47 5 La différence la plus essentielle dans la composition de ces os consiste en ce que ceux d homme contenaient trois fois autant de carbonale calci(|ue que ceux de hœuf , qui étaient plus riches en phosphates calcique et niagnésique dans la même proportion. Fernandez de Barros a établi une comparaison entre les quantités de phosphate et de carbonate calciques dans les o&dc divers animaux. Il a trouvé dans 100 parties de sel terreux des os des animaux suivans : Pliosphatc calcique. Carbonate catciiiae. Lion 95,0 2,5 Brebis 80,0 19,3 Poule 88.9 10,4 Grenouille Q^i^ 2,4 Poisson 9 '^9 ^'"^ 11 nous manque encore une comparaison pins étendue et plus complète entre des animaux d'espèces différentes. Pour établir un parallèle de ce genre, il faut que les os dont on se sert soient frais, dépouillés de graisse et de moelle, et qu'avant de les peser, pour les soumettre à l'analyse, on les fasse sécher au bain-marle jusqu'à ce que leur poids ne diminue plus. «Sans ces précautions, leur humidité naturelle et la graisse qui les imbibe pourraient être comptées comme cartilage, circonstance qui certainement a déjà plus d'une fois été cause qu'on a évalué trop haut la (juanlité de matière organique contenue dans les os. Il faut se rappeler en outre, lors- qu'on détermine la quantité de cette matière par la perte à laquelle la combustion donne lieu, que, (juand on brûle phate niagnésique dans les os. Il est probable qu'elle ne s'y trouve qu'à celui clu carbonate, et que le résultat indiqué tient à la mé- thode analytique, car la maijnésie se précipite avec l'acide phos- phorique et l'ammoniacpie à l'état de sel double, lors même que la liqueur contient plus de chaux que l'acide phosphorique ue peut en saturer. 47^ os. les os, le charbon réduit le carbonate calcique en chaux vive à une température sous l'influence de laquelle, sans lui , l'acide carbonique ne pourrait être dégagé. De là résulte que, quand on na pas soin de déterminer à combien s'élève l'acide carbonique dans les os brûlés, d'évaluer la quantité de cet acide qui s'est dissipée, et de l'ajouter à l'autre, on estime aussi trop haut celle du cartilage. Les différences qu'on a trouvées jusqu'à présent dans la composition des os appartenant à des animaux de classes différentes sont les suivantes : Barros a trouvé que le cartilage des os de poule n'é- tait pas soluble entièrement dans l'eau, et laissait un résidu insoluble, qu'il compare à la fibrine du sang. Il a reconnu que, chez les reptiles et les poissons, fa ma- tière organique des os se rapportait moins au cartilage qu au tissu particulier cpii , sans contenir des sels ter- reux des os, forme les os des poissons cartilagineux (i). On sait que les poissons se partagent en ceux qui ont des sels terreux dans leurs os [poissons osseux)^ et en ceux qui n'en ont Y>'^\\il[poissojis cartilagineux^. Les premiers ont moins de sels terreux, proportionnellement à la matière organique, que les mammifères , les oiseaux etles reptiles : aussi leurs ossout-ils en général très-flexi- bles. D'après l'analyse de Duménil , les os de brochet contiennent : matière animale ^7,36 , phosphate calcique 55, q6, carbonate calcique G,i6, traces de soude, de cblorures et de phosphates (et perte) 1,22. Chevreul a trouvé dans le crâne du cabliau : matière animale et humidité 43,94, phospbate calcique 47,96, carbonate calcique 5,5o, phosphate magnésique 2,00, sels sodiques, principalement chlorure sodicjue, 0,60. Dans l'autre série de la classe des poissons, les os sont composés d'une matière animale ferme et particulière, qui ne contient pas de dépôt calcaire. Les seules recherches (i) Je regrette de ne connaître le travail de Barros qu'en ex- trait. DKNTS. 477 que nous ayons jusqu'à présent surcette matière sontcelles (îeChevreiil sur une grande es[)èce de squale [squalus peregrinus , Blainville]. Cotte matière osseuse est demi- transparente, bleuâtre et flexible : ou peut la couper en lames très-minces: fraîche, elle est inodore; mais avec le temps elle acquiert une odeur désagréable de poisson. Sous le rapport de ses propriétés chimiques, elle a plus d'analogie avec le mucus qu'avec toute autre substance. Elle se gonfle peu à peu dans l'eau chaude, devient transparente, et disparaît pour l'œil, comme si elle s'élait dissoute; mais elle exige, pour se dissoudre, 1000 fois son poids d'eau bouillante. Sa dissolution n'est point précipitée par l'infusion de noix de galle, et ne donne pas de gelée quand on l'évaporé. La matière dissoute n'est par conséquent ni de l'albumine ni de la colle. Fraitée par l'alcool, cette matière se resserre et devient moins transparente, l'alcool lui enlevant une graisse li- cjuide. Les acides, principalement l'acide hydrochlorique, la dissolvent aisément, et la dissolution est coagulée par le tannin. Les os de ces poissons sont donc formés d'une matière de nature chimique toute particulière, et ils mé- riteraient un plus ample examen, surtout si l'expérience confirmait que cette même matière remplace le cartilage osseux chez les poissons qui ont des sels terreux dans leurs os. Autant qu'on a pu le savoir jusqu'à présent, tous les os, soit compactes, «oit cp|lu!eux, ont la même compo- sition dans le corps d\m animal : les dents font cepen- dant exception sous ce rapport. Les <:/e/z^j> sont enclavées dans les mâchoires. Elles secom- j)Oscnt de deux parties, la couronne, qui fait saillie hors de la mâchoire, et la racine, qui est engagée dans cet os, et tantôt simple, tantôt divisée. Au lieu de périoste, la couronneest recouverte cfunenduitdur, blanc etbriilant, qu'on appelle émail, et qu'on peut cousidérer comme une matière morte, car il est tout-à-fait inorganique, et ne se reproduit pas quand il a été enlevé ou usé. Chez les ruminanS;, l'émail n'est point étalé sur la surface des 47^ DENTS. dents, mais plongé dans leur intérieur sous la forme d'une lame onduleuse. L'émail qui revêt l'extérieur d^es dents est d'un blanc pur, et plus épais que partout ail- leurs au sommet de la couronne, point à partir duquel il va toujours en diminuant, de manière à se terminer par une couche très-mince dans l'endroit où la dent tient h la mâchoire. Lcà connnence une lamelle dont la nature se rapproche plus de celle des os que le périoste des autres os du corps, et qui ne devient bien apparente qu'après quelque temps d'immersion dans un acide; alors en effet on peut la racler, et la racine de la dent, qui auparavant était l'aholeuse, paraît lisse et brillante. Lorsqu'on expose des dents à une température d'environ 120^', de manière à sécher l'émail, sans que la masse denlaire elle-même perde son humidité, on parvient à détacher cet émail avec des pinces tranchantes de l'os dentaire qui, ainsi dépouillé, ressemble à un bouton lisse et arrondi , portant cependant encore des traces bien sensibles des inégalités que la dent présentait à l'ex- térieur. Si ensuite on dessèche cet os à la même tempé- rature, il devient, en [)erdant son eau, beaucoup plus cassant qu'il ne l'était dans l'état humide. (Chaque dent contient une petite cavité remplie d'une niasse organique de vaisseaux et de nerfs, qui y pénètrent par des ouvertures dont l'extrémité de la racine est per- cée. C'est cette partie organique qui forme primitive- ment la dent, qui lui apporte continuellement de la nouri'iture, et qui est le siège des douleurs si vives du mal de dents. Email. Sa cassure transversale est cristalline et fibreuse. Au côté interne, celui qui repose sur l'os den- taire, il est jaunâtre. Quand on le dissout dans des acides, il ne lai.^so pas de cartilage, mais seulement un tissu membrruieux brun et très-peu considérable, qui pro- vient de sa face interne. Rougi au feu, il ne noircit pas en dehors, et n'acquiert qu'une teinte noire extrême- ment faible à l'intérieur, mais répand une odeur un peu ammoniacale, et ne perd pas 2 pour cent de son poids, DENTS. 479 si l'on avait eu soin de le bien sécher. D'après cela , on voit qu'il ne contient pas (le matière animale essentielle. L'émail des dents de bœuf est beaucoup plus facile à séparer de l'os dentaire, après la dessiccation, que celui des dents de l'iiomme. Sa cassure transversale offre des rayons obliques. Il ne contient pas plus de matière or- ganique que celui des dents de l'homme. D'après la ma- nière dont il est engagé dans la dent, on voit qu'à mesure que celle-ci s'use par l'effet de la mastication, Tos se détruit à une plus grande profondeur que l'émail , en sorte que la surface triturante dé la dent reste toujours sillonnée, disposition favoiable au broiement des ali- mens. Dans le bœuf, les principes constituais du sel ter- reux de rémail ressemblent à ceux des autres os du corps, sous le rapport de leurs quantités relatives , ce qui n'a pas lieu chez l'homme. Jai analysé Témail des dents d'homme et de bœuf, et l'ai trouvé composé comme il suit : Email J'hoiiiinc. Émail de breiif. Phosphate calcique, avec fluorure calcique 88,5 85, o Carbonate calcique 8,0 7,1 Phosphate magnësique i,5 3,o Soude, » 1 ,4 Membranes brunes, tenant à l'os dentaire, alcali, eau 2,0 3,5 100,0 100,0 Os dentaire. Dans l'état sain , l'os dentaire de l'homme a une sorte de transparence cornée sur les bords minces, et une grande cohérence. Après avoir été complètement desséché, il devient plus dur et plus cassant, et acquiert une cassure longitudinale presque vitieuse; mais sa cas- sure transversale est plus inégale, et il faut employer plus de force pour la produire. Il contient du cartilage osseu.x, mais moins que les autres os, et le sel tei-reux, que ce cartilage renferme, diffère chez l'homme de celui des autres os, sous le rapport de la composition. Dans le bœuf, l'os dentaire est formé de couches minces, 48o DENTS. dont l'épaisseur n excède pas beaucoup celle de l'émail qui les garnit des deux côtés, et laisse entre chaque couche des cavités en forme de tube dans la dent , sur le côté interne de laquelle il forme de petites élévations rondes et mamelonées. Il contient plus de cartilage que celui de l'homme; et, comme chez ce dernier, les prin- cipes constituans du sel terreux y sont , les uns par rapport aux autres, dans une proportion différente de celle qui a lieu pour les autres os. J'ai trouvé la composition siiivante pour l'os dentaire : Homme. Boeu{. Cartilage et vaisseaux 28,0 3 1,00 Phosphate calcique, avec fluorure calcique 64,3 Carbonate calcique 5,3 Phosphate magnésique 1,0 Soude, avec lui peu de chlorure sodique ] ,4 63,i5 1,38 2,07 2,4o 100,0 100,0 Lassaigne a analysé les dents de plusieurs animaux. Il a déterminé la quantité de matière animale par la calcination. Yoici ses résultats réduits en tableau : DE>TS DES ANIMAUX. D'cui enfant d'un joiH' D'un enfanl de six uni L)'un homme aUulle D'un vieillard de qualie-vingi IJ'une uiomie d'Egypte l'ents (le devant d'un lo|)in.. Molaires d'un lapin Molaires de rat Molaires de sanglier Uéfenses de sanglier Défenses d'hippopotame. . . . Dents de devant du cheval. . Molaires du cheval Dents de devant du bœuf . . . , Dents d*oryctérope Dents de gavial Dents de couleuvre à collier. Crochets n venin de vipère. . Dents de carpe. Dents de requin JIATIKRE organiciue. .3.5 2S,57 •29 33 29 31,2 28,5 30,6 29,4 26.8 25,1 31,8 29 I 28 27.3 30,3 30 21 35 33,5 rHO.SPHATE calcique. CARBONATE calcique. 51 14 60,01 1 1 ,42 61 10 66 1 55,5 15,5 59,5 9,3 63,7 7,8 65,1 5,3 63 6,8 69 4.2 72 2,9 58,3 10 62 8,9 64 8 65,9 6,8 61,6 8,1 76.3 3,2 73,8 5, 49 16 52,6 13,9 MALADIKS DKS 0.1. 4dt 11 a trouvé dans les dents de roniithor1iyn(|uc pr^s de t)f),5 d'une masse cornée, et o,5 do sels calciqnes. Les os sont exposes à diverses maladies, qui entraî- nent (les cliangeniens dans leur composition, dont on s'est fort pi'U occupé jusqu'à présent. L'une de ces ma- ladies,'! hujuclle on donne le nom iV osléomalacie ^ con-^ siste en ce que les os perdent leurs sels terreux, et ne sont plus formes (|ue de cartilage. TIs deviennent mous et flexibles, ne supportent plus le poids du corps, et se cassent aisément. Les malheureux atteints de cette affec- tion périssent faute de soutien et de protection pour les parties internes de leur corps. Bostock a trouvé dans une colonne vertébrale ainsi ramollie : cartilage et graisse 79,75, phosphate calcique i3,6o, sulfate (?) calcique, l^^'jo^ carbonate calcique 1,1 3, phosphate ma- gnésique 0,82. Il arrive cjuelquefois qu'un os se développe, sur un point de son étendue, en une masse qui prend continuel- lement de l'accroissement, mais dont cependant la com- position est prescjne la même que celle du reste de l'os. Parfois aussi, on voit se former sur les os des tubercules volumineux qui ne s'accroissent plus. Ces masses, appe- lées exostoscs ^ contiennent , d'après Lassaigne, plus de cartilage et de carbonate calcique que les os ordinaires. Lorsque les os se cassent, ils reprennent par un pro- cédé , qui cousiste en ce que le tissu cellulaire se réu- nit avec les portions déchirées du périoste, et forme une masse qui enveloppe les bouts de la fracture. Cette masse finit par devenir plus solide, et par produire un cartilage qu'on nomme cal. Peu à peu, (\ei^ sels calriques s'y déposent, en laissant au centre un canal qui se conti- nue avec celui de l'os. Enfin, il se forme un véritable os, qui fait corps avec le reste. La transformation en os s'opère du dedans au dehors. Tant que le cartilage pré- domine encore dans le cal, la proportion du carbonate calcique est moindre relativement à celle du phosphate, suivant Lassaigne, tandis qu'ensuite, à mesure que l'os- sification fait de* progrès, le rapport change, jusqu'à VII. 3i ijÔi os FOSSILES. ce qu'il ait fini par arriver aux conditions ordi- naires. Quand on mêle de la garance (i) avec la nourriture d'un animal, et que l'on continue pendant long-temps à en agir ainsi , la niasse entière des os se colore de part en part en rouge, qui finit par prendre une teinte fon- cée. Vient-on à suspendre l'usage de la garance, les os reprennent avec lenteur leur couleur natiuelle. La cause de ce phénomène tient à la grande affinité du principe colorant de la garance pour le phosphate calcique, qui, lorsqu'on le précipite d'une dissolution teii;te par cette matière, l'entraîne avec lui, h l'état d'une combinaison que l'eau ne décompose point. Le principe coloi-ant de la garance, bien que peu soluble dans l'eau, est cepen- dant dissous en abondance par les liquides albumineux; il passe dans le sang, et les sels calciques qui se déposent dans les os régénérés par ce dernier, deviennent alors rouges. Les os sont du nombre des parties animales qui se conservent le plus long- temps sans éprouver de change- ment, et, lorsqu'ils ne sont point exposés à l'humidité, on peut les considérer comme presque aussi indesti'uc- tibles que des corps inorganiques. Nous avons des dé- bris d'os d'animaux, perdus, dont le cartilage est encore dans un état qui permet de le réduire en gelée. La plu- part des dents fossiles, qui ont été longtenq:)s soumises, dans la terre, à des alternatives de sécheresse et d'hu- midité, ont cependant perdu la plus grande partie de leur matière animale. Quoi qu'il en soit, quand on brûle, par exemple,- des molaires fossiles d'éléphant, la sub- stance osseuse devient noire et charbonnée, par la com- bustion de la matière animale qui s'y trouve encore, tandis que l'émail qui l'entoure reste blanc , comme celui d'une dent de bœuf. Gimbernat dit avoir préparé, avec des dents de mammuth de l'C^hio, de la gelée pou- (i) On assure que les racines de phisieurs espèces de gahum possèdent la même propriété. os FOSSILES. 483 vaut servir d'aliment. Les animaux auxquels apparte- naient ces dents ont vraisemblablement élé détruits par la révolution qui a fait naître l'ordre de cboses actuel à la surface de la terre. Les os d'hommes et d'animaux qu'on tire des catacombes de l'Egvpte , conservent encore , après trois mille ans, tout le cartilage qu'ils conte- naient autrefois. Les os fossiles d'une gigantesque espèce d'élan, aujourd'hui anéantie, qu'on trouve en Irlande, ont été analysés par Apjolm et Stokes, qui ont reconnu que, traités par l'acide hydrochloriqiie, ils laissaient un cartilage parfaitement constitué, s'élevant à 4^'>^7 pour cent du poids des os, dans lesquels il y avait en outre 43,45 de phosphates calci(|ue et magnéslque, avec du fluorure calcique, 9,1 i de carbonate calcique , 1,02 d'oxide ferri(|ue, et i,i4 de silice (perte 2,38). Las- saigne a trouvé dans des dents d'ours fossile Cursus spe- lœus) 14 cl« cartilage, 70 de phosphate calcique, et j6 de carbonate calcique (i). Cependant les plus anciens os fossiles ne renferment plus la moindre trace de ma- tière organique, que remplacent des substances étran- gères, infiltrées par la suite des temps; les os sont alors à l'état de pétrification. D'après une analyse de Lassai- gne, des dents fossiles d'anoplotherium ne contenaient point de matière organique; on y trouvait 37 pour cent de phosphate calcique, i5 de fluorure calcicjue, 10 d'a- lumine, 35 de silice, et 3 d'oxides ferrique et manga- nique. Des os qui avaient perdu la plus grande partie de leur matière animale, contenaient une grande quan- tité d'eau hygroscopique : aussi, en pareil cas, ne doit- (1) Sur la demande de l'Acadcmie d'Agriculture, j'ai analysé en 1817 une terre qui, depuis un temps immémorial, donnait d'excellentes récoltes en grain, sans avoir jamais été fumée. Elle contenait de petits morceaux d'os, et en la taisant bouillir pen- dant long-temps avec de l'eau, j'obtins une dissolution qui préci- pitait par l'inlusion de noix de galle. On a conjecturé d'après cela, que le lieu d'où elle provenait avait été autrefois un champ de bataille. 3i. 484 08. on pas caîcuîêr le cartilage d'après la perte ôccasîoneô par la calcination. Ccrlaiiis os fossiles sont imprégnés d'un sel de cuivre, qui leur donne une couleur verte: on les estime beaucoup, et on les taille comme une sorte de turquoises, pour servir d'objets d'ornement. Les os conservés pendant long-temps, contiennent souvent, dans leur masse dure, de la graisse qui leur donne une couleur jaune et une odeur de rance. Cette graisse provient de la moelle, (pii, à mesure que la masse osseuse se dessèclie, s'y infiltre, en abandonnant le canal médullaire. Les produits de la distillation sècbe des os sont re- marquables. Je les décrirai plus loin. En brûlant les os à l'air libre, on peut finir par les obtenir blancs, sans qu'ils aient perdu leur forme. Il arrive souvent alors que leur masse celluleuse devient jaune, par des causes que j'ai indiquées précédemment. Les os brûlés à blanc ont une saveur et des réactions alcalines; ils donnent de l'eau de cliaux, quand on les fait digérer avec de l'eau. D'après l'analyse que j'en ai faite, les os brûlés d'bomme et de bœuf sont composés comme il suit : Iloiniiie. Bœuf. Os. Denis. Os. Phospbate calcique, avec fluo- rure calcique 86,4 9^,4 90^70 Cbaux 9,3 3,6 1 ,45 Magnésie o,3 o,5 i,io Soude 2,0 2,0 3,'75 Acide carbonique 2,0 o,5 3,oo 100,0 100,0 100,00 Je parlerai plus tard de la manière dont se compor- tent les os bouillis avec de l'eau, quand je décrirai les effets généraux de l'ébuUition sur les matières animales. Exposés à la lumière solaire, les os se décolorent peu à peu et deviennent blancs. Le chlore les rend jau- MOELLE DES OS. 485 nés, mais l'acide sulfureux les blanchit très-promptement. I^s acides étendus fioids en dissolvent les sels terreux, et laissent le cartilage; les acides bouillants les dissol- vent sans résidu. Les alcalis caustiques étendus les atta- qnent peu, et quand ils sont devenus jaunes, on peut les blanchir en les traitant avec une faible lessive, pour enlever la graisse de leur surface, et les exposant en- suite à l'action de l'acide sulfureux. Mais une lessive caustique concentrée, avec laquelle on les fait digérer à une douce chaleur, détruit le cartilage, en donnant lieu à un dégagement d'a!nmonia(|ue. Les dissolutions de certains sels métalliques les colorent, par l'effet d'un échange de principes. Les os ont des usages fort étendus dans les arts. On les travaille dans une nuiltitude de buts différents, et l'on estime surtout pour cela les défenses de l'éléphant, ou ce qu'on appelle l'ivoire. Ils servent en outre à la préparation du sel ammoniac et du noir d'ivoire (os car- bonisés), à celle de la gélatine d'os , et à l'engrais des terres. On a cherché à imiter l'écaillé au moyen de leur cartilage extrait par l'acide hydrochlorique et tamié. Moelle. La cavité des os est remplie. Le canal tubu- leux des os longs renferme un tissu celluleux plein d'une graisse qu'on appelle moelle. Les têtes des os et les os courts, au conti-aire, contiennent très-peu de graisse, avec un liquide épais et rouge, dans les cellules que' forme le tissu osseux. Ce liquide existe aussi dans les cellules comprises entre les deux tables des os plats. Ce- pendant, il faut excepter les cellules de la i-otule chez riionnne, et celles des têtes inférieures du tibia et du péroné, chez la pkqjart des animaux, dont les cellules contiennent de la graisse. La moelle des os longs est absolument de la même nature que le reste de la graisse du même animal. La différence de saveur qui existe entre la moelle des os bouillis et la graisse fondue ordinaire, tient à des ma- tières étrangères, provenant des liquides qui circulent dans le tissu cellulaire dont la graisse est entourée, et 486 DIPLoi. CARTILAGES. surtout à une substance extractiforme , insoluble dans Talcool, que je décrirai plus loin, en parlant de la viande. En analysant la moelle d'un humérus non bouilli de bœuf, j'y ai trouvé: Graisse médullaire 96 Membranes et vaisseaux i Liquides renfermés dans ces corps 3 100 Les parties constituantes de ces liquides ne différaient pasdesmatièresquel'eaufroideextraitdela viande de bœuf. Diploé. Lorsqu'on enlève la partie compacte d'une ver- tèbre, on trouve sa partie celluleuse remplie d'un sérum du sang à demi concret, et d'un brun-foncé, qui prend une couleur rouge intense par l'effet du conlact de l'air, se dissout complètement dans l'eau, sans déposer de fi- brine , se coagule par l'ébullition, et donne un liquide incolore, l'ougissant le papier de tournesol. Une ron- delle détachée avec la scie d'une vertèbre dorsale fraîche, que je fis dessécher au baln-marie, perdit o,4o d'eau. L'eau mêlée avec un peu d'ammoniaque enleva au résidu sec o,i3, y compris une trace de graisse médullaire, et laissa 0,47 de tissu osseux. Il suit de là que le liquide rouge contenait ^5,5 parties d'eau et 2/1, 5 de matières solides. Celles-ci étaient absolument les mêmes que celles qui sont extraites de la viande par l'eau, savoir de l'albu- mine, de la matière colorante, de l'extrait de viande, avec de l'acide lactique libre, des lactates, du chlorure sodique, etc. Les dents contiennent dans leur cavité, au lieu de moelle, une masse pulpeuse, rougeâtre, sur la compo- sition de laquelle je ne puis rien dire. B) Cartilages. Ce qu'on appelle en général cartilage est un tissu sec CABTILAGES. 4^7 et élastique, qui ne contient que quelques centièmes de sels terreux, et qui, jusqu'à piéscnt, n'a été que fort peu exam'.né sous le rapport de sa nature chimique. Il paraît que ce nom embrasse deux sortes de corps, diffé- rens pour la composition, dont les uns sont parfaitement analogues aux cartilages des os, tandis que les autres n'appartiennent pas à la classe des tissus susceptibles de se résoudre en colle. Les cartilages sont, comme les os, entourés d'une membrane particulière, appeUe péricho/idre ^ et formés d'un tissu qui se résout en colle. a) Cartilages qui donnent de la colle. Cette classe comprend ceux qui unissent deux os ensemble, sans leur permettre d'exécuter aucun mowsemç.nlisjnchoudrose)^ et ceux qui ne sont réellement autre chose que des carti- lages d'os, dont l'ossification ne commence qu'à un âge avancé. Ici se rangent les cartilages des côtes , dans les- quels l'ossification commence après la quarantième an- née, épocjue à laquelle il se forme aussi dans leur inté- rieur une cavité celluleuse remplie d'un liquide rouge. Ces cartilages ont le même mode de- texture fibreuse que ceux qui font la base des os. I^orsqu'on les hache menu , et qu'on les épuise par l'eau froide, celle-ci en extrait les mêmes matières abso- lument que de la viande et de la moelle, avec cette seule différence qu'elle ne devient point rouge, de sorte qu'il n'y a point ici de matière colorante. La portion insolu- ble dans l'eau froide donne lentement une dissolution trouble de colle, quand on la fait bouillir avec de l'eau. Le trouble de la liqueur est du à de petits vais- seaux qu'elle tient en suspension. Frommherz et Gugert ont trouvé que loo parties de cartilage des fausses côtes d'un jeune homme de vingt ans, desséché au bain-marie, laissaient, après la com- bustion, une cendre dans laquelle on ne parvenait pas à brûler complètement le charbon. A pi es qu'on eut épuisé cette cendre par l'eau et les acides , ceux-ci avaient enlevé 3,4o3 pour cent du poids du cartilage. 488 ^ CARTILAGES. en parties inorganiques, qui se composaient, sur loo parties de cendres, de Carbonate sodique 35, 068 Sulfate sodique. 24,241 Chlorure sodique. ... 8,23 1 Phosphate sodique 0,925 Sulfate potassique 1,200 Carbonate calcique 18,372 Phosphate calcique /i,o56 Phosphate maj^nésique 6,908 Oxide ferrique (et perte) 0,999 Cette quantité de soude et de chaux , dans la cendre du cartilage, paraît indiquer que le tissu qui donne de la colle contient ces bases à l'état de véritable com- binaison, parce que si la soude ne provenait que des liquides emprisonnés dans le cartilage, sa quantité ne surpasserait pas autant celle du chlorure sodique. L acide sulfurique n'est évidemment qu'un produit de la combustion du soufre contenu dans le cartilage. Frommherz et Gugert ont trouvé (jiie la même sorte de cartilage, prise sur une femme de 63 ans, contenait, dans sa cendre, les mêmes matièies soiubles, en quan- tité moins considérable seidement , mais que la quan- tité du phosphate calcique y dépassait celle du carbo- nate calcique. b) Les cartilages qui ne donnent pas de colle re- vêtent les extrémités des os destinées à se mouvoir les uns sur les autres, ou font partie du nez, de Toreille, des paupières et de la trachée-artère. Après avoir été dépouillés du périehondre, ils sont beaucoup pluscassans que les précédens; l'ébuUition prolongée (pendant \i heures) dans l'eau ne les rend point mous ou trans- parens, et ne les convertit pas en colle. Je ne con- nais pas d'analyse chimique qui en ait été faite, et l'on ignore absolument si la masse qui les constitue leur est particulière, ou si elle appartient aussi à d'autres tissus solides comme, par exemple, la tunique fdsreuse des artères. ARTICULATIONS. 4^9 Les cartilages ne reprennent pas, comme les os, quand ils ont été fracturés, et les portions que lé"" frottement a usées ne se reproduisent point non plus. Leurs fondions et usages varient suivant les parties du corps où ils se rencontrent. C. Les arUculations . Les extrémités des os glissent les unes sur les autres dans lesarticulations,qui sont revétuesdes cartilages dont nous venons de nous occuper, et par-dessus lesquels s'étendent des membranes capsulaires, appelées cap- sules articulaires. Ces membranes naissent des têtes osseuses correspondantes, et, de même que les mem- l)ranes séreuses, elles foi-ment un sac sans ouverture, dans lequel se trouve l'articulation. En outre, les os sont reteiuis dans une situation convenable les uns à l'égard des autres par des liens particuliers, qu'on nomn:ie ligatïiens articulaires. La face interne de la cavité articuiaite est tapissée par une sorte de membrane séreuse, appelée membrane synoviale, que rend continuellement humide et glissante la sécrétion d'une humeur particulière, h. laquelle on donne le nom de synovie. La composition chimique de cette humeur n'a point encore été suffisamment examinée. Elle est mucilagi- ueuse comme du blanc d'œuf, transparente et jaunâtre ou rougeatre; elle a une saveur légèrement salée, et une odeur analogue à celle du sérum du sang. Mar- gucron, à qui nous devons les premières recherches sur la synovie, dit qu'elle se coagule peu à peu à l'air, et qu'ensuite elle forme un caillot incolore, contracté, avec un liquide qui se comporte comme le sérum du satig. Le poids de ce caillot s'éleva, dans les expériences de Margueron, à \i pour cent de celui de la synovie. 11 fut probablement pesé étant encore humide. La sy- novie ayant été mêlée avec six fois son poids d'eau, elle ne se coagula plus spontanément, mais n'en demeura 490 ARTICULATIONS. pas moins mucilagineuse comme auparavant. Margueron dit aussi que quand on mêle cette humeur avec de l'al- cool, l'albuinine se coagule, et que de la fibrine se dé- pose ensuite de la liqueur spiritueuse. D'autres chimistes, qui ont examiné depuis la synovie, n'ayant point observé cette coagulation spontanée, on est presque tenté de croire qu'au lieu de synovie, Margueron a opéré sur de la lymphe. Lassaigne et Boissel ont examiné la synovie de l'homme. Suivant eux , elle ne se coagule pas spontanément, mais constitue un liquide alcalin, contenant de l'albumine, qui ressemble à celui des membranes séreuses , mais qui est étendu de beaucoup moins d'eau. Elle se coagule par l'ébuUition, et, outi-e de l'albumine, contient les autres principes constituans du sérum du sang. Un résultat semblable paraît découler aussi des recherches de Bostock sur la synovie. D'après l'analyse de John, la synovie d'un cheval contient : eau, 92,8; albumine, 6,4; matières ex- tractives, chlorure sodicpie, carbonate sodique et phos- phate calcique, ensemble, 0,73. La synovie d'une arti- culation malade de cheval contenait de l'albumine à l'état coagulé et de l'acide libre. D'après les recherches de Vauquelin, la synovie de l'éléphant se comporte comme celle du cheval. Chez les poissons, il existe, entre les vertèbres, une synovie particulière , qui remplit les cavités formées par l'application de deux vertèbres successives. Ces cavités renferment ini liquide mucilagineux qui , dit-on , se prend peu à peu en gelée à l'air. Cependant , nous n'avons d'autres recherches, à son égard, que celles de W. Brande. Ce chimiste fit ses expériences sur celui du requin. Il avait une saveur et une odeur d'huile de poisson, avec une pesanteur spécifique de 1,027. ^^ ^^ ^^ mêlait avec l'eau que par le concours de la chaleur, mais n'était ensuite précipité ni par l'ébuUition , ni par l'al- cool ou par le tannin. Il tient en dissolution une substance à l'égard de laquelle Brande dit « que le LIGAMENS. 49' mucus est celle dont elle se rapproche le plus , par ses propriétés naturelles et originaires, mais que, clans certaines cii'constances, elle peut se transformer en modifications de gélatine et d'albumine, » On pourrait cependant rappeler, eu égard à cette assertion vague, quil est assurément impossible que la matière dont il s'agit se convertisse, d'une manière quelconque, en l'une ou l'autre de ces deux dernières substances. D. Les ligamens. Les anatomistes entendent par ligamens des mem- branes plus ou moins rubanées, qui sont destinées à fixer certaines parties, et à les retenir invariablement en situation. La plupart des ligamens se trouvent au- tour des ai'ticulations, qu'ils affermissent et consolident, en même temps qu'ils empêchent les os de se mouvoir autrement que dans une direction donnée. Us forment au moins deux classes, sous le rapport de leur composition. Les uns, destinés à opposer une grande résistance, con- sistent en un tissu donnant de la colle, qui se ramollit par l'effet de l'ébullition, devient transparent, et se résout peu à peu en colle, ainsi qu'on peut déjà s'en con- vaincre d'après l'état de ramollissement et souvent même de dissolution complète où on les trouve dans la viande bouillie ou rôtie. Les autres , au contraire, jouissent d'une grande élasti- cité, et parla remplacent la force musculaire, attendu qu'après avoir été distendus ils se resserrent d'eux-mêmes. A cette classe appartiennent le ligament cervical, qui contribue à soutenir la tête chez les mammifères rumi- nans et chez les chevaux ; ceux qui retirent les ongles ou les griffes des carnassiers ; les ligamens jaunes placés entre les vertèbres, chez Thomme, et peut-être aussi les tissus ligamenteux qu'on trouve dans la trachée- artère, etc. Les anatomistes présument que ces liga- mens sont formés du même tissu que la membrane fibreuse des artères ; et cette conjecture vient d'être 49^ LIGAMENS. confirmée par mes expériences , en ce qui concerne les ligamens jaunes cliez l'homme. Lorsqu'on chauffe ceux-ci, ils éprouvent une sorte de demi- fusion , ils se bour- souflent, et, après la combustion complète, ils laissent une petite quantité de cendre blanche, principalement composée de phosphate calcique. Lorsqu'on les fait bouilHr long-temps dans l'eau , par exemple, pemiant douze à seize heures, ils ne se ramollissent pas le moins du monde, et ne subissetil , au total , aucun changement; cependant l'eau en a extrait une petite quantité de colle, piovenant sans doute du tissu cellulaire intercepté dans leur masse. La substance ligamenteuse proprement dite n'est ni dissoute, ni ramollie par l'alcool, Féther, ou l'acide acétique con- centre, même après être demeuré plusieurs semaines en contact avec ce dernier réactif. Au contraire, cette masse est dissoute lentement et sans décom|iosition, même à froid, par les acides sul- furique, nitrique et hydrochlorique , et les dissolutions étendues d'eau ne sont point précipitées par la potasse, ou par le cyanure ferroso-potassique, mais le sont par l'in- fusion de noix de galle. Après avoir été saturée avec de l'ammoniaque, et évaporée jusqu'à siccité, la dissolu- tion hydrochlorique laisse une masse soluble tant dans l'alcool que dans l'eau. Le |)récipité que l'infusion de noix de galle produit dans la dissolution aqueuse estsolul)Je, pour la plus grande partie, dans l'eau bouillante et dans l'alcool. La dissolution dans les acides s'effectue beaucoup plus rapidement lorsque ceux-ci sont étendus et qu'on les fait chauffer légèrement. La substance se comporte de la même manière avec la potasse caustique. A chaud, cette dissolution ré|)and l'odeur de la corne dissoute. L'acide acétique y fait naître un précipité fort insigni- fiant. La masse qui reste après l'évaporation à siccité de la dissolution alcaline satui'éc, est soluble tant dans l'al- cool que dans l'eau , et se comporte de même que celle qui provient de la dissolution hydrochlorique. Ces réactioris ressemblent à celles de lu tunique fibreuse des artères. MUSCLES. 4q5 Ë. Les mus des. Les muscles conslituenl Ce qii*on appelle à propre* nient parler la viande, et ils existent, liien prononcés, ciiez tous les animaux qui ont un cœur. Ils forment une des plus grandes parties de la masse du corps, et sont situés presque partout sous la peau , où ils entourent et recouvrent le squelette. Ce sont des organes complè- tement séparés, agissant indépendamment les uns des auti'es, dont chacun, pris à part, est appelé muscle, et porte en outre un nom spécial. On distingue deux sortes lie muscles, ceux du squelette et ceux des viscères. Les premiers, à un petit nombre d'exceptions près, sont rouges chez les animaux à sang chaud , et s'insèrent à des os , soit d'une manière inmiéiliate, soit par l'inter- médiaire d'un tendon. Les autres sont annulaii-es , comme, par exemple, le cœur et les tuniques muscu- leuses du canal intestinal et de la vessie; ceux-ci ne sont point toujours rouges. Chaque muscle résulte d'une agrégation de fibres qui, dans les muscles du squelette, sont parallèles, mais (jui, dans ceux des viscères, affectent souvent des directions diverses les unes par rapport aux autres. Ces fibres ont attiré l'attention des anatomistes de- puis long- temps, et, d'après les observations faites à leur égard (Voy. Molécules organiques, p. 3.), elles sont formées de molécules sphériques de fibrine disposées en série, comme les perles d'un collier. Elles sont appliquées les unes contre les autres , mais entourées chacune d'une gaine extrêmement mince, produite par du tissu cellulaire. Un certain nombre de ces fibres, ainsi adossées, reçoit ensuite une nouvelle gaine commune de tissu cellulaire : de Là résultent des groupes, dont plusieurs se réunissent en un faisceau, également entouré de tissu cellulaire. De cette manière, le muscle entier se trouve formé par un assemblage de fibres musculaires rapprochées en faisceaux, et enve- 494 MUSCLES. loppées de tissu cellulaire, qu'on parvient à isoler les unes des autres jusqu'à ce qu'elles deviennent trop dé- liées pour qu'on puisse en poursuivre davantage la divi- sion à l'oeil nu. Au milieu de ce tissu, à proprement parler formé de fibrine et de tissu cellulaire, se répandent une mul- titude de nerfs et de vaisseaux qui charrient, les uns des liquides colorés, et les autres des liquides incolores. Nul organe ne reçoit autant de nerfs que les muscles. Les vaisseaux et les nerfs peuvent y être poursuivis jusqu'à un certain degré de ténuité de leurs ramifications; mais il arrive un terme où le secours même du microscope devient insuffisant pour faire connaître leur marche et leur terminaison. On a donc, dans l'analyse chimique des muscles, à séparer les tms des autres de la fibrine et du tissu cellu- laire, soit à l'état parfait, soit détériorés par l'usage et au moment d'êtie enlevés , des liquides contenus dans des vaisseaux afférens colorés et incolores, et dans des vaisseaux efierens colorés (veines) et incolores ( lym- phatiques ) , de la moelle nerveuse, et enfin, les mem- branes des nerfs et des vaisseaux. Mais il s'en faut encore de beaucoup que l'analyse soit arrivée à un degré de per- fection qui permette de séparer ces substances d'une manière si rationnelle. Elle mêle tout ensemble, pour opérer ensuite le départ à sa manière, et elle donne ainsi un résultat chimique qui ne répand aucune lu- mière sur la composition des muscles comme organes vivans. La couleur rouçe de la chair des animaux à sang chaud paraît provenir d'une innombrable quantité de vaisseaux capillaires qui charrient du sang coloré. Il est vrai que Bichat a cherché à combattre cette assertion, en citant l'observation de laquelle il résulte que les muscles ne prennent pas une couleur plus foncée chez les ani- maux morts d'asphyxie, quoi({ue les artères ne charrient plus que du sang noir quelques instans avant la mort. Mais on peut objecter que la circulation des liquides îitTSCLÊS. 49^ dans ces petits vaisseaux n'a pas Heu d'une manière assez rapide pour qu'il soit possible d'y remarquer quelque changement, pendant le court espace de temps que la vie dure encoreaprèsque du saiigveineuxarempli lesartères. Il y a plus d'un siècle qu'on a commencé à s'occuper de la composition chimique des muscles. Dès 169g, Geoffroy a cherché à déterminer par des expériences combien il se dissolvait de la chair de divers animaux pendant la coction, et combien d'eau cette chair contenait. Thouvenel s'efforça d'arriver à des notions plus précises sur le compte des matières qui se dissolvent dans cette opération , et il trouva qu'indépendamment de la géla- tine, l'eau enlève encore une matière extractive particu- lièi'e, qui fixa son attention. Dans une analyse de la viande de bœuf, que j'ai faite en i8oy, j'ai trouvé qu'outre plusieurs matières extractives, elle contient des lactates potassique, sodique et calcique, ainsi que de l'acide lactique libre, auquel elle doit la propriété dont elle jouit de rougir le papier de tournesol quand elle est fraîche. Thénard , qui examina quelque temps après les matières susceptibles d'être extraites de la viande par l'eau , s'occupa principalement de la portion de ces matières qui est soluble dans l'alcool, et lui donna le nom d'osmazomeldeoGij/n^ odeur, et (wt^-o;, bouillon). La viande contient beaucoup plus de liquides que la fibrine et le tissu cellulaire. Si l'on en fait dessécher une certaine quantité, au bain-marie, jusqu'à ce qu'elle ne perde plus de son poids , il ne reste pas tout-à-fait 0.3 pour cent de substance solide; et si, après avoir haché menu de la viande, on l'épuisé par l'eau jus- qu'à ce que celle-ci ne se colore plus, et qu'ensuite on fasse sécher le résidu, on n'obtient que i-ji^ pour cent de fibre charnue et de tissu cellulaire non dissous. a. Partie solide de la viande. Nous allons d'abord examiner la portion de la viande qui est insoluble dans l'eau froide. Pour l'obtenir aussi complètement épuisée que possible, il faut commencer par hacher la viande très-menu, puis la délayer, à plusieurs reprises, dans de MUSCLES. l'eau, qu'on sépare par la fillralion, et qu'on renouvelle jusqu'à ce que les fleniières portions ne se colorent plus, durant l'espace de douze heures. Ce qui reste est parfai- tement blanc, sans saveur ni odeur. Après avoir été bien exprimé dans un morceau de toile forte, ce résidu est demi-tnuislucide et jaunâtre: Il se dessèche très-aisé- meiit en une masse d'un jaune gris, qui se réduit en poudre avec une grande facilité. Pendant la pulvérisa- tion , cette matière acquiert l'électricité positive à un si haut degré que ses molécules se repoussent mutuellement et adhèrent avec force au mortier. L'alcool et l'éther lui enlèvent un peu de graisse, lors même qu'avant de hacher la viande on l'avait dépouillée de tout ce qui ressemblait à de la graisse. Quand on imbibe d'eau la masse sèche, elle ne reprend plus sa mollesse primitive, ainsi qu'il arrive à la fibrine seule. Lorsqu'on la fait bouillir long-temps avec de l'eau, elle se contracte et s'endurcit, et Ton obtient un bouillon incolore, qui se prend en gelée par le refroidissement. Cet effet tient à de la colle dissoute, dans laquelle le tissu cellulaire a été converti par la coction. Mais la fibrine elle-même éprouve aussi, par le fait de l'ébullition, un changement dont j'ai déjà parlé en traitant de cette substance à l'état de pureté : une partie se dissout dans le liquide, et lui c:ommunique sa saveur, tandis que la portion non dissoute a perdu la propriété de se pren- dre en eelée et de se dissoudre dans l'acide acé- tique. Traitée par l'acide acétique , la viande incolore non bouillie se transforme en une gelée, qui se dissout quand on la fait digérer dans de l'eau. La dissolution est trouble et difticile à filtrer, parce qu'elle obstrue rapidement les pores du papier ; elle ne s'éclaircit pas dans l'espace de plusieurs semaines. Après un long repos, il se forme à sa surface une crème liquide de graisse, et il se dépose une matière grise, tout-à-fait semblable à la masse, composée de vaisseaux non dissous, qu'on obtient du cartilage des os. Cette matière consiste en tuniques de MBSCLES. 497 vaisseaux ; maïs je n'ai pu parvenir à en déterminer ainsi la quantité. La potasse caustique étendue avec laquelle on la fait digérer à une douce chaleur, la dissout, et produit un liquide trouble, difficile à filtrer. Le résidu est mu- queux, et parait être du tissu cellulaire, qui se dissout aussi à une chaleur plus forte. En mêlant de l'acide hy- drochlorique eu excès à la liqueur alcaline, il se préci- pite uue combinaison de l'acide et de fibrine, qu'on peut laver avec de l'eau acidulée, mais qui se dissout dans l'eau pure, après y être devenue gélatineuse et trans- parente. Cependant il reste beaucoup de fibrine dans la liqueur acide. Le tissu cellulaire qu'elle tient en dissolu- tion à l'état de colle, peut être précipité par le chlore gazeux; le précipité ainsi obtenu n'a pas la tendance à s'agglutiner que possède celui qui provient d'une dissolu- tion de colle dans l'eau pure. Toutes ces expériences ne peuvent cependant être con- sidérées que comme des réactions qui indiquent la pré- senee d'une substance on d'une autre, sans en faire con- naître la quantité relative. Il n'est donc point encore possible de déterminer avec quelque certitude les quan- tités relatives de la fibrine, du tissu cellulaire, des tu- niques nerveuses et des tuniques vasculaires, dans les muscles. b) Liquides de la viande. Quand on exprime avec force de la viande hachée, il s'en écoule un liquide rouge et sanguinolent , qui n'a cependant pas la propriété de se coaguler à l'air. Ce liquide ne contient point par conséquent de fibrine, qui , suivant toutes les appa- rences, s'était déjà coagulée long-temps auparavant dans les vaisseaux. Il n'est point alcalin , comme le sang, mais rougit fortement le papier de tournesol, sans qu'on puisse enlever la couleur rouge par le lavage. Cependant il n'est pas possible d'extraire par la pres- sion tout ce qui s'y trouve à l'état de dissolution, et la meil- leure manière de l'obtenir, consiste h. l'enlever par le lavage avec de l'eau. Le liquide qu'on se procure ainsi YII. Z% 49^ MUSCLES. est d'un beau rouge et parfaitement transparent. Il a la saveur du sang, et contient les matières suivantes: 1° Albumine et fibrine. Quand on le chauffe, il com- mence à se troubler à 5o° , et dépose, surtout au fond du vase, un caillot, qui se forme principalement en abondance à une température de 62 à 53". Si on tient la liqueur à cette température pendant quelque temps, elle donne un précipité incolore, en gros flocons et facile à fdtrer. Le liquide est alors d'un rouge-foncé, comme du sang veineux, et le précipite devient blanc par le lavage. A 56°,5 la plus grande partie du contenu de la liqueur se coagule, et si on la tient pendant une demi-heure à cette température, on en obtient un cail- lot incolore ; le coagulum qui se forme ensuite à 62° est gris-rougeatre, sans que la couleur du liquide paraisseen- core affaiblie. Au dessus de cette température, on voit aussi se coaguler la matière colorante, dont la quantité est très-faible comparativement à celle du caillot incolore. Il n'est pas possible de séparer complètement les parties coagulables sans faire bouillir la liqueur, qui ensuite traverse le filtre presque incolore. Ces phénomènes indiquent que la portion coagulable de la liqueur consiste principalement en albumine; mais je ne puis dire si les diverses températures auxquelles le caillot apparaît aimoncent plusieurs modifications diffé- rentes de cette substance. Il pourrait bien y en avoir de telles, puisque la liqueur a contenu de l'albumine pro- venant tant du sérum du sang que de la moelle nerveuse dissoute; mais les effets en question peuvent aussi dépendre defétaldedilution decetteliqueur,de sonacide libre, etc. Si l'on exprime de la viande hachée sans préalablement la mêler avec de l'eau, et qu'on chauffe lentement la liqueur, elle se prend en un caillot mou et rouge, qui, à l'exception de la couleur, ressemble beaucoup à celui qu'on obtient du colostre. L'albumine coagulée incolore rougit faiblement le pa- pier de tournesol humide, et cette réaction acide ne peut point être enlevée par le lavage. En se desséchant elle MUSCLfiS. 499 prend une teinte foncée, et finit par devenir presque noire. L'alcool bouillant en extrait un peu de graisse et une petite quantité de matière animale, (jui paraît être une combinaison d'albumine avec l'acide libre. Si on la fait digérer long-teinps avec du carbonate calcique réduit en poudre fine et de l'eau , il se forme une petite quantité de lactate calcique; la liqueur se colore en jaune, mais ne tient en dissolution qu'une faible trace de matière animale. Il résulte de là que le caillot n'était pas de la matière caséeuse, et que, s'il contenait de cette der- nière, ce ne pouvait en être que ties traces. Au con- traire, le caillot se dissout quand on le fait digérer dans du carbonate potassique, et la dissolution a toutes les propriétés d'une dissolution d'albumine. Le caillot rouge se dissout de même, et se comporte absolument comme la matière colorante du sang. Après avoir été brûlé, il laisse une cendre d'un jaune-rouillé. Dans une de mes expériences sur la viande, j'ai observé ce qui suit. Après avoir épuisé de la viande bacbécavec trois fois son volume d'eau, et l'avoir exprimée, la même opé- ration fut répétée une seconde fois. Le liquide obtenu en dernier lieu fut évaporé dans un vaisseau de platine, à une chaleur d'environ 85", après avoir été coagulé par l'ébullition et filtré. Lorsque l'évaporatiou l'eut réduit à moitié, il s'était couvert tl'une pellicule épaisse, mu- queuse, d'un blanc de neige, susceptible d'être enlevée du liquide clair qu'elle surnageait et qui n'en produisit plus par les progrès ultérieurs de l'évaporation. Après avoir été lavée avec de l'eau, cette mcmbi-ane était in- sipide, et on la divisait aisément en fiocons; la des- siccation la rendait dure, jaune et transparente. Elle ne devenait pas translucide par l'acide acétique, dans lequel, après l'addition d'une petite quantité d'eau, et à la fa- veur de l'ébullition, elle se dissolvait en un lait blanc, qui ne s'était point encore éclairci au bout de deux mois, mais se coagulait par l'acide bydrocblorique, comme s'il eût tenu de la fibrine ou de l'albumine en dissolution. 1^ Acide lactique^ libre et combiné. Si, après avoir 3a. filtré la liqueur danà laquelle l'albunilne et la matière colorante se sont coa^^uiées, on l'évaporé^ elle laisse, eu jaunissant peu à peu, un extrait jaune-brun, dont 1 al- cool à o,833 dissout la moitié et au-dixlà , ce qui lui donne une couleur jaune. Après l'évaporation du liquide alcoolique, il reste une masse extracliforme, mêlée de cristaux decldoruresodique, qui réagit fortement à la ma- nière des acides, et qui laisse cependant, lorsqu'on la hrûle, une cendre contenant du carbonate alcalin, ce qui an- nonce par conséquent qu'il y a dans la masse un acide combustible, en partie libre et en partie combiné avec de l'alcali. Si l'on mêle la dissolution alcoolique avec une dissolution d'acide tartrique dans de l'alcool, jusqu'à ce qu'il ne se produise plus de précipité, il se sépare dessur- tartrates potassique et sodique et du tartrate calcique, et il reste en dissolution dans la liqueur, outre de l'a- cide tartrique et de l'acide bydrocblorique, l'acide com- bustible. On fait digérer la liqueur avec du carbonate plombique finement pulvérisé, jusqu'à ce qu'elle con- tienne de l'oxide plombique dissous; il s'est alors pré- cipité du tartrate et du cblorure plombiques. On évapore ensuite l'alcool, on dissout le résidu dans de l'eau, on précipite l'oxide plombique par du suUide bydrique, on fait bouillir la liqueur avec du cbarbon de lessive du sang, et on l'évaporé. 11 reste un siiop incolore, fortementaclde,([ul possède toutes les propriétés de l'acide lactique, mais qui contient cependant encore une ma- tière animale exlractiforme. Je renvoie du reste à la des- cription que je donnerai de l'acide lactique en traitant du lait, 3° Sels. On peut en distinguer ici de deux sortes, ceux qui sont solubles dans l'alcool et ceux qui ne le sont que dans l'eau. IjCS sels solubles dans l'alcool sont des lactates potas- i.ique, sodique, calcique et magnésique, avec des traces de lactate ammonique, plus du cblorure potassique et du cblorure sodique. Si, après avoir complètement des- séché l'extrait alcoolique au bain-marie, on l'épuisé par MUSCLES. 5ot l'alcool anhydre; celui-ci dissout les lactates, et laisse les chlorures. Une sokilion alcooliciue d'acide tartrique donne, après la combustion, un précipité cjui y produit une cendre de hupielle l'eau extrait beaucoup de carbo- nate potassique et un |)eu de carbonate sodique, laissant une terre blanche. Celle-ci se dissout avec effervescence dans l'acide liydrochloriciue , en laissant un peu de phos- phate calcique. L'acide oxalic|ue précipite la chaux de la dissolution saturée avec ranimoniaquc; et si l'on ajoute ensuite un phosphate mêlé avec un peu d'ammo- niacjue, il se précipite une petite quantité de phosphate anunonico-niagnésique. La portion de l'extrait de viande insoluble dans l'alcool anhydre donne également une cendre alcaline, qui con- tient du carbonate potassi({iie et du carbonate sodique, avec une quantité considérable de chlorure potassique et de chlorure sodique. L'alcali libre provient d'un lac- tate, dont l'insolubilité dans l'alcool anhydi-e est déter- minée par celle de la matière oi'ganique combinée avec lui. Les sels insolubles dans l'alcool sont du phosphate sodique et du phosphate calcique; je ne saurais dire po- sitivement s'il s'y trouve aussi un sulfate; du chlorure harytique ajouté, après la coagulation, à la licjueur fd- trée, ne produit la plu|)art du temps aucune trace de précipité , et je n'ai obtenu cette réaction qu'une seule fois. Quand on mêle la liqueur coagulée et filtrée avec de l'ammoniaque caustique en excès , il se produit un précipité blanc de phosphate calcique, dont la quan- tité est cependant accrue par le lactate calcique et le phosphate sodique. Si l'on filtre ensuite la liqueur, et qu'on V verse de l'eau de cliaux, il se précijjite beau- coup de phosphate calcique, provenant de la décomposi- tion du phosphate sodique par l'eau de chaux. Tous ces précipités sont incolores, mais ils .se charbonnent quand on les brûle. Si l'on dissout dans de l'eau l'extrait de viande épuisé 5o2 MUSCLES. par l'alcool à o,833, il laisse du phosphate calciqiie , avec un peu d'albumine coagulée, et rammoniacjue , versée dans la dissolution aqueuse, qui réagit à la manière des acides, en précipite encore une certaine quantité de ce sel. L'eau de chaux précipite ensuite du j)hosphate cal- cique en très-grande quantité, ce qui prouve que l'extrait est riche en phosphate alcalin. Je reviendrai plus loin sur les matières animales qui se précipitent avec le phos- phate calcique, et qui sont cause de la couleur noire qu'il prend lorsqu'on le brûle. 4^* Matières organiques extractiforines de plusieurs sortes. Elles sont, comme les sels, solubles, les unes dans l'alcool, les autres clans l'eau seulement. Je les désignerai collectivement sous le nom à' extrait de viande .^ réser- vant celui ^'extrait alcoolique de viande pour les ma- tières solubles dans l'alcool à o,833, et celui d'extrait aqueux de viande pour les matières solubles dans l'eau seulement. a) V. extrait alcoolique de viande epare qu'avec peine de la liqueur ; c'est pourquoi il faut, avant de la filtrer, la laisser s'éclaifcir lentement à la chaleur. Elle est brune, et on ne peut lui enlever cette couleur par le charbon de lessive du sang. Elle réagit à la manière des acides, et contient un peu d'acide lactique et d'acide hydrochlorique. On sature ces acides par le moyen du carbonate ammonique, on évapore la liqueur jusqu'en consistance de sirop , et on traite la masse par l'alcool à o,833, qui extrait les sels ammo- niques et sépare la matière extractiforme. Cette substance a les propriétés suivantes : C'est un extrait brun qui , lorsqu'on le dessèche , durcit et ne change point à l'air. Elle a une saveur forte et agréable de bouillon, qui se fait surtout sentir dans l'arrière- gorge, et qui ressemble parfaitement à celle de la sub- stance dans laquelle la fibrine du sang se convertit par la coction. Sa dissolution, étendue et chaude, répand la même odeur que celle qui caractérise les liquides de la viande récemment coagulés par l'ébullition. Quand 5jà MUSCLES. on la brûle , elle exliale une odeur animale , et laisse utt charbon boursouflé. Elle est soluble dans l'eau en toutes proportions, et elle en est précipitée par l'aleoob Cependant elle communicpie une couleur jaune h l'al- cool de G, 833, qui, après avoir été évapore, laisse une certaine quantité de cette substance, mais avec ime couleur beaucoup plus claire. Voici comment elle se comporte avec les réactifs indiqués plus haut. L'acétate plombique, le chlorure stanneux et le nitrate ai'gentique yfont naître un précipité jaune-brun. Le précipité produit par l'acétate plombique est un peu soluble dans Teau, et a la saveur particulière de la matière. Celui, au contraire, que le sous-acétate plombique détermine est insoluble. La matière n'est point précipitée par le chlorure mer- curique, et elle ne l'est que d'une manière extrêmement faible par l'infusion de noix de galle, qui communique seulement à la liqueur une teinte opaline, et lorsque le faible précipité s'est déposé, la liqueur conserve sa couleur. Mais quelquefois ces deux derniers réactifs produisent un précipité bien sensible, ce qui provient d'une autre sub- stance mêlée avec celle dont il s'agit ici, et qu'on enlève par la digestion avec du charbon de lessive du sang. La matière animale , que l'ammoniaque extrait du phosphate terreux précipité , ressemble parfaitement à celle qui vient d'être décrite, mais elle est mêlée avec une substance que le chlorure mercurique et l'infusion de noix de galle précipitent, et à l'égard de laquelle j'ignore quelles sont les propriétés dont elle jouit à l'état d'isolement. Je regarde cette matière comme la plus importante de celles qui sont contenues dans les liquides de la viande, parce que c'est d'elle que dépend la saveur de la viande bouillie et rôtie. En effet, la fibre musculaire et le tissu cellulaire sont entièrement insipides par eux- mêmes, et les autres matières extractives n'ont qu'ime saveur faible et indéterminée, qui paraît être due en grande partie aux sels mélangés avec elles. Comme on a appelé osmazome{tnatière qui aV odeur de la viande) MUSCLES. 5l3 l'extrait alcoolique, on serait plus fondé encore à donner le nom de zornidine {^malière qui a la saveur de la viande, de ^coaif^tov , bouillon) à cette substance con- tenue dans l'extrait aqueux. La liqueur précipitée par l'acétate plombique neutre donne encore, par le sous-acétate plombique, un nou- veau précipité, (|ui est presqu'incolore. Si, après avoir lavé ce précipité, on le décompose par legazsulfîde hydrique, il se produit un liquide presque incolore, qui, soumis à révaporation , laisse une masse transparente et semblable à de la gomme. Cette matière se détache aisément du verre, après qu'on l'a laissée sécher à l'air. Lorsqu'on la calcine, elle répand une odeur, non point animale, mais acide. Sa saveur ressemble à celle de la gomme. Elle se ramollit dans l'eau, avant de s'y dissoudre, et sa dissolution s'effectue avec beaucoup de facilité. Cette dissolution n'est précipitée ni par l'acétate plombique, ni par le chlorure meicurique, ni par le nitrate argen- tique. Avec le sous-acétate plombi{[ue, elle donne un précipité muqueux incolore. L'infusion de noix de galle se borne à lui faire prendre une teinte opaline. Ijorsqu'en opérant la précipitation par l'acétate plom- bique neutre, on ne neutralise pas l'acide acétique qui devient libre, le précipité produit par le sous-acétate plombique contient beaucoup de zornidine. La liqueur qui ne précipite plus par le sous-acétate plombique est Incolore, après qu'on l'a débarrassée du plomb qu'elle contenait et filtrée. Evaporée au bain- marie, elle jaunit peu à peu, et laisse enfin une masse jaune, mêlée avec une grande quantité d'acétates. Si l'on traite cette niasse avec de l'alcool anhydre, il reste une matière extractiforme jaune, ayant les propriétés sui- vantes : elle est d'un jaune-brun ; sa saveur est très- faible et indéterminée; elle exhale une odeur animale, quand on la brûle; elle se dissout aisément dans l'eau, à laquelle elle donne une couleur jaune, et laisse un faible résidu pulvérulent, jaunâtre, qui ressemble à un VII. 33 i4 MUSCLES. apothème, La dissolution n'est point précipitée par le chlo- rure mercurique, le chlorure stunneux et l'acétate plom- bique neutre; mais elle donne, avec le sous -acétate plomhique , un précipité abondant, qui se redissout quand on ajoute de l'acétate plomhique neutre. I^e ni- trate argenlique la précipite en gris-jaune, et l'infusion de noix de galle lui fait seulement prendre une teinte opaline. La dissolution dans l'alcool anhydre est jaune, et contient encore une matière qui , après l'évaporation de l'alcool et la dissolution de la niasse restante dans l'eau, est précipitable par l'infusion de noix de galle. Si l'on dissout ensuite ce précipité dans de l'eau bouillante, et qu'on décompose la dissolution par l'acétate plomhique, le tannin se précipite; après avoir décomposé la liqueur par le gaz sultide hydrique, et l'avoir évaporée, on obtient une substance extractiforme, qui est transparente et a peu de saveur. La dissolution aqueuse de cette substance est jaune, et précipitée par les trois réactifs qui ont été désignés précédemment. Le précipité que produit le sous-acétate plomhique se redissout par une addition d'acétate plomhique neutre. Ainsi que je l'ai déjà dit, elle est précipitée par l'infusion de noix de galle (f). (i) Une remarque faite par Collard de Martigny peut trou- ver place ici. Lorsqu'on mêle l'extrait alcoolique de viande dans de l'eau, avec une dissolution alcoolique d'iode en excès , il se forme un précipité abondant et jaune. Ce précipité est soluble dans l'eau; mais ^i l'on ajoute de l'ammoniaiiue, il se convertit en une poudre blanche qui n'est point dissoute par l'eau. L'acide sulfurique dissout cette poudre. Il n'a point été examiné quelle est celle des matières contenues dans le mélange extractiforme, qui donne lieu à cette réaction, parce que Collard considérait le tout comme une seule substance ^ osmazome ). Il fait remar- quer à cette occasion que l'albimiine est précipitée aussi par la teinture d'iode, mais que le précipité est insoluble dans l'eau et soluble dans l'ammoniaque. MUSCLHS. 5ï§ L'extrait aqueux a par conséquent été décomposé : 1° en deux matières extractives , que l'alcool enlève, après qu'on a saturé par rammoniaque l'acide libre que l'extrait contient, et dont l'inie est précipitée par l'in- fusion de noix de galle, tandis que l'autre ne l'est point; 2" zomidine, caractérisée par la saveur de viande, et précipitée en partie avec du phosphate barytique ou cal- cique,en partie avec l'acétate plonibique; 3** une substance semblable à de la gomme, précipitablepar le sous-acétate plombique, mais non par les autres réactifs employés comme moyens de comparaison; 4° "ne substance que le sous-acétale plombicpie ne précipite point d'une li- queur contenant de Tacétate plombique neutre, mais qu'on peut séparer par l'alcool du sel restant après l'évaporation de la liqueur, et dont la dissolution n'est précipitée ni par le chlorure mercurique, ni par l'infu- sion de noix de galle; 5° enfin une matière soluble dans l'alcool avec les acétates, et précipitable par le chlorure mercuri([ue, ainsi que par l'infusion de noix de galli^i Si maintenant nous nous rappelons que les liquides -dont il s'agit ici contiennent des liquides provenant de trois sortes de vaisseaux, savoir, de vaisseaux capillaires colorés, de vaisseaux capillaires incolores et de vaisseaux lymphatiques, et si nous cherchons à deviner quel au- rait probablement été le résultat si nous avions pu recueillir à part les liquides appartenant à cha(|ue ordre de vaisseaux, il est vraisendilable que nous aurions rencontré dans les premiers du sang alcalin, avec sa matière colorante, et dans les deux autres un liquide al(;alin incolore. Mais conmient alors se seraient trouvés dans les muscles l'acide lactique libre ainsi que les lactates, les matières extractiformes et la grande quantité de phosphate calcique, unies avec l'acide lactique, enfin le phosphate sodique ? Nous tom- bons ici dans un labyrinthe dont il est impos- sible de sortir. Il paraît cependant vraisemblable que les matières qui viennent d'être énumérées, et dont les liquides affluens ne contiennent que de très -petites 33. 5l6 MUSCLES. quantités, sont des produits de la transformation con- tinuelle de la chair, ayant pour destination d'être en- traînés et évacués peu à peu , puisque nous en retrou- vons ensuite un ou deux au moins, plus ou moins modifiés , dans l'urine, ainsi ((u'on l'a déjà vu plus haut. Mais il n'est point aussi facile de se faire une idée de l'état dans lequel ces substances se ti'ouvcrit depuis le mo- ment de leur formation jns(ju'à celui oii elles sont entraînées hors de la chair. Peut-être sont-elles, comme les fibres musculaires elles-mêmes, en dehors des vaisseaux, afin de pouvoir être peu à peu absoibées et enlevées. Mais de quels vaisseaux? Ce ne peut être des lymphatiques, puisque le liquide qu'ils ramènent des extrémités est alcalin, et que l'acide contenu dans la chair serait plus que suffisant pour saturer tout l'alcali libi-e existant dans les vaisseaux sanguins de cette deinière; de sorte que si les substances dont il s'agit étaient absorbées par les lymphatiques, ceux-ci ramèneiaient des extré- mités des liquides acides et non point alcalins. Il ne reste donc plus qu'à soupçonner une absorjjtion par les reines, dans le sang alcalin desquelles l'acide lactique serait sursaturé, et il devrait suivre de l<à que les lym- phatiques s'emparent de ce qui reste après le dépôt ■ des substances régénérées pendant l'acte de la nutri- tion, tandis que les veines prennent ce qui a été produit par la destruction insensible des parties, durant l'accomplissement de leurs fonctions. Mais ces hypothèses ne reposent sur aucun fait positif. Peut- être les choses se passent-elles tout autrement dans la réalité. Il n'a point encore été fait d'analyse proprement dite de la chair d'animaux différens. J'ai analysé la viande de bœuf ordinaire, et Braconnot un cœur de bœuf Nos analyses portent par conséquent sur la chair du même animal, mais appartenant aux deux différens systèmes musculaires. Les résultats s'accordent parfaitement, et je crois que mon analyse, quoique plus ancienne de quinze ans, était tout-à-falt inconnue à Braconnot, Cent parties de viande fraîche contenaient : 2,20 1,70 1,80 i,o5 1,94 o,i5 0,08 77,o3 100,00 100,00 MUSCLES. 5l7 Berzellus. Biacoiinot. Fibro charnue, vaisseaux et nerfs i5,8 j Tissn cellulaire, soluble en colle J I7)70 18, i8 par la coction i,y/ Albumine soluble et matière colo- rante Extrait alcoolique, avec sels Extrait aqueux, avec sels Phosphate calcique contenant de l'albumine Eau (et perte) Braconnot dit n'avoir trouvé que des sels potassiques. En traitant par le chlorure platinique le carbonate al- calin qui reste après la combustion de l'extrait alcooli- que, j'ai trouvé que la potasse en fait incontestablement la plus grande partie, mais qu'il contient aussi de la soude. Braconnot ne paraît pas non plus avoir porté son attention sur IVxIrait aqueux de la viande, cl les o, r5 qui sont admis sous ce nom, ne consistent qu'en phosphate sodique. Chacun sait qu'après avoir été cuite, la chair des di- vers animaux offre de grandes différences dans sa saveur et même déjà dans ses qualités extérieures. La diffé- rence est si grande, par exemple, entre la chair de bœuf et celle de poisson, qu'à coup sûr on en décou- vrirait une aussi sous le rapport chimique. Des recher- ches sur la chair des diverses espèces d'animaux, et sur les différentes modifications possilîles de la fibrine qu'elle contient, seront un objet important pour ceux qui vou- dront désormais se livrer h. des travaux du ressort de la chimie aîiimale. Voici (|uelle est, en général ^ la manière dont se com- porte la viande. Abandonnée à l'air, elle tombe plutôt en putréfaction qu'elle ne peut s'y dessécher, répand alors une fétidité insupportable, et devient molle et facile à déchirer. Coupée en tranches minces, elle se laisse des- sécher; mais les matières extractiformes déliquescentes 5 1 8 MUSCLES. qu'elle renferme attirent de nouveau l'humidité, ce qui fait qu'elle se ramollit et commence à se putréfier. On peut cependant, même sans qu'elle soit sèche, la con- server très -Long- temps exempte de toute altération, pourvu qu'on la renferme hermétiquement dans un vase, et qu'on chauffe ce dernier pendant quelque temps dans de l'eau bouillante: l'oxigène de Tair emprisonné dans le vaisseau se trouve par là consommé, et il ne reste plus que du gaz nitrogène, au milieu duquel la putré- faction ne peut plus s'établir que quand il vient h s'y mêler de nouveau du gaz oxigène. C'est en cela que consiste la méthode d' Appert pour conserver la viande et autres alimens facilement corruptibles. On a prétendu que la chair exposée pendant long- temps à l'action de l'eau courante se convertissait en graisse, et qu'on avait déjà tiré parti en grand de cette propriété pour la fahrication du suif destiné à faire des chandelles; mais ces assertions paraissent être dénuées de foiidement', car Chevreul a cherché à démontrer que toute la graisse qu'on obtient de cette manière était déjà déposée auparavant dans la chair, et qu'elle n'a fait qu être mise h nu par la destruction et l'enlèvement des fibres musculaires. Je parlerai plus tard des changemens que la viande subit quand on la fait bouillir et rôlir. Les acides lui font subir le même changement qu'à lafihrine pure. Quand on verse im acide très-étendu sur de la viande, elle en absorbe une certaine quantité, avec laquelle elle contracte une combinaison chimique, de- vi(>nt plus dure, et résiste à la putréfaction, de ma- nière (ju'on peu! ensuite la conserver long-temps sans qu'elle se corrompe ( i ). Avec des acides moins étendus, elle (i) Comme cet effet a lieu aussi avec l'acide acétique, on a pro- posé en France de conserver la viande par une macération pro- longée dans le vinaigre de bois ]>unfié, et l'on a même réclamé une réeomiiense pour cette doconvprte, qui cependant a éié re- connue inapplicable, parce que, traitée de cette manière, la viande perd trop dos qualités qui la font rechercher comme aliment. MUSCLES. il0 se gonfle, prend l'aspect d'une gelée, et devient soluble dans Teau. Les acides concentrés font cjn'elie se con- tracte et s'endurcit, ainsi que je l'ai déjà dit en traitant de la fibrine. Les alcalis caustiques étendus dissolvent peu à peu la chair; quand ils sont concentrés, ils opèrent la disso- lution d'une manière rapide, en produisant un dégage- ment d'ammoniaque caustique, et donnant lieu à la for- mation d'une petite quantité de sulfure alcalin. Les sels à base alcaline préservent la viande de la putréfaction. On se sert généralement du sel marin pour cela. Parmi les sels métalliques, il en est plusieurs qui se combinent avec la fibre charnue, de la même manière qu'avec la fibrine du sang. Tels sont principalement les sels ferriques et mercuriques, La chair ne se putréfie plus ensuite, même lorsf[u'elle ne peut être desséchée. Parmi les maladies qui changent la composition de la chair, on n'en a indiqué qu'une seule dans laquelle on prétend qu'elle se convertit en graisse. Mais l'asser- tion est inexacte, et ne repose que sur une ressend^lance extérieure avec la graisse. Cette prétendue graisse paraît ne consister qu'en ce que la chair n'est plus pénétrée par du sang coloré, les muscles dont elle fait partie n'ayant pas perdu la faculté de se mouvoir. Les muscles sont destinés à accomplir le mouvement vital. Le mouvement étant du ressort de la physique et non de la chimie, cet objet n'entre pas dans le plan de mon travail. Cependant, comme on a essayé, dans ces derniers temps, d'appliquer les forces générales d'où dépendent les phénomè4ies chimiques et physiques à l'ex- plication du mouvement musculaire, quelques mots à cet égard pourront ne point être déplacés ici. Lorsqu'un muscle produit du mouvement, il se con- tracte, c'est-à-dire qu'il devient plus court, plus épais et ridé transversalement, l'andis que, quand nous avons recours à des leviers pour soulever de grands poids avec moins de force , nous perdons , sous le rapport du temps et de l'amplitude du mouvement, ce que nous gagnons sous celui de la force, la nature suit une marche préci- SaO MUSCLES. sèment inverse, et prodigue la force afin d'obtenir, par une faible contraction dans les muscles, une grande étendue et une grande rapidité de mouvement, A cet effet, les muscles destinés à mouvoir les os s'insèrent tout près de l'articulation autour de laquelle s'effectue le mouvement, et qui sert de point d'appui à ces os con- sidérés comme leviers. Il est probable que la nature supplée à cette perte de force au moyen du problème mécanique qui fait ia base de la contraction de la fibre musculaire elle-même. Mais ce problème nous est encore inconnu On a présumé qu'un muscle entré en contrac- tion se remplissait d'une surabondance de liquide, et que c'était par là qu'il augmentait de volume. Carlisle surtout s'est efforcé d'établir cette bypotbèse par de nombreuses expériences. 11 est tout-à-fait étranger à mon sujet d'en- trer dans ime pareille discussion; mais je ne puis me dispenser de dire qu'il y a impossibilité absolue d'admettre qu'une affluence plus considérable de liquides dans un muscle qui se contracte soit la cause de sa contraction, pour peu qu'on se rappelle avec quel degié de rapidité certains mouvemens musculaires s'accomplissent et se succèdent. Dumas et Prévost ont cbercbé, il n'y a pas long- temps, à expliquer la cause du mouvement musculaire d'une manière tout-à-fait nouvelle. Ils croient avoir trouvé que les nerfs, au lieu de se terminer, comme le disaient ordinairement les anatomistes, par des ramifica- tions trop défiées pour qu'il soit possible de les suivre, pénètrent à angle droit dans les fibres musculaires mises en mouvement par eux, et, après en avoir traversé un certain nombre, reviennent sur eux-mêmes, à travers les mêmes fibres charnues, pour se réunir de nouveau avec le tronc nerveux d'où ils sont partis. Ils ajoutent que les nerfs livrent passage à un courant électrique qui va en avant dans une portion de cette anse nerveuse, et qui revient sur lui-même par l'autre. Comme on sait que deux courans électriques qui marchent en sens contraire s'attirent lé- ciproquement par leur polarité électro-magnétique op- posée, suivant eux, le courant électrique tend à rappro- TENDONS ET APONÉVROSES. 5ll clier les deux points où la fibre nerveuse est pénétrée par le nerf; et eoinme il y en a un grand nombre le long de cliaque fibre nerveuse, eclle-ei se laeeourcit, se plisse ou se fronce dans toute sa longueur. De cette manière la fibrine ne jouerait là d'autre rôle que de servir en quelque sorte de soutien h l'organe de la force vivante, au nerf, et elle se raccourcirait dans le sens de sa lon- gueur lorsque les portions de nerfs douées de polarité électro-magnétique tendraient à se rapprocher par leurs pôles opposés. Otte hypotbèse est fort Ingénieuse. Mais donne-t-clle une explication exacte ? Avant de pouvoir se prononcer à cet égard, il faudrait que,^ans nul égard «à l'iiypo- ibèse elle-nicme, les anatomisles constatassent la l'éalite d(; cette disposition des extrémités nerveuses en forme d'anses. Il faudrait en outre expliquer comment les points des nerfs situés les uns à côté des autres, dans lesquels le courant électrique suit la même dii'ection, sont em- pécbés, par la répulsion mutuelle, de faire équilibre à l'attraction, et où va ensuite le courant électrique ré- trograde j sans neutraliser celui qui vient à sa rencontre. Au reste, il est certain que beaucoup des phénomènes qui se rattachent au mouvement musculaire parlent hautement en faveur d'une action électrique exercée par les nerfs, motif pour lequel l'hypothèse dont je viens de parler n'en mérite que mieux d'être soumise à un examen approfondi. r^'empioi de la chair musculaire comme aliment est généralement connu. t>^ F. Tendons et aponévroses. La plupart des muscles soumis à l'empire de la vo- lonté s'insèrent, par l'une de leurs extrémités ou par toutes deux, à un corps membraneux blanc, brillant, arrondi ou aplati, qu'on appelle tendon, et qui pénètre quelquefois fort avant dans la substance du muscle, dont les tlbres s'attachent à lui d'une manière très-ferme. Un tendon est brillant, lisse, blanc ou d'un gris-blanc, entouré à l'extérieur d'un tissu cellulaire peu serré, ou 5a 2 TENDONS ET APONliVROSES. d'une sorte de gaine, qui facilite son glissement sur d'au- tres corps. Après qu'un tendon a élé ramolli dans l'eau, il se laisse étendre sur le doigt en manière de membrane ayant l'éclat de l'argent, caractère qui distingue les fibres tendineuses, même les plus déliées, des vaisseaux et des nerfs. I^e tissu de ces organes est fibreux dans le sens de leur longueur. Quelque différens qu'ils soient du cartilage, sous le rapport de leurs propiiétés exté- rieures, ils n'en sont pas moins composés, comme ce dernier, d'un tissu donnant de la colle; en les sou- mettant à une ébullition prolongée, on parvient à les transformer en une colle qui devient ferme. Pendant 1 ébullition, ils se gonflent, jaunissent, acquièrent une demi -transparence , et sur la fin, peu avant de se dissoudre, deviennent muqueux. La dissolution est troublée par de petits vaisseaux qui y nagent sous la forme d'un duvet. Si l'on plonge un tendon dans de l'acide acétique concentré, il se gonfle, devient transparent et gélatineux. En même temps, sa surface devient inégale, ilsecontourneendifférens sens,etlorsqu'on le coupeen tra- vers, il présente une division annulaire et anguleuse, qui semble produite par des gaines de tissu cellulaire plongées dans son intérieur et entourant ses fibres. Si alors on verse de l'eau dessus, et qu'on le fasse bouillir, il se dissout très-rapidement, en laissant les petits vais- seaux. La dissolution se comporte comme une dissolu- tion de colle, et ne précipite pas par la potasse, non plus que par le cyanure ferroso-potassique. Les tendons se comportent de même avec l'acide hydrochlorique et avec la potasse caustique. Par la dessiccation, ils deviennent durs, translucides, jaunes et semblables à de la corne; mais ils reprennent leur apparence première quand on les ramollit. Une macération prolongée dans l'eau détruit d'abord le tissu cellulaire, ce qui permet de séparer les fibres tendi- neuses les unes des autres; mais celles-ci finissent aussi par se résoudre en une sorte de bouillie d'un gris-clair. Quelquefois il s'opère une sorte d'ossification partielle dans les tendons, des sels terreux se déposant dans TISSU CELLULAIRE. 5l3 leur tissu d'une manière analogue à ce qui arrive aux cartilages quand ds s'ossifient. On doniie aux portions ossifiées des tendons le nom d'os sésamoïdes. Ces os de- viemient rarement plus gros que des pois; c'est prin- cipalement dans quelques tendons de l'articulation de la main et du pied qu'ils se produisent. Les tendons servent à fixer les muscles aux os, et leurs fibres s'entrelacent avec celles du périoste, qui est de même nature qu'eux. Ils agissent comme des cordes mortes; mais ils permettent à la nature de fixer un muscle à une grande distance du point sur le- quel |on action doit porter, et par là de donner aux parties du corps des formes convenables et com- modes. On nomme aponévroses des espèces de gaines qui entourent un ou plusieurs muscles, auxquels elles ser- vent de soutien, et dont elles augmentent la force. Leur tissu ressemble parfaitement à celui des tendons, sous le rapport tant des propriétés extérieures que de la com- position. G. Tissu cellulaire. On donne le nom de tissu cellulaire à un tissu par- ticulier, répandu par tout le corps, et entourant tous les organes, qui sert en quelcjue sorte de remplissage pour combler tous les interstices, de manière qu'il ne reste aucun vide. Cette substance paraît être celle qui se forme la première cliez le fœtus, et dans la(}uelle se dé- veloppent ensuite peu <à peu les autres organes. Les opinions des anatomisles sont partagées sur son état pbysique dans le corps. La plupart regardent le tissa cellulaire comme un tissu membraneux, mou, suscep- tible de se ramollir dans l'eau, composé de filamens dé- liés et de minces lamelles transparentes, qui sont unies ensemble de manière à produire de petites cellules communiquant toutes les unes avec les autres. Ces cel- lules ne sont point visibles; mais on peut les remplir 5^4 TISSU CELLULAIRE. d'air, de manière qu'il suffit de pousser de l'air dans une seule pour souffler tout le tissu cellulaire du corjjs. Ce lissù auraitalorsdela ressemblance avec la masse huileuse qui se produit quand on souffle dans une dissolution de savon. D'autres, au contraire, et notamment Bordeu, Wolff et Meckel, le considèrent comme un mucus inter- posé entre les parties du corps , qui ne prend la forme membraneuse et celluleuse que par l'influence de l'air et des liquides infiltrés dans son intérieur, ces fluides y faisant naître des vides vësiculairesqui n'existaient point auparavant. Les diverses opinions se réduisent donc au fond à deux, suivant l'une desquelles le tissu cellulaire est un corps extrêmement mou et flexible, tandis que, d'après l'autre, c'est un mucus gonflé dans de l'eau, sans oi-ga- nisation inlérieure. Cette dernière opinion s'appuie sur ce que le tissu cellulaire du fœtus et des animaux peu développés se comporte exactement connne du mucus, et sur ce que, dans plusieurs classes d'animaux, on ne parvient pas h y introduire d'air par l'insufflation. Cette circonstance ne paraît cependant pas constituer ime preuve proprement dite. La trame organique peut quel- quefois, malgré sa texture intime, se gonfler dans leau, comme le mucus; et, chez plusieurs animaux apparte- nant aux dernières classes, les parties solides se trouvent clans un tel état de ramollissement qu'on peut bien les appeler un mucus organique. Lorsque l'eau ramollit une matière organique (|u'elle ne dissout pas, elle la pénètre vmiformément, sans jamais y produire de vésicules grandes ou petites : cependant nous voyons, dans le tissu cellu- laire du cadavre gelé d'un hydropique, que les glaçons du liquide congelé sont séj)arés les uns des autres par des parois mendîraneuses , qu'on devrait moins que partout ailleurs s'attendre à rencontrer dans un mucus entouré d'une quantité surabondante d'eau. Enfin l'insuf- flation du tissu cellulaire chez un être vivant serait abso- lument impossible si ce tissu n'avait pas une organisa- tion intime celluleuse; car lorsqu'on pousse de l'air dans TISSU Cr.LLULAIRE. 5^5 un liquide mucilagineux , de manière à y produire des bulles, cliaquc bulle s'enveloppe d'une pellieule de li- quide ((ui s'affaisse sur ellc-niêiue à la uioindre ouverture, de manière ([ue les bidlcs adossées se réunissent en une seule plus grande. Si Ton continue à pousser de l'air, les bullessemultiplicntdeplus en plus en s'éloignantavec leur entourage, et il finit par ne plus rien resterdu liquide m uci- lagineux. Ainsi soufllé le tissu cellulaire reste repen- dant sous la forme de vésicules distendues, à travers lescpielles l'air se propage toujours déplus en plus, conune je lé ferai voir plus loin. Toutes les propriétés pliysiques de ce tissu prouvent donc la justesse de la première des deux opinions que j'ai rapportées. IjC tissu cellulaire est de deux espèces. L'un est plus dense, d'un tissu plus fibreux; il a de petites cellules, moins nombreuses et closes. Celui-ci se trouve dans les organes pourvus de meud)ranes nuiqueuses, dont il re- vél la face adhérente. I^es vaisseaux sanguins et les nerfs en sont aussi entourés. L'autre est plus mou, et contient des cellules qui communiquent ensendjle. Il remplit tous les intei'stices entre les parties, et pénètre dans les mus- cles , conune nous l'avons déjà vu. Le tissu cellulaire consiste en une matière donnant de la gélatine, qui, par une ébullitiou prolongée, se ramol- lit, devient mucilagineuse, et se convertit en colle. Le côté intérieur du tissu cellulaire est continuelle- ment humecté par un liquide, qui est résorbé à mesure qu'il se sécrète. Dans l'hydropisie générale appelée ana- sarque, ce liquide est sécrété en plus grande quantité (pi'd n'est absorbé, remplit toutes les cellules, et produit le gonflement du corps qu'on observe chez les hydropi- ques. On a pu, dans ces circonstances, le recueillir et l'examiner. On a reconnu que , sous le rapport de la com- position et de la concentration, il ressemble parfaitement au licpiide des membranes séreuses. On a souvent vu, dans les plaies des poumons, l'air inspiré pénétrer dans le tissu cellulaire, et gonfler ainsi le corps entier, comme ill'est par de l'eau dans l'hydropi- 526 GRAISSE. sie. Cet état est connu sous le nom A'eT7îphysème. Il ne s'accompagne d'aucune douleur, et se dissipe peu à peu, lorsque l'air cesse de pénétrer, sans qu'on sache au juste ce que celui-ci devient. Les cellules sont remplies de graisse sur divers points du corps. C'est ce qui arrive principalement au dessous de la peau, oii l'on donne à cet amas de graisse le nom de paimicule adipeux. On observe aussi des accumula- tions de graisse dans la cavité abdominale, dans l'épi- ploon, qui forme une enveloppe à une partie des or- ganes digestifs, autour des reins, dans les cavités des os longs, et ça et là dans les intervalles que laissent entre eux les muscles. La graisse se dépose encore en pe- tite quantité dans d'autres régions du corps, et quelque- fois la plupart des cellules du tissu cellulaire s'en rem- plissent , ce qui constitue l'obésité. H. Graisse,- Chez tout animal à sang chaud qui a été bien noinni, on trouve une assez grande quantité de graisse déposée dans le tissu celkdaire, sur les points du corps qui vien- nent d'être énumérés. On, a déjà imaginé bien des hypo- thèses pour expliquer la formation de cette graisse. Son insolubilité dans l'eau semblait prouver qu'elle doit se former là oli elle se rencontre; mais nous avons vu pré- cédemment que presque tous ces li(p-iides du corps tien- nent de la graisse en dissolution. A la vérité, elle y existe souvent à l'état d'acides gras; mais celle qui se dépose dans le tissu cellulaire n'est jamais acide dans l'état de santé. Une partie de eette graisse est introduite toute formée avec la nourriture; une autre se forme aux dé- pens des alimens^ et quand le corps vient à être privé de nourriluie, elle disparaît peu à peu, tandis que toutes les circonstances se réunissent pour donner à penser qu'alors elle supplée dans l'économie au défaut d'alinientatioiî. Voilà pour{juoi toute consomption com- mence par la disparition de la graisse du tissu cellulaire. GRAISSE. 627 La^graisse varie, quant à sa nature, chez les divers animaux. Les huiles grasses du règne animal sont, connue celles du règne végétal, différentes sous le rapport de leurs propriétés. L'affinité entre les graisses est relative à celle des classes animales entre elles. La graisse de l'homme et des animaux carnivores appartient à la classe que nous appelons saindoux, tandis que celle des ruininans con- stitue le suif. Dans une grande partie des reptiles et des poissons, la graisse est liquide à la température ordi- naire de l'air. Chez tous les animaux, elle est composée' de stéarine et d'élaïne, c'est-à-dire de plusieurs graisses qui diffèrent par leur fusibilité. Mais les substances auxquelles on donne les noms de stéarine et d'élaïne dans des graisses diverses, ne doivent point être considérées comme abso- lument identiques partout ; elles varient sous le rapport de leur solubilité dans l'alcool, de leur saveur, de leur odeur, etc. Dans l'état actuel de nos connaissances, il est difficile de décider positivement si ces nuances tien- nent à une différence réelle dans la composition élémen- taire, ou à un mélange avec des substances que l'on n'est pas encore parvenu à séparer. Mais, ce qu'il y a de certain, c'est que Chevreul a trouvé les élaïnes fournies par les graisses d'homme, de cochon et de mouton, tellement semblables entre elles, eu égard à la composition, qu'on pourrait se croire autorisé à penser que les différences qu'elles présentent dépendent de substances qui sont mêlées acci- dentellement avec elles. Cependant il y a, par exemple, entre la stéarine de l'honnne et celle de brebis, d'ail- leurs si semblables quant à leurs caractères physiques , cette différence essentielle que la seconde donne une certaine cjuantité d'acide sléarique par la sanonifica- tion , tandis que l'autre n'en produit pas la moindre trace. Mais cette particularité pourrait aussi s'expliquer par la présence d'une autre espèce de stéarine, peut-être moins fusible encore, que l'on ne serait point jusqu'à présent parvenu à isoler. 5^8 GRAISSE. Pour séparer la stéai-ine et lelaïne, on se sert des mêmes moyens que quand on opère sur les huiles végé- tales. Cependant, comme, en général, les gi-aisses ani- males sont solides à la température ordinaire de Pair, il faut, quand on veut les séparer par la pression, com- mencer par les fondi-e, après quoi on les exprime à quel- ques degrés au dessous du point où elles se figent. On laisse l'ef'roidir l'élaïne, qui s'écoule, et on l'exprime de nouveau , pour la dépouiller encore d'une certaine quan- tité de stéarine. On peut aussi séparer la stéarine de l'élaïne par le moyen de l'alcool, dans lecpiel la graisse se dissout. La stéarine se dépose par le refroidissement : on distille en- suite les sept huitièmes de la liqueur, et on mêle au résidu de l'eau, qui précipite un mélange d'une grande quantité d'élaïne et d'une faible proportion de stéarine. Deux méthodes se présentent alors pour séparer ces der- nières Tune de l'autre; on exprime le résidu, après l'a- voir refroidi jusqu'à un certain degré, ou bien on le traite par l'alcool froid à o,85, qui s'empare de l'élaïne et laisse la stéarine. On débarrasse ensuite l'élaïne de l'alcool par la distillation. De cette luanière on obtient de plusieurs graisses animales solides une élaïne qui conserve encore sa fluidité à quatre degrés au dessous de zéro. Du reste, la graisse animale se comporte, à la distil- lation sèche, à l'air, avec l'eau, l'alcool et l'éther, les alcalis et les acides, d'une manière tellement analogue à celle des huiles grasses végétales, que tout ce qui a été dit ailleurs de ces dernières peut également s'appliquer à elle. Pies(jue toutes nos connaissances positives sur ce sujet sont le fruit d'un excellent travail de Chevreul, où j'ai puisé les points principaux des détails dans lesquels je vais entrer. Comme la graisse est renfermée dans du tissu cellu- laire, il faut commencer par l'en débarrasser. Cette opéra- tion consiste à la couper en |:)etits morceaux, qu'on fait fon- dre dans de l'eau qui bout doucement. La graisse surnage GRAISSF HUMAINE. 5^9 à la siirftice de l'eau, qui dissout les matières apparte- nant aux licjuides dont elle est iuipiégnée. On la laisse fi'Tcr, et on la fond de nouveau au bain-marie, pour la dépouiller d'eau, après quoi on la sépare du tissu cellu- laire qui y reste eucore, en la passant. Clievreul a trouvé que i^lusieurs sortes de graisses, dissoutes dans de l'alcool bouillant et précipitées par l'eau, laissaient dans la disso- lution une matière jaunâtre, exbalaut l'odeur de la bile, qui, après l'évaporatlon , pendant laquelle elle perdait son odeur, restait sous la forme d'un extrait jaunâtre, la plupart du temps acide. Cet extrait contenait du cblorure sodique, et par la combustion donnait une cendre alcaline. Evideminment il ne se composait que de substances tirées du tissu cellulaire, analogues à celles de la viande, dont la graisse n'avait point été complètement dépouillée. L'odeur de bile manquait quel- quefois; mais, quand elle existait, elle disparaissait tou- jours ])endant l'évaporation de la liqueur. Graisse humaine. Elle est du nombre des graisses molles qu'on appelle saindoux ou graisse proprement dite. Elle varie un peu suivant les régions du corps qu'elle oc- cupe. Celle des reins, après avoir été fondue, est jau- nâtre et inodore; elle commence <à se figera 9,5", et à l'j^ elle l'est complètement. Celle du tissu cellulaire des mol- lets est également jaunâtre; elle conserve encore sa flui- dité à i5°; mais, quand la température s'abaisse davan- tage , elle dépose do la stéarine. La graisse bumaine exige quarante fois son poids d'alcool à 0,8.2 i pour se dissoudre. En se refroidissant, la dissolution laisse déposer de la stéa- rine qui, après avoir été séparée, redissoute dans de l'alcool bouillant et, après le refroidissement du liquide, exprimée dans du papier brouillard à 26°, jouit des propriétés suivantes: elle est incolore, peu écla- tante, et fond à 5o". On peut la refroidir jusqu'à 41**, avant qu'elle commence à se figer, mais la tempé- ratine remonte jusqu'à 49° par la mise en liberté du calo- rique latent. La stéarine cristallise alors en une masse composée de petites aiguilles, mais qui se termine néan- VII. 34 53o ADIPOGIBB. GRAISSE DE JAGUAR. moins par une surface lisse. Cent parties d'alcool anhy- dre bouillant en dissolvent 21, 5 parties, dont la plus grande portion se dépose, par un refroidissement lent, sous la forme de petites aiguilles. \]élame s'obtient en faisant bouillir le papier brouillard dans lequel on a forte- ment exprimé à 0° la graisse restée dans l'alcool refroidi. C'est une huile incolore, encore liquide à — 4° 5 mais qui cristallise en aiguilles à plusieurs degrés au des- sous de cette température. Sa pesanteur spécifique est de 0,913 à I 5°. Elle est inodore, et a une saveur douceâtre. 100 parties d'alcool bouillant en dissolvent laS d'é- laïne, et, en se refroidissant, la dissolution commence à se troublera '^'7°. 100 parties de graisse humaine don- nent, par la saponification, c)5, 24 a 96,18 d'acides gras, consistant en acides margari(|ue et oléique, et fusibles de 3i à 35°, plus 9,66 à 10 parties de glycérine. La stéarine donne 8,6 parties de glycérine, avec 94i9 d'acides gras, sans acide stéarique, et fusibles à 5i°. L'élaïne donne 9,8 parties de glycérine, et 96 d'acides gras, fusibles de 34 à 35°. D'après l'analyse de Chevreul, la graisse humaine et son élaïne sont composées de : Graisse. Élaïne. Carbone 79,000 78,566 Hydrogène..... ii,4i6 ti,447 Oxigène 9i,584 9,987 Sous le nom i}^ adipocire ^ Fourcroy a décrit une graisse de cadavres, qui avait été retirée d'un cimetière de Pa- ris, et qu'il regardait comme une combinaison d'une ma- tière grasse particulière avec de l'ammoniaque. Chevreid a fait voir depuis que ce n'est autre chose qu'une graisse humaine saponifiée, dont les acides gras étaient inconnus du temps de Fourcroy, et que ces acides y sont eil partie à l'état de liberté, en partie combinés avec de l'ammo- niaque, de la chaux et de la magnésie. La graisse de jaguar est d'un jaune-orangé. Elle se fige à 29^,5, température à laquelle il s'en sépare un peu GHàlSSÉ DE PORC. &3l d'élaïne, quT reste lic|uicle. Elle a une odeur désagréable, et exige pour se dissoudre 46 parties d'alcool bouillant à 0,821. La glycérine qui se produit pendant sa saponi- fication a une saveur répugnante. La graisse de porc est blanche ou faiblement jau- nâtre, et molle à la température ordinaiie. Sa fusibilité varie, suivant les diverses espèces de porc, entre 26" et 3i°. Au momeut où elle se fige, la température augmente un peu. D'après Saussure, sa pesanteur spécifique est à i 5° de 0,938, à So*^ de 0,89 1 8 , à G9" de 0,88 1 i , et à 94° de 0,8628, toujours comparée avec celle de l'eau à i5^. Lorsque, suivant Braconnot, on la presse long-temps et avec force, à zéro, dans du papier brouillard , celui-ci lui enlève 0,62 de son poids d'iuie élaïne incolore, qui reste liquide même à uh grand froid. Selon Clievreul, l'élaïne de la graisse de porc a une pesanteur spécifique de 0,916, et 100 parties d'alcool anhydre bouillant en dissol- vent 123 de cette substance; la dissolution commence à se troubler à 62". La stéarine (o,38) qui reste après qu'on a exprimé l'élaïne, est inodore, translucide, sèche et grenue. Après avoir été fondue, elle reste liquide juscju'à ce que la température soit descendue à 38°: elle commence alors à se figer, et la température remonte à 43". Sa surface est inégale et manifestement conqjosée de petites aiguilles cristallines. Si on laisse la graisse de porc exposée à l'air pendant long-temps, elle devient jaune et rance, acquiert une odeur forte, et rougit le [);;pier de tournesol. Il se dé- gage alors un acide gras, volatil, qui n'a encore été exa- miné que d'une manière incomplète, et que Chevreul a trouvé analogue à l'acide caproi({ue, acide dont je parle- rai en traitant du beurre. Cent parties de graisse de porc donnent, par la sapo- nification, 9,0 parties de glycérine et 9^,05 d'acides mar- garique et oléique, qui, après avoir été fondus, com- mencent à se figer à 54°, et soiit complètement solides à 52°. L'élaïiiedon ne 94 parties d'acides gras et 9 de glycérine. La composition de la graisse de porc a été examinée 34. âîSa SUIF DE BCKCF. par Chevreul et Saussure , qui ont obtenu les résultats suivans : Saussure. ÉUiiie. Gr. saponifiée. 7/1,793 75,747 11,652 ii,6i5 iD,556 i2,3a5 — 0,3 1 3 Chei neul. Élaîne. Graisse. Graisse. Carbone . . . . . 79, o3 79>098 78,843 Hydrogène , . . II,/i22 ii,i/i6 12,182 Oxigène. . . . , .. 9M8 9.756 8,5o2 Nitrogène . . . — o,/,73 La graisse analysée par Chevreul fondait entre 29^ et 3i°. Les élémens de la glycérine n'existent plus dans la graisse saponifiée que Saussure a analysée, et qui, en place, contient Teau des acides gras. La graisse de porc a des usages très-étendus dans l'é- conomie domestique, la médecine et les arts. Ce qu'on appelle^/'c/i'.s'*" oxigênée ( axungia oxigenata s. nitrica ) dans les pharmacopées, est cette graisse dans laquelle on a versé un huitième d'acide nitrique à 1,22, tandis qu'elle était fondue, et dont on a ensuite volatilisé com- plètement l'acide, à une douce chaleur, en la remuant. Traitée ainsi, la graisse rancit et jaunit; elle contient, outre de la graisse non décomposée, une certaine quan- tité d'acides gras qui se sont produits. Le suif de bœuf ç^?X généralement connu quant à ses caractères extérieurs. Après avoir été fondu , il connnence à se figera 37'', et sa température monte alors jusqu'à 39°. Il exige 40 parties d alcool bouillant à 0^821, pour se dissoudre. Il contient environ les trois quarts de son poids de stéarine, qu'on en sépare maintenant en grand, par un procédé qui consiste à le remuer sans interrup- tion au moment où il va .se figer, et à l'exprimer ensuite à 35° dans de fortes étoffes de laine, qui laissent écou- ler l'élaïne contenant encore une certaine quantité de stéarine. Si l'on refroidit ensuite cette élaïtie de quelques degrés, qu'on la presse, et que l'oii continue ainsi jus- qu'à ce que la dernière pression s'exerce à 2° au dessous de zéro, il se sépare chaque fois un peu de stéarine, et Ton finit par obtenir une élaîne qui ne se concrète point SUIF DE BOEUF. IIUILll DE PIEDS DE BCffiUF. 533 encore à quelques degrés au dessous de zéro. La stéu' rine du suif de bœuf est blanche, grenue et cristalline. Elle ne fond qu'au dessus de 44"» et peut être ensuite refroidie jusqu'à 39° sans se figer; mais alors sa tempé- rature monte à 44"- ^^^ surface de la masse solidifiée est unie, mais consiste cependant en un assemblage d'ai- guilles cristallines microscopiques. Cette stéarine est demi-translucide, comme de la cire blanche; elle n'est pas grasse au toucher, et bride en répandant la même clarté que la cire blanche. Cent parties d'alcool anhydre dissolvent, par l'ébullition, j 5,48 parties de cette substance. Par la saponification, elle donne 0,901 d'acides gras, avec moins d'acide stéarique que celle du suif de mouton : après avoir été fondus, ces acides commencent à se figer à 54", et sont complète- ment solidifiéscà 52°. L'élaïne est incolore et presque inodore. Elle a une pesanteur spécifique de 0,913. Cent parties d'alcool anhydre en dissolvent I23,4 à ']'j°. Par la saponification, elle donne 0,966 d'acides gras. Chacun sait que le suif de bœuf sert à faire des chan- delles et du savon, et qu'on l'applique aussi à divers usages économiques. Tout récenunent on a perfectionné son emploi poiu* la fabrication des chandelles , en le débarrassant de l'élaïne par l'expression, et n'utilisant que la stéarine, qu'on fond ensuite, avec quelques cen- tièmes de cire, pour lui enlever sa texture cristalline et l'empêcher d'être cassante. Les cliandelles ainsi pré- parées ne le cèdent guère on bonté à la bougie. On a essayé aussi, et non sans succès, avant d'employer le suif à faire des chandelles, de le traiter par un peu d'acide nitrique, qui convertit une partie de son élaïne en acides gras, le durcit et le rend moins gras. 'Lne graisse particidière , qu'on retire des pieds de bœuf, réclame encore une attention particulière. Pour se la procurer, on etdève les poils et les sabots, on écrase la paitie inférieure de l'os de la jambe, et on la fait bouillir dans de l'eau , avec tout ce qui l'entoure. A la surface du liquide vient nager une graisse qu'où 534 SUIF DE BOUC. appelle huile de pieds de bœuf. Cette graisse reste liv'{uicle au-dessous de zéro, et on peut la conserver long-temps sans ([u'elle s'altère. Après en avoir séparé la stéarine qui s'y trouve dissoute, on l'emploie pour graisser les rouages des horloges qui , en raison des grands froids auxquelles elles sont exposées, exigent une graisse non sujette à se figer. Le suif de bouc ressemble au précédent, mais se distingue j^ar une odeur spéciale et désagréable, qui est celle de l'animal. Cette odeur dépend d'une graisse par- ticulière qu'il contient, que Chevreul a nommée hircine (de hircus , bouc), et qui, lorsqu'on séj)ai-e le suif de bouc en stéarine et en élaïne, suit cette dernière, dont l'odeur devient par là plus prononcée encore. On n'est point encore parvenu à séparer fhi reine de l'élaïne, et son existence n'est conclue que de l'analogie avec d autres graisses odorantes. Pendant la saponification de 1 élaïne, il se développe un acide gras volatil, qui a l'odeur particulière du bouc, et qu'on réussit à isoler. Pour l'obtenir, on convertit en savon quatre parties de suif de bouc , avec une partie d'hydrate potassique dissoute dans quatre d'eau. On étend ensuite la liqueur d'une plus grande quantité d'eau , on décompose le savon par l'acide phosphorique ou l'acide tartrique; on sépare les acides gras, on les lave, on mêle le liquide acide qui reste avec l'eau de lavage et on distille le tout. I^ors- qu'une petite portion du produit distillé laisse un résidu en l'évaporant sui- une feuille de platine, il faut le soumettre de nouveau à la distillation; car c'est une preuve que, pendant la première opération, une petite portion de la ii(jueur a été entraînée dans le récipient par l'effet de la mousse. Le pro- duit pur est saturé avec de l'hydrate barytiqueet évaporé à siccité; on décompose le sel en le distillant avec des poids égaux d'acide sulfurique et d'eau. On trouve alors dans le récipient l'acide, sous la forme d'une huile incolore et volatile, nageant à la surface de l'eau qui a passé en même temps que lui. Cet acide a été appelé hircique par Chevreul. V SUIF DE MOUTON. 535 L'acide hircique ne se fige pas à zéro. Il a l'odeur du bouc et en même temps un peu celle de l'acide acétique. Il rougit le j)apier de tournesol. Peu soluhle dans l'eau, il est très-soluble dans l'alcool. Il forme d(^s sels particuliers avec les bases salifiablcs. Vliirciate potassique est déliquescent. Vhirciale ain- tnonique a une odeur de bouc plus prononcée que celle de l'acide lui-même. Mliirciate barjllque est peu soluble dans l'eau. D'après une expérience analytique faite sur une très -petite quantité de ce dernier sel, Chevreul conclut que la capacité de saturation de l'acide birclque est de 8, i3. Le suif de mouton ressemble extérieurement à celui de bœuf, seulement il est d'un blanc plus pur, et, après être demeuré quelque temps à l'air, il acquiert une odeur particulière. Lorsqu'on le fait fondre, il com- mence quelquefois à se figer à 37*^, et la température monte alors à 39°; mais quelquefois aussi il ne se fige qu'à 4o°i ^t alors la température s'élève à 4i°- H ^'•^^^ 44 parties d'alcool bouillant à t),82i pour en dissoudre une de ce suif. Sa stéarine est blancbe et peu brillante : elle commence à se solidifier à 37°, 5, et sa température monte alors à 44°- La stéarine concrète a une surface unie, mais elle laisse apercevoir des traces de cristallisation dans le milieu, où le refroidissement s'est opéré avec le plus de lenteur. Elle est à demi translucide. Cent parties d'alcool anbydre bouillant en dissolvent i6,o<) de cette substance. Par la saponification, elle donne g4i6 parties d'acides gras, contenant de l'acide stéarique , qui commencent à se figer à 54''> et qui sont complétemc^nt solides à 53°. Son élaïne est incolore : elle a une faible odeur de mouton, et une pesanteur spécifique de 0,913. Cent parties d'alcool anbydre en dissolvent 80 à 75°. Par la saponification, elle donne 0,89 d'acides gras, avec un peu d'acide bircique. De cent parties de suif de mouton saponifiées on ol)tient assez d'acide bircique pour pro- duire 0,3 d'hirciate barytique. D'après l'analyse de 536 HUILE CE POISSON. Chevreul, le suif de mouton, sa stéarine et son élaïne ont la composition suivante : Suif. Stéarine. Élaïne! Carbone 78,996 78,776 79-354 Hydrogène 11,700 11,770 11,090 Oxigène 9,3o4 9,454 9,556 Les usages du suif de mouton sont les mêmes que ceux du suif de bœuf. Graisse des cétacés. La plus grande partie de la graisse qu'on obtient de cette classe de mammifères est liquide à la température ordinaire, et connue sous le le nom d'/uule de poisson. Chez quelques espèces de cachalot, tels que les phjseter inacrocepJialus, tursio, microps et oithodoii , ainsi que chez le delphinus edentulus , la graisse de certaines parties du corps contient une stéarine particulière, qu'on appelle sperma ceti, blanc de baleine. llluiile de baleine s'obtient en faisant fondre le pan- nicule adipeux de l'animal. Ou la trouve dans le com- merce sous la forme d'une huile brunâti^e, avant une odeur désagréable de poisson. Elle ne réagit point <à la manière des acides. Sa pesanteur spécifif[ue, selon Che- vreul, est de o,9'?.7 à 20°. A zéro, elle dépose de la stéarine parle repos. L'huile, séparée de ce dépôt par la fdtra- tion, est soluble cà 70" dans 0,82 de son poids d'alcool anhydre. Henrv dit qu'elle dissout h. chnud l'acide arse- nieux , l'oxiile cuivrique et l'oxide jîlombique. La disso- lution plombique est troublée par les acides sulfurique et hvdrochloricjue ; l'acide nitrique la colore en brun- foncé , avec une vive effervescence ; la potasse et la soude la coagulent. Cette huile se saponifie très-aisé- ment : elle exige pour cela 0,6 de son poids d'hvdrate potassique et 5 parties d'eau. Le savon ainsi obtenu est brun et complètement soluble dans l'eau. Après qu'il a été décomposé par l'acide tartrique, la liqueur acide BLANC DE BALEINE. 537 donne à ia distillation des traces d'un acide gras volatil, qu'on a appelé acide phocénique , et sur lequel je reviendrai plus loin. En outre, riiuile donne de la gly- cérine d'une saveur franche, aiiîsi que des acides gras, qui ne contiennent pas d'acide stéarique, et qui sont colorés en brun par une matière brune, acide, oléagineuse et exhalant l'odeur dhuile de poisson. La stéarine qui se dépose par le refroidissement de l'huile de poisson , et qu'on a débarrassée par l'alcool étendu de l'oléine qui y adhérait encore, se fige entre 2 1 et 27°, après avoir été fondue. Elle exige, pour se dissoudre, 1,8 partie d'alcool anhydre bouillant. Elle se sépare en cristaux de cette dissolution, laissant une eau- mère brune et épaisse. Cent parties donnent, par la saponification, 85 parties d'acides niargariquc et oléique, 4 parties d'une matière brune infiisible à loo , com- plètement soluble dans l'alcool bouillant et brûlant sans laisser de résidu, 7 parties de glycérine d'une saveur un peu acre et amère, enfin des traces d'acide phocénique. Blanc de baleine. Cette graisse se sépare par le refroidis- sementdel'huilequ'onretiredescavitésdesosducrânedes cétacés dont les noms ont été donnés plus haut. On passe rhuile,onexprimelagraissecristallinequi reste, on la traite par une faible lessive de potasse caustique, pour dissoudre l'huile qui y est restée adhérente, on la lave avec de l'eau, et on la fond dans de l'eau bouillante. Le blanc de baleine se trouve dans le commerce sous la forme de pains blancs, demi-transparens , cassans , à cassure cristalline et lanielleuse.il produit sous le doigt la même impression que le savon dur. A i5°, sa pesanteur spécifique est de o,94'5, d'après Chevreul. Il fond cà 44°i^^- Cent parties d'alcool à 0,821 en dissolvent 3,5 de blanc de baleine, dont il se dépose environ 0,9 par le refroidis- sement. L'éther le dissout à chaud en telle quantité, que la dissolution se prend en masse par le refroidisse- ment. Il est soluble aussi dans les huiles grasses et volatiles, et quand les dissolutions ont été saturées à 538 BLANC DE BALEINE. chaud, la plus grande partie du blanc de baleine cris- tallise par le refroidissement. L'alcool extrait du blanc de baleine qu'on trouve dans le commerce une petite quantité d'une huile in- colore ou quelquefois jaunâtre, qui se saponifie diffici- lement et incomplètement, mais en donnant les mêmes produits que Ta portion cristalline, Chevreul fit macérer pendant vingt à vingt-quatre heures du blanc de baleine avec un poids égal au sien d'alcool à 0,821, qui, après avoir été décanté et évaporé, laissa une certaine quan- tité de cette huile. Ensuite le blanc de baleine fut bouilli avec le double de son poids d'alcool de la même force, qu'on décanta après le refroidissement : le blanc de ba- leine non dissous fut exprimé et soumis plusieurs fois de suite au même traiteinent, jusqu'à ce que l'alcool avec lequel il avait été bouilli, ne laissât plus de résidu huileux à la distillation, La masse ainsi épuisée est le blanc de baleine pur, que Chevreul appelle cétiiie. On l'exprime, et on le fond au bain-marie. Son point de fusion se trouve alors élevé de [\f\° à [\(f. Il forzriC, après le refroidissement, une masse incolore, lamelleuse, brillante, d'une odeur faible et sans saveur. A environ 36o°, il entre en ébullition, et on peut le distiller, pour la plus grande partie, sans qu'il ait éprouvé de chan- gement. On peut y mettre le feu , et il brûle comme de la cire blanche. Cent parties d'alcool anhydre bouillant en dissolvent i5,8 de cétine; mais l'alcool à o,834 n'en dissout que trois. La plus grande partie se sépare par le refroidissement, sous la forme de lames cristallines nacrées. Les acides font éprouver à la cétine la même altération qu'aux autres graisses, et par l'acide nitrique elle produit le même acide cristallisable que ces der- nières, dont je parlerai dans la suite, Leshydratesalcalins la saponifient difficilement. Si on la fait digérer pendant plu- sieurs jours, entre So'^et^o", avec une lessive composée d'un poids égal au sien d'hydrate potassique et d'un poids double d'eau , elle finit par se convertir en un savon ÉTHAL. 5^9 dont les principes constituans diffèrent de ceux d'autres savons. En effet, il contient du magarate et de l'oléate alcalins, en combinaison avec une graisse non saponifiée, que Chevreul appelle élhcd, et qui sera décrite plus bas. Lorsqu'on décompose ce savon au moyen d'un acide, l'étbal se sépare avec les acides margarique et oléique, le tout formant ioi,G parties pour loo de cétine, c'est-à-dire i,6 de plus que ne pesait cette der- nière. 60,96 parties sont des acides gras, et 4o,64 de l'élhal. Il ne se produit pas de glycérine, mais bien 0,9 partie d'un corps extractiforme , jaunâtre, qui n'est peut-être qu'accidentel. Il ne se forme non plus d'acide gras volatil. L'addition d'un autre savon à la dissolution de l'hydrate potassique accélère la saponification de la cétine. Chevreul a analysé la cétine, et de Saussure, ainsi que Bérard, le blanc de baleine qu'on trouve dans le commerce,. avec le résultat suivant: Chevreul. lîérartî. Saussure. Céline. Blanc de baleine. Blanc de baleine. Carbone 81,660 79,5 ^5,474 Hydrogène 12,862 11,6 12,795 Oxigène ........ . 4,^78 8,9 ^'377 Nitrogène — — • o,354 Le blanc de baleine sert en pharmacie à préparer cer- tains emplâtres et ongucns. Dans l'économie domesti- que , on l'emploie pom^ fliire de la bougie, en place de la cire blanche, avec laquelle il ne peut cependant point rivaliser sous ce rapport , à cause de son prix plus élevé. On obtient Véthal en saturant avec de l'hydrate bary- ti([ue les acides gras qui résultent de la décomposition du savon de cétine, enlevant tout l'excès d'hydrate par le lavage avec de l'eau, desséchant complètement la masse, et versant dessus de l'alcool froid ou de l'éther, qui dis- sout l'étbal et laisse le savon de baryte. On distille la li- queur spiritueuse, et l'éthal reste. C'est une graisse so- lide, cristalline et translucide, sans saveur ni odeur, qui 54o ÉTHAL. se fige a /j8° après avoir été fondue sans eau, et seu- lement à 5i°,5 après l'avoir été avec de l'eau. Par un refroidissement lent, elle cristallise en minces pail- lettes cristallines. On peut aisément la distiller, tant seule qu'avec de l'eau, de manière que, pendant même la saponification de la cétine, il s'en volatilise déjà une certaine quantité, qui se condense dans un entonnoir de verre renversé sur le vaisseau ou dans tout autre appa- reil convenablement disposé. A l'aide de la distillation, on la débarrasse de toutes les substances étrangères qui pourraient être mêlées avec elle. L'élbal brûle comme de la cire. Plongé dans l'eau, il devient blanc à la su- perficie, sans se dissoudre. L'alcool à 0,812 le dissout en toutes proportions à 54°. H cristallise en feuilles par le refroidissement lent delà dissolution. On peut le fondre avec une autre graisse et avec les acides gras. L'acide sulfurique le décompose à cbaud: il devient rouge, puis brun, et dégage du gaz acide sulfureux, mais l'acide sulfurique n'en dissout que très-peu. Avec l'acide nitrique, il donne les mêmes produits que les autres graisses. L'bydrate potassicpie, à divers degrés de con- centration, ne le dissout point; mais si l'on vient à ajou- ter un peu de savon, les deux corps se combinent en- semble en une masse flexible, jaunâtre, fusible de 6a à 64°, et dont on peut enlever l'excès d'bydrate potassi- que en jetant un peu d'eau dessus. Quand on fait bouillir cette combinaison avec quarante fois son poids d'eau, elle blancbJt d'abord et s'y dissout ensuite sous la forme d'émulsion. En étendant l'émulsion d'une grande quan- tité d'eau, il se sépare une combinaison d'étbal avec du margarate et de Toléate potassiques, qui, sur le filtre, ressemble parfaitement à de l'bydrate aluminique. Ce précipité, quand ou le cbauffe, se convertit en une li- queur laiteuse, que surnagent des gouttes d'huile; mais, par le refroidissement, il reprend l'aspect muqueux qu'il avait auparavant. Après qu'on a évaporé toute l'eau, il est fusible en une huile jaune. Lorsqu'on le brûle, il ne reste que o,oo63 de potasse, ce qui prouve qu'il ne GRAISSE DE DAUPHIN. 54 1 contient que fort peu de margarate et cl'oléate potassi- ques. L'éthal est composé, d'après l'analyse de Chevreul, de Tiouvo. Atomes. Calculé. Carbone . 79,7660 16 79,67 Hydrogène t 3,9452 34 i3,82 Oxigène 6,2888 i 6,5i Ces proportions entre les nombres des atomes s'ac- cordent avec 8 volumes de gaz carbure dibydrique et un volume de vapeur d'eau, fj'otlier contenant ces gaz dans le rapport de 2 : 1 , et l'alcool dans celui de i : i, cette circonstance détermina Chevreul à créer le nom d'e- thal^ formé avec les deux premières syllabes d'étlier et d'alcool. Le poids atomique de l'éthal est de i535,i53. Graisse de dauphin. Chevreul a analysé la graisse du delphinus pliocena et celle du delphinus globiceps. Toutes deux sont des builes liquides. Delphinus phocena. L'huile obtenue en fondant la panne du marsouin dans de l'eau était d'un jaune pale. Elle avait une odeur de poisson, qui disparaissait par l'ac- tion réunie de la lumière Sï»laire et de l'air. Sa pesanteur spécifique était de 0,937 à 16". Elle ne rougit point le papier de tournesol ; mais elle prend à Tair une couleur brune, qui disparaît au bout de quelque temps; elle exhale alors l'odeur de l'huile de eolsa , et rougit le pa- pier de tournesol. Cent parties d'alcool bouillant à 0,821 forment, avec 20 part'.es de cette huile, une disso- lution qui se trouble dès qu'on la retire du feu; mais quand on fait bouillir ensemble parties égales d'huile et d'alcool, ces deu.x. substances se réunissent mieux, la dissolution ne dépose plus rien ensuite, et on peut y ajou- ter de nouvelle huile presque en toutes proportions. Par la saponification, cette huile donne 0,822 d'un mélange d'acides margariquo et oléique, 0,1 4 de glycérine, et une quantité d'acide phocénit[ue suffisante pour former 0,16 de phocénate barytique. Dans cette opéra- 54a ORAISSX DE OA.UPKIIf. tion , il se dégage une matière ayant l'odeur du cuir apprêté au gras. Delphinus globiceps. Sa graisse est une huile d'un jaune citrin, ayant à la fois l'odeur de poisson et celle du cuir apprêté au gras. La pesanteur spécifique de cette huile est de o, 918 à ao". Cent parties d'alcool anhydre à 10° en dissolvent laS, et cent d'alcool à 0,81 a et à 70° n'en dissolvent que 110. En faisant refroidir très- lentement cette huile jusqu'au point de congélation, ou un peu au dessous, elle dépose une cétine qui se rap- proche de celle du cachalot, sans néa-nmoins lui resseni- Ller parfaitement. Après avoir été fondue, cette cétine commence à se figer à 45°^5j, et elle est totalement solidifiée à 43°,5. Cent parties d'alcool bouillant à o,834 en dissolvent 2,9 parties. Elle se saponifie plus difficilement que la cétine de cachalot, donne moins d'éthal et plus d'acides gras, qui sont plus riches en acide niargarique. L'éthal de cette huile fond à 47°, tandis que celui de l'autre fond à 48^^. L'huile de laquelle cette cétine s'est déposée, est par- faitement liquide à 20°, et semblable à du beurre à i5°. Sa pesanteur spécifique est de o^^xl[. Cent parties d'al- cool à 0,820 en dissolvent i49i4 parties avant d'entrer en ébullition. Par la saponification, 100 parties de cette huile en donnent G6 d'acides gras (acides margarique et oléique), qui contiennent i4,3 parties d'une graisse non saponifiable, semblable à l'éthal, seulement plus fusible, et, à proprement parler, composée de deux graisses, dont l'une fond à 27" et l'autre n'entre en fusion qu'cà 35*^. On la sépare des acides gras par les mêmes moyens qu'on emploie pour isoler l'éthal. Sa saponification donne en outre i5 parties de glycérine, et une quan- tité d'acide phocénique suffisante pour produire 34,6 parties de phocénate barylique. Phocénine et acide phocénique. L'acide phocénique est un acide gras volatil, duquel provient l'odeur parti- culière de la graisse de dauphin, comme celle de la graisse de bouc dépend de l'acide hircique. On ne sait pas en- PHOC^Nm» ST ACIDE PHOC^NIQUE. 54^ core précisément sous quel état cet acide existe dans la graisse, et jusqu'à présent les opinions à ce sujet Ilot' tent entre deu\ hypothèses. L'acide est tout formé dans la graisse conihinéeavec lui, à peu près comme plusieurs acides peuvent se combiner avec l'éther en produisant une liqueur qui n'est point acide; ou bien la graisse con- tient une élaïne particulière^ qui diffère des autres par la propriété de donner naissance à cet acide volatil quand on la saponifie. La première opinion paraît plus vrai- semblable que l'autre , parce qu'indépendamment de la saponification, il y a beaucoup d'autres cii'constances encore, comme, par exemple, la dissolution de la graisse de dauphin dans l'alcool, l'influence de l'air sur elle, etc., qui dégagent certaines portions d'acide pliocénique, d'où il résidte que la graisse exhale une odeur plus forte, et qu'elle acquiert la propriété de rougir le tournesol, dont on peut la dépouiller par la magnésie, qui sature l'acide. En traitant la graisse de dauphin par l'alcool, celle qui contient l'acide phocénique se dissout plus aisément que le reste. Clievreul prescrit de dissoudre loo parties de graisse dans 90 parties d'alcool anhydre chaud, de laisser refroidir la dissolution, de décanter le liquide, et de distiller l'alcool au bain-marie. Le résidu oléagineux est traité par de l'alcool froid et étendu, après la volatilisation duquel il reste une graisse liquide, qui contient l'acide pho- cénique, et que Ghevreulappelle^-?7zoiJe/z//^e. El le est rendue un peu acide par de l'acide phocénique que l'alcool en a dé- gagé, mais qu'on peut lui enlever à l'aide delà magnésie. l^^phocénine a les propriétés suivantes : Elle est com- plètement liquide à l'y*', elle a une odeur faible, qu'on ne peut définir, qui tient de celle de l'acide phocénique, mêlée de quelque chose d'éthéré; sa pesanteur spécifique est de 0,954 à ly" et elle ne réagit point cà la manière des acides. L'alcool la dissout en grande quantité, mais la rend toujours acide, quoiqu'il n'y ait jamais que très- peu d'acide mis à nu. Elle se saponifie fort aisément, et donne alors 59 parties d'acide oléique , i5 de glycérine et 32,82 d'acide phocénique anhydre. 544 ACIDE PHOCÉNIQUE. Il est clair, d'après ce qui précède, que la phocénine est ou une combinaison d'acide phocénique et d'une graisse ^^ayant de l'analogie avec l'éther sous le rapport de la composition, ou une espèce toute particulière d'élaïne. \j acide phocénique appartient, comme l'acide hir- cique et quelques autres acides dont je parlerai en trai- tant du beurre, à la classe des acides gras que nous apj)elons volatils, et dont j'ai déjà fait mention, tom. V, p. 36o. De même que tous les acndes dont je dorme ici la description, il a été découvert par Chevreul, qui l'a obtenu non-seulement de la phocénine, mais encore du blanc de baleine et des baies mûres du viburnwn opulus ^ dont l'odeur lui fit naître l'idée de l'y cliercber. Il l'appela d'abord acide delphinique ^ mais changea ensuite cette dénomination, afin d'éviter les erreurs qui auraient pu provenir d'un nom qu'en chimie végétale on déi'ive de delphiniwn. Pour obtenir l'acide jîhocénique, on saponifie la phocénine avec de l'hydrate potassique, on décom- pose le savon par l'acùde tartrique, on sépare les acides gras par la filtration, et on ajoute assez d'acide tartrique pour qu'il se précipite du surtartrate potassi- que. On lave les acides gras à plusieurs reprises avec de l'eau, dont on se sert ensuite pour laver le tartrate po- tassique, puis on distille la liqueur acide mêlée avec l'eau de lavage. De même qu'à l'égard de l'acide hirci- que, on essaie le produit de la distillation pour s'assurer qu'il est pur, et on ledistilleunesecondefoisdanslecasqu'il laisserait un résidu après avoir été évaporé. Ensuite on le sature avec de l'hydrate barytique, et on évapore la dis- solution jusqu'à siccité. On sépare alors l'acide du sel sec par l'une ou l'autre des deux méthodes suivantes. a). On met loo parties de phocénate barytique pul- vérisé dans un vase en verre cylindrique et étroit, et l'on verse dessus 2o5 parties d'acide phosphorique dis- sous, d'une densité de 1,12. Le phosphate barytique qui se produit, se précipite, et, après quelque temps de re- pos, il se forme à la surface de la liqueur une couche ACIDE PHOCIÎNIQUE. 54^ d'acide phocéniquc, qu'on enlève. La liqueur est un mélange d'acide j)hoconi([ue et de svu'-phospliate barytique dissous dans de l'eau, dont on obtient encore un peu d'acide phocénique étendu en la distillant. b). On mêle loo parties de sel sec et pulvérisé avec 33,4 parties d'acitle sulfurique, préalablement étendu de 33,4 parties d'eau. L'acide phocénique mis à nu se porte tout entier à la surfiice : on le décante, après quoi on ajoute 33,4 parties d'eau au résidu, ce qui sépare encore un peu d'acide phocénique. En redistillant au bain-marie l'acide phocénique ainsi obtenu, il passe dans le récipient un liquide oléagineux, qui est cet acide pur, nageant sur de l'eau, qui en tient une certaine quantité en dissolution. 11 reste dans la cornue un magma brunâtre, provenant en partie de l'acide phocénique qui a été décomposé aux dépens de l'air renfermé dans le vaisseau. On peut retirer l'a- cide de la dissolution aqueuse en ajoutant une quantité suffisante de chlorure caleique à cette dernière, et la distillant au bain-marie. L'acide phocénique pur est ime huile très-coulante, incolore, ayant une odeur forte, qui tient à la fois de l'aigre, de celle du beurre rance et de celle d'huile de dau- phin ancienne, dernière odeur qu'il communique à tous les objets avec lescpiels il entre en contact. Il a une sa- veur acide brûlante, avec un arrière-goût éthéié de pomme de reinette. Il laisse une tache blanche sur la langue. Sa pesanteur spécifique est de 0,932 à a8°. Il n'est point encore figé à — 9°. Son point d'ébullition est au-dessus de 100°. A l'abri du contact du gaz oxigène, il se volatilise sans se décomposer. Il laisse sur le papier une tache de graisse qui disparaît bientôt. Cet acide huileux est de l'acide phocénicpie aqueux, qui contient 9 pour cent d'eau. On n'a point encore pu l'isoler de manière h l'obtenir à l'état anhydre. Cent parties d'eau à 30" en dissolvent tout au plus 5,5 d'acide phocénique, et la dissolution s'évapore plus facilement que l'acide concentré. De l'acide phosphorique concentré qu'on y VII. 35 546 ACIDE PHOCÉNIQUE. verse en sépare de l'acide phocénique sous la forme de gouttes d'huile. Elle est miscible en toutes proportions avec l'alcool anhydre. La dissolution aqueuse de l'acide phocénique se dé- compose peu à peu à l'air, et acquiert l'odeur du cuir préparé au gras. Quand on la distille dans des vaisseaux qui contiennent de l'air, elle se décompose également un peu, en prenant une odeur aromatique, due à une matière nouvellement produite, qu'on peut séparer de l'acide en sursaturant ce dernier avec de l'oxide plombique, qui fait naître un sousphocénàte plom- bique presque insoluble. L'acide phocénique s'en- flamme à l'air, et brûle comme une huile essen- tielle, avec une flamme fuligineuse. A 1 5°, l'acide sùlFurique concentré le dissout, avec dégagement de chaleur, mais sans le décomposer : de l'eau, qu'on verse ensuite dans la liqueur, en sépare une portion de ce qu'elle tient en dissolution, mais le précipité est re- dissous par un excès d'eau. Si l'on chauffe à plus de ioo° la dissolution de l'acide phocénique dans l'acide sulfu- rique, elle prend une teinte foncée, et entre en ébullition: il se dégage de l'acide sulfureux, de l'acide phocénique et une matière d'odeur aromatique; une assez grande quantité de charbon reste dans l'acide. L'acide nitrique froid à 1,^3 dissout très-peu d'acide phocénique, mais ne le décompose point. L'acide phocénique forme avec les bases salifiables des sels particuliers, dans lesquels sa capacité de saturation est de 8,792. Suivant l'analyse de Chevreul , il est composé de : Carbone. . . 65,oo Hydrogène . 8,^5 Oxigène . . . 26,75 D'après sa capacité de saturation , on voit qu'il contient 3 atomes d'oxigène. Mais le résultat analytique se prête tellement à plusieurs rapports différens qu'on ne saurait décider lequel est le véritable. Ces rapports peuvent être : PHOCÉNATES. 547 Atomes. Calculé. Atomes. Calcnli'. Atomes. Calculé . Carbone... lo 66,367 10 66,0 9 63, 608 Hydi'ogène . i4 7,586 i5 8,1 î5 8,654 Oxigèiie.... 3 26,047 3 25,9 3 27,738 'Las, phocénates sont inodores, même à 100". INIais los acides libres, même l'acide carbonique, en dégagent l'o- deur de l'acide jjliocéniqiie, avec le concours de la chaleur. Chauffés à l'air, ils dégagent la même matière d'odeur aromatique qui se produit quand on distille l'acide, A la distillation sèche ils noircissent , dégagent du gaz car- bure dihydrique, du gaz acide cai'bonique, et un liquide oléagineux ténu, odorant, d'un jaune-orange, cjui n'est point soluble dans la potasse. 'L.e phocénutc potassique ^ obtenu en saturant l'acide avec du carbonate potassique, perd aisément un peu d'a- cide par l'évaporation, et diîvient alcalin. Ce sel a une saveur piquante et douceâtre, avec un arrière-goût fai- blement alcalin. Il est tellement déliquescent que quand on en expose i partie h. l'air humide, elle absorbe 1,72 par- tie d'eau dans l'espace de quelques jours, l^e phocénate sodique est égalemerit déliquescent. Lorsque la tempé- rature s'élève au dessus de 32°, on peut l'obtenir cristal- lisé en choux-fleurs. 11 se liquéfie promptement, et ne peut point être évaporé à 26°. \^e. phocénate ainuioni- que s'obtient cristallisé en mettant l'acide phocénique concentré dans du gaz ammoniaque. Si l'absorption du gaz continue, le sel redevient liquide. Il s'humecte à l'air. I^t phocénale barjtique cr\?,ia.\\hii en prismes incolores, transparcns, brillans, d'une saveur piquante, avec un arrière-goût légèrement alcalin et douceâtre. Il réagit faiblement à la manière des alcalis, et s'effleurit à l'air, eu perdant 2,44 pour cent d'eau de cristallisation. A i 5° , il est soluble dans 2 parties d'eau, dont 1 suffit pour le dissoudre à 20°. Sa dissolution étendue se décompo.se au bout de quelque temps, en déposant du carbonate barytique et des flocons muqueux, et répandant l'o- deur du vieux fromage, hephocénate strontique est déli- 35. 548 GRAISSE d'oiseaux. quesceut. Desséché sur de l'acide sulfurique, dans le ré- cipient d'une machine pneumatique, il cristallise en prismes, qui s'effleurissent à l'air ■àech*.^ phocénate cal- cique forme des prismes et des aiguilles, l^a p/iocénate ferreux se produit quand on verse une dissolution d'a- cide phocénique sur de la limaille de fer; mais, peiidant sa production, il nese dégage pas de gaz hydrogène, et la dissolution n'a lieu qu'aux dépens de l'air existant dans la liqueur. Si cette dernière contient un excès d'acide, elle rou- git avec le temps, et contient alors du phocénatejerrique. La dissolution neutre se trouble en absorbant de l'oxisène, et dépose un sous-phocenate ferrlque, couleur de rouille. \iQ phocenate plonibique se forme presque instantané- ment, et avec dégagement de chaleur, par le contact mu- tuel de l'oxide plom bique et de l'acide. Le sel neutre passe aisément à l'état de soussel par l'évaporation. Eva- poré sur de l'acide sulfurique, dans le récipient d'une ma- chine pneumatique, il cristallise en feuillets flexibles, fusi- blesquandon leschauffe.Dans le soussel, ol)tenuen faisant dissoudre davantage d'oxide plombique parle sel neutre, l'acide est combiné avec trois fois autant de base que dans celui-ci. Ce soussel exige une très-grande quantité d'eau pour se dissoudre, et en évaporant sa dissolution sur de l'acide sulfiu'ique, dans le récipient de la ma- chine pneumatique, on l'obtient cristallisé sous la forme de petites aiguilles brillantes, groupées en demi-spbèi'es. Il a la saveur de l'acide phocénique, ne fond pas quand on le chauffe, et est décomposé par l'acide carbonique de l'air. Graisse d'oiseaux. On n'a examiné qu'un petit nombre de graisses appartenant aux animaux de cette classe. La graisse d'oie est incolore. Elle a une saveur et une odeur agréables et particulières. Après avoir été fondue, elle se prend à ay" en une masse grenue, ayant la con- sistance du beurre. Exprimée à — 1° dans du papier brouil- lard , elle se résout, d'après Braconnot, en o,32 de stéa- rine fusible à l\[\^ ^ et en 0,68 d'élaïne incolore ou par- fois jaunâtre, qui a la saveur particulière de la graisse GRAISSE d'oiseaux. GRAISSE DE POISSONS. 549 d'oie. Suivant Chevreiil, la stéarine de graisse d'oie se fige à l\o°^ aptes avoir été fondue, et sa température sV'lè\e alors à /[3''. Cent parties d'alcool anhydre bouil- lant en dissolvent 3(5 parties. Par la saponification , elle donne 0,944 d'acides margarique et oléique, fusibles à 48,5, et 0,08 de glycérine. \Jéla'ùie a une pesanteur spécific[ue de 0,929 à i 5". Cent parties d'alcool anhydre en dissolvent i23,5 parties à 76°, et à 5i°, la dissolu- tion commence à se troubler. Par la saponification, elle donne 0,89 d'acides gras. La graisse de canard fond à 1^°. Suivant Bracon- not, elle donne, quand on l'exprime à — 2°,o,28 de stéa- rine fusible à 52'',5, et 0,72 d'élaïne, dans laquelle réside la saveur partit ulière de la graisse de canard. La graisse de dindon se l'ésout également en 0,26 de stéarine, fusible à 45", et 0,74 d'une élaïne jaunâtre, ayant la saveur de la graisse de dindon. Graisse de poisson. Elle est connue dans le commerce sous le nom d'/zi^//e<'/e/>'(ywjo/z. On l'obtient par l'ébuUition. li huile de poisson, telle qu'on la tronve dans le commerce, est, d'après Chevreul, liquide et d'un jaune brun. Ellea une odeur désagréable de poisson, qui ressemble à celle du cuir préparé au gras. A 20°, sa pesanteur spécifique est de 0,1^)27. P''^' ^^ refroidissement elU- dépose une stéa- rine^ qu'on peut séparer h. l'aide de la fil t ration. Cette stéarine se colore quand on la fait bouillir avec de l'al- cool, (jui en extrait de l'élaïne. Cent parties d'alcool anhydre bouillant dissolvent 55,5 parties de stéarine. En se refroidissant, la dissolution doime d'aboi'd des cristaux blancs et brillans, puis des cristaux jaunâtres, et il reste enfin une liqueur brune et épaisse, qui paraît contenir une matière produite par l'action de l'alcool sur la stéarine. Par la saponification, celte stéarine donne une glycérine amère et peu sucrée, un peu d'acide pho- cénique, et 0,889 f^'at'ic^^'s gras, colorés en jaune par une matière brune, très-soluble dans l'alcool et infusible dans l'eau bouillante. IJélaïne n'est point décomposée par l'alcool. Cent parties d'alcool anhydre bouillant en dis- 55o GRA^ISSE DES INSECTES. Suivent 129. parties ; la dissolution commence à se trou- bler à 6i°. Traitée par la moitié de son poids d'hydrate potassi(|ue, elle se saponifie aisément, en produisant une glycérine d'une saveur fraîche, un peu d'acide phocéni- que , de l'acide margarique et de l'acide oléique. Ce der- nier a une odeur d'huile de poisson , qui se communi- que aussi aux sels. L'huile fournie par le foie du gadus carbonarius {oleumjecoris aselli) forme, d'après Spaar- mann, un liquide tantôt jaune-clair, tantôt brunâtre, dont la pesanteur spécifique est de 0,92g à i5°. L'eau en extrait une matière extractiforme, qui a l'odeur de poisson, rougit le papier de tournesol, se dissout dans l'alcool, et est précipitée de cette dissolution par le sous- acétate plombique et l'infusion de noix de galle. La quan- tité de cette matière s'élève à 4,5 pour cent; le reste con- siste en 19,0 pour cent de stéarine et 76,6 d'élaïne. Par la saponification, cette buile donne: acide margari(|ue 0,170, acide oléique 0,^45, acide pliocénique o,o55 , matière colorante et odorante jaune o,o3 : la glycérine n'a point été déterminée. On obtient encore de l'huile, par l'ébullition , d'un petit poisson assez commun dans la mer Baltique, le gasterosteus aculeaius. Cette huile est jaunâtre et un peu trouble. Elle diffère des autres graisses animales en ce qu'elle est siccative; et au besoin on peut l'em- ployer comme vernis. La graisse des insectes a été moins étudiée encore que celle des poissons. Je ne puis citer à cet égard que : \lhuile de fourmis. On l'obtient en exprimant ce qui reste dans la chaudièie après la distillation des fourmis: avec le liquide aqueux s'écoule une huile qui est d'un jaune safrané, et fjui a une saveur douce, avec un arrière-goût mordicant. Cette huile se saponifie aisément. Graisse de coccus. Les insectes du genre cocciis contiennent une quantitéconsldérabled'une graisse solide. Pelletier et Caventou ont examiné la graisse du coccus cacti. On l'extrait au moyen de l'étber, qui forme avec elle une dissolution jaune, après l'évaporation de laquelle GRAISSE DE COCCUS. 55 1 la graisse reste. Mais, pour en obtenir la stéarine incolore, il faut, à plusieurs reprises, la dissoudre dans de l'al- cool anhydre bouillant et la faire cristalliser. Elle cristallise en feuillets cristallins, blancs et nacrés. Elle est fusible à [{O^^^ et peu soluble dans l'alcool froid. Quand on distille l'alcool , il se sépare d'abord un peu de graisse solide , et il finit par rester une élaïne liquide à zéro, qui est teinte en jaune-rouge par la matière colorante du coccus, et qui contient encore un peu de stéarine. Cette élaïne est facile <à saponifier ; elle produit des acides gras et un acide volatil odorant. Le coccus polonicus contient plus de graisse que les autres. J'ai eu occasion d'analyser deux échantillons de ce coccus^ qui m'avaient été envoyés de Russie. L'un était renfermé dans un flacon bien bouché; il était gonflé, un peu humide, et avait une odeur acide particulière. L'autre, contenu dans une bourse, était sec, et ressemblait au coccus cacti. L'échantillon humide fut épuisé par de l'eau froide. Celle-ci, distillée ensuite, fournit un produit faiblement acidulé, qui, ayant été saturé avec de la soude et évaporé, donna un sel qu'on ne put obtenir qu'en une masse sem- blable à un chou-fleur, et non cristallisé régulièrement. En décomposant ce sel par l'acide pbosphorique concentré, on obtint un acide oléagineux, nageant sur une disso- lution concentrée de surphosphate sodique. Le coccus ^ épuisé par l'eau et séché, fut traité par l'éther : celui-ci se chargea d'une graisse solide, en grande partie non sapo- nifiable, dont je n'ai point examiné les propriétés, mais que je saponifiai pour obtenir davantage encore d'acide volatil , ce à quoi je parvins aussi. Cet acide avait les pro- priétés suivantes: il était huileux et incolore; sa saveur était acre, brillante, acide; il laissait une tache blanche sur la langue, et y produisait une sensation brûlante, qui persistait pendant long-temps. Son odeur ressemblait parfaitement à celle de l'acide butyrique; mais il ne se mêlait pas en toutes proportions avec l'eau, comme fait l'acide butyrique pur. Il résulta des expériences que j'ai faites sur cet acide, qu'il 552 GRA.ISSE DE COCCUS. était composé de plusieurs arides, au moins de deux, qui paraissaient être les mêmes que ceux qu'on ti'ouve dans Je beurre. En décomposant par l'acide phosphorique concentré le sel potassique auquel ce mélange d'acides donna naissance, et après avoir décanté les acides gras vo- latils qui s'étaient séparés, l'éther ne retira presque que de l'acide butyrique de la liqueur aqueuse acide. L'acide decanté,agité pendant long-tempsaveclamoitiédeson vo- lume d'eau, abandoima eneoi'e une quantité considérai)le d'acide butyrique. Les circonstances qui me déterminent à le regarder comme de l'aiide butvrique, sont: i^ son odeur, paifaitement seiniilable à celle de ce dvM'uier; 2° sa solubilité dans l'eau ; '5^ la propriétéqu'a son sel barvtique de ne point blanchir au contact de l'air, de se dissoudre en grande quanti tédans l'eau, et quand ou lejetteeti petits mor- ceaux, sur l'eau, de tournoyer comme du camphre à la surface du liquide, jus [u'à ce qu'il soit dissous. En dé- crivant l'acide butyrique, lorsque je traiterai du beurre, je ferai voir que ces propriétés lui appartiennent. L'acide, agité avec de l'eau, formait la plus grande partie de la masse. Il avait une od.nu- acide et Acre, tenant en même temps de celle des acides butvrique et acétique, mais n'avatit rien de celle du bouc. Il fut agité avec un mélange d'eau et dhvdrate barytique, ce qui donna naissance à un sel soluble. La dissolution avant été évaporée à siccité , et le résidu traité par l'alcool anhvdre, celui-ci s'empara d'une petite quantité de sel, qui resta après l'cvaporation de l'alcool. Ce sel repous- sait l'eau froide, comme une graisse, et se dissolvait len- tement dans l'eau bouillante. Sa dissolution donnait, par l'évaporation spontanée, des cristaux lamclleux, brillaus, qui à l'air devenaient d'un blanc laiteux, opaques et sem- blables à du talc, de manière qu'on pouvait les étaler sur la peau comme de la poudre de talc. La partie de la masse saline, insoluble dans l'alcool, se comportait de même, avec cette différence que la dernière eau-mère contenait encore un peu de butvrate barytique. Ces j)ro- priétés, à cela près de l'odeur hircine, qui n'existait pas, GBAISSE J>£ COCCU5. 553 s'accordent avec ce!Iç5 tfun 3f.^tre acide an betirre, Fa- cie coatt.-r.i:;: «rr.core une autre subslance analogue an troiâkrae acide du beurre, l'acide caprique. L'échantillon sec de coccus polonicus ne contenait que de la graisse saponifiée. Ayant fait chauffer les in- sectes jusqu'à loo**, et les ayant exprimer eîitre des plaques de fer portées à ia même température, j'obtins une graiâse jaunâtre, cristalline dans sa cassure, qui, après avoir été fondue, se 6i°,25, et restait à ce degré tant que durait :_ location. Après l'avoir pulvérisée , et épuisée à plusieurs reprises avec de Falcool à o,85, j'obtins une poudre d'un ! ' neige, rou- gissant le tournesol, qui, avant e - e, se figeait à 64", et conservait cette même température jusqu'à ce qu'elle fût con. ' ' H^. Elle se dissolvait avec facilite dans . |ue, et, après avoir été séparée par un acide, conseivait , sans le moindre chan- gement, son même point de solidification. Comme ce point est plus élevé que celui de Facide margarique, qui se concrète à 60*^, e)Xe pouvait bien contenir aussi de l'acide stéarique, dont je n'ai cepeiidant constaté ia présence par aucune expérience. La graisse, solidifiée lentement, offre dans sa cassure une texture cristallme, à lameâ grossièi^s. Sa combinaison avec la potasse n est soluble que dans l'eau chaude, même quand ceiJe-cî contient de la potasse en excès. Par le refroidissement la dissolution se prend en une masse muqueuse, épaisse, semblable à de fempois, et mêlée d'écaillés bril- lantes de surmargarates. Si Ion délaie ce r: -'" - -:'- fans de l'eau, et qu on le mette sur un filtre moui ^rur traverse lentement le papier, et à peifie trouve-t-oa une trace d'oléate potassique dans le liquide filtré. Il est incontestable que les propriétés chimiques de cette grais-e méritent un examen plus approfondi, J. alcool à o,85 qui avait servi pour laver les acides gras , laissa , après avoir été évaporé , une graisse acide 554 ORGANES GÉNITAUX. bien plus fusible, qui consistait en un mélange d'acide oléiqne et des acides gras moins fusibles, dont j'ai parlé précédemment; mais la quantité de l'acide oléique est très -peu considérable dans la graisse saponifiée du coccus polonicus. Au reste, ce qui prouve que ces graisses contenaient encore un peu de graisse non saponifiée, c'est qu'après les avoir traitées par l'alcali et l'acide tartrique, on en obtint encore une petite quantité d'acides volatils, tant de la portion peu soluble dans l'alcool à o,85, que de celle qui y était dissoute; mais son sel barytique était mêlé avec du nitrate barytique dont l'acide nitriquene provenait point des réactifs; je n'ai pas recberché d'où il pouvait tirer sa source. Il paraît résulter de ces rechercbes que la graisse du coccus polonicus desséché se saponifie, ou, pour parler plus exactement, s'acidifie peu à peu, quand on la conserve , et que les acides gras volatils s'en dégagent insensiblement. VIL Organes génitaux. Le développement de l'animal dans le sein de sa mère, à partir du moment où le premier germe de son existence y est arrivé, dépend entièrement des forces fondamentales qui produisent les phénomènes physiques et chimi- ques ordinaires; mais il s'opère par des procédés qui sont d'une nature toute particulière et enveloppés d'un si grand mystère, que les faits découverts par les physiolo- gistes les plus zélés, à l'égard de la manière dont le fœtus se développe dans le sein maternel, ne sauraient être mis en harmonie avec les effets des forces .fonda- mentales, telles que nous avons l'habitude de les en- visager pour expliquer les phénomènes de la nature. C'est pourquoi nous sommes réduits à nous borner ici à l'analyse de quelques liquides. Nous avouerons aussi que la chimie animale s'est moins occupée de ces or- ganes et de leurs produits que de la plupart des autres. SPERME. 555 A). Organes mâles de la génération dans les mammifères. Ces organes se composent des testicules, avec leurs conduits déférens , des vésicules séminales, de la pi'ostate et des corps caverneux. Il n'est aucune de ces |)arties dont, jusqu'à présent, on ail examiné le tissu solide. Les testicules sont l'organe sécrétoire de la liqueur séminale. Chez les mammifères ils se trou veut, en général, liors de la cavité aixlominale. La liqueur qu'ils sécrètent rePitre dans cette cavité par un long et étroit canal qui s'ouvre dans l'urètre, à peu de distance du col de la vessie, dans l'endroit où il est entouré par la glande qu'on appelle prostate. Cette ouverture est ordinairement fermée , ce qui oblige le sperme à retourner en arrière par un canal latéral qui le conduit dans les vésicules séminales, oii il demeure en réserve ius([u'au moment de raccouplement. La prostate est aussi l'organe sécrétoire d'un liquide qui enveloppe le sperme au moment de son émission , et qui paraît avoir pour usage de rendre plus glissante la surface de l'urètre, d'oi^i le sperme est dardé avec une certaine force pendant l'acte de la copulation. Le sperme et le liquide de la prostate n'ont pu être recueillis et examinés chacun à part. Il est vrai qu'ordi- nairement le liquide de la prostate commence à couler par la seule excitation du coït , mais jamais en assez grande quantité pour qu'il en arrive plus d'une goutte à l'orifice de l'urètre. Cette goutte est claire comme de l'eau, et on peut la tirer en un fil d'une certaine lon- gueur. On ne sait absolument rien sur sa composition. \^e sperme , mêlé avec une certaine quantité du liquide de la prostate, qui l'accompagne ordinairement dans sa sortie, a été examiné par Vauquelin, Jordan et John , dont les recherches n'ont eu pour objet que celui de l'homme. Sa consistance varie un peu , suivant le séjour qu'il a fait dans les vésicules séminales. 11 est muqueux, épais, à peine coulant, demi-transparent, quelque- 556 SPERBIE. fois un peu jaunâtre. Il a une odeur forte, qui ressemble, d'une manière éloignée, à celle des os râpés. Celui qui sort après des émissions réitérées, qui, par conséquent, n'a pas séjourné pendant long-temps, est moins consistant, complètement blanc, et d'une odeur moins forte. Eti Texa- minant au microscope composé, on y découvre une innombrable quantité d'animalcules infusoircs qui se meuvent avec beaucoup de vivacité. D'après lesrecherclies de Dumas et Prévost, ces animalcules existent dans le sperme de tous les animaux : sciilement ils varient de foi'me en raison des espèces. Suivant Vauquelin , le sperme tombe au fond de l'eau, et quand on l'agite avec ce liquide, il s'y divise en fdamcns. Suivant ce cbimiste aussi, il a, au moment où il vient cfétre évacué, la propriété de verdir le sirop de violettes; mais on a beaiicoup de motifs j)our présumer cpie cette réaction appartient pi'oprement au liquide de la prostate. Par l'effet du repos, il s'éclaircit peu à peu, devient toul-à-fait transparent et très-cou- lant, et peut alors se mêler avec l'eau, dans laquelle il se dissout réellement. O cbangement a lieu aussi bien dans ie vide et dans les gaz exempts d'oxigène, que dans l'air atmospbcrique, et il ne paraît pas dépendre d'une com- binaison avec quelque substance étrangère. Après qu'il s'est effectué, les animalcules infusoires continuent en- core à vivre et à se mouvoir. Vauquelin a trouvé que le sperme qui a ainsi cbangé d'aspect, dépose des cristaux, dont la formation n'est point le résultat de l'évaporation, puisqu'elle a lieu aussi quand on cmpécbe cette dernière d'avoir lieu. Exa- minés au microscope , ces cristaux représentent des prismes à quatre pans, l'éunis en manière d'étoiles, et terminés par des pyramides à quatre faces. Quoique Vauquelin les regarde comme du pliospbate calcique, il est très- probable, cependant, qu'ils étaient dus à du phospbate ammonico-înagnésicjue, qui se forme aussi spontanément dans d'autres liquides animaux , au sein desquels il cristallise. Lorsqu'on évapore du sperme, il se couvre d'une pellicule qui devient peu à peu SPERME. 557 plus épaisse, et qui contient de petits grains blancs, regardés également par Vau(juelin comme du pliospliate calci({ue. Après lu dessiccation complète, il reste une masse jaunâtre, transparente, fendillée, qui s'élève h 10 pour cent du poids dtî sperme. Si l'on chauffe ce résidu pardegrés, il se ramollit, jaunit, et répand unefumée jaunâtre, qui exhale l'odeur de la corne hiûlée. Il donne beaucoup d'ammoniaque et un charbon difficile à inci- nérer, d'où Vaucpielui dit avoir extrait du carbonate sodique, dont la quantité s'élevait à deux et demi j)our cent du poids du sperme. Mais ce sel paraît avoir été du chlorure sodique mêlé avec un peu de carbonate sodique. Yauqueliii ajoute que le charbon, après avoir été brûlé, laissa une cendre composée de phosphate cahMque. Dans ses expériences, le sperme frais fut dis- sous par tous les acides, même les plus faibles, comme par l'urine et le vin aigri, et les alcalis le précipitaient de cette dissolution. De même, il était dissous par les alcalis caustiques, d'oii les acides ne précipitaient rien. La dissolution de chlore le coagulait, le rendait épais, blanc et insoluble tant dans l'eau que dans les acides. A'^au- quelin a trouvé 100 parties de sperme composées comme il suit : Matière extractive particulière 6 Phosphate calcique 3 Soude I Eau go John a trouvé dans ce liquide une matière particulière, analogue au mucus, des traces d'albumine modifiée, se rapprochant du nujcus, une petite quantité d'une matière soluble dans l'élher, de la soude, du phosphate calcique, des chlorures, du soufre, et une matière odorante vo- latile. Autant qu'on peut en juger d'après ces recherches, le sperme contient urie matière de nature particu- lière, que nous appellerons spennati/ie, qui n'y est 658 SPERME. point dissoute, mais qui s'y trouve seulement gon- flée, comme du mucus, dont elle diffère par la pro- priété qu'elle possède, quelque temps après l'émission du sperme, de pouvoir, eu vertu de causes inconnues, se dissoudre dans l'eau, qui n'avait fait jusque-là que la gonfler, et de produire ainsi un liquide clair qui ne se coagule plus par l'ebullition. Cette propriété le distingue de toutes les autres matières animales. Quelques expé- riences qui ont été faites depuis, confirment cette ma- nière de se comporter, mais paraissent, du reste, donner une tout autre idée de la liqueur séminale que celle qui semble ressortir des assertions de Vauquelin. Si le sperme, au moment de son émission, tombe dans de Falcoo! à o,833, et qu'on l'y laisse quelques mi- nutes, de manière que ce liquide le coagule, sans qu'on remue le vase, il prend une teinte opaline, et forme un caillot qui ressemble à un peloton de ficelle, absolument comme si , en traversant le ^conduit éjaculateur, le sperme avait formé un long fil qui, au lieu de se ré- soudre en liquide, n'eût fait que se rouler sur lui-même dans son passage à travers l'urètre. Cette matière coa- gulée en filamens par l'alcool, est principalement consti- tuée parla spermatlne. La coagulation par l'alcool lui a fait perdre la propriété de passer à l'état soluble. En se dessé- chant, elle reste filamenteuse, comme auparavant, d'un blanc de neige et opaque. L'eau la ramollit peu à peu, et la rend muqueuse; apparence qui devient plus sensible encore par l'ebullition avec de l'eau, laquelle ne dissout qu'une très-petite quantité de substance, et seulement à l'aide d'une coction prolongée; dans cette opération , elle ne se contracte pas, et ne s'endurcit point non plus. Si l'on évapore l'eau avec laquelle elle a été bouillie, il reste une masse blanche, opaque, dont une partie se dissout dans l'eau froide, et une autre partie, qui se ramollit seulement dans l'eau froide, n'est soluble que dans l'eau bouillante. Les deux solutions sont abondam- ment précipitées par l'infusion de noix de galle. La portion qui est restée sans se dissoudre pendant l'ebullition , ne se SPERME. 559 dissout pas non plus quand on la fait digérer doucement dans une dissolution très-étrndue de potasse, La spermatine coagulée par l'alcool se dissout dans l'a- cide salfurique concentré froid, auquel elle communique une couleur jaune. L'eau précipite en blanccequi a étédis- sous, et les portions que l'acide avait refusé de dissoudre, qu'il n'avait fait que gonfler, se contractent quand on ajoute de l'eau, et abandonnent l'acido. Le précipité ne se redissout pas non plus lorsqu'on ajoute une grande quantité d'eau,même quand on chauffe lemélange. L'acide nitrique froid jaunit la spermatine sans la dissoudre. Le même acide chauden opère la dissolution, et l'eau la j)réci- pite ensuite pour la plus grande partie. Par l'acide acétique concentré, elledevient gélatineuse et translucide, puis se dis- sout, si l'on fait bouillir la masse étendue. La dissolution n'est pas parfaitement claire; de petites fibres déchirées restent sans se dissoudre. Le cyanure ferroso-potassique la trouble; mais le carbonate ammonicpie et le chlorure mercurique ne produisent pas cet effet. L'infusion de noix de galle y produit un précipité qui ne se dépose que leïi- tement. La spermatine coagulée par l'alcool se ramollit dans une dissolution assez concentrée de potasse caus- tique, mais ne se dissout que quand on chauffe la liqueur; la dissolution s'effectue peu à peu, et sans qu'il y ait de résidu. La liqueur n'est point précipitée par l'acide acétique; mais si on dessèche le liquide sursaturé d'acide, et qu'on dissolve l'acétate potassique dans de l'alcool, la plus grande partie de la matière animale reste sans se dissoudre. L'eau ne la dissout que partiel- lement, et la dissolution est précipitée par le chlorure mercurique et l'infusion de noix de galle. L'alcool dans lequel le sperme s'est coagulé a une teinte opaline, et ne s'éclaircit point par la filtration. Evaporé à siccité, il laisse un résidu, qui se comporte en tout comme celui de l'eau dans laquelle du sperme a été coagulé. Nous reviendrons plus loin sur ce su- jet. Quand le sperme tombe dans de l'eau au moment de son émission, il gagne le fond, et la spermatine s'y coagule à 56o SPERMK. peu prèscommedansl'alcool, en formant une massehlanche, fibreuse, qui, au moindre contact, se partage en fila- mens , lesquels, après avoir été retirés de l'eau, se dis- solvent pour la plus grande partie et en peu d'instans dans l'acide acétique; la dissolution précipite abondam- ment par le cyanure fcrroso-potassique. Si on laisse ces filamens dans l'eau, ils subissent un cliangement pareil à celui du sperme lui-même, c'est-à-dire (|ue peu à peu ils se dissolvent et disparaissent, en laissant de petits flocons très-divisés, qui restent en suspension dans la liqueur, et ne gagnent le fond qu'avec beaucoup de lenteur. Cette portion insoluble dans l'eau l'est aussi en gi-ande partie dans l'acide acétique, et la liqueur acide n'est ensuite troublée qu'un peu par le cyanure ferroso-potassique. Cependant la plus grande partie de la spermatine s'est dissoute dans l'eau. Quand on sépare celle-ci par la fillration du faible résidu in- soluble, et (pi'on l'évaporé au bain-marie, elle ex- hale pendant long-temps l'odeur spéciale du sperme, finit pai" prendre une teinte légèrement opaline, et laisse sur les parois du vase un vernis transparent, presque invisible. Lorsqu'on verse de l'eau sur ce résidu, il de- vient opaque, se ramollit, se gonfle et se détache du vase. L'eau en dissout une certaine quantité, qui la co- lore faiblement en jaunâtre. En desséchant la liqueur, et traitant le résidu par l'alcool anhydre, ce dernier dissout une petite quantité d'une matière qui , après l'évaporation, reste sous la forme d'un extrait jaune, et rougit fortement le tournesol. L'alcool h o,833 s'em- pare encore d'une partie de ce que l'alcool anhydre a laissé sans le dissoudre, et ce qu'il a enlevé est égale- ment une matière cxtractiforme rougissant le tournesol. Les deux extraits ressemblent parfaitement à ceux qu'on obtient en traitant de la même manière les liquides de la viande. Quand on les chauffe, ils répandent l'odeur de la viande rôtie, et se charbonnent ensuite. Après la coml3ustion, il reste un peu de cendre, qui consiste en carbonate et en chlorure sodiques, ce qui confirme en- core davantage la ressemblance avec l'extrait alcoolique SPERME. 56 r (le la viande. Il s'ensuivrait de là que le sperme n'appar- tient point à la classe des liciuides alcalins. L'eau froide n'enlève que très-peu de chose au résidu insoluble dans l'alcool du sperme, desséché après avoir été dissous dans l'eau; mais l'eau bouillante en extrait davantage, et laisse une matière d'un jaune-brun et très- muqueuse. Les dissolutions aqueuses faites tant à chaud (ju'à froid se comportent exactement de même. Evaporées à siccité, elles laissent une masse jau- nâtre, transparente, fendillée, ayant l'odeur du pain grillé, sans saveur particulière. I/eau la rend sur-le- champ blanche et nuK|ueuse; après quoi elle se dis- sout tiès- pronq)tement , et donne ainsi un liquide trouble qui, lorscju'on le chauffe doucement , devient clair et jaunâtre, ('e liquide est pi'écipité par l'acétate ploml)i(]ue neutre, le chlorure stann(>ux, le chlorure mercuricpie, le nitrate argentique et l'infusion de noix de galle: tous ces précipités sont m(U|ueux et volu- mineux. La portion insoluble dans l'eau bouillante n'est point dissoute non plus par l'acide acétique. Elle ne l'est que partiellement par l'hydrate potassicjue froid et un peu étendu. Ce qui reste sans se dissoudre est muqueux et extrêmemen t difficile à séparer par lefd Ire ;en le bridant, ce résidu répand une odeur de matière aiuinale, et ne laisse pres(jue aucune tracedesous-phosphatecalciqueou deceu" dre. Lorsqu'on sature avec de l'acide acétique la dissolution dans la potasse, qu'on Tévapore à siccité, et qu'on dissout le sel dans feau, la matière animale reste sous la forme d'une masse mu(|ueuse. Cependant la dissolution saline est faiblement précipitée par Tinfusiondenoix de galle. Ces recherches font voir que la spermatine s'ob- tient sous deux états différens, suivant qu'au mo- ment de son émission le sperme est reçu dans de l'alcool ou dans de l'eau. Dans le premier cas, elle conserve son insolubilité primitive; dans l'autre, elle pisse à un état particulier de soKdiililé, et se partage en plusieurs matières, qui cependant, après i'évaporation VU. 36 562 SPERME. à siccllé, sont redeveiiues en partie insolubles clans Teau, l'acide acétique et la potasse causti(}ue fioide. La spermaline, telle (ju'clle se coagule par l'ac- tion de l'alcool, a qucUjue analogie exiérieure avec la fibrine, même sons ce rapport que sa dissolution dans l'acide acéticjue est |3recipitée pai- le cyantue feiroso-po- tassique; mais elle en diffère par sa solubilité dans l'acide nitrique, et par son peu de solubilité dans lliy- drate potassique froid. Le sperme est destiné à produire le premier germe dans l'acte de la génération. Sa sécrétion ne s'opère qu'avec lenteur, l^es artères qui amènent le sang aux tes- ticules naissent de l'aorte, au voisinage des reins; elles sont minces, et quoi(ju'el!es fouruissenl queKjues bran- ches dans leur trajet, elles conservent cependant tou- jours le même diamètre. Les testicul(\s se tiouvent hors du corps, afin qu'ils soient moins écbauffés, et que par cela même leur action soit moins vive. Leur canal ex- créteur est étroit, et se reploie une multitude tie fois sur lui-même (dans l'épididyniej avant de remonter dans la cavité abdominale. Toutes ces circonstances font voir que l'intention de la nature était d'être avare de sperme. La sécrétion de ce liquide ne commence que quand le corps est arrivé à un certain degré de déve- loppement, et ce n'est que (juand elle débute que les mâles ac(]uièrent les caractères particuliers par lesquels ils diffèrent des femelles, comme la barbe et la voix plus Lasse chez l'honnne. Quand on enlève les testicules avant cette période, ces changemens ne surviennent ja- mais. On a regardé comme une condition essentielle à la génération les animalcules infusoires que Ton découvre dans le sperme, hypothèse que Dumas et Prévost ont cherché dernièrement à faire re\ ivre. Rien deceqiu' con- cerne ces opérations obscures ne saurait être prouvé; mais on peut regarder comme une chose certaine que les animalcules, qui existent constamment dans le sperme, doivent ne point être une chose purement accidentelle, et avoir un but déterminé. ORGANES FF.MlîLLES DE LA GÉNÉRATION. 563 B. Organes femelles de la génération dans les manuni/èrcs. Ces organe:^ n'ont point non plus été examinés sous le point de vue chiini(|ui\ Ils se composent du vagin, de la matrice, des ovaires, avec les trompes et les fratiges, et des mamelles ou des organes séerétoires du lait. Plusieurs de CCS oi'gaues exigeiaieut des recherches chimicpies ap- profondies. La matrice, dont les contractions presque convulsives peuilaut la parturition ont déjà depuis long- temps engagé à y chercher des libres musculaires, sans qu'on ait pu en découvrir, la masse des ovaires, la matière des ovules, si analogue à la matière séminale non en- core fécondée (les plantes, tous ces objets fourniraient sans doute àes résultats imj)oi'tans. Quoicfue la fé(;oudation et le développement du fœtus soient une opération chimique non interrompue, la chimie ne nous apprend rien à leur égard. Les phy- siologistes ont reconnu que, ])ar suite de l'excitation du penchant à la coj)ulation, im ou plusieurs ovules dans l'o- vanecomnienceui à segonflei", (ju'elless'endétaclient pen- dant laclememede I accouplement, et qu'après l'espace de vingt <à vingt-quatre heuiesellesarrivent enfin parles trom- pes dans la inalrlce, ori elles entreiit en contact avec le sperme dii maie, cpii y avait été eniprisoinié jusque-là, et qui produit alors le premier germe du fœtus sur l'œuf, ainsi tondié dans la cavité de cet organe. T^'œuf se fixe ensuite à un point quelcon(jue de la matrice, où se développe peu à peu un tissu vasculaire particulier, appelé placenta^ tandis qu'il se manifeste dans son intérieur une activité nou- velle, dont la description n'est point du ressort de la chimie animale. Le nouvel être se trouve alors dans l'œuf, entouré d'un liquide, et il tient, par le moyeu d'un cordon délié, nommé cordon ombilical, au point de la matrice où l'œuf s'est fixé. Là tous deux se déve- loppent de concert; les membranes qui entourent l'œuf, le fœtus et l'eau au milieu de laquelle il nage, conser- 36. 564 ORGANES FEMELLIÎS DE LA GKNÉllATION. vant toujours enlie eux le même rapport. Au !)out d'un certain laps de temps, qui varie pour chafjue espèce de. mammifère, le fœtus est apte à naître, l^'ordre suivant lequel se développent les parties du corps de ce deruier fournit un sujet d'étude très- remarquable, mais ne peut point être traité ici. Il me suffira de dire que, j)armi les parties solides , le cerveau et la moelle épinière sont celles qui se développent les premières, que le cerveau a très-long-temps la forme de celui d'un poisson, et que du sang se forme et circule avant que le fœtus ait un cœur. On ne sait pas encore bien par quelle voie arrivent les nouvelles matières au moyen desquelles le fœtus se développe. A la vérité, les vaisseaux du fœtus communiquent avec la matrice par le cordon ombilical, mais ils ne sont point en connexion avec les vaisseaux de cet organe, et l'on ne sait pas si le fœtus tire sa nour- riture du placenta par des lympliatiques contenus dans le cordon ombilical, ou du liquide qui l'entoure, ou de ces deux sources à la fois. Lorsque le fœtus est assez développé pour naître, les membranes renfermant le licpiide qui l'entoure se décbirent, de sorte que ce liquide s'écoule peu de temps avant la parturition. On lui donne le nom dVr/// de l'a f/inios. Chez une grande partie des mammifères, l'or- ganisation est telle qu'inimédialement au-deliors de la membrane qui renferme l'eau de l'amnios, et qu'on ap- pelle amnios, s'en trouve une autre encore, l'allantoïde, qui n'adlière point à la première, mais laisse entre elle et celle-ci un espace dans lequel s'accumule un liquide venant de la vessie urinaire par un canal particulier nommé ouraque. Siu' l'allantoïde, se trouve ensuite l'en- veloppe la plus extérieure de l'œuf. L'allantoïde et le liquide qui s'amasse au-dessous de cette membrane n'exis- tent point cbez l'bomme. L'eau de l'amnios et le liquide de l'allantoïde ont été' analysés par un grand nombre de cbimistes, tels que Haller, van der Boscb , Emmert et Reuss, Scbeel, Gmelin et Ebermaier, Vauquelin et Buaiva, Bostock, EAU DE LAMNIOS DE LA. FEMME. 565* John, Prout, Dzondl, Feneulie, Lassaigne, Frommlierz et Giig(M-t. \Jeiiu (/e l'a/unios de laj'entiiie est un liquide trouble, pleiti de flocons caséifornies , (|u'on peut sépare^- par la filtration, et(pii paraissent tirer leur origine du vernis ea- séeux (p. 3-2 1 ) délaehé de la peau du fœtus et tenu en suspension dans le liquide. D'après Vauquelin , la pesanteur spécifi({ue de la lic[ueiu' filtrée est de i,o()5, et elle contient 1,2 pour cent de subslances dissoutes. Bostock a trouvé i,66 pour cent de résidu. L'analyse la plus récente et la plus complète de ce liquide est celle de Frommlierz et Gugert. D'après ces deux cliiniistes, l'eau de l'amnios est jaune, trouble, d'une saveur et d'uneodeur fades. Elle exerce, même sur le papier de curcuma, une forte réaction alcaline, qui dis- paraît cependant à mesure que le papier sèche, et qui tient par conséquent à de l'anunoniacjue. Soumise par eux à l'évaporation , elle laissa 3 poiu" cent de résidu sec. Ce li(juide est coagulé tant pai- rébullition (jue par l'alcool. f>es acides nitri(|ue et hydi"ochlori({ue y font naître un piécij)ité abondant; l'acide acétique n'y en produit (|u'un faible; la potasse caustique -v détermine également un précipité, qui consiste en flocons d'un gris- blanc. Le chlorure mercurique le précipite abondamment, et le précipité devient d'un beau rose au bout de quel- ques minutes. L'infusion de noix de galle en produit un abondant et d'un jaune-clair. Quand on distille l'eau de l'amnios dans des vaisseaux de verre, jusqu'à ce qu'il en ait passé le quart, on ob- tient un liquide qui contient une assez grande quantité de carbonate anunonicjue, avec un peu de sulfure am- monique. En continuant la distillation, il passe encore un peu plus de carbonate anunouique, mais on n'obtient pi us de su Ifureannnonique.Cedernicr ne paraît pas résulter d"un commencement d'altération survenue hors du corps, puiscpie l'opération fut faite peu d'beures après la sortie du liquide, qu'on eut l'attention de tenir frais jusque-là. L'eau de l'amnios filtrée donne, avec la potasse câus- 066 EA.U DE l'aMNIOS DE LA FEMME. tique, un précipité qui consiste en phosjihate calcique et en chaux, tous deux combinés avec une matière animale, par l'intermédiaire (le laquelle ils étaient dissous dans la li- queur ammoniacale. La j)olasseeidève une I orlion de cette matière animale, ce qui rend le sel !'t la tene insolubles. L alcool enlèveau résidu secde l'i au évaporée del'ani- nios une substance exiractifonne jaune, qui [)araît être ana- logue à l'extrait de viandi% puisque Frommherz et Gugert l'appellent osmazome. La portion insoluble consiste , suivant eux, en matière caséeuse, matière salivaire, et surtout albumine, sans (ju'ils ra()portent les motifs sur lesquels ils se fondent pour admettre les deux premières de ces substances. En soumettant à un autre traitement une portion d'eau de Tamnios qui avait été évaporée à part, ils en obtin- rent de l'acide i)en7,oïque et de l'urée. L'acide bydro- chloriq!).e versé dans l'eau de l'aninios évaporée jusqu'en consistance siriqjeuse, précipila une (juantité de flocons jaunâtres acides, qu'un examen détaillé leur prouva être de l'acide benzoWpie et non de l'acide allantoupie. Ce- pendant il serait |)ossible que la sidistance à la(|uclle ils donnent le nom d'acide benzoïcjue fût réellement l'acide urohenzoï(jue, dont j'ai parlé précédemment. La rKjucur séparée par la fdtration de l'acide précipité, fut mêlée avec de l'acide nitrique et l'cfroidie; elle déposa ainsi une multitude de cristaux mamelonnés , qu'ils regar- dèrent cotnme du nitrate d'in'ée. La découverte de Turée dans ce liquide serp.it incontestablement un fait très- remarquable; mais les auteurs r.'ont pas iiidicpsé ime seule réaction (|ui prouve que ces cristaux n'étaient point un dépôt de nitrate alcalin, produit aux dépens i\\\n lac- tate décomposé, senddabie à celui (ju'on obtient des liquides de la viande. Au reste, la jjiésence de 68 EAU r>E x'amvfos de ïa vache, Eau 97^7^ Albumine 0,26 Extrait alcoolique et lactales 1,66 Extrait aqueux avec sucre de lait et sels. o,38 100,00 La présence du sucre de lait dans ce liquide est très- remarcjuable sous le point de vue physiologique, et l'exactitude bien connue d(! Prout est un garant qu'on ne doit pas la considérei" co;nine une observation pré- cipitée. On pourrait en déduire, comme consé({ucîice vraisemblable, que les principes consriluans de l'eau de l'amnios sont tieslinés à être absorbés par le fœtus et à servir à son développement, puis(p]e les mêmes sub- stances se trouvent aussi dans le lait. L'eau de l'amnios d'une vaclie qui venait de mettre bas, a été analysée par Lassaigru^; mais cecliiiniste n'a donné que les résultats de son travad. Suivant lui, le li({uide était jaunâtre, muqueux, presque épais, et d'une sa- veur salée; il réagissaità la manière des alcalis, et conte- nait : de Taibumine, du mucus, une matièr<' jaune, analogue à celle de la bile, du chlorure so;li(jue, du chlorure potas- sique, du carbonate socli({ue et du phosphate calci(pie. Lassai^ne ne cite ni matières extrai;tiformes solublesdans l'alcool ou seidement dans Teau, ni hu'tates; ces sub- stances n'existeraient-cHes plus dans Teau de l'amnios fie l'animal à terme, tandis (pie, dans les premiers îemps de la gestation, elles en fout la partie la plus abondante? D^ondi a trouvé que, soumise à Tévaporation, l'eau de l'amnios de la vache qui vient de mettre bas, la'sse i à 1,1 pour cent de résidu, sous la forme d'une masse saline, facile à détacher du verre, et ayant une teinte un peu verdatre. La pesanteur spécifique du liquide variait entre i,oo'2 et t,<).i8; la quantité des substancf^s (ju'il tenait en dissolution variait donc aussi, et, à une certaine épo-' que du développement du fœtus, il paraissait être plus ACIDE ALLANTOÏQUE. ^69 concentré que sur la fin de la gestation. Dzondi dit positivement qu'à ce dernier moment il n'était point troublé par le chlorure barytitjuc. Suivant Lassaigne, les flocons caséiformes nageant dans l'eau de l'amnios de la vache, consistaient en albumine combinée avec 0,27 de son poids d'oxalate calcique. Liquide allaiitoïqiie de la vache^ c'est-à-dire l'urine du fœtus. Ce liquide est clair, d'un jaune-brun, et d'une saveur amère et salée. Il rougit le papier de tournesol. Dzondi a reconnu que sa pesanteur spécifique variait entre i,oo3 et 1,0-295. T.assaigne, (jui en a fait l'analyse, a trouvé que la pesanteur de celui sur lequel il opéra était de 1,0072 à i5". Soumis à l'évaporation , il se cou- vre, à la surface, d'une pellicule brunâtre, qui sVpaissit peu à peu, et qui se |)récipite dans la liqueur, sous la forme de flocons composés d'albumine et de phosphates terreux. Le résidu du licjuide évapore se dissout en quan- tité assez considérable dans l'alcool. La dissolution est d'un jaune-brun, et laisse, après avoir été évaporée, une masse extractiforme, acide, d'un jaune-brun, mêlée de cristaux blancs et nacrés, qui ne se dissolvent pas quand on verse de l'eau sur la masse. Ces cristaux sont l'acide amnioti- que de Yauquelin, dont Lassaigne a changé le nom en celui (X acide allanloïque. La dissolution contient du chlo- rure sodicpie et du lactate alcalin , plus un sel annnoni- que et des matières extractives, cpii, sous le rapport de la manière dont elles se comportent, ressemblent à l'ex- trait alcoo!i(jue de viande. Lexlrait aqueux contenait du sulfate et du phosphate sodicjues, des phosphates calci- que et magnési(pie, et une matière aiiimale extractiforme brune, qiu; rinfusion de noix de galle précipitait abon- damment et avec une couleur brune. Ce liquide ne contenait par conséquent que très-peu d'albumine, mais il tenait en dissolution diverses matières extractives et des sels de l'urine, avec de racideallantoïque. Lassaigne paraît ne pas y avoir cherché l'urée, quoiqu'on puisse présumer que cette substance y existe. \lacide allantoïquc a été découvert par Vauquehn et 570 ACIDE ALLANTOIQUE. Buniva, comme je l'ai déjà dit. On l'obtienl: en traitant l'extrait alcoolique du litjuide allauloïqiie bouilli par l'eau froide, qui laisse sans le dissoudi'e l'acide, qu'on dissout ensuite dans de l'eau bouillante, pour le purifier complè- tement. Par le l'cfroidissement de la dissolution salurée, l'acide cristallise en longs et étroits prismes à quatre pans, incolores, transparens et nacrés. 11 n'a ni saveur ni odeur, rougit fîiiblemcMit le pa[)ier de tourtiesol , et ne s'altère point à l'air. A la distdlation sèche, il se cliarbom)e sans fondre, caracière qui le distingue aisément de l'acide urobenzoïcjue. En même temps il donne iieaucoup de carbonate et de cyanure ammoniques, un peu d'huile ani- male empyreumatique, et un charbon léger, poreux, facile à incinérer. 11 exige, pour se dissoudre, 3o parties d'eau bouillante et 4ot) d'eau froide. Il est soluble dans l'alcool. L'acide nitrique le convertit, d'après Lassaigne, en une masse jaune, acide, non amère, (pii ressemble à une gomme; mais, suivant C G. Gmelin, il se transforme en un autre acide qui cristallise en longues aiguilles et ne trouble point l'eau de chaux. L'acide all.intoïque forme des sels particuliers avec les bases salifiables. Il a été analysé par Lassaigne et Liebig, qui sont arrivés tous deux à des résultats fort différens. D'apiès l'analyse des allanloates barytique et plombi(|ue, par i^assaigne, sa capacité de saturation n'est (jue de 1 ,6 à i.,^. Voici (juelle •est sa composition d'après ce chimiste et d'apiès Liebig : Lassaigne, Liebig. Carbone. y.8,i5 31,67 Nitrogène. 23,^4 29,51 Hydrogène. ^ i4,5o ' 0,89 Oxigènc. 32,00 34,73 Le résultat de Liebig donne la formule C^ N''^ H^ O'^; mais comme la capacité de saturation ne s'accorde pas avec une telle composition, le nombre des atomes est incertain. L'acide allanloique est uii des plus faibles acides. Il ne OKUF. COQUILLE DR L OEUF. 'jni décompose les carbonates ([u'à la faveur d'une ébullition prolongée; quand ses >els cristaîlisent, une j);ulie de la base reste dans la dissolution, et les cristau\ rougissent le papi(>r de tournesol. I^es allantoutcs sont en géné- ral ti'ès-peu solubles dans l'eau. \JaUaiitoa(c potassi- que cristallise en aiguilles ayant le brillant de la soie; il est solubie dans quinze parties d'eau froide. IJallcinlocile aininoiii:pie^ ({ui ressendileau précédent , donne des cris- taux plus gros. \hiU(m(oat(' barydqne cristallise en ai- guilles (|ui ont une saveur acre; il est plus solubie dans l'eau (pie le sel potassi(|ue. f.es alUintoates sti antique et calcique soiît tous Ai'wy. solubles dans l'eau; les cris- taux du dernier ressemblent à l'acide lui-même. Mallan- toiite ploinhique est solubie dans l'eau, d'une saveur sucrée et astringente, et susceptible de cristalliser. Au reste, la dissolution aqueuse de ces sels ne produit pas de précipité avec le sous-acétate j)lombique, non plus qu'avec les sels mercuieux et argent iques neutres. Lassaigne a trouvé dans \eau de Caninios de la ju- ment les mêmes substances que dans celle de la vache; mais il n'a pas lencontré d'acide allantoïque dans le li- quide de rallantoïde de cet animal, quoiqu'il y aitrecoimu d'ailleurs les mêmes principes constiluans que dans l'eau de Tamnios de la vache, seulement dans des proportions récipioques dilférenles. C. Matières qui appartiennent aux organes génitaux des oiseaux. Le développement du produit de la conception est mieux connu cbez les oiseaux, parce qu'il présente moins de difficultés à l'observation. Après que l'œuf de ces ani- maux a été fécondé dans l'oviducte (et souvent aussi sans aucune fécondation ), il se revêt d'une coquille dure, et il est pondu, pour être ensuite couvé hors du corps. L'cf^z/offre trois parties à examiner : la coquille, le blanc et le jaune. La coquille de l'œuf t5i toute blanche chez beaucoup 572 JîL\NC DE L'oEUf. d'oiseaux; chez d'au! res el le offre des couleurs variées, quel- quefois très-belles, relativeiuent aux(iuelles on n'a point encore recherchéquelles sotjl les matières colorantes qui les produisent. Cette coquille, un peu inégale à sa surface extéi-ieure, y présente une multitude de pores très-fins, qui laissent passer l'air. Les cocjuilles d'œufs de poule sont composées, d'après l'analyse de Vauquelin, de car- bonate calcique 89,6, phosphate calcique, avec un peu de phosphate magnésique, 5,7, et matière animale conte- nant du soufre, [\q. D'après celle de Prout, elles sont formées f\(\ 97 parties de carbonate calcicpie, i de sous- phosphate calcique, et 1 de matière animale, qui reste quand on les dissout dans de l'acidehydrochloriqueétendu. Inunéfliatement au dessous de la coquille, se trouve une pellicule mince i^inemhrana pulcuninis)^ qui est composée d'albumine coagulée selon Vauquelin, et cpie d'autres disent très-susceptible de se réduire en colle par l'ébullilion. Au G;ros bout de l'œuf, cette membrane est détachée dans une certaine étendue de la coquille, entre laquelle et elle existe un vide occupé par de l'air. D'après Bischof, cet air est de l'air ;ltmo^phél■ique, mais un peu plus cliargé d'oxigène, dont il contient 2 i à 2 J pour cent. Le blanc de Vœuf q^X situé immédiatement au-dessous de la mend)rane. (Test une dissolution aqueuse, assez con- centrée, d'albumine, renfermée, comme Ibumeur aqueuse de l'œil, dans les espaces celluleux d'une membrane ex- trêmement mince et facile à déchirer. Les t;ellules exté- rieures contiennent une albumine plus liquide ({ue celle qui louche au jaune La totalité du blanc renferme 12 à J 3,8 pour cent d'albumine. A 75", il se prend en une masse solide, cohérente, blanclie, qui ccjiendant con- tient environ 85 [)our cent d'eau. L'albumine contient en outre de la soude, un peu de chlorure sodicpie, des traces d'une substance extractiforme soluble dans l'alcool, et une petite quantité d'une matière insoluble datis l'alcool, mais soluble dans l'eau, consistant principalement en albumine retenue dans la dissolution paria soude, qui s'est convertie peu à peu en carbonate sodique. JfA.UIVE 1)T. LCÏ.TJF. $73 T^e jaune occupe le milieu de l'œuf, entouré de sa nieuibraiie propre, que i\c[\\ liganiens noueux, a|)pclés c/uiI(iZ('S, fixent à la membrane (|ui forme les cellules du blanc. Suiquelcjue point de la surface du jaune s'attacbe le sperme du maie qui v est entouré de l'albumine et qui cou- vre ce (|u'on nomme le ^crnu\ point arrondi, de couleur laiteuse et de la grandeur d'ime lentill(% qu'enfoiu'ent de petits anneaux concentriques, d'une teinte claire, aux- quels on donne le nom de cicafricule. Le jaune est une émulsion (jui, d'après l'analyse de Prout, contient 54 parties d'eau, 17 d'albumine, et 29 d'buile. Jobn a trouvé dans le jaune de l'acide libre, et regarde l'albumine qui s'y rencontre connue étant une modification de celle du blanc. Nous avons vu quelque cliose d'analogue dans le (Trumen des oreilles. Cîbevreul y a trouvé une ma- tière colorante rougeàtre, et une autre jaunâtre; il compare cette dernière à la matière jaune de la bile. On prépare quelquefois dans les pbarniacies ce qu'on appelle ïhuile d'œuf's^ en prenant les jaunes d'une cer- taine quantité d'œufs durcis au ïeu ^ les faisant torré- fier jusqu'à ce qu'ils deviennent gras, et les expri- mant ensuite ; mais il n'y a pas de doute que l'buile ainsi obtenue n'ait déjà été altérée par la cbaleur. Elle est d'un jaune-rouge et épaisse, et se fige au froid; elle a une odeur particulière, est insipide, et devient rance avec une grande promptltiide. D'après Planclie, un jaune d'œuf contient environ trois grammes d'buile. L'alcool en extrait une oléine jaune, et laisse 0,1 d'une stéarine semblable à celle que fournit la graisse d'autres parties du tissu celbdaire de la poule. Outre l'buile d'œufs, Lecanu a obtenu au-dessous de 10", des cristaux nacrés d'une graisse qui n'était pas saponifiable et ne fondait qu'à 1 45". Il la regardecommeidentiqueavec lacboléstérine.Elles'é- levait à-^ pour cent du poids de Ibuile. L'buile d'œufs con- tient, comme la graisse cérébrale, du pbospbore dans un état inconnu de combinaison, et donne, quand on brûle les jaunes d'œufs, un cbarbou à l'inci- nération duquel s'oppose l'acide phospborique qui se forme» 574 INCUBATION DE l'oeuf. L'huile (Fœufs mériterait sans contredit un examen plus approfondi; mais il faudi-ait rcxîrau'e par l'étlier, et distiller !a dissolution étliéree sur ilv. Tenu; car c'est par ce moyen seul qu'on pourra parvenir à en connaître les vraies propriétés. La facilité avec laquelle elle rancit paraît indicjuer ({u'elle contient un aci le gi-as volatil. Les changemens chimicjucs que Tœuf de poule subit pendant riiicubation , ont été étudiés avec heaucoLqi de soin par Prout. Avant de, faire connaître les résultats des reciierches de ce chimiste, je vais tiécrire brièvement les changemens appréciables à l'œil (jui s'opèrent dans l'œuf couvé. Ijorscjue l'œuf fécondé se trouve exposé à une température soutenue d'environ '^4" •> <^|"e ce soit par l'application du corps de la poule ou de toute autre manière, les affinités du germe entrent en jeu, et ie fœtus de Toiseau commence à se développer. En ouvrant de jour en jour des œufs de poule pendant l'incubation, on peut suivre les progrès du dévelopj)emi'nt (Ki poulet. Diu'ant les premières heures, la cicatricule s'étend da- vantage et s'entoure de cercles concentri(|ues (^/uilones). Elle devient bosselée, s'épaissit, et se sépare en un feuillet extérieur séreux {Jamiiia serosa) , d'où naissent le sys- tème nerveux, le squelette et les mu scies, et en un feuillet in- térieur, muqueux, situé sur \e'yà\.n\e{l(imiim niucosa), qui se convertit en intestin. Entre ces deux feuillets se forme une troisième couche de globules, (|ui se convertissent en réseau vasculaire et système veineux, ce qui l'a fait appe- ler feuillet vascidaire (^lannud clioroidea). De la cica- tricule au centre du jaune se rend un canal par lequel montent, du milieu du jaune, les matières servant au développement du poulet. Au bout de quinze heures, on aperçoit au milieu de la ci(;atricule, dans le feuillet séreux, un trait di- rigé dans le sens de l'axe transversal de l'œuf. Ce trait devient jîlus tari un cordon mince [cliorda dorsulis), {|ui est le rudiment des corps des vertèbres, et des {\e\.\% cotes de ce cordon, naissent aussi deux lamelles, qui forment ensuite les arcs des vertèbres. Les bords supérieurs de ces lamelles produisent, en se réunissant iNCUBATfox Dr. l'œuf. 5^5 ensemble, le eanal verlél)i-al, dans leciiie! se cléveloppcMit le cerveau et la nioclie éj)ii)icre. A la fin du jjrcniiei- jour on aperçoit déjà des traces de vertèbres. Au bout de Ireule-trois lieures on distingue plusieurs parties du cerveau, et au bout de trente-six, les yeux. Le second jour, le canal intestinal et le cœur coinnx'n- cent à se former. Le piemier naît de deux lames [)aral- lèles, (jui s'élèvent tin feuillet lîiuqueux, et représentent d'abord une simple gouttière, qui se ferme ensuite. Le cœur |:)rovient du réseau vasculaire, et on le voit baltre dès le premier moment de son apparition. Du feuillet extérieur on séreux se forme l'amnios, qui entoure peu à peu le fœtus entier : le feuillet vasculaire se jjrolonge en cborion, et la membran^i qui entoure le jaune d'œuf, en feuillet muqueux. Au commencenu^nt du troisième jour le cœur est très- visible; il a alors trois cavités exerçant des pulsations, dont deux forment ensuite les ventricules, et dont la troisième produit le bidbe de l'aorie. i^a colonne verté- brale se courbe, et le nombre de ses vertèbres augmente. Le quatrième jour, le poulet a quatre lignes de long; il est pourvu dVstomac, d'intestins et de foie. En même temps on découvre dans la région pelvienne luie vésicule parsemée de vaisseaux {(lUauloïdé), qui croît sensible- ment les jours suivans; le sang du poulet y arrive vei- neux, et en revient artériel, cbangement qui s'opère aux dépens de l'air introduit à travers les pores de la coqnille de l'œuf. Il se forme également, dans la membrane de la coquille (f/^->/wAi), une multitude de vaisseaux, qui en- trent eti communication avec le cœm^ et qui contiibuent à entretenir la respiration. Si l'on honcbe les pores de la co(juille par le moven d'un enduit d'eau de gomme ou d'iunle, le poulet meurt d'aspbyxie. Le cinquième jour, on apei'çoit les premiers linéamens des poumons; mais CCS organes demeurent inactifs jusqu'à ce (jue la coquille soit brisée. Le septième jour on distingue les premiers signes de mouvemens; le neuvième, l'ossification com- mence, et les vaisseaux appelés vasa vilelli lutea se for- 576 INCUBATION DE L^OEUF, meut sur la nionihraiie du jaune. Au bout de ({uatorze jours, les plumes coinmcuicent à pousseï-, e\ si à celte époque on lelire le poulet de l'œuf, il essaie de respirer. Le dix-neuvième jour, il j)eut déjà piauler, quand on le relire, et le vingt-unième, il perce de lui-même la coquille. J.a membrane du jaune tient, par le moyen de 'ses vaisseaux, à Tarière mésaraïque et au système de la veine porte du jeune oiseau, et s'insère h un point de l'intestin grêle |)ar un canal particulier {diictus vitello- inlestincilis). Le jaime lui-même, en se mêlant peu à peu avec les portions du blanc qui sont le plus voisines de lui, devient par là plus pale, et à réj:)oque oui apparais- sent les vasa liitea^ il s'y furme une multitude de vais- seaux frangés, qui (;n absorbent peu à peu la masse. Pendant l'incubation le jaune se trouve encore, en partie non décomposé, dans le ventre du poulet; mais, durant le cours île la première semaine, il est si coinplèlement absorbé, qu'on finit par ne plus l'aperce- voir que connue une petite cicatrice sur le côté externe de l'intestin. Après cette exposition abrégé de la marclie pbysiolo- gi(pie du déveIop[HmTcnl du poulet, je passe à celle des pbénomenes cbimicpies qui l'accompagnent, tels que Prout les a observés; mais auparavant je dois encore faire connaître cpielques-unes de ses recbercbes prélimi- naires sur la manière dont l'œuf se comporte bors du temps de l'incubation. Prout a trouvé que des œufs, conservés pendant ^X^wx ans au grand air, perdaient cbaque jour, terme moyen, trois quarts de grain de leur poids, et qu'après ce laps de temps les parties qu'ils contenaient étaient retirées vers le petit bout et dessécbées en une masse solide. Plongés dans l'eau, ils en absorbaient beaucoup, re- prenaient jusqu'cà un certain point le même aspect que dans l'état frais, et n'exbalaient point de mauvaise odeur. Un reuf (|ui, frais, pesait 907 ^grains, n'eu pesait plus alors que 544 à-I^^ poids relatif des parties constituantfs de l'œuf est un peu sujet à varier. Si l'on calcule l'œuf à INCUBATION DE L'qeUF. 5'J'J lOOO parties, la coquille et la membrane interne s'élè- vent (le 87,5 à I 19,5 grains, le blanc de 5i6 à 64o, et le jaune de 260 à 38o. D'après une moyenne propor- tionnelle prise sur 10 œufs, la coquille et sa membrane s'élevaient à 106,9, ^^ blanc à 6o4,2 et le jaune à 288,9. La membrane de la coquille fait environ 2 4 millièmes du poids de l'œuf, et donne, quand on la brûle, une petite quantité de cendre, composée de phosphate calci({uc. Quand on cuit un œuf dans de l'eau, il perd entre 2 et 3 pour cent de son poids, et l'on trouve ensuite dans l'eau des sels; savoir, de la soude caustique, du sulfate, du chlorure et du phosphate sodlques, calciques et ma- gnésiques, avec des traces de matière animale. La plus grande partie de ce qui s'est dissous consiste cependant en carbonate calcique, qui, par l'évaporation de la li- queur, se dépose sous la forme d'une poudre blanche. Laquantité de matières inorganiques, fixes, dansles par- ties constituantes de l'œuf, susceptibles d'être dissoutes par l'eau, futdëterminée par la combustion. Leblancest difficile là incinérer, quand on n'a pas soin de laver de temps en temps le charbon avec de l'eau, pour le dépouiller des sels solubles; mais, en prenant cette précaution, on le brûle aisément et d'une manière complète. Le jaune, au contraire, ne peut point être incinéré à la manière or- dinaire.Il se produit de l'acide phosphorique, qui couvre le charbon, et empêche l'air d'avoir accès jusqu'à lui. Pour détruire le jaune, Prout le fait sécher, et le mêle avec du carbonate potassique, puis il chauffe le mélange dans un creuset de platine jusqu'à ce qu'il soit char- bonné, et le brûle ensuite par le moyen du nitre. De cette manièreil obtient les sels terreuxquis'y trouvent con- tenus; quant auxsels alcalins, il détermine leur quantité en employant du nitrate calciqueau lieu du carbonate et du ni- trate potassiques. Ces expériences, qu'il a répétées trois fois pour chaque substance, ont donné les résultats suivans sur mille parties de la substance analysée: VII. 37 578 1NCDBA.TI0N DE l'cEUF. I. BLANC d'oeuf. I. 2. 3. Acide sulfurique 0,29 0,1 5 0,18 Acide phosphorique 0,4 5 0,46 0,48 Chlore 0,94 0,93 0,87 Potasse et soude ( en partie à l'état de car- bonates) 2,92 2,g3 2,72 Chaux et magnésie [idem) o,3o o,25 o,'32 IL JAUNE d'oeuf. Acide sulfurique 0,21 0,06 0,19 Acide phosphorique 3,^6 3,5o 4, 00 Chlore ,. 0,39 0,28 o,44 Potasse et soude (en partie à l'état de carbonates) o,5o 0,27 o,5i Chaux et magnésie [idern) 0,68 0,61 0,67 Les bases et les acides sont présentés icicliacun à part, parce que le soufre et le phosphore entrent comme tels, et non à l'état oxidé, dans la composition de la matière animale. Quant au chlore, il s'y trouve à l'état de chlo- rures potassique et sodique. A.près être resté pendant une semaine sous la poule, l'œuf a subi un changement visible. Il a perdu 5 pour cent de son poids. Le blanc est devenu plus liquide, siu'tout dans le gros bout de l'œuf; si on le fait cuire, il se coagule comme du lait aigri; le caillot qui s'y forme est jaunâtre, et contient une huile soluble dans l'alcool, qu'elle colore en jaune. Prouta donné le nom d'albumine modifiée à cette partie du blanc. Le jaune a perdu de son huile, il est devenu plus volumineuxet plus liquide, sans que ceteffctrésulted'unmélangeavecleblanc. puisque la mem- brane vitelline est entière. Les sels du blanc sont passes en grande partie dans le jaune, qui a conservé tout son INCUBATION CE LOEUF. S'J^ phosphore. Un œuf, qui avait été couvé pendant une semaine, contenait alors, sur looo parties : albumine non altérée 23-2,8, albumine modifiée 179,8, li([uidc am- niotique, meudiranes et vaisseaux, 97, eudîryon 22, jauue3of,3, cocjuiile (avec perte) 167,1. Le jaune donna par la combustion 0,6 de cidore et o,H d'alcali. A la fin de la seconde semaine, Fœuf a jierdu 1 3 pour cent de son poids, l'embryon a beaucoup augmenté de grosseur, et le blanc a diminué dans la même propor- tion. L'albumine modifiée a disparu prescjue entièrement, ou même en totalité; celle qui n'est pas modifiée a plus de consistance qu'auparavant, et devient plus dure par la coction. Le jaune a repris sa grosseur et sa consistance primitives. L'ossification a déjà fait des progrès, et le jaunea perdu sensiblement de son phosphore. ]/œuf con- tient alors: albumine non altérée 175,5, liquide amnioti- que, mend)ranes. etc., 273,5, embryon 70, jaune 25o, 7, co- quille (^et perte) 23o,3. Le dix-septième jour, le jaune donna : acide sulfurique o, ro, acide pbosphorique 2,5o, chlore o,3{), potasse et soude (en partie à l'état de carbonates), o,56, cImux et magnésie 0,75. I^a liquide amniotique donna : acide sulfurique o,34, acide pbosphorique 1,70, chlore 0,68, potasse et soude 2,4o, chaux et ma- gnésie 1,10. A la fin de la troisième semaine, époque à laquelle l'incubation est terminée, l'œuf a perdu 16 pour cent de son poids; le résidu d'albumine, de membranes, etc., s'élève à 29,5, l'embryon à 555, i, le jaune à 167,7, ^^ coquille (avec la perte) à 247,7. ^ ^^^^^ époque, le blanc a presque entièrement disparu : il est réduit à quelque peu de membranes sècbes et à un résidu terreux ; le jaune est considérablement diminué, et contenu dans l'abdomen du jeune oiseau ; les chlorures et l'alcali ont diminué de quantité pendant tout le cours de l'incu- bation, tandis que les sels terreux ont augmenté à un point surprenant. Le tableau suivant donne le résultat de l'incinération de deux œufs complètement couvés, le poids étant supposé 1000 : 3y. 58o INCUBATION DE L ŒUF. " '■'■" ___ ^ r.^ z.rA > a w ^ " > r-u s- > S^' X > 2. — ï, -' ; rt Z" ^ c. f^ "  <^ c c c £ £■ 0 ç- "■ c c 5 5 n D- 0 a 0 S c. ^r.' c t _ c 11 t ^ 1 Reste de blanc et meinbi-nnes. 0,04 0,1-2 0,0!) 0,'i3 0,12 0,03 0,13 0,09 0,25 0,12 0,4-1 3,02 1,00 0,55' 1 1 2,;;(i 0,00 2,53 1,20 0,21 0,t composé de trois sortes de graisses, une stéa- rine, une élaïne , et une graisse qui donne lieu à la for- mation des acides volatils. Cette dernière graisse, qu'on n'a point encore pu obtenir parfaitement pure, a reçu de Cbevreul, qui l'a découverte, le nom de butyrine {à<(' butjrwn y beurre). Les proportions relatives de ces trois graisses peuvent varier suivant les circonstances, ce qui fait que le beurre lui-même varie également beau- coup sous le rapport de la consistance. Bi-aconaot a obtenu par l'expression entre [\q et 85 pour cent de stéarine. Cette stéarine fond à 57"55, Suivant Ghevreul, BEURRE. 58^ nni l'a séparée de dissolutions alcooliques parla cristal- lisation, elle est cristalline, jjIus blanche et plus hril- lanle que cille du suif" de hœut. lîll^ fond à /|4", et loo parties cfali-ool bomllant à 0,8-22 n'en dissolvent (jue 1,45. Par la saponification, elle donne o,C)45 d'acides gras fusibles à l\[\°^ tles traces d'acides volatils et o^O'ji de glycérine. Quant à l'élaïne, on ne peut pas la séparer complètement de la butyrine, ni la butyrine de l'élaïne. ].a méthode que Chevreul emploie poiu' séparer autant que possible ces deux substances l'une de l'autre, est la suivante: on lient pendant long-temps du iieurre purifié à une tenqîérature entre 16" et 19", sous l'influence de laquelle l'élaïne et la butyrine restent liquides, tandis que la stéarine se réunit peu à peu de manière à ce qu'on puisse décanter la portion liquide. Celle-ci est une huile parfaitement neutre, ayant une pesanteur spécifique de 0,0)2 2 à \cf. Cent parties d'alcool à 0,821 en dissolvent (i parties par l'ébullition. Chevreul versa sur celte huile x\v\ poids égal au sien d'alcool anhydre, avec lequel il la laissa en contact pendant vingt-quatre heures, à 19°, en la l'emuant souvent. L'alcool, décanté ensuite, laissa, après avoir été distillé au bain-marie, une huile qui réagissait à la manière des acides, et qui répandait l'o- deur du beurre. Cette huile est la butyrine, mêlée avec une pt-tite quantité d'élaïne. Son acide libre provient de ce que Facool exerce sur la butvrine la même action dé- composante que sur la phocénine, d'où résulte c|u'il se dégage une certaine quantité d'acides volatils, qu'on jieut ensuite enlever en faisant digérer l'huile avec de l'eau et de la magnésie. Il se produit ainsi un sel magné- sique soluble dans l'eau, et la butyrine devient neutre. Dans cet état, elle constitue une huile jaunâtre, dont la couleur n'est cependant point un caractère essentiel, puis(ju'on peut l'obtenir incolore de certains beurres. Ellea l'odeuret lasaveur du beurre, et se figeenvironà zéro. Elle est miscible en toutes proportions avec l'alcool bouil- lant à 0,822. Elle offre alors cela de particulier qu'un mélange de a parties de butyrine et de 10 parties d'al- 588 BEURRE. cool bouillant se trouble pendant le refroidissement, tandis qu'au contraire un mélange de 12 parties de bu- lyrine avec lo parties d'alcool reste clair, même aj)rès le refroidissement, La dissolution alcoolique devient toujours acide, et d'autant plus que la digestion dure p!us long-temps. La butyrine se saponifie aisément. Les acides gras auxquels elle donne naissance par-là com- mencent à se figer à Sa", mais ne sont point encore complètement solidifiés h 16**. Lorsqu'on traite pendant long-temps l'élaïnc du beurre avec de l'alcool anbydre, la butyrine qui se dis- sout est toujours de plus en plus cbargée d'élaïne. Si on la traite deux fois de suite par le double de son poids d'alcool, et qu'on fasse ensuite bouillir la portion non dissoute avec de nouvel alcool, il se sépare par le refroi- dissement luie certaine (juantité d'élaïne, qui n'est point acide, tandis que la dissolution alcoolique rougit le pa- pier de tournesol. Le résidu non dissous est de l'élaïne, débarrassée autant que possible de butyrine. Sa pesan-, teur spécifique est de 0,99. à 19^, et cent parties d'al- cool bouillant à 0,82 1 n'en dissolvent pas plus de 4 pour cent de son poids. Les comparaisons suivantes, entre les produits de la saponification de mélanges variables de butyrine et d'oléine, montrent dans quelle proportion la première est plus épuisée que la seconde par l'alcool. Butyrine, c'eslà-tlirc Pissoliiliuii dans un Piécipitc oblrnu le prtiniei' extrait avec poiJ'.tloubled'alcool par le refroidisse- un jioiils égal d'alcool froid, après la précé- ment de la dissolu- froid, dente. tioii bouillanip, à laqualiirme rvpi- Acides gras. Glycémie . . . 80. 12. 26, ,5o ,5o ,00 83. 14, 00 .75 90,0 10,0 Sel barytique liydre des aci Yolatils. . . . an- ides 8,6 Les acides yolatils sont dégagés de la butyrine non ACIDES VOLATILS DU BEUBRE. 5Sg seulement par l'alcali et l'alcool, mais encore par l'acldo sulfuriquc concentré; l'action mcnie de l'air sur la bu- tyrine, que ce dernier fait rancir, met une partie de ces acides en liberté. acides volatils da beurre. Quand on traite par l'acide tartriquc un savon de beurre, ou mieux de sa partie liquide débarrassée de stéarine d'après la même méthode que celle qui a été décrite en parlant de l'acide phocénique (p. 543), on obtient par la distillation des acides volatils , que Cbevreul a séparés les uns des autres et désignés sous les noms (diacides hutyrique^ ca- proïque et cuprique (i). Voici connnent il prescrit de s'y prendre pour séparer ces acides les uns des autres. IjC produit pur de la distillation, qui ne laisse pas de résidu quand on l'évaporé, et que, dans le cas con- tiaire , on devrait distiller de nouveau, est saturé avec de rhydrate barytique, puis évaporé jusqu'à siccité à une douce chaleur. Le résidu est réduit en poudre, et l'on verse dessus 2,77 fois son poids d'eau, avec la- quelle on le laisse en contact pendant vingt-quatre heures. Cette quantité d'eau serait exactement suf- fisante pour dissoudre le tout, s'il ne consistait qu'en butyrate barytique. La portion qui reste sans se dissoudre est séchée, pesée et remise en contact avec 2,77 fois son poids d'eau. On continue à agir de même jusqu'à ce qu'enfin il ne reste plus qu'un peu de carbonate bary- ti([ue. Chaque dissolution est mise à part, et abandon- née à l'évaporation spontanée. Le premier dépôt appar- tient au sel le moins soluble, et le dernier à celui qui l'est le plus. En recommençant à traiter par la môme quantité d'eau, on parvient à ne dissoudre presque que (i) Il aurait été à désirer c]\ie ces deux derniers noms n'eussent point eu autant d'analogie entre eux, car il peut aisément résulter de là des erreurs. 5gO ACIDE BUTYRIQUE. du biityrate barytique de ce ({ui a cristallisé de la pre- mière dissolulion. liC sel le moins soluble , qui est du caprate barytique, peut aussi être obtenu assez pur. Mais ce qu'il y a de plus difilcile, c'est de séparer le caproate et le butyrate bai'ytiques l'un de l'autre. Pour y parve- nir il faut, après que la plus grande partie du caproate a cristallisé, décanter à temps la dissolution, pour en ob- tenir ensuite le butyrate. Comme le premier exige envi- ron 12 ^ fois son poids d'eau pour se dissoudre, et que le second n'en demande que 2, ■y 'y, on peut ainsi opérer la séparation d'une manière approximative, quoiqu'on n'ar- rive jamais à la rendre complète. On pourrait certaine- ment appeler à son secours les formes cristallines; mais, dans ses expériences, Clievreul n'en a pas obtenu moins d.e liuit différentes, suivant que la cristallisation s'opérait par l'effet de l'évnporation à froid ou à chaud, ou que deux sels cristallisaient ensend)le. Je crois avoir remar- qué que la séparation de ces acides devient plus facile quand on décompose leurs sels barytiques mêlés en- semble par l'acide pliospborique concentré; la plus grande partie des acides se sépare ainsi sous la forme d'une huile, qui peutêtre décantée. Ensuiteonagiteà plusieius reprises ]a liqueur aqueuse avec de l'éther, qui extrait les por- tions encore restantes des acides, on évapore félhcr à Tair li- bre, ou on le distille à la température de 4t>'^, on mêle le mé- lange acidehuileuxavecun poids égal au sien d'eau, onagite le tout, on séparele liquide quand il s'est éclalrci, et on ré- pète l'opération luieou plusieurs fois. La première dissolu- tion ne contient presque que de l'acide butyrique. Les deux suivantes contiennent un peu d'acide caproïque, et le résidu non dissous est un mélange d'acides caproïque et caprique,avec une trace d'acide butyrique. Il est ensuite beaucoup plus facile, après la saturation avec l'hydrate barytique, de séparer l'un de l'autre les sels qui se sont produits. Avide butyrique. Cet acide se trouve non-seulement dans le beurre, mais encore dans l'urine, dans la trans- piration cutanée de certaines parties de corps, qui en ACIDK BUTYRIQUE. SqI portent lodeur, surtout au voisinage des organes génitaux et peut-ctreaussi aux pieds, et clans le suc gastrique, oiiTie- deniann et Gnielin Font rencontré (conip. p i5i ). Pour l'obtenir du hutyrate barylique, on nuMe i partie de ce sel sec avec i,3'2 partie d'acide phospliorique à i,!^ de pe- santeur spécifique. Mais l'acide butyrique mis en liberté se redissout dans la liqueur; aussi ajoute-t-on encore o, 12 d'acide pbosphorique à 1,66 de pesanteur spécifi- que. Au bout de quelque temps, l'acide butyrique se ras- semble à la surface du li([uide, et peut être décanté. On verse encore dans le résidu o,5c) d'acide pbosphorique à r,i2 de pesanteur spécifique, ce qui en sépare de nou- veau lui peu d'acide butyrique. La masse restante, qui contient de l'acide pbosphorique, donne encore une cer- taine quantité de butyrate barytique, quand on la sature avec de l'hydrate barytique. Cependant j'ai tiouvé plus avantageux, conune je l'ai déjà dit précédement, d'agiter plusieurs fois de suite de l'étheravec la liqueur, pour en extraire l'acide butyrique dissous , que j'obtenais ensuite en distillant l'étber à une douce chaleur. Chevreul pro- pose une autre méthode encore: (3n mêle t partie de butyrate barytique avec o,6336 partie d'acide sulfuri- que à 1,85 de pesanteur spécifique, et o,6336 partie d'eau. L'acide butyrique qui se sépare est décanté. Ce qui en reste dans la liqueur acide peut être obtenu en- suite par la saturation avec de l'hydrate barytique. L'a- cide mis en liberté de l'une ou de l'autre manière n'est point encore parfaitement pur; c'est poiuquoi il faut le distiller à une douce chaleur, su.rlebain de sable; de cette manière, il reste un résidu brun d'acide butyrique décom- posé, qui, lorsqu'on se l'est procuré par le moyen de l'a- cide pbosphorique, contient aussi du surphosphate ba- rytique. Au reste, après cette première distillaîion, l'acide contient encore beaucoup cKeau, dont on le débarrasse en le mêlant dans une cornue avec un poids égal au sien do chlorure calci([ue, et le distillant au bout de quelques lieures. L'acide ainsi obtenu, quoiqua son plus haut degré de $92 ACIDE BUTYRIQUE. concentration, est cependant un ackle aqueux, qu'on ne peut point dépouiller de son eau, qui y tient lieu d'une Ijase salifiable. Il forme un liquide clair comme de l'eau, semblable à une huile volatile. Son odeur est à la fois acide, pénétrante et analogue à celle du beurre rance. Sa saveur est acide et mordicante, avec un arrière-goût douceâtre, comme celle de l'éther nitrique. 11 produit une taciie blancbe sur la langue. Sa pesanteur spécifique est de 0,9765 à a 5°. H reste encore liquide à 9" au des- sous de zéro. Il produit sur le papier une tache grasse, qui disparaît peu h peu. A. l'air libre il s'évapore peu à peu, sans laisser de résidu. Son point d'ébullition est au dessus de 100°. Quand on le distille, il absorbe le gaz oxigène de l'air du vaisseau, et de là résulte qu'une par- tie de l'acide se décompose , en laissant un résidu char- bonneux. Il est combustible comme une huile volatile. Il se dissout dans l'eau en toutes proportions; mais les acides concentrés, l'acide phosphorique surtout, le sépa- rent en grande partie de cette dissolution. Un mélange de deux parties d'acide butyrique et d'une partie d'eau a une pesanteur spécifique de 1,00287. Il est soluble en toutes proportions dans l'alcool anhydre, et la dissolution acquiert une odeur éthérée, semblable à celle de l'éther nitrique, qui augmente avec le temps. Il est également dissous en toutes proportions par l'éther et par les huiles grasses. Lorsqu'on le mêle avec de la graisse de porc fraîche, le mélange acquiej't la saveur et l'odeur du beurre : cependant l'acide ne tarde pas à s'évaporer, et laisse la graisse telle qu'elle était auparavant.il se réunit avec les acides sulfurique et nitrique, sans être décomposé par eux. Si l'on distille la dissolution dans l'acide sulfurique, l'acide butyrique se dissipe sous la forme de vapeur; mais une partie se décompose, en noircissant l'acide sulfuri- que, et donnant lieu cà un dégagement d'acide sulfureux. Il forme des sels particuliers avec les bases salifiables. Lorsqu'on le sature avec une base, il perd 10,4 pour cent d'eau , dont l'oxigène est y de celui de l'acide. Sa capacité de saturation est de 10,2 ou^ de l'oxigène qu'il BUTYRATES. Bg^ contient. D'après l'analyse de Chevroiil, loo parties de cet acide sont composées comme il suit : Trouvi', Atomes. Calculi'-. Carbone 62,8.2 8 62,327 Hydrogène 7,0 r 1 1 "j^ogG Oxigène 3o, 17 3 30,677 Butyrates. A l'état sec, ces sels sont ordinairement inodores; mais, à l'état humide, ils répandent l'odeur du beurre. A la distillation sèche, ils donnent du gaz car- bure dihydrique et du gaz acide carbonique, avec une huile empyreumatique non acide, d'un jaune orangé et d'odeur aromatique, et laissent la base mêlée avec du charbon. Ils se reconnaissent aisément à l'odeur carac- téristique d'acide butyrique, qui se développe aussitôt qu'on humecte une très-petite quantité du sel avec de l'acide sulf'urique concentré. Le biityrate potassique ^ qui cristallise de 20° à 3o" , forme une masse en chou- fleur, qui a une saveur douceâtre, avec un arrière-goût de beurre. Il s'humecte à l'air, et à i5° il n'exige que 0,8 de son poids d'eau pour devenir liquide. Si l'on mêle sa dissolution concentrée avec o,23 de son poids d'acide butyrique, l'odeur de ce dernier disparaît, et le mélange ne réagit point sur le papier de tournesol : il ne décom- pose pas non plus le carbonate potassique, quand on ne le fait point chauffer. Ces faits paraissent annoncer l'exis- tence d'un sursel. La réaction acide apparaît quand ou étend d'eau la liqueur. Le but) rate sadique se dessèche en une masse semblable à un chou-fleur: il est moins dé- liquescent que le précédent. Le butyrate ammo nique ^ été peu examiné. Dans le gaz ammoniaque, l'acide cris- tallise d'abord, puis il se résout de nouveau en un li- quide épais, clair comme de l'eau, qui, après avoir ab- sorbé davantage de gaz encore, cristallise en aiguilles au bout de quelques jours. On ignore comment ce sel se comporte avec l'eau. Le butyrate barytique cristallise en prismes longs, plats, flexibles, incolores, ayant un Vir. 38 694 BUTYRATES. éclat gras; il a l'odeur du beurre frais, et une saveur chaude, alcaline, en même temps un peu semblable à celle du beurre. Il rétablit la couleur bleue du papier de tournesol rougi. Il ne s'altère point à l'air; mais, dans le vide,, sur de l'acide sulfuricjue, il perd 2,26 pour cent d'eau, sans devenir opàcjue. A une douce chaleur, il fond en un liquide transparent. Lorsqu'on jette des particules de ce sel sur la surface de l'eau, elles y tournoient, comme le camphre, jusqu'à ce qu'elles soient dissoutes. Une partie de sel en exige 2,7-7 d'eau, à lo'*, pour se dissoudre. La dissolution peut être gar- dée long-temps sans que le sel se décompose. Ce derm'er est peu soluble dans l'alcool anhydre, et un peu plus so- luble dans l'alcool à o,83'3. Le hutyrale strontianiqae ressemble au précédent: il brunit quand on le fond, et exige trois parties d'eau à 4^ pour se dissoudre. Ijdbutj- 7'«/ec«/6'/^we sucre de lait n'est point susceptible d'éprouver la fermentation alcoolique. Sa composition a été examinée par Gay-Lussac et Tliénard, par Prout et par moi. Les résultats s'accordent assez bien ensemble. J'ai trouvé que o,4 grannne de sucre de lait cristallisé et desséché dans le vide à 100° produisait, par la combustiou, 0,244 g*'- d'eau et o,58o5 gr. de gaz acide carlîonique, ce qui donne la compo- sition suivante : Trouve. Alomes. Calculé. Carbone 4o,i25 i lio,l\6i Hydrogène 6,762 2 6,606 Oxigène 53,i i3 i ^2,933 100,000 ] 00,000 iNIais c'est là exact(;ment la composition du sucre urinaire (comp, pag. 409)7 et cependant on doit ad- mettre qu'il y a une différence de composition entre ces deux substances. Nous avons vu que, par la fusion, et aussi par la saturation avec l'oxide plombique, le sucre de lait perd 12 pour cent d'eau, sans se déçom- 39. 6r2 MATIERES EXTRACTIFORMKS DU LAIT. poser. Cette- eau contient précisément un cinquième de l'oxieène existant dans le sucre de lait cristallisé. Il est donc évident qu'en déduisant ces 12 pour cent d'eau, il reste le sucre de lait isolé, dont la composition de- vient alors : Atomes. CenlièineS. Carbone 5 4^,94 Hydrogène 8 6,00 Oxigène 4 48,o6 Par conséquent l'atome du sucre de lait pèse 832,0. IjC sucre de lait est employé en médecine. 4. Matières animales extractifornies. Jjorsqu'on évapore à sicclté la liqueur au sein de laquelle s'est dé- posé le sucre de lait, et qu'on traite le résidu par de l'alcool à o,833, celui-ci en dissout la plus grande par- tie, laissant du sucre de lait et les sels Insolubles dans l'alcool. En évaporant la dissolution alcoolique, il reste un extrait jaune et acide, qui ressemble tellement, par ses caractères extérieurs, à l'extrait alcoolique de la viande, qu'on a tout droit d'y admettre les mêmes principes constituans , quoic[u'il n'ait point encore été examiné avec autant de soin que celui de viande. Mais le lait paraît ne contenir que très-peu de la substance corres- pondante cà l'extrait aqueux de la viande, car la portion insoluble dans l'alcool est une masse entièrement pul- vérulente, qui, traitée par l'eau, donne une dissolution peu colorée. -5. Acide lactique. Cet acide a été découvert par Scheele, qui l'a trouvé dans le lait aigri, où il existe effectivement en plus grande quantité que partout ail- leurs. Mais on le_ rencontre aussi dans le lait frais, et c'est à lui que ce dernier doit la propriété de rougir le tournesol , et l'extrait alcoolique, dont je viens de parler, celle de réagir à la manière des acides. Nous avons déjà vu que tous les liquides du corps en contiennent égale- ACIDE LACTIQUE. 6l3 ment, qui y est ou libre ou saturé par de l'alcali, et il paraît exister dans la plupart des classes du règne animal. Sclieele prépai-ait cet acide de la manière suivante. 11 évapoiait le sérum du lait aigri et caillé, jusqu\à ce (ju'il n'en restât plus qu'un huitième, le saturait ensuite avec de l'hydrate calcique, pour précipiter le sous- phosphate calci(jue qui v était tenu en dissolution, fdtrait la liqueiu", retendait de trois fois son volume d'eau, et précipitait la chaux avec circonspection par le moyen de l'acide oxalique; puis il filtrait encore la dissolution, révaporait au bain-marie jusqu'à siccité, et traitait le résidu sec par l'alcool concentré, qui dissolvait l'acide libre, en laissant le sucre de lait; l'acide lactique restait après l'évaporation de l'alcool. Cependant, Scheele ne s'a|)erçut pas que l'acide ainsi obtenu devait contenir toutes les matières animales et tous les sels du lait qui sont solubles dans l'alcool, que par conséquent il était mêlé non-seulement avec l'extrait alcoolique du lait, mais encore avec du lactate potassique et un peu de chlorure potassique. Après que Fourcroy eut cherché à établir que l'acide formique ne constitue point un acide à part, et que c'est seulement de l'acide acétique, Bouillon -Lagrange essaya d'étendre celte réforme à quelques autres acides, dans le nombre desquels se trouvait compris l'acide lactique. Il chercha à prouver que cet acide n'est autre chose (|ue de l'acide acétique , ayant ses propriétés mascpiées par une matière organique combinée avec lui, dont on ne pouvait le débarrasser (ju'en détruisant^cette dernière, et dès lors il n'était pas difficile d'arriver à démontrer ridentilé des acides lactique et acétique, en admettant comme preuve le fait que l'acide lactique, qui n'est point volatil par lui-même, se convertit en acide acétique à la distillation sèche. A cette époque l'acide lactique n'avait encore été trouvé que dans le lait aigri, et on le croyait produit par l'acidification de ce liquide, due à l'action que l'air exerce sur lui. Dans les diverses expériences relatives à des sujets du 6f4 ACIDE LACTIQUE. ressort de la chimie animale, dont je m'étais occupé pendant ma jeunesse, j'avais trouvé souvent un acide combustible, non volatil, tantôt libre, tantôt combiné avec des bases. Lorsque j'isolai, autant ({ii'il me fut possible de le faire, cet acide des liquides de la viande, il me parut avoir tant de ressemblance avec l'acide malique que, pendant quelque temps, je crus à son identité avec ce dernier, jusqu'à ce qu'enfin je reconnus qu'il produisait un sel plond)ique soluble dans l'eau et l'alcool, ce qui me fit naître l'idée de le comparer avec l'acide lactique de Scbeelo. J'ai trouvé que c'était le même acide. Mes recherches analytiques me démontrèrent bientôt que cet acide, tel que Scheele l'avait obtenu, était mêlé avec plusieurs matières diverses. Pour l'en débarrasser, je soumis l'extrait alcoolique de viande et de lait au traitement (jue j'ai décrit en parlant de l'ex- trait alcoolique d'urine ( pag. 38o), afin d'obtenir, de cette manière, un sous-lactate plombique, que je dé- composai j)ar le gaz sulfide hydrique, après quoi la dissolution évaporée doima un sirop peu jaunâtre et fort acide, dont l'acide ne se volatilisait pas à la distil- lation, et qui laissait, à la fin de celte opération, une très-grande quantité de charbon boursouflé. Avant (|ue la décomposition commençât à s'opérer, 11 s'exhalait une odeui" acide fort pi({uante, analogue à celle de l'a- cide oxalique qu'on chauffe, et nullement comparable à celle de l'acide acétique. J'essayai également, pour parvenir à séparer l'acide, d'autres métho^les que j'ai décrites ailleurs (i). J'examinai et décrivis à cette occa- sion les sels qu'il forme avec la potasse, la soude, l'am- moniaque, la baiyte, la chaux, la magnésie, l'oxide plombique , l'oxide argentique et l'oxide merciu'cux. Des propriétés de ces sels il ressortit clairement (jue l'acide lactique n'est point de l'acide acétique, puisque, (») Fôrclasiiingnr i Djiirlemien, etc., ou Leçons de chimie ani- lïlftle, T. II Slocldi. 1808; aux articles Urine, Viande et Lait. ACIDE LACTIQUE. 6l^ par exemple, le lactate inagnésique cristallisait, tandis que l'acétate niagiiésique est déliquescent, et que le lactate argenlique ne cristallisait pas, et se dissolvait en toutes proportions dans l'eau, tandis que l'acétate ar- gciitique est un sel cristallisahle et extrêmement peu soluble. Lorsque l'acide sulfovinique et quelques acides qui ont de l'analogie avec lui eurent été découverts, je regardai connue possible que l'acide acétique jouât dans 1 acide lactique le même rôle que l'acide sulfurique dans l'acide sulfovinicjue. INIes doutes à cet égard furent interprétés de manière à faire penser que j'avais été amené à re- connaître l'identité des acides lactique et acétique. De- puis lors, plusieurs chimistes cherchèrent à réunir des preuves en faveur de cette opinion , et les choses allè- rent jus(ju'au point que, sans hésiter, on traduisît le mot d'acide lactique par celui d'acide acétique. Cette traduction est cependant tout-à-fait inexacte Je ne sa- che pas ({ue personne ait entrepris des recherches sur l'acide lactique et sa nature, quoique je n'ignore pas que plusieurs chimistes, en publiant des analyses de matières animales , out cherché à prouver qu'ils avaient trouvé de l'acide acétique et non de l'acide lactique. Mais on conçoit qu'il est impossible, en suivant une marche si indirecte, d'arriver à rien de positif, relati- vement à la nature de cet acide. L, Gmelin , à qui ses importans travaux assignent une place si (fLitinguée parmi ceux qui s'occupent de chimie animale, s'est prescjue mis à la tête des chimistes qui proclament l'identité des acides lactique et acétique. Ce qui paraît surtout l'avoir conduit à em- brasser cette opinion, c'est qu'en distillant des liquides contenant de l'acide lactique, il obtint un produit qui rougissait faiblement le papier de tournesol, et qui, saturé avec de l'hydrate barytique , puis évaporé, lais- sait une pellicule blanche, de laquelle on pouvait dé- gager l'odeur de l'acide acétique en versant dessus uri peu d'acide sulfurique. 6l6 ACIDE LACTIQUE. J'ai répété ces distillations, et j'ai obtenu exactement le même résultat que L. Gmelin. Mais jamais, en mê- lant ce sel avec de l'acide sulfurif[ne, je n'ai senti l'odeur de l'acide acétique, ou, pour parler plus exactement, aucune odeur acide. Ce cas n'avait lieu que quand le produit de la distillation contenait de l'acide hydrochlo- rjque. Car, toutes les fois que l'acide snlfuri(jue sem- blait déterminer un dégagement d'odeur d'acide acétique, le produit, après avoir été étendu d'eau, donnait un pré- cipité sensible de cbiorure argentique, lorsque je venais à y verser une dissolution de nitiate argentique. Ayant soumis à la distillation de l'acide lactique pur, dissous dans l'eau, j'obtins un produit qui rougissait le papier de tournesol, et qui, évaporé à une douce chaleur, lais- sait de l'acide lactique. Je crus alors avoir trouvé le mot de l'énigme, en admettant que, sendilable en cela à l'a- cide borique, l'acide lacti(|ue passe en petite quantité à la distillation. C'est pourquoi je mêlai du lactate potas- sique avec de l'acide tartrique en léger excès, et je dis- tillai le mélange avec la plus grande circonspection, jus- qu'à ce qu'il en eût passé un peu plus des neuf dixièmes. Le produit, évaporé ensuite, donna de l'acide lactique; mais lorsqu'il eut été complètement évaporé, j'y vis pa- raître des cristaux, qui, dissous dans l'alcool , laissèrent une trace de surtartiate potassique. Il résulte de là que quand on opère dans un appareil distillatoirc aussi peu élevé qu'une cornue de verre, on parvient j-arement à empêcher qu'une portion du léger nuage déterminé par le sautillement des bulles pendant l'èbuUition , passe avec les vapeurs acjueuses dans le col de la cornue, et de là dans le produit de la distillation. Ce .produit, soumis à une nouvelle distillation, ])erd toutes traces d'acide, ce qui n'arriverait pas si l'acide qu'il contient était de l'acide acétique. La même chose arrive, et à un degré plus prononcé encore, dans la distillation des liquides ani- maux, qui sont souvent si mucilagineux, que, pendant tout le cours de l'opération, ils menacent de j)asser dans le récipient. A ces remarques j'ajouterai que, dans l'e.x- Acioi-: LA.cTfQi)t:. (3 17 périeiicc nipportt'o par Gmeliii, on n'obtient jamais avec Ja baryle un sel cristallisé, ce (|ui arrive ei'pendaut tou- jours lors({u'on opère sur de l'acide aceti(|ue. Tout ce qui vient d'cire dit jusrpi'ici, ne se rapporte (pi'à la question de savoir si l'acide lactique est simple- ment de l'acide acéti(pie ({u'on puisse purifier par la distillation avec de l'eau. Cette question, facile à résou- dre, doit l'être expressément par la négative. Mais il en est tout autrement de celle qui consiste à savoir si l'acide lactique joue, par rapport à l'acide acétique, le même rôle que l'acide sulfovinicpie <à l'égard de l'acide sulfu- rique. Car, le problème étant posé ainsi, l'acide lacti(|ue ne cesse point d'être un acide à part, et on ne peut plus lui imposer le nom d'acide acéticpie. Envisagé sous ce nouveau point de vue, l'acide lacticpte devrait se laisser résoudre en acide acétique et en une matière aniinale, de telle sorte que les substances oblemies fussent évidem- ment non pas des produits, mais des matières sé[)arées l'une de l'autre. Car il est clair cpie, si les clioses riC se passent point ainsi, l'acide lactiqut; doit êti'C regarde comme un acide à part, puisqu'il n'y a aucun motif de le considérer comme autre cbose. J'ai donc fait quelques expériences conformément à l'idée que l'acide lactique est une condjinaisou d'acide acétique avec une matière animale non volatile, mais séparable de lui. Elles m'ont toutes conduit à un résul- tat négatif. C'est pourquoi, je ne rapporterai que celles qui, suivant moi , sont les plus concluantes. On sait que l'acétate ammonique est tellement volatil, qu'après avoir été dissous dans de l'eau, il passe avec elle à la distilla- tion. J'avais trouvé, en outre, ({ue la matière extractive ({ui accompagne l'acide lacticjue et les lactates, se laisse brider jusqu'au brun, sans que les sels soient décompo- sés. En conséquence, je pris de l'acide lacti(jue aussi concentré qu'on peut l'obtenir par l'évaporation au bain- marie, et je le cbauffai, à une température aussi rappro- cliée que possible de celle sous l'influence de laquelle la matière e.vtraclive brunit, pendant une lieiu'e en- 6l8 ACIDE LiiCTIQUE. tière, je fis passer dessus un courant assez rapide de gaz ammoniaque. Ensuite, je cessai de chauffer, et je chas- sai le gaz ammoniaque de l'appareil par du gaz hydro- gène, l'a masse retirée avait l'odeur du hareng grillé; elle était hrune, mais transparente, et rougissait le pa- pier de tournesol. Sa saveur était acide, mais avec un arrière-goût salé, dû à ua peu de gaz ammoniaque ab- sorbé, qui l'avait convertie en un sursel. Il résulte de là, que l'acide lactique ne contient point d'acide acétique, capable d'être volatilisé dans une atmosphère de gaz am- monia([ue, à une température voisine de celle sous l'in- Ihience de laquelle les matières animales contenues dans 1 acide lactique commencent à se décomposer, tempéra- ture bien supérieure h celle qui détermine la volatilisa- tion de l'acide acétique, qui certainement aurait plus d'af- finité pour l'ammoniacjue que pour une matière animale. Quoi qu'il en soit , il n'est pas facile de séparer la ma- tière animale mêlée avec l'acide lactique, bien que je sois convaincu ((u'elle n'adhère aux lactates que parce qu'elle a le même dissolvaiit qu'eux et que ces sels ont trop peu de tendance à se séparer d'elle par la cristallisation. La méthode suivante pi'ocure, comme je m'en SUIS assuré, de l'acide lactique plus pur que celui qu'on obtenait par les j)rocédés usités autrefois, quoique cej)endant il ne jouisse pas encore d'une pureté parfaite. On dissout l'extrait alcoolique acide du lait ou des liquides de la viande, dans de l'alcool concentré, et on mêle la liqueur avec une dissolution d'acide tartrique dans de l'alcool de même force, jusqu'à ce qu'il ne se pro- duise plus de précipité ;' ensuite on ajoute encore de l'acide tartrique en excès, et on laisse le mélange dans un endroit frais pendant vingt-quatre heui'es , afin que tout le bitartrate qu'il retient se dépose. On évapore l'alcool, on dissout le résidu dans de l'eau, et on ajoute du carbonate plombique réduit en poudre fine par la levigation, jusqu'à ce qu'il ne s'en dissolve plus, et que la dissolution ait une saveur sucrée: puis on la traite, d'abord par du charbon de lessive dij sfing , et ensuite, ACIDE LACTIQUE. G19 pour la débarrasser du plomb, par du gaz sulfide hydri- que. Cela fait, 011 évapore la liqueur jusqu'à ce que tout le gaz sulfide hydrique soit dissipé, et on la mêle avec de Thydrate stauneux récemment préparé, bien lavé et encore humide; ou laisse le mélange reposer pen- dant plusieurs jours, en le remuant de temps en temps. Le sous-lactate stauneux qui se produit ainsi, bien lavé et décomposé par le gaz sulfide hydric^ue, donne Tacide lactique le plus pur que j'aie pu obtenir. Mais cette mé- thode ne procure qu'une portion de l'acide; il en reste une quantité assez considérable dans la li([ueur, et je ne sais pas si ce résidu est un autre acide, si par con- séquent l'acide lactique a été partagé eu deux: acides différeus par ce mode de préparation, ou si l'acide lac- ti(|ue forme avec l'oxide starmique un sel soluble dans l'eau, qui n'est point décomposé par l'oxide stauneux; car, lorsqu'on traite par le sulfide hydrique la li(jueur qui a été mise en digestion avec l'oxide staimeux, il se précipite du sulfure stannicpie. Lorsque, par une diges- tion à une chaleru' plus forte, on cherche à augmenter la quantité d'acidelactique précipité avec l'oxide stanneux, ou qu'on précipite un lactale alcalin par le chlorure stau- neux, la matière extractive et f acide lactique se combi- nent ensemble avec l'oxide stauneux, quoiqu'il reste ce- pendant une grande partie de la premièi'e dans la li- queur. D'après Mitschcrlich, on obtient l'acide lacti([ue pur, de la manière suivante: l'acide lactique j)téparé d'après le procédé de Scheele (v. p. 61 3) est saturé par du carbonate plombique. On précipite la dissolution du lac- tate plombique avec du sulfate zincique, en ayant soin de ne pas en ajouter un excès. 11 se précipite du sulfate plondjique et on obtient une dissolution de iactate zin- cique qu'on filtre et qu'on fait évaporer jusqu'tà ce qu'il se forme une pellicule à sa surface. Parle refroidissement le Iactate zincique cristallise. Il est d'abord brun, mais on l'ob- tient incolore par de nouvelles cristallisations. On dissout le sel blanc dans de l'eau, on précipite l'oxide zincique parde 6-20 ACIDK LACTIQUE. LACTATES. 1 hydrate barvtiqiie, on fillre, on sp[)are soigneusement la baryte au moyen de l'acide sulfuri(jiie, on filtre de nouveau et on évapore le liquide acide au hain-marie, juscju'à con- sistance de sirop. L'acide lactique, obtenu de Tune ou de l'autre ma- nière, est incolore et sans odeur. Il a une saveur acide piquante, qui diminue très - rapidement lorsqu'on y ajoute de l'eau, en sorte qu'elle ne se fait presque plus sentir quand la li([npar est un peu étendue. Evaporé a loo", ius(|u'cà ce qu'il ne perde plus rien, il est éj)ais comme une huile visqueuse; dans cet état il ne cristal- lise point et ne se laisse pas mOme réduire h Tétat so- lide; il tombe en déliquescenceà l'aii". Lorsqu'on lechauffe avec force, il brunit, entre légèrement en ébullition, et ré- pand une odeur j)iquante, semblable à celle de l'acide oxa- lique échauffé: puis il noircit, se boursoufle, exhale une odeur d'empyreuuie végétal, et finit par laisser un char- bon poreux. Il se dissout dans l'alcool en toutes propor- tions, mais n'est que très-peu soluble dans l'éther. Ses sels sont à peu près inconnus à l'état de pureté. Tous ceux que Scheele a décrits étaient semblables à des gommes et incristailisables, ci Texceplion des lactates magnésique et zincique, qui furent obtenus en cristaux. C'est aussi sous celte forme que je les ai trouvés pour la plupart. Ils se dissolvent en général dans Talcool, mais parfois d'une manière assez lente, à cause de diverses matières animales extractixes avec lesquelles ils sont com- binés. Ils ne jouissent également f|ue d'une faible solubi- lité dans l'alcool, quand ils contiennent un excès de base; mais lorsqu'on sature cet excès, ils se dissolvent aisé- ment. A la distillation sèche, ils donnent une liqueur acidulé, dont l'odeur ressemble à celle (|ue four- nissent les tartrates, de fhuile empyreumatique et des gaz. Le luctate potassique préparé avec l'acide purifié au moyenderoxidestanneux,donne,(juandonrévaporeà '60°^ une masse cristalline, (jui devient lunnide et se liquéfie ta l'air. Le lactate sadique^ provenant de même de l'acide LACTA.TES. ^2 1 purifié, ne présoulo aucun indice de crislallisation, tant (juo l'acide y prédoniine, mais iorscju'on le sursature avec du carbonate sodique, qu'on le dessèche, et qu'on le dis- sont dans de l'alcool, la li({ueur, évaporécà une température de So^, donne un sel cristallin, couvert d'une masse dure, incolore, transparente, (pii s'humecte à l'air. Le lactate anurionique, dans lecpiel on entretient un excès d'ammoniaque, eu l'évapoi-ant, doiuie des indices de cristallisation. L'ammoniaque se volatilise sur-le-champ, et laisse un sursel déliquescent. A la distillation, il perd la plus grande partie de son ammoniaque, avant que l'a- cide conuuence à se décomposer, ce que Scheele avait déjà observé. Les lactates baiytiqueel calciqiie ne sont connus que sous la foi-me de masses transparentes, sem- blables à des gonunes et non déliquescentes. Le lactate inagiièsiqiœ^ évaporé à ime douce chaleur, fournit des cristaux grenus, ce que Scheele avait déjà remarqué aussi; mais, par une évaporation rapide, il forme une masse qui ressemble à une gonmie, et qui n'est point déliquescente. Le laclale amrnonico-magnésique cris- tallise en prismes acicidaires, qui ne s'altèrent point à l'air. On peut l'obtenir en versant de l'anunoniaque étendue dans une dissolution de lactate magnésique, jusqu'à ce qu'il ne se produise plus de préci])ité, fil- trant la li(|ueur et févaporant. Le lactcile ploinbiqiie ressemble aussi à une gomme; cependant, ayant laissé une fois en repos pendant long-temps une dissolution sirupeuse de ce sel, j'obtins un sel grenu Cjui, après avoir été rapidement séparé par l'alcool de Fa liqueur siru- peuse, devint blanc et d'un brillant argentin par la dessiccation, connue le cyaniu^e ferroso-potassique pré- cipité par l'alcool. Ce sel ne change point à l'air, et se dissout dans l'alcool. En général l'acide lacli(pie a la propriété de doimer un sel plombique soluble dans l'al- cool, caractère qui le distingue sensiblement d'une foule d'autres acides. Lorsqu'on verse un peu d'ammo- niaque caustique dans le sel neutre, il se précipite un soussel. On obtient aussi ce dernier, par la digestion 621 LA.CTATES. avec un excès d'oxide plomblque, qui se gonfle et de- vient très-volumineax. Ce sel est très-peu soluble dans l'eau, et la plupart du temps coloré, parce que, plus qu'aucun autre lactate, il entraîne et relient la matière extractive. Sa dissolution aqueuse est troublée par l'a- cide carbonique de l'air; elle réagit à la manière des alcalis, et elle a une saveur asti'ingente. Quand on fait bouillir ce sel avec de l'eau, et ([u'on filtre la dissolu- tion bouillante , la plus grande partie de ce qui avait été dissous se précipite [)ar le refroidissement, sous la forme d'une poudre jaune-pale. Fait-on sécber ce sous- sel, il devient farineux, et doux au touclier. Lorsqu'on V met le feu sur un point, il continue à brûler comme de l'amadou, et laisse le plomb en grande partie réduit; le résidu correspond à peu près, en oxide plombique, à 83 pour cent du poids du sel. Le lactate cuivrique est vert et incristallisablc. Le lactate ziucique cristallise, il est peu soluble dans l'eau froide. Le lactate ferrique est d'un rouge-brun, sembla!)le à une gomme, et insoluble dans l'alcool. Le lactate mercai'eux est déliquescent, et se dissout dans lalcool; mais la disso- lution ne tarde pas à se décomposer; il se précipite du carbonate mercureux, et la liqueur prend une odeur étliérée. Le lactate mercurique est rouge, semblable à une gomme et déliquescent. Au bout de quelques semaines, il dépose une poudre demi-cristalline, qui n'a point encore été examinée. Le lactate argentique se dessècbe en une masse molle, translucide, semblable à une gomme, qui a une saveur métallique acre, est so- luble dans l'alcool, mais en se décomposant un peu, de- vient d'un vert-jaune par la dessiccation, et prend une teinte rouge quand on le redissout dans l'eau; il se dépose alors un précipité brun, (jui contient de l'argent. Cette description n'est aj)pl!cableen général qu'aux lac- tates contenant plus ou moins d'extrait alcoolique. On peut admettre qu'ils ne sont point encore connus à l'état de pu- reté. Les cbimistes qui désormais s'occuperont de ce sujet , auront principalement à examiner si ce qui a été dési- SELS DU LAIT. GlZ gné SOUS le nom d'acide lactique, ne serait point un mélange de deux acides, ayant de la ressemblarice l'un avec l'autre, mais donnant cependant des sels différeiis. 6. Sels du lait. Quelques uns de ces sels sont solu- jjles dans l'alcool à o,833, d'autres ne le sont que dans l'eau, et plusieurs ne sont point solubles dans ce der- nier menstrue. Les premiers sont les mêmes absolument que ceux qui existent dans l'extrait alcooliciue de la viande, savoir, des combinaisons d'acide lactique, prin- cipalement avec de la potasse et de petites quantités de soude, d'annnoniaque , de chaux et do magnésie, du chlorure potassique et du chlorure sodique. Quand on incinère l'extrait alcoolique du lait de vaciie, la cendre contient du carbonate et du chlorure potassi([ues, dans la proportion de i : 5. Les sels du lait qui ne sont so- lubles que dans l'eau, doivent être du sulfate potassique et des phosphates potassique et sodique. Je n'ai pas trouvé d'acide suUurique dans le sérum du lait de vache : quel- ques gouttes de chlorure harytique que j'y versais, rie produisaient pas de précipité. Cependant, lorsqu'il existe, la meilleure manière de déterminer la quantité relative des acides sulfurique et phosphorique, consiste à dissoudre dans l'eau une quantité déterminée d'extrait aqueux de lait, à sursaturer la liqueur avec de l'ammo- ninque caustique, à recueillir sur un filtre le sousphos- phate calcique qui se précipite, et à verser une dissolu- lion de chlorure barytique dans la liqueur filtrée, jusqu'à ce qu'il ne se produise plus de précipité. On lave bien ce précipité, on le fait rougir, et on le dissout dans de l'acide hydrochlorique, qui laisse le sulfate baryti- que. Quant au phosphate barytique dissous, on le pré- cipite par l'ammoniaque, on le pèse après l'avoir fait rougir, et on le transforme en sulfate barytique, pour déterminer la quantité de baryte qu'il contient, quan- tité qui fait par conséquent connaître celle de l'acide phosphorique. On détermine les bases par l'analyse or- dinaire de la liqueur précipitée au moven du chlorure barytique. La détermination du phosphate et du sulfate 6 2 4 LAIT DE FEMME. alcalins dans une substance animale, par la calcinalion seule de la niasse, peut être frappée d'inexactitude de plusieurs manières différentes; car, pendant la com- bustion, le soufre et le phospliore d'une matière ani- male produisent une certaine quantité d'acides sulfiun- que et pbospborique, fjui n'existaient point auparavant à l'état d'acides dans la liqueur, et il peut arriver, dans d'au- tres circonstanciés, qu'un sulfate existant soit transformé en sulfure alcalin. Il est vrai que cet effet n'a pas lieu, suivant Frommherz et Gugei-t , tant que le charbon res- tant contient du nitrogène, parce que le charbon ni- trogéné n'a pas la projjriété de former du sulfure alca- lin; mais le charbon laissé par le suci'e de lait produirait infailliblement ce résuliat. Substituer du peSit-lait fdtré à l'extrait a(}ueux de lait, pour faire l'expérience, en- traînerait l'inconvénient que du laetate calcique et du lactate magnésique se précipiteraient à l'état de j)hos- phates , ce qui ferait qu'on obtiendrait une quantité trop faible de phosphate sodique. Enfin les sels du lait insokib'es dans l'eau sont du phosphate calcique et du phosphate magnésique, avec une trace de phosphate ferrique, en partie dissous dans l'acide lacticjue libre, en partie aussi combinés avec la matière caséeuse dissoute, comme je Tai déjà dit pré- cédemment. Lait de femme. Les données que nous possédons sur ce lait sont très-contradi(*toires, probablement parce qu'on a eu rarement l'occasion de se le procurer en quantité suffisante pour pouvoir le soumettre à de nom- breuses expériences. Sa pesanteur spécifique est de i,020 à i,()25, quel(|uefois un peu plus forte. Suivant Meggenliofen , il contient ii à \i \ pour cent de sub- stances solides, rarement plus. Quand la femme a été tétée long- temps, il est plus concentré que dans les pre- miers momens. D'anciens chimistes disent que la substance g:asse qu'il contient est tellement liquide, qu'on ne peut pas en obtenir de beurre par le barattage. Cependant Pleischl a obtenu de sa crème un beurre qui ressemblait LAIT DE FEMME. Go. 5 à celui (lu lait de vache. En traitant par l'alcool le ré- sidu du lait de fcninie évaporé, Meggenliofen a obtenu un heurre fusible à 3i", et la stéarine qui se déposa de la dissolution alcoolique par le relroidissement fondait à 35°, ce qui s'accorde par conséquent avec ce qui a été dit en parlant du beurre de lait de vache. Le caractère le pkis essentiel du lait de femme consiste en ce que la matière caséeuse qui s'y trouve dissoute , forme des com- binaisons solubles avec les acides , ce qui fait qu'on ne peut point le coaguler par ces derniers. Parmi les laits de quinze femmes que jMeggenhofen a examinés, il ne s'en est trouvé que trois qui fussent coagulables par les acides hydrochlorique et acétique. Mais la présure le coagule régulièrement. Une partie de présure sur 5oo parties de lait, coagule ce dernier entre [\o et 5o°, mais avec lenteur; la matière caséeuse ne se réunit point en masse, comme dans le lait de vache, mais prend la forme de flocons isolés. Terme moyen, ce lait contient i {- à 3 pour cent de matière caséeuse. Voici quels sont les résultats que jMeggenhofen a obtenus en analysant trois laits provenant de femmes différentes: I. 3. 3. Extrait alcoolique, avec beurre, aci- de lactique et lactatcs, chlorure so- (iicpie et un peu de sucre de lait g,i3 8,8i 17,1a Extrait aqueux, sucre de lait et sels... 1,14 1,29 0,88 Matière caséeuse, coagulée par la pré- su'-t- ^ 2,41 1,47 2,88 Eau 87,25 88,d5 78,93 Le lait n" 3 provenait d'une femme primipare. II était plus épais que de coutume, et paraissait contenir une quantité extraordinaire de beiu're. Payen a dernièrement donné les résultats suivans d'a- nalyses de laits de femme : I. B'-i'iie 5,18 Matière caséeuse o,a4 Résidu sec du petit-lait évaporé. . . . 7,86 Eau 85,8o VU. ,jo 2. 3. 5,16 5,20 0,18 0,25 7,6a 7,9^ 86,00 85,5o 626 LAIT DE VACHE. Il est facile de voir qu'ici la plus grande partie de la matière caséeuse est restée dans le résidu du petit- lait évaporé, qui n'avait même peut-être pas été dessé- ché exactement à 100°. D'après Meggenhofen , la cendre du lait desséché et brûlé s'élève depuis -^ jusqu'à {- pour cent de son poids, et elle contient |- de sels solubles dans l'eau. Ces sels contenaient du sulfate et du carbonate, mais point de phosphate alcalin, du chlorure potassique ou du chlorure sodique; mais la nature de l'alcali n'a pas été déterminée. La portion de la cendre insoluble dans l'eau contenait du phosphate calcique, du carbonate calcique et du carbo- nate magnésique, avec des traces d'oxide ferrique. Il n'est pas vraisemblable que le lait ne contieime pas de pbosphate alcalin, etce résultat peut être cité comme une preuve des erreurs dans lesquelles on tambe quand on dé- termine les proportions d'après l'incinération; car il n'y a pas de doute qu'ici une certaine quantité de la chaux conte- nue dans la matière caséeuse s'est transformée en phos- phate calcique par la décomposition du phosphatesodique. Pfaff et Schwartz ont trouvé que 1000 parties de lait de femme donnent l\^l\0'] parties de cendre, qui sont composées de pbosphate calcique, 2,5; phosphate ma- gnésique, 0,5 ; phosphate ferrique, 0,007; phosphate sodique, o,4; chlorure potassique, o,^ , et soude prove- nant de lactate sodique, o, 3. Il est deux substances qu'on ne trouve pas dans cette cnum.ération, savoir, du carbonate calcique provenant de la chaux de la matière caséeuse, et du chlorure sodique, qui, accompagnant toujours la nour- riture de l'homme, doit par consé(juent exister en plus grande quantité dans ses liquides que dans ceux des ani- maux. On n'y remarque pas non plus de sulflite alcalin, qui aurait dû être un produit de la combustion. Lait de vache. 11 a été analysé par moi. xMais j'ai examiné le lait écrémé et la crème chacun à part, de ma- nière que le résultat ne donne pas la quantité relative des principes consiituans dans le lait tel qu'il sort du corps, ce qui aurait été certainement jjIus exact. LAIT DE VACHE. 6l'J I.a pesanteur spécifique du lait de vache est de i,o3o, et d'autant moins élevée qu'il contient davantage de crème. Celui que j'ai employé pour mon analyse avait été con- servé huit jours, à 3*^, dans un vase peu profond, afin de laisser à la crème le temps de se séparer, après quoi le lait qui se trouvait sous cette dernière avait été enlevé avec un siphon. Sa pesanteur spécifique à i5" était de i,o34^, et celle de la crème de i,o'244' Le lait écrémé contenait : Matière casécuse, contenant du beurre 2,600 Sucre de lait 3,5oo Extrait alcoolique, acide lactique et lactates 0,600 (Ihlornrc potassique 0,170 Phosphate alcalin , . . o,o-^5 Phosphate calcique, chaux qui avait été combinée avec de la matière caséeuse, maijnésie et traces d'oxide ferrique o,a,3o Eau 92,875 Comme ici le beurre n'a point été séparé de la matière caséeuse, il en résulte que le poids de cette dernière se trouve porté un peu trop haut. L'alcali contenu dans les sels du lait de vache consiste, comme dans les liquides de la chair musculaire de bœuf, en potasse, pour la plus grande partie; mais il y a aussi de la soude. Pfaff et Schwartz ont trouvé que looo parties de lait de vache, desséchées et brûlées, laissaient 3,74^ parties de cendres, qui consistaient en i,8o5 de phosphate cal- cique, 0,170 de phosphate magnésique, o,o32 de phos- phate ferrique, 0,226 de phosphate sodique , i,35 de chlorure potassique, et 0,1 15 de soude qui avait été combinée avec de l'acide lactique. La crème, dont j'ai indiqué plus haut la pesanteur spé- cifique, donna à l'analyse: Beurre séparé par l'agitation 43 Matière caséeuse précipitée par la coagulation du lait de beurre 3,5 Petit-lait restant 02,0 40. 6a8 LAIT I)E BEURRE. LAIT d'aNESSE. ETC. Ici également le poids de la matière caséeuse est con- sidérablement accru par la partie du beurre restée dans le lait de beurre, et précipitée avec la matière ca- séeuse. D'après cette analyse, la crème aurait contenu 127 pour cent de matières solides, ce qui certainement est un peu au-dessous de la vérité; mais la quantité de ces substances solides dépend tout-à-fait de l'adresse avec laquelle ou sépare la crème du reste du lait. Van Stiptrian Luiscius et Bondt ont ti-ouvé que 100 parties de lait de vaclie donnent [\^Ç) pour cent de leur poids de crème ; ils ont obtenu du lait a,G8 pour cent de beurre, 8,95 de matière caséeuse , et 3,Go de sucre de lait. Ije lait de beurre, ou le lait dont on a séparé le beurre par l'opération du barattage, a une odeur aigrelette, et ressemble encore à une émulsion; mais on peut l'obtenir clair en le filtrant, surtout après l'avoir cbauffé un peu. Pendant le barattage, il se développe de l'acide buty- rique, et en distillant le lait de beurre fdtré on obtient, d'après Cbevreul, un produit qui contient une certaine quantité de cet acide. Le lait cVâiiesse a une pesanteur spécifique de i,023 à i,o355. Il donne un beurre blanc et léger, qui devient bientôt rance. La matière caséeuse s'en sépare plus dif- ficilement que du lait de vaclie; mais le petit-lait s'ob- tient plus aisément clair, et contient davantage de sucre de lait. Stiptrian Luiscius et Bondt en ont retiré 2,9 pour cent de crème, 2,3 de matière caséeuse, et /|,5 de sucre de lait. Ils ont trouvé qu'il passe très-facilement à la fermentation alcoolique. Le lait de jument a une pesanteur spécifique de r ,o34C à 1,045. 11 donr.e peu de crème, mais il est très-ricbe en sucre de lait. Stiptrian Luiscius et Bondt n'en ont obtenu que \ pour cent de crème, et 1,62 pour cent de matière caséeuse, mais 8,'75 de sucre de lait. Il passe aussi à la fermentation alcoolique. Son petit-lait fermenté est employé comme boisson enivrante en Perse et en Tartarie. ^^e lait de chh're a une pesanteur spécifique de i,o36. Il a une odeur hircine, plus prononcée lorsque la chèvre LAIT DK BRI BIS. 62g qui l'a fourni est foncée en couleur, que quand son pe- lade est d'une teinte claire, H donne beaucoup de crème et de bein-re. Ce dernier, outre les autres acides du beurre, contient de l'acide hircique, auquel est due l'o- deur j)articulièro du lait de chèvre. Ce lait donne aussi beaucoup de matière caséeuse, qui devient dense et ferme, et qui perd aisément son petit-lait. Payen y a trouvé, sur 100 parties: beurre, 4-.o8; matièi-e caséeuse, 4v^2; résidu solide du pelit-lait, 5,86; eau, 85, 5o. Stiptrian I.uiseius et Bondt ont oblenu 7,6 de crème, l\,5G de beurre, (),['2 de matière caséeuse, et 4,38 de sucre de lait. l.e /a/t de brebis a une pesanteur spécifique de i,o35 à i,o4i. Il donne beaucoup de crème, d'oi^i l'on obtient un beurre demi- liquide et jaune- pale, qui rancit aisé- ment. On n'en peut retirer qu'une partie du beurre, et le fromage devient par- là très-gras. Le petit-lait s'é- claircit difficilement. Stiptrian Luiscius et Bondt en ont obtenu 1 1,5 pour cent de crème, 5,8 de beurre, i 5,3 de matière caséeuse, et [\^'\ de sucre de lait. Il me reste encore à dire que Hunter a observé une production de lait chez des oiseaux. Il a trouvé que le gésier des pigeons, tant inales que femelles, sécrète, dans les premiers jours qui sui\ent la sortie du petit hors de l'œuf, un li({uide blanc, semblable à du lait et coagulable, qui constitue d'abord la seule nourriture du jeune oiseau, et cpie plus ta.rd celui-ci reçoit à l'état de coagulation et mêlé avec d'autres alimens. On ne doit pas être surpris de ce qu'un organe si différent des mamelles sécrète du lait, puisque, dans l'espèce humaine elle-même, il s'est trouvé tant des hom- mes que des femmes chez lesquels du lait coulait des yeux, de l'ombilic, des jairets, des pieds, des reins, de la matrice et de plaies , et que, quand la sécrétion de ce liquide vient à être suspendue par une cause (pieleonque dans les seins, elle s'établit dans d'autres parties du corps, et y produit ce qu'on appelle des métastases laiteuses. Les propriétés générales du lait sont les suivantes : évaporé à l'air libre, il se couvre d'une pellicule, principa- 63o LAIT. lement composée de matière caséeuse; cette pellicule se reproduit peu de temps api es avoir été enlevée. Une fois arrivé à un certain doijré de concentration, il se coagule sans addition d'aucune substance étrangère, probable- ment par l'effet de la concentration de son acide libre. On s'est servi pendant quelque temps en médecine du lait desséché, dont on dissolvait avec de l'eau froide les parties susceptibles d'être dissoutes par ce menstrue ; c'est ce qu'on appelait le petit-lait de Hoffmann. J'ai dit que le lait d'ânesse et celui de jument sont susceptibles d'éprouver la fermentation alcoolique. Je ne sache pas qu'aucun autre lait soit dans le même cas, et il serait intéressant de rechercher si ceux de jument et d'ânesse contiennent d'autre sucre que le sucre de lait. D'après l'observation de Scheele, le lait qui devient aigre dégage tant de gaz acide carbonique que, quand on le laisse aigrir dans une bouteille qui en soit remplie, et dont le goulot plonge dans un vase plein de lait, le gaz acide carbonique qui se produit finit par chasser tout le liquide de cette bouteille. Au-dessus de i 5° le lait absorbe l'oxigène de l'air, et devient aigre. De 20 à u5°, cette acidification s'opère dans l'espace de quelques heures, et le lait se coagule ensuite quand on le fait bouillir. D'un autre coté, Gay- Lussac a trouvé qu'en chauffant du lait frais jusqu'à 100°, et répétant cette opération tous les deux jours, ou même tous les jours, si l'on est en été, il peut en- suite être gardé des mois entiers sans qu'il s'aigrisse ou s'altère. Un lait déjà aigri peut encore être bouilli quand on a la précaution d'en saturer l'acide libre avec du car- bonate potassique ou sodique, moyen fréquemment em- ployé dans l'économie domestique. Pendant l'acidifica- tion du lait, il se forme de l'acide lactique, qui convertit la matière caséeuse en un caillot gélatineux, collèrent, combinaison de Tacide et de cette matière. Si , après qu'on a enlevé la crème, l'air entre en contact avec le caillot, celui-ci se contracte, en exprimant le petit-lait aigre con- tenu dans ses interstices, qui, à la distillai ion, donne de LAIT. 63 1 Tenu et de l'acide butyrique, tandis que la masse acide, contenant de l'acide lacli(|ue, reste dans la cornue. En tcaitant la matière caséeuse coagulée par de l'hydrate calci{[ue en excès, la combinaison basique de matière ca- ■séeuse avec la chaux reste sans se dissoudre, pendant qu il se forme une dissolution de lactate calcique, mêlé avec des matières extractives dont une partie est soluble dans l'alcool, et qui se comportent comme celles qu'on ob- tient en évapoi'ant le petit-lait. Scheele rapporte que quand on ajoute au lait frais une cuillerée par livre d'eau-de-vie (contenant 5o pour cent d'alcool), et qu'ensuite on le laisse aigrir, le petit lait, fdtré au bout d'un mois, ou un peu plus tard, donne un bon vinaigre , qui contient de l'acide acétique et point d'acide lactique. Quand on mêle le lait avec des acides, la matière ca- séeuse se précipite combinée avec l'acide et enveloppant le beurre qui se précipite en même temps qu'elle. Le pré- cipité est redissous par les alcalis; mais si l'on chauffe le lait avec une quantité un peu considérable d'alcali, il brunit, par suite de l'action que ce dernier exerce sur le sucre de lait. C'est là-dessus que se fonde la recette qu'on trouve dans d'anciens traités de physique amu- sante pour transformer le lait qui bout en sang au moyen de potasse qu'on y ajoute. Les hydrates des terres alca- lines coagident le lait, en se combinant tant avec le beurre qu'avec la matière caséeuse. Plusieurs sels pro- duisent le même phénomène, quand on les met en grande quantité dans le lait. Tous les sels terreux et métalliques qui précipitent une dissolution d'albumine, coagulent aussi le lait. Ce liquide est également coagulé par quel- ques substances végétales , notamment par le tannin. Le jjïuguicula vidgaris épaissit tellement le lait passant cà l'aigre qu'il devient fdant, et cette propriété se com- munique au lait frais avec lequel on le mêle ensuite. Les vases en bois dans lesquels on a conservé ce lait pen- dant quelque temps, conservent toujours la propriété de le rendre filant, et il est difficile de les en dépouiller, 632 COLOSTRUM. à moins qu'on ne les démonte et qu'on ne neltoie chaque douve à part. Dans quelques provinces du nord de la Suède ce lait fdant est employé comme aliment. Plusieurs circonstances accidentelles peuvent faire va- rier les propriétés du lait. Immédiatement après la par- turition, lorsque sa sécrétion commence, il en a qui sont tout-à-fait différentesdecellesdont il jouit plus tard. On lui donne alors le nom de colostnim. Le colostrum de la femme ressemble <à une eau de savon peu chargée, et quehpies flocons oléagineux se déposent à sa surface, Tl est opa- que. A l'air il devient visqueux. Il y aigrit et s'y putréfie promptement. D'après les recherches de Meggenhofen , il contient plus de sels que le lait ordinaire, et la quan- > tite de ces sels y diminue à mesure qu'il acquiert les propriétés normales de ce dernier. Le colostrum de la vache est d'un jaune-foncé, épais, mucilagineux , quel- quefois mêlé de petites stries de sang. Il contient très- peu de graisse, et donne des traces faibles de ci'ème, dont on ne peut pointobtenir de beurre par le barattage. Quand on chauffe le colostrum, il se solidifie tout entier, et, sans abandonner de liquide, comme fait l'albumine, il se convertit en une masse blanche, qui est cependant plus molle que l'albumine des œufs de poule. Si , avant de le chauffer, on le mêle avec six fois son poids d'eau, il se coagule en flocons isolés. L'alcool le coagule aussi; mais il n'est point coagulé par la présure, à la tempé- rature sous l'influence de laquelle cet effet a lieu pour le lait ordinaire. Les propriétés cliimiques du caillot du colostrum n'ont point encore été étudiées. Ses analogies avec l'albumine et avec la matière caséeuse mériteraient qu'on les examinât. Au l)out de trois ou quatre jours, le colostrum est remplacé par du lait ordinaire. Suivaiit Stiptrian Luiscius et Bondt, la pesanteur spécifique du colostrum de vache est de T,0'ya; il ne devient point aigre, mais se putréfie aisément. Desséché et brûlé, il donne 5 \ pour cent de cendre. En contradiction avec ce qui a été dit plus haut, ils obtinrent de ce liquide 11,7 pour cent de crème, 3 de beurre, 18,75 de fro- THYMUS. 633 niacc (le colostrinii, et du r(\sfc 1rs sels oi'd'maircs. lis n'indiquent point de sucre de lait. Do même que l'urine, le lait j^eut contenir des sid)- stances accidentelles provenant de divers alimens , et en général les matières qui passent dans l'urine s'intro- duisent aussi dans le lait. I^orsque les vaches ont mangé du trèfle d'eau, de la menthe, de l'ail ou de la moutarde sauvage, de la Icvêclie, etc., on peut, à l'odeur et à la couleur de leur lait, reconnaître les principes con- stituans de ces végétaux qui y ont été transportés. Ainsi, plusieurs euphorbes et la gratiole le rendent pur- gatif; la garance, le cactus opuntia, le safran, le bleu d'indigo soluble, le rendent rouge, jaune ou bleu. Les huiles essentielles des labiées passent dans le lait. Celui de la femme peut subir, par l'influence d'affections moi'ales ou de substances médicamenteuses, des chan- . gemens qui souvent deviennent une source d'accidens morbides chez l'enfant qu'elle allaite. Les patliologistes ont observé en outre des altérations diverses du lait, sous le rapport de la consistance, de la couleur et des autres propriétés, qui n'ont point en- core été examinées chimiquement. La destination physiologique du lait est de servir d'aliment à l'animal nouveau -né, et de lui fournir le mélange de substances nitrogénées et non nitrogénées nécessaire au développement de son corps. Chacun connaît trop bien ses usages dans l'économie domes- tique, pour que j'aie besoin d'insister sur ce point. F. Matières propres au fœtus. On appelle thymus une grosse glande située au- devant de la trachée-artère du fœtus, dont on ne con- naît point encore les fonctions, qui paraissent cependant cesser après la naissance, puisqu'à partir de cette époque l'organe est résorbé peu à peu, et finit par disparaître tout-à-fait. On n'y a point encore découvert de conduit excréteur. Suivant Frommherz et Gugert, le thymus humain , 634 MÉcômuM. dépouillé de sang par le lavage, est composé de fibrine (il serait mieux, sans doute, de dire tissu insoluble), d'albumine, de matière caséeuse, de matière salivaire, d'extrait de viande, des sels ordinaires et d'un peu de graisse. Morin a trouvé dans le tbymus du veau : Fibrine (?) avec pbospbates sodique et cal- cique 8,0 IMatière animale particulière o,3 Colle extraite par la coction 6,0 Albumine 1 /j,o Extrait de viande i,()5 Eau '70,00 11 n'est pas vraisemblable que la substance désignée ici sous le nom de fibrine soit la même que la fibrine du sang; mais les. détails do l'analyse ne sont point parvenus à ma connaissance. Méconiarn. On appelle ainsi une matière poisseuse, contenue dans le canal intestinal du foetus, qui est évacuée dans les premiers jours après la naissance, et, à ce qu'on prétend , par suite de l'action laxative qu'exerce le colostrum. Cette substance a une couleur foncée, composée de noir, de vert et de brun. Sa con- sistance est celle du miel liquide. Rarement a-t-elle de la saveur ou de l'odeur; mais quelquefois elle est fétide. Elle a dans l'intestin grêls une teinte de vert-clair, qui devient de plus en plus foncée dans les parties infé- rieures du tube intestinal. Elle produit sur la toile des tacbos difficiles <à enlever par le lavage. Cette substance est la bile du fœtus , peu à peu sécrétée et épancbée dans le canal intestinal, qui, avec le temps, cliange insensiblement d'aspect. Lorsqu'on fait sécber le méconium, il perd les 4 de son poids, brunit, et répand une odeur douceâtre, semblable à celle du lait bouilli. Une fois qu'il est sec, on peut le réduire en poudre. A la distillation sècbe il donne des gaz combustibles, du carbonate ammonique, PRODUITS MORBIDES. PUS. 635 de l'eau, de riuiilc animale empyroumatique, el laisse ^ de son poids de char])Oii. D'après Payen , l'alcool extrait cki meconium o, i d'une matière verte, qni co- lore l'eau en jaune, et (|ui ressemble à la résine biliaire. L'alcali lui enlève une substance d'un jaune- brun. Quand on le brûle, il laisse une cendre composée de chlorure sodi([ue, carbonate alcalin et pliosplmte cal- cique. La bile contenue dans la vésicule biliaire du fœtus est plus liquide que celle de l'adulte, mais ren- ferme d'ailleurs les mêmes principes constituans. VIIL Produits morbides. I. Pus. Une irritation étrangère qui agit sur le tissu cellulaire, sur la peau, ou immédiatement au-dessous de cette membrane, ou , enfin, plus profondément dans la substance des parties du corps, active la circulation dans les petits vaisseaux. Ceux, qui d'ordinaire charrient des liquides incolores se remplissent de sang coloré, la température de la partie s'élève, cette partie se tuméfie, et il se forme un abcès. Le sang coloré qui, égaré de sa route, ne peut plus arriver dans les veines, devient stacrnant, et il s'établit un travail de destruc- tion, appelé suppuration, par lequel toute cette masse est convertie en un sac rempli d'un liquide visqueux, particulier. Ce liquide , auquel on donne le nom de pus .^ finit par produire une ouverture, et s'écouler du sac. Mais quekiuefois aussi il couunence à entrer en putréfaction, dégage du sulfinx^. ammonique et change d'aspect; on le nonune alors pus de mauvaise qualité, ou iciior. Le pus de bonne qualité est un liquide muqueux, jaune clair, tirant quelquefois un peu sur le verdâtre. 11 est opaque et homogène lorsqu'il ne contient pas de sang qui n'ait point encore été altéré. x\près le refroi- dissement, il est inodore et a une faible saveur fade. Il n'exerce ni réaction acide, ni réaction alcaline; mais il ne tarde point a s'acidifier à l'air, quoique seulement 636 PUS. d'une manière passagère , car on observe bientôt un dégagement d'ammoniaque. Examiné au micro- scope composé, It; pus apparaît comme une masse composée de petites particules irrégulières et inégiîles pour la grosseur, tenues en suspension dans un liquide, ou, suivant d aotres oi)servateurs , comme un composé de petils globules dont le volume coïncide avec celui des molécules organiques. Je ne connais point d'analvse proprement dite du pus, mais il a été fait une multitude de recherches pour le dislinguer du mucus. Le pus tombe au fond de Teau ; cependant il se mêle aisément avec elle, et produit ainsi un licjuide laiteux qui, après avoir été agile avec force, traverse le fdlre de papier, mais se sépare par l'effet du repos. Soumis à l'ébullition, le pus se coagule, et le caillot qu'il donne abandonne un peu de graisse quand on le traite par l'alcool. La liqueur coagidée et fdtrée laisse, après avoir été éva- porée, une matière extractiforme, un peu analogue à celle qu'on obtient en général des liquides du corps. Le pus est coagulé par l'alcool. Quand on le soumet à la distillation sèche, après l'avoir desséché, il donne les produits généi'aux de la distillation des matières animales, et lorsqu'on brûle le charbon difficile à inci- nérer qu'il laisse, on obtient, comme en brûlant celui de la matière colorante du sang, une cendre d'un jaune- rouge qui, indépendaiument de sels, contient aussi de l'oxide ferrique. L'acide sulfurique concentré dissout le pus, et produit une dissolution de couleur pourpre foncée, que l'eau précipite en blaîic. L'acide nitrique concentré le dissout avec vive effervescence et sans lais- ser de résidu; la dissolution est d'un jaune-citrin , et l'eau en précipite le pus avec une teinte de gris-jaune. L'acide nitrique étendu dissout moins ou même ne dissout pas du tout le pus. L'acide hydrochlorique concentré le dissout, à la faveur de la digestion, et cette dissolution est précipitée par l'eau. Les acides étendus le coagulent. La potasse caustique concentrée le convertit en un liquide blanc, homogène, visqueux CAIfCER. 63^ et filant , qui est précipité tant par l'eau que par les acides. Les carbonates alcalins ne produisent pas cet effet sur lui. Les médecins ont souvent cherché un caractère à l'aide duquel ils pussent distinguer si les cracliats ex- pectorés par les malades atteints d'affections de poitrine sont du mucus coloré, ou du véritable pus, ou un mé- lange de mucus et de pus. Darwin prétendait que le pus et le mucus sont solubles tous deux dans la potasse causticpie, mais (jue l'eau précipite la dissolution du premier, et ne produit pas cet effet sur celle du second. Brugmanns donne comme signe distinctif que le pus s'ai- grit assez promptement, ce qui n'arrive point au mucus. Grasmeyer prescrivait de broyer la matière qu'on veut examiner avec parties égales d'eau tiède, et ensuite d'y ajouter, en continuant toujours à triturer, une égale quantité de solution de potasse du commerce parfaitement saturée. Si le mucus contient du pus , une gelée vis- cpieuse et transparente se sépare, suivant lui, au bout de deux à trois heures. D'après Hunefeld, on doit mêler et faire bouillir le mucus avec une dissolution aqueuse de cldorure ammonique ( il n'indique pas combien la liqueur doit contenir de sel) ; il prétend que le mucus exempt de pus se dissout complètement en un liquide clair et muci- lagineux , tandis que celui qui est chargé de pus se coagule sans se dissoudre. N'ayant point eu occasion de répeter ces expériences, je ne puis point juger du degré de con- fiance qu'on doit mettre en elles. Pearson, qui a écrit un long traité sur le pus, croyait V avoir trouvé une espèce d'animalcules infusoires qui ne sont pas détruits par l'ébullition, et qui ne dispa- laissent que par la dissolution dans l'acide sulfurique concentré ou dans la potasse caustique. C'est ce qu'il appelait un charbon organicpie. Je ne sache pas que ces animalcules aient été observés par d'autres que j)ar lui. 2. Cancer. On appelle ainsi une dégénérescence morbide qui affecte de préférence certains organes du corps, comme, entre autres, les mamelles, et provient d'une organisation morbide spéciale, désignée sous le nona de squirrhe, qui se détruit en sécrétant un liquide 638 HYDROPISIE DE l'ovAIRE. CONCRÉTIONS. putride, extrêmement fétide, qu'on nomme sanie. Le scjuirrhe lui-même a encoi-e la composition du tissu général. Collard de Martigny y a trouvé 0,87 d'eau. L'alcool enleva 0,01 de graisse, l'eau se chargea par l'é- bullition de 0,01 de colle, et il resta 0,1 1 de tissu solide et d'albumine coagulée. Morin a trouvé, entre autres, dans la sanie qui s'écoule, du carbonate et du sulfliy- drate ammoniques. 3. Hjdropisie de Vovaire. Chez les femmes il sur- vient quelquefois, dans les ovaires, une dégénérescence par l'effet de laquelle cet organe peut augmenter au point de remplir toute la cavité abdominale et de causer la mort de la malade. L'ovaire est alors convei'ti en un sac plein d'une masse demi -liquide et jaunâtre, dans laquelle on trouve renfermée une matière particulière, qui a quelque ressemblance avec la gelée de corne de cerf au moment de fondre. J^es propriétés de cette matière n'ont point encore été suffisamment examinées; mais ce n'est ni de Talbumine , ni de la gélatine. Lassaigne la regarde connue de l'albumine coagulée, contenant un peu de giaisse solide. Laugier jeune, en examinant un ovaire hydropique, y a trouvé, indépendamment de cette matière, un sédiment brun, auquel l'alcool enlevait une graisse cristalline, en laissant de la matière colo- rante du sang à l'état de coagulation. Cependant il n'est pas rare que les tumeurs de ce genre ne con- tiennent autre chose que le liquide ordinaire des hy- dropisies. Z;. Concrétions, a.) Il se forme quelquefois, dans les l'amifications de la trachée-artère , de petites con- crétions qui sortent aisément par l'expectoration, sont molles, et exhalent une odeur très- désagréable quand on les écrase entre les doigts. On ne sait pas de quelle matière animale elles sont formées. Si elles restent long- temps en place, elles s'entourent d'une enveloppe cal- culeuse de phosphate calcique, soit seul, soit uîélé avec du carbonate calcique, qui parfois même y prédomme. Une concrétion que rendit par le nez une personne su- jette à de fréquens maux de tête, et dont Geiger fit CONCRÉTIO>"S DA>5 LE PÉRICARDE. ETC. 639 1 analyse, était composée de ^3,3 de matière animale, qui se réduisit en mucus, albumine, fibrine (?), extrait de viande et graisse, 46,7 de phospliate calcique, ai.-j de carbonate calcique, et 8,0 de carbonate magnésique. b.) Dans le péricarde. Petroz et Robinet ont trouvé une concrétion de cette membrane composée de : 24,3 parties de matières organiques, dont une partion se dis- solvait et se convertissait en colle par la coction dans leau, et consistait probablement en tissu de la mem- brane séreuse, tandis qu'une autre était soluble dans la potasse caustique, et fut considérée comme de l'al- bumine coagulée; 65,3 de sous-phosphate calcique; 6,5 de carbonate magnésique; [\^o de sulfate sodique, et un peu de sulfate calcique. c. Dans la prostate. D'après l'analyse de Lassaigne, un calcul de la prostate était composé de sous- phos- phate calcique, ^!\.S\ carbonate calcique, o,5 ; matière animale se comportant comme de Taibumine^ coagulée et combinée avec du sou.s-phosphate calcique, i 5,o. On a encore analvsc une multitude de concrétions provenant d'autres pa;:ties du corps; j'ai cité celles-ci, appartenant à des régions fort différentes de l'économie animale , uniquement pour faire voir qu'elles se res- semblent en général sous le rapport de la composition. d.^ Concrétions arthritiques. Chez les goutteux, il se forme assez souvent, dans les articulations de la main et du pied, des tubercules durs, qui ressemblent à des os quand on v touche. Ces concrétions ne surviennent quelquefois que dans une seule articulation, ou dans deux, mais parfois aussi elles les envahissent toutes. On les ren- contre plus rarement au coude et au genou. Après la des- siccation , elles sont friables, blanches ou d'un gris-blan- chàtre : leur cassure est terreuse, et elles renferment des lames de tissu cellulaire, dans les cellules duquel s est déposée la matière qui les constitue. On peut les couper avec un couteau, et la tranche est brillante. Leur composition fut soupçonnée dès 1793 par Forbes, qui admit qu'elles sont formées d'acide urique. Cepeu- daat Fûurcroj et Guytoo-^Morveau les déclarèrent pro- 64o HYDA.TIDE5. (luîtes par du phosphate calciquo , jusqu'à ce qu'en ^797 ^oll^ston prouva qu'elles contienjient de l'urale sodiquc , avec une matière animale. Des recherches plus minutieuses, faites depuis à leiu- égard , y ont dé- montré aussi l'existence d'un peu d'urate potassique, d'u- rate calcique, de chlorure sodique et de quelques-uns des principes constituans ordinaires des li(juides du corps. Une partie de la matière animale qu'elles renferment consiste en lamelles de tissu cellulaire, et une autre est comhinée avec la concrétion elle-même. Vogel y a dé- couvert l'urate calcique. En analysant une de ces con- crétions, Laugier a trouvé 8,3 d'eau; 16,7 de matière animale; 16,7 d'acide urique; 16,7 de soude; 8,3 de chaux; 16,7 de chloi-ure sodique (et 16,6 de perte). Wurzer a trouvé dans une autre: acide urique, 20,0; soude, 20,0; chaux, 10,0; chlorure sodique, 18; chlo- rure potassique, 2,2; matière animale, 19, 5; et eau, 10,3. L'accord entre ces analyses est remarquahle , d'autant plus qu'elles indiquent entre les bases et l'acide un rapport tel que l'acide contient plus de quatre fois la quantité de base existante dans les sels neutres, sans qu'on voie avec quoi ce grand excès de base aurait pu être combiné. Les deux chimistes ont trouvé que la moitié et au-delà de la concrétion se dissolvait dans l'eau par l'ébullition, et que la dissolution était neutre, d'où il suit que l'excès de base devait être saturé par quelque chose. L'urate calcique est dissous tant par l'eau bouil- lante que par la potasse caus'cique, et le précipité que les acides produisent dans la dernière dissolution con- tient de l'urate calcique. La portion insoluble dans l'eau bouillante des concrétions arthritiques ressemble à des parcelles renflées de membrane. 5. Hjdalides et kystes. On entend par là des vési- cules plus ou moins volumineuses qui sont remplies d'un liquide. Les hjdatides se forment dans le cerveau, dans le foie et dans plusieurs autres parties du corps. Elles sont quelquefois le séjour d'un ou plusieurs petits ani- IJYDATIDES. 64 f maux, qui vivent dans le li({ui{lc de ces vésicules. Gœ- hel a examine des liydalides d'un ("oie de chèvre, sur la face interne desquelles vivait une» colonie entière de j)eti(s wis iEchinococcus ■Veterinora m). Les liydatides contenaient un licjuide clair, jaunâtre, complètement neutre, qui, par Févaporation , répandait une odeur désagréable, et noircissait la spatule d'argent employée pour le remuer. Ce liquide laissa i,54 pour cent de ré- sidu , qui , au dire de Gœbel , était composé de o,o4 pour cent d'albumine, 0,24 de mucus, et 1,26 de sels (carbonate et chlorure sodiques, sulfate potassique et phosphate calcique). Ce qui est appelé ici mucus paraît avoir été de l'albumine dissoute, avec un peu de matière extractive, dans le carbonate alcalin. La membrane offrait à sa face interne deux sortes d'élévations, savoir, les sièges des vers, et de petites vésicules contenant un li- quide huileux jaune. L'éther enleva à cette membrane un peu de graisse. Elle était insoluble dans l'eau bouil- lante et dans l'alcool. L'acide acétique la rendait muqueuse, mais ne la dissolvait pas, même par l'ébulli- tion. La potasse caustique la dissolvait, mais la disso- lution n'était pas j)récipitéepar les acides, qui ne faisaient que la troubler légèrement. Collard de JMartigny a exa- miné la composition d'une autre hydatide, dans laquelle il ne trouva point de vers, Le liquide était incolore ou jaunâtre, et tenait en suspension quelques flocons d'al- bumine coagulée. En le faisant bouillir, il se troublait à peine. Il était composé de : albumine, 2,9; sels (chlo- rure sodique en grande partie), 0,6; et eau, q6,5o. I>a mendjrane pouvait être partagée en cinq feuillets différens. Elle n'était dissoute ni par l'eau bouillante, ni par l'alcool ou l'éther; mais elle Tétait, même à froid, par l'acide sulfurique, par l'acide nitrique, qu'elle colorait en jaune, et par l'acide hydrochlorique, qui prenait une teinte violette. Elle était insoluble dans l'acide acétique, qui la rendait au contraire plus ferme et plus dense. Les alcalis ne la précipitaient pas de ses dissolutions acides. Traitée par la potasse caustique, elle se gonflait, deve- VU. 41 64* KYSTES. liait transparente et muqueuse, mais ne se dissolvait qu'à un très -faible degré à la température ordinaire. Elle était insoluble dans rammoniaque. Les sels de plomb, de fer, de cuivre et de mercure, ainsi que l'in- fusion de noix de galle, n'exerçaient aucune action sur elle. Le tissu qui forme les vaisseaux des organes sécré- toires (comp. ce qui a été dit du tissu des reins) était donc celui dont se rapprochait le plusce tissu membraneux. On appelle kyste une masse molle qui se développe dans certaines parties du corps , ne forme d'aboi'd qu'une petite élévation molle , mais fait ensuite des progrès continuels. En effet, elle naît d'une cellule du tissu cellulaire, dont la face interne s'est convertie en un organe sécrétoire, et qui dès lors ne cesse de sécréter un liquide particulier. Ce liquide est parfois muqueux et presque limpide, quelquefois aussi rem- pli d'un caillot grenu. Collard de Martigny a examiné un liquide de ce genre. La tumeur était située entre le rectum et la matrice; le liquide avait une couleur jaune- clair sale et une consistance sirupeuse; elle filait entre les doigts, répandait une odeur fade, et n'était point claire, ir.ais ne contenait point de gi-ains. Après avoir été évaporée à 4o", elle laissa 12,8 pour cent de résidu brunâtre : ce résidu avait une odeur fade de colle et une cassure vitreuse; il se ramollissait dans l'eau, sans se gonfler ni se dissoudre, et répandait en brûlant l'odeur de la corne brûlée. Le liquide sirupeux se mêlait par- faitement avec l'eau, mais on ne pouvait le réduire en ge- lée par la concentration. L'alcool en précipitait une masse jaune, dense, élastique et susceptible de se re- dissoudre dans l'eau. Il était précipité par les acides étendus, dont un excès redissolvait le précipité. La po- tasse, le sulfate ferreux, le sulfate ferrique et le nitrate arc^entique ne le précipitaient point; mais il était pré- cipité par le nitrate mercureux, le chlorure platinique, la teinture d'iode et l'infusion de noix de galle. Les précipités produits par ces réactifs étaient jaunes. Celui auquel le sel mercureux donnait naissance ne BOIS DF CERF. MUSC. 643 tardait pas à devciiii* d'un gris-bleu, et celui qui résul- tait de l'iode étai): insoluble dans l'eau, eirconslance qui prouvait qu'il n'était point dû à l'alcool de la tein- ture. Ce liquide ayant été évaporé jusqu'à siccité, le résidu avait perdu la faculté de se dissoudre. Il était insoluble aussi dans l'alcool et l'étber, mais les acides sulfurique, nitrique et hydrochlorique le dissolvaient. La dissolution nitricjue précipitait par rammoniac(ue, sans jaunir , et la dissolution bydrocblorique devenait d'abord rouge, puis violette. La potasse caustique dis- solvait le résidu sec, incomplètement à froid, mais sans laisser de résidu à cliaud. Il n'était que fort peu soluble dans l'ammoniaque. IX, Matières du règne animal qui n^ont point été examinées dans les chapitres pîécédens. A. Des mammifères. Les bois de cerfs , excroissances branchues , en forme de cornes, du front des animaux compris dans le genre cerf^ surtout cliez les mâles, diffèrent des cornes de bœuf, de mouton et de cbèvre, en ce qu'ils sont de véritables os, sous le rapport de leur composition, et contiennent un cartilage osseux, qui se dissout plus aisément que celui des os ordinaires par l'ébullition. Nous n'en possédons pas d'autre analyse qu'une de Geoffroy, qui a trouve (juc i6 onces de corne de cerf râpée donnaient 4 onces 2 gros et 36 grains de gélatine sècbe, et une de Mérat-Guillot, qui y a trouvé: cartilage soluble o,^^; pliospbate calcique 0,5^5; car- bonate calcique 0,0 1 ; eau (et perte).o,i 45. Le musc est une sécrétion d'odeur toute particulière du moscluLS 77ioschiferus ^ ruminant senîblable au che- vreuil, mais dépourvu de cornes, qui vit dans les mon- tagnes de l'Asie centrale, depuis le Tliibet jusqu'à la Chine. Le musc est sécrété, chez les mâles, dans une poche située au-devant de la verge, et qui se compose 644 MUSC. de plusieurs membranes superposées , extérieurement recouvertes [)ar la peau et des poils. Ij'inlérieur de cette poche est partagé eu cellules, dans lesquelles s'opère la sécrétion du musc. Celui-ci est mou et peu dense chez l'animal vivant; mais, tel cju'on le trouve dans le com- merce, après avoir subi la dessiccation, il est solide et grenu. Il a une odeur particulière, permanente, et gé- néralement connue. Il y en a de plusieurs sortes, qui diffèrent suivant l'âge des animaux et la latitude plus ou moins septentrionale i\es chaînes de montagnes qu'ils habitent. Le meilleur musc a les caractères extérieurs suivans: il se compose, pour la plus grande pai'tie, de grains ronds ou ovales, un peu aplatis, parfois aussi irréguliers, dont la grosseur varie, depuis celle d'une tête d'épingle jusqu'à celle d'un pois, et qui sont mêlés avec une masse plus ou moins cohérente. Ces grains onf une couleur foncée, brune-noirâtre, presque noire. Ils ont un faible éclat gras. On peut aisément le^ écraser eptre les doigts, et leur masse est homogène à l'intérieur. Quand on les frotte sur du papier, ils v laissent un trait brun, mais peu lié. Le reste de la masse est cassant et parsemé de minces membranes brunes. L'odeur du musc , au moment où on le lire de la poche, est forte et accompagnée d'une certaine odeur accessoire, qui disparaît par la suite. La première boime analyse chimicjue du musc est celle de Thiemann. Depuis, Bucholz, Guibourt et Blon- deau ont publié de très- bonnes recherches sur cette substance; mais les plus récentes sont dues à Buchner, ainsi qu'à Geiger et Reimann, de l'excellent travail des- quels j'ai tiré les principaux détails dans lesquels je vais entrer. Les parties constituantes du musc sont : 1° Matwres volatiles. Le musc, tel qu'on le trouve dans le commerce, renfermé dans la bourse même de l'animal, contient des proportions variables de substances volatiles, dont une petite quantité consiste en carbonate ammonique, et le reste en eau. Thiemann en a ti'ouvé i5 pour cent, Guibourt et Blondeau 47, Buchner 17,6, MUSC. 6/|5 Geifi^er et Rciniann 4i- Ce qui se volatilise consiste prin- cipalement en eau, mais contient environ 3 pour cent du poids du nuise d'ammoniacjnc , avec une trace im- pondérable de matière odoraiste. La forteodeur du muse, (|ui dure si long-temps, et qui se distingue de toutes les autres matières odorantes parce que c'est celle qui, sous le plus jK^tit volume appréciable, affecte le plus vi- vement l'organe olfactif, n'appartient point aux principes volatils de cette substance. Tous ceux ([ui ont fait des expériences à ce sujet s'accordent à dire que la matière odoiante du musc ne dépend j)oint d huiles vojatiles, ou d'un arôme, connue les odeurs des plantes. On ne peut point l'enlever par la distillation : le produit de l'opé- ration en exhale bien lodeur, mais ce qui reste dans la cornue a conservé la même odeur. Nul dissolvant ne par- vient à la séparer des autres matières , qu'elle suit constam- ment. Lorsqu'on fait sécher du musc, par exemple, sur de l'acide sulfurique, de manière à en dégager toute l'eau, l'odeur disparaît ;. mais elle reparaît aussitôt que le musc a repris son humidité naturelle par l'exposition à l'air, ou dès qu'on l'humecte avec de l'eau. Geiger et Reimann ont desséché et ramolli du musc trente fois l'une après l'autre, et cependant il était encore odorant. Ils conclurent de là (jue la meilleure manière dont nous puissions présentement explicpier ce phénomène consiste h admettre que l'otleur du musc provient d'iu)e décomposition cjuc la substanee éprouve peu à peu, et dont l'effet est de produire continuellement de petites quantités d'une ma- tière fortement odorante ([ui se volatilise, de même que les substances organicjues en putréfaction émettent des matières odorantes, mais dont l'odeiu' est désa- gréable et dégoûtante. Robiquet a cherché pendant long-temps à soutenir l'opinion que plusieurs substances odorantes doivent leur odeur à une certaine quantité d'annnoniaque qui s'en dégage et qui entraîne avec elle des matières, autrement non volatiles, dont l'odeur masque la sienne. Ce qui prouve qu'il se passe ici quelque chose de semblable, c'est qu'on trouve de l'ammoniaque 646 MUSC. dans l'eau qui se dégage du musc par la dessiccation , et dans celle avec laquelle on le distille, et l'on peut tou- jours se figurer que l'ammoniaque et la matière odorante sont constamment formées ensemble. IMais si l'on peut admettre comme un fait avéré, que l'ammoniaque fa- vorise le développement de l'odeur et la rend plus sensible, il n'est pas aussi constant que cet alcali soit mie condi- tion indispensable pour les odeurs de ce genre. Sans doute une grande ])artie des odeurs animales sont de la même nature que celle du musc, seulement notre organe de l'odorat est moins apte à en recevoir l'impression. Mais cette faculté existe à un bien plus baut degré cbez les animaux, qui le prouvent, par exemple, en suivant à la piste ceux dont ils font leur nourriture. On pourrait citer, comme exemple frappant d'une autre odeur musquée, celle de la bile, qui, à une certaine période de sa décomposition, en exbale une parfaitement analogue à celle du musc. On ne sait point encore par laquelle des substances solides du musc la matière odorante est produite. a" Graisse. Le musc contient une graisse analogue au suif et saponifiable, qui s'y trouve quelquefois déjà convertie en acides gras , et une graisse cristalline non saponifiable, qu'on regarde, d'après cela, comme iden- tique avec la choléstérine. Ces graisses sont extraites par rétber, après l'évaporation duquel elles restent mêlées avec une matière résiniforme. Pour séparer les matières grasses l'une de l'autre, on dissout le résidu dans de l'al- cool anbydre bouillant, jusqu'à ce qu'il soit saturé; le suif se sépare par le refroidissement ; on dessèche la dissolution filtrée , et on la traite par de l'esprit-de-vin froid, contenant 60 pour cent d'alcool, qui laisse la choléstérine sans la dissoudre. 3° Bésiiw. En évaporant cette liqueur spiritueuse, et y versant de l'eau sur la fin, il se précipite une substance résineuse. On obtient davantage encore de cette résine, en faisant bouillir avec de l'alcool anbydre le musc préalablement épuisé par Téther, évaporant la liqueur jusqu'à siccité, et traitant le résidu sec à froid par de MUSC. 647 l'alcool à 78 pour cent; il reste un peu de choléstérine et de suil". On ajoute de Teau à la li([ueur, on la distille, et quand i'alcool a passé, il s'est séparé du liquide une masse résineuse, qu'on traite par de l'alcool à 60 pour cent, qui laisse pour résidu un peu de graisse que la ré- sine retenait encore. Cette résine a les propriétés sui- vantes : elle est d'un jaune-brun, a l'odeur du musc et une saveur amère, est im peu molle et visqueuse, ne se dissout que difficilement et en très-petite proportion dans la potasse caustique, même à la faveur de l'ébulli- tion, ne dégage point d'ammoniaque pendant l'opération, et se précipite sans avoir subi aucun cbangement, lors- qu'on verse un acide dans sa dissolution alcaline. L'étber et même l'alcool assez chargé d'eau la dissolvent; l'eau qu'on met en digestion avec elle acquiert sa saveur amère, tandis que, de son coté, la résine absorbe de l'eau, ce qui la rend molle et très-visqueuse. 4*^ Extrait alcoolique. La liqueur de laquelle la résine s'estséparée,dans l'opération précédente, pendant la distil- lation de l'alcool, donne, après avoir été filtrée et éva- porée, une matière extractive jaune et acide, ayant une faible odeur musquée et une saveur salée, amère, un peu analogue à celle du musc. Ses réactions indiquent la présence de sels ammoniques et calciques. Du reste, sa dissolution est précipitée par le nitrate argentique , l'acétate plombique neutre, le cbîorure mercurique et l'infusion de noix de galle. En brûlant, elle répand une odeur animale, et donne une petite quantité d'une cendre qui se dissout dans l'eau et n'est point alcaline. Geiger et Reimann en ont obtenu un acide non-volatil, qu'ils supposent avoir été en partie libre et en partie combiné avec de l'ammoniaque, du chlorure ammonique, du chlorure sodique, du chlorure calcique et une matière animale extractiforme. Toutes ces circonstances réunies permettent de le regarder comme identique avec l'extrait alcoolique de viande. Extrait aqueux (acide du musc de Buchner), Lors- qu'on fait sécher le musc épuisé par l'alcool anhydre, 648 MUSC. et qu'on le traite ensuite par l'eau froide, on obtient un liquide rouge-brun qui, après avoir été évaporé presque jusqu'à siccilé, abandoutie à l'alcool avec lequel ou l'agite un peu d'extrait alcoolique qui y restait en- core. Le résidu insoluble dans l'alcool jouit alors des propriétés suivantes: il est pulvérulent , brun, inodore, fade, d'une saveur peu salée, inaltérable à l'air, et conqjlétement soluble dans l'eau. Quand on la brûle , cette substance répand une odeur faiblement ammonia- cale, et semblable à celle d'une matière animale, se boursoufle beaucoup, brûle lentement, et laisse une cendre blanelie, composée de carbonate calcique, de sul- fate calcique, de cblorure sodique, et d'un peu de sous- pbospbate calcique. La dissolution ne réagit ni à la ma- nière des acides, ni à celle des alcalis, Ninais elle décaoe de rammoniacjue par la potasse. Evaporée lentement, lorsqu'elle est concentrée, elle donne de petits cristaux de pbosphate ammonico-magnésique. L'annnoniacjue précipite sur-le-cbanq) ce sel de la dissolution. C'elle-ci peut être considérée comme une combinaison saline de potas&e et d'annnoniaque (sanscbauxj avec une matière insoluble par elle-même dans l'eau, et (jui est préei|)ilée si complètement par les acides que la liqueur devient incolore. Cette substance est ce que Bucbner a appelé acide du musc^ dans son analyse du musc. Elle a été conqjarée par lui , ainsi que par Geiger et Reiniann avec la géine(?;oj. tom. VI, p. S^S), dont elle diffère cependant beaucoup, parce c[u'elle contient du nitrogène. Elle est soluble dans l'annnoniaque, avec laquelle elle reste combinée , même après l'évaporation. Elle donne aussi des conq^osés solubles avec la potasse et la soude; mais sa combinaison avec la cliaux paraît êti-e inso- luble. Lorsqu'on la dissout, et qu'on l'évaporé plusieurs fois de suite, cette combinaison avec l'ammoniaque laisse à cbaque fois un résidu insoluble, qui se redissout dès qu'on ajoute de l'ammoniacpie. Une dissolution neutre de cette combinaison n'est précipitée qu'inconqjlétement par l'acide acétique, et un grand excès d'acide redissotit iMUSC. 649 le précipité. Elle est pi'écipitée aussi par le sulfate fer- rlcuie, par l'acétate plomhique ueutre et par rinfusiou de noix Je galle, ce (jui la distingue du brun d'indigo (toni. VI, p. 55), avec lequel elle a d'ailleurs la plus gi-ande analogie. Le chlorure inereuricpie ne la précipite point. L'auuuoniacpie extrait encore du musc épuisé par l'eau froide une certaine quantité de cette matière, qui est devenue insoluble par la perte de sa base, et ce qui reste ensuite parait être également la même sid^stance, ou pouvoir se transformer très-aisément eu elle; cai-, quand on verse une dissolution froide de potasse caustique sur ce résidu, il se prend d'abord en gelée; puis, avec le secotus d'une chaleur douce, il se dissout complètement dans la liqueur, d'oii les acides le précipitent presque en tota- lité. Si, après l'avoir lavé, on le dissmit dans l'ammo- niacpje cyusti(jue , il se comporte absolument de même que la matière décrite précè.demment , et, quand on l'a fait sécher, il peut se redissoudre dans l'eau. Il est pro- bable que le résidu insoluble dans l'anunoniaque conte- nait cette substance à l'état de condiinaison avec une trace d'albumine et avec le tissu solide, dont la plus grande partie est restée, comme à l'ordinaire, dans la liqueur, lorsqu'on a précipité la dissolution alcaline par un acide. On explique par \h l'état gélatineux avant la dissolution, de même qu'il paraît vraisemblable que ce qu'on a regardé dans le musc comme de l'albumine et de la fdjrine, était cette combinaison cà laquelle l'alcali fait subir le genre de décomposition dont je viens de' parler. Thiemanu, Guibourt et Blondeau citent la gélatine paimi les principes constituans du musc. Geiger et Reimann, au contraire, ont trouvé que, quand on épuise le musc avec de l'eau froide, et qu'ensuite on le fait bouillir dans de l'eau, les membranes qu'il renferme ne donnent point assez de colle pour que le liquide se prenne en gelée, quoique la propriété dont le précipité pro- duit par l'infusion de noix de galle jouit de s'agglutiner 65o MDSC. un peu à la chaleur en une masse élastique, incllque qu'il devait contenir'une petite quantité de gélatine. Il est donc clair que ce qui a été appelé gélatine par les trois chimistes précédens, était principalement la ma- tière comhinée avec de l'ammoniaque et précipitablepar le tannin, dont j'ai donné la tlescription plus haut. Sels inorganiques. Quand on brûle le musc, il laisse 5 à lo pour cent de cendre charbonnée, qui consiste en carbonate potassique, sulfate potassique ( produit peut-être par l'effet de la combustion), chlorure po- tassi(|ue et phosphate calcique, avec des traces de ma- gnésie et d'oxide ferrique. D'après l'analyse de Geiger et de Rcimahn, cent par- ties de musc contiennent : Graisse non saponifiée 1,1 Choléstcrine, contenant de la graisse précédente. . . . 4,0 Résine ainère piirticnlière 5,o Extrait alcoolique, acide lactique libre et sels 7,5 Extrait aqueux : matière particulière combinée avec de la potasse et de l'ammoniaque, et sels solubles dans l'eau 36,5 Résidu sableux insoluble 0,4 Eau et ammoniaque dégagée de l'acide lactique /|5,5 100,0 Guibourt et Blondeau indiquent, comme parties con- stituantes du musc : Extrait par l'éîher: graisse, clioléstérine, un peu d'a- cides gras, saturés avec de l'ammoniaque, traces d'huile volatile i3,ooo Extrait alcoolique : clioléstérine, sels ammoniques avec acides gras, huile volatile, chlorures ]iotas- siqne ; sodique, ammonique et calcique, et \\n acide indéterminé, combiné avec les mêmes bases. 6,000 Extrait aqueux : les chlorures précédens, l'acide combustible indéterminé, gélatine, matière char- bonnée soluble dans l'eau 19,000 Extrait par l'ammoniaque: albumine et phosphate calcicjiie 12,000 Tissu libreux, carbonate et phosphate calciques, poils et sable 2,75o Ammoniaque, volatilisée pendant la dessiccation. .. o,325 Eau , , , , , 46,9'i5 MUSC. 65 1 On croit que la destination physiologique du musc est (le rendre la recherche du maie plus facile à la fomeile, à l'époque du rut, l'animal vivant seul. Le musc est cuiployé comme parfum; mais il sert surtout en médecine, où on le regarde comme un médicament d'une liaute importance. Il est très-cher, et par cela même exposé à de fréquentes falsifications. Celui qu'on rencontre dans le commerce vient tantôt de la Chine, sous le nom du musc de Tonquin, qui a toujours été re- gardé comme le plus pur; tantôt de la Sibérie, nommé musc kaharflin , et ce dernier a étélong-temps considéré comme si inférieur de qualité qu'on n'en faisait pas volontiers usage en pharmacie; mais, dans ces derniers temps, la Sibérie a fourni d'aussi bon musc que la Chine. La bonté du nnisc ti{;nt principalement à ce qu'il ait été prlssur des animaux d'un âge moyen, qui ne soient ni trop jeunes ni trop vieux, A l'égard des falsifications qu'on lui fait si fréquemment subir, il est à reniarquei- que toutes les bourses qui portent des traces de couture sont fausses. Une vraie bourse de musc a deux petites ouvertures, dont l'une conduit dans la poche de la matière odo- rante, et l'autre dans l'urètre. Quelquefois ces ouver- tures sont tellement contractées qu'on a de la peine à les retrouver; mais, toutes les fois qu'elles manquent, la bourse est réellement fausse. Les bourses varient pour la grosseur. Elles ont depuis un pouce jusqu'à deux pouces et demi de diamètre, et sont plus ou moins rondes; elles sont couvertes de poils jaunes ou d'un jaune-brun et roides, qui convergent vers le centre. Sur celles qui proviennent d'animaux âgés, ces poils sont plus épars; ils paraissent comme usés, et ils ont une couleur plus foncée. Une grande quantité de petits grains arrondis dans l'intérieur est aussi un caractère certain de la bonne qualité du musc; il faut encore qu'on n'y découvre pas de parties fibreuses, à l'aide du microscope. L'odeur doit être franche, sans odeur accessoire putride. Les caractères chimiques les plus certains qui anuoucent un musc de bonne qualité 652 CAStORÉUM et non falsifié, sont, qu'il se dissolve jusqu'aux | de son poids dnns de l'eau bouillante, (jue cette dissolution soit précipitée par les acides, et: uolaminent par l'acide nitri- que, jusqu'à devenir pi-esque incolore, et qu'elle préci- pite par l'acétate ploinbique et l'infusion de noix de galle, mais quelle ne donne pas le moindre précipité paj^ le chlorure mcrcaricpie. La cendre du musc brûlé doit èlre grise, ni rouge ni jaune, et ne pas s'élever à plus de 5 ou 6 pour cent. Castoréum. On l'obtient du castor ( t'^i'to/* /y*^^/^), animal chez lecjuel il est sécrété dans deux bourses, tant par les mâles que par les femelles. Dans le mâle, les bourses sont situées derrière le j)répuce, et dans les fe- melles, on les trouve au bord supérieur de l'orifice du vai2[in , oii elles s'ouvrent. Elles consistent en un tissu celbdaire liès-dense, formant plusieurs feuillets, entre lesquels le (tastoréum est renfermé et adhérent. Les bourses sont placées parallèlement l'une contre l'autre sous la peau; elles pendent ensemble, et s'écartent \\w peu à l'une des extiémilés, (jui est plus large et arron- die, tandis que l'autre est oblongue. A l'extérieur, elles sont lisses , d'un brun-noir, et sans poils. J^e castoréum les remplit entièrement, mais laisse une cavité dans le centre, caractère auquel on distingue celui qui est vrai de celui qui a été falsifié. IjC castoréum est mou chez l'animal; sa consistance est intermédiaire entre celle de la cire et celle du miel. Après que la bourse a été détachée du corps, il se dessèche: alors il est sec, sans cependant être dur, d'un brun- noir, terne, et facile à écraser. Il a une odeur particulière, forte et désagréable, une saveur amère, piquante, un peu aromatique, et qui persiste long-temps. ïhouvenel , Fourcroy, Bouillon -la- Grange , Haas et Tlildebrand, Thiemann,Barneveld, Bohn, Laugier, Bizio et Brandes, l'ont examiné; le travail de Brandes est le plus étendu de tous. Le castoréum n'a pas, dans sa composition, autant d analogie avec le musc qu'on pourrait le présumer, et CASTORÉUAl, ETC. 653 ses parties constituantes différent beaucoup de celles de ce dernier. Il contient : 1. Eau et am ino Iliaque ^ formant ensemble le quart de son poids à peu près; mais l'ammoniaque n'y entre pas dans la proportion d\in pour cent. 2. Une huile volatile ^ qui est la cause de son odeur, et qu'on obtient par la distillation avec de l'eau, en re- vei'sant plusieurs fois de suite cette eau sur du casto- réum frais, et la l'edistillant. Cette liuile est d'un jaune- pale : elle a la consistance de celle d'olive, et l'odeur du castoréum. Elle est tantôt plus, et tantôt moins pe- sante que l'eau. Sa saveui" est acre et amère. Elle se dis- sout aisément dans l'alcool, et elle est un peu soluble aussi dans l'eau. 3. Castorine. On a désigné sous ce nom une espèce de graisse cristalline, que Fourcroy avait déjà observée, et qu'il avait appelée adipocire. La castorine paraît être très-voisine de l'étbal. Comme ce dernier, elle n'est point saponifiable, et elle peut, jusqu'à un cei-tain point , être distillée avec de l'eau. Suivant Bizio, on l'obtient de la manière suivante : on fait bouillir une partie de casto- réum avec six parties d'alcool o,8.S, on filtre la dissolu- tion, et on la laisse léduire de moitié par l'évaporation à Tair : la castorine cristallise alors. On décante la li- queur, on lave la castorine à plusieurs reprises avec de l'alcool étendu, pour la dépouiller d'une résine colorante brune; puis, afin d'enlever complètement cette der-- nière , on la dissout dans de l'alcool bouillant, avec addi- tion d'un peu de charbon animal , et on évapore la dissolution bouillante, après l'aNoir filtrée. On peut aussi extraire la résine par le moyen de l'ammoniaque caus- tique. D'après Brandes, on fait bouillir le castoréum avec de l'alcool, on filtre la liqueur bouillante, on la laisse refroidir pour que de la graisse ordinaire se sé- pare, on la filtre fioide, et on l'évaporé; puis on lave avec de l'alcool froid la castorine cpii s'est déposée. La castorine a les propriétés suivantes : elle est inco- loie, et cristallise de ses dissolutions en aiguilles quadri- latères, fines, transparentes, réunies en groupes. Elle a 54 CASTORÉUM. une faibleodeur (le castoréum, etunesaveur particulière, en quelque sorte métallique; elle ne réagit ni sur le j)apier de tournesol ni sur celui de curcuma ; elle est légère et pulvérisable; elle fond dans l'eau bouillante en une huile qui surnage, et qui, après s'être figée par le refroi- dissement, demeure Iranspai-ente. Si on la fait bouillir avec de Teau, dans une cornue, elle passe en petite quan- tité avec le produit, qui est limpide d'abord, à la vérité, mais qui dépose de la castorine au bout de quelque temps. Chauffée seule dans une cornue , elle fond et entre en ébuUition , puis donne une huile d'un jaune-orangé, qui, après le refroidissement, forme une masse molle, semblable à une résine. Elle est inflammable, et brûle avec flamme, sans odeur ni fumée, mais en laissant du charbon. Elle est insoluble dans l'eau froide. L'eau bouil- lante en dissout une petite quantité, qui cristallise au bout de quelques jours. Elle se dissout difficilement dans l'alcool, et de préférence dans celui qui est anhydre; mais celui qui ne contient que "yo pour cent d'alcool n'en dissout ([ue j-^ à la chaleur de TébuUition. Elle se solidifie néanmoins par le refroidissement. Elle est plus sohdjle dans l'éther. Les huiles volatiles ne la dissolvent point à fi'oid ; mais l'huile de térébenthine la dissout avec le secours de la chaleur, et se trouble par le refroidisse- ment. Par la fusion, on peut l'unir avec les huiles grasses. L'acide sulfuri(pie concentré la dissout aisément; mais la dissolution se colore en jaune, et la castorine en est précipitée par l'eau, avec une couleur jaune. L'acide sul- furique étendu la dissout à chaud; et elle se dépose tant par le refroidissement de la liqueur, que par la saturation de l'acide avec l'ammoniaque. L'acide nitrique froid ne la dissout point; mais le même acide bouillant la dis- sout avec une couleiu- jaune. La dissolution se trouble par le refroidissement, et elle est précipitée par l'eau. Un traitement prolongé par l'acide nitrique la convertit en un acide particulier, dont il sera question plus loin. L'acide acétique bouillant la dissout en grande quan- tité : au bout d'un long espace de temps, ou quand CASTORléCM. 65^ on évapore l'acide, elle se précipite de la dissolution sous forme cristalline. Les alcalis caustiques étendus en dissolvent un peu à la faveur de l'ébullition, et par le refroiilissement de la liqueur, elle se dépose sans avoir subi d'altération. La potasse caustique concentrée la dis- sout par rébullition, et quand on étend d'eau la disso- lution, elle s'en précipite sans avoir éprouvé aucun chan2;ement. L Résine (résinoïde de castoréum de Brandes). La dissolution alcoolique du sein de laquelle s'est déposée la castorine donne la résine de castoréum lorsqu'après l'avoir fdtrée, on l'évaporé presqu'à slccité, qn'on ajoute de l'eau bouillante au résidu, qu'on lave bien le précipité avec cette eau, et qu'on dissout ensuite la résine dans une petite quantité d'alcool froid, qui laisse de l'urate cal- cique et de l'urate potassique. (3n obtient la résine de la dissolution alcoolique, en évaporant cette dernière. Elle est d'un brun-foncé, presque noir, exhale une faible odeur de castoréum , n'a d'abord point de saveur quand elle est sèche, mais finit par causer une Impression d'a- mertume dans la bouche, en s'y ramollissant. Sa disso- lution dans l'alcool a une saveur acre, amère et de longue durée, qui ressemble à celle du castoréum. Elle a une cassure brillante; elle est sèche, cassante, facile à pulvériser, et inaltérable à l'air.' Elle se ramollit par la chaleur de la main, sans devenir visqueuse. Lorscju'on la chauffe, elle ramollit, prend feu, brûle avec flamme, et laisse un charbon poreux, qui, par la combustion complète, donne une trace de cendre alcaline. La résine de castoréum n'est point soluhie dans l'eau froide. L'eau bouillante n'en dissout pas tout-à-fait ~^^ et se trouble par le refroidissement. Elle se dissout dans l'alcool an- hydre, et dans un mélange de cet alcool et d'eau qui contient plus de 65 pour cent du premier. La dissolution n'exerce aucune réaction sur les couleurs végétales. Elle est précipitée par l'eau, et surtout par l'acide hydro- chlorique. La résine est insoluble dans l'éther pur, mais soluble dans celui qui contient de l'alcool. L'huile de térébenthine froide ne la dissout pas, mais elle est dis- 656 CASTORÉUM. soute par l'huile bouillante, qui en est colorée en jaune. Par le refroidissement elle se sépare de cette dissolution, sous la forme de gouttes huileuses, qui plus tard se solidi- fient. Elleest soluble aussi dans l'huile d'amandes chaude. L'acide sulfurique ne la dissout point à froid, mais la décompose à chaud. L'acide nitrique se comporte de même, et forme avec elle une matière cristalline qui est peut-être analogue à l'acide nitropicrique. L'acide hy- drochlorique ne la dissout point à froid; mais, à chaud, elle lui commiuiique une couleur rouge-ailiéthyste, et la liqueur se trouble ensuite par le refroidissement. L'acide acétique la dissout, même à froid, en prenant une teinte jaunc-rouge, et l'eau la précipite de cette dissolution. Elle se combine aisément avec les alcalis. La potasse caustique et le carbonate potassique la dis- solvent, et produisenl ainsi une liqueur jaune-rouge ou d'un rouge-foncé, de lacjuelle les acides précipitent la i-ésine en flocons d'un jaune-brun. L'annnoniaque caus- tique la dissout avec une belle couleur rouge, qui pousse au jaune-rouge par l'ébullition; la dissolution, saturée avec de l'acide hy(lrochlori(|ue , devient d'un blanc-rou- geâtre et trouble, sans que la couleur rouge soit rétablie par de l'ammoniaque qu'on y ajoute. Elle se combine avec l'hydrate calcique par rébullition. L'alcool décom- pose celte combinaison en une soluble et une antre in- soluble, qui toutes deux réagis-.eut à la manière des alcalis. Elle se combine aussi avec l'oxide plombique lors- (ju'on mêle sa dissolution alcoolique avec une dissolution (le sous-acétate plombique. Cette combinaison contient 68,09 <^1'^^''^^^' plondjique et 3i,9r de résine. Toutes ces combinaisons avec des bases abandonnent la résine quand la base s'unit à un acide plus fort. La résine ne se combine |)oint avec le tannin. C'est à Brandes que j'ai emprunté tous les détails relatifs à ses pro- priétés. Brandes a trouvé, en outre, dans le castoréum , des urates calcique et potassique. Laugier y a découvert de l'acide benzoïque, que Brandes a reconnu être combiné avec de l'ammoniaque et de la chaux. Cependant il CASTORÉUM. 65'7 n'est pas certain que cet acide ne soit point, à propre- ment parler, de l'acide urobenzoïcjue. Parmi les sels solubles dans l'eau, Brandesa trouvé des sulfates, des car- bonates, des lactates et des cblorures potassicjues , ani- moniqueset calciques; parmi les sels insolubles dans l'eau, du carbonate calcique en grande quantité, du carbonate niagnési(|ue et du pliospbate calcique. Indépendamment des matières animales dont il a été question jusqu'ici, le castoréum contient encore des tissus membi'aneux de plusieurs sortes, qui n'ont pas été bien déterminés jusqu'il présent, du mucus, de l'albu- mine, et luie matière extractiforme semblable à l'extrait alcooli(|ue de viande. Après avoir été brûlé, il laisse 20 à 3o pour cent de cendre, dont la masse principale est composée en partie de chaux caustique, en partie de carbonate calcique. D'après une analyse approximative faite par Brandes, le castoréum contient : Huile volatile 1,00 Castorine (mêlée avec des lira tes) 2,o5 Résine( mélécavecdii benzoateet de l'urate calciques.) i3,85 Extrait alcoolique, avec les sels ordinaires 0,20 Albumine o,o5 Phosphate calcique, combiné avec une matière ani- imale 1,40 Carbonate calcique 33,oo Carbonate njagnésique o,,'|0 Sulfates potassique et calcique 0,20 (>irb mate ammonique 0,8a Matières animales insolubles dans l'alcool 4,6o Parties de la peau 19,20 Eau (et perte) ^ a3,23 100,00 On ignore quels sont les usages physiologiques du castoréum. Cette substance est employée depuis la plus haute an- tiquité en médecine, comme médicament interne. On eu trouve deux sortes dans le commerce, le castoréum 658 CIVETTE. de Russie et celui tUi Canada. Sous le premier nom, on désigne la plus grande partie du castoréum d'Eu- rope, parce qu'il vient de la Sibérie pour la plupart, car l'espèce du castor paraît être presque entièrement anéantie en Europe. Celui qui arrive du Canada passe pour le plus mauvais, et le prix élevé du castoréum fait qu'en outre ce dernier est si souvent falsifié, qu'on le rejette. Cependant, il n'y a pas de doute que le casto- réum non falsifié du Canada ne soit de même nature que celui d'Europe et d'Asie. On donne comme carac- tères du vrai castoréum, d'offrir sur les bourses qui le renferment deux petites poches remplies d'une graisse ayant l'odeur du castoréum, ou du moins d'en présenter des traces bien prononcées à l'endroit oii elles existaient. Lorsque ce caractère manque, on peut soupçonner une falsification, qui consiste, entre autres, en ce qu'on prend le scrotum de jeunes boucs, ou la vésicule biliaire de moutons. On reconnaît en outre une vraie bourse à ses membranes, dont il y a plusieurs superposées, et dont la plus intérieure est parsemée, à sa face externe, d'un grand nombre de petites écailles argentées. En examinant l'intérieur de ces poches, on recon- naît qu'elles proviennent réellement du castor, non seulement à ce qu'il s'y trouve une cavité dans le centre, mais encore à ce que le castor-éum est tellement enve- loppé de membranes qu'on ne peut l'en détacher, soit par l'eau, soit par l'alcool, qu'après l'avoir séché et concassé : le faux castoréum , au contraire , se dissout aisément dans l'alcool , et la dissolution colore en noir la dissolution d'un sel ferrlque, par l'effet de matières végétales chargées de tannin qu'elle contient. En gé- néral , On prétend que le castoréu.m falsifié renferme un mélange de vrai castoréum avec des gommes-résines, des résines et des baumes, qui, après la dissolution, laissent depuis -j jusqu'à j de membranes. La cweAlc provient de deux espèces du genre viveira, [v. ziheUia et v. civetta), dont l'une vit en Afrique, et l'autre en Asie. On apprivoise ces animaux et on les élève eu domesticité pour eu obtenir le produit. CIVETTE. 659 La civette est une matière grasse, onctueuse, ayant lUie forte odeur analogue à celle de l'ambre, qui coule d'elle-même ou qu'on retire par une ouverture située entre les organes génitaux et l'anus. A l'état frais, elle est blanche, mais avec le temps, elle jaunit, en acqué- rant une odeur plus agréable. L'analyse en a été faite par Boutron-Charlard, qui a trouvé que son odeur pro- venait d'une huile volatile, susceptible d'être séparée par la distillation avec de l'eau. Cette huile est d'un jaune-clair. Elle a une forte odeur de civette et une sa- veur acre et brûlante. L'eau qui passe avec elle con- tient aussi de l'ammoniaque libre. J^a civette contient une matière cxtractiforme, soluble dans l'eau bouillante, à laquelle elle communique une couleur rouge-brune, ayant un peu l'odeur de la civette, insoluble dans l'al- cool anhydre, et dont le sous-acétate plombique préci- pite assez complètement la dissolution pour la rendre tout-à-fait incolore. L'alcool, par une digestion prolon- gée, extrait de la portion insoluble dans l'eau une graisse, qui, par le refroidissement de la dissolution, dépose de la stéarine, tandis qu'il reste dans la liqueur une élaïne et une matière résiniforme, qui, après l'é- vaporation de l'alcool, se dissout dans l'acide hydro- chlorique étendu et bouillant , en abandonnant l'élaïnc. La résine peut être précipitée de l'acide par un alcali. La graisse est saponifiable par les moyens ordinaires. Elle se dissout dans l'éther, Boutron-Charlard conclut de ses recherches que la civette contient de l'ammo- niaque libre, de l'huile volatile, de la résine, de la graisse, une matière cxtractiforme brune et soluble dans l'eau, et une m.atière animale insoluble dans l'eau et l'alcool, mais soluble dans la potasse, qu'il appelle mu.- cus, et qu'il y a dans sa cendre du carbonate et du sul- fate potassiques, du phosphate calcique et un peu d'oxide ferrique. La civette était employée autrefois en médecine; mais aujourd'hui, elle n'a plus que des usages très-bornés dans la parfumerie. 4a. 66o HuiLB fi5tide du putois, ambre. Huile fétide du putois. I^e patois {yiverra puto- rius) a, entre l'anus et la (|ueue, une bourse de la grosseur d'une noix, qui contient une huile fétide, dont l'animal lance une partie lorsqu'il est poursuivi ou ir- rité, et dont l'odeur désagréable écarte de lui ses enne- mis. Ce liquide a été examiné par Lassaigne. C'est une huile d'un jaune de succin foncé, d'une odeur alliacée, extrêmement répugnante, très-tenace, et qui, même en petite quantité, est insupportable. Elle surnage l'eau, qui en prend l'odeur. L'alcool à o,833 la dissout, et ac- quiert une couleur jaune d'or; la dissolution est neutre, et précipite par l'eau. Cette huile graisse le papier; mais elle se volatilise en partie, et la tache grasse qui reste, est rosée. Elle est composée d'une huile volatile et d'une huile crasse, qu'on parvient à séparer l'une de l'autre par la distillation avec de l'eau. L'huile volatile constitue le principe odorant, avec une certaine quantité d'annno- niaque et de sulfure ammonique; ce dernier communi- que à l'eau avec laquelle il a passé à la distillation , la propriété de faire naître des précipités de sulfures métalliques dans la dissolution de la plupart des sels mé- talliques. L'huile grasse est inodoie. Le mélange des huiles grasse et volatile est susceptible de prendre feu; il brûle avec une flamme mêlée de stries bleues et en répandant une forte odeur d'acide sulfureux. Las- saigne y a trouvé 8 pour cent de soufre, en l'oxidant par l'acide nitrique, et le précipitant ensuite par un sel barytique. Une partie de ce soufre paraît entrer dans la conqjosition de l'huile volatile, qui semble, à en juger d'après la description, avoir de Tanalogie avec l'huile de xanthûgènequi a été décrite parZeise(T. VI, p. S/jS). Cette huile contient aussi un peu de matière colorante. \2 ambre est communément appelé ambre gris, pour le distinguer de V ambre jaune, dénomination sous la- quelle on désigne quelquefois le succin. Cette substance se trouve principalement dans les contrées chaudes de la terre, flottant à la surface des eaux de la mer,^ ou AMBRIÎINK. 66l rejetéc sur les côtes. Le meilleur ambre vient de Mada- gascar, de Surinam et de Java. Depuis qn'on l'a trouvé dans le canal intestinal du pJiyscter macrocepJialus^ mêlé avec des becs de sepia octopodia ^ et des débris de plusieurs animaux marins qui font la nourriture de ce cétacé, on a été coiiduil à supposer que c'est une production morbide, analogue aux calculs biliaires, conjecture qui est encore la plus vraisemblable de tou- tes celles qu'on a énnses relativement à son origine, et en faveur de laquelle parle aussi sa composition cbimi- que. On recueille l'ambre, qui est un objet de connnerce à cause de son odeur, faible à la vérité, mais agréable. L'ambre de bonne qualité est solide et opaque, d'une couleur de gris-clair, plus foncée à l'extérieur, et parsemé de stries jaunes ou rougeatres. Quand on le chauffe ou qu'on le fi'otte, il répand une odeur que la plupart des hommes trouvent agréable. Il n'est point dur, et on peut l'écraser entre les doigts. Sa cassure est à grains fins, parfois avec des traces de structure lamel- leuse. La chaleur de la main le ramollit comme de la cire, et on peut sans peine le traverser avec une aiguille chaude: il faut qu'en retirant celte aiguille, rien n'y reste adhérent, et que l'odeur se fasse sentii-. Sa pesan- teur spécifique est de o,qo8 à 0,92. Il a été examiné par Proust, Bouillon-Lagrange, Jucli, Rose, Bucholz, John, Pelletier et Cavenlou. Sa composition est très-simple. Il consiste presque uni- quement en une graisse non saponifiable, analogue à la choléstérine , plus ou moins mêlée avec des parcelles d'excrémens de cétacé. La cause de son odeur n'est pas bien comme encore. Juch a prétendu qu'en le distillant avec de l'eau , il en avait retiré 0,08 cà 0,1 3 de son poids d'une huile volatile d'odeur agréable; mais en examinant ce résultat, Pxose et Bucholz l'ont positivement réfute. L'ambre est principalement composé de : jéinbréine. On obtient cette substance en dissolvant de l'ambre dans de l'alcool à o,833 bouillant, jusqu'à ce qu'il en soit saturé; par le refroidissement de la li-' 66a AMBRÉINE. queur, elle cristallise en petites aiguilles incolores, grou- pées sous la forme de mamelons, qu'on débarrasse de la dissolution en les exprimant. La liqueur soumise à l'évaporation donne encore de l'ambréine, mais qui a besoin, pour être pure, qu'on la fasse de nouveau dis- soudre et cristalliser. Dans cet état de pureté, l'ambréine est d'un blanc brillant et insipide. Elle a une odeur agréable, ([ui pa- raît cependant lui être étrangère, puisqu'elle diminue par l'effet de cristallisations répétées, et que, par la fu- sion prolongée à une douce chaleur, elle disparaît en faisant place à une odeur résineuse. Les chimistes ne sont point d'accord entre eux relativement à sa fusibilité. Pelletier et Caventou ont trouvé qu'elle se ramollit à !i5° , et fond à 3o°. Suivant John, elle fond à 37", 5, et à 5o° elle coule comme une huile. Chauffée sur une feuille de platine, elle fond, fume, et se volatilise sans laisser presque aucun résidu. A la distillation sèche, elle devient brune, mais passe dans le récipient, sans avoir subi d'altération bien notable, et en laissant un peu de charbon. Elle est très-sol uble dans l'alcool anhydre, qui n'en dissout pas plus à chaud qu'à froid. Api'ès l'évapo- ration de la liqueur, elle retient de l'alcool, et res- semble alors, d'après John, à la térébenthine. L'éther la dissout en abondance, ainsi que les huiles grasses et volatiles. I^'acide nitrique la convertit en un acide par- ticulier, dont je traiterai plus loin. Les alcalis caustiques ne la saponifient point, Juch avait cru trouver de l'acide succinique parmi les produits de la distillation de l'ambre. Bouillon-Lagrange y a trouvé de l'acide benzoïque, découverte confirmée par John , d'après l'analyse duquel l'ambre est composé de : ambréine o,85, extrait alcoolique rougissant le tournesol, de saveur douceâtre, et contenant vraisemblablement de l'acide benzoïque, 0,026; extrait aqueux, avec acide ben- zoïque et chlorure sodique, 0,01 5 (perte 0,11). L'ambre sert comme parfum. I^a plus odorante de ses préparations est sa dissolution dans l'alcool : aussi EALEINE. NIDS d'hIRONDELLES TES INDES. 663 est-ne sous cette forme qu'on l'emploie de préfé- rence. Baleine. Sous ce nom trivial, on désigne un tissu corné qui garnit le palais de la baleine {^bcdœna mys- ticetus) et de plusieurs autres cétacés. Ce tissu, divisé antérieurement en manière de franges, forme en arrière une masse cohérente; mais on peut le fendre longitudi- nalement en lames aussi minces qu'on le désire. L'ana- lyse en a été faite par John; ce chimiste assure qu'il est entièrement formé de substance cornée. Ce tissu sert en quelque sorte de crible, pour retenir les petits animaux dont la baleine fait sa nourriture, et laisser échapper au dehors, pendant la déglutition , l'eau que le cétacé a introduite en même temps qu'eux dans sa bouche. Son élasticité fait qu'on l'applique à une foule d'usages. B. Oiseaux. Nids d'hirondelles des Indes. Une espèce d'hiron- delle [hirundo esculenta., L. fiiciphaga., Thunb.), qui vit à Sumatra, Java et autres îles de l'Asie méridionale, construit sou nid avec une matière animale, que les Asia- tiques estiment beaucoup comme aliment. Stamford Raffles a reconnu que l'animal en tire les matériaux de son estomac, par des efforts comparables à ceux du vo- missement, et E.Home, conduit par cette observation \ examiner l'estomac de l'oiseau, a constaté c|u'il est pourvu d'un organe particulier , dont il a cru trouver que les conduits excréteurs s'ouvrent dans l'œsophage. Cependant Rudolphi a fait voir que l'organe décrit par Home existe aussi dans d'autres hirondelles qui font des nids en terre, et que par conséquent, il ne peut point être destiné à la sécrétion de la substance avec laquelle l'hirondelle des Indes construit son nid. Thunberg pré- sume que cette dernière en tire les matériaux d'espèces de fucus, notamment Aw fucus bursa^ qui, suivant lui, est aussi gélatineux que lu substance même des nids 664 ^^^^ d'hirondelles ces iwdes. d'hirondelle. Nous sommes donc encoi-e dans une incer- titude absolue sur l'origine de cette substance. Chaque nid d'hirondelie pèse enviion une demi-once. Il a une forme analogue à celle des nids de l'hiron- delle ordinaire, c'est-à-dire celle à peu près d'une tasse à thé aplatie d'un côté. Au premier abord, on croi- rait ces nids formés de gelée de corne de cerf ou de gomme adragante, et les diverses couches bien appa- rentes qu'on y distingue, prouvent qu'ils n'ont point été formés d'un seul jet. Leur nature chimique a été exa- minée par Dœbereiner, Ils sont composés d'une matière animale qui possède à un haut degré les propriétés du mucus, et qui, par sa manière de se comporter, res- semble parfaitement aux. os des poissons cartilagineux. Cette substance se gonfle dans l'eau en une gelée trans- parente, qui , par rébuUition avec une plus grande quan- tité d'eau, devient plus gonflée encore, et d'une textiu'e plus liîche, mais sans se dissoudre. Si l'on met la masse bouillie sur un fdtre, l'eau s'écoule, et le mucus se res- serre peu à peu, de manière qu'il finit par se dessécher, reprenant alors l'aspect qu'il avait auparavant. L'eau n'en a dissous qu'une très-faible quantité, qui, après la c;on- centration de la dissolution, se laisse précipiter par l'al- cool et le sous-acétate plondnque, mais non par 1 acétate plombique, le chlorure mercuri(iue ou l'infusion de noix de"galle. En évaporant la liqueur à siccité, il reste une masse jaune-pàle , transparente et cassante, qui devient muqueuse dans l'eau froide et l'acide acétique, sans se dissoudre, mais cpii se dissout dans l'acide nitrique étendu, en lui communiquant une coiiU-ur jaune. Tja masse principale, insohd)le dans l'eau, est inso- luble aussi dans l'alcool, l'acide nitrique, l'acide sul- furique, l'acide acétique, l'ammoniaque cl la dissolution froide de potasse, quoique, par l'innnersion dans ces trois derniers réactifs, elle se gonfle et devienne plus muqueuse. Quand on la chauffe avec la dissolution de potasse, il se dégage de i'annnoniaque en petiie quan- tité, et la liqueur, qui prend une couleur jaune-foncee liCAlttE. VT.NIN DES SERPEN8. 665 se trouble en même temps; ce qui se dépose paraît être la même substance, n'ayant subi aucune altération. La dissolution alcaline est piécipitée par l'acide bydro- cliIori({ue, dont un excès redissout le j)récipité. La dis- solution acide précipite par l'infusioîi de noix de galle, et le précipité se comporte comme la gélatine précipitée par le tannin. Cette matière muqueuse pai'ticulière contient du nitro- gène dans sa composition. Llle donne à la distillation 0,07 d'buile animale de Dippel, o,33 d'une dissolution aqueuse saturée de carbonate ammonicjue cbargé d'buile animale empyreumatique , des gaz, et o,i34 d'un cbar- bon brillant, qui, après avoir été complètement brûlé, laisse 0,076 d'une cendre principalement composée de cblorure sodique, avec du carbonate sodicjue, du car- bonate calcique et des traces d'oxide ferrique. On n'a pu découvrir aucun vestige de soufre parmi les produits de la distillation. Ces nids d'birondelle sont regai-dés comme un mets délicat par les babitans de l'Asie méridionale, où ils forment une marcbandise d'un prix fort élevé. C. Reptiles. Écaille. C'est une masse dure, connue de tout le monde, avec laquelle on fabrique une multitude d'ob- jets divers, et qui forme le tégument extérieur des tor- tues. Elle se comporte absolument comme la corne avec les réactifs cbimic[ues. D'après les expériences de Hat- cbett, elle laisse depuis 0,1 jus([u'à 0,6 pour cent d'une cendre composée de pbospbate calcique, avec des tra- ces de pbospbate sodique, de carbonate calcique et d'oxide ferrique. Les écailles des serpens et des lézards doivent être de même nature. Feriin des sej'pens. Les vipères sont pourvues de deux dents très-aiguës, dans l'intérieur desquelles règne un étroit canal longitudinal, qui s'ouvre au côté interne de 666 VENIW DES SERPENS. a pointe de la dent, et qui à la racine de celle-ci com- munique avec un petit réservoir susceptible de contenir trois à quatre gouttes de liquide. Le venin qui s'amasse dans ce rései'voir est sécrété par des glandes particu- lières, et quand le serpent mord, il est exprimé de la bourse et s'écbappe dans la plaie par le canal de la dent. Fontana a bien examiné la liqueur dans laquelle est con- tenu le venin , mais il n'a pu découvrir la nature de ses principes constituans, ou ce qui y constitue, à propre- ment parler , la matière vénéneuse. Le venin qu'il a étudié provenait de la vipera Redi. C'est un liquide jaune, mucilagineux, ayant la con- sistance d'une huile, sans odeur et sans saveur détermi- née. 11 n'est ni alcalin, ni acide, ni acre, et ne pro- duit sur la langue qu'une faible sensation d'astriction. II se dessèche promptement à l'air, en une masse trans- parente, jaune, fendillée, conservant encore ses pro- priétés vénéneuses, qui ne disparaissent guère qu'au bout d'une année. On ne peut l'enflammer, et il brûle sans donner de flamme. La liqueur vénéneuse fraîche tombe au fond de l'eau, avec laquelle elle est miscible. Elle ne se coagule point par l'ébullition. Le résidu des- séché est insoluble dans l'alcool. Plongé dans l'eau, il commence par gonfler, se ramollit , puis se dissout avec le secours de la chaleur. Le venin des serpens et la plupart des venins ani- maux, comme par exemple les virus qui occasionnent la rage, la petite vérole et autres maladies contagieuses, ont cela de particulier, qu'il n'en faut que des quantités extrêmement faibles pour produire des effets violens. Le venin des serpens a en outre la propriété de pou- voir être avalé sans inconvénient, tandis que, introduit dans une plaie ou injecté dans une veine, il détermine des accidens dangereux et cause la mort. Quand on ex- cise sur-le-champ la partie qui a été mordue par un serpent, ou qu'après l'avoir scarifiée, on l'arrose de po- tasse caustique, tout danger cesse; mais, pour n'avoir rien à redouter, il faut que ces précautions aient été ÉCAILLES DE POISSONS. 667 prises dans la première demi-minute qui suit la morsure. Heureusement, les morsures des serpens d'Europe ne sont point mortelles, ou du moins ne le sont que dans des cas extrêmement rares; mais celle du serpent a sonnettes Test au plus haut degré. On parle aussi d'un venin des crapauds , notamment de la rrina huJo\ je le passe sous silence, comme étant encore fort problématique. D. Poissons. Écailles de poissons. Les écailles sont, chez les pois- sons, ce que les poils et les plumes sont chez d'autres animaux. Mais comme elles n'ont pas pour destination d'empêcher la soustraction du calorique, et qu'elles ser- vent principalement de garantie contre les violences ex- térieures, leur composition est aussi d'une tout autre nature. Elles ont été examinées par Chevreul , d'après qui elles sont composées d'une matière animale particu- hère, insoluble dans l'eau bouillante, qui paraît avoir une grande analogie avec la substance des os des pois- sons cartilagineux, et qui contient une telle quantité de sous -phosphate calcique , qu'on peut considérer les écailles comme un tissu voisin des arêtes de poissons. Voici quelle est leur composition , d'après Chevreul : I.eopis oslea. Perça lahrax. Un chetodon Substance animale solide et nitrogé- née 41,10 55,00 5i,4a Soiisphosphate calcique 46,20 37,80 4^,00 Carbonate calcique 10,00 3, 06 3,68 Phosphate magnésique 2,20 o.go 0,90 Graisse liquide 0,40 0,40 1,00 Carbonate sodique 0,10 o,go 1,00 Perte — 1,94 — 100,00 100,00 100,00 Il y avait, en outre, des traces de chlorure sodique, de sulfate sodique et d'oxide ferrique. Avant l'analysCj 668 COLLB DE POISSON. les écailles avaient été séchées à ioo°, ce qui leur avait fuit perdre i i à i6 pour cent d'eau. Dans diverses pe- tites espèces de cyprins, les écailles sont couvertes, à l'extérieur, d'une substance animale ayant le brillant de l'argent, et qui se détacbe aisément lorsqu'on tient le poisson dans la main. On emploie dans les arts celle qui provient de l'ablette {cj-p/inus alburnus). On agite les petits poissons avec de l'eau, afin de détacher la substance qui les enveloppe, et de pouvoir ensuite la décanter avec le liciuide qui la tient en suspension. Lorsqu'elle s'est déposée, on fait couler Feau , on verse de l'ammoniaque caustique sur la substance brillante, et on la conserve dans un flacon bien bouclié; une bonne partie se dissout dans l'ammoniaque, tandis qu'une autre reste en suspension dans la liqueur. Cette dissolution est connue sous le nom à'Esse/ice d'Orient, et on s'en sert pour la fabrication des perles artificielles. Après l'avoir remuée, on en verso un peu dans des per- les de verre soufflé, on en mouille exactement la surface interne de ces dernières, et on laisse ensuite couler le liquide excédant; l'ammoniaque se volatilise, et le côté interne du verre reste enduit de la matière brillante; alors on remplit la perle de cire blanche. Colle de poisson. C'est la membrane interne et bril- lante de la vessie natatoire de l'esturgeon {acipenser huso et sturioX Pour l'obtenir, on ramollit la vessie natatoire dans de l'eau froide, on enlève la membrane extérieure, àhs qu'elle peut se détacher, on roule l'in- terne, et on la fait sécher. L'emploi qu'on fait de cette substance est fondé sur la facilité avec laquelle elle se dissout en une colle incolore. John, qui l'a analysée, y a trouvé, sur loo parties: colle incolore '7o;osmazome (extrait de viande), avec lactales, i6; acide lactique libre, avec sels résultant d'une base alcaline combinée avec des acides en partie combustibles et en partie incombustibles, et phosphate calcique l\\ membrane non dissoute 2,5; eau "7,5. JMais pour peu qu'on ail manié de la colle de poisson , on reconnaîtra de suite que ces assertions sont CHIXmE. CANTHARIDINE. 66g entièrement inexactes. La cliair desséchée ne contient pas plus de 8 pour cent de ce dont John indique 16 poui* cent dans la colle de poisson , en lui donnant le nom d'osmazome; et cependant la chair ne peut point être conservée sèche, parce que cette substance est déliques- cente à Tair, tandis que la colle de poisson reste par- faitement sèche. E. Insectes. Chitine (de yiTwv, pourpoint). On commence à appeler ainsi , d'après Odier , la croûte dure qui forme le tégument extérieur d'une grande partie des insectes et les élytres des coléoptères. Lorsque, suivant ce natu- raliste, on foit bouillir des élytres de coléoptères dans une dissolution de potasse caustique, celle-ci en extrait de lalhumine, une matière analogue à l'extrait de viande, une matière grasse, colorée, qui est soluble dans l'al- cool , et une substance brune , qui est soluble dans l'alcali, mais insoluble dans l'eau et l'alcool; il reste la chitine, formant le quart du poids des élytres. Cette substance se charbonne à la chaleur, sans fondre, et ne donne pas de produits nitrogénés à la distillation. Elle est soluble dans l'acide sulfurique étendu et l'acide nitrique, avec le secours de la chaleur; sa dissolution nitrique n'est point jaune. Les résultats obtenus par Hatchett ne s'accordent point avec ceux d'Odier. Hatchett a trouvé qu'en traitant le test des insectes par l'acide hydrochlo- rique étendu, ce réactif lui enlevait du sous-phosphate et du carbonate calciques, et laissait 0,26 de son poids d'une substance d'un jaune-clair, analogue à un carti- lage. L'acide dissout 0,64 de phosphate et 0,10 de carbonate calciques. Le test des insectes est fréquemment orné de couleurs brillantes. Celles qui ont l'éclat métallique ne provien- nent que d'un phénomène de réfraction, dû à des causes purement mécaniques. Elles deviennent souvent brunes ou rouges par l'action prolongée de la lumière solaire. La cantharidine est la matière vésicante de la can- 670 CANTHA-RIDIlfE. tharide {lytia vesicatorîa, vittata et quelques autres espèces du même genre). Elle a été obtenue pour la première fois par Robic|uet, et depuis, L. Gmelin Ta plus amplement examinée. Pour l'obtenir, on traite avec de l'eau des cantbarides pulvérisées, on évapore la dis- solution jusqu'à siccité, on épuise le résidu par de l'al- cool concentré et cliaud, on évapore la liqueur alcoo- lique, et on traite le résidu par l'étlier. Ce qui reste après l'évaporation de l'étber est mis en contact avec de l'al- cool, qui enlève une matière jaune, et la cantharidine reste pure. Dans cet état, elle forme de petites écailles cristallines, semblables à des paillettes de mica, qui, lorsqu'on les cbauffe , fondent en un liquide oléagi- neux jaune. Ce liquide prend une texture cristalline, en se solidifiant par l'effet du refroidissement. Si l'on cbauffe davantage la cantbaridine , elle se volatilise sous la forme d'une fumée blancbe, qui se condense en un sublimé blanc et cristallin. Le moindre atome de cette matière suffit pour faire naître une ampoule à la peau, et quand on la sublime, sa vapeur est dangereuse pour les yeux, le nez et les organes respiratoires. La cantbaridine est complètement neuti'e. Par elle-même, elle est insoluble dans l'eau , quand on l'a débarrassée de la matière jaune qui l'accompagne. Elle est presque insoluble dans l'alcool froid; mais elle se dissout dans l'alcool bouillant, et s'en précipite par le refroidisse- ment. Elle est Irès-soluble dans l'étber et les builes grasses. Robiquet a trouvé, en outre, que, quand on traite l'ex- trait aqueux de cantbarides par l'alcool, celui-ci laisse une substance brune nitrogénée, extractiforme , soluble dans l'eau, qui n'a point été examinée. Si, après l'éva- poration de la liqueur alcoolique, on épuise le résidu par l'étber, ce réactif laisse une substance extractiforme qui rougit le papier de tournesol, et qui paraît contenir de l'acide lactique et de l'extrait de viande. On n'a point examiné non plus la substance jaune et soluble dans l'étlier que l'alcool sépare de la cantbaridine. Une dis- CÉnAMDYX MOSCHATtlS. CÀLANDRA. GRANARIA. 67I solution de cantharicles dans l'eau bouillante rougit fortement le papier de tournesol , et précipite du phosphate amnionico-magnésique, quand on y verse de laninioniaque. Si Ton traite par l'alcool houihaiit les insectes épuisés par l'eau , ce réactif s'empare d'une huile grasse et verdatre, qui n'est point vési- cante. D'après une analyse des cantharides , faite par Beau- poil , une once d'insectes secs contient : Gros. Graini. Albumine 2 4 Extrait aqueux acide et Acte i 2 Huile verte, semblable à de la cire i 8 Phosphate calcique » 12 Carbonate calcique » 2 Sulfate et chlorure calciques » 4 Oxide ferrique " 2 Tissu insoluble 4 '^^ Ce résultat donne un excès de 8 grains. L'usage qu'on fait des cantharides en médecine est connu de tout le monde. Le cerambjx moschatus rend par l'anus un liquide d'odeur agiéable, de nature huileuse et insoluble dans l'eau, mais soluble dans l'alcool et l'éther, qui s'em- parent de son odeur. Lorsqu'on distille la dissolution, l'odeur passe avec le produit. L'alcool sent alors la rose et la pomme de reinette. Il reste une graisse animale dans la cornue. Si l'on chauffe l'huile seule à 60°, l'odeur agréable est détruite et remplacée par une autre répu- gnante. La calandra granaria est un coléoptère qui exerce souvent de grands ravages dans les greniers de l'Eu- rope méridionale. J'en parle ici, parce qu'il offre un phénomène fort peu ordinaire, celui de contenir de l'a- cide gallique et du tannin , ce qui a été observé d'abord par Mitouart et Bonastre, et confirmé depuis par de nou- velles recherches de Bonastre et de Henry père. Ces sub- stances peuvent être extraites de l'insecte, tant par l'é- 67a COCCUS CACTI. CA-RMINE. tber, que par l'alcool et par l'eau. Si l'on distille la dissolution alcoolique sur de l'eau, l'eau contient de l'a- cide gallique et du tannin, tandis qu'il reste une graisse sur la liqueur. Celle-ci précipite la dissolution de colle, et donne de l'encre avec les sels ferriques. Ce sont là in- contestablement des substances tout-à-fait insolites dans le règne animal. Coccus cacti. Cet insecte est très-ricbe en matière co- lorante, et fournit les plus belles couleurs rouges, tant à la peinture qu'à la teinture. Il vit sur les Cactus cocci- nellifer^ opuntia, tuna çX peresxia^{\v\Q. l'on cultive, pour son éducation, dans plusieurs pays cbauds. Après l'accouplement, on récolte les femelles, on les tue par la cbaleur, et on les fait sécber. Elles sont ensuite ver- sées dans le commerce, sous la forme de petits grains d'un brun foncé, çà et là couverts d'un enduit blanc d'a- cide margarique. La cocbenille a été analysée par Pelle- tier et Caventou. Elle contient: I. Une graisse qu'on peut extraire par le moyen de l'élber, et dont j'ai déjà parlé en traitant des graisses en général. 1. Carminé (de la belle couleur rouge appelée car- min). Cette matière colorante peut être isolée de la ma- nière suivante. On commence par dépouiller la cocbenille de toute sa graisse par le moyen de l'ëtber, puis on la fait bouillir à plusieurs reprises avec de l'alcool à 0,82, jusqu'à ce qu'elle ne le colore plus. Les dissolutions al- cooliques, mêlées ensemble, sont soumises à la distillation, et le- dernier résidu évaporé dans un vaisseau ouvert. Tant par le refroidissement de la liqueur contenue dans la cornue que par l'évaporation du l'ésidu, il se sépare de petits grains rouges, qui sont à demi-crislallins, et qui résultent d'un mélange de carminé, de graisse et de ma- tières animales. On traite ces grains par de l'alcool con- centré froid, qui dissout la carminé et une matière de couleur jaune-rouge, et laisse une substance extractifor- me brune. On mêle cet alcool avec un volume égal au sien d'élher exempt d'alcool, qui précipite la carminé CARMINE. G73 pure, et laisse en dissoliiliou la matière animale jaune. Une autre méthode, probablement bien moins sûre, consiste à faire bouillir la cochenille avec de l'eau, à fil- trer la décoction, et à précipiter d'abord les matières animales par le nitrate argenlique neutre, puis la matière colorante par l'acétate plomliique neutre. Après avoir lavé ce deinier précipité, on le décompose par le gaz sulfide hydrique; la carminé se dissout dans l'eau, et on Tobticnt par l'évaporation. La carminé obtenue par le traitement avec l'éther est d'un rouge-pourpi-e et inalUMabU: à l'aii-. Elle fond à 5o'\ et donne à la distillation sèche les produits généraux des substances végétales, sans aucune trace d'ammoniaque: par con;é juent, elle ne contient point de niirogène. Elle est très-soluble dans l'eau, et il n'en faut qu'inie très-pe- tite cj uan t i té pour colorer (or ten)ent ce liquide. Après Téva- poralion, l'eau donne un extrait rouge foncé, qui reste lonsj- lemps mou , et ne dincit que peu à peu. La carminé pré- parée d'après la seconde méthode contient toujours de l'acidi' libre; elle rougit le papier de tournesol , indépen- damment de sa couleiu' propre , et cet acide paraît être de l'acide^ lacticjue, car la léaetion est la même (juand on a pr('cipité la matièi'e colorante par le chlorure stanneux et ({u'on l'en a sépaiée par le sulfide hydrique. La dissolu- tion est acide, et ne piécipite point la dissolution argen- li(|ue. La carminé est peu soluble dans Talcool , et d'au- tant moins que ce dernier est plus concentré. L'éther, les huiles volatiles et les huiles grasses ne la dissolvent pas. Elle perd sa couleur rouge et devient rapidement jaiiue par l'action du chlore; l'iode produit le même effet, mais avec plus de lenteur. Sa dissolution dans l'eau n'est point précipitée par les acides, ce qu'il importe de bien remar(juer, pai'ce que les acides précipitent la matière co- lorante; de la décoction de cochenille, mais combinée avec une substance animale. Cependant les acides convertis- sent sa couleur rouge en jaune- rouge; mais ce n'est Va (ju'une réaction qui disparaît par la saturation de l'a- cide. L'acide sulfureux ne la décolore pas. Le bitartrate VII. 43 674 CARMINE. et le bioxalate potassiques la rendent d'un rouge-ccarlate. La matière colorante sèche est détruite par les acides con- centrés. L'acide sulfurique la charbonne. L'acide nitri- que la détruit, avec formation de cristaux aciculaires, qui ne sont pas de l'acide oxalique, qui n'en contiennent pas non plus, et qui, par conséquent, ne troublent point l'eau de chaux. L'acide hydrochlorique la résout en une substance jaune et amère. Les alcalis et les bases sali- fîables en général font passer sa couleur au violet, qui paraît être sa teinte naturelle, et qui redevient rouge par les acides. Ses combinaisons avec les alcalis, la baryte et la strontiane, sont solubles dans l'eau: celle avec la chaux se précipite. Lorsqu'il y a un excès d'alcali caustique, et qu'en même temps la surface de la liqueur entre en contact avec l'air, la matière colo- rante se décompose par l'effet d'une absorption conti- nuelled'oxigène, jusqu'à cequ'enfinellesoit détruite tout-cà- fait ( comp. ce qui a été dit, t. VI, p. i 7, de l'hématine, avec laquelle cette matière colorante a beaucoup d'analogie); elle se conserve au contraire dans un flacon bouché. La carminé se comporte, au total, comme un grajid nombre de matières colorantes végétales rouges, dont elle ne diffère que parce qu'elle a plus de stabilité. Elle a une affinité si prononcée pour l'bydrate alumi- nique que , quand on délaie cet hydrate avec sa dis- solution, il la précipite en prenant une couleur rouge, et la liqueur reste décolorée. Si on fait bouillir le mé- lange, le précipité prend la même couleur que par la saturation avec d'autres bases. La meilleure manière d'obtenir cette combinaison consiste à dissoudre de l'alun dans la dissolution de carminé, après quoi, on verseà froid du caibonate ammonique dans la liqueur, jusqu'à ce que la matière colorante soit exactement précipitée. Certains sels changent la dissolution de carminé. L'a- lun lui donne une belle teinte de pourpre, sans la pré- cipiter. L'acétate plombique est précipité par elle en vio- let, et un excès d'acide ne redissout point le précipité. Le chlorure stanneux la précipite avec une couleur CARMINE. 6^5 rouge foncée, qui devient plus belle, à mesure que Toxide stanneux se convertit en oxide stannique par l'ab- sorption de l'ovigène de l'air. Les sels de fer brunissent la dissolulion de carminé , et ceux de cuivre la rendent violette, sans la précipiter. Le nitrate mercureux la pré- cipite en violet, et le nitrate mercurique en rouge écar- late. Ce dernier sel ne la précipite pas complètement. Le nitrate argentique ne la précipite point, et ne l'altère pas.Lecbiorure aurique ne la précipite pas, maiscliange tout-à-fait la nature de la matière colorante. Elle n'est point précipitée par l'infusion de noix de galle. Pelletier et Caventou parlentd'uneniatièreanimale so- luble contenue dans la coclienille, d'oii il pourrait paraître qu'elle n'en contient qu'une seule; mais elle en renferme plusieurs. Quelques unes de ces matières sont solubles dans l'alcool, et quand, après avoir précipité la matière colorante par l'acétate plombique, de la dissolulion aqueuse de l'extrait alcoolicjue, on sépare l'excès de l'oxide plombique et qu'on évapore le liquide, ces matières restent sous la forme d'ime substance extractiforme acide, telle- ment semblable à l'extrait alcoolique de la viande, qu'on est forcé d'admettre la plus grande analogie entre ces deux substances. En outre, la portion insoluble dans l'alcool contient une substance animale soluble dans l'eau froide, et une autre soluble dans l'eau bouillante, dont l'une est précipitée par les acides, et joue un grand rôle dans la préparation teclmique de la matière colorante. Après qu'on a épuisé la coclienille avec de l'eau bouil- lante, il reste une substance gélatineuse, translucide, incolore par places, mais brunâtre pour la ])lus grande par- tie, qui parait avoir formé une portion du tégument de l'insecte, et qui est insoluble dans la plupart des dissol- vans, même dans la potasse caustique étendue, laquelle ne fait qu'en extraire de la matière colorante, et la laisse plus gélatineuse encore qu'elle ne l'était auparavant. Cettesub- stance semble appartenir à la même classe de matières ani- males que les os des poissons cartilagineux et que la ma- tière qui constitue les nids de l'birondelle des Indes. 43. 676 CARMIINE. lia cochenille est employée j)Our préparer des couleurs à l'usage des peintres, et pour teindre tant le coton que la soie. On se sert pour cela de sa décoction; celle-ci contient, outre la matière colorante, une substance ani- male, qui, par l'addillon d'acides, se précipite, entraî- nant avec elle la matière colorante, laquelle, ainsi coni- Ijinée, prend des nuances beaucoup plus belles que celles qu'elle a quand elle est seule. Les couleurs qu'on prépare avec la cochenille sont le carmin, la laque carminée ou laque de Florence, et une encre rouge pour écrire. En communiquant ici quelques notions générales sur la manière de les obtenir, mon but n'est nullement de donner des méthodes techniques pour arriver à une pré- paration certaine de ces couleurs. On obtient le cai-min de la manière suivante. On fait bouillir douze livres d'eau de pluie filtrée dans une chaudière d'étain, et on y ajoute ensuite 4 onces de co- chenille finement pulvérisée; on laisse bouillir le mé- lange pendant cinq minutes, en le remuant toujours avec une baguette de verre, puis on y ajoute 5 scrupules d'a- lun réduit en poudie fine et parfaitement exempt de fer. On continue encore de faire bouillir pendant deux mi- nutes, on retire la chaudière au feu, et on laisse la masse s'éclaircir, après l'avoir couverte. Dès qu'elle est claire, on verse la liciueiu' éclaircie et encore chaude dans des capsules de verre ou de porcelaine, qu'on laisse en repos pendant quelques jours, en les garantissant de la pous- sière, ï/alun précipite peu à peu la matière colorante, en combinaison avec la matière an.imale et un peu d'alu- mine, qui cependant n'est point essentielle à la couleur. On met le précipité siu' un filtre, on le lave et on le fait sécher à l'ombre. On prépare également des espèces de carmin, en ajou- tant de la crème de tartre et une solution d'étain. Je ne dis rien de plus à cet égard, parce qu'une simple recette ne suffit pas. Il reste encore a apprendre des fabi-i- cansle procédé même (pi'on doit suivre, pour que la cou- leur ait ce grand degré de beauté qui en fait toute la valeur. CAH3I1>. 677 On fait 1111 autre carmin, en ajoutant à la décoction de cochenille un peu de pota.Sï>e, puis de l'alun exempt de fer, décantant la li(jueur après (ju'elle s'est éclaircie, la faisant bouillii-, et la mêlant avec une dissolution de colle de poisson dans Feau; le carmin se dépose alors dans l'é- cume qui se forme; on retire la chaudière du feu, en laisse la masse s'éclaircir, on réunit la couleur sur un fdtre, et on la lave. Elle doit se laisser réduire en poudre entre les doigts. D Le carmin est la plus belle couleur rouge à l'usage des peintres. Il coûte aussi fort cher. La matière colorante peut en être extraite |)ar l'ammoniaque. Le meilleur est celui (|ni se dissout en totalité dans cet alcali , en ne lais- sant ([u'un faible résidu tl'alumine. D'autres sortes laissent une matière animale louge q\i.i paraît être ou de la colle, ou la matière animale particulière de la cochenille. La dissolution dans l'ammoniaque peut être employée comme belle couleur propre à la peinture à l'aquarelle; mais elle a toujoiu's une teinte de pourpre. l^a hujue carminée s'obtient en prenant une décoc- tion de cochenille, ou si l'on veut la liqueur (jui reste après que le carmin s'est déposé, la faisant macérer avec de l'hydrate alumiiiique, et ajoutant de nouvelles quan- tités de décoction, jusqu'à ce que la couleur ail acquis l'intensité {ju'on désire. On la fait aussi en ajoutant d'a- bord de l'alun, puis de l'alcali, et partageant le préci- pite en première et en seconde portions, dont la pre- mière est celle qui a la couleur la plus foncée. L'alun dont on se sert doit toujours être exempt de fer. On obtient une belle encre rouge, en fdtrant une dé- coction de cochenille qui contient un peu de tartre, et y suspendant un morceau d'alun de Rome attaché à un fil, qu'on remue jusqu'à ce qu'^ la couleur ait acquis le degré d'intensité qu'on souhaite; si on laisse l'alun plus longtemps, la couleur passe au jaune. La décoction peut aussi être employée seule; mais avec le temps elle devient gélatineuse et se corrom[)t. Plusieurs autres espèces de cocciis contiennent égale- G'jS COCCUS POLONICIIS. ment de la carminé; tels sont le cocciis l'iicis, vulgaire- ment appelé kermès^ le coccus ficus on laccœ^ et le COCCUS poloniciis. On récolte les femelles de toutes ces es- pèces, après l'accouplement, on les tue et on les fait sé- cher. Leur matière colorante peut être extraite et em- ployée de la même manière que celle du coccus cacti. Lassaigne a fait voir c{ue la matièi'e colorante du coccus ilicis est la même que celle du coccus cacti^ et autant qu'on peut en juger d'après les recheidies de John et de Bancroft, celle du coccus ficus est dans le même cas. Le lac-lake se prépare avec une dissolution, dans du car- honate sodique, de cette matière colorante extraite de la laque en bâtons (t. V, p. 5ii), et précipitée par l'alun. Outre de l'alumine et de la matière colorante, elle contient un tiers de son poids de résine. Le coccus polonicus contient la même matière colo- rante absolument que le coccus cacti^ mais d'autres sub- stances qui l'accompagnent ne permettent pas de l'em- ployer aussi facilement. En effet, il est très-riche en graisse, qui, dans le coccus ?>ec, se convertit en acides gras, et qu'on est obligé d'enlever par l'expiession, avant de pouvoir employer ce dernier. Après avoir été traité ainsi, le coccus polonicus est tout aussi applicable à la tein- ture que le coccus cacti^ mais il convient moins pour la préparation du carmin, parce qu'il contient beaucoup de matière animale soluble dans l'eau froide, que les acides ne précipitent point, tandis que la matière solu- ble dans l'eau jjouillante et précipitable par les acides, y est si peu abondante que l'acide hydrochlorique trouble à peine la décoction. L'alcool par lecpiel on traite cette espèce de coccus^ dissout, avec la matière colorante, une substance extrac- tiforme, très-riche en acide lactique, l^'acide lactique peut être obtenu du lactate potassique qu'elle contient, en suivant la méthode que j'ai indicpiée pour le retirer du lait. L'acétate plombique précipite la matière colo- rante. Le précipité donne, après avoir été décomposé par le gaz sulfide hydrique, un bel extrait rouge, qui COCCUS POLONICUS. 679 roussit le papier fie tournesol , et dont la dissolution al- coolique donne, quand on y verse de l'étlier, un faible précipité extractiforme, tout en conservant sa couleur roui;e. Si Ton décompose, par l'acide sulfurique, le pré- cipité produit par Facétate plombique, le sulfate plonibique devient rouge, et il est soluhle pour la plus grande partie dans l'ammoniaque caustique, après l'évaporation de laquelle reste une masse d\\n brun noir, d'oii l'eau extrait beaucoupdematière colorante. Aprèsquela manière colo- rante a été précipitée par l'acétate plombique, le sous-acé- tate plombi(|ue précipite une combinaison de cblorure plombique basique et de sous-lactate plombique avec la matière extractive. La matière extractive qui se préci- pite avec ces sels est la même que celle qui reste en dis- solution; elle est précipitée faiblement par le cblorure mercuri(|ue, peu par le cblorure stanneux, en jaune par le nitrate argentique, ({ui devient rapidement brun-foncé dans la dissolution exempte de cblore, et enfin par l'in- fusion de noix de galle. Après qu'on a extrait, d'abord par de l'eau froide, et ensuite par une dissolution froide de carbonate sodique, tout ce qui est susceptible de se dissoudre ainsi , il reste un squelette d'insecte brun et gélatineux. Au moyen d'une dissolution très-étendue de potasse caustique, on peut, a l'aide d'une douce chaleur, extraire une belle couleur violette , ce qui rend le squelette plus mou et plus mucilagineux , mais non incolore. Si l'on sature cette dissolution avec de la crème de tartre, elle devient d'un très-beau rouge, et l'hydrate stannique précipite la matière colorante sous la forme d'une sorte de laque carminée. Mais la couleur de cette laque n'est point solide; lors même qu'elle est sèche, la lumière diffuse la dé- colore avec une facilité telle, que la combinaison Stan- nique sèche blanchit à ia surface par un temps cou- vert et au milieu de la chambre, tandis que les portions sous-jacentes conservent leur couleur. Le squelette inso- luble dans la potasse caustique froide, ne se dissout pas complètement dans une dissolution de potasse concentrée 68o SOIE. et bouillanto; celle-ci acquiert la même odeur que celle qui se développe pendant la dissolution de la corne. La substance qui a été dissoute n'est ])as précipitée, même par un excès d'acide liydroclilorique; la li({ueur n'est point troublée non plus par le cyanure ferroso-potas- sique, ce qui la distingue de la substance cornée. Soie. Plusieurs larves d'insectes, avant de se méta- morpboser en cbrysalides, s'entourent d'un tissu filamen- teux, qui les met à l'abri de tout contact imnsédiat. On distingue dans le nombre les cbenilles des pbalènes, et avant toutes, celles du ver à soie, Plialœna boni ' yx mori^f dont on recueille le tissu, ce qui (orme une bran- che importante d'industrie dans beaucoiq) de pays, l^a masse de la soie se trouve dans le corps de la chenille, sous la forme d'un liquide visqueux, susceptible d'êti'e tiré en fils qui durcissent à l'air. Plongé dans de l'eau à laquelle on a ajouté une j^elite quantité d'acide libre, ce liquide se prend en une -masse qui semble être feutrée de j)etits filamens l)Iancs. A mesure que la chenille l'émet sous forme de fils, une portion se solidifie en im fil de soie simple, (|ui , en se contractant, fait exsuder en même temps un lujuide, qui se (l<>ssè(beà leur surface en y laissant les matières animales (ju'il tient en dissolu- tion; de là résulte f[ue le fil se trouve couvert d'un ver- nis, qui donne une couleur jaune à certaines sortes de soie. Ce vernis s't'Iève à un quart du poids de \à soie écrue. Roard a trouvé que l'alcool à 0,829, bouilli avec de la soie éciue, en extrait une matière qui ressemble à de la cire et une autre résinoïde. La cire se précipite par l'évaporation , et l'alcool se prend souvent par là en un magma bleuâtre, quoiqu'il ne tienne que très-peu de cliose en dissolution. En filtrant celte masse, il reste une substance analogue à de la cire, qui fond entre "jb et 80°, en devenant noire, et qui est soluble dans 9.000 parties d'alcool froid et 3oo à 4oo fl'alcool bouillant. Quand on a opéré sur de la soie jaune, l'alcool retieiit encore 0,2 pour cent de son poids d'ime matière colo- rante jaune qui, après févaporation, reste sous la forme d'un corps résinoïde rouge-brun, lequel fond à 3o°, et SOIE. 681 répand de l'odeur, prol)ablcmeni: en raison d'iuie petite niiantité (riiiiilf volai il(^ Ce coi'ps n'est pas so'.uble dans l'eau, mais il se dissout dans 8 à 10 parties d'alcool; il est blanchi par le elîlore, noirci par l'acide sulfurique con- centre ou par l'acide livdroclilori(jiie, et dissous tant par les alcalis causlicpies que par l'anuiioniaque et l'eau de s;i- von. Si ensuite on traite la soie par l'eau, celle-ci dissout ce qu'on appelle la gomme de la soie. Cette gomme est so- luble dans cinq à six: fois son poids d'eau, ai)rès l'évapo- ration de hujuelle elle reste sous la forme d'une masse d'un jaune-rouge clair, qui est pulvérisable quai.d on l'a bien ('essécliée. Elle répand une odeur animale en brûlant. Sa dissolution aqueuse est d'un rouge-brun, et jaunit quand on l'étend d'eau; elle se putréfie aisément et devient fétide. L'alcool bouillant en dissout à peine une trace. Le cblore la piécipite de sa dissolution aqueuse. F^ précipité est blanc; il devient d'un rouge- foncé h l'air, et il est sob;J)le dans l'alcool. Les acides sulfuri(jue et nitrique foncent la couleur jaune de cette subslam-e; l'acide sulfureux la rend verdatre. Les alca- lis ne lui font subir aucune altérai ion, mais ils contri- buent à augmenter sa solubilité dans l'eau. L'infusion de noix de galle la précipite. Quant à ce qui concerne la soie elle-même, elle a, sous plu- sieurs rapports, de l'analogie avec l'épiderme ou la sub- stance cornée, mais elle en diffère à d'au très égards. Ainsi, par exemple, elle est soluble dans l'acide sulfuricjue con- centre, quand on la broie avec cet acide, et qu'on laisse le tout en repos pendant vingt-quatre heures. La soie se gonfle par là en un mucus qui, immédiatement après le broiement, peut être séparé de l'acide par l'eau; mais, au bout de vingt-quatre heures, le tout se dissout dans l'eau. Si l'on précipite l'acide par le moven de la chaux, et qu'on évapore jusqu'cà siccité la liqueur filtrée, il reste 0,84 du poids de la soie, d'une masse transparente, rougeatre, qui répand une odeur ammoniacale en brû- lant, est très-soluble dans l'eau, ne dégage point d'am- moniaque par la potasse, et est précipitée tant par le 682 FOURMIS. TOILE dVrAIGNÉE. sous-acétate plombiquc que par l'infusion de noix de galle. L'acide nitrique la convertit en acide oxalique ^ mêlé avec de Tacido nitropicrique, et dont elle fournit une grande quantité. La soie est dissoute par la potasse caus- tique, et les phénomènes qui accompagnent cette dis- solution ressemblent à ceux qui ont lieu pendant la dis- solution de la corne. D'après une analyse d'Ure, la soie serait composée de carbone 60,69, nitrogène 11, 33, hydrogène 3,q4î oxigène 33, o4- Chaussier a trouvé dans le ver à soie un acide libre particulier, appelé acide bomhique^ qui n'a point en- core été examiné jusqu'ici. Fourmis. On sait que les fourmis lancent un liquide acide particulier et odorant, qu'on appelle acide forini- que. Mais l'eau par laquelle on a épuisé des fourmis écrasées contient encore un autre acide organique non volatil, qui , d'après les expériences de Fourcroy et Vau- , quelin, est de l'acide malique , et cju'on obtient, lors- qu'après avoir distillé l'acitle formique, on précipite la li(|ueur acide restante par un sel plombique neutre. Cette projiriété prouveque l'acide en question n'est pas de l'acide lactique. L'existence de l'acide malique dans le règne animal est w\\ phénomène tout-à-fait insolite, et ce se- rait un sujet digne de recherches, que de constater par de nouvelles observations, si l'acide dont il s'agit est réellement de l'acide malique, et si les fourmis ne con- tiennent point aussi de l'acide lactique. J'ai déjà parlé de l'huile grasse des fourmis, en trai- tant des graisses. D'après Macquer, ces insectes donnent à la distillation une huile volatile, qui est peu soluble dans l'alcool et n'a point de saveur brûlante. Toile d'araignée. Les araignées portent, comme le ver à soie, un licpiide que l'animal peut exprimer à vo- lonté de plusieurs petites éminences mamelonnées, situées à son abdotnen , et qui se durcit sur-le-champ en un fil visqueux élastique, susceptible d'adhérer à tous les corps qu'il touche, avec tant de force, qu'il se casse plutôt TEST d'écrevisse. 683 que do se détacher. Mais de là résulte aussi qu'on a beaucoup de peine à Toblenir pur, attendu qu'il ne tarde pas à se couvrir de la poussière suspendue dans l'air. La toile d'araignée a été analysée par Cadet de Vaux. L'eau avec laquelle on la fait bouillir, en dissout presque la moitié, et par ses réactions la dissolution indique qu'elle contient des chlorures, des sulfates et un sel calcique. Quand on l'évaporé, elle se couvre d'une pellicule qui ne tarde pas à être remplacée par une autre, lorsqu'on l'enlève. Il finit par rester lui extrait visqueux , dont l'alcool dissout à peu près le quart. L'extrait alcoolique est brun et déliquescent; il a une saveur acre, et outre les matières animales, il con- tient aussi du chlorure ammonique. La portion inso- luble dans l'alcool est grenue comme du sang coagule par l'ébullition et desséché; elle a une saveur plus faible, et ne se boursoufle pas sur les charbons ardens. L'al- cool enlève à la toile d'araignée une résine que l'eau pre'- cij)ite avec une couleur grisâtre, et la liqueur évaporée laisse une masse brune, sirupeuse, déliquescente, de sa- veur douceâtre, avec un arrière-gout acre. La toile d'a- raignée, épuisée par l'alcool, donne, quand on la brûle, une cendre composée de carbonate sodique, chlorure sodique, sulfate calcique, carbonate calcique, oxide fer- rique, silice et alumine; ces dernières pourraient bien provenir de la poussière adhérente. Si l'on ajoute un peu de potasse caustique à la toile d'araignée mêlée avec de l'eau, il se dégage une forte odeur anmioniacale. Test (VécrevLSse. La couleur noii'e des écrevisses a cela de particulier, qu'elle devient rouge par la cuisson. Macaire et Lassaigne l'ont examinée. C'est une sub- stance analogue à une graisse, d'un bleu-vert foncé dans l'état naturel, qui rougit à environ' '70°, et qui alors a de la ressemblance avec celle des becs d'oies et des pattes de pigeons (pag. 3o3). Elle est contenue en partie dans le test et dans la peau verdâtre située immédiatement au-dessous, en partie aussi dans une membrane existante au-dessous de la verte , de laquelle cette membrane peut 684 TEST d'ecrevisse. être séparée par la macération dans IVan; mais la ma- tière coloratile esl déjà ronge d'avance dans celte der- nière membrane. On ohtieni la matière colorante en net- toyant bien le lest d'écrevisse, et l'épuisant j)ar l'alcool, opération pendant hicjnelle sa couienr passe au rouge. Après avoir évaporé la dissolution, i! reste une matière rouge, ferme, analogue h une graisse, qui, ayant été bien lavée avec de l'eau chaude, peut se garder ^ans su- bir d'altération. Cette substance grasse est insolidole dans l'eau , mais frès-soluble dans l'alcool et dans l'c'- tlier. La dissolution alcoolique .est d'un jaune-rouge, et elle ne précipite |joint par l'eau. Elle est solubU;, avec le secours de la chaleur^ dans la graisse fondue et les huiles volatiles, mais on prétend qu'elle ne se dissout point dans les huiles végétales grasses. L'acide sulfini(|ue concentré la détruit, niais celui (|ui est étendu la dissout facilement. Ij'acirle nitrique la convertit en une substance amère. Quand on mêle; la dissolution alcoo- lique de la matièi'c ronge avec de l'acide sulfurique ou de 1 acide nitrique, elle devient verte, sans que la satu- ration avec de l'alcali rétablisse la couleur rouge. La potasse caustique la dissout avec une couleur rouge, et elle en est précipitée par les acides, sans avoir été con- vertie en acides gras. Sa dissolution dans l'alcool perd sa couleur par l'addition de l'alun, et si l'on y ajoute encore de l'ammoniacjue, on l'obtient combinée avec de l'alumine, La dissolution alcoolique est précipitée par l'acétate plombique: la combinaison de la matière colorante avec l'oxide plombique est violette. Les sels de fer, d'étain, de cuivre et de mercure, sont sans action sur elle. Le test noir, ou plutôt vert-foncé des écrevisses, rou- git par les acides, par les alcalis, par quelques sels, par la putréfaction , par l'action de l'air et du gaz oxi- gène , mais il ne rougit point dans les gaz acide carbo- nique et hydrogène. I>e gaz chlore le blanchit. D'après une analyse de Gœbcl, cette graisse est composée de carbone 68,18, hydrogène 9,24, oxigène YEUX d'ÉCREVISSE. MOLLUSQUES. ETC. G85 2 1,58, sans nitrogène. Macaire dit en avoir obtenu de l'ammoniaque par la distillation; ce résultat paraît tenir à ce qu'elle n'avait point été convenablement sépare'e d'autres substances animales soinblcs dans l'alcool, Hatchett a trouvé dans le test de l'écrevisse ordin.n're [astacus fluviatilis), membrane cartilagineuse, 33,3; carbonate calcique, avec des traces d'oxides ferrique et manganique, 6i,o; pbospbate calcique, 5,7. Gœbel a trouvé daiîs les pinces d'écrevisse: carbo- nate calcique, 68,36; pbospbate calcique, i4,o6; tissu membraneux, qui reste quand on traite par l'acitle hydro- cblorique étendu, et destructible par la calcination, 17,88; dans les dents d'écrevisse et les pointes brunes et brillantes sur les pinces, carbonate calcique, 68, uS; pbospbate calcique, 18,75; et membranes 12,75 : les pro- priétés cbimiques de ces dernières n'ont point été indiquées. Les corps appelés ^'e«.r cVécrevisse ont la même com- position. Suivant Chevreul, les tests de homards sont composés de matière animale et eau, 44^76; sels sodiques, i,5o; car- bonate calcique, 49^^^; pbospbate calcique, 3,22; pbos- pbate magnésique, 1,26; il a trouvé dans le test des crabes, matière animale et eau, 28,6; sels sodiques, 1,6; carbonate calcique, 62,8; pbospbate calcique, 6,0, pbospbate magnésique 1,0. F. Mollusques. Encre de seiche. Elle a été examinée par Prout et Rizio. Les animaux du genre sepia possèdent, dans une vésicule particulière, un liquide mucilagineux , noir, qu'ils lancent, quand ils sont poursuivis, de manière à troubler l'eau autour d'eux, et à écbapper ainsi à leurs ennemis. Suivant Prout, cette liqueur, après avoir été dessécbée dans sa vésicule, laisse une matière dure, cas- sante et d'un noir brunâtre, à cassure concboïde, et dont la poudre est d'un noir velouté. 11 l'a trouvée ino- 686 ENCRE DE SEICHE. MÉLAÏNE. dore et de saveui- un peu salée. Sa pesanteur spécifique était de 1,64, Quand on versait de l'eau dessus, ce liquide se char- geait d'une poudre noire, tenue en suspension, qui exi- geait une semaine entière pour se déposer. Cette poudre consiste en une masse noire, insoluble dans l'eau, mêlée avec des carbonates calcique et magnésique. La matière colorante noire qu'elle renferme a été appelée par Bizio mé/aïne(âeij.ù.aç^ noir). Onla sépare des autres substances en l'épuisant par l'ébullition , d'abord avec de l'eau, puis avec de l'alcool, et enfin avec de l'acide li}'drocrilorique; après quoi, on la lave bien avec de l'eau pure, à laquelle on ajoute sur la fin une j)etite quantité de carbonate ammonique. Après la dessiccation , elle forme une sub- stance noire, pulvérulente, sans odeiu" et sans saveur, qui, lorsqu'on la chauffe, se détruit sans fondre, en ré- pandant l'odeur des matières animales brûlées: le char- bon qui reste brûle facilement en laissant un peu de cendre, principalement conqDOséc d'oxide ferrique, avec de la magnésie et de la chaux. Cette matière colorante est insoluble dans l'eau, mais elle s'y délaie aisé- ment par l'ébullition, et y reste long-temps en suspen- sion, sans se disposer, l^a liqueur s'éclaircit prompte- ment, quand on y ajoute des acides minéraux ou du chlorure ammonique. Elle est insoluble dans l'alcool et l'étlier. L'acide sulfuricpie la dissout à froid, et l'eau la précipite de cette dissolution. L'acide sulfurique chaud la décompose, avec dégagement d'acide sulfureux. L'a- cide nitrique concentré la dissout partiellement, avec dégagement de gaz oxide nitrique, en produisant un liquide rouge-brun, qui ne précipite pas par la potasse caustique, mais qui est un peu troublé par le carbo- nate potassicpie. L'acide hydrocblorique agit très-faible- ment et l'acide acéticiue n'exerce aucune action sur elle. Elle se dissout dans la potasse caustique, avec le secours de la chaleiu' : la dissolution est d'un brun très-foncé, et précipite par les acides sulfurique et hydrocblorique, mais non par l'acide nitrique. L'ammoniaque exerce aussi ENCRE DE LA CHINE. 687 mie action dissolvante sur elle. Les carbonates alcalins ne la dissolvent point. Il résulte de ces recherches, que cette substance noire a beaucoup d'analogie avec le pig- ment noir de l'œil. La portion de la liqueur des seiches qui est solubie dans 1 eau chaude, n'est point précipitée par l'ébullitiou, les acides, le chlorure niercurique, le sous-acétale plom- bique, ni l'infusion de noix de galle; après avoir été desséchée, elle se dissout difficilement dans l'eau froide. Prout a trouvé le résidu sec de l'encre des seiches composé comme il suit : Mt-laïne 78,00 Carbonate calciqiie 10,40 Carbonate niaynésicjiie 75^0 Chlorure sodique?.. j ^ ^g SuUate sodique ?. . . | Matière animale analogue au mucus 0,84 Perte 1.60 100,00 yLes points d'interrogation indiquent que Prout n'é- tait pas bien certain de la nature de ces sels. Kemp, qui a fait quelques expériences sur l'encre non desséchée, a trouvé qu'elle est coagulée parla chaleur, l'alcool, les acides minéraux, le chlorure niercurique et l'infusion de noix de galle, ce que Prout attribue à la matière que Kemp cite comme étant du mucus. On prétend que certaines espèces (Yencre de la Chine sont en partie composées d'encre de seiche desséchée. Le seiche porte dans le dos une espèce de boucliei-, qui est connu dans le commerce sous le nom d'o.y de seiche. On s'en sert pour polir les ouvrages en ivoire et en os, et autrefois on l'employait aussi en médecine. Cette substance est composée de carbonate caicique, avec une trace de phosphate caicique, et une certaine quantité d'une matière animale membraneuse, qui lui sert de trame. 688 HUITRES. COQUILLES D'hUITRF.S. ETC. Huîtres. I/animal de l'huître [ostrea edalis) contient, cVaprès l'analyse de Pasquiei-, de ralbuniine, un tissu njenihraneux (f|ue Pasquier ajjpelle fibrine), qui se ré- sout partiellement en colle, du mucus, et une substance extractiForme, analogue à l'extrai. de viande. Suivant le même, l'acude bvdrocliiorique enlève aux liuîtres cliar- bonnées du phosphate et du carbonate calciques ; mais, après l'incinération complète, il ne reste que du phos- phate calcique. Il se produit donc un peu d'acide phos- phorique par la combustion. Les coquilles cVhuitres sont composées, d'après l'a- nalyse de Bucholz et de Brandes, de matière animale in- soluble, 0,5 ; carl)onate calcique, q8,6; phosphate cal- cique, i,u; alumine (accitlentelle), 0,-2. Lorscjue Ton brûle des coquilles d'huîtres jusqu à les rendre causti- ques, il se forme ou un peu de sulfui'c calcique, prove- nant du soufre de la maUere animait' qu'elles conte- naient, ou même une petite quantité de sulfate calcique. -Les coquilles de moules et les perles sont compo- sées de carbonate calcique, avec une trace de phosj)!)ale, réuni.s par une petite (|uaiitilé d'un tissu membraneux, dont la propoi'tion varie d'après les expériences détaillées de Hatchelt. La plupart des madrépores ne contiennent, suivant Ilatchett, que peu de ce tissu nicmbraneux, it sont com- posés de carbonate calcique. Quelques-uns, comme les millepores et Visis hippuris , laissent, après la dissolu- tion du sel terreux par les acides étendus, leur matière animale, conservant la forme primitive du polypier. Dans d'autres, tel que la a^orgonia flahellum., |jar exem- ple, le tronc est composé d'une substance anin)ale cor- née, avec du phosphate et peu de carbonate calciques, entourés d'une ci'oûte de carbonate calcique. La go/'go- /iia a/it^pathes csl pi'es(\i\e exclusivement formée d'une matière qui possède les propriétés de la substance coi'née. J^es éponges consistent également en une matière qui a les propriétés chimiques de la sub- stance cornée. On ne sait pas comment l'iodure sodique qu'on trouve dans la cendre de l'éponge des ruisseaux, CONSERVATION DES MATIERES ANIMALES. G89 était contenu dans sa masse. D'après la remarque de GraVj les pointes qu'on observe souvent dans diverses éponges, gorgonies et téthyes, sont presqu'uniquement formées de siTue et non de pliospliate calcique. Le corail rouge (isis iiobilis) contient , d'après Vogel , des carbonates calcique et magnésique colorés en rouge par im pour cent d'oxique feri ique, et agglutinés par un cen- tième de matière animale membi'aneuse. Vauquelin a trouvé dans un madrépore rouge une matière colorante rouge, qui devenait violette par les alcalis. X. Sur la conservation des matières animales. Aux remarques générales que j'ai déjà faites précé- dennnent sur les moyiMis de mettre les substances orga- niques à l'abri de la destruction (T. VI, p. 564j, j'ajou- terai encore iciquelques détails qui concernent particu- lièrement les matières animales. d) On peut conserver ces matières en les gai'antissant du contact de l'air, dont le gaz oxigène est un puissant moyen d'en accélérer la putréfaction. Il y a plusieurs manières d'arriver à ce but. J'ai déjà parlé, dans l'endroit cité plus haut, de la métliode d'Appert, qui est également efficace pour les matières animales. Gay-Lussac a fait voir que, quand une fois tous les jours ou seulement tous les deux jouis, on chauffe jusqu'à 100° des liquides animaux qui ont une grande tendance à se corrompre, connue par exemple une dissolution décolle, de manière que l'oxigène de l'air, absorbé par le liquide, soit consommé par l'effet du changement que produit la chaleur, on peut les préserver pendant très- long-temps de la putréfaction. Nous avons déjà vu qu'en ayant recours à ce moyen on parvient à conserver long-temps du lait frais. C'est sur le même principe que lepose la méthode de Sweeny pour la conservation de la viande. Il fit bouillir de l'eau pour en chasser l'air, y mit de la limaille de fer, et, après le refroi- dissement , y plongea un morceau de viande ; puis VU. 44 690 CONSERVATION PAR DES SELS. il recouvrit le liquide d'une couclied'huilefinîebe. Au bout desept semaines, la viande était (Micore parfaitement fraî- che. Leueli a modifié ce procédé en se servant d'eau non bouillie, dans laquelle il mettait du soufre eti pou- dre, et qu'il couvrait d'huile: au bout de deux mois, un morceau de viande de veau y était encore frais. On peut rapporter au même mode de conservation, les mé- thodes qui consistent à renfermer les matières animales dans la poudre de charbon, dans du beurre, du suifoudela graisse fondus, et qu'on emploie très-souvent avec avan- tage dans l'économie domesticjue. C'est également par cette raison que la viande se conserve dans un pâté, dont la ci'oûte ferme l'accès à l'air, et consomme l'oxi- gène à mesure qu'il p<'nètre. L'immersion dans de la poudre de charbon bien calciné, devrait être double- ment efficace, et comme moyen d'exchne l'air, et comme moyen d'absorber les produits de la putréfaction com- mençante. Dans toutes ces méthodes de conservation fondées sur le soin d'écarter l'oxigène, luie précaution qui contri- bue puissamment au but qu'on veut obtenir, consiste à l'expulser du liquide dont les parties solides humides sont pénétrées: on v parvier)t avec le secours de la cha- leur. Gûnlz a fait voir que de la viande fraîche, aban- donnée dans une cloche renversée et pleine de mer- cure , à une température de 20 à aS", commence en peu de jours à se corrompre. Le sang même qu'd laissa mon- ter sur le mercure, d'une coupure qu'il s'était faite au doigt sous ce métal, commença quelques jours après à s'altérer et à dégager du gaz. b) Conservation par des sels. Un autre mode de conservation, généralement employé, consiste à mettre, par exemple, de la viande fraîche entre deux couches de sel marin, de sucre, ou de nitre , ou dans un mélange de ces trois substances, qui peu à peu pénètrent dans l'eau dont la viande est imprégnée, et j3ar leur présence empêchent la putréfaction de s'emparer d'elle. Nous ne saurions expliquer comment les sels produisent cet effet. CONSERVATION PAR LALCOOL. 69 1 I.es sels métalliques préservent encore mieux, que le chlorure sodique; mais plusieu! s d'entre eux, et ceux pré- cisément qui écartent le mieux la putréfaction, se com- binent avec la substance animale, qui dès lors ne peut plus être emplovee à titre d'aliment : c'est ce qui n'ar- rive point avec le cblorure sodique. De tous les sels métal- liques, le cblorure mercurique et le sulfate ferrique, dissous dans l'eau , sont les piiLs efficaces. Ces dissolu- tions garantissent de la putréfaction non seulement les substances qu'on v laisse séjourner, mais encore celles qui n'v sont restées plongées que pendant quelque temps, et qu'on peut en retirer sans qu'elles pourrissent en- suite, même en demeurant humides; Le conseil qu'on a donné, dans ces derniers temps, d'avoir recours à des dissolutions de sulfate ferrique pour conserver les pré- parations zoologiques et anatomicjues. peut bien être adopté pour des parties découvertes et complète- ment accessibles au liquide; mais cette méthode ne sau- rait être appliquée à des animaux entiers, ou à des par- ties dont la structure empêche le liquide de pénétrer dans leur intérieur, qui alois pourrit et dégage des gaz qui font gonfler et enfin crever la pièce quon voulait conserver. c) Conservation par Valcool. Lue des méthodes de conservation le plus généralenwnt usitées pour les ma- tières animales est celle qui consiste à les plonger dans de l'alcool aqueux contenant depuis 60 jusqu'à -5 pour cent d'alcool. Ce dernier se mêle à l'eau dont la ma- tière annnale était pénétrée, en prend la place, et em- pêche ainsi par sa présence que la putreiaction puisse s'établir. D'après Hûnefeld, les mollusques conservent leur forme et leur apparence extérieure dans des liqueurs spiritueuses contenant de -o à 80 pour cent d'alcool, qu'on a saturées de chlorure sodique, surtout lorsqu'on a soin de commencer par des liqueurs plus faibles, par exemple, à 5o pour cent d'alcool, qu'on remplace de se- maine en semaine par d autres plus fortes : car l'alcool 692 CONSERVATION PAR LE VIlNAIGRE DE BOIS, ETC. fort, absorbant trop promptement l'eau de l'animal, ce- lui-ci se contracte et se coagule. d) Conservation par le vinaigre de bois. En décri- vant ce liquide, j'ai déjà parlé de sa propriété antisep- tique, que possède également le vinaigre de bois distillé et incolore, mais conservant encore l'odeur de l'huile empyreumatique. Cette propriété a été découverte par Monge, et tient véritablement du prodige. Scholz prit les viscères d'une oie qui venait d'être tuée, et les plon- gea avec une langue de bœuf dans du vinaigre de bois non purifié ; quelque temps après , il les retira et les sus- pendit dans son laboratoire, oii ils séclièi'ent peu à peu sans se putréfier. D'après Berrès , 8 livres de vinaigre de bois turent injectées, à l'amphithéâtre d'analoniie de Vienne, par l'artère poplitée, dans les vaisseaux du cadavre d'un homme très-musculeux, de manière que l'acide péné- trât dans toutes les parties oii sedistribuent des artères. Au bout de deux jours, on enleva la peau, on vida les cavités, et on prépara les muscles. Le cadavre fut disposé comme prépa- ration musculaire, et séché à l'ombre dans cette situa- tion pendant quatre vingts-jours, sans qu'il se manifestât le moindre indice de putréfaction. La même exj)érience fut répétée avec lui égal succès sur des parties du corps plus ou moins volumineuses, qui se trouvaient déjà en état de décomposition ; dans toutes, la putréfaction s'ar- rêta, et la préparation sécha ensuite sans se gâter. Tou- tes les matières animales que l'on conserve par le moyen du vinaigre de bois, prennent une teinte plus foncée, et deviennent presque noires en séchant. Un fait bien connu , et qu'il me suffira par consé- quent de rappeler, c'est que de la viande fraîche qu'on plonge dans une infusion de suie (T. VI, pag. 729), ou qu'on expose à la fumée , conserve la propriété de pouvoir servir comme aliment; c'est ce qu'on appelle la viande fumée. e) Embaumement des cadavres. I/embaumement des momies égyptiennes prouve bien que les matières animales peuvent être conservées pendant très-long- EMBAUMEMENT DES CADAVRES. 6(^)3 temps, qijoi(jiie un peu altérées, et finalement à l'état de dessiccation. Nous n'avons (pie des renseignemens peu certains sur la manière dont les Egyptiens s'y pre- naient pour conserver ainsi leurs cadavres. Hérodote dé- crit les opérations dans leurs moindres détails, et l'état des momies nous fait voir cpi'il avait été bien informé à cet égard. Mais le sens précis des noms donnés aux sub- stances qu'on employait est certainement perdu. Car celle que les traducteurs ont rendue, tantôt par nitrum^ tantôt par natrum ^ et dans la dissolution de laquelle on laissait les cadavres pendant quelques mois, ne peut être ni du nitrate potassique, ni du chlorure ou du car- bonate sodique, puisque ces sels ne se trouvent pas en quantité notable dans les momies, et qu'ils ne jouissent pas de la propriété conservatrice dont celles-ci font foi. il est plus vraisemblable, et parfaitement d'accord avec le peu qui vient dêtre dit tout à Theure, que, comme le dit Pline l'ancien (T. VI, pag. 672), on plongeait les corps dans du vinaigre de bois, dont les propriétés antiseptiques étaient cependant tout aussi inconnues à cet écrivain qu'elles le sont demeurées jusqu'à ces der- niers temps, et qui ne pouvait par conséquent être une simple conjecture, ni de sa part, ni de celle de ses prédécesseurs. Granville a décrit une momie qu'il a examinée, et dans laquelle il a trouvé de la cire et de la résine. Par- tant de là , il a émis l'hypothèse que l'embaumement consistait à imprégner les corps de cire fondue, et il dérive le terme de momie du mot égyptien 77ium , si- gnifiant cire «suivant lui. Cependant on peut affirmer que, quand bien même la momie qu'il a examinée au- rait été réellement conservée de cette manière, celles en grand nombre qui ont été observées par d'autres, ne se trouvaient point dans ce cas. Quelques auteurs ont prétendu qu'on commençait par saler les corps, et qu'ensuite on les séchait au soleil ou à la chaleur du feu. On a parfois aussi trouvé dans les momies de pe- G94 EMBA.UMEME1ST DES CADA.VRES. tits cristaux de chlorure et de sulfate sodiques, sous forme d'efflorescence. Après avoir préparé les viscères, on introduisait dans les cavités du corps des résines d'une odeur agréable, mêlées avec d'autres substances destinées uni(|uenient à remplir les vides, comme, par exemple, des masses d'ar- gile et autres semblables. On prétend y avoir trouvé aussi de l'asphalte. Les bandes, dont on roulait plu- sieurs couches autour des momies, étaient également plongées dans des matières destinées à préserver le corps qu'elles enveloppaient. George a reconiui que l'eau en extrayait du sulfate et du carbonate sodiques, du chlo- rure sodique et une substance végétale, qu'il regai-de comme du tannin, parce qu'une dissolution de colle la précipite abondamment. Suivant lui, on pouvait encore extraire de la gélatine de la viande sèche, en la faisant bouillir avec de l'eau. Ij'alcool s'emparait d'une graisse solide, probablement du gras de cadavre saponifié. La fibre charnue était assez changée de nature, pour que la masse, après avoir abandonné de la gélatine par la coction avec de l'eau, ne donnât point d'ainmoniaque à la distillation; par conséquent, elle avait perdu sou nitrogène. Une méthode plus moderne d'embaumer les cadavres humains reposait sur une idée fausse qu'on se faisait de celle adoptée par les Egyptiens. Après avoir enlevé la peau, on incisait les parties charnues, on les in)pré- gnait de résines, de dissolutions de baumes naturels et d'huiles volatiles; puis, après ce travail pénible et peu propre à conduire au but qu'on se proposait, on réap- pliquait et recousait la peau. On avait coutume de mettre les viscères dans une boîte de plomb soudée, et on rem- plissait les cavités du corps de substances végétales con- tenant des huiles volatiles. Dans des circonstances oii l'on s'est adressé à moi pour des emhaumemens, et avant de connaître les résultats avantageux de l'injection du vinaigre de bois dans les DESTRUC. DES MAT. ANIM. PAR LA PUTRÉF. GqS artères, j'ai proposé un autre procédé moins pénible, et (pii mène plus sûrement au l)ut; je faisais ouvrir les cavités du corps mort, et pratiquer des incisions entre les muscles sur les côtés et au dos; puis on le plongeait dans une baignoire en bois, placé sur des supports, afin qu'il ne toucbâl pas immédiatement au fond, et l'on versait dessus de Tesprit-de-vin contenant -y 5 pour cent d'alcool, et dans lequeLdu chlorure mercuriquo (sublimé corrosifj avait été dissous. La quantité de sublimé était faible d'abord, on l'augmentait ensuite peu à peu, et on la portait journellement à une ou deux livres de sel ré- duit eu poudre fine, qu'on ajoutait à mesure que le corps mort s'emparait de celui qui était dissous dans l'alcool. Auboutdetroissemainesou d'un mois, lorsque toute l'eau avait été lemplacée par la dissolution alcoolique de chlo- rure , on retirait le corps et ou recousait les incisions; on pouvait alors babiller le cadavre, car il séchait sans se pu- tréfier, et la peau conservait très- long-temps sa couleur naturelle , ce qui est important en pareil cas , et n'a point heu (juand on emploie le vinaigre de bois. La dissolution de sublimé qui reste est un liquide extrêmement dange- reux. On ne peut pas la distiller, et elle peut occasioner des malheurs, si on la jette au dehors. Le meilleur moyen de prévenir tous les accidents est de décomposer le sel de mercure par la potasse caustique, le cuivre ou le ziiic, après cpioi on peut, suivant les circonstances , distiller la liqueui" spiritueuse ou la jeter. La manière la plus parfaite d'embaumer serait sans doute rfinjecter du vinaigre de bois dans les artères du cadavre, et de conserver la peau et peut-être aussi les viscères par le moyen d'un bain préparé avec une disso- lution alcoolique de chlorure mercurique. XL Destruction des matières animales. A. Par la putréfaction. Les ('lémens des matières animales sont en général plus nombreux que ceux des substances végétales. Parmi 696 DESTRUC. DES MAT. ANI3I. PAR LA PUTRÉF. ces élémons , il s'en trouve, comme le soufre et le phos- phore, qui ont une grande tendance h rentrer dans la condition des combinaisons inorganiques. La putréfac- tion s'annonce alors par des produits d'une odeur fétide. Ces produits diffèrent des comhinaisoiis fétides inorga- niques quecontractent ces mêmes élémens; mais ils produi- sent des réactions ana!og;ues, par exemple, avec les sels ar- gen tiques et plombiques; ces réactions sont à peu près les mêmes que celles qu'ilsprovoquent lorsque, dans la nature inorganique, ilssont combiuésavecderhydrogène. Usdou- nent naissance à la puanteur dégoûtante (jui infecte l'atmo- sphère entière au voisinage d'un corps animal en putréfac- tion. Mais nous ignorons comjjlétcment ce que sont ces combinaisons fétides , quelle est leur composi- tion, etc. Nous savons qu'un corps qui se putréfie ab- sorbe l'oxigène de l'air, qu'il se forme de l'acide car- honique, que pai'fois aussi, quand la déconq)osition a lieu avec le contact illimité de l'air, il se produit de l'acide nitrique, de l'ammoniaque et des effluves fétides, dont l'odeur change aux diverses périodes de la putréfaction; que le corps perd sa cohérence, qu'il devient à demi liquide, que sa fétidité augmente dans la même pro- portion , et qu'il finit par se dessécher en ime masse brune, mélange de terreau avec Hu gras de cadavre et des substances animales qui ont séché trop vite pour pou- voir être détruites complètement, et dont la décomposi- tion totale n'a lieu que d'inie manière lente, aux dépiMis de l'humidité atmosphérique, accélérée périodiquement par la lumière et par la chaleur. Tracer ici le tableau des changemens que les animaux morts épi'ouvent jusqu'à ce que leurs restes soient ar- rivés à l'état dans lecpiel ils peuvent se mêler avec la terre et lui servir d'engrais, serait offrir un rappro- chement de phénomènes assez connus, à la fois dés- agi'éable et inutile, en ce que la science ne saurait en- core rendre raison de la nature et de la composition des produits, but auquel elle n'arrivera probablement pas de long-temps, non seulement parce que la chose DESTRUC. DKS MAT. ANIM. l'Ail TA PUTRF.l". 697 présente en elle-meino des difficultés, mais aussi j)arce (jiie les reelierdies cju'ellc exige sont extrcmeinenl lé- pugnaiites. F.ii général les aiialoinistes ont observé avec soin les j)liérioniènes de putréfaction (jui sont propres à clia(|UO système! particulier du corps, et on les trouvera décrits dan leurs ouvrages. Ce que Bicliat a écrit sur ces sujet mérite surtout d'être étudié. llildebrand a fait des expériences sur les changemens cjuc la viande a éprouvés dans diverses sortes de gaz. Mais les résultats auxquels il est arrivé manquent de précision, sous ce rapport qu'il n'a point fait connaître les moyens dont il s'était servi pour accpiérir la certi- tude que les gaz qu'il emplovait ne contenaient point d'air atmospliéri(|ue. Il remplissait une cloche de gaz sur du mercure, et y introduisait un morceau de viande, qu'il y laissait un mois et demi à âvux mois. Dans le gaz oxigèiie ^ la couleur rouge de la viande fut détruite pendant le cours des quatre premiers jours; demanière que cette viande semblait avoir été épuisée j^ar le lavage avec de l'eau; la putréfaction marcha, avec formation de gouttes d'un lic[uide à l:i surlace; dans la huitième semaine, la viande était noire, et quand on la retiraitde la cloche, elle répandait une fétidité insupportable. Les mêmes phénomènes eurent lieu dans Yair atmosphé- rique ^ mais à un degré moins prononcé. Dans du gaz hydrogène obtenu en décomposant des vapeurs aqueu- ses par du fer rouge, la viande devint d'une couleur un peu plus foncée, et elle était encore sans odeur au bout de cinquante et un jours. Au contraire, dans le gaz hydrogène préparé av<;c du zinc et de l'acide sulfu- rique étendu, elle devint extrêmement fétide, mais d'une tout autre odeur que dans le gaz oxigène, et le gaz hydrogène contenait alors jîlus d'im tiers de gaz acide carbonicjue. Dans \c gaz acide carbonique^ sa couleur pâlit , mais elle était encore inodoi^e au bout de 5r joui's. Dans le gaz oxide nitrique^ elle devint plus rouge qu'auparavant , mais ne pourrit point dans*^ l'es- pace de trois mois. Dans le gaz ammoniaque , elle ab' 698 DESTRUC. «ES MAT. ANIM. PAR l'ÉBUL. DANS l'eau. sorba beaucoup de ce gaz, mais au bout de deux mois, elle n'avait encore subi aucun cliangement. Dans les gaz acide sulfureux etjluoridesilicique^ elle n'épi'ouva aucune altération, de même qu'après avoir été traitée par d'autres acides. B. Par V ébullltion dans Veau. L'ébuUition avec de l'eau fait subir des cbangemens particuliers aux matières animales, même à celles qui ne se dissolvent point pendant le cours de l'opération. C est ce dont nous pouvons nous convaincre en exami- nant les divers alimens tirés du règne animal, qui sont préparés par cette voie. J'ai déjà indiqué, en parlant de chaque substance, quelle est la manièi'e dont elle se comporte quand on la fait bouillir avec de l'eau. Il ne me reste donc plus ici qu'à faire quelques remarques générales sur les matières aniuîales bouillies pour servir d'alimens. J ai dit que du tissu cellulaire se trouve interposé dans toutes les parties du corps, et que, par conséquent, pres- que tout ce qu'on fait bouillir contient une certaine quantité de ce tissu, qui, lors même qu'il ne se dissout rien autre chose, se convertit en colle par l'effet d'une cbuUition prolongée. De là résulte que le bouillon a la propriété de se prendre en gelée par le refroidissement. Il n'y a donc pas d'autre moyen, pour obtenir une décoction exempte de gélatine, que d'opérer uniquement sur ceux des tissus particuliers qui ne se dissolvent point; mais ceux-là même, comme, par exemple, les ligamens élas- tiques, contiennent dans leur intérieur des gaines de tissu cellulaire, qui, par une ébullition prolongée, se convertissent en colle. Les substances animales qu'on fait bouillir pour les besoins de la cuisine ou de l'industrie sont la viande, les os, la peau avec ses rognures et diverses membranes. I. Ebullition de la viande. Quand on fait bouillir ÉBULLITIOIV DE LA. VIANDE. 699 la viande dans de l'ean, ollc subit un cliangoment qui consiste en ce que les liquides dvont elle est inipiégiiée se coagulent, laissant entre les fibres cbarnues l'albumine et la matière colorante qu'ils contiennent, tandis que leurs principes solubles dans l'eau passent dans le l)ouillon. Ensuite le tissu cellulaire se dissout; non seu- lement celui qui est en contact immédiat avec la li- queur ambiante, mais encore celui qui existe au milieu de la viande, se ramollissent et se dissolvent peu à peu dans l'eau qui pénètre cette dernière. Mais la fibrine elle-même cbange aussi; elle éprouve une décomposition dont le résultat est qu'il se forme une matière soluble dans l'eau, ayant la saveur de la zomidine. Plus l'ébul- lition dure long-temps, plus il se produit de cette sub- stance. Fendant ce temps-là la fibrecharnuese resserre, s'en- durcit, et -lorsque tout son tissu cellulaire est converti en colle, elle est réduite en une masse qui, après avoir été filtrée, lavée et sécbée doucement, est dure et sem- blable à de la sciure de bois grossière. Par ce traite- ment, une grande partie de la viande, considérée comme aliment, se trouve détruite, quoique le liquide dans lequel on l'a fiîit bouillir soit par là même devenu plus ricbe en principes alibiles dissous. Tout ce que la viande contient est aliment, et c'est une pure perte quand il y en a une portion qui perd ce caractère. Il y a donc un terme où l'on doit arrêter l'ébullition; c'est ce point qu'il faut cbercber, et la saveur de la viande cuite l'indique. Outre le tissu cellulaire dissous en gélatine, le bouillon contient l'extrait alcoolique et l'extrait aqueux de la viande, ainsi que la substance (|ue l'eau bouillante en- lève à la fibrine; sa saveur particulière est due à de la zomidine qu'il tient en dissolution. Par l'extraction de cette dernière, la viande a perdu beaucoup de sa sa- veur propre, et d'autant plus que la coction a duré plus long-temps. La viande rôtie, au contraire, a con- servé cette saveur de viande, parce que le rôti n'est à proprement parler qu'une coction dans l'eau que con- 700 ÉBULLITION DES OS. tient déjà la viande, opération durant laquelle cette dernière reste imprégnée de toutes ces substances, qui ne font seulement ({ue se dessécher à sa surface, et y brunir par l'action de la chaleur. 2° Ebullition des os. L'idée de dissoudre le cartilage des os, et de l'utiliser comme aliment, fut conçue par Papin, qui le premier employa la coction dans des vaisseaux clos et à une haute pression. Sa dé- couverte était sur le point d'attii'er l'attention qu'elle méritait, lorsqu'une plaisanterie vint tout réduii'e au néant (i j. Plus d'un siècle ensuite, Proust et Cadet cher- chèrent à démontrer par des expériences l'importance de cet aliment, qu'on jette la plupart du temps sans en tirer aucun parti, et ils parviiu'ent à le rendre un sujet d'attention générale. Il ne manqua plus ensuite de per- sotmes qui estimaient les os bien an-dessus de la viande, et qui calcidèrent la valeur relative de ces deux sub- stances, comme alimens, d'après l'inégale quantité de gélatine qu'on obtient de l'une et de l'autre, sans ré- fléchir que la fibrine est un aliment bien plus sub- stantiel que la colle dissoute. Dans ces derniers temps, Darcet a exécuté avec le plus grand succès la dissolution du cartilage des os, d'après des méthodes qui lui ap- partiennent en propre. Pendant quel([ue temps il se servit pour extraire les sels terreux des os, de l'r.cide hydrocldorique, qui est à très-bon marché, surtout en France; après avoir ensuite lavé le cartilage, et l'avoir dissous par l'ébullition, il ajoutait à la dissolution un (i) Papin avait offert à Charles II d'Anylctorre de préparer en vini^l-qiiatre heures , avec onze livres de chai bon de bois, i 5o livies (le yelée, qu'il recommandait pour les maisons d'indigence et les hôpitaux. Le roi était sur le point de prêter l'oreille à cette offre, lorsque ses veux tombèrent sur une requête qu'on avait suspendue au cou de ses chiens de chasse, et par laquelle ils priaient qu'on ne les privât pas d'une nourriture qui leur reve- nait de droit. C'en fut assez pour que ce prince léijer écartât je projet. LBULLIT. DE LA PEAU ET DE SES ROGNURES. '70I peu de bouillon de viande et des subtances végétales, pour lui donner de la saveur, la i^éialine étant tout-à-fait in- sipide. Plus tard, il a suivi une niélhode difTérente, et, à ce qu'il paraît, beaucoup plus avantageuse, (pii con- siste à broyer (1) les os, après les avoir dépouillés de graisse, à les exposer ensuite dans un cylindre, à la va- peur de l'eau bouillante, sous une pression de 960 mil- limètres, c'est-à-dire à une température de 106 à 107°, en ayant soin de faire arriver un petit filet d'eau froide dans le cylindre, pour condenser une partie de la va- peur: dans cet état, les os sont pénétrés par la vapeur, leur cartilage se dissout, et au fond du cylindre se ras- semble une dissolution concentrée de gélatine, dont l'é- coulement continue tant qu'il reste encore du cartilage qui n'a point été dissous. Cette gélatine d'os peut être employée comme aliment, et appliquée aussi à divers usages tecbnicjues, par exemple, à la clarification du vin, etc. Une soupe d'os convenablement saturée de gé- latine contient deux pour cent de cette dernière sècbe. Les pbarmaciens préparent une gelée de corne de cerf, qu'ils aromatisent avec du jus de citron, du vin du Rbin et du sucre, et dont on recommande surtout Tu- sage aux malades qui ne peuvent prendre à la fois qu'une petite quantité d'un aliment facile à digérer. Très-souvent on prend de la colle de poisson pour faire cette gelée. 3. Ebulluion de la peau et de ses rognures. Prépara- tion et pî^opriétés de la colle. Les portions (jue les tan- neurs détachent du côté interne des peaux , en les échar- nant, et tous les morceaux de peau qui sont trop petits pour pouvoir servir à autre chose, comme par exemple les oreilles, etc., sont convertis en colle par l'ébullition avec (i^ Ce l)roiomcnt doit être exécuté en faisant passer les os hu- mides entre dts cvlindies cannelés, parce (|ue, quand on les pile, ils acquièrent la même odeur que quand on les râpe, et que la soupe prend ensuite cette saveur. ^02 COLLE. de l'eau. L'opération se fait tlans une cliaufllère de cui- vre, au fond de laquelle on a mis de la paille, pour em- pêcher qu'en se ramollissant la masse s'attache et hrûle. On fait houillir cette masse, jusqu'à ce qu.e les matières animales soient dissoutes, que la liqueur se couvre d'une pellicule, et qu'une petite quantité qu'on en retire se solidifie par le refroidissement. Alors, on la verse bouil- lante dans un panier dont le fond est couvert de paille, et on la reçoit dans un grand vase oii on la laisse s'é- claircir. Puis on la verse dans des moules carrés, ayant six à huit pouces de large sur quatre à cinq de profon- deur; quand elle y est prise en gelée, on retire celle-ci des moules, et avec un fil de laiton fin, on la coupe en plaques d'un demi-pouce d'épaisseur, qu'on place sur des filets tendus entre des châssis, et on les fait sécher d'abord à l'ombre, puis au soleil ou dans des séchoirs. On emploie aussi, pour faire de la colle, des tendons, des cartilages, les vessies natatoires de certains poissons, etc; la colle ainsi obtenue est plus soluble et moins te- nace que celle qui provient des rognures de la peau des grands animaux. Si à la dissolution concentrée d'un poids déterminé de colle, on ajoute une égale quantité de sucre de canne, que l'on coupe la masse solidifiée en plaques, et qu'on la fasse sécher, on obtient ce qu'on appelle la co//e à bouche^ qui se ramollit par le seul fait de son apposition sur la langue, et dont on se sert poui- coller rapidement du papier ou autres objets sem- blables. Colle i^colla^ gelatina). On appelle ainsi la géla- tine obtenue par la dissolution des peaux, et sé- chée. Telle qu'on la trouve dans le commerce, où elle prend le nom de colle forte, elle contient une nndlitude de substauces étrangères, comme par exemple les matières extractiformcs dont j'ai parlé plus haut, de l'albumine coagulée, etc., auxquelles elle doit sa cou leur jaune, ou même J)rune-foncée. Mais on peut la débarrasser aisément de ces matières en la ramollissant COLLE. 7o3 dans de l'eau froide , que l'on a soin de renouveler sou- vent, jusqu'à ce qu'elle ne la colore plus, après quoi on l'écrase, et on la suspend dans un sac de toile, à la surface d'une grande quantilé d'eau à i4", ce qui fait que l'eau chargée des substances soluhles qu'elle peut encore contenir , descend peu à peu au fond du vase, tandis que la colle reste à la partie supérieure, entourée d'eau plus pure : si l'on prend alors cette colle ramollie, et qu'on la chauffe jusqu'à 34", sans y ajouter d'eau, elle devient liquide; si l'on tient la dissolution à cette tem- pérature, ou mieux encore à celle d'environ 5o°, on peut la filtrer, et la li(|uein', qui passe incolore, laisse sur le papier de l'albumine coagulée et des parties muqueuses non dissoutes. On obtient aussi, en faisant bouillir la râpure de corne de cerf, la colle de poisson ramollie, les pieds de veau, etc., une gélatine pure et incolore, qui cependant sert plutôt dans les cuisines que dans les arts. Les expériences n'ont point encore fait connaître com- ment la gélatine se forme par l'ébullition. C'est un chan- gement analogue à la conversion de l'amidon en gomnie et en suci'e, et qui, comme cette dernière, est accéléré par le concours d'acides étendus. Il a lieu sans déga- gement appréciable de gaz, et aussi bien dans des vais- seaux clos que dans des vaisseaux ouverts. La gélatine n'existe point toute formée dans le corps vivant. On a re- connu l'inexactitude des anciennes assertions qui l'in- diquaient dissoute dans le sang et dans quelques autres liquides de l'économie aniinale. JMais un très-grand nom- bre de tissus animaux, assez différens les uns des autres, peuvent être convertis en gélatine : tels sont la peau, les cartilages, les os, les membranes séreuses, le tissu cellu- laire, les tendons et ligamens, le bois de cerf. Ce serait un grand avantage de pouvoir désigner ces tissus par un nom commun, si l'on était bien certain que tout ce qui se transforme en gélatine par fébullition a aussi la même composition primitive. Cependant les différences assez prononcées qui existent entre ces tissus, sous le rapport de leurs caractères physiques, ne paraissent pas ^0f\ COLLF.. justifier riiypothèse de cette identité, d'autant plus que nous savons (jue les substances végétales susceptibles d'être converties en gomme et en sucre par Tébullition avec des acides étendus sont de plusieurs espèces, A rétat de pureté, la colle est incolore, transparente, dure et douée d'une cohérence exti'aordmaue, mais qui varie en raison des tissus {|ui l'ont fournie, La colle des os et du cartilage des pieds de veau n'a j)as la même force collante c[ue celle qu'on fabricjue avec la peau de bœuf. Elle est sans odeur et sans saveui", se précipite au fond de l'eau , et ne réagit ni à la manière des acides, ni à la manière des alcalis. Lorsqu'on la chauffe, elle se ramollit, et répand une odeur particu- lière, qu'on appelle odeur de colle ; ensuite elle entre dans un état de demi-fusion , se courbe, se hoursoulle, exhale l'odeur delà corne brûlée, prend feu difficilement, fume, ne flambe (jue pendant cjuelques instans , et laisse un charbon hoursouflé, difficile à incinérer; la cendre consiste en phosphate calci([ue. A la distillation sèche, la colle donne beaucoup d'ammoniaque, et en général les produits ordinaires de la distillation des matières nitrogénées. Elle se ramollil dans l'eau froide, se gonfle, devient opaque, et s'y dissout, à l'aicFe d'une douce chahuir, en un liquide limpide et incolore, qui, parle refroidis- sement, se prend en une gelée tiansparente, dont la consistance varie suivant le degré de concentration de la liqueur. D'après les expériences de Bostock, un liquide qui ne contient qu'un centiènle de son poids de colle peut encore se prendre en gelée , mais quand il n'en contient qu'un cent cinquantième, il devient seulement gélatineux, sans se solidifier à proprement parler. Ce- pendant ces phénomènes varient beaucoup; moins l'eau a besoin d'être chauffée pour que la dissolution de la colle s'effectue, moins la gelée qu'on obtient est ferme, et cet effet varie tant pour les divers tissus ({ue pour la colle provenant d'un même tissu, mais d'animaux d'âges différens. Il varie aussi en raison du soin qu'on a mis à la préparation de la colle; car quand celle-ci a été bouillie plusieurs fois de suite, ou qu'elle commence à COLLF. -yoS devenir aigre, ce qui lui arrive surfout aisément clans les temps d'orage, elle perd en partie sa propriété de se prendre en gelée. I.orsqu'on fait chauffer et refroidir une dissolution de colle à plusieurs reprises, elle perd la propriété de se prendre en gelée, et subit un changement dont je par- lerai plus loin. Si on laisse de la gélatine à l'air libre pendant long-temps, à une température de i6 à ao*», elle devient d'abord acide, et diminue de consistance; puis elle devient anmioniacale, et se putréfie, en répandant une odeur très-fétide. L'addition d'une certaine quan- tité d'acide acétique prévient la putréfaction de cette substance, sans détruire sa force collante. La colle n'est pas sensiblement soluble dans l'alcool, et quand on verse de l'alcool dans sa dissolution tiède et un peu concentrée, elle se coagule en une masse blan- che, cohérente, élastique et un peu fibreuse, qui adhère au verre avec beaucoup de force, et qui se ramol- lit dans l'eau froide, comme la colle sèche, sans s'y dis- soudre. En évaj)orant l'alcool, il reste sur le verre un faible enduit transparent, qui est très-soluble dans l'eau froide , et qui ne peut pas se prendre en gelée. La colle ordinaire sèche, traitée par l'alcool, lui aban- donne une certaine quantité de graisse, et quelques matières animales solubles dans ce menstrue. La colle est insoluble aussi dans l'éther et dans les huiles tant grasses que volatiles. Elle s'unit au chlore avec une grande avidité. Cette combinaison a été découverte par Thénard. Si l'on fait passer du gaz chlore dans une dissolution de colle tiède et un peu concentrée, chaque bulle s'entoure d'une matière blanche, élastique, qui la suit <à la surface du liquide, et qui, au moment où la bulle crève, laisse une niasse blanche, visqueuse, collante, tout-à-falt semblable au précipité que l'alcool produit dans une dissolution de colle. Il ne faut que peu de chlore pour précipiter toute la colle, et dès que ce corps est en excès, le pré- cipité devient d'un jaune clair. La liqueur contient de VII. 45 «o6 COLLE. l'acide hydrochloriquc, qui lui donne la propriété de réagir à la manière des acides et il n'y reste plus qu'une très-petitequantiléde matière animale en dissolution. La colle, combinée avec du chloie, est insoluble dans l'eau et l'alcool; elle réagit à la manière des acides, pro- priété dont ou no peut la dépouiller en la malaxant avec de l'eau tiède: elle exbale l'odeur du cblore ou plutôt de Tacide chloreux, que le lavage avec de l'eau ne lui enlève pas non plus. Ce composé singulier contient de la colle combinée avec du chlore ou de l'acide cblo- reux, et probablement un peu allérée dans sa compo- sition, comme le prouve la formation de l'acide bydro- cblorique qui reste dans la liqueur. Si l'on dissout cette combinaison par le moyen de l'ammoniaque caustique, dans une éprouvette, sur du mercure, du gaz nitrogène se dégage avec une faible effervescence, et la masse se convertit en un mucus bulleux, qui devient peu à peu plusJiquide. Le dégagement de gaz nitrogène indique que la combinaison contient ducbloreou de l'acide chloreux; mais il est difficile de déterminer lequel. Si l'on évapore la dissolution annnoniacale presque jusqu'à sircité au bain-marie, qii'on mêle le résidu avec de l'alcool, pour extraire un peu de chlorure ammonique, et qu'on fasse sécher le précipité ainsi obtenu, qui ressemble parfai- tement à celui que l'alcool produit dans la dissolution décolle, il reste une masse transparente, d'un jaune pâle, qui se ramollit peu à peu dans une petite quantité d'eau froide, sans se dissoudre, fond à une douce cha- leur, et se prend faiblement en gelée par le refroidisse- ment. Elle se dissout en totalité dans beaucoup d'eau froide, sans se prendre ensuite en gelée par la concen- tration, et ressemble alors plutôt à une gonune; mais sa dissolution se comporte avec les léactifs absolu- ment comme de la colle non altérée. La combinaison de chlore et de ('olle devient gélatineuse dans l'aciiie acé- tique concentré, et s'y dissout; l'eau trouble la dissolu- tion, mais le cyanure ferroso-])olassique ne la précipite point, ce qui prouve que l'action du chlore sur la colle COLLE. ^07 n'a point donné naissance à iino matière alhuniinoiiso. La (lissolulion de coll(> piecipilée |)ar leclilore donne, aptes avoir été satuiéc avec du carbonate potassiqne et évaporée, «m niélarjge (l(> cldorure |)()îassi(pie avec une petite ((uantité d'une inalière extiaclifbrine jaunâtre, qui fait (jue le sel répand Todeur de la colle (|uand ou ie calcine. Pendant cette dernière opération, il ne se ma- nifeste dans la masse aucun signe de détonation qui puisse indiquer la formation d'une certaine quantité d'acide nitrique par l'action du chlore sur la colle. Ni le brome ni l'iode ne foi-ment avec la colle de com- binaison analogue à celle que j)roduit le chlore, Apiès avoir été mêlée avec ces corps, la colle, en se refroidis- sant, se prend en gelée, comme auparavant. L'acidc> sulfnrifpie concentré fait subir une altération fort reniarquable à la colle. Il se forme alors plusieurs produits intéressans, du sucre de gélatine, delà leucine, une matièie animalemoins nitiogénée, etc., pour la des- cription des(pu>ls je renvoie à ce que je vais bientôt dire des produits de la décomposition des substances animales par les acides. I/acide nitrique convertit la colle, avec le secours de la chaleur, eu acide malique, acide oxalique, une graisse analogue au suif, et enfin en tannin; lorscpi'on évapore celte dissolution jusqu'à siccité, elle détone à la fin. L'acide acétique concentré rend la colle ramollie, ti-ansparenîe, et la dissout en- suite; la dissolution ne se prtnd point en geiée, mais* conseive la propriété de coller en séchant. Les acides étendus n'empêchent pas la colle de se prendre en gelée par le refroidissement. Les alcalis fixes caustiques, en dissolution étendue, et même aussi l'anunoniaque cou« centrée, ne lui enlèvent pas la propriété de se prendre en gelée , mais troublent sa dissolution , en y faisant naître un précipité de phosphate calcique. La colle ramollie se disscnit peu à peu à la tempc'rature ordinaire, dans une dissolution concentrée de potasse caustitpie, en lais- sant lui rt'sidu blanc, (jui est priiicipah'ment composé de phosphate calcique. Si l'on sature exactement la disso- 45. ^o8 COLLF. lution avec de Tacicle acétique, et qu'on l'évaporé, elle ne se prend point en gelée; la colle altérée et combinée avec de l'acétate potassique, qui reste après l'évaporatioii, est soluble dans l'alcool. L'acide siilfurique précipite de cette dissolution du sulfate potassique combiné avec la colle altérée, et si l'on dissout ce précipité dans de l'eau , et qu'on abandonne la liqueur à l'évaporation spontanée, elle cristallise jusqu'à la^ dernière goutte. La dissolution aqueuse du sel est précipitée abondamment par l'infu- sion de noix de galle, par le chlorure mercurique et par le sulfate sesquiferrique (Fe S^). L'hydrate calcique n'altère point la dissolution de colle: beaucoup de chaux, se dissout avec la colle dans la liqueur. La colle se combine avec plusieurs sels. Sa dissolu- tion dissout une assez grande quantité de phospbate calcique récemment précipité: c'est pour cela que sou- vent on trouve tant de ce sel dans la colle. La dissolution de colle n'est précipitée, soit à chaud, soit à froid, ni par une dissolution d'alun, ni par celle h laquelle on a ajouté assez d'alcali pour qu'il commence à s'y former un précipité permanent (Al S^); mais, par l'addition d'un alcali, la colle se précipite combinée avec du sous-sulfatcaluminique (Al S). Le précipité ressemble à de l'alumine pure ; mais, après l'avoir lavé et sécbé, on reconnaît qu'il contient de la colle, en l'exposant à l'action du feu. C'est avec une dissolution de colle et d'alun qu'on colle le papier, et qu'on rend les étoffes de laine moins pénétrables à l'eau; on n'a point encore examiné les phénomènes chimiques qui se passent alors. Le sulfate ferrique neutre n'est pas troublé par la dissolution de colle; mais si on y ajoute d'aboid de l'am- moniaque, de manière à obtenir une liqueiu* d'un rouge foncé intense (FeS^), celle-ci précipite la colle sous la forme d'un caillot épais, visqueux et rouge clair. La colle ramollie qu'on plonge dans une pareille dissolution , dur- COLLE. 709 cit, rougit et devient transparente. Si on mêle une dis- solution neutre de sulfate ferriquc avec une dissolution de colle , et qu'on fasse bouillir le tout, une combinaison de colle avec du sous-sulfate feri-ique se précipite en flo- cons d'un rouge-jaune, qui ne s'agglutinent pas. Ni l'acétate plombique neutre, ni le sous-acétate plom- bi(jue ne précipitent une dissolution de colle. Si l'on fait macérer de la colle ramollie dans du sous-acétate plom- bique, elle devient d'un blanc laiteux, et moins tenace qu'auparavant; à la cbaleur, elle fond en un liquide lai- teux, et se prend en gelée par le refroidissement. Si l'on mêle peu à peu une dissolution de Colle à une dissolution de chlorure mercurique, il se produit un trou- ])le qui disparaît promptement. Cet effet continue à avoir lieu jusqu'à ce qu'on ait ajouté une certaine quantité du réactif. Si alors on verse tout à coup davantage de ce- lui-ci, la colle se précipite soiis la forme d'un caillot blanc, cohérent et très-élastique. On obtient des préci- pités analogues avec les nitrates mercureux et mercu- rique et avec le chlorure stanneux. Les dissolutions d'argent et d'or ne |)récipitent point la colle : mais, avec le concours de la lumière solaire, une certaine quan- tité de métal se l'éduit. La colle est précipitée par le sul- fate platinique en flocons, bruns et visqueux, qui noir- cissent en séchant, et sont .ensuite faciles à pulvériser. D'après Edmond Davv, qui regarde ce sel comme un réactif certain pour reconnaître la colle (quoiqu'on ignore sa manière d'agii" avec la plupart des autres ma- tières animales), le précipité contient o,56i i d'oxide platitiiquc, 0,2002 d'acide sulfurique, et 0,2837 ^^ colle et d'eau : si celte analyse est exacte, la substance con- tient Pt S, combiné avec de la colle et de l'eau. Parmi les matières organitjues, on n'en connaît qu'une seule qui se combine avec la colle; c'est le tannin tant naturel qu'artificiel. Le tannin de la noix de galle donne avec la colle une combinaison si peu soluble, qu'une dissolution d'une partie de colle dans cinq mille parties d'eau est encore sensiblement pi'écipitée par l'infusion de noix de galle. Lorsqu'on mêle une dissolution plus 7 I O COLLE. concentrée, etassezchauclc pour qu'elle resfc liquide,avec de l'infusion de noix de galle, il se pi'odiiit un préci- pité blanc, caséiforme, qui, si l'on a ajouté un excès de tannin, s'agglutine en une niasse cohérente, élastique, plus ou moins foncée, et susceptible de se liquéfier par la chaleur, de manière à former une coucbe horizontale au fond du vase. Cette combinaison est insoluble dans l'eau et dans l'alcool, qui, tous deux, lui enlèvent un peu de tannin. Après la dessiccation , elle est dure, cas- sante, à cassure brillante, et facile à pulvériser. Elle se ramollit dans l'eau, et y reprend son aspect piimitif. Le tannin paraît se combiner avec la colle en plusieurs proportions définies. D'après IL Davy, loo parties de la combinaison fie colle avec du tannin de chêne con- tiejment 54 parties de colle et 4^ ^^^' tannin, ou loo de la première et 85,2 du second. Scliiebel, qui a ob- tenu presque le même résultat, ou 88,9 de tannin pour 100 de colle, dit que 100 parties de colle dissoute, pré- cipitées avec un grand excès d'une dissolution d'une partie d'extrait d'ëcorce de chêne dans 9 parties d'eau, se combinent avec 118, 5 parties de tannin. Lorsqu'au contraire il vint à mêler une dissolution très-étendue d'extrait d'écorce de chêne avec la dissolution de colle, sans pr'écipiter toute cette dernière, il se forma un pré- cipité qui se déposa lentement et qui , pendant la fîl- tration, bouchait les pores du jiapiei", à tel point que le li([uide restant ne passait plus qu'avec la plus gi-ande peine. Le précipité obtenu contenait sur 100 parties de colle, 59,^5 de tannin. La colle s'était donc com- binée dans ces précipités avec des (juantités diverses de tannin, qui sont entre elles connue i, i ^ et u. D'après les expérienc^es deBoslork, lOO parties de colle ne se combinenl cju'avec GG^i^ parties de tannin de chêne. La colle absorbe d'autres (|uanli!('s des autres sortes de tannin, mais jamais au-dessous de 60 |iour cent, lorsque la liqueur pr(*cipitée contient du tannin en excès. Le précipité obtenu avec la gonnne kino, devient rose à l'air, une partie du taïuiui combiné avec la colle se transformant en apothème. ^* COLLE. 7 1 I Il serait quelquefois important, pour les recherches relatives h la ciiiniie animale, de pouvoir séparer le tannin et la colle Tun de l'autre, mais on n'y parvient j)oint. Une dissolution étendue tant d'alcali caustique que de carbonate alcalin, extrait beaucoup de tannin, et laissé des masses gélafiniformes, mucilagineuses, gon- flées, qui, avec le secours de la chaleur, se dissolvent dans l'alcali, comme la colle. Après les avoir séparées, on trouve (jue l'alcali s'est emparé d'une certaine quan- tité de colle, et si l'on fait digérei- les masses en question avec de l'eau, celle-ci dissout un peu de colle, tandis que le reste se convertit en la combinaison lente à se déposer dont je viens de parlei- tout à l'heure. Mêle-t-on de l'alcool à la dissolution dans la potasse caustique, il se précipite une combinaison de potasse, de tannin et de colle. Un acide qu'on ajoute, précipite de nouveau la combinaison de colle et de tannin. Si l'on traite de la colle contenant du tannin, précipitée tout récemment, avec de l'alun, auquel on a ajouté de l'alcali, pour l)roduire la combinaison Al S'*, par de l'acétate ploni- bicjue, du cbiorure d'étain, du sulfate fcrri(}ue,ou d'autres sels métalli([ues, une partie du sel dissous se précipite en combinaison avec la colle chargée de tannin, tandis qu'une petite cjuantité de colle reste dissoute dans la li- queur, quT en prend l'odeur. La nouvelle combinaison est blancbe avec le sel aluininitjue et le" sel d'étain, d'un gris vert avec le sel j^lombique, et noire avec le sel fer- rique. Elle n'a point l'élasticité de la colle tannée, et après avoir été séchée , elle est dure, cassante et facile à pulvériser. Les combinaisons avec le sel d'étain et avec le se|- plondîicjue, enflammées en un point, continuent à brûler connn(^ de l'amadou, et sans répandre d'odeur animale. I.es acides avec lesquels on les met digérer, enlèvent les sels, et laissent la colle chargée de tan- nin. La composition chimique de la colle a été examinée par Gay-Lussac et Thénard. Ces chimistes ont opéré sur 7 la COLLE FORTE. COLLE DE POISSON. la colle de poisson; ils y ont tioiivé dans loo parties: Trouvi-. Atomes. Calculé. Nitrogène 16,988 a 16,12 Carbone 47^^81 7 l\Sfi6 Hydrogène 7,91/4 i4 7,94 Oxigène 27,207 3 27,28 Quoique le résultat du calcul s'accorde assez bien avec les données de l'analyse, il ne s'ensuivra pas que la composition de la Golle soit réellement telle, tant qu'on ne connaîtra pas le poids de l'atome de cette sub- stance, d'après sa capacité de combinaison;. cette connais- sance serait facile sans doute à acquérir, puisque la colle a la propriété de se précipiter avec tant de sels métalliques sous la forme de combinaisons insolubles et déHnies. On emploie la colle à divers usages dans les arts. Son emploi le plus général est pour coller le bois, le papier et autres objets semblables. On prend pour cela : 1*^ La colle forte préparée, comme je l'ai dit plus haut, avec les peaux et leurs rognures. C'est celle qui colle (e mieux. Pour s'en servir, on commence par» la ra- mollir avec de l'eau froide, que l'on décante ensuite, puis on la fait fondre sans y ajouter d'eau, et on la fait bouillir jusqu'à ce qu'il se forme une pellicule à sa surface. Lorsqu'on veut s'eit servir, on la fond au bain-marie et on chauffe les surfaces (|u'on veut coller ensem- ble, afin qu'elles ne solidifient pas de suite la colle par leur température inférieure h la siei^ne. On favorise l'ad- hésion par la pression exercée au moyen de presses \\ vis, jusqu'à ce (pie le collage soit au moins à moitié sec. 2° La colle de poisson (p. 668), qui forme une colle parfaitement incoloi-e et limpide comme de feau, sert dans les cas où il faut que la colle ne communi([ue point de couleur. On la ramollit d'abord dans de l'eau- de-vie, avec laquelle on la fait ensuite bouillir, jusqu'à ce qu'elle soit dissoute. L'eau-de-vie fait que la colle à l'état A.LTÉR\TION DE L\ COLLE, ETC. 7 1 3 de gelée se conserve mieux sans s'altérer; mais elle colle bien plus faiblement ([ne la colle forte, et comme elle est d'un prix, beaucoup plus élevé, il v a un grand avantage à la remplacer par cette dernière, qu'on épuise, connue je l'ai dit tout à l'heure, avec de l'eau dont la tempé- rature ne soit pas au-dessus de i4". La colle sert en outre à (îxer les couleurs à l'eau dans la peinture, et, mêlée avec de l'alun , à coller le papier. On l'emploie aussi connue aliment, sous la forme de ge- lées, qu'on prépare avec la corne de cerf, la colle de poisson, les pieds de veau. Elle entre comme partie es- sentielle dans le bouillon, et dernièrement on a essayé, maisavecpeu de succès, surtoiit dans leniidi de l'Europe, de s'en servir pour combattre les fièvres intermittentes. y-iltération de la colle par une èbiillitioii prolo/i- gée. Un des problèmes les plus difficiles de la cliimie organique est de connaître exactement les changemens survenus dans des matières organiques, lorsque, sans in- tervention d'aucun agent, sans nul dégagement de gaz, et sans formation d'aucun précipité, une substance dis- soute dans l'eau se convertit peu à peu eu plusieurs matièjes également solid^Ies , qu'iui hasard heureux seul pi'oeure aux chimistes les moyens de séparer les unes des autres et de la portion non encore décomposée du corps primitif. La colle nous offre un exemple de ce phénomène. Une masse transparente et en gelée de colle de poisson, contenue dans une bouteille hermétiquement bouchée, dont elle remplissait les quatre cinquièmes, fut,sixjom's de suite , chauffée chaque joui", pendant dix heiu'es , jus- qu'à environ 80°; chaque fois on la laissait ensuite re- froidir et reposer pendant quatorze heures. En reprenant la forme de gelée, elle devenait chaque fois de moins en moins ferme et prenait de la couleur : après le sixième jour, elle ne donnait plus de gelée. A cette époque elle était limpide, mais faiblement brunâtre. En ouvrant la bouteille, il y pénétra un peu d'air. Soumise à l'évaporation, la liqueur laissa une masse transparente, légèrement brunâtre, qui se dissolvait dans l'eau froide, 7 '4 DISTILLATION siCHE. sans commencer par se ramollir exactement comme une goninie. L. Gmelin renferma une dissolution de colle de pois- son dans un tube de verre soudé, et plongea ce tube dans un alambic où l'eau était chaque jour tenue en éhullition pendant huit heures. Le tube fut retiré et ouvert au bout de huit semaines, La liqueur était jaune comme dans l'origine, et elle ne se prenait point en gelée, même après avoir été concentrée davantage. Ayant été desséchée, elle laissa une masse solide, transparente, d un hrun-clair, qui se ramollissait à l'air, et y acquérait la consistance de la térébenthine. L'alcool anhydre lui en- levait une matière brune, déliquescente, exlractiforme, qui n était plus sensiblement précipitée par le chlore, mais qui, avec les sels détain, de plomb, de mercure et de platine, et avec le tannin, di)nnait à peu près les mêmes réactions que la colle. Par le nitrate mei-cureux on obtint un faible précipité blanc, et la li(|ueur surna- geante devint rose pendant la nuit. L'alcool aqueux à 0,833 enleva encore une autre matière également déli- quescente et extractiforme, et en laissa une troisième qui se comportait comme la colle, avec cette différence quelle ne se prenait plus en gelée; que, traitée par le chlore, elle ne donnait point de masse fibreuse cohé- rente, mais des flocons isolés; et que, par le nitrate mer- cureux, elle rougissait dans le courant d'une nuit. I^a matière extraite par l'alcool à o,833 ressemblait à un mélange des deux autres. G. Distillation seclie. J ai déjà fait connaître, dans la chimie végétale, les phénomènes généraux qui accompagnent ce mode de décomposition, en sorte que nous pouvons nous occuper sur-l(>-champ des produits, qui sont moins variés pour les substances animales que pour les substances végé- tales. Ces produits sont de l'eau, ordinairement saturée de carbonate ammonique, le même sel sublimé sous LIQUEUR ALCALINE ET SEL. 715 forme solide, des luiilesoinpyreumatiqiies h divers degrés de liquidité, do la pyréline et des gaz. Mais riuiile ein- pyreumatiqiie contieiil plusieurs corps qui, tandis qu'ils resseudîlent aux huiles empyreuinali(iues sous le rap- port d(; leurs caractères physiques, se placent parmi les bases sahfiables organiques en raison de leurs pro- priétés chimiques. I. La liqueur alcaline et le sel. ( Sel et esprit de corne de cerf des pharmaciens). L'un et l'autre sont mêlés avec de l'huile empyreumalicpu», qui les colore en jaune ou en brun; cependant on obtient quelquefois, dans ces distillations, le liquide alcalin incolore. On purifie le sel et on le décolore, pour les usages de la pharmacie, en le sublimant une seconde fois avec du chaibon animal. C'est une combinaison chimique de carbonate ammonique avec de l'huile empyreimiatique , ou plutôt avec un carbonate d'une des bases salifiables que je décrirai plus loin. On est obligé de la conserver dans des flacons de verre remplis et bien bouchés, parce qu'autrement l'huile se colore en jaune à l'air. Dans certaines pharmacopées, notamment celles d'Angle- terre, ce sel n'est considéré que comme du carbonate ammonique, de sorte qu'il y a été effacé de la liste des médicamens; mais c'est là liue grande erreur, attendu queriiuile empyreumatique purifiée, c'est-à-dire la base salifiable oléagineuse qu'il contient, contribue certai- nement à ses propriétés médicinales. Indépendamment du carbonate ammoni(jue et de l'huile empyreumatique , la lu|ueur alcaline contient un peu de sulfure ammonique, qui, par l'action de l'air, se convertit peu à peu en hvposulfile, sulfite et sulfate ammoniques, uni; certaine ([uantité de lésine pyi'oge- née, et des quantités variables, suivant les matières ani- males, d'acétate ammonique, dont elle n'est vrai- semblablement jamais exempte. La résine pyrogénée peut être enlevée en grande partie par le charbon animal. La liqueur et le sel sont employés tous deux comme 7^6 HUILE EMPYREUMATIQUE. médicamens internes. Le nom d'esprit et de sel de corne de cerf provient de ce qu'autrefois on employait de. préférence la corne de cerf pour les obtenir, parce qu'elle ne contient point de graisse. Aujourd'liui on prend fréquennnent pour cela des os qu'on débarrasse de leur moelle, avant de les distiller, en les faisant bouillir dans de l'eau. Les huiles empyreumatiques de la graisse sont tout-à-fait différentes de celles des autres matières animales, et elles en changent complètement les propriétés quand elles se trouvent mêlées avec elles. 1. V huile cmpjreumatiqae { oleum cornu cervi) est plus généralement connue sous le nom d'huile animale de Dippel, parce que ])ippel l'a obtenue le premier à 1 état de pureté. Celle qui passe d'abord est d'un jaune ])âle; mais elle se colore de plus en plus pendant le cours de l'opération, s'épaissit, finit par devt^nir noire et visqueuse, et tombe au fond du liquide qui distille avec elle ; en la i-edislillant avec de l'eau, elle se ))uri- fie, et passe tout à fait incolore : il reste une résine pyrogenée, contenant un peu d'huile. Cette résine n'a pas été examinée. L'huile rectifiée est limpide comme de l'eau, très-flnide et très-volatile. Elle a une odeur pé- nétrante et une saveur brûlante; l'air et la lumière l'al- tèrent plus aisément que d'autres huiles empyreuma- tiques; sous leur influence, elle devient épaisse, jaune, brune, et enfin noire. Rosenberg prétend qu'elle se conserve mieux quand on l'a distillée avec la moitié de son poids de charbon en poudre. L'huile rectifiée réagit à la manière des alcalis, et comunique aussi cette propriété à l'eau. L'alcool la dissout; elle s'enflannne quand on y verse de l'acide nitricjue concentré, l^'acide nitrique étendu la convertit en résine. Elle se dissout abondamment dans l'acide hydrochlorique avec lequel on la met eu digestion, et elle en est précipitée pai- les acides sulfuricpie et nitrique, sous la forme d'une résine brune. Les alcalis la précipitent aussi, mais l'eau ne la précipite point. Elle forme avec les alcalis des combi- naisons qui n'ont point été examinées. ODORIINE. 'jin Unverdorben a trouvé dans cotte liulle cinpyicimia- tique jusqu'à quatre bases salifiables huileuses, qu'il a appelées odorine, animiue, olaninc et anunoliue. a) V adonne (du mot latin oclor, odeur) se trouve contenue, avec de l'animine et de l'olanine, dans Thuile de Dippei rectifiée, qui est composée de ces trois bases et d'ammoniaque. On sature exactement cette dernière avec de l'acide nitricjue, de manière à fliire disparaître les propriétés alcalines de l'huile; ou ue doit pas ajou- ter plus d'acide qu'il n'en faut pour cela. On décante ensuite l'huile, et on la distille au bain marie, sans y ajouter d'eau. Ce (jui passe d'abord est de l'odoiine; de temps en temps on essaie le produit, et pour cela on en laisse tomber une goutte dans de l'eau. Tant qu'il se dissout, il ne consiste encore qu'en odorine; mais dès (pie la goutte trouble l'eau, c'est une preuve que l'ani- mine commence à distiller. On change alors le récipient, afin de ne point altérer la piu'eté de l'odorine qui a passé jusqu'aloi's. En continuant à distiller jusfju'à ce qu'il reste environ un vingtième de l'huile dans la cornue, on obtient un mélange d'odorine et d'animine; le dernier vingtième est un mélange d'animine et d'o- lanine. L'odorine a les propriétés suivantes : c'est un corps huileux, incolore, qui jouit d'un grand pouvoir léfrin- gent. Elle a une odeur particulière et désagréable, différente de celle de l'huile de Dippei, et une saveur cor- respondante à cette odeur, mais en même temps brû- lante. Elle rétahlit la couleur du papier de tournesol rougi, ne se fige pas à — aS", et bout à environ loo''. Elle est soluble en toutes proportions dans l'eau, l'alcool, l'éther et les huiles volatiles. Elle se combine avec les addes, et produit ainsi des sels. Elle dissout les résines, et les dissolutions se déconjposent par la distillation avec de l'eau. Elle se combine aussi avec diverses matières extractives, et d'une manière assez intime pour que la distillation ne puisse pas l'en séparer; mais ces com- binaisons sont décomposées par des bases saiifiablcs plus -718 ODORINE. fortes. Sa composition et sa capacité de saturation n'ont point encore été étudiéi s. Les sels 0(lori([ues se distinguent en ce que tous se présentent sous forme de corps olé.igineux. Us ont peu de stabilité. I^es sels neutres perdent de l'odorine qui se volatilise, et il l'este ou un sursel ouméme l'acide seul, s'il est faible et fixe, l^es sels que l'odorine pro- duit avec des acides volatils forts, par exemple avec les acides nitrique, bydrocblorique et acétique, passent en partie à la distillation avec de l'eau. Presque toutes les autres bases cbassent l'odorine doses combinaisons avec les acides. Ces sels n'ont point encore été examinés avec l'attention que mériterait un sujet d'un inléiêt i-éelle- ment si grand. Sulfate odoîique. Si l'on mêle de l'acide sulfuri(jue aqueux concentré avec plus d'odorine qu il n'en peut saturer, le mélange s'écbauffe au pomt d'en- trer en ébullilion; leselneuîre se précipite sous la forme d'une buile plus dense, au fond de l'odorine en excès, qui ne le dissout point. Il est très-soluble dans l'eau. Lorsqu'on distille la dissolution, ou (ju'on Tévapore, il reste du sursulfate otlorique, dont les propriétés n'ont point été décriles. Le sulfite odorique se foi-me quand on fait absorber du gaz acide sidfureux par fodorine: il se produit, avec dégagement de chaleur, un sel huileux qu'on peut distiller sans qu'il subisse aucun change- ment, qui est soluble dans l'eau tn toutes proportions, et qui se convertit en sulfate à l'air. Les acides le décom- posent, avec dégagement de gaz acide sulfureux, he nitrate odorique est une huile qu'on peut distiller, mais qui subie une décomposition partielle pendant le cours de l'opération. Le produit de cette dernière est un mélange de nitrate et de nitriteavec une huile empyreumati(]ue, elle résidu contient, outre du sel non décomposé, luie substance extractiforme et raie résine soluble dans la potasse. Le carhormte odorique est une huile volatile. Le borate et le henzoate o doriques ^ exposés à fair , abandonnent leur base dont les acides ne retiennent qu'une petite quantité avec opiniâtreté. On n'est pas par- ODORINE. 1710 venu à combiner rodorine avec l'acide arsenieiix. \]Jiy- drochlorate odoriqiie se produit quand on lail absorber le gaz acide bydrocblorique par la base. CA'st une buile incolore, qui ne se fige point encore à — 2Ô", passe à la distillation sans avoir subi aucun cliangcnient, et se dissout aisément dans l'eau. Si l'on fait arriver ^v, gaz cbloie dans de l'odorine, celle-ci est décomposée : il se forme de l'iiy- drochlorate odorique, et la masse se convertit en un liquide épais et jaune, d'oî^i l'eau exti-ait le sel, en lais- sent un magna jaune; deux tiers de l'odorine produi- sent ce corps, et un tiers se combine avec l'acide. Le corps jaune non dissous se dissout en partie dans la potasse, d'où il est précipité parles acides, sous la forme d'unepoudre d'un jaune-brun. La portion insoluble dans la potasse est une substance résinoïde, fusible, et soluble dans l'acide sulfurique concentré. Dans celle expérience, par conséquent, deux tiers de la base ont abantlonné leur bydiogène au cblore pour produire de l'acide bydro- cblorique; mais il est à regretter qu'on n'ait point fait d'expériences comparatives avec une dissolution d'odorine dans l'eau, qui auraient été certainement d'un giand in- térêt. \J hydriodate. or/o/v'^Meest d'un jaune-brun quand on l'a préparé avec de l'iode et de l'odorine, et soluble dans l'eau, l'alcool et l'étber ; si l'on distille sa dissolution aqueuse, il passe une portion de l'odorine, et reste un sursel. Les produits de l'action de l'iode sui- l'odorine ne ressemblent point à ceux du cblore. Il se forme ime substance pulvérulente, brune, insoluble, et un corps extracliforme, soluble dans l'étber, et précipitable par les sels plombiques et argentiques. Les sels odoriques doubles ont plus de fixité , et offrent davantage les caractères des sels. Le sulfate cuivrique est dissous par l'odorineavec une couleur bleue intense; mais un sous-sulfate cuivriqne reste, d'où il suit que la dissolution contient un sulfate odorico-cuivrique , ou une combinaison de sulfate odorique et de sulfate cui- vriqne. Soumise à l'évaporation , elle donne un sous-sel double, qui est vert, et d'où l'excès d'odorine finit ']10 ODORINÉ. par se volatiliser. L'acétate cuivrique se comporte rie la même manière. Q'.iaiul on mêle la dissolution aqueuse de ce sel avec de l'odoriiie, il ne se produit pas de pié- cipité, et eu abandonnant la liqueur à l'évaporation spontanée, à mesure (jue l'odorine excédante se vola- tilise, il se dépose \m\ sous-sel double, en cristaux d'un vert herbacé, qui ne perdent point leur odorine à l'air. Ce sel est soluble dans l'eau et l'alcool, inso- luble dans l'éther. Distillé seul, ou à l'état de solution aqueuse, il donne d'abord de l'odorine, puis de l'acé- tate odorique, et il reste dans la cornue une dissolution d'acétate cuivrique neutre, n^élé avec l'acétate surbasique brun qui s'est précipité. INi V oxide cuivrique^ ni le car- bonate cuivrique ne sont dissous par l'odorine. Si l'on mêle une dissolution de chlorure mercurique .ivec de l'bydrochlorate odorique, ces deux sels se combinent en- semble, et, en évaporant la li(pieur, il se précipite une huile, limpide connue de l'eau, qui est un sel double, inaltérable à l'air. Quand on mêle la dissolution aqueuse du chlorure uum curicpje avec une dissolution d'odorine, un sôus-sel se précipite sous la forme d'une poudre cristalline, qui est soluble dans lo parties d'eau bouil- lante, et qui cristallise en grande partie par le re- froidissement de cette dernière. On ne peut point le faire bouillir, pai'ce qu'alors l'odorine se volatilise avec les vapeurs aqueuses, et qu'il ne reste plus que du chlorui'e. Le sel aidiydre se comporte de la même ma- nière. Il est soluble dans l'alcool et dans l'éther, et se décompose peu à peu à l'air. Lorsc[u'on \w^t\ç^ àw chlorure aiiriqae avec de Thydrochlorate odorique, il se pré- cipite un sel double en cristaux déliés, jaunes, solu- bles dans vingt parties d'eau bouillante, et dont la plus grande partie se précipite par le refroidissement. La dissolution aqueuse de ce sel rougit le papier de tour- nesol. Il est plus soluble dans l'alcool que dans l'eau, et insoluble dans l'éther. Il est fusible, mais se décom- pose aisément lorsqu'on le fond, avec formation d'hjdi'O- chlorate odorique, de gaz chlore et d'or métallique. Comme ANIMINE, - '721 il est ciUiorcinent inalléi-ahUî à l'air et inodore, mais (jiie les alcalis eu liéyagent do j'odorine, il paraît pouvoir très-bien servir à la détermination de la capa- cité de saturation de Todorine. Les acides étendus le dissolvent à l'aide de l'ébullition, comme l'eau chaude, et il s'en précipite par le refroidissement, sans avoir subi d'altération. Quand on mêle de Todorine avec du chlo- rure aurique, il se précipite une poudre saline jaune, (|ui est un sous-sel double, presque insoluble dans l'eau, et légèrement soluble dans l'eau bouillante , delaquelle il se précipite en grains par le refroidissement. Il est inal- térable à l'air, et fond sans se décomposer; après le refroidissement, il est jaune et transparent. Exposé à une plus forte chaleur, il abandonne de riiydrochlorate odori- que (pii passe à la distillation, et laisse de l'or métallique avec quehpies autres produits de décomposition. L'a- cide nitri([ue ne le dissout qu'avec j^eine, même à l'aide de rébullition. Le chlorure plcitiiiiqae donne, avec l'hydro- chlorate odoricpie, un sel double cristallisablc en beaux cristaux jaunes, et solubles dans quatre parties d'eau. Avec l'odorine seule il forme un sous-sel peu soluble, qui se précipite sous la forme de poudre. L'eau bouil- lante en dissout une petite quantité, qui se dépose par le refroidissement. Ces deux sels doubles se comportent avec les réactifs comme les sels auriques correspon- dants. ^.) Animiiie {de animal). On l'obtient lorsque, dans la distillation que j'ai décrite précédemment, l'odorine cesse de passer seule. Le mélange des bases qui passe à cette épo(pie est agité avec de petites quantités d'eau, qui dissout l'odorine, en même temps qu'un peu d'animine: on peut ensuite extraire l'odoruie, en sursaturant la dissolution avec l'acide sulfurique, évaporant la dis- solution et distillant le résidu avec une base. L'animine reste sous la forme d'une huile. Elle a vme odeur parti- culière, la même que celle qui caractérise le sel de corne de cerf purifié. Elle exige vingt parties d'eau froide pour se dissoudre, mais en demande bien davan- VII. 46 'J1Ù. OLANINE. tage d'eau chaude, ce qui fait que la dissolution devient laiteuse quand on la chauffe, à cause de l'animine qui se dépose, et reprend sa linipulité par le l'efroidissenient. La dissolution colore en bleu tirant surle violet lepaplerde tournesol rougi. L'aninilnese dissout en toutes proportions dans l'ah^ool, l'éther et les huiles. On ne connaît ni sa composition, ni sa capacité de saturation. Elle va de pair à peu près avec l'oclorinc quant à son degré d'affinité. Ses sels ont été peu étudiés. Ils sont huileux comme ceux d'odorine, mais beaucoup moins solubles dans l'eau. I.e suJ/ate animique eii oléagineux et peu soluble. Quand on le fait bouillir avec de l'eau, une partie de la base se volatilise, et d reste un sursel soluble en toutes pro- portions dans l'eau et l'alcool, qui ne change^ plus par l'effet d'une éhullition prolongée. Le beiizoate a/ii- mique v.?>\. peu soluble dans l'eau froide et plus soluble dansleau bouillante, jjar la(|uellell (St moins aisément dé- composé que le benzoate odoi'icjue. \^ hjdrochlorate ani- nijqueîonxm des sels doubles avec les chlorures cuivrique, auriqueet platinique. Le sel mercuriquese présentesousla formed'une hulleincolore, et le sel auriquesouscelled'une huile brune; le sel platmlcjne cristallise; tous sont peu solubles dans l'eau. c.) Olaniiie (des premières syllabes des mots oJeuin animale ). Cette base salifiable constitue le vingtième qui resie dans la cornue, et dont j'ai déjà parlé précé- demment. Si on l'agite avec vingt partiesd'eau à la fois, ou mieux, à quatre reprises différentes, avec cinq fols son poids d'eau, celle-ci extrait ranimlne ((pi'on peut ensuite retirer de la dissolution.) et l'olanine resle sans se dissoudre. Elle constitue mi liquide huileux, un peu épais,S(inl)lableh une huile grasse. Elle aune odeur particulièrequi n'est point desagréable, exerce une réaction alcaline à peine sen- sible sur le |)apler de tournesol rougi, brunit insensi- blement à l'air, et se converlit en une matière (|ue je décrirai plus loin, à la(|iielle Unverdorben a doimé le nom de fascine. Peu soluble dans l'eau, elle se dissout en toutes proportions dans l'alcooi et Téther. Ses sels sont OLANINF. ^23 tous liiiilenx , et, d'après Unverdorben, so comportent absoimnciit comme ceux crodoi-iiic. Cependant nous nuuHjUons encore de détails à leur égard, et il n'y a que qnelcjues-uns do ses sels doubles (|u"on ait étu- diés. \A^chlorurpffrriqne forme avec riiydrocldorate ola- niqiieunsel huileux double d'un brun-foncé, cjui est sol uble dans (\i^\.\y. parties d'eau froide, inais qui en exige le double d'eau bouillante pour se dissoudre : aussi, lors(|u'on chauffe jusqu'à l'ébullition la dissolution saturée dans l'eau froide, le sel buileux se dépose en quantité tou- jours croissante, de sorte qu'à ioo° il s'est formé deux couches de liquide, qui se réunissent de nouveau par le r(^froidissenient. Ce sel n'est décomposé ni par l'ébullition ni par les acides. Il est soluble dans l'huile deciimin ,et l'eau nes'emparealors dusel double qu'à l'aide de rébulbtion et à mesure que l'huile s'est volatilisée. Le chlorure niercuriqne et l'hydrochlorate olanique forment une combinaison huileuse incolore. L'olaninese combine avec le chlorure mercurique, en produisant un sous-sel double, peu solubie et de couleur jaune, qui est fusible et ressemble à une résine. Ce sel a besoin, pour se dissouch'e, de mille parties d'eau bouillante, et il se précipite de cette dissolution sous la forme cristalline. Il ne se décompose point par l'ébullition , et il est insoltdîle dans l'alcool. Ces deux circonstances permettent de débarrasser l'ola- nine des dernières t races d'odori ne et d'à ni mine, bases dont le sous-sel double est solidjUnlansTalcool et deeompoî.able par l'ébullition. Avec le cltloriux' ciurique l'hydrochlorate olanicjue forme un sel double neutre, d'un brun-foncé, qui est peu soluble dans Teau froide, qui l'est davantage dans l'eau boni I la nte, et qui se dissout en ton t<'s proport ions dans l'alcool et l'éther. Lorsqu'on fait bouillii' long-temps ce sel avec de l'eau, un peu d'or se réduit. Un sous-sel double se forme avec le chlorure aurique et l'olanine; il ressemble à une résine; il est dur, brun, insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool. Si l'on verse de l'acide liydroclilori(|ue dans cette dissolution, le sel devient neutre; sans alcool, cet effet n'a lieu que très-difficile- /,6. h-i^ AMMOLINE. ment. Avec le chlorure platiiiique l'olanine forme un sel double neutre, quia l'apparence du goudrou , et qui est plus soluble dans l'eau que le sel d'or corres- pondant; il est très-soluble aussi dans l'alcool, mais insoluble dans l'éther, r/.) Ammoliiie. (Des premières syllabes cC ammonia- cum et croleunï). On ne l'obtient que de Tluiile empy- reumatique non rectifiée. Voici quel est le procédé qu'Unverdorben prescrit de suivre pour se la procurer. On verse de l'acide sulfui'iqiie étendu dans l'huile ani- male de Dippel non rectifiée, jusqu'à ce qu'il ne se pro- duise plus d'effervescence, et quand celle-ci cesse on y ajoute encore une égale quantité d'acide : puis on laisse le mélanf^e digérer pendant quelques heures, en le re- muant souvent. Après que la liqueur 'et Tbuile se sont séparées l'une de l'autre, on décante la première, et on lave l'huile avec de l'eau qu'on ajoute à l'autre liqueur. Celle-ci contient alors des sursels des trois bases pré- cédentes et d'ammoline, saturés d'huile empyreumatique dissoute. On cherche à séparer cette dernière en faisant bouillir la liqueur pendant trois heiu-es dans un vase ouvert, et remplaçant l'eau à mesure qu'elle se vapo- rise. P;"' ce traitement, une partie de l'iiuile se volatilise, et une autre se sépare sous la forme d'une résine pyro- génée brune. On mêle la liqueur, qui alors est devenue brune, avec un quarantième d'acide nitrique, et on l'évaporé jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que le quart. Alors on y ajoute de l'eau pour la ramener à son volume primitif, et après l'avoir saturée à peu près, mais non complètement, avec du carbonate sodique, on distille jusqu'à ce que le produit n'ait plus l'odeur d'odorine ou d'animine (i). Ce qui reste ensuite dans la cornue est un mélange de sulfate annnonique et de sulfate ammo- (i) On sature le produit de la distillation avec de l'aride snlfn- rique en excès, on l'évaporé, et on sépare ensuite les deux bases par la distillation avec de la chaux. Dans toute cette opération, ÎJuverdorhen n'a pas dit un seul mot de ce que devient l'olanine. AMMOLINE. 7^5 li(Hie. Après l'avoir retiré de la cornue, ou salure com- plètement l'acide sulfiu-ique avec du carbonate sodique, et ou évapore la liqueur : du carbonate anunonicpu^ se dégage, et il se S(>j)are une huile brune. On distille celle luiiie avec circonspection; ce qui passe est de l'ammo- line, contenant une huile empyreuniaticpie d'odeui' de raifort, un peu d'ammoniaque, etc.; il reste dans la cor- ime de la fuscine. Le produit de la distillation est bouilli avec de l'eau, qui dissout une portion de l'huile pyrogénée (elle est soluble dans vingt parties d'eau), dont une autre partie se volatilise dans la vapeur d'eau, avec de l'ammo- niaque et d'autres substances étrangères. L'ammoline qui reste après l'ébullit ion avec l'eau est un corps huileux inco- lore, qui tondjeau fond de l'eau, et bleuit fortement le pa- pier de tournesol rougi. Elle est si peu volatile que, quand on la fait bouillir avec de Tean, elle se volatilise peu, ou même pas du tout. Elle est soluble dans quarante par- ties d'eau bouillante et deux cents d'eau froide. La dissolu- tion peut être évaporée de manière à laisser pour résidu l'ammoline. Celle-ci est dissoute en- toutes proportions par l'alcool et l'éiher. Le chlore la décompose , et il se produit par là, outre de l'hydrochlorateammolique, del'a- nimine, de la fuscine et une matière extractiforme. L'ammoline a beaucoup de tendance à se combiner avec les matières extractives et les résines. C'est la plus forte des quatre bases salifîables dont je parle en ce moment. Par l'ébullilion, elle chasse l'annnoniaque de ses sels, ce qui dépend sans doute de l'inégale volatilité de ces bases ; mais même un excès d'ammoniaque ne précipite des sels ammoliques qu'une petite quantité d'ammoline. Les sels anunolicpues sont huileux, solubles en toutes propor- tions dans l'eau et l'alcool, et insolubles dans l'éther. Ceux que l'ammoline forme avec des acides faciles à dé- composer, pxv exemj)le, le sulfate et le nitrate ammo- liques, subissent une décomposition partielle à la distil- lation, et donnent de l'ammoline libre, qui passe mêlée avec les produits de la décomposition. L'acétate et l'hy- drochlorate ammoliques peuvent être distillés presque ea 726 FUSCINE. totalité sans qu'ils se décomposent. Avec les acides suc- ciiiiqiic et beiizoïquc, rainmoline forme des sels huileux, qui n'abandonnent point leur base (juand on les cbauffe. Les sels doubles de cette base n'ont point été examinés. En soumettant à un autre traitement l'buile de Dippel non rectifiée, Unverdorben en asépai'é d'autres substan- ces encore, parmi lesquelles celles (|u'il a appeléesy//.f67/ze et acide pjruzoïque ( de "(coixoç , animal ) méritent surtout d'être rapportées. Pour obtenir ces substances, on mêle i partie d'huile de Dippel non Vectifiée avec \ d'hydrate potassique et 6 parties d'eau, et on distille le mélange avec ménage- ment, sans quoi il y a de forts soubresauts. Les bases vo- latiles et l'huile empyreiunaticpie passent dans le réci- pient , et il reste dans la cornue une dissolution alcaline surnagée par une substance visrjueuseet poisseuse; la pre- mière contient l'acitle pyrozoïque, et la seconde la fuscine. Fuscinc i^i\e fusciis, briui). En traitant la substance qui ressemble à de la poix par l'acide acéti(|ue, une partie s'y dissout. Ce qui s'est dissous est précipitable par les alcalis, et lorsque après avoir fait sécher le pré- cipité brun, on le traite par l'alcool anliydie, il se résout en deux substances, dont l'une est dissoute par l'alcool. C'est celle-là que Unverdorben appelle fuscine. Après avoir évaporé l'alcool, on l'obtient sous la forme d'une masse brune et fendillée. Elle est insoluble dans l'eau. IjCS acides la dissolvent, et les dissolutions laissent, quand on les évapore, des masses brunes fentliilées, qui sont solubles tant dans l'eau que dans l'alcool aqueux, et qui, sous forme solide, n'éprouvent aucune altération de la part de l'air. Cependant les acides suc- cini(]ue et benzoïque font excep^tion, leurs combinai- sons avec la fuscine étant insolubles dans l'eau. Lors- qu'on mêle une de ces dissolutions avec de la potasse, il se précipite de la fuscine qui, après avoir été lavée et séchée,alafornied'uncpou(!rebiinie.Ceitepoudrenefond pas fpiand on la chauffe, mais se clufrbonne et répand l'odeur de la corne brûlée. Soit à i état sec, soit à celui ACIDE PYROZOIQUE. 727 (le (lissoliifioii clans les acides, la Aiscine s'oxide peu à peu el (leviont louge. Les dissolutions eonticiuient alors la même substance que celle cpie l'alcool laisse sans la dissoudre quand on exti-ait la fuscine, et qui peut également se comhinei' avec les acides. Mais ce n'est là qu'un point de transition, et le changement finit par faire tant de progrès qu'il se produit enfin une matière brune, pulvérideute , insoluble dans tous les dissolvants. La fuscine, la substance transitoire rouge et cette substance insoluble se forment toutes trois lors- que l'huile de Dippel rectifiée noircit à l'air. La portion de la substance semblable à de la poix, et insoluble dans la potasse fpie l'acide acétique laisse sans la dissoudre, donne, lors(|u'on la distille à part, uiu' certaine cjuantilé d'huile enq^yreumaf ique, (jui est moins volatile (|ue l'huile de Dij)pel rectifiée, et laisse une sorte de résine pyrogénée que l'élher, l'alcool, la potasse et les acides résolvent en plusieurs corps of- frant trop peu d'intérêt en ce moment pour que je m en occupe ici. U acide pjrozoïque s'obtient de la lessive potassique qui reste après (pion a distillé l'huile de Dippel. On étend d'eau cette hîssive, et on l'évaporé à plusieurs reprises, pour en séparer toute riiuile empyreumatique qui y reste. Dès cju'elle n'exhale plus Todeur de cette huile, on la mêle avec de l'acide sulfuric[ue ('tendu , jusqu'à ce (|u'il ne se |)récipile plus de masse semblable à du gou- dron. Ensiiiie on distille le mélange dans une cornue muine d'un récipient , et lorscpie la licjueur commence à se concenirer dans la cornue, on y ajoute de l'eau, que l'on renouvelle, en continuant à distiller jusqu'à ce qu'il ne passe plus d'iunle volatile avec les vaj)eurs aqueuses. C'-ette huile volatile est l'acide pyi'ozoïque d'Unverdorben. Elle est d'un jaune pâle, très-fluide, d'une odeur piquante et empyreiunatique. D'après Un- verdorben; c'est à elle que les huiles pyrogénées -doivent leur odeur empyreumatique, motif pour lequel il lui a donné le nom de pyrozoïque. Il adiiiet aussi des 7^8 ACIDE PYROZOIQUE. adirés pyrophytiques ( nom tiré de (puTixo; , végétal ) pour les huiles pyrogénées végétales (i). On doit conserver cet acide dans des flacons bien bou'chés et qui en soient remplis, parcequ'il se décompose aisément sous l'influence de Tair, en devenant brun, puis enfin noir et épais. Ses vapeurs rougissent le papier de tournesol. Il est peu ou point soluble dans l'eau, mais se dissout en toutes proportions dans l'alcool, l'éther et les huiles volatiles. Les acides étendus ne le dissolvent point. C'est un acide tellement faible qu'il ne peut pas décomposer les carbonates alcalins, même par l'ébullition. Ses sels cristallisent diffici- lement. Leurs dissolutions se décomposent peu à peu sous l'influence de l'air, et se transforment en butyrates, en déposant une résine. Cependant Unverdorben ne rap- porte pas une seule des expériences sur lesquelles il fonde son opinion que l'acide ici produit est précisément de l'acide butyrique. Le pyrozoate potassique se forme quand on dissout l'acide jusqu'à salurdtion dans de la potasse caustique. Si, pendant l'évaporation de la li- queur, on ajoute un excès d'acide, on obtient d'abord un sirop, puis des cristaux déliés, et enfin une masse sèche, blanche, fendillée. Cette masse supporte une forte chaleur sans se décomposer, mais elle finit par devenir noire, et l'eau en extrait alors du butyrate potassique, ^^epjrozoate calcique est soluble dans(|uinze fois son poids d'eau, et par l'évaporation il se sépare en partie sous forme de pellicule, en partie sous celle de poudre, he pyrozoate cuivrique se précipite par voie de double décomposition , sous forme d'une poudre d'un vert-clair. 11 est peu soluble dans l'eau, à laquelle il communique une teinte verte; mais il se dissout mieux dans l'alcool, Téther, les huiles grasses et les huiles volatiles. Les alcalis en séparent un sous-sel brun. (i) On les prt'pare avec los huiles pyi'ogénées végétales non rectiliécs, en suivant le même piocédé absolument que pour les huiles pyrogénées animales. ACIDli: PYROZOIQIII'. 72g A la distillation sèche, il donne j)rès do la nioilié de l'acide non altéré, plus de l'odorine, un peu d'acide hutyi'i(|ue, et une substance brunâtre, soluble dans la potasse, l'a^ nde pjrozoi'qKe se conil/uie avec la f'uscine, et produit ainsi un coips brun , insoluble, cKoii la potasse extrait l'acide, en laissant la fascine. Ce qui reste après (jue, par la dislillatlon, on a sé- paré l'acide de la substance semblable à du goudron précipitée de la lessive alcaline, se compose en partie d'une résine pyrogénée non dissoute, en partie d'une dissolution brune, qui , après avoir été neutralisée exac- tement avec du carbonate potassique et évapoiée à sic- cité, abandonne à Talcool une substance brune, dont une portion est précipitée en noir par le chlorure fer- rique, tandis qu'une autre portion reste en dissolution. Les alcalis se combinent avec la substance dissoute, et de là résultent des composés soluhles et cristalhns; les combinaisons que cette substance forme avec les terres et les oxides métalliques sont insolubles. D'après Unverdorben, on obtient l'huile pyrogénée animale exempte des corps étrangers, basiques et acides, qu'elle renferme, en la distillant d'abord, comme je l'ai déjà dit, sur une dissolution de potasse causti- que; après avoir agité avec de l'acide suifurique et de l'eau le produit de la distillation , qui renferme les bases volatiles, on le distille avec un excès d'acide étendu, qui relient les bases, et Thuile volatile passe seule. Il faut, en exécutant cette opération, éviter tout renouvelle- ment d'air dans les vaisseaux. L'huile qui passe a une tout autre odeur que l'huile de Dippel rectifiée; elle s'altère avec tant de promptitude à l'air, que déjà, au hout de quelques heures, elle est devenue brune, et qu'elle s'y dessèche en une substance semblable à une résine, avant de pouvoir se volatiliser. L'huile de Dippel rectifiée paraît être composée de cette huile tenant en mélange ou en dissolution les trois premières bases hui- leuses. Unverdoiben, le seul qui ait examiné cette huile à l'état d'isolement, dit que quand elle se décompose ^3o CRISTALLINE. spontanément, il se forme une liuile moins volatile, de l'odorine, de la fiiscine, les deux degrés d'alléralion de cette dernière, des résines en partie soiubles et en partie insolubles dans la potasse, et beaucoup d'acide pyrozoïque^ avec le(juel fodorine reste en cond^inaison jusqu'à ce qu'elle devienne libre pai' la décomposition spontanée de l'acide. L'acide sulfuricpie la cliarbonne et la détruit : l'acide nitrique la convertit en substances résinoïdes. L'huile pyrogénée obtenue des substances vé- gétales nitrogénées est la même que l'huile pyrogé- née animale, ou du moins s'en rapproche beaucoup. Le gluten et l'albumine végétale donnent la même huile pyrogénée que les matières animales. Mais Unverdorbeii a obtenu de l'indigo une huile empyreumatique d'une odeur particulière non désagréable, dans laquelle une base huileuse était contenue ou se formait par le con- cours de l'air. 11 a doinié à cette base le nom de cris- talliiic. Cristalline. Ce nom lui a été imposé parce qu'elle a la propriété de former avec les acides des sels sus- ceptibles de cristalliser. On l'extrait de l'huile, au moyen de l'acide sulfuriqtie, et on la sépare ensuite de l'acide par la distillation avec une autre base. C'est un corps oléagineux, incolore, qui tombe au fond de l'eau. Son odeur est forte, et ressemble un peu à celle du miel frais. Elle ne réagit pas sensiblement à la ma- nière des alcalis, est peu soluble dans l'eau, mais peut être distillée avec elle. A l'air, elle devient rouge en se décomposant, et ensuite elle se dissout dans l'eau, en lui coiimiiHîi([uant une couleur jaune. Le sulfate cris- tallique , soit neutre, soit acide, cristallise; \\ passe ai- sément à l'état de sursel pendant l'évaporation. Il est insoluble diuis l'alcool anhydre. Sa dissolution aqueuse brunit peu à peu, et contient alors du sulfate fuscique. Le sur-sulfate crislallicpie fond quand on le chauffe, et se pi end par le refroidissement en une masse cristal- line. Chauffé avec plus de force, il se décompose avec CRISTALLINE. "731 formation du sulfite cristalli([iie, de sulfate otlorique, et (1 une grande (juantilé de sullilc aiiinionicjue : le ehar- boii restant hi ûle sans résidu. Le phosphate cristal- lique crislallise aisément lorsqu'il est neutre; mais le sursel ne cristallise pas. L'alcool en sépare des cristaux, en enlevant l'acide excédant et l'eau. Unverdoihen a aussi obtenu des feuilles de tabac une base salifiable volatile soluble dans l'eau, et qui se dis- tille plus difficilement avec l'eau que l'odorine. Cette base a une saveur acre, et une odeiu* désagréable qui porte à la toux. Elle paraît avoir peu de stabilité; car, après avoir été saturée avec de l'acide sulfurique, elle se convertit par lëvaporation en odorine, fuscine et am- moniaque. Les bases et acides volatils dont je viens de par- ler, et qui sont produits par la distillation sèclie, mé- ritent un examen plus approfondi. Leur découverte fait sans doute beaucoup d'boiineur à la sagacité d'Unver- dorben; mais les recberebes de ce cbimiste ne sont pas aussi complètes, ni ses descriptions aussi claiies qu'il serait à désirer dans un sujet de si liante impor- tance. Elles sont en outre surcliargées de détails c|u'on peut difficilement, même avt-c les plus grands efforts d'attention, classer de manière à s'en former une idée claire et nette. Les assertions d'Unverdorben ont été soumises, par Reicbenbacb, à une critique dans lacjuelle il s'est effoi'cé de démontrer que les bases liuileuses n'existent pas, ou du moins ne doivent leurs propriétés basicjues qu'à de l'ammoniaque. Comnie je possède de l'odorine et de l'animine préparées par Unverdorben , qui ont les pro- priétés indiquées pai- ce cbimiste, je ne puis pas douter que ses assertions ne soient exactes en général. Quand même on parviendrait à démontrer que toutes les ba- ses d'origine organique contiennent de l'ammoniaque, elles ne cesseraient pas pour cela (fétre des combinai- sons partic^ulières extrêmement intéressantes. Les produits de la distillation de la graisse animale 732 CRISÏALLIISE. sont les mêmes que ceux des huiles végétales, à cela près seulement que certaines graisses peuvent former en outre des acides gras volatils. Je renvoie donc pour ce sujet à ce que j'ai dit, tom. VI, pag. 698. Les graisses susceptibles de résister à la décomposi- tion que lleichenbach a découvertes dans les huiles pyrogénées végétales , existent aussi dans l'huile pyro- génée animale; mais outre la paraffine et l'eupion, il en a encore ti-ouvé dans cette dernière une troisième , qu il compare à la choléstérine. 11 prescrit de prendre de l'huile de Dippel non rec- tifiée, et de la distiller jusqu'à siccité dans une cornue. On rectifie le produit. Le premier tiers , qui forme une liuile très-coulante, est mis à part. Les deux autres tiers contiennent la pyrostéarine qu'on veut isoler. On les rectifie encore deux fois, ou jusqu'à ce qu'il ne passe plus d'huile fluide, qu'il faut enlever aussi complète- ment que possible. Ensuite on mêle le produit avec cinq à six fois son volume d'alcool à 0,82, qui sépare un mélange de paraffine et d'eupion (tom. VI, p. 637). La dissolution d;uis l'alcool , exposée à un froid de quel- ques degrés au-dessous de zéro, pendant vingt-quatre à quarante-huit heures, donne des cristaux de la graisse analogue à la choléstérine. Mais cette graisse est encore mêlée avec une grande quantité dhuile pyrogénée, de manière qu'il faut décanter l'alcool à froid, et ex- primer la masse cristallisée. On redissout cette dernière deux ou trois fois de suite dans de nouvel alcool, et on la fait cristalliser à froid pour la purifier. Elle a les proprié- tés suivantes. El le est blanche, transparente et incolore seu- lement sur les bords minces, sans odeur ni saveur, grasse au toucher, cassante, et compacte dans sa cas- sure. Sa pesanteur spécifique est de 0,9^56. Elle fond à 100°, et devient (;laire, transparente; à 35o°, elle entre en ébullition, et distille pour la plus grande partie sans se décomposer. Une portion brunit, probablement aux dépens de l'air contenu dans l'appareil. Elle cris- tallise en se solidifiant. Fondue, elle laisse une tache CRISTATLINr. ^33 grasse sur le papier. Elle biûle comme la cire, avec une flamme claire et brillante, sans laisser de résidu. Elle est insoluble dans l'eau, très-])eu soluhle dans l'alcool froid; elle est soluble presque en toutes proportions dans l'al- cool bouillant. Pendant le refroidissement de la disso- lution alcoolique, elle cristallise en aiguilles divergentes, mais jamais en feuilles. Elle est très-soluble dans l'etber, d'où l'alcool ne la précipite point. Elle se dissout en toutes proportions dans le sulfîde carbonique; mais la liqueur ne laisse rien déposer par le refroidissement. Elle se combine très-aisément avec les corps nalogènes simples. Elle ab- sorbe le gaz cblore, devient liquide, d'un jaune-verdâlre, ex- bale du cblore gazeux à l'air, mais ne peut point, sans se décomposer, être dépouillée du cblore par l'action de la cbaleur. Elle se combine avec le brome et l'iode quand elle est fondue. Ces conUiinaisons sont colorées et so- lides à la température ordinaire. Elle se comj)orte avec le soufre, le pbospbore et le sélénium , conune la graisse en général. Elle se combine avec l'acide sulfuricpie à 1,85 ; la combinaison est incolore et à demi-gélatineuse; l'eau la décompose. A la cbaleur de l'ébullition de l'acide, elle et ce dernier se décomposen t. L'acidesulfurique fumant produit cette décomposition peu à peu, même à la tempé- rature ordinaire de l'air. I/acide nitrique étendu n'agit point sur elle; mais elle se combine avec l'acide con- centre par l'ébullition, et devient molle; l'eau n'enlève point complètement l'acide; mais si l'on met la combi- naison dans de l'alcool contenant de la potasse, l'eau précipite la pyrostéarine sans qu'elle ait subi aucune al- tération. L'acide bydrocblorique n'agit point su relie, même par l'ébullition. L'acide acétique concenti'é et bouillant en dissout une petite quantité, qui se précipite par le refroi- dissement. Les acides oxalique et tartrioue sont sans ac- tion sur elle. Les alcalis caustiques ne la dissolvent point, et ne se combinent pas avec elle par la voie bumide. Le potassium qu'on fond avec elle s'oxide, et la potasse ardiy- dre ainsi produite se combine avec la portion de graisse qui na point été décomposée; la con^binaison est gélatineuse et fusible à 3o^ ; l'eau en extrait la potasse. Cette sub- 734 ACIDE SULFURIQUE ET VIANDE. stance se combine avec les huiles grasses et volatiles, riiiiile de pétrole, la graisse animale, la graisse pyro- génée, la résine, etc. Fondue avec parties égales de co lopliane, elle forme une combinaison qui devient cris- talline par le refroidissement, et qui fond à 3o°. D. Changement des matières animales par les acides. 1. Acide suljarique. Les remarques générales que j'ai déjà faites, dans la chimie végétale, au sujet de l'action que cet acide exerce sur les substances organiques, s'appliquent éga- lement ici. 11 ne me reste donc qu'à décrire ceux des produits de cette action qui présentent un intérêt par- ticulier. Ceux dont je vais parler ont tous été découverts par Braconnot. Acide suljuriqiie et viande. Lorsqu'on délaie de la viande hachée, épuisée par l'eau, et fortement exprimée, avec un poids égal au sien d'acide sulfurique concentré, elle se gonfle, se dissout, et, par l'action d'une douce chaleur, il vient nager à la surface un peu de graisse qu'on enlève. Si ensuite on étend la masse d'un poids d'eau double du sien, et qu'on la fasse bouillir pendant neuf heures, en ajoutant sans cesse de l'eau à mesure qu'elle s'évapore, la viande subit une décomposition qui consiste en ce que de l'ammoniaque se forme et se com- bine avec l'acide sulfurique, tandis que les autres prin- cipes constituaiis donnent naissance à au moins trois substances différentes, qu'on sépare de la manière sui- vante. On sature la liqueur acide avec du carbonate cal- cique , on la passe pour le débarrasser du sulfate cal- clque, et on l'évaporé jusqu'à siccité. Il reste une masse jaune, ayant une saveur de bouillon. Si l'on fait bouillir ce résidu avec de l'alcool à 0,84-5, ce menstrue dissout deux des substances, et se trouble par le refroidissement. Les dissolutions alcooliques sont mêlées ensemble, et soumisesà la distillation; on retire le résidu delà cornue, on l'évaporé à siccité, et on le traite par une petite quantité d'al- LEUCINE. ySS cool à o,83. Ce liquide dissout une matière extract ifonne qui , après I evaporation, sluiinecteà l'air, a l'odeur et la saveiM-de la viande rôtie, et est troublée légèrement parle sulfate ferri(|ue, le sous-aeétate plombique et le tannin. A utant qu'on en peut juger d'après ces réactions, cette sub- stance paraît être identique avec l'extrait alcoolique de viande. La portion insoluble dans l'alcool à o,83 a reçu de Braconnot le nom de leucine [de >.e'j-/.o;, blanc). Cette substance est blancbe, pulvérulente, soluble dans l'eau , et cristallisable. Ordinairement elle est mêlée avec une petite ({uantité de matières étrangères, dont on peut la débarrasser en ajoutant avec circonspection de la dissolution de tannin. Si, après avoir filtré la li(|ueur, on l'évaporé jusqu'à ce qu'il commence à s'y former une pellicule, et qu'on la laisse alors ti-anquille, il s'y forme une multitude de petits grains crislallins blancs, irrégu- liers, et il se dépose dans la pellicule de petits grains ronds, aplatis, à bords élevés et enfoncés au milieu. Ce sont là des cristaux de leucine. Us crocjuent un peu sous la dent; leur saveur i-essemble à celle du bouillon, circonstance à l'égard de laquelle ils ont une grande analogie avec la substance qui se produit quand on traite la fibrine par l'eau. Cbauffés jusqu'à plus de 100°, ils fondent et subissent une décomposition partielle, en répandant une odeur de viande rôtie : une partie se su- blime sans avoir subi d'altération, sous la forme de pe- tits grains cristallins, blancs et opaques, tandis qu'il passe à la distillation une eau ammoniacale et un peu d'buile empyreumatique. La leucine est très-soluble dans l'eau, et peu soluble dans l'alcool; l'alcool bouillant en dissout plus qu'il n'en peut retenir après s'être refroidi. Une dissolution aqueuse de leucine n'est point précipitée par le sous-acétate plombique, et ne l'est en général par aucim sel uiétallique, à l'exception du nitrate mer- curique, qui piécipitc complète, tient la leucine sous la forme d'un magma blanc, tandis que la liqueur surnageant devient rose. '7 36 Ll'TICINE. I^a viande épuisée jKir l'eau et exprimée ne donne pas plus de trois et demi pour cent eiuiron de leucine. La coml)inaison de la leucine avec l'acide nitrique forme un corps extrêmement intéressant, que Braconnot a appelé acide niliolcuciqnc. Pour l'oblenii", on dis- sout de la leucine dans de l'acide nitrique à l'aide d'une douce chaleur : une légère effervescence se manifeste pendant l'opération, mais sans formation de vapeurs rouges. Après avoir été évaporée, la liqueur se piend en une masse de cristaux blancs, déliés, qu'on exprime dans du papier brouillard pour les débarrasser de l'acide ni- tricjue excédant, et qu'on purifie en les dissolvant dans de l'eau, et faisant de nouveau cristalliser la liqueur: c'est là l'acide nitroleucique. C'.et acide a une saveur aigre, mais peu piquante. 11 forme avec les bases des sels particu- liers, dans lesquels l'acide nitricjuejouclerôle d'acide, et la leucine le même rôle (pie le bleu d'indigo dans les sels bleus formés par la combinaison de l'acide sulfurique et du bleu d'indigo avec les bases. Ces sels n'ont plus les formes cristallines des nitrates; ils en affectent d'autres tout -à -fait différentes, et détonnent (juand on les chauffe seuls. Braconnot n'en a décrit que deux, sa- voir, les nitroleucates calcique et magnésique, qui tous deux cristallisent et n'attirent pas riiumidilé de l'air. La troisième substance que produit faction de l'acide sulfurique sur la viande est insoluble dans l'alcool, mais soluble dans l'eau, et forme la plus grande partie du produit. Elle est d'un jaune-brun, et ressemble à un extrait. Elle a une saveur de bouillon, due à de la leu- cine qu'elle retient encore, et que l'alcool n'a |)as com,- plétement enlevée. A la distillation sèche, elle donne peu d'ammoniaque, et un charbon facile à brûler. Sa disso- lution aqueuse est précipitée en rougeatre par le sulfate ferrique, en blanc j)ar le sous-acétate plombicjue et le nitrate de mercure, et en gris par le nitrate argentique. Elle donne, avec l'infusion de noix de galle, un préci- pité rougeatre, qui ne se dépose que difficilement. Si, après avoir précipité cette dissolution par le sous-acétate Artnn surruRior^E kt laink, etc. 737 ploin'niquc , on y ajoute du carbonate animoniqiie pour précipiter l'oxide ploinhi(jue, qu'on la filtre et qu'on i'é- vapore, il reste une substance sirupeuse, légèrement colorée en jauiie, de lacpielle se dépose encore nn peu de lencine. (^ette sidistance sirupeuse paraît du reste n'avoir pas fixé l'attention de Braconnot, quoique le précij)ité pioduit par le sous-acétate plonibitjue prouve que la substance insoluble dans l'alcool a été décom- posée par là en deux matières différentes. Acide suljurique et laine. En opérant comme ci- dessus, avec cette différence que le mélange de la laine avec quatre fois son poids d'acide sulfurique (étendu d'un quart d'eau) est tenu dans le bain-marie jusqu'à ce que la laint; soit dissoute, puis étendu d'eau et bouilli , etc. , on obtient absolument les mêmes produits (jue ceux qui sont fournis par la viande; seulement la quantité de leucine est moins* considérable. Mais lorsqu'au lieu de faire bouillir avec de l'eau la dissolution acide de la laine, après l'avoir évaporée, on la filtre pour la séparer du faible précipité visqueux qui s'est produit, on la sature avec la craie, et on l'éva- poré, on obtient une substance extractifoi-me jaune et amère qui, quand on la brûle, ne répand pas une odeur de poils brûlés aussi forte que celle de la laine, et dont le charbon brûle aisément. Cette substance est pulverisable : elle n'attire pas l'humidité de l'air, et elle est presque entièreuient itisoluble dans l'alcool bouillant. Elle est très-solubledans l'eau, dégage un peu d'ammonia- que par la potasse, forme im caillot jaune-orangé avec le sulfate ferrique , n'est point précipitée par l'acétate plom- bique neutre, mais donne un précipité abondant par le sous-acétate plombique, aussi bien que par le nitrate mercureux et l'infusion de noix de galle. Ce dernier pré- cipité ne ressemble point à celui que donne la dissolu- tion de colle. Acide sulfurique et colle. Lorsqu'on verse deux ])arties d'acide sulfurique concentré sur une partie de colle, et qu'on laisse le tout reposer pendant vingt- VII. 47 738 ACIDE SULFURIQUE ET COLLE. quatre heures, la colle se dissout en un liquide clair et incolore. Si on étend cette liqueur de neuf fois autant d'eau qu'elle contient de colle, qu'on la fasse bouillir pendant huit heures, en remplaçant l'eau à mesure qu'elle se vaporise, qu'ensuite on la sature avec de la craie, puis qu'on la filtre, qu'on l'évaporé jusqu'en con- sistance sirupeuse, et qu'on l'abandonne à elle-même pen- dant un mois, il s'y forme une croûte cristalline d'une substance sucrée particulière , cjue Braconnot a appelée sucre de gélatine. En décantant \v sirop, lavant le sucre avec de l'alcool faible, le dissolvant dans l'eau, et le faisant cristalliser, on l'obtient pur. Ce sucre cristallise plus aisément que celui de canne, et forme des prismes aplatis ou des tables accolées les unes aux autres, qui cro- quent sous la dent comme du sucre candi, et ont à peu près la même saveur que le sucre de raisin. Sa solubilité dans l'eau est à peu près la même que celle du sucre de lait, et quand on prolonge Tévaporation de la liqueur, il se rassemble en cristaux à la surface. 11 srq^porle mieux la chaleur que le sucre ordinaire, ne répand pas l'odeur de caramel, fond avant de se décomposer, et donne à la distillation de l'anmioniaque, avec un sublimé peu abon- dant, qui n'a point été examiné. Il est insoluble dans l'alcool étendu, même bouillant, et dans l'étber. Il n'est pas susceptible de subir la fermentation alcoolique. Ce sucre a la même tendance que la leucine à se com- biner avec l'acide nitrique, et Braconnot donne à la combinaison le nom (.Vacide nitro-saccharique . On ob- tient cet acide en dissolvant du sucre de gélatine dans de l'acide nitrique, avec le secours de la chaleur; il ne se manifeste point d'effervescence, et la nouvelle conibi- iiaison cristallise par le refroidissement. On la laisse égout- ter, on l'exprime, on la redissout dans l'eau et on la fait cristalliser. Elle donne des prismes incolores, trans- parens, striés, un peu aplatis, qui ressemblent à ceux du sulfate sodique. Elle a une saveur acide, et en même temps un peu douceâtre. Elle est très-soluble dans l'eau, mais insoluble dans l'alcool, même bouillant. ACIDE NITRIQUE KT FIKRINE OU VIANDE. ^39 Quand on la chauffe, elle se boursoufle, et se décompose en bouillonnant, et ré|)arKlant une odeur acide pi- quante, mais sans prendre fiu. Elle forme des sels particu- liers (jui détonnent vivement lorsqu'on les cliauffe. \a^ ni- tro-sacdiarate potassique peut être neutreou acide; dans l'un et l'autre cas, il cristallise; en aiguilles, tout-à-fait différentes de celles du nitie. Sa saveur ressemble à celle du nitre^ mais elle est en même temps un peu sucrée. Le nitro-sacchardle calciqiie donne de beaux cristaux aciculaiî-es, qui n'attirent [)oint l'humidité de l'air, sont peu solubles dans l'alcool, fondent dans leui* eau de cris- tidlisatiou (|uan(l on les chauffé, et détonnent ensuite. Le jiilrO'SdCcharat^' mcignésique est déliquescent. Le zinc et le fer se dissolvent dans l'acidc! nitro-saccharicjue avec dégagement tle gaz hytlrogène; les sels sont déli- quescens. Le nilro-saccharule cuivriqae cristallise, et ne s'altère point à l'air. Le nitro-sacc/uirale plombique se dessèche en une masse semblable à une gomme, (|ui ne s'humecte pas à l'air, et qui se décompose avec explosion cpiand on la chauffe. Le sirop qui a fourni le sucre de gélatine con- tient enc-ore une substance sucrée, à l'égard de la- quelle on ignore si elle est la même que ce sucre, ou si elle en est une modification. L'alcool bouillant en ex- trait un peu de lencine : la dissolution aqueuse de la niasse insoluble dans l'alcool, donne un précqjité avec le tannin, mais retient encore une substance sirupeuse, qui a une saveur à la fois sucrée et semblable à celle du bouillon, et qui n'est point susceptible tl'enlrer en fermentation. 1. Acide nitrique. Acide nitrique et fibrine ou viande. Quand on fait digérer de la viande ou de la fibrine avec de l'acide nitrique étendu, il se dégage d'abord du gaz nitrogène, sans trace de gaz oxide niiricpie; et après vingt-quatie heures de digestion, la fibrine s'est convertie en une masse jaune et cassante, et l'acide s'est coloré en jaune. Si l'on opère sur de la viande , il se sépare ordinairement 47- 'll\^0 ACIDE NITRIQUE ET FIBRINE OIJ VIANDR. un peu (le graisse, ([iii nage à la surface du liquide. Le corps jaune ainsi produit a été découvert |)ar Fourcroy et Vauquelin , q(n ont reconnu en lui des propriétés acides, et qui lui ont donné en consé([uence le nom diacide faune. Par l'action de l'acide nitrique sur la fibrine, il se forme de l'acide malique; la fd^rine alté- rée et teinte en jaune se combine simultanément avec l'acide nitrique et avec l'acide malique, et de là résulte un corps insoluble, jaune , acide. Quand on lave ce corps avec de l'eau, il perd une partie de l'acide combiné avec lui, et acquiert ainsi une teinte beaucoup plus jaune. Si on le fait ensuite digérer avec de l'eau et du carbo- nate calcique, du nitrate et du maiate calci(|ues se dis- solvent avec une lente effervescence dans la liqueur, après l'évaporation de laquelle on peut les séparer l'un de l'autre par l'alcool, qui laisse le malate calcique sans le dissoudre. La fibrine, débarrassée de l'acide, est alors une substance pulvérulente, jaune, insoluble dans l'eau, qui, lorsqu'on verse dessus un autre acide, se combine avec lui, et redevient acide comme auparavant. L'acide nitrique qui a été mis en digestion avec la fibrine, tient en dissolution beaucoup d'acide malique, avec une certaine quantité de la fibrine altérée, qui le colore en jaune. D'après Tbénard, ce liquide ne contient pas d'acide malique; cette assertion est en con- tradiction avec ce que j'ai observé moi-même. Tbé- nard satura la liqueur avec de la potasse , l'éva- pora, en retira la plus grande partie du nili^e par la cristallisation , la précipita ensuite par le sous-acétate plombique, et, après a voir lavé le précipité jaune, le décom- posa par l'acide sulfurique étendu : il obtint de cette manière un liquide brun-foncé, non coagulable par les acides, qui, soumis à l'évaporation, donna une masse insipide, incristallisable, et sans réactions acides. Cette masse, dessécliée sur le bain de sable, se décomposait tout à coup, sans prendre feu, et se convertissait en un cbarbon très-divisé. Acide nitrique et acides gras. Si l'on fait dissoudre de ACIDE NITRIQUE ET CHOLÉSTÉniNE. ETC, '^^l l'acide stéai'iquc ou margarique, ou même du suif dans de l'acide iiitrifjue, et c(u'on évapore la dissolution au Laiti-marie jiis(ju'à siccite, ou obtient, d'après les expé- riences de Cîhevreul, un résidu jaune, vis(jueux, entre- mêlé de ci'istaux (.Yun acide particulier qu'on peut en extraire par 23 à 3o fois du poids de la masse d'eau bouillante. La dissolution aqueuse donne, par l'évapo- ration, de petits cristaux feuilletés. Cet acide est d'une saveur fortement acide, qui rap])elle en même temps celle du succin grillé; il est fusible et à l'état fondu il tacbe le pa- pier comme une graisse; il est volatil et peut être sublimé en grande partie sans se décomposer. Il est soluble dans 20 à 2 5 p. d'eau. Ses sels sont généralement solubles. Par voie de double décomposition on obtient dans les dissolutions concentrées des sels barytiques, plombiques, argentiques, zinciques et manganeux des précipités qu'une addition d'eau fait disparaître. Acide nitrique et choléslériiie. Acide dioléstérique. Pelletier et Caventou ont découvert que, quand on fait l)ouillir de la cboléstériiie avec un poids égal au sien d'acide nitriqu.e, jusqu'à ce qu'il ne se dégage plus de gaz oxide nitrique, la liqueur décantée claire dépose, par le refroidissement, un acide de nouvelle formation, dont on peut encoie obteuir une certaine ([uantité, en étendant d'eau le liquide acide refroidi. Ils ont flonné à cet acide le nom iVacide cholùstèrique. L'acide qui s'est séparé est bien lave avec de l'eau, séché et dissous dans de l'alcool bouillant, au sein du- quel il cristallise en aiguilles qui, isolées, sont inco- lores, mais qui en masse ont une teinte jaune-pale. Cet acide surnage l'eau, et n'a presque pas de saveur; il rougit le papier de tournesol , et fond à 58°. Il n'est point volatil, et se détruit par la distillation sèche, mais sans donner d'ammoniaque. Il est peu soluble dans l'eau, plus soluble dans l'alcool, rélber et les huiles volatiles, mais insoluble dans les huiles grasses. Les acides concentrés le dissolvent sans le décomposer. Il forme avec les bases sali- fiables des sels particuliers, qui sont d'un jaune-brun ou ^4^ ACIDE NITRIQUE ET ACIDE URIQUE. rougps, et que la plupart des acides décomposent, mais qui ne sont point décomposés par l'acide caiboiiique. Sa capa- cité de satuiation est à peu j)rès de 6, d'après l'analyse que Pelletier et Caventou ont faite de ses sels hary- tique et strontianique. Les cliolèstérates potassique^ sodiqiie et amnionique ?,on\. tous trois déliquescens, inais insolubles tant dans l'alcool cjue dans l'étlier, ce qui les distingue des sels des acides gras. Le choléstérate bary- tique se précipite en rouge, et le choléstérate strontia- nique en jaune-orangé : tous deux sont prescjue inso- lubles dans l'eau. Le choléstérate calcique est un peu soluble, et le choléstérate inagnésique est insoluble. Le choléstérate alitminiqiie est un précipité rouge, qui prend une teinte plus foncée en sécbanl. Le choléstérate zinciqueii%\ un précipité rouge, légèrement soluble dans l'eau. Le choléstérate potassique précipitelesi^'/y/^/o/w^/- ques en rouge, les sels cuivriques en vert-olivatre, les sels mercureux en noir, et les sels mercuriques en rouge. Il produit dans le chlorure aurique un précipité d'or métallique. Acide nitrique et acide urique. Lorsqu'on verse sur de l'acide urique pur de l'acide nitrique pur, étendu d'environ (Muq à six fois son poids d'eau et au-delà, et qu'on chauffe légèiemenl le tout , l'acide urique se dis- sout avec iMie faible effervescence; et s'il se trouve en excès, la plus grande partie de l'acide nitrique est dé- composée. Le gaz qui se dégage ne contient pas d'oxide nitrique, et se compose de volumes égaux d'acide car- boni(|ue et de gaz nitrogène. Il ne se produit de gaz oxide nitrique que quand l'acide est concentré ou mêlé d'acide nilreux. La dissolution contient un acide parti- culier que Prout a découvert, et appelé acide purpu- rique. Il s'y trouve en outre une matière organique qui devient rougeencertaiiies circonstances, et mi peu rl'acide oxalicpie. Si ion évaj)ore la liqueur acide à une douce chaleur, elle devient d'un beau rouge en se desséchant, couleur qui disparaît quand on la retlissout dans l'eau. Si on la sature avec de l'ammoniaque, elle devient rouge ACIDE PURPURIQITF. 74 3 au lîout do quelque temps, uieme à l'abri du contact de l'ail-, et si on la uicle avec du caihouate calci(jue, puis qu'on révapore jus(|u'à siccité, on obtient un sel calcique, qui prend une belle teinte rouge par la dessiccation, con- serve cette couleur quand on le dissout dans l'eau, mais la ()erd totaleuuMit par le traitement avec du cbaibon animal, sans (|u'ei!suite la matière colorante puisse être extraite du cbarbon par l'anunoniaque. La cou- leur rouge est détruite par les acides libres, particu- lièrement par les bvdracides; mais elle ne l'est point par l'acide acéticpie. Les alealis causlif|ues la détruisent éga- lement. Dans ces cas, la matière prend une teinte jaune qu'on ne peut point enlever par le cbaibon animal. La nature des matières qui se forment ici n'est pas en- core bien coimue, et ne pourra l'être qu'à la suite d'une analyse apj)rofondie. Je vais rapporter en peu de mots ce qui a été publié h ce sujet. On obtient l'acule purpurique de Prout en saturant avec de l'ammoniaque la dissolution de l'acide urique dans l'acide nitrique, et l'évapoi-ant à une douce cbaleur; elle finit par clesenir d'un beau rouge, et par- déposer des cristaux grenus et d'un rouge-foncé de purpurate ammoni(|ue. En décomposant ces cristaux par l'acide hvdrocbloricpie, il se sépare une poudre jaune, qui est l'acide purpurkpie. Cependant on obtient cet acide à l'état incolore en mêlant et faisant cbauffer le sel ammonicjue avec de la potasse causli(jue, qui dégage l'ammoniaque et détruit la couleur rouge, de manière qu'ensuite l'acide sulfuri(jueétenrlu précipite l'acide purpurique à l'état inco- lore. Cet acide est extrêmement peu soluble dans l'eau, et il exige 10,000 parties d'eau bouillante pour se dissoudre, La dissolution est tantôt incolore, tantôt d'un rouge- pâle ou jaune, sans qu'on connaisse les causes de ces différences. Lorsqu'on vei'se un acide étendu dans une dissolution boudlante d'un purpurate, l'acide purpu- rique se précipite, tantôt sous la forme de petites pail- lettes nacrées, tantôt sous celle d'une poudre fine et d'un jaiuie-claii-. 11 n'a ni odeur ni saveur, et rougit à peine le papier de tournesol. Il est insoluble dans l'ai- 7^4 ACIDE PURPURIQUE. cool et l'éther. Quand on lo chanffe, il ne fond pas, mais il devientrougc,el, à l'air libre, il brûle sans répandre d'odeur particulière. A la distillation sèclie, il donne du carbonate ammonique, de l'acide hvdrocyanique, une petite quantité d'huile enipyreumati(pie, et un charbon pulvérulent. L'acide nitrique le dissout avec efferves- cence, et le convertit en acide oxalique. Il se dissout dans l'acide sulfuiique concentré, et l'eau le précipite de cette dissolution. Il est soluble aussi dans l'acide acétique concentré bouillant. Les acides oxalique, tartrique et citrique ne le dissolvent point. D'après l'analyse de Prout, l'acide purpurique est composé de: carbone, 27,27; nitrogène, 3i,82; hydro- gène, 4^55; oxigène, 36,36. Il chasse l'acide carbonique à la chaleiu^ de l'ébullition. Avec les bases salififdjles , il forme des sels rouges et peu solubles, dont ceux qui cristallisent paraissent verts à la lumière réfléchie. Ceux à base alcaline sotit si peu solubles, que le purpurate potassiqueexigeplusde looopartiesd'eauà i 5"poursedis- soudre, le purpurate sodique 3ooo, et le purpurate am- monique i5oo; ils sont un peu plus solubles dans l'eau bouillante: leur dissolution est d'un rouge de car- min. I^es purpurates bary tique, stroulianique et cal- cique sont moins solubles encore; ils ont une couleur verdàtre foncée, mais donnent une couleur purpurine à l'eau en s'y dissolvant. D'après quchpies expériences que j'ai faites sur le purpurate calcique, on peut l'ob- tenir à plusieurs degrés de saturation. Si Ton dissout de l'acide urique dans de l'acide nitrique étendu, à une température qui ne dépasse point 60", qu'on mêle du carbonate calcique avec la dissolution, (ju'on évapore le tout jusqu'en consistance de sirop, et qu'on verse ce siroj) dans de l'alcool, en remuant, les sels se dissolvent. Une addition d'ammoniaque élendu(î précipite ensuite le sel neutre, sous la forme (Tune poudre crislalfine, volumineuse et rouge. Si, au contraire, on mêle la dis- solution sirupeuse avec de l'eau, et (|u'on y verse un excès d'ammoniaque caustique, il se produit un précipité vert-noir, qui paraît être un sous-sel. Quand on dissout ACIDK PURPURIQUE. y/jS ce précipité clans de racide acéticjuo, la dissolution donne, au bout de quelcjue temps, des cristaux d'un sel rouge- pale et grenu, (pie je n'ai point examinés. T.e pui-pu- ratemagnébicjueest Irès-soluhle. Lapurjjuraleammonicpie donne, avec les sels cobaltiques, un précipité grenu et rougeatre; avec les sels zinci(pu\s,un j:)réri[)ité cïun beau jaune; avec les sels stanncux, un précipité écarlate; avec les sels mercureux, un précipite pourpre; avec les sels mercuriques, un précipité rose-pàle; et avec les sels ar- gentiques, un précipité pourpre-foncé : les sels plom- biques, ferriques, niccoliques et cuivricpies, les cblo- rures am-ique et platinique cliangenl de couleur, par l'addition de ce sel, mais ne sont point préci- pités. A ces détails fournis par Prout, j'ajouterai encore les résultats de quelques expériences cjue j'ai faites sur les purpurates plonibique et argentique. Si l'on piécipite par l'acétate plombique neutre le mélange évaporé de ni- trate et de purpm-ate calciques neuti'es dont j'ai parlé à l'occasion du purpurate calcique, il se produit un beau précipité violet-foncé, mais sans tpie tout le sel rouge soit précipité. Evapore-t-on la dissolution dans laquelle l'acétate plombicpie a été mis en excès, elle donne ensuite de petits cristaux, d'un rouge-foncé, de purpurate plombique. I^e précipité, bouilli avec de l'eau, s'y dissout en grande partie, et doinie, après lévapora- tion, le même sel , mais qui a perdu presque entièrement sa couleur." La portion non dissoute du précipité plombi- que est rouge, et donne de l'acide oxalique ciuand on la décompose par l'acide sulfurique; en même temps sa couleur rouge passe au jaune. La présence de l'acide oxalicjue , que j'ai constatée par des expériences plusieurs fois répétées, est remarquable sous ce lapport, (jue le précipité avait été obtenu d'une dissolution neutre d'un sel calcique, oii l'acide oxalique d<'vait s'être ti'ouvé dans un état tel qu'il ne formât pas de sel peu soluble avec la chaux. Le précipité produit par le nitrate ar- gentique dans la dissolution du purpurate calcique est d'un violet-foncé, et la liqueur qui le surnage est incolore. 'jl\Ç> ACIDE ÉRYTHRIQUE DE BRUGNATELLT, ETC. Si l'on traite ce précipité encore humide par une petite quantité d'acide liydrochloiique qu'on y ajoute peu à peu, on oI)tient , après avoir versé une certaine quan- tité de ce dernier, une dissolution d'un beau rouge, qui peut être séparée du chlorure argentique par !a filtra- tion. Après la dessiccation, il reste une substaiu;e ex- tractiforine, d'un beau rouge, qui est de purpurate ar- gentique neutre. (]e sel a une saveur niétallicjue acre. Il sedissout dans l'eau, et, chose très-remarquable, il n'est pas précipité par l'acide liydrochlorique, qui lui fait seule- ment perdre sa couleur. En ajoutant de l'ammoniaciue, la combinaison basique violette se précipite de nouveau. Il est digne de remarque quel'oxide argentique, combiné avec ce corps faiblement électro-négatif, ne soit pas con- verti en chlorure argentique par l'acide hydrocblo- rique. Les deux sels dont je viens de parler, les purpurates argentique et plombique, donnaient, quand on les dé- composait par le gaz sulfide hydrique, de lacide purpu- ricpu" de Prout, d'une couleur jaune-foncé, mais moins difficile à dissoudredans l'eau (|ue ne le dit Prout. Acide érythrique de Brugnatelli. Déjà avant Prout, Rrugnatelli jeune avait décrit sous ce nom un acide qu'on peut obtenir, suivant lui, en versant de l'acide nitrique par petites portions sur de l'acide urique, jus- qu'à ce qu'il ne se manifeste plus d'effervescence, lais- sant déposer les flocons jaunes qui se produisent, décan- tant la licpicur, mettant lesfloconssurdu papier brouillard, les redissolvant dans de l'eau, et abandonnant la disso- lution à révaporation spontanée; de là résultent des cristaux rbomboèdricpies, d'une saveur d'abord piquante, puis sucrée, qui rougissent le papier de toiu'iiesol, de- viennent roses au soleil et s'effleurissent à l'air. Autant qu'on peut en juger d'après la description que Brugna- telli a donnée des sels formés par cet acide, il semblerait être de l'acide oxalique mêlé avec l'acide purpurique de Prout ou avec sa matière colorante rouge. Acide urique suroxigéné de Fauquelin. On dissout à la faveur de l'ébullition une partie d'acide urique dans ACFDF TJRIQUT: SrROXTGÉNE DE VAXJQTirXITJ". 747 un peu plus de deux parties d'acide nitrique concentré, precédeninient cteudu de parties égales d'eau. On sur- sature la dissolution jaune avec du lait de chaux, qui lui fait prendre une couleur rouge intense, et, après la saturation complète, il se précipite un sous-sel calci(|ue blanc, dont la quantité augmente peu h peu. Après avoir lavé ce sel , on le dissout dans de l'eau bouillante contenant un peu d acide acétique, on filtre la dissolu- tion, on la précipite exactement par l'acide oxalique, et on révapore h siccilé. En dissolvant la masse sèche dans de l'alcool , il re., ils donnent une masse rouge, déliquescente, (|ui, après la saturation complète, dépose des cristaux de nitre. Si l'on sature l'a- cide avec de l'ammoniaque, et qu'on abandonne la li- queur à l'évaporation spontanée, il se dépose des flocons jaiuies, qui paraissent être l'acide de Brugnalelli , et qui sont composés d'acide nitrique, d'annnoniaque et d'acide purpurique. Naturellement on peut aussi ohtenii- di- rectement cet acide par Tacide uri(|ue , en ajoutant à celui-ci de l'acide nitrique en quantité suffisante. . Si l'on traite de l'acide uriquc par de l'acide nitrique en grand excès, il se produit une combinaison d'acide oxalique et d'acide purpurique que Rodweiss regarde connue étant l'acide urique suroxigéné de Vaucpudin. Elle cristallise en rhomboèdres incolores, entourés d'une niasse sirupeuse jaune, qui rougit quand on la chauffe. Traités par des bases, surtout avec le secours de lachaleiu", ces cristaux peuvent être décomposés en oxalates et purpurates, ce qui semble expliquer, par rapporta l'acide oxali Résultats sommaires de l'analyse du cerveau 17 Moelle épinière ibid. 1 . Nerfs 19 Moelle des nerfs 20 Névrilème, ganglion nerveux 21 Fonctions du système nerveux 22 n. SYSTÈME VASCULÂIRE ET LIQUIDES QU'IL CHARRIE. . . 28 1. Sang ibid. Globales du sang a 9 Description chimique du sang 3 i Examen du caillot du sang 33 Fibrine 34 Graisse de la fibrine 4^ Matière colorante du sang 48 Examen du sérum du sang 6'> Albumine 68 Sang dans les maladies 78 Taches de sang 8 r 2. Vaisseaux et circulation dv sang 83 Artères 84 Veines et cœur 86 Mécanisme de la circulation du sang ibid. Vaisseaux capillaires yo 3. Les poumo>'s et la respiration 92 Poumons ibid. Changement de Yair dans la respiration gS Changement du sang dans la respiration 98 Respiration dans d'autres gaz io5 Respiration dans les différentes classes du règne animal. . . . 109 4. Chaleur animale ii5 y54 TABLE DES MATIBRES. 5. Lymphe et vaisseaux lymphatiques c 126 Composition de la lymphe- « 127 Vaisseaux lymphatiques l3o Endosmose et exosmose , i33 III. ORGANES POUR LA SANGUIFICATION , SAVOIR : ORGANES DIGESTIFS, GLANDES SALIVAIRES ET SALIVE, PANCRÉAS ET SUC PANCRÉATIQUE , FOIE ET BILE , CHYLE ET EXCRÉ- MENTS i3 7 A. Organes de la digestion et tissus dont ils sont formés i38 1. Membranes séreuses et leur liquide ibid. 2. Tunique musculeuse 142 3. Membranes muqueuses et mucus i43 4. Structure du canal digestif l45 13. Sécrétions qui concourent a l'acte de la digestion 147 1 . Suc gastrique -, ibid. 2 . Suc intestinal 1 53 3. Salive i54 4. Pancréas et sac pancréatique i65 5. Foie et bile » ." 170 1 . Composition du foie 171 2. Bile 179 Examen de la bile de bœuf, et traitement par les acides. . . 181 Analyses de la bile par l'acétate plombique 190 Bile humaine 216 Bile d'oiseaux 220 Bile des reptiles 221 Bile de poissons 23i Altérations morbides de la bile 233 Erythrogcne 235 Calculs biliaires 236 C. L'acte de la digestion et ses produits 240 Excréments 267 Altérations morbides de l'acte de la digestion 282 Chyle 287 IV. EXCRÉTIONS ET LEURS ORGANES 296 A. La peau avec ses prolongements et ses excrétions 297 Peau proprement dite ibid. Tannage et préparation du cuir 3oo Corps papillaire 3o3 Epiderme 3o4 Substance cornée , corne 307 Poils 3i3 Plumes 3i8 Écailles 819 Sécrétions de la peau ibid. Matière grasse ou suint ibid. Transpiration et sueur 322 B. Les reins et l'urine , 33 r Structure et composition des reins.'. , . . , ibid. Urine 339 Principes constituans ordinaires de l'urine 34^ Mucus de l'urine - '^"^- TABLE DES MATIÈRES. 755 Acide uriqiie et tirâtes 344 Acide urobenzoique et itrobenzoates 363 Urée •■ 370 Analyse de l'urée Sga Urine des animaux SgS Principes accidentels de l'urine 099 Principes accidentels de l'urine dans les maladies 402 Concrélions urinaires ou calculs el graviers 4li Cysiine 4^4 Examen de l'urine par les réactifs 435 Idées générales sur l'analyse quantitative de l'urine 44o Analyse des concrétions urinaires , 445 V. ORGANES DES SENS EXTERNES 44» A. L'oeil 'biJ. Sclérotique 449 Cornée 'bid. Choroïde 4^0 Pigment noir de l'œil 45i Humeur -vitrée - 453 Cristallin 455 Humeur aqueuse 459 Iris 'bid. Fonctions de fccil 460 Larmes. ; t ''* B. Le N£z 462 Mucus nasal 463 C. L'oreille 4d3 Cérumen > • • tbid. VI. ORGANES DU MOUVEMENT 469 A. Les Os ^^id. Cartilage osseux 47" Résultats d'analyses d'os 474 Dents 477 Émail 478 Os dentaire ■■ 479 Résultats d'analyse des dents 4So Moelle = 485 Diploé 486 B . Cartilages tbid. C. Articulations 4S9 Synovie. '^"^• D. Ligaments » 49^ E. Muscles 493 a. Partie solide de la viande 49^ b. Liquides de la viande 497 Mouvement vital •''Q F. TeNDOÎJS et ArONÉVROSES ^2 1 G. Tissu cellulaire ^23 H. Graisse 526 Graisse des mammifères ^^9 yldipocire ^•''~' Hircine et acide hirciquc ■. 5-' 4 "jBG TABLE DKS MATIÈRES. Graisse des cétacés 536 Hlnuc de bahine , 537 Ethal 539 Phoccnine ; 543 Acide phocénique 544 Graisse des insectes 55o TH. ORGANES GÉNITAUX 554 A. Organes mâles de la génération dans les mammifères 555 Sperme ibid. Spcrrnatine 557 B. Organes femelles de la. génération dans les mammifères 563 Ainnios et eau de l'amnios 5fi4 Liquide allantoïque 669 Acide allantoïque ibid. C. Matières qui appartiennent aux organes génitaux des oiseaux. 571 L'œuf ibid. Changements que subit l'œuf pendant l'incubation 574 D. Matières qui appartiennent a.ux organes génitaux des reptiles et des poissons 58 1 E. Le lait 583 1. Eeurre 585 Acides volatils du beurre 589 Acide butyrique 5 90 Acide caproiqne 595 Acide capriqne 597 2 . Caséum 599 Fromage 602 Aposèpédine , &oS Serai 607 3. Sucre de lait 609 4. Matières animales extractiformes G12 5. Acide lactique ibid. 6. Sels du lait 623 Lait de différents animaux 624 Propriétés générales du lait 628 Circonstances accidentelles qui font varier les propriétés du lait 63î F. Matières propres au poetus 633 Thymus ibid. Méconium 634 TIIL PRODUITS MORBIDES 635 1 . Pus ibid. 2 . Cancer 637 3. Hydropisie de l'ovaire 638 4. Concrétions ibid. Concrétions arthritiques 639 Hydatides et kystes 640 IX. MATIÈRES DU RÈGNE ANIMAL QUI N'ONT POINT ÉTÉ EXAMINÉES DANS LES CHAPITRES PRÉCÉDENTS 643 À. Mammifèrf.s ibid. Corne de cerf ibid. Musc ibid. TABLE DES MATIÈRES. 'jB'J Casloréam 652 Castorine 653 Civette 658 Huile fétide du putois 66o Ambre ibid. ^mbréine 66 1 Baleine 663 D. Oiseaux ibid. Nids d'hirondelle des Indes ibid. C. Reptiles 665 Écaille ibid. Venin des serpents . . > ibid. D. Poissons 667 Écaille des poissons. . ibid. Colle de poisson 668 E. Insectes 669 Chitine ibid. Cantharidine ibid. Cerambyx moschatas 671 Calandra granaria ibid. Coccus cacti 672 Carminé ibid. Carmin et laque carminée 676 Soie 680 Fourmis 682 Toiles d'araignée tbid. Test d'écrevisse et matière colorante du test 6oi F. Mollusques 685 Encre de seiche ibid. Mélaine. 686 Os de sei(;Le 607 Huîtres, coquilles d'huîtres et de moules, perles et éponges 688 X. SDR LA CONSERVATION DES MATIÈRES ANIMALES. . . 689 a. Conservation des matières animales à l'abri de l'air (bid. b. Conservation par les sels 690 c. Conservation par l'alcool 69^ d. Conservation par le vinaigre de bois 692 e. Embaumement des cadavres ibid. XI. DESTRUCTION DES MATIÈRES ANIMALES 695 A. Par la ruTRÉPACTioN ibid. B. Par l'ébullition dans l'eau 69^ 1 . Ébnllition de la viande 699 2. ÉbuUition des os 7°° 3. Ébullition de la peau et de ses rognures. Préparation de la colle 701 Colle 702 C. Par la distillation sèche 7^4 1. La liqueur alcaline et le sel 7^'' 2. L'bnile empyreumatique 7*^6 a. Odorine 717 b. Jlnimine 7^1 c. Olanine 7^2 758 TABLE DES MATIERES. d. Ammoline. 724 Fuscine. 726 Acide pyrozo'ique 727 Cristalline 780 D. Par les acides '. 734' 1. Acide sulfurique ibid. Leucine .' 735 Acide nitroleucique 736 Encre de gélatine 738 Acide nitro-saccharique ibid, 2. Acide nitrique 739 Acide jaune de Fourcroy . , 740 Acide clioléstérique et choléstérates 741 Acide piirpui'ique 742 Acide érjthrique 746 Acide uriqiie sur-oxigéné ihid. Acide amhréique 749 Acide castorique 7 5o E. Par les bases salifiables ibid. F. Par les sels 75 1 FIN DE LA TABLE. CHEZ J. B* BAILLIÈHI » iâ33, i in-S», avec ta planches gravées, dont 6 coloriées, DICTIONNAIRE DE MÉDECINE ET DT. ikmURG.rç P] parMAf. Andral, Bégin , Blandin , Ùrauitiauci , BaiHin-i'^ffivMi rier, A. Devergie , Dugùs, Du/mytren , Favilli-, (^iiU'Ouvf, fàlrf,] Londe,, Magendic , Raticr , Rafcr , Boc/ie, ,_sVu;c. ./